mercredi 22 août 2012

Quatre ans de Love boy's Love

Tout a commencé, il y a 4 ans, avec le premier épisode de 12 + 1 = ?, le 22 août 2008...

Déjà, je tiens à remercier tous ceux et celles qui me lisent - en ligne, en pdf ou sur papier - que vous soyez là depuis les débuts du blog ou que vous ne l'ayez que découvert récemment.

A l'occasion des 4 ans du blog, et parce que je suis sûre qu'il y a des curieux/ses parmi vous, voici mes chiffres de vente depuis le début de l'aventure (les livres sont classés par ordre chronologique de sortie) :
12 + 1 = ?  : 21
12 + 1 = 14 ! : 19
Cicatrices : 18
Le Suivant du Prince : 22 
Mémoire Etoilée : 8
Fleur Bleue : 9
Le Baiser et plus encore : 8
Soit un total de 105 ventes pour 7 ouvrages.

Top : Le Suivant du Prince qui, paru après les 3 premiers romans, les a dépassés.
Flop : Mémoire Etoilée qui s'est fait battre/est à égalité avec les 2 livres sortis après.

Petite conclusion hâtive (et pas sérieuse pour un sou) : vous aimez la fantasy, mais pas trop la science-fiction (ou était-ce dû à la quasi-absence de sexe ? ;op) et vous préférez les romans aux nouvelles, même si le contenu est inédit (ou peut-être justement parce que vous n'avez pas pu vérifier avant que vous aimiez ?)

Bref, j'espère partager mes histoires pendant encore longtemps, alors j'espère que vous continuerez à me lire !

Toujours est-il que je me pose beaucoup de questions en ce moment sur le rythme de prépublication (des épisodes plus longs moins souvent/autre ?), sur mon écriture et ses faiblesses (j'ai presque relu tous mes textes, et je me demande si en retravailler certains ne serait pas judicieux), sur l'ordre dans lequel je vais écrire toutes ces idées d'histoires qui s'accumulent dangereusement dans mon cerveau et sur des bouts de papier...

Et sinon, rien à se mettre sous la dent pour ce 4ème anniversaire ?

Si, si. Excepté que je n'ai pas eu le temps de m'occuper du conte du Beau au bois dormant qui dort dans un cahier (pas depuis 100 ans, hein, mais depuis 1 an !) attendant d'être embra... tapé et retravaillé, pas plus que je n'ai pu prendre assez d'avance pour poster un chapitre entier de Rendez-vous manqué. Je n'ai d'ailleurs même pas une ligne d'écrite pour l'épisode 62 ! (et que faute de temps pour écrire, la pause s'impose jusqu'au lundi 3 septembre.)

MAIS j'ai quand même quelques nouvelles dans ma besace.

J'ai contacté une artiste pour réaliser la couverture du livre Lykandré que je n'ai pas oublié du tout. Il s'agit de NathT. alias Ladyblack dont vous pouvez découvrir quelques oeuvres sur son deviantart. Je peux vous dire que le crayonné que j'ai reçu dimanche, m'a enthousiasmé.

J'ai aussi commissionné une artiste pour dessiner Beckett de Rendez-vous manqué, comme ça, juste pour le plaisir. Son nom est Raikov9 (deviantart) et vous la connaissez peut-être pour le webcomic mêlant boy's love et fantasy qu'elle dessine, Daëlites.

Voici sa version de Beckett :


Et c'est tout pour le moment. Je vous donne rendez-vous le 3 septembre pour la suite des aventures de Al et Beckett (mais peut-être que le Beau au bois dormant  se réveillera avant la rentrée !) 

Si vous avez des questions à poser ou autres, n'hésitez pas.

mardi 21 août 2012

Rendez-vous manqué - 61

– Scott est très gentil. Il faut juste qu'il s'habitue à toi.
Après bien des essais, Al parvint à poser la main sur la tête du chien sans que celui-ci ne s'énerve. Entretemps, Beckett et son labrador avaient eu le droit à bon nombre de regards intrigués. Heureusement, les gens pouvaient toujours s'imaginer que l'adolescent dressait son chien.
« L'opération séduction » terminée, ils marchèrent un moment afin que le labrador se dégourdisse les pattes. Le jeune homme invisible n'osa pas se plaindre de la fraîcheur de l'air, mais il fut content quand ils rentrèrent enfin. La mère de Beckett rejoignit de suite l'adolescent dans l'entrée. Elle était inquiète, car elle trouvait que ce dernier avait une attitude étrange depuis qu'il était revenu de chez son copain. Comme Beckett restait silencieux, elle renonça à le questionner, et conclut que cela devait être dû au fait que les plans de l'adolescent avaient été chamboulés. Beckett lui donna raison et se dépêcha de gagner sa chambre où il alluma la radio. Al avoua qu'il s'était refroidi dehors et l'adolescent voulut fouiller son placard pour lui prêter des vêtements, mais le jeune homme invisible l'en empêcha. Des habits flottants au milieu de la pièce risquaient d'être difficiles à expliquer, si un membre de la famille débarquait sans crier gare.
Beckett ouvrit alors les bras en grand et lui suggéra de venir se coller à lui pour se réchauffer, ce que fit Al sans tarder. Il en profita pour s'emparer de la bouche de l'adolescent. C'était si bon de l'embrasser, surtout qu'avec tout ce qui s'était passé depuis midi, il n'avait pour ainsi dire pas eu l'occasion de le faire. Leurs langues se mêlèrent en un amoureux ballet.
Al savoura longuement les lèvres de Beckett, avant de s'écarter, en regrettant qu'il n'y ait pas de verrou à la porte de la chambre. S'il y en avait eu un, ils auraient pu faire l'amour sans crainte d'être interrompus...
Quand l'heure du dîner arriva, le jeune homme invisible préféra rester attendre dans la chambre. Scott ne ferait normalement plus d'histoires, mais regarder les autres manger la faim au ventre n'était guère enthousiasmant. Beckett remonta à peine vingt minutes plus tard, et sortit d'un air triomphal de sous son sweat-shirt une boîte de conserve de maïs et une fourchette.
Vint l'heure du coucher. Se caser à deux dans le lit de Beckett se révéla délicat. Ils étaient obligés d'être à moitié l'un sur l'autre, jambes entremêlées. Cependant, l'excitation les gagnant, ils perdirent de vue l'aspect inconfortable.

