Cœur de fantôme - 72

De retour au chaud, Zack eut tôt fait de comprendre que la tâche s'annonçait ardue pour Nino. Il était à nouveau tendu comme un arc et distrait par-dessus le marché, si bien qu'à plusieurs reprises, les parents de Zack durent répéter ce qu'ils disaient au jeune homme.
Zack le couvrit du mieux qu'il put. Le dîner terminé, alors même qu'il était à peine vingt-et-une heures, il déclara que lui et Nino étaient très fatigués et qu'ils allaient se coucher.
Le jeune homme lui adressa un sourire reconnaissant et une fois à l'abri de la chambre, il lui expliqua à mi-voix que le fantôme n'arrêtait pas de gesticuler et grimacer. Il cherchait manifestement à lui communiquer quelque chose.
— Et là que je te dis cela, il hoche vigoureusement la tête.
— C'est fréquent qu'ils tentent de faire ça avec toi ?
— Non, mais en même temps je n'avais jamais eu auparavant personne avec qui discuter de leur présence.  Sans le talisman, j'étais possédé très vite et avec,j'ai meilleur compte à vite  me taire si je vois quelqu'un et pas les autres plutôt qu'on s'interroge sur ma santé mentale.
Le pauvre Nino continuait à en baver. Zack comprenait toutefois les réactions des gens. Lui-même il lui avait fallu un fantôme visible pour accepter la vérité. Sans Kazuya, il aurait continué à penser que Nino était dérangé. Il avait hâte de le revoir...
— On ne va tout de même pas jouer aux devinettes pour savoir ce qu'il veut...
— C'est une idée !
Ils passèrent les heures suivantes à tenter de cerner ce qui retenait le fantôme dans le monde des vivants.
D'abord, debout, ils finirent par s'asseoir sur le lit. Nino, les yeux fixés en direction de la fenêtre, transmettait à Zack les réactions du spectre.
— Bon. Résumons ce que nous avons réussi à apprendre. Ses regrets sont liés à une personne. Une histoire de pardon. Cela remonte à près de deux cents ans. Par conséquent, les gens impliqués sont morts et enterrés. C'est comme pour Kazuya, cette affaire, elle ne peut pas être résolue.
— Non.
— Comment ça « non » ?
— C'est lui qui prétend ça.
— Nous sommes dans une impasse.
Nino secoua la tête, faisant sans nul doute écho au fantôme.
— Alors quoi ? Que propose-t-il ?
Ce n'était pas une question amenant une réponse par oui ou non, aussi cela ne pouvait pas marcher, mais Zack en avait assez. Le jeu n'avait que trop duré à son goût. Nino devait également avoir eu son comptant, car attrapant son talisman, il l'ôta.
La protestation de Zack vint trop tard, le mal était fait.