mardi 30 avril 2019

Chocolat blanc - 73

Au final, il ne resta plus à Wyatt qu’à annoncer les choses à ses parents.
Kembou proposa de l’accompagner, mais Wyatt refusa. Ce n’était pas la peine qu’ils soient deux à subir les foudres de ses parents qui, il le savait, seraient furieux, en partie à raison pour l’interruption de ses études, à tort pour sa relation avec Kembou.
    Il avait beau les avoir prévenus de sa visite, il trouva ses parents apprêtés pour sortir.
— Il faut que je vous parle.
— Eh bien, dépêche-toi, parce sinon tu vas nous mettre en retard, répliqua son père.
Wyatt aurait préféré qu’ils soient installés dans le salon pour discuter, mais il se résigna à ce que cela se fasse, debout, dans l’entrée, alors qu’ils étaient sur le départ.
— Je ne compte pas poursuivre mes études d’ingénieur.
— Quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ! s’écria son père, furieux.
— Tu n’es pas sérieux Wyatt ?! s’exclama sa mère.
— Ce n’est pas pour moi.
Ses parents tempêtèrent de concert, essayant de lui faire entendre raison, puis sa mère jeta un coup d’œil à sa montre.
Son père le remarqua et statua :
— Nous en reparlerons.
— Non, j’ai déjà pris ma décision. Et j’ai emménagé avec Kembou. Mon petit copain.
Sa mère blanchit et se raidit. Son père devint tout rouge, leva le poing et l’abattit sur la joue de Wyatt.
La force du coup le projeta à terre et l’instant d’après, son père s’accroupissait pour l’attraper par le col et le frapper encore.
Wyatt était trop sonné et choqué pour l’esquiver ou se défendre. Il avait imaginé des mots et des insultes, pas cette violence, pas cette impassibilité de sa mère qui regardait la scène sans protester, comme si elle considérait normal qu’il soit battu.
Les oreilles bourdonnante, un goût de sang dans la bouche, il cria à son père d’arrêter.
Alertée, Marina ne tarda pas à dévaler l’escalier.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Il se passe que ton frère est une putain de petite pédale paresseuse qui baise avec son sale copain noir que nous avions eu la générosité de lui laisser fréquenter, cracha le père de Wyatt en lui postillonnant dessus.
— Kembou est gay… Oh, je comprends mieux pourquoi il avait…
Marina s’interrompit, se rendant sûrement compte qu’il ne valait mieux pas que ses parents sachent qu’elle avait fait un jour des avances à Kembou.
Plutôt que de s’occuper de sa petite personne, elle aurait pu s’inquiéter pour Wyatt et la correction qu’il était en train de recevoir. Toujours est-il qu’avec sa bévue, elle obtint l’attention de leurs parents et Wyatt en profita pour se dégager et s’enfuir. Finalement qu’ils aient discuté dans l’entrée tournait à son avantage : la porte était juste derrière lui.

lundi 29 avril 2019

Chocolat blanc - 72

— Tu devrais au moins terminer l’année, bien réfléchir.
— Oui... Ceci dit, je ne veux vraiment pas faire le stage obligatoire en entreprise cet été. Je me suis renseigné et cela revient dans la majorité des cas à travailler un mois pour des cacahuètes et en plus devoir faire un rapport de stage. Tant qu’à faire de n’avoir pas le temps d’écrire mes histoires, je préférerai travailler et être payé.
Kembou se frotta la joue, l’air pensif.
— D’accord, je comprends. Je t’aiderai… D’ailleurs, il me semble que là où je suis employé, ils cherchent des hôtes de caisse.
— Débutant accepté ?
— Étonnamment, je crois que oui.
— Super !
Travailler au même endroit que Kembou était une perspective alléchante, même si le boulot en lui-même ne vendait pas du rêve.
Kembou l’attira à lui pour l’embrasser. Il devait juger qu’ils avaient fini de discuter de leur avenir pour le moment. Wyatt ne s’en plaignit pas, loin de là.

    Kembou se renseigna et Wyatt postula. Il fut embauché avec un démarrage en fin juin, ce qui était parfait.
Kembou ne pensait pas qu’ils se verraient beaucoup sur place, mais au moins ils seraient dans le même espace.
Tant qu’ils garderaient leurs jobs au supermarché, cette proximité serait un bonus, mais à terme, Wyatt espérait bien être que Kembou travaillerait dans une pâtisserie tandis que lui écrirait à plein temps.
En attendant, Wyatt aurait sûrement l’occasion de faire la connaissance avec les collègues de Kembou, notamment l’aimable Pierre qui avait volé dans les plumes de l’affreux Mathieu. D’ailleurs, Wyatt aurait peut-être aussi l’occasion de lui toucher deux mots à celui-là, il pourrait s’adresser à lui comme s’il était  débile, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce, à moins qu’il ne l’ignore purement et simplement.

