vendredi 5 octobre 2018

Bienvenue à Versélia - 64

Grégoire ne s’arrêta qu’à la nuit tombée, moulu et découragé. Demain, il marcherait encore, mais s’il ne trouvait rien, alors, il lui faudrait renoncer, et dire adieu à Versélia pour toujours.  Reprendre le cours de sa vie normale ne le réjouissait pas, mais errer jusqu’à épuisement dans les bois n’avait pas de sens.
Le débat en lui faisait rage : dans son cœur était ancré la certitude que Versélia et ses habitants existaient, mais sa raison s’y refusait et lui reprochait de persister dans cette folie.
C’est sur ses pensées qu’il s’endormit, et c’est avec les mêmes qu’il se réveilla.
Il remballa ses affaires, hésitant à se servir de la boussole et rebrousser chemin au lieu de s’enfoncer davantage dans les bois.
Il se demanda encore si c’était elle ainsi que sa lampe de poche qui l’empêchait d’entrer à Versélia et songea à s’en débarrasser, mais ne le put. C’était son filet de secours pour ne pas rester perdu au milieu des arbres.
Il se colla des pansements sur les pieds et marcha au hasard. Dans sa frustration à ce qui s’apparentait fort à tourner en rond, il se mit à se parler à lui-même à haute-voix :
— Ce n’est pas juste ! Je ne voulais même pas quitter Versélia ! On m’y arraché, alors que j’avais décidé de rester !
Seul une bourrasque de vent répondit à sa tirade énervée.
Grégoire s’assit au pied d’un arbre et se prit la tête entre les mains. Il était fou. Son acharnement était vain et absurde et pourtant, impossible de laisser tomber.
Il inspira et expira à fond. Il en avait assez de se poser des questions, assez de douter. Il défit et ouvrit son sac à dos pour prendre la boussole, sans savoir encore s’il allait s’en servir pour regagner la civilisation, mais ne la trouva pas. Il étala toutes ses affaires par terre sans plus de résultat. La lampe de poche avait également disparu.
Son cœur se gonfla d’espoir. C’était une signe que peut-être, juste peut-être, il était à Versélia. Il regarda autour de lui. Les cailloux, les fougères et les arbres n’avaient rien de spécial, mais tout de même, la coïncidence de la perte de ses deux objets était trop grosse pour ne rien signifier.
Il se leva. L’arbre auprès duquel il s’était posé avait peut-être une conscience. Il posa la main sur le tronc.
— Bonjour ?
Un oiseau pépia dans les branchages et ce fut tout.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Oh choupinou d'amour je suis tellement triste pour lui qu'il peine à ce point à retrouver le chemin de Versélia :(

J'espère vraiment qu'il y arrivera et j'aimerais trop savoir ce qu'a pensé le Gardien de son retour à son monde...mais comment tout ça est arrivé :)

Vivement la suite, merci pour cet épisode de fin de semaine, bon week-end à toi et hâte d'être à Lundi ^___^