jeudi 30 avril 2015

Contes modernes - 44

Leur relation se poursuivit. Ayant remarqué que sa présence la distrayait trop de sa tâche de surveillance, le jeune homme roux ayant dû intervenir pour aider un grand-père en détresse avec ses deux petits enfants dans la zone dont s'occupait Axelle, Jim avait cessé d'aller sur la plage en journée, ne passant la chercher que le soir.
Presque à chaque fois, il croisait le collègue de la jeune femme, Ariel et le saluait. Le jeune homme roux aux yeux émeraudes et au corps bronzé sexy à souhait lui souriait, mais ne lui répondait pas.
Physiquement, il plaisait beaucoup à Jim, mais quelles étaient les probabilités qu'Ariel soit bi ou gay et intéressé par les vieux comme lui ? Enfin, pour le dernier point, son compte en banque bien rempli pouvait aider... Jim ne pouvait  d'ailleurs s'empêcher de se demander dans quelle mesure cela jouait pour Axelle.
La jeune femme le laissait payer tous les soirs au restaurant, ce qui était normal, ce qui l'était moins, c'était qu'elle avait le chic pour choisir toujours les menus les plus chers. Encore ça, ce n'était rien. Lors de son jour de congé, elle l'avait traîné dans les boutiques, s'excitant pour telle robe, telle paire de chaussures, tel sac à main, tous hors de portée de sa bourse d'étudiante. Jim lui avait offert tout ce qu'elle avait voulu, se disant que ce n'était pas très grave si elle profitait de lui. Elle l'avait sauvé après tout.

Cela faisait presque trois semaines qu'ils se fréquentaient, quand Axelle commença à s'inquiéter de l'avenir. Elle ne voulait pas que leur histoire se termine à la fin de l'été. Elle l'aimait. Jim, pour sa part, malgré toute la reconnaissance qu'il éprouvait à son endroit, ne ressentait pas la même chose. Elle était  jeune, jolie, intelligente, passionnée au lit, mais quelque chose manquait malgré tout. Il la rassura, lui faisant valoir qu'il était trop tôt pour s'en inquiéter. Elle protesta. Il la fit taire d'un baiser parce qu'il ne pouvait rien lui promettre pour le moment.

En allant la chercher le lendemain soir, il croisa sur la plage un séduisant jeune homme à la peau pâle aux yeux d'un vert clair très étonnant qui  rejoignit d'une démarche pleine d'assurance le maître-nageur sauveteur roux pour une fois habillé. Ariel portait un simple jeans et un t-shirt blanc des plus basiques, mais restait plein de grâce. Les deux jeunes hommes formaient un beau tableau.
L'apparition d'Axelle distrait Jim.
— Je ne t'ai pas fait trop attendre ? s'inquiéta-t-elle, en lissant sa courte jupe rose.
— Non, non, affirma Jim qui ne regrettait qu'une chose, n'avoir pu immortaliser d'une façon ou d'une autre les deux jeunes gens qui s'éloignaient déjà à grandes enjambées.
Axelle, au cours de la soirée, reparla de la fin de l'été. Jim esquiva, elle bouda un peu avant de se faire à nouveau gaie et charmante.
Jamais elle ne se montrait triste, ses bouderies et inquiétudes s'évaporaient aussi vite qu'elles étaient venues. Avait-elle une nature heureuse ou bien était-ce une façade ? Jim ne pouvait pas vraiment le lui reprocher, lui aussi faisait bonne figure même quand il était en peine, et pourtant cela le gênait. Par moments, elle lui semblait terriblement artificielle. Cette impression avait été renforcée par la découverte que ses prunelles améthystes étaient en réalité des lentilles de couleurs et ses cheveux roux, une teinture.

mercredi 29 avril 2015

Contes modernes - 43

Il regagna la plage qui n'était plus aussi peuplée, les gens la désertant pour aller se restaurer. Il marcha jusqu'à la cabine qu'elle lui avait indiqué et contempla la mer en l'attendant. Il aperçut le jeune homme roux bronzé de la chaise haute qui sortait des vagues avec grâce. Il lui fit bizarrement penser à la Vénus de Botticelli alors qu'il n'avait en commun avec la déesse païenne que le roux des cheveux et encore les siens étaient courts !
— Me voilà ! Désolée du retard !
Jim se tourna vers Axelle, toute pimpante dans une petite robe rose avec des sandales assorties.
— Tout va bien, lui assura-t-il. Votre collègue fait du zèle ?
— Pas du tout ! La journée est terminée pour lui aussi. Là, il nage juste pour son plaisir. Où m'amenez-vous ?
Jim cita le nom de l'un des nombreux restaurants qu'il avait essayé durant son séjour. C'était un endroit à la fois chic et détendu avec une carte de menu où le choix ne manquait pas : fruits de mer, plats épicées, assiettes végétariennes...
Il l'y conduisit dans sa Porsche et lui ouvrit la portière pour descendre. Elle apprécia l'attention.
— Qu'est-ce que vous êtes galant ! s'extasia-t-elle.
Durant le dîner, elle se montra charmante, évoquant sa mère qui était vendeuse dans une parfumerie, son père couvreur-zingueur et ses trois jeunes frères, âgés respectivement de 17, 11 et 7 ans. Elle s'intéressa aussi à lui, sans en faire des tonnes en apprenant qu'il était né sous une bonne étoile. Peut-être l'avait-elle déjà compris avant entre sa montre et sa voiture, mais son attitude ne changea pas et elle ne chercha pas à connaître l'étendue de sa fortune, comme certains le faisaient bien maladroitement. On aurait dit pour elle que cela n'avait pas d'importance et Jim qui tenait déjà sa sauveuse en haute estime se prit à regretter encore sa jeunesse.
Après un délicieux repas que Jim paya bien évidemment dans son intégralité, il la raccompagna chez elle en voiture. Il avait bien fait attention à éviter toute boisson alcoolisée pour la reconduire sans risque.
Ce fut elle qui lui proposa de monter. Il ne refusa pas. Elle avait beau être jeune, elle était jolie et à vingt-un ans, elle savait ce qu'elle faisait.
Une fois dans le studio qu'elle louait, il se garda cependant de faire le premier mouvement pour ne pas les mettre dans l'embarras au cas où elle l'avait vraiment invité à juste boire un thé pour clore la soirée.
Ce fut donc elle qui prit l'initiative de l'embrasser. Elle sentait la mer.
Ce fut encore elle qui sortit un préservatif, et ils couchèrent ensemble sur la moquette.
Jim, l'acte consommé s'en voulut un peu. En fait de la récompenser, c'était lui le grand gagnant de l'histoire : c'était elle qui le sauvait, elle qui lui offrait son corps. Bien sûr, à en croire ses cris, elle y avait pris du plaisir, mais tout de même...
— A quoi tu penses ? demanda-t-elle, les doigts dans les poils de son torse.
— Que j'ai de la chance de t'avoir rencontré.
— Tu viendras à la plage demain ?
— Oui.
— Pour me voir ?
A la note pleine d'espoir dans sa voix, il comprit qu'elle escomptait plus qu'une simple coucherie, même si elle s'était donnée à lui dès le premier soir.
— Bien sûr, répondit-il.
Il ne leur voyait pas vraiment d'avenir ensemble parce qu'il se trouvait trop vieux pour elle, mais il était empli de reconnaissance à son égard et peut-être que ce sentiment se muerait en quelque chose de plus tendre.
Si elle n'avait pas été là, il n'y serait plus. Il frissonna au souvenir des vagues étouffantes et elle se colla plus étroitement à lui, chaude et généreuse.

mardi 28 avril 2015

Contes modernes - 42

— Ça fait plaisir de vous voir sur pied avec de belles couleurs, déclara-t-elle.
Elle avait une voix musicale et de magnifiques yeux améthystes.
— C'est grâce à l'un d'entre vous que je le dois, je crois. J'aurais voulu remercier la personne.
— Nous ne faisons que notre travail, mais c'est vrai que nous sommes fiers quand nous sauvons des vies.
— Vous savez qui a été, pour ainsi dire, mon ange gardien ?
— Vous l'avez devant vous !
Il y eut un bruit métallique. Jim leva les yeux vers le jeune homme roux assis dans la chaise, mais il scrutait toujours la mer. Jim reporta son attention sur la jeune femme.
— Je vous suis redevable...
— Je m'appelle Axelle. Et vous ?
— Jim.
— Enchantée, déclara-t-elle avant de s'adresser  à son collègue :
— Ariel, je continue mon tour de plage, on alternera après, d'accord ?
Sans attendre la réponse du jeune homme roux, elle s'éloigna de la chaise haute et Jim lui emboîta le pas, désireux d'en apprendre plus sur sa sauveuse.
Axelle avait vingt-un ans, comme sa nièce Tori. Elle avait un diplôme de secouriste, mais ce n'était pour elle qu'un job d'été lui permettant de financer ses études de médecines. Sa vocation, c'était sans nul doute de sauver des vies que ce soit en tirant des baigneurs en difficultés hors des flots ou en soignant des gens.
De l'extérieur, sa façon de surveiller semblait laisser à désirer, car elle le regardait beaucoup, mais Jim s'en voulut de le penser : sûrement la façon de faire d'Axelle ne devait pas être si mauvaise que cela puisqu'elle l'avait arraché aux bras mortels de la mer alors qu'il était loin de la côte.
Il aurait aimé la récompenser, car sans elle, il n'aurait sans doute plus été là à respirer l'air marin, mais cela lui semblait sec et impersonnel de lui donner de l'argent, comme on se débarrasse d'une corvée. Il choisit de l'inviter au restaurant. Lui payer un dîner, ce n'était pas grand chose, mais c'était mieux que rien.
— Vous ne me devez rien, mais c'est si gentil à vous ! Surtout que je ne suis pas du coin, alors je suis bien solitaire ! accepta-t-elle avec enthousiasme.
— Une jolie jeune femme comme vous, permettez-moi d'en douter.
— Flatteur ! s'écria-t-elle, en lui donnant une tape légère sur le bras.
Après lui avoir promis de venir la chercher le soir à dix-neuf heures, quand elle aurait fini son travail, il la laissa et se promena en ville. Il était heureux d'être en vie. Là, deux mouettes se disputaient un bout de sandwich, ici, deux enfants jouaient à chat perché se courant l'un après l'autre, plus  loin, sur un banc de pierre, un homme d'une trentaine d'années ne portant qu'un short blanc, dégustait une boule de glace verte. Sa façon de lécher avait quelque chose de sensuel qui rappela à Jim que cela ne faisait que trop longtemps qu'il était abstinent. Il n'avait cependant pas le cœur à se mettre en chasse, car plus qu'un corps à enlacer,  il voulait quelqu'un à aimer. Il pensa à Axelle, mais la chassa aussitôt de ses pensées. Elle était trop jeune pour lui et c'est en tout bien tout honneur qu'il partagerait un dîner avec elle.

