jeudi 7 mai 2015

Contes modernes - 49

Jim lui rendit son carnet.
— Désolé, j'ai agi de façon puérile. J'avais vraiment envie de voir tes dessins. J'aime les arts. Je suis propriétaire de plusieurs galeries. Je peins aussi, mais sans grand génie.
Ariel récupéra son bien, le feuilleta et cachant une page d'une main, lui montra un coquillage si bien détaillé que l'on aurait presque dit une photo en noir et blanc.
— Merci, dit Jim.
Ariel lui sourit. C'était décidément un grand silencieux.
— Et pas seulement pour le dessin, ajouta Jim, frissonnant en repensant au moment où il était devenu le jouet de la mer.
Ariel tourna les pages de son carnet, reprit son crayon et nota quelque chose qu'il mit ensuite sous les yeux de Jim.
« De rien. »
— Tu as une extinction de voix ?
Ariel secoua la tête et écrivit :
« Je suis muet. »
Il n'était pas sourd pourtant. Or, à la connaissance de Jim, à moins d'être sourd, on n'était pas muet, sauf traumatisme. Jim se retint de poser la question, mais laissa échapper malgré tout :
— Depuis longtemps ?
« Je suis né ainsi. »
Jim exprima son étonnement et Ariel, par écrit, reconnut que c'était en effet rare.
— C'est pour cela que tu n'as rien dit quand Axelle s'est attribuée le mérite de mon sauvetage ?
« Si j'avais écrit, j'aurais relâché ma vigilance. »
— Pourquoi ne pas l'avoir fait un peu plus tard ?
« Vous sortiez avec elle. Vous aviez l'air heureux et je n'ai pas osé. »
— Un bonheur bâti sur une pile de mensonges ne vaut pas grand chose. C'est fini entre nous. Quand je pense qu'elle a été jusqu'à te couper les cheveux...
Maintenant que Jim était tout près de lui, il voyait des mèches irrégulières et rebelles sur le bas de son cou.
« C'est elle qui a téléphoné au secours. Moi, je ne peux pas. »
— C'est ton bouche à bouche qui m'a sauvé, pas le personnel de l'hôpital. J'aimerai te prouver ma reconnaissance d'une façon ou d'une autre.
« Inutile. »
Que pourrait-il lui offrir ? Jim réfléchit.
— Ton mutisme, aucune opération, même coûteuse, ne pourrait te guérir ?
« Je ne crois pas. »
— J'ai les moyens de payer les meilleurs médecins.
« Mes parents m'ont déjà amené à des tas de spécialistes. Je ne veux plus. »
Jim ne voulait pas recommencer comme avec Axelle en l'invitant à dîner, même s'il n'aurait rien eu contre que le jeune homme se jette dans ses bras. Il l'attirait davantage qu'Axelle, muet ou pas.
— Et si tu me montrais d'autres de tes œuvres ? Peut-être pourrais-je en faire exposer certaines ?
« Je n'y tiens pas. »
Ariel ne lui facilitait pas la vie.
— Qu'est-ce qui te ferait plaisir alors ?
Le jeune homme d'une main rapide écrivit :
« J'ai déjà tout ce qu'il me faut. »
— Ah oui ?
C'est vrai qu'Ariel était jeune, bien fait de sa personne,  talentueux et avait un ami qui était là pour lui. Cain était d'ailleurs peut-être même son amoureux et Jim éprouva une soudaine jalousie à l'égard de l'étudiant en journalisme. Tout à l'heure, quand il était assis sur lui, Ariel n'avait eu qu'une réaction physiologique, pas un réel désir pour lui.

3 commentaires:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode :)

J'aime beaucoup la façon dont Ariel repousse Jim et Jim qui lui "court après" ^^

Ariel est un personnage que j'adore (la petite sirène est un de mes contes préféré alors le voir réécrit de cette façon je ne pouvait qu'adorer aussi)

Vivement le prochain épisode XD

Illyshbl a dit…

Pour ma part, mon conte préféré est la Belle et la bête... Je suis heureuse que ma réécriture de ton conte favori te plaise. :)

Cassie a dit…

Ooooow je commence vraiment à aimer cette histoire *.* J'aime vraiment beaucoup ton personnage d'Ariel !