lundi 20 août 2012

Rendez-vous manqué - 60

Al colla l'oreille à la porte pour être certain que personne n'était dans le couloir avant de l'entrebâiller et de se faufiler hors de la chambre. Il descendit les marches doucement pour ne pas les faire grincer et arriva sans encombre au rez-de-chaussé. Là, il se guida aux voix qu'il entendait et s'approcha à pas de loup. Comme la porte n'était pas fermée, il entra dans la cuisine aux carreaux sablés dans laquelle la famille de Beckett était attablée. Focalisé sur l'adolescent qui croquait un sablé au chocolat, le jeune homme invisible ne remarqua pas le labrador couché sous la table. Le chien, lui, ne le rata pas : il se redressa et se mit à aboyer comme un forcené. Al retint un juron.
– Quelle mouche l'a piqué ? demanda Natacha.
– Tout à l'heure aussi, il s'est comporté bizarrement, commenta la mère.
L'adolescent qui savait pourquoi, se leva d'un geste brusque, manquant de renverser sa chaise.
– Je devrais aller le promener.
– Mais ce n'est pas ton tour, s'étonna Zoé.
– Et ce n'est pas l'heure, enchérit le père.
Beckett qui venait d'attraper Scott par son collier, répliqua qu'il en avait envie, et tira le chien hors de la pièce. Le jeune homme invisible le suivit, restant tout de même à une certaine distance afin de ne pas énerver davantage le labrador. Il s'en voulait d'avoir oublié l'animal et de compliquer autant la vie de Beckett. Combien de temps encore l'adolescent pourrait préserver le secret sans mentir ? Surtout que quelque part, il le faisait déjà par omission...
Beckett enfila ses baskets en hâte et accrocha une laisse au collier du chien qui cessa de manifester son déplaisir à l'égard de l'être invisible, distrait par la perspective de la promenade.
Une fois dehors, sur le trottoir, l'adolescent murmura le prénom de Al d'un ton incertain, s'assurant comme d'habitude de sa présence.
– Je regrette. Je n'aurais pas dû descendre, s'excusa le jeune homme invisible.
– Moi non plus. Tu devais en avoir assez d'être tout seul dans ma chambre.
– Vivre sous le même toit, nous n'allons jamais y arriver...
– Mais si. Ne restons pas là. Je vais te présenter à Scott.
Une fois hors de vue de la maison, l'adolescent invita à Al à se mettre à hauteur du labrador et à tendre la main vers lui. Le jeune homme invisible qui avait peur d'être mordu, aurait aimé esquiver la chose, mais encouragé par Beckett, il finit par s'exécuter. L'adolescent expliqua alors à son chien que Al n'était ni à craindre ni à disputer. Pour toute réponse, Scott montra les dents, et Al retira la main. L'adolescent devina le mouvement de recul du jeune homme invisible et l'incita à s'approcher à nouveau. Un frisson parcourut Al, et ce n'était pas seulement à cause de la brise qui s'était levée. Il se sentait idiot, nu, accroupi dans la rue, en train de courtiser un chien. Cependant, il voyait que c'était important pour Beckett que Scott l'accepte, et peut-être pas seulement à cause de la cohabitation, alors il retenta  l'expérience.

vendredi 17 août 2012

Rendez-vous manqué - 59

L'adolescent ne revenant pas, Al sélectionna un livre qui avait l'air intéressant, s'allongea sur le lit, et remonta un bout de la couette sur lui. Mais, même ainsi installé, il ne se sentait pas vraiment à l'aise pour bouquiner. Il n'était pas chez lui. N'importe qui pouvait débarquer à tout moment - Zoé l'avait prouvé - l'obligeant à tout lâcher. Il suffisait d'un rien et il serait découvert. Le mieux aurait peut-être été de se présenter aux parents de Beckett en bonne et due forme, et en même temps, avec sa maladie, cela aurait tourné à la catastrophe, à tous les coups ! Il n'était pas exclu que les parents de Beckett aient une réaction similaire aux siens : « Comme si cela ne suffisait pas que tu sortes avec un garçon, il faut aussi qu'il soit invisible ?! »
Al déprimait, le bouquin intouché sur le lit, quand Beckett réapparut, en murmurant le prénom du jeune homme invisible, s'enquérant de sa présence.
– Je me suis allongé et je me suis permis de prendre un livre.
– A un moment, j'ai cru que tu m'avais accompagné.
– Non, je suis resté pour manger.
– Tu as bien fait... Désolé d'avoir été aussi long.
– Tu es un bon grand frère.
– Et j'ai du mérite, car elle est un peu peste avec moi ces derniers temps !
Al devina que c'était depuis qu'il sortait avec lui. Il n'avait pas oublié que Zoé n'appréciait pas trop que son frère ait un petit ami. C'était gentil de la part de Beckett de ne pas le souligner.
– Et si nous discutions de la cohabitation à venir ? suggéra le jeune homme invisible, sautant du coq à l'âne.
Beckett approuva et comme preuve qu'il prenait ça au sérieux et tenait à ce que cela fonctionne, il proposa de mettre de la musique pour couvrir le bruit de leurs voix. Il détailla ensuite l'emploi du temps de chaque membre de sa famille, le labrador compris, afin que Al sache quand il serait tranquille à la maison. Scott ne demeurait pas toujours à l'intérieur, s'égayant souvent dans le jardin, mais il faudrait que Al fasse copain-copain avec lui dès que le reste de la famille serait au travail ou à l'école, car le chien ne pouvait continuer à lui aboyer dessus, sans finir par attirer l'attention.
Cela devait faire à peine deux heures qu'ils conversaient, essayant de voir comment faire pour que la curieuse cohabitation se passe au mieux, quand la mère de Beckett l'appela à travers la porte pour le goûter. Natacha, quand elle était rentrée, s'était lancée dans la confection de petits gâteaux. L'adolescent cria qu'il descendait avant de de justifier son choix à voix basse auprès de Al : jamais, au grand jamais, il ne ratait l'occasion de déguster des douceurs. S'il avait refusé, sa famille l'aurait cru malade. Le jeune homme invisible le regarda partir avec mélancolie, puis commença à lire. Les mots dansaient devant ses yeux, sans que le sens parvienne jusqu'à son cerveau, quand soudain sur le bord des pages, il vit ses pouces. Il les fixa, attendit qu'ils disparaissent à nouveau et se leva. Maintenant qu'il n'avait plus de risques à se retrouver nu devant la famille de Beckett, il pouvait rejoindre l'adolescent...