lundi 27 avril 2015

Contes modernes - 41

Cet après-midi là, Jim nagea longtemps en direction d'un amas rocheux qui se révéla être plus loin que ce qu'il ne s'était figuré et de surcroît sans grand intérêt.
En revenant vers la côte, la mer étant plus agitée qu'à l'aller,  ses muscles se mirent à le tirer. Il avait beau ne pas se laisser s'empâter, son âge se faisait sentir.
Il était encore loin de la plage et des autres baigneurs qui avaient l'intelligence d'éviter de nager au large, quand il reçut comme une décharge électrique dans le pied. Une méduse sans doute. Une grosse vague passa sur lui au même moment et il but la tasse. Jim toussa. Ses orteils et son talon droit le brûlaient et un goût salé lui emplissait la bouche.
Au lieu d'accompagner la vague suivante, il la prit de plein de fouet. L'air lui manqua et il paniqua, peinant à remonter à la surface. Une douleur vive paralysait son pied. Il n'avait pas la force de crier, pas même celle d'agiter ses bras fatigués par la nage. Il était devenu le jouet de la mer qui le ballotait au gré de ses envies. Il allait mourir noyé... Ses galeries lui survivraient. Il y avait veillé quand il avait établi son testament quelques années plus tôt, transmettant autrement la majorité de ses biens aux bonnes œuvres, donnant le reste à son neveu et à sa nièce. Jim finit par perdre conscience.
 
De l'air insufflé dans sa bouche le ramena à lui. Il toussa. Il était revenu sur terre ferme et le sable brûlant lui collait à la peau. Quelqu'un appelait les secours. Il voulut ouvrir les yeux, mais il était si faible qu'il ne parvint à soulever qu'à moitié les paupières. Dans le soleil éblouissant, il n'aperçut qu'une silhouette aux cheveux qui cascadaient sur les épaules. Il referma les yeux et peu après, fut emmené à l'hôpital le plus proche où il subit toute une batterie d'examen, gardé une nuit en surveillance, puis mis dehors.
Au final, il y avait eu plus de peur que de mal. C'était la fatigue musculaire conjointe à la piqûre de méduse qui avait provoqué l'incident. Jim savait en tout cas qu'il n'était pas prêt de retourner nager. Sa noyade lui avait fait prendre conscience que la mer n'était pas seulement belle, mais aussi dangereuse.

Une fois remis, il se rendit sur la plage pour y retrouver son sauveur qui était sûrement de sexe féminin vu que c'était une voix de femme qui avait prévenu les secours et que rare était les hommes aux cheveux longs. Il voulait lui exprimer sa reconnaissance. Supposant que ce n'était pas un simple baigneur, mais une des personnes surveillant la plage qui était venu à son secours, il repéra une des hautes chaises perchées où un maître-nageur surveillait les baigneurs pour se renseigner.
— Hé !
Le jeune homme roux et bronzé en maillot vert pomme lui adressa un sourire, puis reporta son regard sur les vagues où les gens nageaient.
Il était occupé. Jim hésitait à lui exposer malgré tout sa requête, quand une jeune femme à la flamboyante tresse rousse approcha. Elle portait un maillot de bain une pièce
également vert pomme où était écrit en lettres blanches « nageur sauveteur. »

vendredi 24 avril 2015

Contes modernes - 40

Jim s'installa dans un hôtel cinq étoiles qui donnait sur la mer. Il aimait ses couleurs bleue, verte, grise, son mouvement rythmique montant et redescendant, ses doux clapotis. Elle avait un effet apaisant sur lui. S'il ne vivait pas toute l'année au bord de la mer, c'était pour le plaisir de la retrouver, immense et immuable.
Une fois sa chambre réservée pour plusieurs semaines et ses bagages déposés, Jim descendit à la plage. On était en mai, et malgré le soleil, elle était quasi-déserte alors qu'à la période estivale, c'est tout juste si on voyait le sable au milieu des vacanciers, des parasols et des serviettes. 
Jim retira ses souliers et ses chaussettes, remonta le tissu soyeux de son élégant pantalon et mit les pieds dans l'eau, laissant les vagues lui chatouiller les chevilles.
Il avança longtemps comme ça, ses affaires à la main, regardant tour à tour la mer, le sable et les maisons colorées sur les quais. Il n'avait aucune obligation au monde ou presque. Il était libre comme l'air marin, comme les mouettes qui tournoyaient dans le ciel bleu, poussant de temps à autre leur cri si caractéristique. C'était grisant, mais il aurait pouvoir partager cela d'une façon ou d'une autre. Quelque part dans le vaste monde se cachait la perle rare...
S'il avait confié à son frère Mike à quel point la solitude lui pesait, ce dernier lui aurait répliqué que c'était parce qu'il ne travaillait pas. L'oisiveté est mère de tous les vices, aurait-il dit. Ce n'était cependant pas le problème. Jim ne s'ennuyait pas. Il aimait marcher sans but dans les rues ou ailleurs, observant le spectacle de la vie. C'était d'ailleurs au cours de ses errances qu'il avait découvert de talentueux artistes. Lui-même peignait un peu, mais il reconnaissait que ses toiles manquaient d'éclat.
Comme il n'y a pas meilleure thérapie que de faire ce qu'on aime, Jim s'occupa à sa manière habituelle, vagabondant à droite à gauche à pieds ou en voiture. Il s'offrit aussi quelques ballades dans un bateau loué.  De temps à autre, il vérifiait que les entreprises dans lesquelles il avait investi se portaient bien et se renseignait sur la fréquentation de ses galeries d'art.

Juin arriva, et la plage commença à se remplir sans que cela gêne Jim. C'était pour lui l'occasion de faire des rencontres. Et puis, ce fut le 1er juillet, et les touristes déboulèrent en masse, signant la fin du calme. Une surveillance fut mise en place sur la plage afin que les baignades s'effectuent sans risque. 
Jim continua ses tours en bateau et ses promenades pieds nus dans le sable, même s'il devait désormais slalomer entre les serviettes.
Le soleil se faisant brûlant, il commença également à faire un peu de plongée et à se baigner. Nager était une activité qu'il appréciait. Quand il n'était pas au bord de la mer, il se rendait souvent à la piscine. Entre la nage et la marche, il gardait ainsi la forme et le ventre plat. Sans être particulièrement attentif à sa ligne, il ne tenait pas à prendre de la bedaine comme la plupart des hommes de son âge et il était conscient qu'en vivant à l'hôtel la moitié du temps et donc en mangeant au restaurant, faire de l'exercice était indispensable. Cependant, si sa silhouette ne trahissait pas ses quarante ans passés, les rides aux coins de ses yeux bleus et les quelques mèches de gris dans ses cheveux bruns, l'empêchait de se leurrer : il ne rajeunissait pas.

