mercredi 31 août 2011

Lykandré - 56

– Je prends ça pour un oui. Alors, déjà, je suis content de t'annoncer que Danno et moi, nous allons te ramener dans l'île d'Inukotou. Ce n'est peut-être pas la meilleure planque qui soit, mais de toute façon, c'est là que tu seras le mieux. Avec beaucoup de bol, tous les gens qui pourraient vouloir te récupérer ne penseront pas à venir t'y rechercher. Et s'ils le font, ce sera à toi de te planquer.
Jun fit une pause avant de continuer :
– Je parie que tu dois pas bien saisir. Pourquoi les gens qui sont aller te foutre dans la merde t'en sortirait, c'est pas logique, hein ? Le truc, c'est que quand je t'ai vu sur l'île, ça a fait remonter des souvenirs de ma petite enfance que j'avais oublié sur ma mère. Je m'en rappelais plus, car j'ai été élevé dans un foyer pour enfants depuis que je suis tout gosse... Mais en te voyant, je me suis souvenu de ma mère. C'était un berger allemand. Une chienne andromorphe. Pour mon père, j'en sais rien et je m'en tape, mais il devait être cent pour cent homme ou alors j'aurais plus de caractéristiques animales. Enfin, j'imagine. Ce que je sais, c'est qu'à part une ouïe un poil plus développée que la moyenne des gens, j'ai rien d'un chien. J'étais bien emmerdé par ce souvenir et j'aurais voulu faire quelque chose pour toi quand on t'a capturé, seulement je pouvais pas faire ça à Kinsué. Il m'a tiré de la misère en m'offrant ce job et ça nous aurait foutu dans la panade de  pas te livrer comme convenu. Et puis bon, c'était à un labo scientifique pas à un truc atroce comme celui de M.Ritahoro. Alors quand je t'ai revu là-bas, mon sang n'a fait qu'un tour. Tu risquais de mourir dans un de ses putains de films de pervers. J'aurais bien voulu t'acheter à ces amateurs qui t'avaient chopé, mais le chauve est arrivé trop vite et après c'était fichu. Prendre d'assaut l'immeuble de Ritahoro, ça semblait quasi-impossible à deux, mais je ne désespérais pas, et comme on connait un peu un type qui travaille là-bas, on a pu se renseigner discrétos et apprendre ton transfert. Là, c'était tout suite plus jouable. Et bingo !
Jun se tut un instant, tout essoufflé par sa longue tirade, puis reprit :
– Tu vas me prendre pour un con, mais je me dis que t'es un peu comme le frère que je n'ai jamais eu.
Lykandré, à moitié noyé par le flot de paroles de Jun, mit un moment à assimiler toutes les informations. La plus importante de toute, était qu'il allait enfin retrouver son île bien-aimée, et chose improbable, grâce à ceux qui l'en avait arraché ! Mais la plus fascinante, c'était de penser que Jun était un homme à part entière, en dépit de sa mère andromorphe. Cela brouillait encore plus les pistes entre les andromorphes et les humains. Mais ressembler, cela ne voulait pas dire être... A part peut-être dans le cas de Jun. En tout les cas, ce qui était certain, c'est quelque soit la véritable nature des andromorphes, cela ne donnait pas le droit aux humains de les enfermer.

mardi 30 août 2011

Lykandré - 55

Le loup supposa qu'il avait été revendu au laboratoire du docteur Nakahira, son absence de performance sexuelle ayant dû être trop décevante pour M.Ritahoro. Une fois de plus, il ne sut pas comment prendre la chose. Indépendamment du fait qu'il n'était pas sûr d'être bien en cours de transfert pour le laboratoire, il était peiné de ne même pas avoir pu dire au revoir à Chveuil et Méroé. Mais comme d'habitude avec les humains, il n'avait pas son mot à dire, juste à subir.
Les gars ne discutant pas entre eux, Lykandré ne put avoir de confirmation de son hypothèse avant qu'une odeur familière frappe ses narines, suivie d'une voix connue. Celle de Goëric.
– Je suis venu te chercher en personne, Lykandré. J'ai hâte que nous soyons de retour au laboratoire où tu pourras me raconter en détails ta petite escapade.
A tout les coups, l'homme blond devait sourire. Et le loup fut finalement content que sa cage ait été recouverte d'un drap. Il n'était pas pressé de revoir le sourire de Goëric.
Le ronronnement désormais familier du moteur d'une camionnette occupa ensuite l'espace sonore. Que Lykandré le veuille ou non, il allait retrouver le laboratoire et ses questions. Le fait que ce soit mieux que M.Ritahoro et ses films, était une maigre consolation. Savoir que pire existait, était même plus déprimant. Chveuil, Méroé et bien d'autres étaient toujours dans cet enfer.
Ils étaient en route depuis un moment quand il sembla à Lykandré que le moteur vrombissait plus fort. L'instant d'après, la camionnette s'arrêta brutalement. Le loup se cogna contre les barreaux de sa cage. Des cris retentirent, puis la camionnette redémarra en trombe. Quant à savoir, ce qui s'était passé au juste, c'était impossible à dire. La tête douloureuse, Lykandré attendit de voir. Pour le moment, tout ce qu'il pouvait constater, c'est que les secousses étaient plus fortes et le bruit du moteur plus élevé. Cependant, bientôt la camionnette ralentit jusqu'à ne plus avancer. Il y eut le bruit de l'ouverture des portières et Lykandré, flairant l'air, constata qu'il avait en effet changé de mains. Et ce n'était pas n'importe lesquelles. C'était celles de Jun et de Danno. Toujours grâce à son ouïe, Lykandré perçut qu'on le changeait de véhicule. Un nouveau bruit de moteur se fit entendre et le tissu rouge qui lui bloquait la vue fut partiellement retiré. Dans la pénombre, Lykandré vit alors Jun, le visage masqué d'une cagoule, coincé entre la paroi du véhicule et la cage.
– Salut ! Si tu piges ce que je dis, tu veux bien pousser un jappement ou quelque chose ? Cela m'évitera de causer pour rien, déclara Jun en retirant sa cagoule.
Lykandré fit claquer ses crocs. Il avait grand besoin d'explications, car il ne comprenait plus rien. Jun et Danno l'avaient-ils récupéré pour le vendre à quelqu'un d'autre ?