jeudi 16 août 2012

Rendez-vous manqué - 58

Al découvrit une salle de bain blanche et rose, et trois chambres, une lilas avec des posters de stars accrochés aux murs, une saumon dont le lit était recouvert de chemisiers, jupes et pantalons et une au papier peint marin avec un grand bureau en désordre où trônaient deux ordinateurs. Il était facile de deviner que la première appartenait à Zoé, la seconde à Natacha et la dernière à Cole. Enfin, Al gagna la chambre de Beckett. Quand il y était venu, quelques semaines plus tôt, il n'avait accordé qu'une attention limitée au décor. La pièce aux murs rayés d'orange et jaune, au plafond blanc et au plancher en bois clair, était chaleureuse et lumineuse, à l'image de Beckett. Le lit pour une personne, collé au mur du fond, était recouvert d'une couette avec de grands oiseaux. Sur la droite, à côté de la haute fenêtre, le bureau dans l'étagère était dégagé, et les livres et classeurs sur les planches du dessus, rangés avec soin. En face, sur la gauche, une large armoire à glace se dressait, avec à son pied, un ballon de basket. N'ayant rien d'autre à faire, Al regarda le titre des livres présents dans la pièce, puis s'intéressa au vieil ours en peluche auquel il manquait un œil qui reposait contre la lampe biscornue de la table de nuit située à l'arrière la tête du lit.
Il le contemplait toujours, imaginant Beckett petit garçon, en train de jouer avec son nounours, quand l'adolescent entra.
– Al ?
– Je suis là, oui. Près du lit, précisa le jeune homme invisible comme Beckett fouillait la pièce des yeux.
– Je t'ai amené des biscuits. Cela n'a pas été facile de le prendre sans se faire voir, expliqua l'adolescent en sortant un paquet rectangulaire de sous son sweat-shirt.
Al le prit. La porte s'ouvrit sur Zoé. Le jeune homme invisible laissa aussitôt tomber les biscuits.
– Qu'est-ce que tu marmonnes dans ton coin ? demanda Zoé, sans paraître remarquer le paquet qui s'était écrasé sur le plancher.
Plutôt que de répondre, ce qui l'aurait obligé à mentir, Beckett chercha à savoir pourquoi sa petite sœur était venue dans sa chambre.
– Je me disais que tu pourrais peut-être m'aider avec mes exercices de maths.
L'adolescent hésita avant d'accepter, jetant un regard désolé en direction de Al.
A nouveau seul, le jeune homme invisible s'attaqua à son « repas », la mort dans l'âme. Ce n'était ni très savoureux, ni très nourrissant, et surtout, il commençait à comprendre qu'être sous le même toit que Beckett, n'était pas synonyme de passer plus de temps avec lui.

mercredi 15 août 2012

Rendez-vous manqué - 57

Du haut de l'escalier où elle venait d'apparaître Zoé, la plus jeune sœur de Beckett, émit une suggestion :
– Beckett a dû ramener quelque chose dont l'odeur ne lui plaît pas. Il a peut-être marché dans une crotte de chat ?
La mère de Beckett valida l'hypothèse, et l'adolescent ne les détrompa pas. Lâchant Al, il s'agenouilla et caressa Scott, tout en lui murmurant des choses à l'oreille. Cela aurait été amusant de le regarder pacifier son chien, si celui-ci s'était montré plus coopératif et si la mère et la petite sœur n'avaient pas assisté à la scène. Al qui avait toujours apprécié d'être normal et visible, même pour quelques minutes, craignait à présent le moment où cela se produirait. Ce n'était pas comme dans la rue, au milieu d'inconnus, là, il s'agissait de gens dont l'opinion comptait.
– A table ! Le rôti est enfin cuit ! appela une voix de ténor provenant de la pièce de gauche.
–  Je meurs de faim ! C'est toujours comme ça quand c'est toi qui cuisine ! s'exclama Zoé en achevant de descendre l'escalier.
– Chéri ! Rajoute un couvert et une assiette, Beckett mange avec nous.
Un homme grisonnant et échevelé, vêtu d'un tablier taché, vint s'enquérir de la raison de ce changement de programme :
– Tu t'es fâché avec ton copain ?
A son ton, il était clair que cela ne lui aurait pas vraiment déplu.
– Non, nous sommes plus proches que jamais.
Seul le double sens de la phrase n'échappa pas à Al dont le cœur battit plus fort à ses mots.
La mère de Beckett expliqua alors pourquoi l'adolescent était revenu. Comme le père demandait des détails, Zoé coupa court :
– Ça suffit la parlote, surtout à ce sujet, je veux manger, moi !
Là-dessus, elle tira par le bras Beckett pour l'entraîner hors de l'entrée, loin de Scott dont il grattait le sommet du crâne. L'adolescent n'eut guère le temps que de retirer ses chaussures avant de devoir la suivre. Après un bref aboiement à l'égard du jeune homme invisible, Scott choisit d'accompagner ses maîtres - sans doute espérait-il quémander un peu de nourriture. Al qui ne tenait pas à se rendre dans la cuisine où son estomac risquait de gargouiller devant les plats, opta pour une prudente retraite à l'étage, regrettant juste que Beckett et lui ne soient pas mieux concertés sur la manière dont ils procéderaient une fois à l'intérieur.
Au lieu de se réfugier dans la chambre de l'adolescent, le jeune homme décida de visiter le haut de la maison. C'était le bon moment : Natacha et Cole étaient probablement sortis puisqu'ils n'étaient pas venus aux nouvelles dans l'entrée et le reste de la famille était au rez-de-chaussée.