jeudi 23 avril 2015

Contes modernes - 39

Dillon, le nouveau marié, très beau dans un costume blanc avec un nœud et des souliers gris perle qui rappelait la couleur de ses yeux s'approcha d'eux avec un plateau de petits fours salés qu'il leur présenta.
— Tu ne devrais pas faire le service le jour de ton mariage ! s'écria Tori, prête à le lui prendre.
— Laisse-le, si ça lui fait plaisir, rétorqua Jim en attrapant une petite saucisse roulée dans une croûte dorée.
C'était bien que Vic se soit trouvé un jeune homme comme Dillon, modeste et charmant. Avec le recul, il regrettait de ne pas avoir apaisé les doutes de son neveu quand ce dernier lui avait demandé son avis sur Dillon. Cependant, il n'avait alors échangé que quelques mots avec lui à ce moment. Il lui avait apparu adorablement innocent à écarquiller grands les yeux quand il lui avait offert, à moitié pour plaisanter, à moitié parce qu'il n'aurait rien eu contre, une partie de jambes en l'air en échange d'un toit...
Le côté pur et désintéressé de Dillon s'était confirmé par la suite, hélas après que Vic, de son propre aveu, se soit comporté comme un salaud avec lui. Dillon lui avait heureusement pardonné et tout s'était bien terminé...
Vic, également en costume blanc, mais avec un nœud papillon bleu foncé, vint retirer le plateau des mains de Dillon :
— Je me retourne une minute et voilà que je te retrouve à faire le service le jour de notre mariage !
— Cela me donne l'occasion de parler aux invités... expliqua Dillon.
— Tu peux le faire même sans ça. Viens que je te présente à mon ami Clowis, répliqua Vic.
Puis, se débarrassant du plateau auprès d'une des petites femmes de l'auberge, il entraîna Dillon qui lui demanda juste de ralentir l'allure.
— Ils sont mignons tous les deux, commenta Tori.
A l'écœurement, même. La façon dont ils regardaient amoureusement l'un l'autre était à vomir. En vérité, Jim les enviait.
Durant la fête, il fit bonne figure. Il but, mais sans excès, félicita les deux tourtereaux avec un toast qui ne manquait pas de panache, se régala avec le menu complet, pièce montée comprise, véritable chef d'œuvre du cuisinier des lieux. Il se montra aimable avec tout le monde, y compris une jeune fille qui lui fit de rentre-dedans vers la fin du dessert. Il fut surpris quand elle se révéla être une des sœurs de Dillon. Il apprit au passage que le père du jeune homme choqué que son fils soit gay et se marie avec un homme avait refusé de venir. Violetta et sa sœur, elles, n'avaient pas hésité à accepter l'invitation. Il ne fallut cependant pas longtemps à Jim pour comprendre que Violetta n'était là qu'à la pêche au mari et non pour célébrer le mariage de son frère.
Jim lui faussa compagnie et, après avoir souhaité une fois encore beaucoup de bonheur à Vic et Dillon, quitta la pittoresque auberge, décidé à aller se changer les idées au bord de la mer. Pas besoin de lune de miel pour voyager et mieux valait être seul que mal accompagné !

mercredi 22 avril 2015

Contes modernes - 38

SAUVETAGE SILENCIEUX


Après la cérémonie à la mairie, la célébration du mariage de Vic et Dillon se poursuivait au Sept nains, une auberge pittoresque environnée de forêt. Avec quelques difficultés malgré son GPS et les indications de son neveu, Jim, au volant de sa Porsche bleu marine, était finalement parvenu devant la maison au toit recouvert d'ardoises, aux murs blanchis à la chaux pour le bas, avec colombage sur le haut et une enseigne ornée de sept bonshommes rouges. Le choix du lieu était un coup à perdre ses invités dans la nature, mais Vic, pressé d'épouser l'élu de son cœur n'avait trouvé que cette auberge de libre qui réponde à ses critères et à ceux de Dillon. D'après leur site internet, les Sept nains était tenue par deux couples atteints de nanisme, pour l'un parents de trois enfants. Changeaient-ils le nom de l'auberge à chaque nouvelle naissance ?
Dès qu'elle le vit entrer dans la salle aux murs et plafond en bois blond, sa nièce Tori, se précipita vers lui.
— Te voilà enfin Oncle Jim !
— Ne me dis pas qu'il ne manquait plus que moi.
— Non, bien sûr que non, mais je te rappelle qu'en tant que témoin du marié, tu es supposé porter un toast !
— Je n'ai pas oublié.
— Tu dois avoir soif, décréta-t-elle et, glissant un bras sous le sien, elle se serra contre lui pour le conduire à la table recouverte de verres et de bouteilles où deux nains s'activaient à servir les invités déjà arrivés.
Sa nièce était une jolie brune aux yeux bleus chaleureuse et généreuse, mais aussi  autoritaire, comme son frère Vic.
Là-dessus, l'un comme l'autre tenait de leur père, Mike. Lui et Jim étaient fort différents et pendant longtemps, ils ne s'étaient pas fréquentés, Mike reprochant à Jim de juste investir au lieu de travailler comme un forcené pour faire fructifier la fortune familiale, et de courir les femmes comme les hommes plutôt que de se contenter des premières. C'était Vic qui les avait involontairement amenés à se réconcilier en débarquant un beau jour sans prévenir chez lui, très remonté contre ses parents qui n'avait pas bien accueilli la nouvelle qu'il était gay, Jim l'avait assez vite reconduit chez Mike et son épouse et avait su les rabibocher, ce qui lui avait valu leur reconnaissance, même si son grand frère continuait à réprouver son mode de vie.
— Tu prends quoi, oncle Jim ?
— L'alcool le plus fort du lot, répondit Jim, moitié pour rire, moitié sérieusement.
Il était content pour son neveu : c'était bien que les temps aient changé et que le mariage entre personnes de même sexe soit désormais possible et légal, mais encore fallait-il trouver le partenaire avec qui passer devant le maire et à quarante et un ans, Jim commençait à penser qu'il finirait seul.
Quelqu'un pour chauffer son lit, ce n'était pas trop difficile à dénicher, surtout que les hommes comme les femmes lui convenaient, quelqu'un pour partager son quotidien et vieillir à ses côtés, c'était une tout autre histoire.
— Oncle Jim ! s'écria Tori, indignée par sa réponse désinvolte.
— Je promets que je serai encore sobre pour le toast.
— Ce n'est pas bon de trop boire.
Jim appuya un doigt sur le bout du nez de sa nièce qui le fronça joliment.
— Je ne suis plus une gamine ! protesta-t-elle en écartant sa main.
— Je sais bien. A quand ton mariage ?
— Je n'ai que vingt-un ans ! C'est plutôt à moi de te poser la question !
Jim garda le sourire, cachant la peine que cela lui causait. Il l'avait pourtant cherché celle-là. Tori n'avait fait que se défendre de sa taquinerie. Elle ne pouvait pas savoir... Pour elle, son oncle était un bon vivant qui collectionnait les conquêtes féminines et masculines, pas un homme qui cherchait sérieusement quelqu'un.
Son gros souci, c'est que les femmes comme les hommes qu'il rencontrait avaient tendance à être charmé par son compte en banque plutôt que par sa spiritualité. C'était l'un des inconvénients à avoir de l'argent. Ce n'était bien sûr pas marqué sur son front, mais il s'habillait dans des costumes faits sur mesure, portait une Rolex Submariner au poignet et roulait en Porsche. Il aurait pu s'arranger pour que sa bonne fortune soit moins visible, mais tout ce luxe lui était naturel et il se sentait déguisé autrement. Il savait qu'il avait de la chance d'être riche et il en profitait. Il investissait dans les entreprises qui lui semblaient prometteuses – il avait d'ailleurs des parts dans la boîte de Vic – et s'adonnait au mécénat. Il avait ainsi ouvert plusieurs galeries d'art où il exposait les artistes qu'il jugeait talentueux.

mardi 21 avril 2015

Contes modernes - 37

Après encore un mois sans pratiquement aucune anicroche, Dillon finit par libérer l'appartement de toute façon pratiquement inutilisé. Vic ne lui laissa pas le nettoyer de fond en comble avant de le vider.
— J'emploie une entreprise de ménage très performante. Pour une fois, ne t'embête pas.
Dillon sourit. Il n'était pas sûr de s'habituer un jour à ce quelqu'un soit attentif à lui.
— D'accord.
Il avait toujours peu d'affaires et ce fut rapide de les monter à l'étage.
Une fois le contenu des sacs vidés dans les placards, alors qu'ils étaient installés dans le salon de Vic, ce dernier s'absenta un instant pour revenir avec deux paquets cadeaux.
— Il fallait fêter ça... Commence par le plus grand.
— Merci...  Il ne fallait pas... déclara Dillon, en déchirant le papier du paquet rectangulaire.
Dans une boîte couleur crème reposaient deux souliers noirs en cuir luisant.
— Tu m'en avais déjà offert...
— Oui, mais tu persistes à leur préférer les autres. Allez, laisse-moi te les enfiler.
Vic s'agenouilla et lui retira les chaussures à bordures fourrées que Dillon continuait en effet à mettre régulièrement.
Il ne pouvait oublier que c'était grâce à elles que tout avait commencé.
Vic lui attrapa un pied, le massant au passage, puis lui enfila dans le soulier. Il recommença avec l'autre.
Dillon voulut se lever pour voir ce que ça donnait en marchant avec, mais Vic, toujours à genoux, le retint.
— Attends. Ouvre le second.
Comme il était curieux de savoir ce que le petit paquet contenait, Dillon resta assis et retira le papier, révélant cette fois une boîte rouge carrée. Il en souleva le couvercle. Une bague dorée brillait à l'intérieur dans un écrin blanc.
Le jeune homme resta interdit. Vic la récupéra et la lui glissa au doigt.
— Tu veux bien m'épouser ? Dis oui.
Dillon hocha la tête à plusieurs reprises et précisa :
— Ce n'est pas parce que tu me l'ordonnes.
— Parfait ! Et avant que tu me poses la question, oui, je suis sûr et certain que je veux m'engager avec toi et personne d'autre.
Dillon songea que Vic commençait à bien le connaître et que lui aussi avait au fond de la chance, puisque leurs chemins s'étaient croisés.
— Je ferai tout pour que tu ne le regrettes pas.
— Oui, enfin... Tu n'as pas besoin de faire le ménage ici, sauf si tu y tiens. Et si je me régale avec les délicieux petits plats que tu nous concoctes chaque soir et le week-end... Sache que ce que je veux, c'est toi.
Dillon n'aurait pas pu être plus heureux qu'en cet instant et cela n'avait rien à voir avec les souliers qu'il avait aux pieds ou la bague à son doigt, mais bien tout avec l'homme qui était agenouillé devant lui.