    Visiter des appartements avec Kembou s’avéra plus plaisant que cela ne l’avait été avec son père. Il faut dire que leur critère essentiel était le prix. Bon, évidemment, il ne s’agissait pas non plus de prendre un truc dans un état déplorable avec des inconvénients flagrants, mais il n’était pas question non plus de se prendre la tête. Ils se décidèrent dès la cinquième visite pour un petit deux pièces meublé dépourvu de charme, propre et bien localisé.
La paperasse fut compliquée et délicate, mais ils en vinrent à bout, grâce aux parents de Dominique qui se portèrent caution pour eux. La mère de Kembou, elle, avait refusé. Elle les trouvait trop jeunes pour s’installer ensemble. Sans compter qu’elle était gênée qu’ils soient en couple.

lundi 22 avril 2019

Pause - chocolat fondu

J'ai fait une tentative ratée de couverture pour Chocolat Blanc aujourd'hui... 
Oui, j'aurais mieux d'écrire la suite et fin de Chocolat Blanc, car, oui, nous touchons à la conclusion, mais je vais me donner une semaine de réflexion pour être certaine qu'en dehors des dernières scènes que j'ai en tête, il n'y en a pas encore une ou deux autres qui mériteraient d'être développées !
Rendez-vous le 29 avril pour retrouver Wyatt et Kembou.
Et après la fin de Chocolat Blanc, comme précédemment annoncé, je ferai une longue longue pause, mais en donnant quand même des petites nouvelles, disons une fois par mois, pour vous dire si je n'ai fait que bouquiner les livres des autres ou si j'ai corrigé et écrit aussi !
(J'espère que vous avez passé de Joyeuses Pâques !)

vendredi 19 avril 2019

Chocolat blanc - 71

La première étape consistait à dénicher un emploi. Ensuite, Wyatt s’occuperait de trouver un appartement et enfin, il annoncerait à ses parents qu’il comptait cesser d’arrêter ses études et dans la foulée, qu’il était avec Kembou.
Dans ses conditions, ils pourraient toujours le menacer de lui couper les vivres ou le mettre à la rue, cela n’aurait plus d’impact sur lui. Évidemment, avant cela, il restait à convaincre que Kembou qu’il ne voulait vraiment pas passer encore quatre ans et quelques mois à étudier pour devenir ingénieur, à ne le voir que le week-end en cachant à son père, sa mère et sa sœur qu’ils formaient un couple.
Rokia prétendait que Wyatt se prenait pour le meneur et décidait de tout seul, mais c'était faux. L'opinion de Kembou avait autant d'importance que la sienne, c’était d’ailleurs pourquoi il n’avait pas déjà jeté l’éponge pour l’école d’ingénieur.
Wyatt ne se lança pas dans l’épineuse discussion, dès l’arrivée de son ami et amoureux, mais il finit par y venir.
— Tu es vraiment certain que c’est ce que tu veux ? lui demanda Kembou.
— Toi et Dominique, vous avez parfois des réactions si identiques que c’en est effrayant ! s’exclama Wyatt.
— Il serait plus raisonnable que tu continues, de façon à ce que j’ai plus d’argent de côté avant que nous nous installions ensemble. Pour louer un appartement, il faut une caution. Il ne faudrait pas aussi que tu aies des regrets plus tard.
Le front de Kembou était plissé par l’inquiétude. Wyatt toucha les plis du bout des doigts, tentant de les faire disparaître, mais Kembou ne tarda pas à l’arrêter en capturant son poignet.
— Ne me distrais pas… Ce dont nous parlons est trop important.
— Pardon, ce n’était pas mon intention.
Kembou le libéra et Wyatt ramena sa main sagement vers lui, contemplant l’empreinte rouge laissée par les doigts de son amoureux.
Il savait que Kembou se reprochait toujours de l’avoir serré trop fort, mais Wyatt aimait ses marques sur sa peau, surtout quand il les gagnait pendant qu’ils faisaient l’amour.
— Wyatt…
Il s’ébroua. Kembou avait raison de le rappeler à l’ordre.
— Le chemin que mes parents me veulent me faire emprunter n’est pas le mien et avancer dessus me rend malheureux.

jeudi 18 avril 2019

Chocolat blanc - 70

Apparemment Dominique croyait que Wyatt, parce qu’il n’était pas vraiment gay, finirait par se lasser d’être en couple avec un garçon. Kembou partageait cette peur. Enfin, Wyatt espérait qu’il ne l’avait plus, pas après la discussion qu’ils avaient eu quelques semaines auparavant. Il avait essayé de lui montrer que c’était une crainte sans fondement, même s’il  comprenait, parce que lui-même s’était demandé si Kembou ne lui préférerait pas un gars 100% gay, ce qui était ridicule, car ce n’était pas une question de sexe, mais de personne. Wyatt continuerait à apprécier les corps féminins, Kembou, les masculins, ce qui n’impliquait aucunement de vouloir changer de partenaire.
Wyatt se leva du banc, un peu fâché contre Dominique. Il n’avait pas à se justifier auprès de lui.
— On ferait mieux de retourner à l’école si on ne veut pas rater le début du cours, grommela-t-il.
Dominique vérifia l’heure sur son mobile avant de se mettre debout à son tour.
— Tu sais, en tant qu’ami, mon rôle n’est pas de jouer au béni-oui-oui. Et, comme ce sont des décisions lourdes de conséquences, je me devais de te raisonner. Mais je suis de ton côté, même si égoïstement, j’aimerai que tu continues tes études d’ingénieur. Tu es en règle général un super binôme.
Wyatt n’avait pas pensé à cela en exprimant son désir d’arrêter l’école. Dominique et lui se verraient nécessairement moins.
— Pour ta gouverne, avec ou sans Kembou, je voudrais arrêter mes études d’ingénieur, ce n’est pas mon truc. Je pensais que je pourrais, mais je m’ennuie comme un rat mort. Autrement, je ne peux pas prédire l’avenir, et peut-être qu’un jour, je tomberai amoureux de quelqu’un d’autre, ou peut-être que ce sont ses sentiments à lui qui changeront, mais nous nous connaissons depuis longtemps, et je suis persuadé, quoiqu’il arrive, nous nous efforcerons de ne pas nous blesser l’un l’autre.
— J’ai tendance à oublier que vous êtes amis d’enfance. Je ne pense pas que cela puisse vous empêcher de vous disputer, mais je suppose que cela change des choses.
— Beaucoup, confirma Wyatt, l’esprit soudain empli de souvenirs de Kembou et lui, grandissant ensemble, apprenant et découvrant tout un tas de trucs en même temps.
Il ne pouvait prétendre tout savoir sur Kembou qui était assez secret, mais il ne doutait nullement qu’ils avaient une relation spéciale.