mardi 14 août 2012

Rendez-vous manqué - 56

– Il suffit que tu t'éloignes d'un pas, que tu me lâches et tu peux disparaître comme tu veux. Et maintenant, je ne saurais même plus où te retrouver...
Le jeune homme invisible dont l'excitation était retombée, soupira. L'angoisse de Beckett était quelque part justifiée et en même temps, elle n'avait pas de sens, car il n'avait aucune envie de s'éloigner de l'adolescent.
– Je te promets de ne pas quitter tes côtés sans te prévenir.
Cette déclaration parut rassurer Beckett. Tout en discutant, ils se rendirent à l'arrêt de bus. L'adolescent avait fini par sortir son téléphone portable pour donner l'illusion qu'il ne bavardait pas seul. Sur le trajet, ils parlèrent beaucoup des parents de Al. Beckett qui avait la chance d'avoir une famille aimante avait du mal à concevoir comment une telle froideur était possible. Al défendait son père et sa mère, essayant de leur trouver des excuses...
Enfin, ils arrivèrent devant le pavillon de briques rouges. Beckett rangea son mobile et ouvrit la grille métallique. En silence, ils remontèrent la courte allée pavée et franchirent le seuil de la maison. Un gros chien au pelage chocolat les accueillit en aboyant avec force. L'invisible présence à la droite de son maître ne lui plaisait pas.
Avant que Beckett n'ait pu calmer son labrador, une femme d'une quarantaine d'années aux cheveux bruns portant une robe couleur jonquille débarqua.
– Tu ne devais pas passer tout le week-end chez ton copain ?
– Euh, si, maman... Mais enfin, tais-toi Scott !
Les aboiements du chien cessèrent, mais il continua de gronder de façon menaçante. Al déglutit. Il craignait de se faire mordre et il appréhendait la manière dont Beckett allait expliquer à sa mère son retour, sachant que l'adolescent ne mentait pour ainsi dire jamais.
– Tu es revenu parce que tu as oublié quelque chose ?
– Non. Ça a été annulé parce que ses parents sont venus lui rendre visite à l'improviste.
– Tu as fait leur connaissance ?
– Pas vraiment. Je n'ai fait que les croiser.
– J'aimerais bien, moi aussi, voir ton copain, même juste quelques minutes.
Beckett jeta un coup d'oeil en direction de Al qui lui serra les doigts avec force pour lui faire comprendre qu'il ne devait surtout pas avouer à sa mère que son petit ami se tenait juste devant elle. Le labrador se remit à alors aboyer, évitant à Beckett de répondre.
– Mais qu'est-ce que tu as Scott ? demanda la mère de l'adolescent, en se penchant sur l'animal.
Dieu merci, le labrador ne pouvait pas parler... Toutefois, s'il ne s'habituait pas très vite à Al, le jeune homme invisible serait obligé d'aller « hanter » ailleurs.

lundi 13 août 2012

Rendez-vous manqué - 55 -

– Que fais-tu de ta famille ? objecta Al.
– J'ai bien dit « hanter », pas habiter, répondit Beckett avec malice.
Le jeune homme invisible avait bien compris, mais cela ne lui semblait pas très correct vis à vis des parents, du frère et des soeurs de l'adolescent. Il commença donc par refuser. L'adolescent fit valoir qu'ils seraient plus souvent ensemble. C'était un argument de taille, mais Al tint bon. Il n'était pas un esprit, mais un être de chair et de sang qui avait besoin de manger pour vivre, ce qui impliquait qu'il allait devoir se servir dans les provisions de la maison de Beckett.
– Tu as une meilleure idée ?
Al n'en avait pas. Les nuits étaient froides même quand il faisait chaud en journée, aussi dormir dehors n'était pas souhaitable. Et sans argent, vu son état, il ne pouvait de toute façon guère faire autre chose que voler sa pitance, avec plus de facilité que la moyenne... et encore. Il devait bien y avoir une autre façon de s'en sortir, mais pour l'heure, elle lui échappait.
– Ce sera chouette d'être sous le même toit, reprit Beckett, avec un sourire.
Al lui effleura la joue. Sans l'adolescent, il n'aurait pas été dans cette situation de dénuement parce que ses parents n'auraient pas eu de raison de le mettre dehors, mais il ne regrettait rien. D'abord, cela devait faire longtemps que son père et sa mère cherchaient un prétexte pour se débarrasser de lui afin de ne plus avoir à payer pour lui. Et puis surtout, Beckett, malgré ses cheveux bruns et ses yeux anthracites, c'était son soleil.
– Je t'aime, souffla le jeune homme invisible.
Cela n'était jamais que la troisième fois qu'il prononçait ses mots, et pour la deuxième fois, l'adolescent, le nez sur ses baskets, murmura un « moi aussi » en retour avant d'ajouter d'une voix embarrassée, en tendant la main dans la direction où il supposait qu'était Al  :
– Viens. Allons, chez moi.
Al, en guise de réponse, entremêla les doigts de Beckett avec les siens. Ce n'était pas une solution idéale, mais elle était trop tentante pour qu'il continue à protester. Il ferait attention à ne pas trop manger et à ne pas trop user d'eau. Il pourrait se doucher en même temps que Beckett. A cette pensée, la partie basse de son anatomie réagit avec promptitude. Al pria pour que sa courte période de visibilité n'arrive pas maintenant. La malchance l'avait assez frappé pour la journée.
– Pourquoi tu ne parles plus ? demanda l'adolescent.
– Je m'entraîne à être un spectre discret.
Pieux mensonge pour ne pas avoir à avouer sa brutale poussée de désir.
– C'est sûr que dans ton cas, il vaut mieux que tu évites de faire peur aux habitants des lieux. Mais quand nous sommes juste tout les deux, tu n'as pas besoin d'être silencieux. Ça me rend nerveux sinon.
– Même quand nous sommes en contact ? s'étonna Al.

