Au Zoo Interplanétaire - 34

Ce que Pieuvre lui avait mis autour du cou ressemblait à un collier pour chien. Quant à l'espèce de sphère en verre, elle avait des allures de casque d'astronaute.
Au lieu de le reprendre par la taille, l'alien le poussa gentiment d'un tentacule hors de la pièce. Après quoi, il ne le fit pas remonter sur la plateforme, mais le tira par l'épaisse lanière fixée au collier qu'il lui avait enfilé. Merwan n'eut d'autre choix que de marcher à grandes enjambées derrière lui.
Où l'emmenait-il ? La question tournait en boucle dans la tête de Merwan. Il aurait dû s'en moquer, parce qu'il avait renoncé à vivre, mais il avait peur.
Avancer dans les allées empruntées par les visiteurs aux heures d'ouvertures lui procurait un effet étrange. Même s'il était attaché, c'était en quelque sorte comme être passé de l'autre côté du décor. Sous ses pieds nus, le sol était d'une douceur irréelle. Autour de lui, étaient enfermés des créatures de tout genre, aussi étranges que les aliens qu'il avait vu défiler à travers ses barreaux.
Merwan trébucha, un tentacule projeté en arrière le rattrapa in extrémis. Pieuvre s'arrêta, se rapprocha, lui parla et Merwan regretta de ne pas pouvoir comprendre.
L'alien reprit ensuite sa marche, à une allure moindre. A un tournant, le décor changea. Au lieu d'animaux encagés, se dressait un haut mur sur lequel étaient dessinées des espèces vaguelettes grises.
Ils le longèrent jusqu'à à arriver à un alien, un saucisson argenté à grandes oreilles. Il y eut un bref échange, Pieuvre montra une tablette et un pan du mur se rétracta, ouvrant un passage.
Devant eux s'étendait une terre violacée sans la moindre grille à l'horizon. Merwan réalisa qu'ils étaient sortis du zoo. Il ne s'en réjouit pas pour autant. Tom lui avait appris que les choses ne sont pas toujours aussi positives qu'on se les imagine. Qui sait ? Il allait peut-être devenir un rat de laboratoire et être disséqué pour des expériences scientifiques – un classique dans les films de science-fiction.
Assez vite, Merwan fatigua. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas autant marché. Quelque chose comme cinq ou six semaines s'étaient écoulées depuis son enfermement au zoo, autant dire une éternité vu tout ce qui lui était arrivé.
Pieuvre dut remarquer qu'il ralentissait, car il l'attrapa par la taille, le souleva et le porta jusqu'aux abords d'un œuf géant tacheté.
Après un échange avec un alien mince comme un fil, un rayon lumineux les aspira à l'intérieur où des extraterrestres flottaient en apesanteur. Ce n'était pas très différent que d'être tenu en l'air entre les tentacules de Pieuvre, mais Merwan se sentait autrement plus mal à l'aise. Heureusement, ils ne tardèrent pas à être éjectés de l'œuf et retrouvèrent la terre ferme. Hélas, dehors, cela grouillait d'aliens majoritairement fins comme des fils.
Pieuvre avait beau le garder près de lui, Merwan n'était pas rassuré pour autant. Être entouré d'extraterrestres, certes prisonnier, mais  également quelque part protégé derrière des barreaux, ne pouvait se comparer à être à moitié balloté dans une foule d'aliens.