Le garçon fée - 59

Jeudi matin, Zibulinion se réveilla toujours privé de voix. Il envisagea de retourner à l'infirmerie, mais faute de temps avant le cours de sorts, il y renonça.
Hélas, la première partie de l'examen de Relhnad était d'ordre pratique : ils devaient faire apparaître leur baguette, puis matérialiser une fleur, ce qui fut impossible à Zibulinion puisqu'il ne pouvait prononcer un mot.
Après ce moment pénible où l'adolescent fut le seul avec une autre petite fille à ne parvenir à rien, Relhnad distribua des sujets par la voie des airs et Zibulinion fit courir son stylo sur le papier. Les questions n'avaient rien de compliqué à ses yeux.
Il termina avant tout le monde et, posant son stylo, leva les yeux vers le professeur de sorts. Il croisa le regard de ce dernier et piqua du nez, gêné. Relhnad avait dû être déçu de son absence de performance, lui qui avait passé du temps pour lui apprendre à faire correctement de la magie. Zibulinion regretta de ne pas lui avoir expliqué son problème.
Juste comme il pensait cela, il vit soudain un texte apparaître sur sa copie :
« C'est le stress qui t'a empêché de faire de la magie ? Réponds par écrit. Signé : Relhnad. »
Zibulinion reprit son stylo :
« Mardi, la professeur de musique m'a lancé un sort punitif de silence qui ne s'est pas dissipé depuis. L'infirmière avait dit que ce serait bon mercredi soir. »
« Je ne vais pas te demander ce que tu as fait pour mériter cela. A midi, retrouve-moi devant mon bureau. »
Comme la première fois où il l'avait convoqué, Relhnad n'expliquait pas pourquoi, mais cette fois, Zibulinion ne s'en inquiéta pas. Le professeur de sorts n'avait jamais fait que l'aider.

Dès la fin de l'examen de minéralogie qui ne nécessitait pas, Dame Nature soit louée, l'usage de la parole, Zibulinion fila au bureau de Relhnad.
Il dut patienter quelques minutes avant que le professeur n'arrive. Il apparut sans éclair et fumée, aussi beau que deux heures plus tôt dans sa robe bleu nuit parsemée d'étoiles, ses longs cheveux blonds rayonnant, un sourire léger sur les lèvres.
– Entre-donc, l'invita-t-il en ouvrant magiquement la porte.
L'adolescent obéit. Relhnad posa le bout des doigts de chaque côté du cou de Zibulinion, perdit brièvement son sourire, puis fredonna un petit air. Ce fut comme si un nœud se défaisait dans la gorge de Zibulinion.
– Tu as été victime d'un sort d'amplification qui a prolongé l'effet du premier qui était déjà puissant à la base, déclara Relhnad.
– Mais qui... ?! s'écria Zibulinion de sa voix tout nouvellement retrouvée.
– Il n'y a guère moyen de le savoir. L'empreinte de la personne l'ayant jeté a déjà disparu. Tu peux toujours déposer une plainte auprès de ton chef dortoir qui remontera l'affaire et une enquête sera menée. Pratiquer de la magie sur ses camarades sans leur accord est interdit par le règlement de l'école.