vendredi 10 août 2012

Rendez-vous manqué - 54

– Tu devrais au moins négocier pour garder quelques affaires, récupérer tes papiers d'identité...
C'était le comble que ce soit Beckett, lui qui était si naïf, qui dise ça ! Al savait que l'adolescent avait raison, mais il avait trop mal pour retourner sur ses pas et supporter leurs regards glacés. Bien sûr, il n'avait jamais supposé que ses parents sauteraient de joie si par malheur ils apprenaient qu'il avait un amoureux, mais il ne s'était jamais non plus imaginé qu'ils le flanqueraient à la porte sans autre forme de procès. Et maintenant, il n'avait plus rien. Pas de reflet dans le miroir, pas d'argent pour manger, pas d'endroit où dormir. Pas même un vêtement, puisque dans un élan de fierté mal placé, il s'était débarrassé de ceux qu'il portait.
La chaleur de la main de Beckett dans la sienne lui rappela qu'au moins, il n'était pas seul.
– C'est dommage que je ne puisse pas vivre d'amour et d'eau fraîche, soupira Al.
– Essayons de parler encore avec tes parents, suggéra Beckett.
Al toujours sous le choc des propos de ses parents, s'énerva devant l'insistance de l'adolescent.
– C'est inutile, je te l'ai déjà dit ! s'écria-t-il en cessant d'étreindre les doigts de Beckett.
Un passant se retourna sur l'adolescent, croyant que c'était lui qui se donnait en spectacle en pleine rue.
Beckett, également perturbé par les derniers évènements, s'emporta :
– Je veux juste t'aider !!
– Abstiens-toi. De toute façon, c'est en partie ta faute !
Cette fois, une femme s'arrêta quelques instants pour regarder Beckett qui, de l'extérieur, semblait se disputer lui-même avec deux voix différentes.
– Je sais. C'est pour ça que je voudrais arranger les choses.
Devant l'air malheureux de l'adolescent, Al regretta de l'avoir accusé. Ceux qui étaient véritablement en tort, c'était ses parents.  Calmé, il déclara, se voulant rassurant :
– Je suis aussi responsable... Je vais trouver une solution, ne t'en fais pas. Tu as encore la clef, non ? Je pourrais retourner à l'appartement en douce et même y vivre quelques temps. Ce n'est pas comme si le bail de location allait cesser immédiatement. Même mes parents ne se douteront de rien. Je peux faire un excellent fantôme.
Le visage de Beckett s'éclaira, s'assombrit avant de s'illuminer à nouveau.
– Je crois bien que j'ai oublié la clef sur la porte. Tout est allé si vite... Mais tu pourrais venir « hanter » chez moi.

jeudi 9 août 2012

Rendez-vous manqué - 53

– Pardon. Je n'avais pas vu que tu avais de la compagnie, bafouilla Beckett.
– Ce sont mes parents, précisa Al.
Son père et sa mère s'étaient comme changés en statue de sel après l'embrassade à laquelle ils venaient d'assister.
– Ravi de faire votre connaissance, je suis le petit ami de votre fils, bredouilla Beckett, en tendant la main vers le père de Al.
Ce dernier l'ignora en beauté, le foudroyant d'un regard glacial, si bien que l'adolescent abaissa précipitamment son bras.
– Vous ressemblez à votre fils, balbutia-t-il. Quand il est visible, ajouta-t-il avec nervosité.
La mère de Al lâcha sa mouchoir et émit un cri outragé. Le père du jeune homme invisible, pris d'une rage froide, lança :
– C'est le pompon, il fallait en plus d'être invisible que tu sois homo ! Et que tu t'en prennes à un mineur. Une bizarrerie ne te suffisait pas... Et bien, trop c'est trop, je me lave les mains de ton cas. Je refuse de t'entretenir plus longtemps. Quitte cet appartement sur le champ !
Ce fut au tour de Al d'être halluciné. Beckett, lui, était catastrophé, il devait se sentir responsable.
Al tenta de se ressaisir :
– Et mes affaires ?
– Je les vendrai. Je compte rentrer dans mes fonds. Quand je pense à tout l'argent que je te t'ai donné... Je devais être fou. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Pars !
Le mère de Al qui avait récupéré son mouchoir et l'avait remis devant son visage, approuvant silencieusement son mari.
– Vous n'allez quand même pas mettre votre fils à la rue, protesta Beckett.
– Nous aurions dû le faire plutôt. Je le savais depuis le début que c'était inutile de s'occuper de cette chose.
L'intervention de sa mère blessa Al en profondeur. Il avait toujours su qu'elle ne l'aimait pas, mais c'était douloureux de l'entendre nier  ainsi qu'il soit une personne à part entière. N'était-il pas sorti de ses entrailles ? Non, à ses yeux, il n'était qu'un parasite vivant et grossissant aux crochets de ses parents, une répugnante et puante erreur de la nature. L'ultime masque était tombé. Même la peur du quand dira-t-on ne retenait plus ses parents.
– Vous ne me chassez pas, c'est moi qui m'en vais et sans rien qui vous appartienne, annonça le jeune homme invisible.
Il retira ses vêtements, attrapa la main de Beckett et l'entraîna hors de l'immeuble.
– Mais enfin, Al, reste discuter avec eux. Qu'est-ce que tu vas faire sinon ?
– Je n'en sais rien. Mais tu les as entendus, non ? Pour eux, je suis une chose bizarre pour laquelle ils ont déjà trop donnés.

