Le garçon fée - 54

    La troisième semaine à l'école des fées marqua l'entrée définitive dans la routine. Zibulinion se rendait aux cours où les professeurs l'avaient accepté et passait les autres à la bibliothèque où il mettait un point d'honneur à étudier les matières auxquelles il ne pouvait assister. Dans ses heures libres, il faisait ses devoirs et consacrait beaucoup de temps à la pratique de la magie, délaissant l'œuf, la plante et la pièce. Hormis le masquage des ailes et l'appel de sa baguette magique, il avait appris à éteindre les lampes à distance avec l'aide de Zurmmiel et Joathilde.
Au cours de cette troisième semaine, il y eut tout de même un événement notable : la rencontre de Zibulinion avec Lavicielle en chair et en os. Cela n'avait rien eu d'un hasard. Tout avait été planifié par Folebiol pour complaire à l'élue de son cœur qui voulait interroger Zibulinion directement sur les deux cours particuliers que lui avaient donné Relhnad.
Zibulinion s'était senti plus ridicule et empoté que jamais dans son uniforme de fée face à la taille de guêpe et au délicieux visage de Lavicielle qui dégageait un doux parfum de lavande et possédait une voix veloutée.
Sous le feu nourri des questions de l'adolescente sur le professeur de sorts, Zibulinion avait failli révéler l'histoire du doigt et du front contre front. Dame Nature soit louée, Lavicielle était restée rêveuse sur la grandeur d'âme du fée de ses rêves qui avait pris le temps de s'occuper du pauvre Zibulinion.
Une fois qu'elle avait eu l'impression que Zibulinion lui avait tout dit, elle l'avait remercié chaleureusement ainsi que Folebiol, et les avait laissés.
Zibulinion était ressorti déprimé de la rencontre. Lavicielle n'avait rien d'une peste. Elle était gentille et sincèrement folle amoureuse du professeur Relhnad... Impossible donc de la détester, et impossible de garder le plus petit espoir que Folebiol puisse s'intéresser un jour à lui... Et pourtant...

    Une quatrième semaine passa, puis une cinquième. Les ailes de Zibulinion, comme il faisait de la magie avec assiduité, s'étaient améliorées, et il avait réussi à décoller de quelques centimètres en cours de vol. Zibulinion continuait cependant à être trop regardé à son goût et avait du mal à supporter les remarques désobligeantes de la professeur de littérature ainsi que celles du fée brun dont il avait fini par apprendre le nom : Charboige.
Le pire avait été de l'entendre dire qu'il ressemblait désormais à une chouette qui se serait parée d'ailes d'un paon. « C'est pathétique » avait-il ajouté.
Autre point fâcheux, Zibulinion ne parvenait décidément pas  à s'habituer à la vue de Folebiol à moitié dévêtu.
Et c'est ainsi qu'en début de sixième semaine, se produisit un petit incident nocturne après un rêve dans lequel Folebiol embrassait Zibulinion sous la douche avant de lui faire sucer son doigt.