Le garçon fée - 62

Au petit déjeuner, Zibulinion espérait que sa mère lui poserait des questions sur l'école des fées ou remarquerait ses ailes qu'il avait fait exprès de laisser visibles. Il n'en fut rien. Elle semblait toujours fâchée qu'il ait dérangé le coucher de Rosita la veille.
Finalement, Zibulinion craqua et lança :
– Vous avez vu, pour mes ailes ?
– Elles sont plus jolies qu'avant, dit aussitôt Rosita.
– Il faut croire que l'école te réussit, déclara simplement Alysielle.
– Par rapport à celle de ta mère et de Rosita, c'est toujours pas bien folichon, jeta Tania, implacable.
Avec ça, le sujet fut clos. Zibulinion se réfugia dans sa chambre dès qu'il eut terminé son bol de lait et se mit à étudier pour oublier que sa mère n'avait pas exprimé plus de joie que ça pour ses ailes.
Absorbé par sa lecture, il rata l'appel du repas et un papillon vint le chercher.
Comme Zibulinion prenait place devant le bar de la cuisine américaine, Victor soupira :
– Ton séjour à ton école ne t'a pas encore appris à respecter les horaires, c'est dommage.
Zibulinion n'osa rien répondre. Cependant, le constat que sa mère avait préparé ses mets préférés - riz, poulet à la crème et aux champignons avec tarte aux pommes saupoudrée de cannelle au dessert - lui mit du baume au cœur.
Il se régala et osa demander s'il pourrait inviter des amis fées à l'occasion.
– Si tu me préviens très longtemps à l'avance, pourquoi pas, car je ne ferais pas l'hôtesse et tu devras te débrouiller tout seul.
Zibulinion en déduit que sa mère ne voulait pas être là quand il recevrait ses amis et que pour ses vacances-ci, c'était hors de question. Elle avait néanmoins donné son autorisation, et c'était tout ce qui comptait.
Zibulinion consacra son après-midi à l'apprentissage du sort de nettoyage. Même si ce n'était normalement pas de son niveau, il tenait vraiment à le maîtriser. Il en avait besoin. La nuit dernière encore, vu le rêve qu'il avait fait avec Folebiol, un autre incident embarrassant et salissant aurait très bien pu se produire...
La fée de la bibliothèque chargée de gérer les emprunts avait hésité à lui laisser emporter le livre où se trouvait le sort qui intéressait Zibulinion, car c'était destiné aux élèves de septième année. Après lui avoir fait remarquer qu'il privait une fée qui serait effectivement capable de l'utiliser, et lui avoir conseillé de se consacrer aux sorts de première année, elle l'avait autorisé à le prendre, tout en le prévenant de ne pas faire une habitude de ce genre d'emprunt.