Au Zoo Interplanétaire - 28

Zyxxx avait été peiné de la réticence de BM1 à ce qu'il l'emporte : BM2 avait tout gâché et rendu BM1 craintif. Alors qu'il avait eu originellement eu l'intention de prendre soin de BM1 en premier, il s'était chargé d'abord de la femelle, la baignant dans une solution désinfectante très douce.
En l'espace d'une petite journée, l'état de BM1 s'était terriblement dégradé. BM2 l'avait autant esquinté physiquement que mentalement.
Le bipède parut mieux après le bain, mais il demeurait silencieux, lui qui en temps normal jacassait sans cesse. C'était la preuve qu'il allait mal.
Zyxxx ne lui prit pas sa température, craignant trop de lui faire mal vu comme BM2 l'avait blessé à cet endroit. Il le badigeonna de crème apaisante en surface. BM1 se taisait toujours. L'envie de lui faire produire un son, n'importe lequel, devint si forte chez Zyxxx qu'il envisagea de simuler l'organe reproducteur de BM1. Cela lui sembla totalement déplacé de sa part d'y avoir même songé et après  lui avoir tapoté doucement le sommet du crâne, il le ramena à la cage où la femelle était muette et immobile, telle une statue.
— Ne t'en fais pas, petit bipède, il ne peut plus blesser, déclara Zyxxx, tout en ne pouvant s'empêcher de rester soucieux, car même si BM2 ne pouvait plus les atteindre, il était encore bien près et ses cris étaient sans nul doute stressants.

                                                   *

Merwan était soulagé. Il avait été remis avec Anouchka et non avec Tom. Cependant, impossible de se détendre, car ce dernier le harcelait verbalement.
— T'as encore bien pris ton pied, la pédale, hein ?
Merwan prit le parti de faire comme s'il n'entendait rien, mais Tom continua à déverser sur lui un flot de paroles injurieuses, prenant un malin plaisir à lui rappeler comment il l'avait baisé. C'était un autre genre d'enfer. Merwan se plaqua les mains sur les oreilles et fredonna un air.
Tom finit par lâcher l'affaire et se coucher, mais à son réveil, le lendemain il recommença. Merwan chanta tout et n'importe quoi, berceuses, comptines, pour masquer ses propos.
Lui qui avait résolu de ne plus sustenter, fut obligé de boire tellement il avait la gorge sèche à forcer de faire du bruit pour masquer les mots blessants de Tom. Anouchka, elle, demeurait impassible. Elle avait la chance de ne comprendre ni les méchancetés de Tom ni les chants de Merwan. Elle semblait toutefois dérangée par le boucan qui en résultait. Merwan s'arrêtait le moins possible, car chaque fois, Tom en profitait pour lâcher une parole qui faisait revivre à Merwan les humiliations et violences qu'il lui avait fait subir.
Deux jours à ce régime suffirent à Merwan pour qu'il s'enroue, au point que parler lui devienne difficile.