lundi 29 août 2011

Lykandré - 54

L'andromorphe aux cheveux de neige se lança, à priori soulagé de lâcher le sujet qui fâchait :
– Mes parents adoptifs ne m'ont pas dit que j'étais un mouton. Ils m'ont raconté pendant des années que j'avais une maladie rare qui m'obligeait à vivre en reclus. Ma mère adoptive a cependant dû tout m'avouer quand j'ai eu neuf ans, car j'avais été aperçu en train de me métamorphoser par l'enfant d'un voisin. Il n'a heureusement pas été cru par les gens à qui il a raconté ça, mais mes parents ont préféré me dire la vérité afin que je comprenne à quel point il était important que je ne sois pas vu. Je croyais être un humain, certes particulier, mais humain, alors la nouvelle a été un sacré choc pour moi, mais l'amour dont j'étais entouré m'a aidé et pendant les années qui ont suivi, j'ai fait tout ce que je pouvais pour rester à l'abri des regards. Mon père adoptif m'avait appris à lire, alors je me suis occupé en bouquinant. Mais tout ça s'est terminé à mes dix-huit ans. Ils ont eu un accident de voiture et c'est un cousin éloigné qui a hérité de la ferme. En découvrant mon existence, il s'est empressé de trouver un moyen de se débarrasser de moi.
Ces dernières phrases prononcées par Méroé furent dites d'une voix empreinte d'une tristesse infinie. Dans son histoire, le meilleur et le pire de l'humain se côtoyait. Lykandré voulut prononcer quelques mots de réconfort, mais se transforma avant. Méroé eut à supporter à la place une remarque peu charitable de Chveuil.
– Dix-huit ans de liberté et tranquillité, c'est très bien. Cela ne donne pas du tout envie de pleurnicher sur ton sort !
Lykandré émit un grognement désapprobateur. Méroé était à plaindre, comme tous les andromorphes enfermés contre leur gré, à l'exception peut-être de ces fameux collaborateurs qui entraient dans le jeu des humains.
– Alors, moumou, tu dis plus rien maintenant que loulou privé de ses moyens ne te pousse plus à faire la conversation ?
– A partir de maintenant, je ne vous répondrai plus, ni à l'un ni l'autre, répondit Méroé avec douceur et fermeté.
Chveuil lui lança quelques piques pour le faire réagir et l'obliger à revenir sur sa décision, mais finit par renoncer comme l'homme mouton gardait le silence.
Lykandré ne sut jamais si Méroé aurait agi de même avec lui s'il lui avait parlé, car quelques heures après cela, le loup fut embarqué et sa cage recouverte d'un tissu rouge.

vendredi 26 août 2011

Lykandré - 53

Tiré par le dresseur, Lykandré fut conduit sur la scène où Chveuil venait d'en finir avec la femelle andromorphe. Celle-ci fut emmenée par un gars en chemise à fleurs, mais personne ne vint chercher Chveuil qui ne parut pas fâché.
– Vais-je voir loulou se faire prendre par moumou ? demanda-t-il.
– Non, tu vas juste avoir un spectateur de plus pendant que tu fricotes avec "moumou" comme tu dis, répondit le gardien de Méroé en le libérant.
Le dresseur fit de même avec Lykandré non sans un dernier avertissement :
– Ne bouge pas de cette chaise jusqu'à ce que je sois revenu te mettre ton collier. OK ? C'est dans ton intérêt, mais aussi dans celui de ton ami.
Lykandré acquiesça. Voir deux andromorphes mâles s'accoupler en direct ne devait pas être très différent de l'épisode dont il avait été témoin entre Jun et Danno sur l'île d'Inukotou et, tant qu'il n'était plus dans l'obligation de participer à ces insanités, cela lui convenait. Mais cela ne l'empêchait pas de plaindre Chveuil et Méroé. Enfin, surtout le second, car le premier n'avait pas l'air trop peiné de ce qu'il s'apprêtait à faire. La force de l'habitude, peut-être.
Chveuil et Méroé, rodés dans l'exercice, n'eurent guère besoin d'instructions pour s'accoupler. Dans toute sorte de positions, Chveuil s'enfonça dans le corps de Méroé, lui arrachant des sons plus proches de la détresse que du plaisir. C'était très différent de Jun et Danno. C'était forcé. Mécanique. Sans affection.
Ce fut un réel soulagement pour l'homme loup quand M.Ritahoro décréta que c'était dans la boîte.
Quelques minutes après, on lui fit réintégrer sa cage, mais ni Méroé ni Chveuil qui ne réapparurent qu'une heure après.
– Où étiez-vous ? s'enquit Lykandré une fois les accompagnateurs des deux andromorphes partis.
– Au bain, répondit Méroé.
– Tu y as coupé parce tu ne puais pas la sueur et le sperme, précisa Chveuil d'un ton mordant.
Lykandré n'aurait pas été contre un bain comme chez Blacky après ce qui s'était passé avec l'andromorphe aux cheveux de neige, mais il préféra ne rien en dire, car rien que d'y repenser le mettait mal à l'aise.
– Je suis désolé, déclara soudain Méroé.
– De quoi tu t'excuses ? Pas de t'être donner en spectacle, j'espère ? demanda Chveuil.
L'andromorphe aux oreilles rousses et aux longs cheveux noirs était vraiment bizarre. Après avoir fait la tête, refusant de parler, il s'en donnait maintenant à cœur joie.
– C'était avant qu'on soit filmé... murmura Méroé.
– Ce n'était pas comme si tu avais voulu faire ça, coupa Lykandré.
– Je commence à deviner... Ce n'est pas cool de me faire des cachotteries, loulou, déclara Chveuil.
Lykandré s'offrit le luxe de ne pas relever.
– Tu termines de me raconter comment tu es arrivé ici, Méroé ?

jeudi 25 août 2011

Lykandré - 52

Hélas, le chauve qui avait repéré leur arrivée, se leva de son siège pour leur donner des instructions.
– Ça va bientôt être à vous. Mon cher mouton, tu vas gentiment sucer la bite de notre toute nouvelle recrue pour le mettre en condition et après vous passerez devant les caméras. Tu le chevaucheras. Sois mignon et essaye d'y mettre plus de passion que lors de tes précédentes prises.
Méroé lança un regard désolé à Lykandré, puis se mettant à genoux, il avança la main vers le sexe de l'homme loup qui eut un mouvement de recul. Cependant, comme il n'était pas encore très à l'aise dans la position debout, il perdit l'équilibre et serait tombé si le dresseur ne l'avait pas retenu.
Hélas, cette "aide" empêcha Lykandré d'éviter une nouvelle fois d'être touché par Méroé. La bouche de ce dernier se referma sur son pénis. La sensation n'était pas horrible en elle-même, mais sous les yeux du chauve, du dresseur, du gardien de Méroé et des autres gens aux alentours, c'était pénible à supporter. Avec brutalité, Lykandré s'arracha aux mains du dresseur, tout en repoussant Méroé.
Le dresseur qui avait la laisse à la main, le retint avant qu'il ne prenne le large :
– Tu devrais te laisser faire. M.Ritahoro pourrait très bien décider de t'affamer et ensuite de te mettre dans la même pièce que ton ami mouton pour une vidéo gore à souhait. OK ?
Lykandré renonça à s'enfuir, pas tant à cause de la menace que parce qu'il savait que sa tentative se serait de toute façon soldée par un échec vu le nombre d'humains présents dans le studio. Il laissa une nouvelle fois Méroé sucer son sexe. Cependant, l'homme mouton eut beau le lécher, le pénis de Lykandré resta mou.
– Mets-y du tien, insista M.Ritahoro auprès de Méroé qui prodiguait déjà tous les soins qu'il pouvait à Lykandré.
– Cela arrive avec les animaux saisonniers pour le sexe, commenta le dresseur. On peut toujours lui filer un aphrodisiaque, ajouta-t-il.
Le chauve secoua la tête.
– Cela n'est pas donné. Tant pis. Je vais changer mes plans. Ce ne sera pas la première fois. Notre andromorphe impotent fera de la figuration sur une chaise pendant qu'il regardera notre mouton prendre du bon temps avec notre cheval écureuil. Ce sera parfait pour les amateurs de voyeurisme.

