Lykandré - 80

Arrivés à destination, comme convenu, un seul des trois camions fut garé en face du bâtiment appartenant à M.Ritahoro. Les deux autres, pour ne pas trop attirer l'attention, furent parqués dans la rue d'à côté. M.Trott et son aigle installé sur un gant à sa main furent d'abord les seuls à descendre. Dès qu'il eut disparu à l'intérieur, M.Yurimohi fit signe au second groupe d'y aller. En douceur, de loin, le renard et la panthère andromorphes visèrent et touchèrent les deux hommes qui gardaient la porte. Ensuite, le corbeau andromorphe quitta ses habits, se métamorphosa et alla rendre aveugle les caméras de surveillance à l'aide d'un sac plastique. A son retour, il se transforma à nouveau et se rhabilla rapidement. L'ensemble du groupe, M.Yurimohi en tête, Lykandré en queue, se rendit alors à la porte où le serpent andromorphe batailla avec la serrure, les gardes n'ayant pas la clef sur eux.
A l'intérieur, ils frôlèrent la catastrophe, car malgré les réflexes du renard et de la grenouille, les gardes faillirent avoir le temps de sonner l'alarme avant que les fléchettes ne les envoient au pays des rêves. Lykandré trouva tout de même que comparé à ce qu'on avait pu lui dire, l'infiltration du bâtiment de M.Ritahoro était étonnamment facile. Emmeline, Colibri, Blacky et lui, munis des ces mêmes fléchettes qui endormaient, s'en seraient aussi biens sortis. Cependant, il fallait bien admettre qu'avoir les plans de l'intérieur du bâtiment était un atout négligeable dans le processus d'infiltration. Obligé d'avancer debout par M.Yurimohi, encombré par les bouts de cuir à ses pieds et par l'ensemble de ses vêtements, Lykandré continuait à fermer la marche.
Ils remontaient le couloir qui menait à la salle d'attente quand soudain, un homme, la braguette ouverte, apparut derrière eux.
– Hé ! Qui vous a autorisés à entrer si nombreux ?
Lykandré qui pourtant avait également reçu un lot de fléchettes, par réflexe, se ramassa sur lui-même et sauta sur l'intrus qui cria. Le corps à corps fut néanmoins bref. Le serpent andromorphe intervint en venant planter une fléchette dans le cou de l'homme qui se débattait sous le poids de Lykandré.
– Utilise les tiennes la prochaine fois. Les cris peuvent attirer d'autres gêneurs, siffla l'homme reptile.
Lykandré se remit sur pieds avec peine, pestant entre ses dents contre ses habits.
Dans la salle d'attente, M.Trott n'avait pas perdu de temps et était déjà entré en action. M.Ritahoro était étalé par terre, le visage griffé et ensanglanté, une fléchette planté dans son avant-bras. Un de ses hommes était étendu à côté de lui, également blessé et endormi.
– Vous n'êtes pas en avance, mes chers, annonça M.Trott.
– Je regrette, mais nous avons eu un léger contretemps, répondit Yurimohi.
– Cher batracien, prends donc le chauve. Il pourra nous servir de bouclier.
M.Yurimohi ramassa le corps de M.Ritahoro et le plaça négligemment sur sur son épaule.
Lykandré trouva que c'était un juste retour des choses, ne pouvant s'empêcher de se rappeler que la dernière fois qu'il avait été dans cette pièce rougeâtre, il avait été traité comme un vulgaire paquet.