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Fin d'une Chaussure perdue, on se retrouve demain, si tout va bien, pour Sauvetage silencieux

lundi 20 avril 2015

Contes modernes - 36

A partir de ce jour, ils filèrent le parfait amour. Vic était bien sûr toujours autoritaire et Dillon, prompt à lui obéir. Ce qui avait changé, c'est qu'il s'efforçait de préciser quand il aurait préféré autre chose, ou autrement. Dès fois, Vic se pliait à son envie, d'autres fois c'était l'inverse.
Au travail, Vic ne cherchait plus sa compagnie comme au début, mais ne l'évitait pas non plus. Dillon lui avait exposé à quel point cela compliquait ses relations avec les autres employés. Ils avaient trouvé l'équilibre.

A l'occasion des fêtes, Dillon se retrouva à rencontrer les parents de Vic, heureusement en présence de Tori, la sœur de ce dernier et de l'oncle Jim parce que les parents de Vic campaient hélas sur leur position que Dillon profitait de leur fils chéri.
Le jeune homme n'avait pas trop mal reçu les piques qui lui avaient été lancées, car avec Vivianne, il avait encaissé bien pire.
— Tes parents tiennent à toi, c'est bien, conclut-il, la soirée terminée alors qu'ils rentraient dans la belle voiture de sport rouge de Vic.
— Tu es bien gentil avec eux, parce qu'ils se sont montrés pénibles avec toi. Si Tori et oncle Jim n'avaient pas été présents, j'aurais explosé.
— Ta sœur a été très accueillante.
Elle avait embrassé Dillon sur les deux joues et l'avait serré contre elle gaiement, lui enjoignant à prendre soin de son grand frère. Ni Virginia ni Violetta ne s'étaient montrées aussi affectueuses avec lui.
Il était repassé encore une fois à l'appartement, la veille de Noël, mais avait été traité une fois de plus avec indifférence. Son père, exceptionnellement là, s'était vaguement intéressé à son travail pour aussitôt lui reprocher son manque d'ambition. Vivianne l'avait mis une fois de plus à contribution pour le ménage, Violetta avait exigé qu'il fasse l'ourlet des derniers pantalons qu'elle s'était achetée et Virginia avait demandé s'il ne pouvait pas revenir plus souvent pour cuisiner.
— Oui, Tori n'a jamais eu de problème avec le fait que je sois gay. Dès qu'elle a été en âge, elle s'est mise à parler garçons avec moi. 
— Tu as de la chance.
— Je sais. Je vais tâcher de la partager avec toi désormais, d'accord ?

Au bout d'un mois que tout allait à merveille, Vic voulut que Dillon emménage complètement chez lui, parce que c'était ridicule qu'il garde un appartement où il n'allait presque jamais. Le jeune homme n'accepta pas, même si l'offre était tentante parce qu'il craignait de se retrouver sans toit si jamais les choses tournaient à l'orage entre eux. Évidemment, cela contraria Vic, mais cela ne l'empêcha pas de le complimenter :
— C'est bien que tu saches me dire non.
Cela restait difficile à Dillon. Ils avaient encore des petits soucis à communiquer.
Pour Vic, l'amour passait moins par les mots que par les actes. Ils avaient une vie sexuelle très intense, davantage qu'auparavant, toute barrière étant tombée entre eux. Les fellations sans préservatifs étaient autrement plus excitantes. Si l'attacher ne faisait au final pas vraiment partie des fantasmes de Vic, ce dernier avait un appétit sexuel important qui ne se manifestait heureusement plus dans les locaux de PMDTX...

vendredi 17 avril 2015

Le Garçon fée, livres 2 et 3

Les livres 2 et 3 du Garçon fée sont à présent également disponibles à la vente sur The Book Edition au prix de 12,69€ chacun pour respectivement 252 et 266 pages.

Ils ont été soigneusement relus, corrigés et affinés par rapport à la version que vous pouvez lire sur le blog.
Le livre 3 contient par ailleurs 90 pages de bonus avec le point de vue de l'amoureux de Zibulinion depuis le tout début, au livre 1, jusqu'à la fin de l'histoire.
Le livre Le garçon fée Livre 2Le livre Le garçon fée Livre 3
Résumé Livre 2 :
Zibulinion va vivre sa deuxième rentrée à l'école des fées et ses différences avec les autres fées vont cette année encore le mettre dans une position difficile...
Résumé Livre 3 :
Troisième année à l'école des fées, mais Zibulinion doit la passer sous une illusion féminine car la directrice en a décidé ainsi pour d'obscures raisons... Et même si Zibulinion a enfin trouvé l'amour, tout reste compliqué.

Contes modernes - 35

Vic lui rendit son baiser et lui souffla ensuite à l'oreille :
— Faisons l'amour.
Dillon ne demandait que ça. Ils gagnèrent ensemble la chambre, s'embrassant à chaque pas.
Arrivés devant le lit, Vic lui prit les mains, les porta à ses lèvres et plissa le nez.
— Tu sens la javel.
Dillon les retira vivement. Cela lui rappelait de mauvais souvenirs du collège.
— Hé ! Ce n'est pas grave, assura Vic, les reprenant et les caressant dans les siennes. Je ne peux pas prétendre aimer l'odeur, mais j'adore tes mains de fée du logis.
— Vraiment ?
— Oui ! D'ailleurs, au lieu de prendre le tort pour toi, tu aurais dû me reprocher d'être indélicat...
Après ce petit incident, ils se déshabillèrent lentement, chaque pièce de vêtement tombée étant l'occasion d'une caresse et d'un nouveau baiser. Vic se montrait très tendre, comme pour faire oublier sa brutalité des dernières fois. Sa bouche et ses doigts enflammèrent la moindre parcelle de la peau de Dillon.
Longuement, ils se frottèrent l'un contre l'autre, prenant tout leur temps avant de finalement s'unir.
Après la jouissance, Vic se détacha lentement de Dillon, et l'attira contre lui de façon à ce que la tête du jeune homme repose sur son épaule.
— Dillon ?
— Oui ?
— Par rapport à ce que tu as dit tout à l'heure, en fait, je suis ton premier partenaire ?
— Oui...
— Je suis mieux qu'un légume ?
Dillon se redressa, embarrassé. Les yeux de Vic pétillaient d'amusement.
— Vu ta tête, je ne te taquinerai plus sur le sujet, reprit Vic, d'un ton repentant.
— Tu ne me trouves pas dégoûtant ? s'inquiéta Dillon.
— Non, tu as fait avec les moyens du bord. Je te proposerai bien de t'offrir un authentique gode, mais je ne sais pas quand tu trouverais le temps de t'en servir.
— Je n'en veux pas, confirma Dillon.
C'était plus facile d'exprimer un refus, Vic étant de toute façon de son avis.
— Quand ta belle-mère a sorti ça, ce qui m'a dérangé, c'est l'histoire de l'argent qu'elle t'avait donné... Mais nous avons déjà éclairci ce point. Il y a toutefois un dernier truc qui me chiffonne.
— Quoi ?
— Tes chaussures. Elles sont bien trop grandes pour tes adorables pieds. Pourquoi tu n'as pas mis les souliers que je t'ai offert ?
— C'est un peu comme un porte-bonheur. C'est grâce à ses chaussures que nous nous sommes rencontrés.
— Je t'avais déjà aperçu la veille qui traînait comme une âme en peine... Mais c'est vrai que ça été le déclic. Bref, sur ce coup, c'est moi qui ait préféré me taire de peur que tu trouves que je n'ingérais trop.
Dillon se pelotonna à nouveau contre Vic. Cela l'avait plutôt arrangé que ce dernier ne lui pose aucune question à ce sujet, mais à présent, l'heure n'était plus à la superstition...

jeudi 16 avril 2015

Contes modernes - 34

Dillon, déjà remué par les explications de Vic, fut bouleversé par ces derniers mots. Il avait fini par croire qu'il n'était pas digne d'être aimé, et la seule chose qu'il avait toujours voulu de Vic sans oser même l'espérer, c'était bien son amour. Vic l'avait souffrir, mais n'avait-il pas aussi ses torts ?
— C'est vrai ? murmura-t-il.
— Oui. Quand je t'ai aidé à enfiler ta godasse en fait c'est moi qui ait trouvé chaussure à mon pied. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu as cru bon de taire ce que tu éprouvais. Tu n'as même pas protesté quand je t'ai annoncé que c'était fini entre nous.
— Je ne voulais pas t'ennuyer. Tu as été si gentil avec moi. J'avais envie de te plaire, c'est pour ça que je ne voulais pas te refuser quoi que ce soit.
— C'est idiot ! Comme ta manie de détourner la conversation sur moi.
— Je ne suis pas intéressant... commença Dillon, et puis il évoqua timidement toutes ses heures passées à faire le ménage, les courses et tout pour se faire aimer de Vivianne, avec pour seul loisir, se caresser en solitaire.
Vic le prit dans ses bras.
— Je savais déjà que tu n'avais pas eu une vie très heureuse, mais pas imaginé que c'était à ce point. Je suis content que tu te confies enfin. J'aurais dû t'y obliger... Tu promets de me dire à partir de maintenant quand tu ne veux pas quelque chose ? Je ne tiens à pas ce qu'on se plie à mes moindres exigences. Ce n'est pas désagréable, mais pas plaisant non plus.
Dillon prit alors une grande inspiration et avoua, d'un ton hésitant, ne pas apprécier les films d'horreur et la cuisine mexicaine.
Comme Vic l'encourageait à continuer, Dillon précisa préférer ne pas être attaché et ne pas faire des trucs sexuels au bureau.
— Tu donnais bien le change. Tu étais excité comme pas possible à chaque fois.
— Je ne peux pas le nier, mais cela ne retire rien à ma gêne, balbutia Dillon.
Vic l'étreignit un peu plus fort.
— Si seulement tu avais osé le dire avant... A dire vrai, quand je t'ai attaché, ça m'a plus frustré qu'autre chose, parce que tu ne pouvais pas t'agripper à moi comme d'habitude. C'est le problème à ne pas être franc l'un envers l'autre, chacun finit par se forcer, croyant faire plaisir à l'autre.
Dillon acquiesça et précisa :
— Cela ne me coûtait pas tant que ça de manger un plat trop épicé au restaurant, de regarder un film effrayant. Et au bureau, le pire, ce n'était pas le lieu, mais ta froideur.
— Le problème, ce n'est pas tant que tu acceptes tout, mais que tu ne me fasses même pas remarquer que c'est uniquement pour me faire plaisir. Si tu y réfléchis, cela montre davantage que tu es prêt à tout pour moi. Enfin, l'essentiel, c'est de communiquer. Tu ne peux pas compter sur tes yeux pour tout exprimer...
Ils n'avaient jamais discuté ainsi à cœur ouvert auparavant, le jeune homme ayant fait l'erreur de toujours se dérober aux questions qui le touchaient de trop près.
— Je ne suis pas doué pour parler, déclara Dillon avant d'exposer brièvement son isolement à l'école.
— Pour être maladroit, tu l'es. Mais je ne suis guère mieux, je suis dirigiste, si bien que je ne cherche pas à écouter les autres. Personne n'est sans défaut.
Dillon leva la tête, étirant légèrement le cou pour poser sa bouche contre celle de Vic.

