Le garçon fée - 60

Avant que Zibulinion n'ait eu le temps de réfléchir à s'il voulait ou non tenter de découvrir celui ou celle qui avait prolongé son mutisme forcé, Relhnad reprit :
– Ta voix étant revenue, sois gentil de faire l'épreuve pratique j'avais demandé en classe. Et pour information, sache que, même muette, une fée peut pratiquer de la magie.
Que Relhnad lui offre cette chance était inespérée, mais Zibulinion éprouvait des réserves à la saisir.
– Mais monsieur... Ce n'est pas très juste vis à vis des autres, surtout l'autre qui n'a pas réussi...
– Avoue que te priver de voix en période d'examens, peu importe la bêtise que tu aies commise pour le mériter, n'est pas juste non plus. Ceci dit, rassure-toi, j'ai également convié ta camarade de classe à un rattrapage.
Zibulinion n'hésita plus. Il matérialisa son bâtonnet toujours marron et tordu et toujours dépourvu du plus petit ornement, et l'agitant fit apparaître une fleur dans son autre main.
– Très bien, déclara Relhnad. Tu peux y aller.
Zibulinion espérait avoir le temps de manger avant que ne commencent les cours de l'après-midi.
Durant le repas, il ne put s'empêcher de s'interroger sur la personne qui, à son insu, lui avait jeté un sort.
Les épreuves de géographie et de faune qui suivirent lui permirent de penser à autre chose...
Le soir venu, Folebiol apprenant que Zibulinion avait recouvré sa voix manifesta sa joie bruyamment, et Zibulinion préféra ne pas la ternir avec l'histoire du second sort.
Il n'était de toute façon pas sûr de vouloir apprendre qui lui en voulait assez pour lui jouer un tour pareil. Charboige était le seul nom qui lui venait à l'esprit et en même temps était-il capable de pareil acte ? Il n'était pas avare en mots rudes, mais de là à l'attaquer magiquement... Cela pouvait tout aussi bien être un autre professeur... Ou n'importe qui, en fait. Ce n'était pas comme s'il était le bienvenu à Valeiage.
Non, le mieux était de laisser tomber l'affaire et de se concentrer sur les examens restants.

Le lendemain matin, la professeur de dessin, dès qu'elle vit Zibulinion, frémit et lui intima de disparaître, sans écouter ce que l'adolescent avait à dire.
Zibulinion, le cœur gros et toujours tourmenté par le sort d'amplification dont il avait été victime en dépit de son choix de ne pas mettre en branle une enquête, s'entraîna à coudre en attendant l'examen lui-même.
Ses efforts lui valurent de s'en tirer honorablement.
Après la pause de midi, ils enchaînèrent les épreuves de flore et de soins et la semaine d'examens fut enfin terminée, marquant le début des vacances de printemps. 
Zibulinion était content de rentrer chez lui, mais aussi mélancolique en songeant qu'il ne ne verrait pas Folebiol pendant dix longs jours. S'il n'avait pas craint de contrarier sa mère, il l'aurait bien invité à passer une après-midi chez lui.