mercredi 17 avril 2019

Chocolat blanc - 69

C’était leur pause de midi. Wyatt et Dominique s’étaient installés sur un banc dans un square à proximité de l’école pour profiter du soleil.
Leurs sandwichs dévorés, Wyatt s’était décidé à se confier à son ami.
— Laisse-moi récapituler… Tu veux laisser tomber l’école d’ingénieur, te dénicher un petit boulot et t’installer avec Kembou dont la famille connaît désormais la véritable orientation sexuelle ?
— Oui. Que je devienne ingénieur, c’est ce que veulent mon père comme ma mère, mais à les écouter, il ne faudrait que fréquenter des gens fortunés, hétérosexuels et de préférence blancs.
— Indépendamment des idées à la noix de tes parents, tu te débrouilles bien… Et ingénieur, c’est une bonne profession qui paye bien, répliqua Dominique en arrangeant ses cheveux qu’un coup de vent avait poussé devant son visage.
— Oui, mais cela ne m’intéresse pas et je ne veux pas continuer à vivre seul dans mon coin, en cachant ma relation avec Kembou des années durant. Je n’ai pas envie qu’un jour, ma mère passe à l’improviste, et découvre le pot aux roses. En plus, elle adore jouer les marieuses. Dans l’intervalle, elle chercherait forcément à me coller quelqu’un entre les pattes
— Si tu fais ce que tu dis, tu vas te fâcher complètement avec tes parents. Tu ne pourras plus compter sur eux.
Wyatt le savait bien. Son regard dériva sur les structures de jeux, puis sur une fille jolie comme un cœur qui passait le long du square.
Dominique agita une main devant ses yeux.
— Oui, oui, répondit Wyatt tandis que la fille disparaissait au coin de la rue.
— Sans vouloir t’offenser ou douter de ta Kembou mania, tu es certain de vouloir t’installer avec lui ?
Wyatt acquiesça.
— Tu viens juste de baver devant une inconnue, fit remarquer Dominique. Tu ne crois pas que tu risques d’avoir des regrets plus tard, d’avoir abandonné l’école d’ingénieur et coupé les ponts avec tes parents pour une relation qui n’a pas forcément d’avenir ?
Dominique jouait l’avocat du diable ou quoi ? Wyatt aurait préféré qu’il le soutienne dans ses choix.
Et s’il était vrai qu’il venait d’admirer une jeune femme au corps de rêve, cela avait été comme contempler un beau tableau dans un musée.

mardi 16 avril 2019

Chocolat blanc - 68

Il finit par lâcher sa mère  :
— Plus qu’à l’annoncer à Astou et Malia.
— Ne devrais-tu pas garder cela pour toi ?
— Rokia est au courant, toi aussi. Autant qu’elles sachent aussi.
Sa mère soupira, mais acquiesça.
Kembou avait moins d’appréhension à communiquer la nouvelle à ses sœurs. Non pas que leur opinion ait moins d’importance, mais il avait bon espoir qu’elles se montrent tolérantes.
Il patienta dans le salon jusqu’à la fin de la série télévisée qu’elles regardaient pour le leur dire.
— Chic ! Ça veut dire qu’on peut parler garçons avec toi ! s’exclama Malia.
— Et aussi mode et maquillage, ajouta Astou.
Bonjour, les clichés sur les homosexuels…
— Désolé, non, les chiffons, ce n’est pas mon truc.
— J’aurais pu m’en douter, remarque, vu comment tu t’habilles, marmonna Astou, sa déception manifeste.
C’était quoi le problème avec ses jeans ?
— Tu es en couple avec quelqu’un ? demanda Malia, pleine de curiosité.
— Oui. Wyatt.
Son adorable petit ami qu’il allait informer de son coming-out de ce pas, en espérant que Wyatt ne soit pas fâché qu’il ait du même coup mis au courant sa famille pour eux deux. Avec son frère, cela lui avait échappé, mais après…
Il se dépêcha de lui envoyer un mail. Il n’avait pas envie d’en discuter avec lui par téléphone alors que ses sœurs pouvaient tout entendre.
    Juste avant de se coucher, il consulta sa messagerie à nouveau, et trouva une réponse de Wyatt.

Cher Kembou,

Moi aussi, je voudrais que mes parents sachent que nous sommes ensemble.
Je suis content que la nouvelle n’ait pas été mal accueilli.

Amoureusement,
Wyatt

Ps : ci-joint, un nouveau chapitre – oui, j’ai réussi à avancer un peu dans mon histoire !


Kembou partit se coucher le cœur léger. Il était enfin libre de lui-même avec sa famille. Et par la suite, peut-être même dans son travail. Pas forcément celui qu’il avait maintenant, d’ailleurs, car la piste de carrière donnée par Wyatt lui plaisait...