mercredi 24 août 2011

Lykandré - 51

Quand redevenu loup, Lykandré fut ramené dans sa prison. Il constata que la cage de Chvreuil était à nouveau vide tandis que Méroé, toujours sous sa forme animale, semblait dormir. Lykandré essaya de faire de même, mais entre le bruit, l'avenir qu'il attendait et la fermeté avec laquelle M.Ritahoro avait nié qu'il était un loup, il en fut incapable. Il avait plaint Chveuil d'être seul de son espèce, mais à la réflexion, c'était peut-être à tort. Peut-être tous les andromorphes constituaient en réalité une famille, une espèce à part et étrange... Non, il était un loup, Méroé un mouton et Chveuil, aussi incroyable que cela puisse paraître, un croisé entre un écureuil et un cheval... Sauf que l'union entre ces deux animaux qui n'avaient pas grand chose en commun n'avait été possible qu'en raison de leur transformation respective en humain. Et dans ces conditions, Lykandré était obligé de reconnaître qu'il n'était pas un véritable loup. D'ailleurs, rien le fait qu'il réfléchisse à ce genre de problème était significatif. En même temps, tout ça était la faute de la situation. Sur l'île d'Inukotou, occupé à chasser, à courir et à éduquer les louveteaux de la meute, il n'aurait pas eu le temps de s'interroger. Là-bas, c'était simple, il était un loup tout ce qu'il y a de plus authentique.
Plusieurs heures s'écoulèrent avant qu'il se métamorphose à nouveau, à peu près en même temps que Méroé. A la demande Lykandré, l'homme mouton reprit le fil de son histoire, expliquant comment rejeté par les ovins en raison de sa différence morphologique, il avait été adopté par les propriétaires de la ferme qui, n'arrivant pas à avoir d'enfants, avaient accueilli sa venue comme un don du Ciel.
Cependant, avant que Méroé ne puisse terminer de raconter comment d'enfant choyé par un couple d'humain, il était devenu un prisonnier de M.Ritahoro, le dresseur de Lykandré et un autre homme vinrent les chercher pour les amener dans une vaste pièce où sur une scène éclairée entourée de machines noires, une andromorphe gémissait sous les coups de reins de Chveuil. Derrière les machines, des hommes s'affairaient tandis qu'assis sur une chaise en toile, M.Ritahoro donnait des directives.
– C'est le petit studio, expliqua Méroé à voix basse à Lykandré qui regardait autour de lui, cherchant un moyen quelconque de s'échapper.
– On t'a pas sonné, alors ferme ta gueule, l'agneau, déclara le type qui tenait la laisse de l'homme mouton.
– C'est vrai, mais s'il veut présenter les lieux à son ami, ça m'épargne du boulot, alors laisse-le faire.
– Toujours partant pour en faire le moins possible, hein ?
Le dresseur opina et Méroé reprit timidement la parole.
– Dans le petit studio, ne sont tournés que des vidéos de moindre envergure.
– De la baise pure et dure, en gros, intervint le dresseur.
Méroé continua ses explications, mais Lykandré, toujours à la recherche d'une issue, ne l'écoutait pas vraiment.

mardi 23 août 2011

Le prince au petit pois

 Il était une fois une roi et une reine qui voulaient que leur fils épouse une véritable princesse, hélas, aucune de celles qu'ils lui présentaient ne trouvait grâce aux yeux du prince. Cependant, par une nuit de tempête, se présenta à la porte du château une jeune personne, nus pieds, vêtue de haillons. Elle était trempée de la tête jusqu'aux pieds et quand elle demanda refuge au château, la première réaction du garde fut de la refouler. Mais finalement, pris de pitié, il l'a fit entrer, lui offrant de s'abriter dans les écuries, ce que la jeune personne accepta volontiers. Néanmoins, une fois à l'intérieur, elle ignora la paille fraîche et partit quête des cuisines pour y quémander un peu de nourriture. La cuisinière, une femme au cœur sec, refoula la créature mouillée et mal habillée. Cette dernière clama alors haut et fort qu'elle était une princesse et que des bandits de grands chemins s'étaient attaqués à son escorte, massacrant ses gens et la laissant pour morte. Ce à quoi la cuisinière lui claqua la porte au nez en se moquant. Un valet simplet qui avait tout entendu, proposa alors à la prétendue princesse en haillons d'aller plaider sa cause auprès des souverains du château, ce que cette dernière accepta. Propulsée dans la salle du banquet entre un jongleurs et un ménestrel, elle conta son histoire. Sa peau basanée et son visage émacié plurent au fils du roi qui pria sa mère de donner un lit à la princesse en guenilles. La reine était dubitative sur les origines royales de la jeune personne. Cependant, voyant que son fils s'en était amouraché, elle décida de vérifier les dires de l'inconnue en lui offrant un lit qu'elle piègerait à sa façon. La jeune personne en haillons fut invitée à la table royale, puis la reine partit donner des instructions pour le lit de la soit-disant princesse. Sur ses ordres, des servantes réunirent vingts matelas et vingts édredons en plume dans une même chambre et les empilèrent les uns sur les autres, non sans que la reine n'ait au préalable glissé un petit pois sous le premier matelas de la pile. Si la princesse en guenilles se plaignait le lendemain d'avoir mal dormi, alors, cela confirmerait qu'elle était de bonne naissance !

