Le garçon fée - 52

    Jeudi, durant le cours de sorts, Zibulinion peina à se concentrer. Malgré ses efforts, il était toujours aussi lent pour masquer ses ailes et toujours incapable de faire apparaître sa baguette. Il avait honte de ne pas avoir progressé et d'avoir retrouvé ses ailes habituelles, ternes et chiffonnées, après le mal que s'était donné le professeur des sorts.

    Résultat, quand samedi matin, il se présenta devant le bureau de Relhnad, il n'en menait pas large.
Le professeur de sorts l'accueillit avec un sourire comme si cela ne le dérangeait pas le moins du monde de sacrifier une partie de son samedi matin à un élève. Il était trop parfait pour cela... Zibulinion n'avait toutefois pas oublié le léger agacement dans ses yeux la dernière fois.
– J'ai essayé de faire mieux que d'habitude, mais je n'ai pas réussi, avoua-t-il d'emblée.
Relhnad ne lui adressa pas le plus petit reproche.
– Je m'en doutais. J'ai réfléchi à ton problème et  j'en suis arrivé à la conclusion qu'il suffit que tu oublies tout ce que tu as appris au sujet du sort de masquage pour que tu repartes sur de bonnes bases sur l'art de pratiquer la magie.
Qu'on lui efface un bout de sa mémoire ne disait rien du tout à Zibulinion.
– Sûrement, il y a une autre solution ?
Relhnad haussa un sourcil, redevint souriant et déclara :
– Non, c'est trop ancré en toi et tu risquer de peiner avec tous les autres sorts. Cependant, ne t'inquiète pas, je vais me contenter de bloquer tes souvenirs, et ils finiront par te revenir d'ici quelques mois.
Cela gênait malgré tout énormément Zibulinion. Mais Relhnad avait l'air si convaincu... et si tout lui revenait à terme, ce n'était peut-être pas si terrible. En même temps, il avait tellement eu de peine à réussir à masquer ses ailes que repartir de zéro semblait une tâche bien pénible. Il se rappelait sa mère, les lèvres pincées, s'écrier « cela n'a rien de compliqué, pourtant, empoté ! »
Le professeur de sorts prenant à priori son silence pour une acceptation s'était approché de lui et sans prévenir colla son front contre celui de l'adolescent avant de poser le bout de ses doigts sur les tempes de Zibulinion. Relhnad sentait cette fois la pomme caramélisée et la cannelle.
Zibulinion songea que la vie était mal faite et que Lavicielle aurait adoré être à sa place, comme lui aurait souhaité que ce fut Folebiol plutôt que Relhnad qui soit aussi près de lui.
– Monsieur, qu'est-ce que...
– Chut ! intima Relhnad.
Zibulinion n'osa plus rien à dire, quand bien même il avait la désagréable impression que Relhnad était en train de lire en lui, de voir ses pensées les plus secrètes...