mercredi 8 août 2012

Rendez-vous manqué - 52

Être en permanence entre quatre murs ne présentait heureusement pas que des inconvénients. A l'abri des regards, ils pouvaient se câliner à satiété, explorer le moindre centimètre carré de leurs corps et se noyer dans le plaisir des sens. Tout ça, toujours dans le noir, ce qui frustrait Al qui se disait en même temps qu'il exagérait, car Beckett était sinon autrement toujours partant, et de plus en plus à l'aise après l'amour...
 Al, en sifflotant, porta une dernière touche à la table de la cuisine. Il avait mis les petits plats dans les grands afin de fêter leur deuxième mois ensemble. C'était absurdement romantique, mais Beckett aimait ce genre de chose, et le jeune homme invisible tenait à lui faire plaisir. Il avait même préparé un cadeau qu'il avait commandé longtemps à l'avance : un canapé en velours où ils pourraient se pelotonner l'un contre l'autre, et même un peu plus...
 La sonnette retentit. Al croyant que l'adolescent avait oublié sa clef, alla ouvrir à la porte. L'invisible sourire sur ses lèvres se décomposa en grimace quand il constata que ce n'était pas Beckett, mais ses parents qui se trouvaient sur le pallier. Ils étaient, comme à leur habitude, habillés avec élégance, pour l'un d'un costume noir de marque et pour l'autre d'un tailleur gris perle, leurs cheveux blonds striés de blancs coiffés avec soin, leurs yeux bleus dépourvus de toute chaleur. Sa mère tenait un mouchoir de soie blanche sur le nez comme si elle avait craint partager le même air que lui. Son père était raide et pincé. Il était rare qu'ils débarquent sans prévenir. Al était ennuyé, car il attendait Beckett d'une minute à l'autre. Comme il hésitait sur la conduite à tenir, son père dit d'un ton polaire :
– Et bien, vas-tu te décider à nous faire entrer !
Al s'effaça pour les laisser passer. Il avait presque oublié à quel point ses parents pouvaient être glacials avec lui.
– Que me vaut l'honneur de votre visite ? demanda-t-il avec un soupçon d'ironie.
– Tu réclames sans cesse que nous venions et quand nous nous éxécutons, tu n'as même pas un bonjour pour nous accueillir, soupira sa mère.
– Nous nous sommes parlés pour la dernière fois au téléphone, il y a huit mois, souligna Al.
– Tu es bien dépensier ces derniers temps, déclara son père de but en blanc.
Ah ! Elle était là la raison de leur visite, pensa Al. Il n'eut pas le loisir de répliquer quoique ce soit - et d'ailleurs qu'aurait-il pu dire puisque c'était vrai entre l'achat du lit double et du canapé – car, à cet instant, une clef joua dans la serrure, Becket entra et embrassa aussitôt le jeune homme invisible... sur le coin de la bouche. Il échouait de moins en moins souvent à capturer les lèvres invisibles de Al, mais il ratait encore son but à l'occasion. Ce n'est qu'après coup que l'adolescent se rendit compte qu'il y avait du monde dans le vestibule.

mardi 7 août 2012

Rendez-vous manqué - 51

Leur nuit d'amour marqua le début d'une période heureuse. Tout n'était pas parfait, bien sûr, mais Al n'avait jamais connu pareil bonheur. Ses parents, d'aussi loin qu'il se souvienne, s'étaient toujours montrés froids et distants avec lui, même à l'époque où sa maladie d'invisibilité n'était pas aussi avancée.  Et, il n'avait jamais pu créer de véritables liens avec quiconque. Les autres parents ne voulaient pas que leurs enfants l'approchent de peur qu'il soit contagieux. Quant aux curieux, il avait vite préféré leur fausser compagnie. Jusqu'à ce qu'il rencontre Beckett, il avait toujours été seul, sans personne avec qui partager, sans personne pour le prendre dans ses bras. Heureusement, avant Beckett, même si sa solitude lui pèsait souvent, il n'avait jamais su à quel point il était doux d'échanger...
Avec Beckett, tout était merveilleux. Le plus gros problème étant qu'Al ne voyait pas assez l'adolescent à son goût. Il y avait les cours au lycée ainsi que les devoirs, les parents de Beckett qui avaient mis le holà quand l'adolescent avait voulu passer plus d'une nuit par semaine chez Al et qui insistaient pour faire sa connaissance, mais aussi les amis de Beckett, Garance en tête. Le binoclard refusait de lâcher le morceau et accompagnait parfois l'adolescent jusqu'à l'appartement de Al pour essayer de le convaincre du bien fondé d'une interview filmée.
L'autre souci de taille, c'était encore et toujours la maladie de Al qui les empêchait de sortir en toute sérénité.
La dernière fois, ils s'étaient rendus au cinéma, le jeune homme invisible dans le plus simple appareil. Al avait eu quelques scrupules à entrer sans payer sa place, mais cela lui avait semblé préférable à se couvrir et s'emmaillloter la figure alors qu'il faisait beau et chaud. Beckett avait posé sa veste sur le siège à côté de lui pour le bloquer et personne n'avait, Dieu merci, réclamé la place. Installé sur le vêtement de l'adolescent, Al avait  pu regarder le film et, dans la pénombre de la salle, s'était même octroyé le plaisir d'embrasser Beckett. Mais évidemment, il avait fallu qu'il redevienne visible en fin de séance, et qu'il soit repéré : « Maman, maman, y a un monsieur tout nu ! » Quelqu'un était parti chercher un vigile du cinéma, mais Al avait retrouvé sa transparence avant que les choses ne tournent tout à fait mal. L'épisode avait tout de même été désagréable. Après ça, ils n'étaient plus sortis, mais Al savait que cela était pénible à Beckett qui n'était pas du genre à passer son temps confiné à l'intérieur alors que dehors les oiseaux chantaient.

lundi 6 août 2012

Rendez-vous manqué - 50

Le baiser dura et se répéta encore et encore jusqu'à ce que Al sente contre sa cuisse la preuve que Beckett était mûr pour une nouvelle tentative. Quand il glissa un doigt enduit de lubrifiant dans l'adolescent, c'est à peine si ce dernier se crispa. Tout en le doigtant, Al caressa la peau chaude de Beckett de son autre main. Il eut quelque peine à enfiler le préservatif en l'absence de lumière et faute d'expérience, mais il y parvint malgré tout. Il pressa son gland contre l'anus de Beckett, et au deuxième coup d'essai, entra, arrachant un cri à l'adolescent. Le jeune homme invisible se figea.
– Ça fait mal ?
– C'est... surprenant.
Al s'enfonça davantage. Il était délicieusement enserré. Il se mit à bouger et la respiration de Beckett s'accéléra. Le plaisir montait. Le jeune homme invisible allait et venait, pénétrant tout au fond Beckett qui haletait et gémissait. Plus rien n'avait d'importance hormis leurs corps emmêlés et leurs souffles enfièvrés. C'était l'extase et ils jouirent ensemble. Tout pantelant, Al se retira de Beckett avant de s'écraser sur lui.
– Tu pèses ton poids.
Al était trop bien allongé sur l'adolescent, aussi il ne se déplaça pas pour autant. Beckett passa alors une main caressante sur son dos, preuve qu'en dépit de sa remarque, il ne détestait pas ça.
Au bout d'un long moment, Al finit tout de même par se mettre sur le côté. Ils ne pouvaient pas s'endormir comme ça. Un toilettage sommaire s'imposait. Le jeune homme invisible appuya sur le bouton de la lampe et cligna des yeux devant ce soudain retour à la lumière. Beckett était étendu, les jambes ouvertes, le torse maculé de sperme, ses yeux anthracites tout brillant. Cela donnait envie de le reprendre là, sur le champ. Seulement, cela n'aurait pas été raisonnable.
– Je crois que je ne vais pas avoir la force de me lever.
A cet aveu de l'adolescent, Al lui posa une boîte mouchoirs à porté de main avant de s'occuper d'enlever son préservatif usagé. Il sentait que Beckett était gêné, comme la première fois où ils s'étaient intimement caressés. Mais le jeune homme invisible était sûr que petit à petit, il ne serait plus si embarrassé. Cela deviendrait naturel, le rapport sexuel, comme l'après et un jour, ils feraient l'amour dans une pièce éclairée... En attendant, cela avait été une expérience grisante et réussie qui allait être courronnée par la joie de dormir enlacés dans le même lit.