Pour monter sur son lit, la prétendue princesse eut besoin d'une échelle, mais elle ne discuta pas les dispositions qui avaient été prises pour son coucher.
Laissée seule, elle ôta ses haillons et enfila la grande chemise de nuit blanche qu'on avait posé pour elle sur les oreillers, puis elle s'allongea et ferma les yeux, heureuse d'être au chaud alors que dehors la pluie tombait drue et le tonnerre grondait.
Soudain, elle se réveilla en sursaut. Quelqu'un l'avait rejoint sur sa pile de matelas et d'édredons. Avant qu'elle n'ait le temps de pousser un cri de surprise, une main se posa sur sa bouche et déclara :
– N'ayez pas peur, je vous prie. C'est moi, le prince Derek.
Interloquée, la soit-disant princesse hocha la tête en signe d'assentiment et Derek retira sa main.
– Il fallait que je vous vois, que je vous parle, reprit le prince. Dès que je vous ai vu, je suis tombée amoureux de vous, comme si la foudre m'avait frappé. Et vous, que pensez-vous de moi ?
– Je ne sais pas. Mais vous feriez mieux de regagner votre lit.
– Pas tout de suite. Laissez-moi vous embrasser d'abord, et peut-être saurais-je d'un baiser faire naître l'amour en vous, déclara le prince.
Là-dessus, sans attendre de réponse, il prit possession des lèvres de celle qu'il avait aimée au premier regard. C'était un baiser profond et plein de fougue, mais cela ne suffisait pas à Derek. Il avait beau savoir qu'il ne devait pas aller plus loin, que cela n'était pas convenable, il voulait plus. Il défit les boutons du haut de la chemise de nuit et caressa la poitrine de la jeune femme. Elle était extrêmement plate, pour ne pas dire inexistante, mais cela ne gêna pas Derek. Il joua avec les tétons, tout en continuant à embrasser celle à qui il espérait inspirer des sentiments amoureux. Le prince poussa ensuite la couette qui le gênait et s'allongea contre le corps de celle qui avait capturé son cœur, lui faisant perdre toute mesure. Sentant quelque chose de dur et chaud au niveau de l'entrejambe, le prince interdit, remonta le bas de la chemise de nuit, et glissa la main le long de la cuisse de sa bien aimée où il découvrit un pénis long et brûlant, plus gros que le sien. Derek eut un brusque mouvement de recul. Il serait tombé du lit pour une chute peut-être mortelle si celui qui avait clamé être une princesse ne l'avait pas rattrapé à temps.
– Je croyais que vous étiez une femme, murmura le prince.
– Oui, j'ai menti. Les demoiselles en détresse font plus pitié que les hommes et j'ai profité de mon physique androgyne pour avoir un lit et un repas chaud.
– Vous n'êtes pas de sang royal non plus ?
– Non. C'était également un mensonge. Je ne suis qu'un pauvre hère. Mon vrai nom est Erik.
Derek se dit qu'il devrait faire jeter ce mendiant pour les avoir trompés ses parents et lui, mais il y renonça, car il ne voyait guère comment expliquer sa présence dans la chambre de la  « jeune femme » et la manière dont il avait découvert son véritable sexe. Sans compter la terrible chute que venait de lui éviter le mendiant. Enfin, Derek n'arrivait pas à se défaire du sentiment amoureux qu'il ressentait à l'égard d'Erik bien que ce dernier soit un homme, comme lui... mieux doté que lui.
– Pourquoi m'avez-vous laisser vous caresser sachant que cela trahirait votre secret ? demanda le prince.
– Votre baiser m'a enflammé et j'ai perdu toute capacité à raisonner. J'avais envie que vous continuiez.
– Vous avez déjà... commença Derek, avant de s'interrompre, pas certain de vouloir savoir à la réflexion si le jeune homme avait déjà eu des relations sexuelles avec d'autres personnes.
Cependant, Erik parut deviner la question que le prince allait lui poser.
– Personne n'est intéressé par un gueux.
Le poids qui pesait sur la poitrine de Derek s'envola. Pauvre ou pas, guenilles ou pas, femme ou pas, le prince continuait à être attiré. Il reprit les lèvres d'Erik et fit courir ses doigts sur le corps de celui-ci, n'hésitant pas à caresser sa virilité. Dans son pantalon, son sexe durcissait de plus en plus, brûlant d'un désir qu'il ne voyait pas comment assouvir. Il ôta néanmoins ses habits tandis qu'Erik retirait sa chemise de nuit. Ils se retrouvèrent alors peau contre peau.
Erik ne sentait pas la rose, car personne ne lui avait offert de prendre un bain, mais Derek n'y prit pas garde. Il voulait s'enfoncer dans Erik, le posséder et il finit par trouver où entrer. D'un puissant coup de rein qui arracha un petit cri à Erik, Derek le pénétra. Puis, comprenant qu'il lui faisait mal, il voulut se retirer, mais Erik le retint.
– J'ai entendu des histoires dans la rue, je devrais m'habituer à toi. Continue.
Le prince mit à bouger en lui et petit à petit la crispation d'Erik disparut et il se mit à accompagner le mouvement en poussant des gémissements de délice. Ils jouirent ensemble.
Le prince resta étendu un moment sur Erik, puis roula sur le côté et le prit dans ses bras.
– Je t'aime, déclara Derek.
Erik se pelotonnant contre lui, répondit :
– Moi aussi, mais nous n'avons pas d'avenir. Mon mensonge sera vite découvert.
Derek savait qu'il avait raison, mais son cœur, ne pouvait l'accepter. Il voulait pouvoir passer le restant de ses jours avec Erik et peu lui importait ses origines et son sexe.
– Tu serais prêt à te déguiser en femme pour le restant de tes jours ?
– Oui, mais même si je m'habille en robe, je serais incapable de te donner un héritier. Et puis, de toute façon, je ne crois pas que tes parents soient convaincus que du sang royal coule dans mes veines.
– Nous pourrons toujours adopter, et pour le reste, nous verrons demain.
Après un dernier baiser et la promesse qu'Erik resterait là jusqu'à ce que le prince ait essayé d'obtenir l'autorisation d'épouser « la mystérieuse princesse en guenilles », Derek retourna à pas de loup dans sa chambre afin que nul ne sache qu'ils avaient passé une partie de la nuit ensemble. Erik, malgré ses doutes et ses inquiétudes sur ce qui se passerait au petit matin, s'endormit, épuisé par la longue marche qu'il avait effectué avant d'arriver au château et par son corps à corps amoureux avec le prince.


 Le lendemain, il se réveilla tout courbaturé. Il descendit l'échelle avec lenteur, enfila ses hardes sans hâte, se rafraîchit avec l'eau de la cuvette posée sur la commode, puis sortit de la chambre. Seul la promesse qu'il avait fait à Derek et son envie de le revoir ne serait-ce qu'une dernière fois le retenait de quitter le château avant d'être toute façon obligé de le faire puisque rien ne pouvait faire devenir vérité ses mensonges.
Dans le couloir, il demanda à un serviteur où se trouvait la famille royale. L'homme le conduisit dans la même salle que la veille où le roi, la reine, le prince et quelques uns de leurs courtisans étaient attablés pour un petit déjeuner tardif.
– Avez-vous bien dormi ? demanda la reine sur le ton de la conversation.
– Bien, votre altesse, répondit poliment Erik, tout en se massant le bas de son dos qui était douloureux depuis que le prince l'avait étreint.
– Vous êtes endolori ? interrogea la reine à qui son geste n'avait pas échappé.
– Oui, votre altesse, reconnut Erik qui ne voyait pas de raison de mentir.
La reine glissa alors quelques mots à l'oreille du roi qui approuva. Elle révéla ensuite son stratagème à toutes les personnes présentes et toutes admirent que seul quelqu'un de sang royal pouvait être sensible et délicat au point de sentir un petit pois sous vingt matelas et vingt édredons en plume. Erik, déconcerté, croisa le regard de Derek qui se mordait la joue pour ne pas éclater de rire. Il savait pourquoi « la princesse » était courbaturée.  Quelques courtisans félicitèrent la reine pour sa brillante idée et le prince retrouva assez de sérieux pour demander à épouser « la princesse. » La reine qui pensait s'être assurée des origines de l'inconnue qui s'était présentée au château, approuva le mariage. Le roi alla dans le sens de sa femme et c'est ainsi que les noces du prince Derek et de la mystérieuse princesse en guenilles furent célébrées.
Nul se douta jamais que « la princesse » était en réalité un mendiant, car le prince se chargea lui-même d'habiller et dévêtir en femme celui qu'il avait épousé.

