Lykandré - 154

Quand enfin Danno eut convaincu le type de l'accueil, ils montèrent l'escalier et pénétrèrent dans une pièce qui avait certes plus d'allure que la chambre de l'autre Love Hotel, mais où le rose dominait une fois de plus. Un vaste lit rond trônait au centre recouvert d'une courte pointe rouge vif. Chveuil s'y installa, s'adossant avec un soupir d'aise contre les moelleux coussins. Malgré les puissants anti-douleurs que lui avait donné la doctoresse, son bras le fatiguait, même s'il ne voulait pas en tenir compte. Inuyume se laissa tomber pour sa part dans le canapé rose bonbon. Méroé, à nouveau  l'air tendu et mal à l'aise, choisit de s'asseoir dans le fauteuil fuschia auquel Lykandré le conduisit volontiers, non sans regretter de ne pas savoir comment le réconforter. Pendant ce temps, les chasseurs d'andromorphes déposèrent sur le tapis décoré de petits coeurs les sacs  qu'ils avaient emmené avec eux qui contenaient le matériel pour immobiliser Mme Trott. Jun se pencha en avant et commença de suite à déballer sans avoir conscience du regard concupiscent de Danno posait sur ses fesses. Koro, lui, après un rapide tour de la pièce, alla ouvrir la minuscule fenêtre et resta devant. Il guettait le retour de Komori qui avait affirmé pouvoir se débrouiller pour les rejoindre au Love Hotel. Après un moment de silence, ils évoquèrent à nouveau leur plan. C'était vain, mais c'était une manière comme une autre de tromper la longue attente qui s'annonçait.
En fin d'après-midi, juste comme Koro s'inquiétait que la chauve-souris ne soit pas revenue, Komori apparut soudainement dans l'encadrement de ma fenêtre. Il se glissa à l'intérieur avec peine, se métamorphosa et se rhabilla tout en racontant le déroulement de sa mission. Il avait longtemps hésité sur la manière de transmettre le message.  Une chauve-souris qui vole de jour, c'était rare, aussi incongru qu'un homme qui se promène nu dans la rue. Finalement, alors qu'il tergiversait toujours, regrettant d'avoir affirmé être capable de faire parvenir l'invitation à la lionne, la chance avait tourné en sa faveur. Une limousine s'était garée en double file devant l'immeuble et Mme Trott en était descendue, vêtue d'un élégant chapeau vert tout neuf qu'elle venait probablement d'acheter. Komori avait profité de l'opportunité. Il s'était élancé vers elle, avait déposé le message entre ses mains et s'était éloigné à tire d'ailes pour être sûr de ne pas être attrapé.
– Tu aurais dû t'assurer qu'elle prenait bien connaissance de ce qui était écrit ! s'écria Koro.
– Elle doit l'avoir fait, ne serait-ce que par simple curiosité, répondit Inuyume à la place de l'homme chauve-souris.
Komori défendit sa position avec fermeté. S'il s'était attardé, il ne faisait aucun doute qu'il aurait été capturé et tout serait tombé à l'eau. Koro finit par admettre du bout des lèvres que l'homme chauve-souris avait eu raison et qu'il n'y avait plus qu'à espérer que Mme Trott vienne.