mercredi 15 avril 2015

Contes modernes - 33

L'après-midi fut difficile pour Dillon. Sa conversation avec le nouvel employé l'avait déstabilisé. Quelqu'un s'était-il rendu compte que Vic le prenait dans son bureau ? Tout le monde dans la boîte pensait donc que Dillon n'était qu'un type intéressé, prêt à coucher pour de l'argent ? En tout les cas, le nouveau, Dan avait été vite mis au parfum...
Dillon rentra tôt chez lui et fit du ménage. Cela lui occupa les mains, mais hélas pas l'esprit.
Un coup de sonnette l'interrompit alors qu'il récurait le bac de douche avec de la javel. Il se rinça vite fait les mains et alla ouvrir, même s'il y avait toutes les chances que cela soit une erreur puisque personne n'avait son adresse... A  part Vic qui se tenait dans l'embrasure, ses yeux bleus pétillants, souriant.
Cela faisait un moment que Dillon ne l'avait pas vu ainsi. Il était vraiment séduisant quand il était de bonne humeur.
— Tu ne m'invites pas à entrer ?
— Non, répondit Dillon, mais ce n'était qu'un murmure à peine distinct.
— J'ai à te parler, c'est important.
Dillon ne bougea pas, Vic non plus. Le jeune homme céda, se maudissant de sa faiblesse.
— Installons-nous au salon.
Vic commandait, même quand il n'était pas chez lui, excepté que si, Dillon n'étant que le locataire.
— Non. Dis ce que tu veux ici et sors, déclara-t-il, d'une voix mal assurée.
— Tu es fâché ? Oui, c'est vrai tu as toutes les raisons de l'être... Je regrette, je n'aurais pas dû te tester ainsi, pas dû te traiter comme je l'ai fait ces dernières semaines.
Vic lui effleura la joue d'un doigt.
— Testé ? demanda Dillon, perdu.
— C'est moi qui ait envoyé Dan Satinka.
Dillon ouvrit de grands yeux. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Oh... Vic savait qu'il l'aimait. Et il était là.
— Pourquoi ? souffla-t-il.
— Je ne suis pas le seul coupable, mais je suis désolé, vraiment. Je te faisais confiance Dillon. Cependant, je me suis déjà fait avoir en étant pas assez méfiant... Quand j'ai parlé de toi à mes parents, ils m'ont de suite mis en garde. Cela m'a contrarié et je t'ai défendu. Cependant, les mots de mon père sont restés gravés en moi. « Il ne te demande jamais rien ? Il n'a pas besoin puisque tu lui offres tout de ton propre chef. Je parie qu'il ne te refuse rien non plus. » J'étais certain que tu n'étais pas quelqu'un d'intéressé, mais c'était vrai que tu acceptais tout, alors je suis allé de plus en plus loin dans mes demandes, mais jamais tu n'as protesté, alors j'ai fini par croire que je m'étais trompé sur ton compte. D'après oncle Jim, tu avais l'air si honnête qu'on t'aurait donné le bon Dieu sans confession, mais que ça ne voulait rien dire. Je me suis aussi rappelé de la rapidité avec laquelle tu étais tombé dans mes bras qui m'avait déjà fait douter et c'est pour toutes ces raisons que j'ai rompu. Le problème, c'était mes sentiments pour toi. Tes yeux si expressifs, ta simplicité, les efforts que tu mettais dans tout ce que tu entreprenais. Tout cela m'attire chez toi. Malgré ma conviction que tu étais vénal, je te désirais toujours, d'où mes nouvelles demandes déraisonnables... Seulement, ton regard triste me culpabilisait. Finalement, je me suis confié à un partenaire financier devenu un ami, c'est lui qui m'a suggéré d'embaucher quelqu'un pour te séduire pour que je sois fixé. Le résultat a été au-delà de mes espérances. Moi aussi, je t'aime.

mardi 14 avril 2015

Contes modernes - 32

Quatre jours passèrent sans que Vic ne se manifeste. Dillon appréhendait qu'il ne le convoque. Malgré sa résolution de se refuser à lui, il n'était pas certain d'être vraiment capable de lui dire non. Ses étreintes à l'arrachée, c'était mieux que pas de Vic du tout. Cependant, c'était douloureux aussi. La chaleur de son corps ne compensait pas la froideur du regard qu'il posait sur lui.

Ce midi-là, à la cantine, un homme blond en costume à la carrure séduisante et au visage ouvert vint s'asseoir en face de lui.
Dillon ne se rappelait pas l'avoir vu auparavant.   L'autre se présenta. Il s'appelait Dan Satinka. Il était nouvellement arrivé et avait beaucoup entendu parler de Dillon.
Le jeune homme se crispa. Chaque fois qu'un employé l'avait abordé ainsi, ça avait été pour parler de sa relation avec le patron.
Dan Satinka, cependant, ne continua pas sur cette voie. Il exposa ses ambitions en entrant à PMDTX. Lui aussi comptait à terme montrer sa propre boîte. Il avait déjà les fonds, mais tenait à engranger de l'expérience avant de se lancer.
Dillon l'écouta poliment. L'homme ne lui était pas antipathique, mais sa façon de se vanter de sa fortune et de ses compétences était désagréable.
Alors que leurs plateaux repas étaient presque achevés, Dan Satinka posa soudain sa main sur celle de Dillon.
— J'ai cru comprendre que nous étions du même bord, toi et moi. Cela te dirait que nous prenions un verre ensemble ce soir ?
Dillon se dégagea, ramenant son bras vers lui. Il aurait pu être tenté d'accepter si Dan n'avait pas manifesté en le touchant qu'il voulait plus que boire un coup en sa compagnie.
— Je suis occupé.
— Un autre soir peut-être ?
— Je n'aime pas boire.
— Manger, alors ?
— Désolé.
— Tu préfères visiter directement ma chambre ?
— Non ! s'écria Dillon.
Il regarda ensuite nerveusement autour de lui. Évidemment, en élevant la voix, il avait attiré l'attention des autres employés.
— Je suis prêt à y mettre le prix, insista Dan.
Cela choqua Dillon. Avait-il entendu que c'était moyennant finance qu'il couchait avec Vic ?
— Non, dit-il fermement, et prenant son plateau, il se leva.
Dan l'imita et d'un mouvement à la fois vif et gracieux vint se mettre devant lui, lui bloquant le passage, la table étant en coin.
— Pourquoi tu ne veux pas ? Je te déplais physiquement ?
— Ce n'est pas ça.
— Quoi alors ? Parce que ton prix sera la mien.
Cet homme n'avait-il donc que le mot argent à la bouche ? Avec sa carrure, sa blondeur, ses traits avenants, il n'avait pourtant pas besoin de ça pour séduire.
— Ce n'est pas ça, répéta Dillon. J'aime quelqu'un, même si c'est fini entre nous.
— Le big boss, Vic Sanders ?
— Oui.
Dan Satinka eut un rire amusé. Dillon eut l'impression qu'il se moquait de son amour et en fut blessé.
— Laisse-moi passer maintenant.
Dan Satinka s'écarta, un grand sourire aux lèvres, au bout du compte, pas déçu pour un sou que Dillon l'ait repoussé.

lundi 13 avril 2015

Contes modernes - 31

Vic relâcha sa bouche et retira sa main.
— Va mettre le verrou.
Dillon se dépêcha de le faire et revint vers Vic qui avait libéré son pénis en érection baissant son slip et son pantalon sur le haut de ses cuisses. Il récupéra dans un tiroir de son bureau deux préservatifs ainsi qu'un petit tube de lubrifiant qu'il tendit à Dillon.
— Viens t'asseoir sur moi.
Dillon retira à la hâte ses chaussures à bordures fourrées - peut-être lui portaient-elles vraiment chance - et le bas de ses vêtements tandis que Vic déroulait un préservatif transparent sur sa verge.
Le jeune homme enfila le sien également. Se lubrifier allait prendre plus de temps par contre. Vic s'était toujours occupé de le préparer, comme un préliminaire...
— Qu'est-ce que tu attends ?

