Le garçon fée - 58

A la fin de l'épreuve de mathématiques, l'adolescent était toujours muet et bien embêté de l'être. Dans ses conditions, il ne pouvait plaider sa cause auprès de Korganole, la professeur d'élégance. De toute façon, ce n'était pas la peine qu'il se leurre, à moins de changer totalement d'apparence, il ne trouverait jamais grâce à ses yeux... Mais c'était impossible. Enfin peut-être pas. Waltharan avait parlé de sorts d'illusion... sauf que cela ne devait pas être du niveau de Zibulinion. Comme le sort de nettoyage que l'adolescent comptait quand même tenter d'apprendre durant les vacances de printemps.
Renonçant à faire face à Korganole, Zibulinion souhaita bonne chance à Zurmmiel et Joathilde sur un bout de papier et s'en fut au dortoir.
Après le dîner, Zibulinion n'était toujours pas capable d'émettre un son, à son grand désarroi. Folebiol, informé par écrit du sort, attrapa Zibulinion par le bras et l'entraîna à l'infirmerie.
La fée infirmière présente n'était pas la même que la dernière fois. Elle était beaucoup plus jeune. Une fois qu'elle eut examiné la gorge de l'adolescent, elle fut bien embarrassée.
– C'est un sort de type punitif, je ne peux pas le défaire comme ça. C'est mieux de le laisser s'estomper naturellement. Cela devrait être bon mercredi soir. Est-ce que cela va te poser problème pour les examens, demain ?
Zibulinion secoua la tête. Il n'avait pas besoin de parler pour voler. Cependant, il en voulait à la professeur de musique de ne pas lui avoir fait confiance, même s'il était vrai qu'à l'origine, elle l'avait viré du cours parce qu'il avait chanté avec les autres alors qu'elle le lui avait interdit.
Leur passage à l'infirmerie ayant pris plus de temps que prévu, ils arrivèrent quelques minutes avant l'extinction des lampes, en même temps que Neyenje.
– Alors, Zibulinion, tes examens se déroulent bien ?
Folebiol répondit pour son ami, exposant son incapacité temporaire à parler, et aussitôt Neyenje voulut examiner Zibulinion, mais Juycylli, impitoyable, les envoya se coucher.

    Le lendemain, Zibulinion toujours muet, s'éleva dans les airs, pas aussi haut que ses petites camarades, mais suffisamment pour que la professeur de vol le félicite de ses progrès. Zibulinion en aurait crié de joie, s'il avait pu... Régulièrement, il cherchait à parler pour voir si le sort s'était dissipé, mais chaque fois, sa gorge le picotait sans qu'il n'y parvienne.
Après le repas de midi, devant le réfectoire, Neyenje, flanqué de la fée dorée, Laloréa, proposa à nouveau d'examiner Zibulinion. La fée dorée ayant l'air passablement ennuyée par toute l'affaire, Zibulinion secoua la tête, quand bien même l'offre lui faisait plaisir.
Folebiol qui avait assisté à l'échange déclara :
– Je voulais déjà te le dire hier soir, mais l'infirmière n'ayant rien pu faire, je ne vois pas, ce que toi, tu y pourrais...
– Si je veux essayer, c'est mon droit, non ?
Laloréa choisit ce moment pour s'emparer du bras de Neyenje et réclamer son attention :
– On devrait partir pour le village maintenant, après on n'aura plus le temps.
Neyenje céda à la demande de la fée dorée sans discuter et ils s'en furent.
– Je sais que tu t'entends bien avec Neyenje, mais il est agaçant, tu ne trouves pas ?
Zibulinion ne défendit pas le jeune homme. Son départ rapide le décevait. C'était la preuve qu'il ne comptait pas vraiment aux yeux de Neyenje, en dépit de sa fameuse proposition. Heureusement, Folebiol était là et il avait affirmé qu'ils passeraient l'après-midi ensemble, révision ou pas révision.