Lykandré - 162

Mme Trott se métamorphosa à son tour et se précipita sur Chveuil dont elle souhaitait se venger. Sous sa forme animale, elle évita les premiers tirs de Danno et Jun, mais n'esquiva pas la seconde salve. Le tigre, assommé par les violents coups de pattes des loup-garou s'effondra au même moment. L'aigle choisit alors de s'envoler en direction des andromorphes que M.Yurimohi conduisait hors du parc. M.Trott réagit enfin. Il bondit par-dessus Lykandré, désireux de régler son compte à l'andromorphe aux cheveux de neige qu'il tenait pour responsable de ses ennuis actuels. Le loup sauta également et leurs deux corps se heurtèrent dans les airs avant de retomber lourdement sur le sol. Blacky se jeta sur le lion, et Koro, avec un temps de décalage, l'imita.
– Bordel ! Dégagez qu'on puisse le tranquer ! cria Danno.
Les trois loups s'écartèrent avec vivacité, se mettant par la même occasion hors de portées des crocs du lion. Danno tira et manqua. M.Trott repartit à l'assaut de Méroé, mais Lykandré s'interposa à nouveau. Les chasseurs d'andromorphes finirent par toucher le lion de leurs tranquilisants sans que ce dernier ne paraisse sentir quoique ce soit. Colibri s'élança en piqué sur le lion, ses serres grandes ouvertes. Emmeline cria. Blacky fonça à la rescousse. Jun et Danno vidèrent leurs chargeurs sur le lion qui s'écroula enfin.
– Jamais vu une bestiole résister comme ça aux tranquilisants, commenta Danno.
– On a intérêt à foutre vite fait ces trois félins dans la cage, déclara Jun.
Lykandré et Komori s'empressèrent de reprendre forme humaine pour donner un coup de main aux deux chasseurs d'andromorphes pendant que Blacky et Koro échangaient un baiser de loup.
Le loup-garou blanc se mit ensuite à parler sans discontinuer, avalant la moitié des syllabes, tellement il avait de choses à raconter à Blacky. Le loup-garou noir ne parut pas le moins du monde ennuyé par ce flots de paroles. Au contraire, il avait l'air incroyablement heureux. Même quand Koro lui avoua tout ce qu'il lui avait caché sur le clan des loup-garous, Blacky ne se départit pas de sa joie. Quand le loup blanc aux yeux glacés se tut pour reprendre son souffle, Blacky déclara :
– Tu es un idiot. Toi qui es si bavard, tu n'aurais jamais dû garder de pareils secrets pour toi. Je suis content d'apprendre que mon père n'a pas abandonné ma mère de son plein gré, et je t'assure que je n'aurais pas insisté pour rencontrer mon demi-frère et les autres membres de ma famille en sachant qu'ils voudraient nous séparer pour que nous nous marrions chacun avec une habitante du village. Plutôt que d'imaginer que tu m'avais quitté ou que tu étais mort dans un coin, j'aurais préféré savoir que tu étais recherché par les gens de ton village.
– Je le suis encore, soupira Koro.