Vic lui fit signe de se pencher et l'embrassa. Dillon en profita pour badigeonner généreusement son orifice de lubrifiant. Il était impatient de le sentir en lui. Il n'avait rien fait depuis leur rupture. Retourner au plaisir en solitaire, il n'avait pas pu.
Avec les accoudoirs, il eut un peu de mal à se positionner sur le siège, mais finalement, il put s'abaisser et s'empaler sur le sexe de Vic. Il n'était pas complètement détendu et cela s'avéra un peu douloureux, mais le plaisir de le sentir palpiter en lui l'emporta sur le reste.
D'abord doux, ses mouvements de bassins s'accélèrent ensuite, Vic lui caressant le sexe et lui pinçant successivement les tétons.
Ils jouirent ensemble, Dillon se mordant la lèvre pour contenir son cri sachant qu'il y avait des gens tout proches.
Il y eut un silence et puis Vic brisa l'harmonie du moment qu'ils venaient de partager.
— Ôte-toi de là. J'ai du travail. Et toi aussi.
Dillon se releva, les jambes tremblantes. Il se rhabilla et se nettoya en vitesse avec un mouchoir du paquet qu'il avait dans sa poche. Il fut toutefois plus long que Vic qui lui intima de se dépêcher.
C'était humiliant. Il le prenait pour quoi ? Dillon tourna les talons. Il n'aurait pas dû accepter cela. Ils avaient rompu après tout... Seulement, il avait cru que cela signifiait quelque chose, espéré qu'ils allaient se remettre ensemble, excepté que non. Vic avait eu envie de lui. Point à la ligne.
Dillon fonça aux toilettes pour essayer de remettre de l'ordre dans ses pensées, pour ne pas pleurer.

Trois jours plus tard, Vic recommença. Après l'avoir fait s'appuyer au bureau, les fesses en l'air, il le prit brutalement. Tout en s'en voulant, Dillon se laissa faire. Il ne pouvait pas résister à Vic. Ce n'était pas la peur d'être renvoyé ou d'être forcé de déménager, c'était un désir pur de sentir son corps sur le sien parce qu'il continuait à l'aimer malgré son comportement détestable. Vic ne lui avait pas donné de préservatif cette fois et Dillon éjacula sur le bureau, le salissant de sperme. 
Il frotta ensuite sous le regard bleu orageux de Vic qui s'agaça comme le jeune homme repassait un coup pour qu'il ne reste aucune trace.
Dillon prit les mouchoirs pour les jeter ailleurs et partit sans plus tarder. Il ne comprenait pas l'attitude de Vic qui avait été si gentil un mois durant, attentif à lui malgré un certain autoritarisme avant que tout ne bascule. Il avait commencé par l'attacher au lit, puis à coucher avec lui au bureau pour finalement rompre et maintenant ça... Juste baiser quand ça lui chantait et encore, il ne semblait même pas vraiment satisfait après. Dillon se promit qu'il n'y aurait pas de troisième fois. Il ne pouvait vraiment pas continuer comme ça.

vendredi 10 avril 2015

Contes modernes - 30

Au bureau, la rumeur de leur rupture se propagea rapidement. Ce n'était pas difficile à déduire puisque Vic ne cherchait plus sa compagnie, ne partait plus à manger avec lui, se contentant de le saluer avec froideur si jamais il le croisait, comme s'il n'avait jamais rien eu entre eux. Cela faisait mal. Quelques employés parièrent même que Dillon serait viré à la fin de sa période d'essai.

Quand Vic s'absenta trois jours à l'étranger pour  PMDTX, Dillon fut au trente-sixième dessous. Ne pas le voir du tout, c'était pire. Avec Vic, cela avait été chaotique sur la fin, mais la solitude était encore plus insupportable, surtout qu'on était en décembre et que les nuits étaient longues. Les guirlandes lumineuses qui étaient apparues dans les rues n'aidaient pas. Cela rendait Dillon presque nostalgique de l'appartement familial où retentissaient les gloussements de Violetta et Virginia tandis qu'elles regardaient Mael Prynse dans son dernier rôle. Tout, plutôt que le silence qui l'accueillait en revenant chez lui après le boulot.
A  PMDTX, presque personne ne lui parlait. Dillon avait bien fait quelques tentatives pour aller vers les autres, notamment le midi à la cantine, mais comme il était visiblement tombé en disgrâce auprès du patron, les gens se montraient réservés. Ils semblaient tous convaincus qu'il ne ferait pas de vieux os parmi eux.

Quand Vic, rentré de son voyage d'affaires, le fit appeler dans son bureau par le biais de sa secrétaire, Dillon fut surpris et craignit que Vic ait
finalement décidé de ne pas le garder dans l'entreprise.
Son cœur battant à tout rompre, partagé entre peur d'être viré et joie de le voir en tête-à-tête, Dillon poussa  la porte du bureau de Vic, entra et referma derrière lui.
Vic était accoudé devant son ordinateur portable ouvert. Il leva les yeux vers lui. Le bleu de son regard était orageux. Il lui fit signe d'approcher. Dillon vint jusqu'à la table de travail, s'efforçant de chasser de sa tête le moment où Vic l'avait fait s'appuyer dessus et pénétrer.
— Viens jusqu'à moi.
Vic était autoritaire comme d'habitude. Dillon obtempéra tandis que son rythme cardiaque s'affolait.
Une fois qu'il fut devant le siège, Vic lui attrapa les poignets et le tira vers lui, le forçant à se pencher. Dillon ne résista pas et Vic captura ses lèvres, aspirant sa langue, l'embrassant en profondeur. En parallèle, une main palpa son entrejambe, le caressant.
Dillon n'avait pas besoin de davantage pour être brûlant d'excitation. Il était si heureux que Vic le touche à nouveau. Douze longs jours s'étaient écoulés depuis la dernière fois.    

jeudi 9 avril 2015

Contes modernes - 29

Ce n'était que le début. Après les poignets, ce fut également les chevilles, restreignant encore davantage les mouvements de Dillon.
Au cours de la semaine, Vic fit une chose qu'il n'avait jamais fait auparavant : par mail, il le convoqua dans son bureau. Il avait une belle pièce pour lui seul avec quatre véritables murs et non juste de modestes parois de séparation. Là, il plaqua Dillon contre lui, glissant les mains sur ses fesses jusqu'à appuyer deux doigts contre son orifice, à travers l'épaisseur des vêtements, l'excitant délibérément.
Dillon jeta un œil embarrassé à la porte. Il aurait vraiment préféré qu'ils ne fassent pas ça ici. Vic le lâcha pour fermer le verrou.
— Mets les mains à plat sur la table et penche-toi en avant, ordonna-t-il.
Dillon obéit lentement. Il voulait faire plaisir à Vic et il avait envie de lui, mais vraiment à quoi songeait-il à faire ça ici, durant les heures de travail ? Est-ce qu'il en avait assez de se contenter du lit ? A moins que cela ne soit de lui dont il en avait marre... Cette pensée terrifia Dillon qui se dépêcha de baisser son pantalon et son caleçon, comme Vic l'exigeait.
Il était toutefois tendu, et Vic, après l'avoir préparé avec du lubrifiant,  se plaignit qu'il était serré. Le jeune homme dut se mordre la lèvre pour ne laisser échapper aucune plainte tandis que Vic allait et venait en lui sans le ménager.
Quand ce fut fini, Vic lui intima de se dépêcher. Il n'avait même pas l'air satisfait.

Le surlendemain, Vic voulut que Dillon lui fasse une fellation dans l'ascenseur de PMDTX. C'était de la folie pure, le risque d'être surpris étant grand. Désireux de ne pas décevoir Dillon, en dépit de sa gêne, s'agenouilla et après lui avoir enfilé un préservatif goût banane, le prit en bouche, tournant sa langue autour, léchant et suçant jusqu'à ce que Vic jouisse.
Le soir venu, Vic rompit.
— C'est fini entre nous, déclara-t-il, ses yeux bleus glacials.
Dillon ravala le pourquoi qui lui brûlait les lèvres. Ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas senti venir tant l'attitude de Vic avait changé à son égard ces derniers temps.
— D'accord... murmura-t-il tristement.
— Ça ne change rien bien sûr pour ton boulot et ton logement.
Cette information n'enlevait rien à la peine de Dillon.
— Merci pour tout, dit-il en remettant dans l'entrée ses chaussures bordées de fourrures.
Il l'aurait bien embrassé une dernière fois, mais son air hautain et distant l'en dissuada.
Dillon dévala les escaliers jusqu'à son étage et s'effondra en pleurs à peine rentré.
Peut-être qu'il aurait dû demander à Vic quoi faire pour qu'il change d'avis, pour qu'il le garde comme partenaire.
Le jeune homme essuya ses larmes. Non, il n'avait pas le droit d'être triste. Il avait déjà eu énormément de chance que Vic s'intéresse à lui, ne serait-ce que quelques semaines. Grâce à lui, il avait un toit et un salaire et il s'était senti désirable.

mercredi 8 avril 2015

Contes modernes - 28

Il aimait Vic. Ils passaient du temps ensemble,  partageaient le même lit, mais de sentiments ou d'avenir, il n'était jamais question. Dillon taisait son amour et ne demandait rien, craignant le moment où Vic se lasserait de lui. Dans l'intervalle, il profitait.  Vic était adorable avec lui. Durant le week-end, il l'emmenait au cinéma, à des spectacles, se balader dans une magnifique voiture de sport rouge. Il lui avait offert deux costumes complets qui coûtaient les yeux de la tête ainsi qu'une paire de chaussures que Dillon n'avait encore jamais mise. Il continuait à porter la paire trouvée dans la poubelle, même si elle était trop grande. C'était en quelque sorte son porte-bonheur car c'était grâce à elle qu'il avait rencontré Vic.

