Les jours suivants, Inuyume continua à se montrer froide et Chveuil à ignorer Lykandré. Quant à Méroé, il mangeait avec l'homme loup, mais allait ensuite passer la soirée avec les deux autres. Ils en avaient décidé ainsi ensemble. Ce choix évitait un éclatement complet de leur petit groupe, même si c'était au prix de l'isolement de Lykandré.
Le soir, dans sa chambre, la solitude lui pesait presque autant que son enfermement. C'était dur de n'avoir personne avec qui échanger. La seule consolation était de savoir que de toute façon, vu qu'ils étaient surveillés, parler vraiment librement était impossible.
Comme d'habitude, Lykandré se roula en boule dans la tanière reconstituée, laissant vide le lit en bois clair et s'endormit en tournant et en retournant dans sa tête les différentes manières de fausser compagnie au groupe Trott.
Il fut tiré de son sommeil par le grincement de la porte de la chambre. Les sens en alerte, il se redressa, mais son flair lui apprit que l'intrus n'était autre que Méroé. Comme il parlait toujours fort mal sous sa forme animale, il se transforma.
– Je suis désolé de te réveiller, mais Chveuil a appris par l'intermédiaire de Mme Trott quelque chose de terrible... murmura Méroé dans l'obscurité.
– Quoi donc ? aboya Lykandré en achevant sa métamorphose, mais sans se donner la peine de faire disparaître ses oreilles et sa queue de loup.
– A travers les différentes branches du groupe, ils se débrouillent pour trouver des andromorphes mâles ou femelles de la même espèce ou proche et ils les obligent à s'accoupler afin de donner naissance à de nouveaux andromorphes.
Cela rappela à Lykandré le laboratoire du docteur Nakahira et le désir de Goëric que Bang ou lui s'accouplent avec Inuyume. Il poussa un grognement désabusé. Avec le groupe Trott, ils allaient de découvertes pénibles en surprises désagréables.
Méroé se jeta alors dans les bras de l'homme loup et laissa éclater d'un ton désespéré :
– Je ne veux plus être obligé de coucher avec qui que ce soit ! C'est avec toi que je veux faire l'amour !
– Tu m'aimes ? demanda Lykandré qui avait du mal à croire ce qu'il venait d'entendre.
– Oui. C'était ça que je n'osais pas te dire, car je sais bien que tu ne t'intéresses pas à moi comme ça, soupira l'andromorphe aux cheveux de neige en s'écartant à regret.
– Nous sommes tous les deux des mâles, et de toute façon, ce n'est pas la saison des amours.
– Cela ne m'empêche pas d'avoir le cœur qui bat très fort en ta présence et de souhaiter que tu m'embrasses. Ta saison des amours n'est pas la mienne et elle n'est valable que pour ta forme animale. Mais ne t'en fais pas, je ne t'embêterais plus jamais avec ça. J'aurais mieux fait de garder ça pour moi. J'espère que tu seras très heureux avec la louve ou la chienne que le groupe Trott te dénicheras.
Sur ces mots amers, Méroé voulut partir, mais contrairement à la dernière fois, Lykandré s'y attendait. D'un bond, il fut sur lui.