lundi 15 avril 2019

Chocolat blanc - 67

Dès le lendemain soir, puissant du courage dans l’acceptation tranquille de son frère de son homosexualité – même s’il n’approuvait pas le choix de son partenaire – Kembou prit sa mère à part dans la cuisine.
Plein de nervosité, il l’incita à s’asseoir et s’installa en face d’elle. Il ouvrit la bouche, la referma et se racla la gorge. Il avait préparé ce qu’il lui dirait, mais il lui était plus dur que prévu de prononcer les mots fatidiques.
— Eh bien, qu’as-tu donc de si grave à m’annoncer ? demanda-t-elle.
Réalisant qu’il était en train de l’inquiéter, Kembou prit une profonde inspiration et se jeta à l’eau.
— Je suis gay.
— Je m’en doutais et ton père aussi. Nous espérions nous tromper.
Comme avec son frère, ce n’était pas la réaction qu’il avait craint. Elle n’était ni vraiment horrifiée, ni surprise. En revanche, elle semblait triste et déçue.
— Qu’est-ce qui vous a mis la puce à l’oreille ?
Ce n’était pas vraiment la question qu’il aurait voulu posée, mais il n’osait pas lui demander frontalement en quoi son homosexualité lui posait problème.
— Eh bien, tu n’as jamais manifesté aucun intérêt pour les filles et il y avait ses regards que tu lançais parfois à ton ami Wyatt à l’époque où il venait pas mal chez nous, comme si tu le considérais comme le centre de ton univers.
Kembou n’avait donc pas su cacher son jeu si bien que cela.
— Nous sommes en couple depuis quelques mois, déclara-t-il.
— Je prierai pour vous deux.
Kembou en aurait pleuré si sa mère elle-même n’avait pas été au bord des larmes.
— Plus tard, nous emménagerons ensemble. Cela ne te dérange pas que je continue à habiter  ici avec vous pour le moment ?
Elle tendit ses paumes ouvertes à travers la table.
— Oh Kembou, bien sûr que non, quoi que tu fasses, quoi qu’il arrive, tu demeures un de mes fils chéris.
Cela aurait été bien qu’elle ne considère pas son homosexualité comme un pêché, mais cette déclaration d’amour adoucissait la couleuvre à avaler et il posa ses mains dans les siennes et lui les serra.

vendredi 12 avril 2019

Chocolat blanc - 66

*
Kembou était aux anges quand il rentra à l'appartement familial. Wyatt lui avait vraiment offert une magnifique journée en l'honneur de son anniversaire. La sortie en amoureux, le livre de pâtisserie et son enthousiasme quand Kembou avait voulu faire l’amour avec lui… Chaque fois que Wyatt se donnait à lui, il se sentait incroyablement chanceux.
Rokia, pas encore couché malgré l'heure avancée, était présent pour l'accueillir, ce dont Kembou se serait bien passé.
— Ça y est, tu es enfin revenu de chez White-ass.
Kembou grinça des dents devant ce jeu de mots grossier sur le prénom de son amoureux.
Rokia crut bon d’en rajouter une couche au cas où il n’aurait pas saisi :
— Ou devrais-je dire White Asshole, trou du cul blanc, ça sonne encore mieux, non ?
Kembou empoigna son frère par le col de son t-shirt.
— Arrête de l’insulter !
— Et pourquoi pas ? Tu ne devrais pas être ami avec ce cachet d’aspirine qui ne fait que profiter de toi, rétorqua son frère, en tentant de se libérer.
— Tu ne comprends rien à rien, lui et moi, on s’aime, on va vivre ensemble ! s’écria Kembou en secouant son aîné.
Le visage choqué de Rokia le calma sur le champ, mais c’était trop tard, la vérité était sortie toute nue.
— Tu veux dire que vous formez un couple ? Depuis quand ?
Kembou relâcha son frère, soudain très las. Il aurait toujours pu encore nier, mais il n’en avait pas envie. Il en avait assez d’avoir peur de ce qui se passerait si sa famille apprenait qu’il était gay.
— Depuis Noël, répondit-il dans un soupir, s’attendant à ce que son frère s’indigne et le rejette.
— Tu devrais rompre. J’ai un ami dont le frère est gay, pas beaucoup plus âgé que toi et célibataire. Vous pourriez vous rencontrer et vous mettre ensemble.
Kembou fut interloqué. Un rire nerveux lui échappa. Son frère avait de terribles préjugés sur les blancs, mais apparemment pas sur les homosexuels. A tous les coups, le frère de son ami était noir.
— Je suis sérieux, moi, grommela Rokia. Est-ce que tu vas en parler à maman, Malia et Astou ?
— Oui, bientôt, assura Kembou.
Le processus étant enclenché, autant aller jusqu’au bout.
— Vous allez vraiment emménager ensemble, toi et l’endive ?
— Pas de tout de suite, mais oui.
Rokia chercha à lui démontrer par A plus B qu’il était dans l’erreur, mais Kembou ne l’écouta pas vraiment. Il savait que Wyatt et lui se complétaient parfaitement.