FIN

lundi 22 août 2011

Trois ans de Love boy's love...

Voilà, ça fait trois ans maintenant que l'aventure Love boy's love a commencé. Merci du fond du coeur à tous ceux et celles qui me lisent. J'espère pouvoir partager avec vous mes histoires pendant encore longtemps.

A l'occasion de 3ème anniversaire, voici pour commencer un petit sondage d'opinion :
Quelles sont vos histoires favorites ? Et pourquoi ?
  1. 12 + 1 = ? et sa suite  (roman fantaisiste)
  2. Cicatrices  (roman tranche de vie)
  3. Le Suivant du prince  (roman fantasy)
  4. Mémoire Etoilée  (roman SF)
  5. Fleur Bleue  (roman tranche de vie)
  6. Trois après (nouvelle)
  7. Si Cendrillon était un homme... (conte)
  8. Blanc-Neige (conte)
Ensuite, quelles sont vos couvertures préférées ?

Acheter 12 + 1 = 14 ! Acheter 12 + 1 = ?Acheter CicatricesAcheter Mémoire étoiléeAcheter Le Suivant du PrinceAcheter Fleur Bleue
Enfin, est-ce que vous aimez les gargouilles ?


Je tiens également à vous annoncer qu'à la rentrée, pour fêter en beauté ce 3ème anniversaire, sortira Le baiser et plus encore, un recueil de nouvelles érotiques, et qui contiendra 12 histoires inédites + une que vous avez déjà lu, Trois ans après.

Autre petit évènement pour marquer ce 3ème anniversaire, je vous invite à choisir ce que vous voulez lire demain sur le blog pour fêter sa 3ème année d'existence :
*Double dose de Lykandré (c'est-à-dire, l'équivalent de 2 voire 3 épisodes)
*Le conte du prince au petit pois dans son intégralité !
*Une des nouvelles du recueil Le baiser et plus encore dont voici le récapitulatif :

Le Baiser : entre Max et Loup, tout a commencé par un baiser volé... seulement ils semblent coincés à ce stade.
Trois ans après  : Alec oubliera-t-il une fois de plus l'anniversaire de sa rencontre avec Léo ?
Touché Coulé  : Akamaru n'apprécie guère le maître-nageur jusqu'au jour où ce dernier lui fait un bouche à bouche...
Retour de vacances : Yoshiki, suite à une longue période d'abstinence, éjacule dans son sommeil suite à un rêve érotique...
Découverte dérangeante : un père homosexuel, tout un programme !
Sacré semaine : Shizu n'arrête pas malgré lui de se retrouver dans des situations embarrassantes.
Sexo : Akihiko est bien ennuyé de découvrir que le nouvel employé est l'homme avec lequel il a baisé le week-end passé.
Problèmes de voisinage : Gen apprend que, même quand on habite seul, on n'est pas tranquille. Il y a les voisins.
Le réveil sonne toujours deux fois : Kasumi a couché avec un jumeau, mais lequel ?
Douche brûlante : Hisao, en prenant une douche chez son petit ami, ne s'était certainement pas attendu à ça...
Une voix féminine : pas facile d'avoir une voix de femme quand on est un homme !
La frontière de l'amitié : Emon n'est plus certain de considérer son ami comme un simple ami.
Obsession : Hiroji, un garçon timide, est fou amoureux en secret d'un des camarades de classe qu'il passe son temps à couver des yeux.

Lykandré - 50

Le chauve eut un petit geste de la main qui signifiait que cela n'avait pas d'importance, avant de déclarer avec une certaine sécheresse :
– Non, c'est inutile. En tant qu'animal supposé disparu au Japon, ce loup a en effet une valeur indéniable. Ceci dit, en tant qu'andromorphe, il ne peut être réellement considéré comme tel.
Se voir nier son statut de loup blessa Lykandré au plus profond de son être. Il aurait cent fois préféré un coup de fouet ou une décharge électrique plutôt qu'entendre ça. Il était un loup. Il avait toujours eu sa place dans la meute malgré sa bizarrerie. Il n'aurait voulu n'avoir rien en commun avec ces horribles humains qui souriaient en vous enfonçant un couteau dans le cœur, mais il prenait leur apparence et il ne pouvait nier qu'il avait pris goût à l'art de converser.
– Je suis un loup, affirma-t-il avec force.
– Tu es un andromorphe, répliqua M.Ritahoro sans élever la voix.
C'en fut trop pour Lykandré. Il bondit instinctivement en direction du chauve pour lui faire ravaler ses paroles et retomba sur ses pattes à quelques centimètres de sa cible, le cou étranglé par son collier de cuir.
Comme si de rien n'était, le chauve s'adressa alors au dresseur:
– A la prochaine transformation conjointe de cet andromorphe et de notre homme mouton, envoyez-les moi. Nous ferons une première vidéo et verrons si notre ami ci-présent continue à faire le fier. En attendant, je compte sur vous pour poursuivre son entraînement.
Sur ces mots, il sortit, sans se soucier des grondements furieux qui s'échappaient de la gorge de Lykandré.
– Tu as de la chance que M.Ritahoro ne soit pas du genre à s'énerver. Maintenant, marche.
– Je refuse.
L'homme loup en avait assez de se plier aux ordres, assez de la chaîne, assez des humains qui osaient nier ce qu'il était.
– Tu n'auras pas à manger.
– Je m'en moque.
Ce n'était pas tout à fait vrai, mais la faim ne la taraudait pas comme à son arrivée.
– Ton ami mouton sera également privé de nourriture. OK ?
La menace fit soudain réaliser à Lykandré l'autre raison pour laquelle nouer des liens avec les autres andrormorphes était dangereux. Ne se donnant pas la peine de répondre, il se remit sur ses deux pieds. Il ne voulait pas que Méroé qui s'était montré si aimable avec lui soit privé de repas par sa faute.
– Je préfère ça, déclara le dresseur.
– Pas moi, murmura Lykandré tout en se mettant à marcher d'un pas traînant.