Le lendemain matin, Al fut réveillé par un grognement de Beckett. L'adolescent se tenait debout, tout près du bord du lit, une main sur le bas de son dos, offrant dans la semi-obscurité une vision charmante.
– Ça ne va pas ?
Avec une extrême lenteur, Beckett pivota vers lui.
– Désolé d'avoir troublé ton sommeil. J'ai super mal aux reins...
– C'est plutôt à moi d'être désolé alors.
– Hein ? Pourquoi ?
– Parce que je ne t'ai pas ménagé hier en te faisant l'amour.
– Oh ! Oh.
Beckett était d'une candeur incroyable dès fois quand même. Toujours est-il que s'unir à lui aujourd'hui semblait compromis, mais il pourrait l'embrasser tout son soul, et peut-être même un peu plus.

vendredi 3 août 2012

Rendez-vous manqué - 49

Il avait rangé la boîte de préservatifs et le lubrifiant qu'il avait commandé dans le haut de son placard à vêtements, mais le problème n'était pas tant de se lever pour les chercher que de savoir si Beckett serait d'accord pour l'accueillir en lui.
La main de Al s'immobilisa sur le pénis de l'adolescent. Il ne savait comment formuler sa demande.
– Pourquoi tu t'arrêtes ?
Al se jeta à l'eau :
– Je peux te pénétrer ?
Beckett déglutit.
– Je veux bien tenter l'expérience.
Il n'en fallait pas plus au jeune homme invisible qui ralluma, alla récupérer le nécessaire et revint vers l'adolescent qui regardait la boîte et le tube approcher de lui avec anxiété.
– On fait ça dans le noir, hein ?
Docilement, Al replongea la chambre dans l'obscurité et se glissa à nouveau dans le lit, tout contre l'adolescent.
L'excitation de ce dernier avait pris du plomb dans l'aile, aussi, dans un premier temps, Al reprit là où il s'était interrompu, faisant courir ses mains sur le torse et le pénis de Beckett. La tension qui habitait l'adolescent depuis qu'il avait donné son aval ne se dissipa pas, mais son membre et ses tétons furent bientôt durcis par le désir. Al attrappa le tube de lubrifiant qu'il avait posé dans l'étagère, sur sa pile de livres en cours de lecture, se retrouva avec une quantité plus importante que souhaitée sur les doigts et badigeonna l'anus de Beckett qui se crispa.
Al entra ensuite un doigt. Avec le produit, cela coulissait bien.
– Ça fait bizarre, dit l'adolescent.
Lui sortir un « tu vas t'habituer » ne lui parut pas approprié parce que, après tout, ils auraient très bien pu inverser les rôles et Beckett n'avait pas le plus facile. Al se risqua à un introduire un deuxième doigt. Son autre main, elle, s'activait toujours sur le pénis de Beckett, glissant de temps à autre sur les bourses et le creux des cuisses. Petit à petit l'adolescent se détendait.
Et, soudain, son membre palpita et la main de Al fut pleine de sperme. Beckett avait joui. L' « expérience » avait tourné court.
– C'est curieux, mais pas désagréable, avoua l'adolescent, d'une voix encore altérée.
– Tant mieux, marmonna Al, déçu, son pénis toujours dur et gonflé.
– On tente pour de bon dès que j'aurai récupéré ?
Beckett était... Oh, il n'existait pas de terme capable de rendre hommage à sa manière adorable d'être.
– Je suis plus que partant... Mais au fait, toi, tu ne m'as pas dit pourquoi tu avais gardé tes distances avec moi ?
Sur le moment, soulagé et excité de leur intimité retrouvée, il avait oublié de lui poser la question.
– Je ne pouvais pas m'ôter de la tête ce que l'autre avait raconté sur mon incapacité à vous différencier. Et puis, bon, ton invisibilité ne facilite pas la prise d'initiative. Combien de fois je suis tombé à côté de ta bouche depuis qu'on se connaît, hein ? Pourtant dans le noir, on se débrouille plutôt bien, c'est étrange et un peu mystérieux...
Al adorait la sincérité de Beckett. Avec lui, il commençait à réaliser que sa maladie d'invisibilité ne le rendait pas si différent des autres que ça, même si elle l'obligeait à vivre à l'écart.
Il l'embrassa en profondeur et l'adolescent répondit avec ferveur.