jeudi 11 avril 2019

Chocolat blanc - 65

Le temps s’adoucissait de plus en plus, mais l’humeur de Wyatt, elle, s’assombrissait. Il ne supportait plus d’être coincé dans son école d’ingénieur. Kembou lui avait suggéré de mettre la pédale douce, mais Wyatt n’aimait pas faire les choses à moitié : soit il arrêtait tout, soit il continuait et s’efforçait donc d’avoir de bons résultats. Et par conséquence, il râlait et pestait. Il faisait cependant attention à ce que Kembou ne fasse plus les frais de son énervement et tâchait d’être un bon binôme pour Dominique qui lui, était satisfait de ses études.
Pour l’anniversaire de Kembou, Wyatt oublia volontiers devoirs et leçons pour fêter cela dignement.
Il l’invita au cinéma où ils virent un film d’action mâtiné d’horreur qui l’avait interpellé tous les deux. Durant la séance, dans le noir, il lui prit la main et ne la lâcha plus.
Il lui offrit ensuite le restaurant, un italien dont il avait entendu du bien et ils se régalèrent chacun d’un plat de pâtes avant de se partager un tiramisu et une glace grand format. Pendant tout le repas, Wyatt garda ses genoux appuyés contre ceux de Kembou.
Ni Kembou ni lui ne souhaitaient s’afficher, mais Wyatt tenait à montrer que c’était différent des sorties qu’ils avaient pu faire par le passé. Ils étaient là en amoureux.
Wyatt attendit qu’ils soient de retour au studio pour lui donner un paquet couleur crème.
— Tu m’as déjà bien gâté, dit Kembou en le prenant.
Il fallait bien que les étrennes données par ses parents et grand-parents au fil des années servent.
— Ce cadeau n’est pas entièrement désintéressé, avoua-t-il en regardant Kembou ouvrir délicatement pour ne pas déchirer le papier.
C’était un livre contenant des recettes, tout en aidant à passer le CAP Pâtissier en candidat libre.
— Ne va pas croire que je te force à quoi que ce soit, hein… Je suis juste un gros gourmand, dit Wyatt tandis que Kembou feuilletait l’ouvrage en silence.
— Merci. J’ai hâte d’essayer tout cela.
— Il faut un peu de matériel, mais je pense qu’on peut remplacer certains ustensiles par d’autres, et investir au besoin.
— Oui, sûrement. Maintenant je crois que je n’ai plus qu’à déballer mon dernier cadeau, déclara-t-il en déboutonnant le jeans de Wyatt d’un air coquin.
Il fit ensuite glisser lentement la fermeture éclair et Wyatt sentit monter en lui l’excitation.
— Je t’aime, murmura-t-il, en soulevant les fesses afin que Kembou puisse lui retirer son pantalon.

mercredi 10 avril 2019

Chocolat blanc - 64

Même si Kembou savait bien pourquoi Wyatt avait servi ce mensonge à sa mère, cela ne lui plaisait pas. Il ne pouvait cependant reprocher quoi que ce soit à Wyatt, lui-même continuant à taire ce qu’il en était à sa famille.
— Je suppose que toi et ta petite amie inventée de toute pièce, vous allez très vite rompre.
— Tu as parfaitement deviné ! Mais ce que j’aurais vraiment voulu, c’est lui dire la vérité, lui annoncer que toi et moi, nous n’étions plus seulement amis, que nous formions un couple.
Wyatt nicha sa tête contre l’épaule de Kembou, se collant davantage à lui et Kembou se sentit fondre.
— Un jour, tu le feras et moi aussi. Pour le moment, le mieux est que tu continues à étudier, et moi à travailler et mettre de l’argent de côté. Mais à terme, nous pourrons habiter ensemble.
— Tu en parles au futur, pas au conditionnel, s’étonna Wyatt.
Le cœur de Kembou se serra. Il délogea Wyatt et s’assit dans le lit.
— Tu ne vous vois pas d’avenir ensemble, toi ?
Wyatt se redressa à son tour avec vivacité, les cheveux tout ébouriffés.
— Si, bien sûr que si ! Cela tient du rêve, mais c’est vrai que cela peut devenir une réalité. Quand j’y réfléchis, ton côté sérieux contrebalance à merveille ma tendance à être dans les nuages…
Ses mots furent comme un baume à la blessure infligée au commentaire précédent de Wyatt. Kembou se pencha en avant et déposa un doux baiser sur ses lèvres.
— Normalement, là, tu devrais complimenter mon caractère rêveur, murmura Wyatt tout contre sa bouche.
Oui, il avait du bon. Les fantaisies de Wyatt avaient rendu leurs jeux d’enfants passionnant et coloré toutes leurs conversations. Il ne s’ennuyait jamais avec lui.
— Vraiment ? demanda Kembou en souriant.
Wyatt opina exagérément de la tête, puis il l’inclina, songeur avant de déclarer :
— Tu sais, comme tu es doué pour cuisiner, je te verrais bien travailler dans la restauration ou la boulangerie.
Cela semblait une idée extravagante sortie de nulle part et en même temps, pas tant que cela. Ces dernières semaines, Kembou s’était mis à confectionner des tas de gâteaux. Et ce n’était pas seulement parce qu’il prenait plaisir à regarder Wyatt les déguster avec sa sensualité coutumière, mais aussi parce que cela l’amusait. Il s’était même offert un livre de recettes au lieu de se contenter d’en dénicher sur internet.
— C’est une piste qui mérite d’être creusée, finit-il par répondre.

mardi 9 avril 2019

Chocolat blanc - 63

— On se réconcilie au lit ? suggéra Wyatt.
Kembou l’imagina aussitôt nu et offert à ses caresses et dans son pantalon, son sexe s’allongea et durcit.
Cependant, même s’il était plus que tenté, il se demanda s’il ne fallait mieux pas qu’ils parlent avant.
Wyatt attrapa sa main et la porte à ses lèvres. Il embrassa le bout de son index avant de le prendre dans sa bouche et de le lécher. Il aurait tout aussi bien pu sucer son pénis.
Kembou trancha en son for intérieur : ils discuteraient après… Il récupéra son doigt après un moment, l’attira dans ses bras et commença à retirer le haut de Wyatt qui se laissa faire avant de lui rendre la pareille.
Le temps d’arriver au lit, ils étaient nus.
Au fil des semaines, ils avaient testé toutes sortes de choses et de positions, et les préférences de chacun s’étaient confirmées. Kembou adorait plonger à l’intérieur de Wyatt qui aimait être pénétré, qu’il soit en dessous ou au-dessus. Ils appréciaient également tous les deux les fellations, mais pas en s’allongeant tête-bêche pour les faire en même temps.
Kembou ne se montra pas exactement tendre, pilonnant Wyatt sans relâche jusqu’à ce qu’ils jouissent à quelques instants d’intervalle.
Ils restèrent étendus et haletants, côte à côte puis Wyatt se mit à tracer distraitement des lignes sur le torse de Kembou.
— Encore désolé. Je suis fatigué et j’étouffe dans cette école que m’ont imposé mes parents. J’ai le sentiment que j’aurais dû me battre pour imposer mes désirs, mais que c’est trop tard,  que je suis prisonnier. Tu ne rêves pas toi, que les choses soient différentes ? Tu te satisfais vraiment de ton boulot au supermarché, que notre relation doive rester secrète ?
Kembou ne pouvait prétendre que oui. Cependant, avant qu’il ne puisse répondre, Wyatt reprit :
— Imagine que tu puisse mener la vie que tu veux sans avoir à t’inquiéter de rien… Comment la verrais-tu ?
Kembou pressa pensivement ses lèvres sur la tempe de Wyatt.
— Je ne sais pas pour le travail, mais je vivrais avec toi, sans me cacher.
— Oh oui, ce serait formidable… Je ne te l’ai pas dit, mais vendredi soir m’a mère m’a rendu une visite surprise et j’avais mis la table pour nous deux et bien sûr, elle a voulu savoir qui j’attendais aussi tard, et je me suis retrouvé à lui mentir et à m’inventer une petite amie. La faire partir après cela, a été dur, parce qu’elle voulait absolument la rencontrer alors j’ai raconté que c’était trop frais pour la lui présenter, qu’elle allait la faire fuir. J’ai dû carrément lui promettre de l’amener un week-end dans un mois.