vendredi 19 août 2011

Lykandré - 49

Les yeux noirs de Méroé prirent une teinte nostalgique.
– Dans une ferme. Mes parents et mes frères moutons avaient peur de moi. Ils ne considéraient pas comme l'un des leurs. Mais les gens qui tenaient la ferme...
La voix de Méroé se mua en bêlement. Il se transformait. Lykandré devrait attendre pour savoir comment l'andromorphe aux cheveux de neige était arrivé dans cet endroit sinistre. L'homme loup tenta de parler avec Chvreuil, mais celui-ci ne daigna pas répondre. Lykandré reprit donc son rôle de spectateur silencieux et immobile, s'intéressant aux différentes couleurs de colliers que portaient les andromorphes en laisse qui passaient. Puis le dresseur réapparut. Comme l'autre fois, il l'emmena dans son bureau, lui assurant qu'il aurait un repas s'il était sage. Cependant, alors que Lykandré marchait maladroitement debout, limité dans ses mouvements par la chaîne fixée au sol,  M.Ritahoro entra.
– Il paraît que tu es sage comme une image et que tu as déjà noué des liens avec d'autres de nos pensionnaires. C'est bien, très bien, et ce même si je ne suis pas certain que nous te gardions longtemps, le laboratoire Nakahira étant prêt à payer le triple de la somme que j'ai déboursé pour te récupérer.
Lykandré ne put vraiment se réjouir de la nouvelle. Si le chauve le revendait, il ne ferait jamais qu'échanger une prison contre une autre. Sans compter qu'au laboratoire du docteur Nakahira, il ne retrouverait pas les andromorphes qui avaient rendu son séjour supportable. Colibri, Bang et Inuyume étaient désormais ailleurs : le perroquet avait regagné le logis de sa maîtresse tandis que Bang et Inuyme devaient résider dans le refuge.
M.Ritahoro continua :
– A dire vrai, si j'hésite autant sur la conduite à tenir, c'est qu'un certain Goëric Anton m'a contacté par canal privé pour me demander de l'embaucher dans sa section recherche, si jamais je refusais de te revendre. Or, cela m'intrigue. Est-ce juste un simple attachement sentimental de sa part ou bien parce tu as une valeur que j'ignore ?
– Arrête de marcher et réponds à M.Ritahoro, ordonna le dresseur.
Lykandré se figea et se mit à quatre pattes. Il ne voyait pas quoi dire au chauve. Il avait du mal à penser à autre chose qu'au fait que se tenait devant lui l'homme responsable de tous les films atroces qui lui avaient été montrés. Hélas, il avait beau être tout près, il était inatteignable à cause de cette maudite chaîne.
– Je sais que je vaux mieux que vous, grogna-t-il finalement, une lueur de défi dans ses yeux oranges.
– Voulez-vous que je le punisse pour son impertinence, M.Ritahoro ? demanda le dresseur.

jeudi 18 août 2011

Lykandré - 48

L'andromorphe aux oreilles rousses se mit à ricaner.
– J'aimerai bien voir un loup se faire baiser par un mouton. Parle-moi, loulou, histoire que je puisse assister à l'évènement aux premières loges !
Lykandré ouvrit la bouche pour le remettre à sa place, puis la referma, se rendant compte qu'en répondant, il entrait dans son jeu.
– Chveuil, arrête de t'en prendre à lui. Il ne t'a rien fait, intervint Méroé.
– Et ? Je ne suis pas un gentil mouton comme toi. Quoique, au fond, tu n'es peut-être qu'un pervers puisque tu as parlé à loulou ici présent en sachant que cela vous amènerait à faire des galipettes ensemble.
La discussion prenait un tour dément qui donnait envie à Lykandré de se boucher les oreilles.
– Tout ça est contre nature, grogna-t-il.
Les cheveux de Chveuil s'agitèrent et il cracha sur le sol de sa cage.
– Stupide corniaud ! Ce qui te paraît anormal est mon pain quotidien depuis ma naissance qui elle-même doit te paraître une aberration.
– Calmez-vous, je vous en prie, déclara Méroé en regardant nerveusement deux hommes en chemise à fleurs qui approchaient.
– Et pourquoi donc ? Tu sais, un collier orange t'irait à merveille ! rétorqua Chvreuil.
– Holà, c'est animé par ici ! s'exclama l'un des deux hommes en arrivant à leur hauteur.
– Et c'est encore notre cheval écureuil le coupable, je parie. Je me demande quand est-ce que M.Ritahoro va se décider à se débarrasser de lui, d'une manière ou d'une autre, dit l'autre type.
– Oui, moi aussi, annonça Chvreuil.
Les deux hommes firent comme s'ils n'avaient pas entendus et ils continuèrent leur chemin. L'andromorphe aux oreilles rousses ne parut soudain plus aussi affreux à Lykandré. Chvreuil n'était pas vraiment un animal sans être pour autant être un humain. Il n'appartenait à aucune espèce et n'avait jamais connu rien d'autre que cet univers renfermé et glauque, tout en apprenant par les andromorphes capturés à l'extérieur qu'un autre monde existait, un monde auquel il n'aurait jamais accès. A présent excédé et désespéré, il se moquait de tout, des autres comme de lui.
– Cesse de me regarder avec ses yeux étincelants de pitié, loulou, je préfère ta colère, lança Chvreuil avant de se retourner pour ne plus voir l'homme loup.
Lykandré hésita à se remettre à bavarder avec Méroé compte tenu des risques, puis décidant qu'ils s'étaient déjà fait remarquer et que de toute façon, faire des choses sexuelles avec cet andromorphe ou un autre était délirant, il se lança :
– Où vivais-tu avant d'être amené ici ?

mercredi 17 août 2011

Lykandré - 47

– Quel problème cela pose-t-il, concrètement ?
– Selon nos propos, ils peuvent changer la couleur de nos colliers en considérant que nous faisons preuve de désobéissance. Et puis, cela peut être rapporté à M.Ritahoro et lui donner des idées.
– La couleur des colliers ?
Méroé secoua doucement la tête, apparemment gêné que Lykandré veuille qu'ils poursuivent leur conversation.
– Oui, elle a un sens. Les noirs sont pour les andromorphes qui viennent d'arriver et dont on ne sait pas exactement à quoi on peut s'attendre. Par opposition, les blancs sont pour ceux qui sont catalogués comme définitivement inoffensifs. Les gris sont pour ceux qui sont sages, mais restent potentiellement dangereux. Les oranges sont pour ceux qui sont mal comportés sans que ce soit trop grave. Les rouges sont pour ceux qui ont outrepassé les limites de façon significative tandis que les violets sont réservés aux récidivistes. Si on le porte plus de deux fois, cela signifie que l'on en a plus pour longtemps. Enfin, il y a les colliers roses pâles qui sont destinés à ceux qui collaborent pleinement. On n'en voit peu, parce qu'en règle générale, ils quittent la pièce commune pour une salle spéciale.
Les explications de Méroé ne faisaient que soulever de nouvelles interrogations.
– Collaborer, comment ça ?
– Cela implique de jouer des rôles dans des films avec ferveur et sans jamais rechigner, quoiqu'il nous soit demander.
Repensant une fois encore aux extraits vidéos qu'on lui avait montré, Lykandré devina que l'homme cheval devait être un de ces fameux collaborateurs. Le mouton, en revanche...
– A toi, il doit te manquer l'enthousiasme, laissa-t-il échapper.
La peau pâle de l'andromorphe aux cheveux de neige devint plus blanche encore qu'elle n'était et Lykandré s'en voulut d'avoir touché un sujet sensible. Il attendit que Méroé ne réplique, mais ce dernier garda le silence, ses yeux noirs emplis de tristesse.
– Quel genre d'idées cela peut-il donner aux humains qu'on parle ensemble ? reprit Lykandré avec curiosité.
Méroé soupira.
– Rien d'extraordinaire. Mais tu peux être certain que nous serons mis en scène dans un même film.
Lykandré resta sans voix. Les humains n'oseraient-tout de même pas faire s'accoupler un loup avec un mouton ? C'était absurde. Contre nature. Et tout à fait le genre d'horreur dont les humains étaient capables.