jeudi 2 août 2012

Rendez-vous manqué - 48

Samedi revint sans que Maud n'ait fait une nouvelle apparition et sans que Al ait réussi à dénouer la situation entre lui et Beckett. Ils pouvaient désormais sérieusement espérer qu'elle ait renoncé à se venger de sa déconvenue. L'un dans l'autre, ils passèrent une bonne journée, mais toujours sur un mode amical.
Quand vint le moment de se coucher, ils s'allongèrent chacun de leur côté, Al tout nu, Beckett en slip, comme la dernière fois. Juste avant que Al n'éteigne, l'adolescent alla même jusqu'à tourner le dos au jeune homme invisible. Il fallait qu'ils discutent, il le fallait. Al avança la main vers l'épaule de Beckett, puis renonçant une fois de plus, de peur d'aggraver les choses, il plongea la pièce dans l'obscurité. Ils se souhaitèrent bonne nuit, mais Al garda les yeux grand ouverts. Dieu sait qu'il aurait aimé enlacer Beckett. C'était douloureux d'être à la fois si proche et si loin. La nuit allait être longue, se dit Al, en regardant s'égener les minutes du réveil projeté au plafond.
Soudain, comme un éclair déchirant le ciel, la voix de Beckett rompit le silence :
– Pourquoi tu n'essaies plus de m'embrasser ou de me caresser, hein ? C'est parce que je te dégoûte depuis l'histoire avec Maud, c'est ça ?
Pris au dépourvu par ce brusque éclat, Al, avec un temps de retard, se tourna sur le côté et voulut attirer l'adolescent dans ses bras, mais celui-ci se dégagea aussi sec.
– Je ne veux pas que tu le fasses juste parce que je te le demande.
Al expliqua ce qui l'avait retenu jusque là, les mots se bousculant dans sa bouche dans son empressement à clarifier les choses. Beckett vint alors de lui-même coller son dos contre le torse du jeune homme invisible.
– Tu ne m'en veux vraiment pas de vous avoir confondu ? De l'avoir laissé faire ?
Al serra Beckett fort contre lui.
– Ce n'est pas ta faute, assura-t-il d'une voix rauque.
Dans la position où ils étaient, les fesses de Beckett se trouvaient juste contre son sexe. La mince couche de tissu du slip de l'adolescent n'empêchait pas Al d'en sentir la chaleur et la fermeté. Et, dans ses conditions, Beckett ne pouvait non plus manquer l'érection grandissante du jeune homme invisible.
Al osa se frotter contre Beckett, les lèvres enfouies dans le cou de l'adolescent. Sa main descendit ensuite jusqu'au pénis de Beckett, et il le caressa par dessus l'étoffe. L'adolescent se mit à remuer les hanches. Al fit glisser le slip le long des cuisses et continua à bouger son membre contre la raie des fesses de Beckett, sans cesser de le caresser.
C'était enivrant, mais Al désirait être encore plus près, il brûlait de s'enfoncer dans la moiteur de l'adolescent.

mercredi 1 août 2012

Rendez-vous manqué - 47

La brève vision du visage de Al marbré de plaques rouges suite au maquillage qu'il avait appliqué quelques heures plus tôt n'arrangea pas les choses.
A la nuit tombée, dans le lit double qu'ils utilisaient pour la première fois ensemble, ils dormirent côte à côte, sans se toucher. Le jeune homme invisible aurait aimé prendre l'adolescent dans ses bras, mais il n'avait pas oublié que celui-ci l'avait arrêté quand il l'avait caressé le matin, et il ne voulait pas le brusquer compte tenu de ce que lui avait fait Maud. Il était décidé à attendre un signe de la part de Beckett. L'adolescent savait demander ce genre de chose. Il l'avait déjà prouvé.
Le dimanche fut plus détendu, mais une gêne persistait malgré tout entre eux. Ils ne s'embrassèrent qu'une seule fois, durant les précieuses minutes où Al était visible. Al soupçonnait Beckett d'avoir eu sa « dose d'invisibilité » avec Maud Quentin. Même quand Beckett rentra chez lui, en fin d'après-midi, ils se contentèrent d'un simple au revoir, adouçi par la promesse de se retrouver le lendemain, après les cours.
Lundi, jusqu'à ce que la clef donnée à Beckett tourne dans la serrure, Al craignit que l'adolescent ne vienne pas. Cela n'aurait pas été leur premier rendez-vous manqué, et si jamais Maud était encore venue l'embêter à son lycée... Mais non, Beckett était là, portant un sweat-shirt d'un rouge éclatant et ses sempiternelles baskets à lacets oranges.
– Ça a été les cours ?
– Oui. Le professeur de mathématiques a par contre donné une tonne de devoirs. Rien à signaler sinon. Et toi ?
– La routine. J'ai bouquiné.
Ni l'un ni l'autre ne mentionnèrent la jeune femme invisible, mais elle se cachait derrière leurs anodines questions.
Ils discutèrent de choses et d'autres, et trop vite, l'adolescent dut repartir. Al brûlait d'embrasser Beckett, mais il se retint, voulant lui laisser l'initiative. Seulement, ce dernier ne chercha pas à le faire.  Là encore, il n'y eut pas de baiser échangé, comme s'ils étaient deux amis, et non, deux amoureux, comme s'ils étaient retournés au premier stade, celui qu'ils avaient initialement sauté, celui où l'on se plaît et l'on se tourne autour sans oser franchir le pas.
Maud Quentin avait fait beaucoup de dégâts dans leur relation et qu'elle soit telle une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes n'aidait pas.
Il fallait qu'ils parlent, face à face, à coeur ouvert. Seulement, quand le jeudi arriva, Beckett n'ayant pu venir les jours précédents pour cause de devoirs à faire, Al se rendit compte à quel point c'était difficile. Au prénom de Maud, l'adolescent se ferma comme une huître.
– Elle ne s'est pas montrée. Ne parlons plus d'elle.
Al renonça aussitôt à poursuivre la discussion et changea de sujet :
– Tes amis vont bien ?
– Garance me harcèle pour savoir pourquoi tu n'as pas répondu à son mail et comment ça s'est passé entre toi et ma famille... Quant à Julius, il menace de ne plus nous fréquenter si nous continuons à t'évoquer.
La lassitude de Beckett était évidente. Le terrain était également miné de ce côté.
– Je vais répondre à Garance sans faute ce soir, après ton départ.
Al avait oublié, trop préoccupé parce ce qui se passait entre Beckett et lui.
Après que Beckett l'ait remercié, Al se dépêcha de passer à un sujet neutre : les films à l'affiche au cinéma. Et puis, toujours, sans qu'ils se soient ne serait-ce qu'effleurer, Beckett quitta l'appartement. Si seulement Al avait été normal ou du moins visible plus souvent et plus longtemps, sûrement les choses auraient été différentes...