lundi 8 avril 2019

Chocolat blanc - 62

— Prends une pause...
— Non, ça ne suffit plus ! J’en ai ma claque des cours, des devoirs, de tout ! Plutôt que de rédiger des trucs que les professeurs s’emmerderont à corriger, je préférerai écrire la suite de mon histoire, cela fait des semaines que je n’ai pu y toucher ! s’emporta Wyatt.
Une pointe de culpabilité traversa Kembou : le fait qu’il soit fourré chez Wyatt tous les week-end ne devait pas aider.
— Pourquoi tu n’avancerais pas dedans maintenant ? Je peux même partir, si tu veux.
— Cela ne changera rien au fait que cette leçon ne va pas s’apprendre toute seule ! Je te jure, cette école d’ingénieur me sort par les trous de nez !
— Tu auras bientôt fini ta première année. Tu ne vas quand même pas tout plaquer en cours de route…
Cette tentative de Kembou pour le calmer, échoua en beauté.
— Et pourquoi pas, hein ? Ce dont j’ai toujours rêvé, c’est d’écrire !
Kembou savait bien que c’était la passion de Wyatt et il aurait aimé pouvoir lui permettre de s’y consacrer, mais il n’en avait pas les moyens.
— Tes parents ne te soutiendraient jamais là-dedans. Tu aurais du mal à gagner ta vie avec ta plume et je crains ne pas être assez riche pour…
Wyatt, plein de rage, le coupa :
— Je ne t’ai jamais demandé de m’entretenir ! J’ai déjà mes parents pour me rappeler les réalités du monde, je n’ai pas besoin de toi pour ça ! Je pourrais prendre un petit boulot, j’aurais le temps d’écrire à côté au moins.
Les mots furieux de Wyatt résonnèrent en Kembou : « Je n’ai pas besoin de toi. » Il était blessé. Il ne voulait plus continuer à essuyer la mauvaise humeur de Wyatt, chercher à le raisonner en vain. Il se dirigea vers l’entrée et attrapa son sac à dos.
— Où vas-tu ?
— Je rentre.
Wyatt se mit devant la porte. Ils s’affrontèrent du regard. Depuis qu’ils se connaissaient, ils s’étaient parfois chamaillés pour des bêtises, mais presque jamais disputés.
— S’il-te-plaît, ne pars pas, demanda doucement Wyatt, sa colère enfin dissipée.
Kembou hésita.
— Tu n’as pas besoin de moi, répéta-t-il.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Pardon. Je me suis énervé tout seul alors que je sais bien que tu es de mon côté.
Face à son regard bleu-vert désolé, Kembou ne résista pas et laissa glisser son sac de son épaule.

vendredi 5 avril 2019

Chocolat blanc - 61

                                                      *
Ils prirent l’habitude de se  retrouver presque chaque week-end. Les semaines où Kembou travaillait le samedi, il partait juste après et dormait chez Wyatt, pelotonné contre lui dans son lit.
Pendant que ce dernier était débordé de  leçons et de devoirs qu’il faisait ou non en binôme avec Dominique, Kembou s’occupait d’une façon ou d’une autre : un livre, de la cuisine, des jeux sur la console, une promenade aux alentours pour profiter du soleil printanier...
Passer d’amis à couple n’avait pas été si compliqué. Et si Kembou avait douté que Wyatt soit aussi investi que lui dans l’aspect physique de leur relation, il avait été depuis largement détrompé. Wyatt était insatiable, tout comme lui.
Le plus dur, c’était le dimanche soir, au moment de se quitter. Ça, ils n’arrivaient pas à s’y faire. Ni l’un ni l’autre n’en avait envie. Ils avaient même fait une fois l’amour contre la porte, de dernier en ultime baiser passionné. Kembou avait attrapé au vol le dernier train, ce jour-là et Rokia l’avait engueulé de rentrer aussi tard.
Évidemment, son aîné ne comprenait pourquoi Kembou passait désormais la majeure partie de son temps libre chez Wyatt alors que durant plusieurs mois, ils avaient enfin cessé de se comporter comme « deux frères siamois. » Rokia ne réalisait pas à quel point Kembou avait mal vécu cette période et à quel point il était heureux maintenant, même s’il avait pour nouveau rêve qu’ils vivent l’un avec l’autre sous le même toit.
Kembou aimait sa mère, ses deux petits sœurs et même son pénible grand frère, mais c’est Wyatt dont il voulait partager le quotidien, Wyatt avec lequel il souhaitait se réveiller chaque matin plutôt que Rokia.
Il coula un regard à son chéri qui était en train d’étudier à son bureau en ce dimanche après-midi et leurs yeux se rencontrèrent.
Wyatt devait manquer de motivation. Initialement Kembou avait eu peur que ce soit sa présence qui le déconcentre, mais quand il s’en était ouvert à Wyatt, ce dernier avait répliqué que c’était surtout qu’il ne parvenait pas vraiment à s’intéresser à ses études d’ingénieur.
— J’en ai vraiment marre ! s’exclama Wyatt en refermant plus vivement que nécessaire son ordinateur portable.