Manga Yaoi en août 2011

Août est un mois calme, pas de doute. Mais bon, quand même 4 sorties boy's love (et peut-être même 5)

Le 17 août, chez Tonkam, nouveau titre de Piyoko Chitose...
J'attends l'amour

Les fans de la mangaka doivent être ravis, vus que c'est le 3ème one-shot de la mangaka qui sort chez l'éditeur cette année et le 4ème d'elle en France (les autres étant Le fruit de toutes les convoitises, Close to me, Me and you... the naughty) Enfin, le 25 août, chez Taïfu Comics : une nouvelle série et 2 fins
Quant aux autres personnes (moi entre autres), elles espèrent que Tonkam proposera bientôt d'autres mangakas.



Sinon, le 19 août, peut-être que sortira Junjo Romantica Vol.5 de Shingiku Nakamura comme écrit sur le site de Kazé, mais peut-être aussi ne sortira-t-il qu'en septembre comme vu dans un manga d'Asuka. A voir le jour J.


Dear Green : A la recherche de ton regard Vol.1 de Hyouta Fujiyama, début d'une série en 3 volumes qui terminera définitinement dans mon étagère, car aucun titre de l'auteur ne m'a jamais déçu.
Love Mode Vol.11 de Yuki Shimizu (fin de série)
Comme un chat sur le sol Vol.3 de Miyagi Tooko (fin de série)


Total 4 sorties boy's love : 26,85€ (Taïfu) + 7,95€ (Tonkam) = 34,80€

Sinon, pour info, c'est finalement ce mois-ci, le 20 août, que sort le tome 1 du shojo manga Ma copine est fan de yaoi de Rize Shinba et Pentabu chez soleil.

mardi 16 août 2011

Lykandré - 46

Épuisé, Lykandré finit par sommeiller jusqu'à ce que le volume de la cacophonie ambiante augmente brutalement. De là où il était, il ne vit pas ce qui était à l'origine du remue-ménage, puis un fauve passa en flèche devant lui et il comprit. L'une des bêtes sauvages avait pris la fuite, sans doute au moment où un humain l'avait sorti de sa prison. Mais le fauve n'alla pas loin. Il y eut plusieurs coups de feu. L'animal ralentit sa course et s'écroula. Au milieu des odeurs de peur et de sueur, Lykandré ne flaira pas de sang et il supposa qu'il s'agissait du même genre de balles qui avait été utilisées contre lui lors de sa capture de l'île d'Inukotou. Les humains s'agitèrent autour du corps du fauve, et puis tout redevint comme avant, comme si la tentative de fuite désespérée n'avait jamais eu lieu. Cependant, il était certain que l'animal serait puni...
Le loup sentit son corps changer et la métamorphose eut lieu. Dès qu'elle fut achevée, il s'empressa d'aborder l'homme mouton.
– Hé, mouton ! Comment appelles-tu ?
L'andromorphe aux cheveux neige, comme la première fois, parut hésiter avant de répondre.
– Méroé, souffla-t-il. Et toi ? ajouta-t-il après une brève pause.
– Lykandré. Tu es ici depuis longtemps ?
– Je ne sais pas exactement. C'est difficile à dire. Au moins trois ans. Mais nous ne devrions pas bavarder ensemble.
– Pourquoi ?
– Se faire remarquer n'est pas une bonne chose ici. C'est ce que j'ai essayé de te faire comprendre tout à l'heure, quand tu t'es énervé.
– Il m'avait provoqué, rétorqua Lykandré en lançant un regard peu aimable en direction de l'andromorphe aux oreilles rousses.
Ce dernier avait toujours le dos tourné et il était impossible de dire s'il dormait ou s'il écoutait leur conversation.
– Oui, il passait sa mauvaise humeur sur toi, cela lui arrive. Il ne faut pas entrer dans son jeu.
– Pourquoi ne reprend-t-il jamais sa forme originelle ?
– Il n'a pas d'autre apparence que celle-là. Il est né ici. Son père est un cheval et sa mère était une écureuil femelle.
Ainsi, le mystérieux andromorphe était le fruit d'une union qui n'aurait jamais dû être productive. Il était donc unique dans son genre, ce qui ne devait pas être facile pour lui.
– En quoi est-ce gênant que nous parlions ? demanda Lykandré comme Méroé ne disait plus rien.
– Si je t'ai répondu, c'est que je sais que c'est dur au début, quand on débarque, mais maintenant, je te préviens, continuer à converser n'a rien d'anodin.

lundi 15 août 2011

Lykandré - 45

– Vas-y, criailles tant que tu veux, je m'en moque, tu ne peux pas m'atteindre, stupide loulou à sa mémère !
Les poils de Lykandré se hérissèrent et il posa ses pattes sur la porte grillagée de la cage, comme s'il voulait la pousser pour l'ouvrir. Un bêlement du mouton détourna son attention de l'impudent andromorphe. Le mouton secouait la tête. Il le mettait en garde. Lykandré comprit le message. Il cessa de gronder et se rallongea. L'air déçu, le mystérieux animal aux oreilles rousses lui tourna alors le dos.
C'était vraiment un andromorphe étrange, songea Lykandré. Il lui était antipathique. D'abord, parce qu'il l'avait ignoré quelques heures plus tôt, ensuite parce qu'il l'avait insulté... et enfin parce il ne redevenait jamais entièrement un animal d'après le type grassouillet.
A nouveau le mouton bêla plaintivement. Il se métamorphosait. Le loup le regarda prendre peu à peu visage humain. Et, quand la transformation fut complétée, il repensa à la vidéo dans laquelle l'andromorphe aux cheveux neige avait subi les assauts de l'homme cheval et se demanda combien de fois il avait dû supporter ce genre de choses. Il aurait aimé lui poser cette question et bien d'autres, mais pour l'heure, il ne pouvait que le regarder. Les moments où il souhaitait parler étaient bien les seuls moments où il regrettait de ne pas être sous sa forme humaine.
Lykandré en était là de ses réflexions quand deux hommes arrivèrent avec une cage qu'ils déposèrent entre la sienne et celle du mouton. L'un des types en sortit un rongeur qu'il fourra dans la prison où se trouvait une souris grise lors de l'arrivée du loup. Cet événement mit Lykandré mal à l'aise, car ayant eu un aperçu des films tournés par M.Ritahoro, il ne pouvait plus s'imaginer que la souris grise avait simplement été transférée ailleurs. Elle avait dû être massacrée lors d'un de ses affreux films comme celui avec la femme renarde, et un destin semblable attendait possiblement le nouvel occupant.
A cette pensée, le loup fut pris d'un désir d'hurler à la mort. Cependant, il se retint. Se montrer trop bruyant ne semblait pas une bonne idée d'après le mouton. Lykandré fit un tour sur lui-même. Il n'y avait vraiment rien à faire dans cet espace si restreint. Le loup reprit son observation des allées et venues, jetant de temps à autre un regard à l'homme mouton et au mystérieux andromorphe. C'était décidément pénible d'être limité dans ses activités et d'être coupé de la nature.