Un mois s'écoula ainsi, presque sans fausse note, si ce n'est que par moments Vic se montrait distant.
Un week-end, il signifia qu'il n'était pas disponible. Dillon en profita pour faire un saut à l'appartement familial où Vivianne l'accueillit fraîchement,  mais le fit entrer pour qu'il fasse le ménage. Si elle ne posa aucune question, ce ne fut pas le cas de Violetta et Virginia, toutefois, ni l'une ni l'autre, n'écoutèrent les réponses, préférant racontant à Dillon ce qui leur étaient arrivées à elle.
A son retour, le dimanche soir, Vic était d'humeur sombre. Il renvoya Dillon dormir chez lui. Le jeune homme ne discuta pas. Jamais il ne protestait, jamais il n'exigeait rien. Vic le comblait sur tellement de plans qu'il ne disait rien, même quand quelque chose ne lui plaisait pas. Il pouvait bien faire l'effort de manger ces plats mexicains trop épicés du restaurant qu'affectionnait Vic et regarder des films horrifiques ultra-violents qui le faisaient trembler de peur et cauchemarder.

Ce lundi-là, au bureau, Vic ne passa pas le voir dans la matinée pour boire un café. Il vint toutefois le chercher à midi.
— Il s'est passé quelque chose ce week-end ? interrogea une fois de plus Dillon, comme Vic, peu loquace, mangeait sans rien dire, le regard sinistre.
— Rien de spécial... Et toi, tu as vu ta famille ?
— Oui. Enfin, mon père était absent. Ma belle-mère a bien voulu m'ouvrir...
Bon, il avait passé plus de temps à nettoyer et  repasser qu'autre chose, mais ce n'était pas la peine de le mentionner. Après tout, c'est lui qui avait bien voulu.
Le silence retomba entre eux, ce qui était inhabituel, car Vic bavardait volontiers, posant des questions que Dillon esquivaient généralement en les lui retournant.
Le soir venu, Vic le laissa rester et tout parut rentrer dans l'ordre.

Quelques jours plus tard, cependant, alors qu'ils s'embrassaient, allongés nus sur le lit, Vic demanda avec brusquerie :
— Tu serais prêt à me laisser t'attacher ?
— C'est un de tes fantasmes ?
Vic hocha la tête. Cela ne tentait pas Dillon, mais il accepta malgré tout. Il pouvait bien faire ça pour lui...
Vic, les yeux étrangement froids, lui attacha les poignets aux montants du lits avec des cravates et après l'avoir léché et caressé, il plongea en lui encore et encore. C'était frustrant de ne pas pouvoir lui rendre ses caresses et de ne pas être en mesure de s'accrocher à lui, aussi Dillon se prit à espérer que cela ne devienne pas une habitude...

mardi 7 avril 2015

Contes modernes - 27

Quelques brûlants coups de langues plus tard, Vic s'interrompit pour prendre deux préservatifs à l'odeur fruité, un pour lui, un pour Dillon qui le déroula sans trop de peine sur son sexe.
— Comme ça, tu n'auras pas à craindre de salir les draps.
Ce n'était pas la seule raison, comprit Dillon comme Vic prenait son pénis dans sa bouche, tout en le doigtant.
Dillon trembla de plaisir. Il le voulait en lui maintenant. Il tendit les bras vers lui, sans mot dire. Vic cessa de le sucer, et frotta son membre  protégé du préservatif lubrifié contre la raie des des fesses de Dillon. Après quoi, il enfonça plus profondément les doigts en lui et enfin, le pénétra.
Déjà très excité, Dillon jouit rapidement. Vic accéléra le rythme et atteignit l'orgasme un moment plus tard. Il se détacha ensuite en douceur et s'étendit sur le côté. Pendant qu'ils s'essuyaient, Vic confirma à Dillon qu'il pouvait dormir ici tant qu'il n'avait pas de literie décente.

Dans les faits,  même après l'achat de tout le nécessaire pour une bonne nuit de sommeil, Dillon passa toutes ses nuits chez Vic.
Durant la première semaine, en journée, il passa du temps dans son nouveau chez lui avec plein de documents fournis par Vic sur PMDTX afin qu'il soit opérationnel pour son boulot qui, pour des raisons administratives, ne pouvait débuter avant.
Cependant, dès la deuxième semaine, il ne mit plus les pieds dans son appartement. La journée, il travaillait dans un bureau en open space dans les locaux de PMDTX, et le soir, il était chez Vic qui s'était habitué assez vite à ce que le jeune homme fasse les courses et prépare le dîner.
— Tu es un vrai fée du logis, avait-il déclaré.
Dillon se débrouillait pour son boulot de saisie de données. Vic le visitait régulièrement et l'amenait au restaurant le midi, prenant systématiquement pour lui l'addition. La rumeur que le nouveau était le petit ami du patron n'avait pas été longue à se répandre. Un bruit moins sympathique courait : Dillon avait écarté les fesses pour obtenir ce job peinard...
Quand Vic était occupé le midi, le jeune homme mangeait à la cantine de la boîte. C'était  bon et peu cher par rapport au restaurant. Quelques employés étaient venus s'asseoir à sa table, faisant preuve d'une curiosité dérangeante. Beaucoup voulait mettre au clair la relation entre Dillon et le patron, ce qui gênait d'autant plus le jeune homme qu'il ne savait pas lui-même à quoi s'en tenir.

lundi 6 avril 2015

Contes modernes - 26

Vic fit passer Dillon au salon et l'incita à s'asseoir sur un grand canapé blanc en coin flanqué de deux tables basses au plateau de verre. Là, il commanda, puis déboucha le champagne qu'il leur servit dans deux flûtes.
— A ton installation !
Dillon trinqua avec lui, porta le verre à ses lèvres et but pour la première fois de sa vie du champagne. Même au nouvel an, Vivianne ne lui en avait jamais versé. Le goût piquant le fit grimacer.
— Tu n'aimes pas ça ?
— Désolé.
— Non, j'aurais dû te demander avant...
— Je n'en avais jamais goûté.
— Oh... Tu n'as vraiment pas l'air d'avoir eu une vie très agréable jusque là, déclara Vic et, lui, reprenant la flûte, il la termina à sa place.
Après l'avoir posée sur la table, à côté de la sienne, il poursuivit :
— Et si tu m'en racontais plus sur toi ?
— Il n'y a pas grand chose à dire, nous ferions mieux de parler de toi.
Dillon avait peur d'ennuyer son hôte avec ses histoires de ménage...
— Moi ? J'ai eu une enfance voyageuse. Mon père était toujours en déplacement pour ses affaires et ma mère et moi, nous étions ses bagages. Mes parents ne se sont posés qu'à la naissance de ma sœur, neuf ans après moi. Un sacré écart. J'ai été mis dans des écoles privées pleines de règles, ce qui a été dur après des années en nomades. Je ne me suis cependant rebellé qu'au lycée au sujet de ma sexualité. Comme tu sais déjà, cela s'est bien terminé grâce à mon oncle Jim. Après, j'ai fait une école d'informatique, puis de management et j'ai monté ma propre boîte avec des fonds prêtés par mon père que je lui ai remboursé depuis longtemps, les intérêts compris.
Le repas fut livré et Vic tenta de réorienter la conversation sur Dillon qui se débrouilla pour la ramener sur son interlocuteur. Tout ce dont il savait parler ou presque, c'était de cuisine ou de ménage. Ou de ses cours d'université. Rien de passionnant quoi. Il n'était pas quelqu'un d'intéressant et Vic était bien le premier à lui trouver quelque chose... Pas question de gâcher cela !
Le repas achevé, il ne fut heureusement plus question de bavarder. Vic le conduisit dans la chambre. Entre deux baisers, ils ôtèrent leurs costumes et chaussures. Dillon put découvrir le corps musclé de Vic. Comme le jeune homme passait la main sur les abdominaux bien tracés, Vic précisa qu'il se rendait à la gym une fois par semaine.
— C'est impressionnant, déclara Dillon.
— Et excitant, aussi, à priori, répliqua Vic en attrapant le membre dressé du jeune homme.
Il le caressa, puis l'invita à s'étendre sur le lit devant lesquels ils étaient restés debout. Dillon ne se le fit pas dire deux fois.
— Quel empressement ! s'amusa Vic en venant se mettre au dessus de lui.
L'un après l'autre, il suça les tétons de Dillon qui gémit.