jeudi 4 avril 2019

Chocolat blanc - 60

Ils recouvraient leurs souffles quand une divine odeur de chocolat chatouilla les narines de Wyatt.
— Cela sent bon, dit-il en humant l’air.
— Le gâteau ! s’écria Kembou, bondissant hors du lit et se précipitant vers la cuisine.
Wyatt se redressa paresseusement sur ses coudes. Quelques suçons et autres marques d’amour décoraient son corps. Il avait l’impression de sentir encore en lui Kembou. Avoir quelqu’un en soi était une sensation particulière. Appartenir ou posséder étaient pourtant les deux facettes d’une même pièce.
Il se nettoya vite fait et rejoignit Kembou pour s’enquérir du sort du gâteau.
Kembou, l’air contrarié, contemplait l’intérieur du moule.
— Alors ?
— Il est trop cuit.
Wyatt s’approcha pour voir. Cela lui semblait, pour sa part, tout à fait appétissant. Il attrapa un couteau dans le pot à couverts sur le bord de l’évier.
— Tu vas te brûler ! Je viens de le sortir du four ! s’exclama Kembou.
Wyatt récupéra le gant qu’avait utilisé son ami et se coupa un petit morceau sur lequel il souffla avant de le mettre dans sa bouche.
C’était chaud et fondant.
— Délicieux, statua-t-il en se léchant les lèvres,  hésitant à se reprendre une part par pure gourmandise.
Il remarqua que le pénis de Kembou se dressait. Ils étaient encore nus tous les deux.
Wyatt s’agenouilla sur le carrelage froid. Les yeux de Kembou s’écarquillèrent.
Wyatt referma les doigts sur la base du membre rigide, donna un coup de langue et grimaça. Évidemment, avec le préservatif porté un peu plus tôt, cela avait un goût de caoutchouc.
— Tu n’es pas obligé… dit Kembou.
— J’en ai envie, répliqua Wyatt et il se dépêcha d’expliquer la nature du problème.
Pas question que Kembou s’imagine que c’était lui ou l’acte en lui-même qui le dérangeait.
— Tu n’aurais qu’à faire cela une autre fois.
Wyatt secoua la tête.
— Je peux me laver.
C’était une solution pragmatique. Typique  Kembou.
— Ou bien, je pourrais ajouter un peu de crème chantilly.
Dans sa main, le membre de Kembou palpita. L’idée lui plaisait.

Wyatt se releva pour récupérer la bombe de crème dans le petit réfrigérateur.
— Tu vas réaliser un fantasme que je ne savais même pas avoir… murmura Kembou tandis que Wyatt déposait une dose généreuse de chantilly.
Il lécha ensuite avec application et Kembou éjacula non pas à l’intérieur de sa bouche, mais sur son visage, ce dont il s’excusa aussitôt.
Wyatt le rassura en riant.

mercredi 3 avril 2019

Chocolat blanc - 59

Kembou, surpris, du départ précipité de Dominique, chercha à le retenir, preuve qu’il n’y avait plus de tension entre eux.
— J’ai l’impression de te chasser.
— Non, c’est Wyatt, rétorqua Dominique. Amusez-vous bien, lança-t-il avec un clin d’œil avant de refermer la porte.
— Mais votre devoir…
Wyatt coupa Kembou en l’embrassant, nouant sa langue à celle de son ami et amoureux. Les mains de Kembou se posèrent sur son dos, le poussant à se coller davantage.
— Wyatt…
L’intonation prise par Kembou le fit frémir d’anticipation.
— On va au lit ?
Un hochement de tête. Quelques pas en silence.
— Tu me laisses te faire l’amour ?
La voix empreinte de désir de Kembou, c’était quelque chose.
Wyatt acquiesça. Il savait ce que cela impliquait.
Ou du moins, il croyait le savoir, réalisa-t-il quelques minutes plus tard, étendu, nu sur le drap après que Kembou l’ait patiemment déshabillé avant d’ôter lui même ses propres vêtements avec une promptitude.
Les mains de Kembou couraient sur son corps, sa bouche semait des baisers, sa langue glissait au creux de son cou, sur les pointes de ses tétons, le long de son pénis.
La première fois, ils avaient été droit au but, se préparant mutuellement à être pénétré. Ça, c’était très différent et infiniment plus troublant. Il voulut dire à Kembou qu’à postériori, il regrettait presque et qu’heureusement ils allaient pouvoir continuer à explorer et découvrir ensemble leur sexualité, mais les mots moururent sur ses lèvres, se muant à un râle de plaisir. Impossible de continuer à avoir des pensées cohérentes alors que Kembou semblait l’embrasser, le lécher, le toucher partout à la fois.
Wyatt était tremblant, brûlant, gémissant mais cela ne l’empêchait pas de vouloir encore plus, toujours plus. Et quand Kembou se décida enfin à plonger en lui, il était plus que prêt.
Il ne fut plus que pulsions et sensations, ses yeux se fermant pour mieux ressentir, puis s’ouvrant pour regarder Kembou en proie à la passion.
Wyatt jouit le premier, mais Kembou suivit de près, et se retira en douceur.

mardi 2 avril 2019

Chocolat blanc - 58

— Je dois retourner à mon devoir, déclara Wyatt sans cacher que cela ne l’enchantait pas le moins du monde.
— Oui, je sais. Pas de problème, assura Kembou.
Wyatt s’attarda auprès de lui et lui accrocha son manteau.
Kembou captura sa bouche pour un baiser de plus avant qu’ils ne rejoignent Dominique.
— Salut ! dirent dans un bel ensemble ses deux amis.
Le sourire qui flottait sur les lèvres de Wyatt s’élargit.
— Je te promets… commencèrent Dominique et Kembou en même temps.
Ils s’interrompirent. Wyatt pouffa.
— Vous feriez un bon duo comique.
— Il n’y a que toi que cela fait rire, répliqua Kembou en l’enveloppant d’un regard tendre et amusé.
Wyatt se sentit fondre.
— Je voulais juste informer que je ne m’attarderai pas plus que nécessaire, intervint Dominique.
— Et moi que je ne comptais pas vous déranger. Je pensais cuisiner pour vous, faire un dessert, histoire de profiter qu’il y ait un four.
La perspective d’un gâteau maison allécha Wyatt.
— Merci. Tu es un ange.
— Rien que ça ? demanda Kembou, les yeux pétillant de malice.
— Il fait chaud ici, déclara Dominique en s’éventant de la main.
Wyatt détacha son regard de Kembou avec difficulté pour lui accorder un coup d’oeil.
C’était vrai, mais ce n’était pas comme s’ils pouvaient vraiment baisser la température, le chauffage étant partagé dans l’immeuble et les radiateurs non réglables.
— Tu veux qu’on ouvre la fenêtre ?
— Cela n’arrangerait pas grand-chose. La manière dont vous vous dévorez des yeux est presque aussi torride que si vous vous rouliez un patin.
— Tu exagères… protesta Wyatt tandis que Kembou préférait disparaître dans la cuisine.
Wyatt fit des efforts pour travailler, ne pouvant s’empêcher d’écouter les bruits que faisaient Kembou dans la pièce d’à côté.
Dominique comprit avant lui qu’il n’arriverait à rien.
— Tu es complètement ailleurs. Bon, écoute, pour cette fois, et cette fois seulement, je vais me charger de ta partie en plus de la mienne, car clairement, c’est une autre partie de ton anatomie qui est aux commandes pour l’heure.
Wyatt aurait aimé rétorquer que son cerveau était en parfait état de marche, mais en vérité, il était bel et bien bloqué sur Kembou et tout ce qui était possible maintenant qu’ils étaient dans le même espace.
— Tu veux vraiment bien ?
Dominique opina.
— Tu es le meilleur. Je te revaudrais ça.
— J’y compte bien répliqua Dominique en rassemblant ses affaires.

lundi 1 avril 2019

Chocolat blanc - 57

— Tu t’absentes encore ce week-end ? demanda Rokia.
Kembou acquiesça. Il aurait fallu une catastrophe pour l’en empêcher. Il brûlait de reprendre Wyatt dans ses bras, de le faire sien. Ces cinq derniers jours s’étaient écoulés avec une lenteur terrible, ses pensées revenant sans cesse à leurs baisers et leurs caresses, au moment où ils n’avaient fait qu’un. Il avait été obligé de prendre des douches froides.
— Encore fourré chez cette face de craie ! Tu étais déjà avec lui la semaine dernière. Tu ferais mieux de te faire de vrais amis.
Kembou avait sur le bout de la langue que Wyatt était bien plus que cela, mais il se contint.
— J’y vais, dit-il, pour couper court à une conversation qu’ils avaient déjà eu un trop grand nombre fois.
Rokia le retint par le bras.
— Pourquoi c’est toujours toi qui fait le déplacement ?
Kembou serra les dents. Son frère allait lui faire rater son bus et son train dans la foulée.
— Sans doute parce que quand il vient ici, tu es aussi accueillant qu’une porte de prison, grommela-t-il.
— Si c’est le cas, c’est une chochotte.
Kembou se libéra d’un geste sec et partit à grandes enjambées furieuses. Il ne savait pas combien de temps encore il allait supporter que Rokia insulte Wyatt sans lui mettre les points sur les i.

                                                     *

Wyatt regarda l’heure. Kembou aurait déjà dû être arrivé. Il soupira. Il ne parvenait pas à se concentrer. Dominique lui donnait pourtant l’exemple, yeux rivés sur son écran, doigts volant sur les touches.
Wyatt inspira à fond et tâche de se remettre à l’ouvrage. Peine perdue ! Il semblait incapable de penser à autre chose que Kembou, sa bouche contre la sienne, ses mains sur lui, son doigt en lui. Cela l’avait obsédé toute la semaine. Il ne comprenait plus les réticences qu’il avait pu avoir à ce qu’ils s’embrassent et tout… Cela avait été parfait ou presque. C’était vraiment étrange de songer qu’il avait failli passer à côté de quelque chose d’aussi extraordinaire parce qu’il n’avait pas envisagé possible que Kembou et lui puisse être ensemble de la sorte. Pourtant,  l’imagination n’était pas quelque chose qui lui faisait défaut.
Le bruit de la sonnette le fit sursauter. Il se leva précipitamment pour aller ouvrir. C’était bien Kembou. Ils s’embrassèrent à perdre haleine, gémissant dans la bouche l’un de l’autre.
Et puis Wyatt se rappela que Dominique pouvait les entendre. Il se détacha de Kembou à regret.