vendredi 3 avril 2015

Contes modernes - 25

Quand Dillon rentra,  il trouva l'appartement familial vide. Il n'en fut pas fâché car cela lui évitait une discussion houleuse. Il se contenta d'écrire un nouveau message pour informer sa belle-mère qu'il avait désormais un boulot et un logement, concluant qu'il donnerait bientôt des nouvelles. Il se doutait que Vivianne comme son père s'en passerait fort bien, mais il était moins sûr pour Violetta et Virginia.
Dans son sac, il ajouta quelques provisions - un kilo de riz, un kilo de pâtes et quatre pommes - vérifia qu'il laissait l'appartement nickel et gagna le sien. C'était étrange et magique. Lui qui n'avait même pas une pièce à lui depuis le collège se retrouvait soudain avec un domaine complet, tout ça grâce à Vic.
L'après-midi s'étira en longueur à l'attendre. Il sonna à vingt heures passé, une bouteille de champagne dans une main, sa sacoche dans l'autre.
— Pour fêter ton emménagement ! Enfin, une fois que nous aurons rempli la paperasse...
Vic remplit un état des lieux approximatif sans s'embêter à faire le tour et tout fut bouclé rapidement, confortablement installés à la table de la cuisine.
— Merci, je ne sais pas comment je pourrais te repayer tout ça... déclara Dillon.
— Je t'ai peut-être donné le job sur un plateau d'argent, mais après, c'est toi qui va travailler. Et le loyer n'est pas gratuit.
— Tout de même, si je peux faire quoi que ce soit... Le ménage, la cuisine...
— Je préférerai que tu t'offres à moi, comme à ma soirée d'anniversaire.
Dillon s'humecta les lèvres et l'instant d'après Vic l'embrassa longuement, le laissant pantelant.
Vic l'entraîna ensuite dans la chambre où Dillon avait déposé les deux sacs contenant toute ses possessions et  étalé son duvet sur le matelas heureusement fourni avec le lit.
— Tu n'as pas profité de l'après-midi pour emménager ? Tu n'as pas que ça quand même ?
— Si, souffla Dillon.
En dépit de sa gêne, il n'empêcha pas Vic de dresser l'inventaire de ses affaires : les vêtements usés, les livres de cours, les quelques provisions alimentaires et les petits cadeaux de Virginia et Violetta. Ce fut vite vu.
— Samedi, nous allons faire les courses. Il te faut au minimum un oreiller, et puis aussi un autre costume pour aller travailler. Je ne suis pas strict sur la tenue de mes employés, mais là, c'est vraiment limite. En attendant que tu aies de quoi équiper décemment ton lit, montons chez moi.
Dillon le remercia encore. Que pouvait-il faire d'autre ?

Chez Vic, c'était comme dans les scènes que Dillon avait pris plaisir à rejouer dans sa tête. Seule la couette du lit avait changé : elle était ornée d'un gros soleil rouge noyé dans la brume.
— Je nous commande un repas. Indien, ça te dirait ?
— Je peux nous préparer quelque chose sinon, offrit immédiatement Dillon.
— Je crains ne pas avoir le nécessaire. Je me fais tout le temps livrer des plats. Mais regarde, sait-on jamais...
Tout était en effet rutilant dans la cuisine, comme si elle n'avait jamais servi. Dillon trouva tout de même un bouteille de lait, une boîte d'œufs, un fromage, deux pots de confitures entamés ainsi que deux poires et trois kiwis dans le réfrigérateur et une tablette de chocolat et un paquet de biscottes dans un placard.
— Je descends chercher mes pâtes et mon riz, annonça-t-il, voyant déjà comment combiner le premier avec les œufs pour le plat principal et le second avec le lait et les fruits pour le dessert.
— Ne t'embête pas. Un coup de fil, c'est aussi simple.
Malgré son envie de lui confectionner un bon repas, Dillon hocha la tête. Vic semblait préférer commander. C'était inutile de le contrarier.

jeudi 2 avril 2015

Contes modernes - 24

Après une nuit agitée et une matinée pénible à faire comme si de rien n'était alors que Dillon brûlait de téléphoner, Vivianne sortit enfin de l'appartement.
Dillon attendit encore dix longues minutes pour être sûr qu'elle ne reviendrait pas parce qu'elle avait oublié une chose ou autre, puis composa  le numéro du mobile qui était sur la carte de visite de Vic pour s'excuser, directement s'il décrochait ou, au pire, sur le répondeur.
— Allo ?
— Bonjour. C'est Dillon. Je suis désolé pour hier...
— Que t'est-il arrivé ? Je me suis inquiété, ta belle-mère m'ayant précisé que tu étais en route...
Le jeune homme le coupa dans son empressement à rétablir la vérité :
— J'étais là ! Elle a raconté n'importe quoi. Elle était furieuse. C'était ça ou la porte !
Vic demanda des explications supplémentaires, la version condensée des évènements ne le satisfaisant pas.
Dillon clarifia les choses du mieux qu'il put.
— Écoute, j'ai sûrement un job pour toi. C'est un truc assez ennuyeux qui consiste à rentrer des données dans un fichier. Pour le logement, j'aide volontiers les employés à en trouver un. Un appartement s'est libéré dans mon immeuble récemment.
Vic continua en lui donnant l'adresse des bureaux de  PMDTX et lui demanda de venir pendant qu'il prévenait le département des ressources humaines.
Dillon n'osa pas tout de suite accepter cette offre inespérée :
— Je ne sais pas si je suis assez qualifié...
— Tu sais te servir d'un ordinateur, n'est-ce pas ?
— Oui, mais...
— Alors ça devrait être bon. A tout à l'heure.
Vic raccrocha ne laissant pas la possibilité à Dillon d'émettre d'autres doutes.
Le jeune homme enfila le vieux costume de son père qu'il avait arrangé, laissa un mot à Vivianne pour expliquer qu'il allait à un entretien et sortit.
C'est extrêmement nerveux qu'il se rendit à l'adresse donnée par Vic. Une fois sur place, les choses s'enchaînèrent à une vitesse étourdissante.
Dès que Vic eût été informé de l'arrivée de Dillon, il vint à sa rencontre et l'entraîna dans son bureau où il lui fit d'autorité signer un contrat d'embauche, lui promettant une avance sur salaire. Il lui présenta ensuite les différents départements de sa boîte. Sur leur passage, ils suscitaient la curiosité des employés et Dillon se sentait terriblement mal à l'aise. Le tour fut finalement interrompu par la secrétaire de Vic qui vint lui rappeler qu'il avait un rendez-vous important avec un client.
Avant de le laisser, Vic précisa qu'il avait appelé le concierge de l'immeuble et que sur simple mention de son nom, il se reverrait remettre la clef de son futur appartement. Ils feraient un état des lieux et signeraient le contrat de location ce soir.
Ébloui par la générosité de Vic qui lui donnait tout - travail et logement - Dillon y alla. Le concierge monta avec lui jusqu'au cinquième étage où se situait un appartement meublé fort grand pour une personne seule. Dillon décida de récupérer son sac d'affaires. Cette fois, c'est lui qui claquerait la porte au nez de Vivianne.
A présent, il fallait espérer qu'il se montrerait à la hauteur du poste pour lequel il avait été embauché presque malgré lui, autrement, à la fin des trois mois de période d'essai, il faudrait renoncer à tout ça parce qu'il ne voulait pas abuser de la prodigalité de Vic.

mercredi 1 avril 2015

Contes modernes - 23

— Je vais lui téléphoner pour annuler, céda Dillon, le cœur serré.
— Oh que non ! Il peut t'attendre. Il m'a bien mené en bateau, cet ignoble individu ! Oser ignorer mes deux trésors pour toi qui est tout juste bon à faire le ménage !
Dillon savait bien qu'il n'était pas intéressant, qu'il ne méritait pas d'être aimé, mais Vivianne n'avait pas le droit d'insulter Vic qui avait été si gentil avec lui.
— Il n'a rien d'horrible. Le prévenir, c'est la moindre des choses ! s'indigna-t-il.
— C'est non ! Si tu franchis cette porte, elle te restera fermée pour toujours ! Et si tu touches au téléphone, tu peux aussi prendre ton sac!
Dillon se demanda comment les choses avaient pu dégénérer jusque là, regrettant de ne pas avoir su mentir. C'était ridicule. Absurde. Il repensa brièvement à la proposition de Jim Sanders, mais repoussa aussitôt l'idée : il n'allait pas s'assurer un toit en couchant avec l'oncle alors qu'il aimait le neveu. De toute façon, cela n'avait sûrement été qu'une plaisanterie d'un goût douteux.
Cela le rendait fou que Vic se retrouve à l'attendre sans savoir. Personne n'avait jamais dû lui poser un lapin. Il était trop charmant pour cela. Fortuné aussi. Les gens devaient se disputer ses faveurs, comme le beau jeune homme basané vêtu de noir à la soirée. Vic aurait tôt fait d'oublier Dillon.
— Nous sommes d'accord ? demanda Vivianne.
— Oui, souffla Dillon, la mort dans l'âme.
A vingt-une heures, le téléphone sonna pendant que Dillon repassait nerveusement le linge, Vivianne s'empressa d'aller décrocher.
— Bonsoir... Non, il est parti tout à l'heure...
Dillon était sûr que c'était Vic à l'autre bout du fil. Il mourrait d'envie d'aller arracher le combiné à sa belle-mère. Il se figea, la main serrée sur la poignée du fer à repasser.
Vivianne continuait :
— Non, je ne comprends pas non plus... Oui, je lui dirai de vous rappeler... Au revoir.
Vivianne reposa le téléphone avec un sale petit sourire satisfait.
Une odeur légère de brûlée rappela Dillon à ce qu'il était en train de faire : une marque de fer marron clair ornait à présent l'un des chemisiers fleuris de Vivianne. C'était une involontaire et modeste vengeance qu'elle lui ferait à coup sûr payer d'une manière ou d'une autre.
Pourquoi le détestait-elle autant ? Dès le début, il s'était montré serviable... En même temps, de quoi s'étonnait-il ? Son propre père n'en avait rien à faire de lui. Qu'il soit là ou pas là ne changeait rien pour lui...
Vic n'en devenait que plus important et précieux. Il l'avait aidé et l'avait embrassé. Dillon était heureux d'avoir couché avec lui, même s'il avait sûrement donné l'impression qu'il était un garçon facile.
Il fallait qu'il trouve le plus vite possible un boulot et parte d'ici... Hélas d'ici là, il y avait de bonnes chances que Vic ne veuille plus entende parler de lui...