vendredi 12 août 2011

Lykandré - 44

Pendant un temps qui parut fort long à Lykandré, il marcha en rond comme un humain, puis une métamorphose le sauva du pénible exercice et il fut reconduit dans sa cage.
En face, le mouton et le lapin, sous leurs formes animales, étaient aussi de retour. Leurs odeurs étaient toujours appétissantes, mais Lykandré était rassasié. Il s'allongea et constata avec horreur qu'ainsi installé, il occupait toute la longueur de sa prison. Il cala son museau entre ses pattes et ferma les yeux, mais il ne parvint pas à s'endormir. Les allées et venues étaient plus nombreuses qu'au laboratoire du docteur Nakahira et le bruit ambiant, cent fois plus élevé. L'appartement de Blacky, en comparaison, avait soudain des allures de paradis, même si bien sûr, l'idéal aurait été de dormir sur la terre sableuse de l'île d'Inukotou, bercé par le bruissement du vent dans les feuilles et le bourdonnement des insectes. Lykandré renonça à trouver le sommeil et regarda à nouveau autour de lui. Le mouton tout rond mâchonnait de l'herbe tandis que le lapin dans la cage adjacente croquait une feuille de salade. Dans l'allée, des hommes en chemises fleuries passaient avec des plateaux de nourriture, d'autres en tirant des andromorphes en laisse.
Le mystérieux animal aux oreilles rousses et aux longs cheveux noirs, un collier en cuir rouge autour du cou, était justement ramené par un homme grassouillet qui pérorait l'air furieux. Comme ils approchaient, Lykandré put distinguer ce qu'il disait :
– C'est pas parce que tu restes sous une forme semi-humaine en permanence qu'il faut te prendre pour un homme. T'es qu'une bête ! Alors si tu continues à faire le difficile et le prétentieux, même si tes performances globales sont bonnes, je peux te dire que tu feras une très belle victime !
L'animal aux oreilles rousses ne répliqua pas, mais comme animés d'une vie propre, ses longs cheveux se balancèrent de droite à gauche. Le gars grassouillet le poussa méchamment dans sa cage, lui rappela une dernière fois qu'à la prochaine incartade, les films "gentillets" se seraient finis pour lui, puis il repartit.
Lykandré croisa le regard du mystérieux andromorphe qui, cette fois, daigna lui adressa la parole :
– Qu'est-ce que tu regardes, sale corniaud ? Si tu crois que je ne t'ai pas vu faire le toutou... Pouah ! Être doux comme un agneau quand on est un loup, il faut le faire !
Lykandré se redressa et grogna en direction de l'andromorphe qui venait de l'insulter.

jeudi 11 août 2011

Lykandré - 43

– Pas de questions ? Des préférences sur le genre de vidéos auxquelles tu aimerais participer sachant que les trois dernières sont réservées aux andromorphes désobéissants ?
– Pourquoi faîtes-vous ça ? répliqua Lykandré sans vraiment croire que son interlocuteur allait lui répondre, car au laboratoire du docteur Nakahira, jamais personne ne le faisait.
– L'argent. C'est un business. Beaucoup de gens payent pour voir ses combats d'animaux, ses snuff movies, ce sexe bestial. Sans compter les dons d'organes. Le gros avantage de tout ça, c'est vu que vous n'êtes que des animaux, tout le monde ou presque se moque de votre disparition. Enfin, ultime bonus, on peut vendre des données aux laboratoires comme celui dont tu viens.
– Je ne viens pas d'un laboratoire. Je suis né libre, sur une île, protesta Lykandré en secouant  la chaîne attachée à son collier.
– Tu n'es qu'un animal, répliqua le dresseur. Tu as déjà eu des expériences sexuelles sur ton île ou ailleurs ?
– Non.
Le dresseur ressortit son calepin noir et nota l'information.
– Ma foi, ce n'est pas très grave. Tu parles bien et tu marches de façon acceptable, à défaut que ce soit élégant... Pour le sexe, un membre dressé planté dans un trou et le tour est joué. Tu devrais t'en tirer et pouvoir faire tes débuts d'acteur dans les jours qui viennent.
– Nous sommes en automne, pas au printemps, ce n'est pas la bonne saison, objecta Lykandré qui décidément ne comprenait pas le besoin qu'avait les humains de copuler toute l'année.
– Aucune importance. Avec la stimulation appropriée, ta verge sera dure et droite, que tu sois humain ou animal, saison ou pas saison. Ce n'est pas comme si on comptait faire de toi un heureux père de famille. Même si bien sûr, vu qu'on ne s'embarrasse pas de préservatifs, il y a toujours des risques, mais il est rare que ces unions entre andromorphes d'espèces différentes portent leurs fruits. Bref, maintenant, lève-toi et marche jusqu'à ce que je te dise d'arrêter.
Lykandré obéit, tout en se demandant s'il avait raison de continuer à se montrer docile. Peut-être que l'intérêt scientifique de Goëric, même mêlé d'un certain sadisme, valait mieux que M.Ritahoro et ses films pornographiques... Mais évidemment, il n'avait pas le choix. Ni pour être revendu, ni pour le type de films dans lequel on le mettrait en scène. Désobéir, contrairement à ce qu'il avait cru au premier abord, cela n'impliquait pas forcément d'être puni par un combat à mort avec un autre animal, mais aussi d'être tué pour être disséqué ou même pire... Lykandré manqua de perdre l'équilibre à cette pensée, mais réussit à rester sur ses deux pieds, ce qui lui valut des félicitations du dresseur et la promesse renouvelée qu'il serait bientôt filmé, chose dont l'homme loup se serait volontiers passée.

mercredi 10 août 2011

Lykandré - 42

Lykandré ravala sa colère et continua à avancer, suivant le dresseur hors de la salle où étaient enfermés les andromorphes. Dans le couloir bleuâtre, il trébucha, tomba et voulut reprendre la marche à quatre pattes, mais le dresseur tira sur sa chaîne pour l'obliger à se relever.
– Tu ressembles à un homme, alors comporte-toi comme tel.
– Malgré mon apparence, je suis un loup, grommela Lykandré.
– Peu importe. Réserve le quatre pattes à ta forme animale. OK ?
A pas lents, l'homme loup recommença à marcher jusqu'à que le dresseur le fasse entrer dans une pièce aux murs blancs rayés de noirs qui contenait un bureau en cèdre et trois chaises métalliques.
– Assieds-toi là, ordonna le dresseur à Lykandré en lui désignant un des sièges.
L'homme loup s'approcha et posa ses fesses dessus comme il avait appris au laboratoire du docteur Nakahira. Le dresseur fixa alors la chaîne sur un crochet dans le sol, sous la chaise, puis s'installa en face de Lykandré, de l'autre côté du bureau. Là, il ouvrit un ordinateur portable et tapota quelques instants avant de tourner l'écran vers l'homme loup.
– J'ai lancé une liste de lecture contenant cinq extraits représentatifs de ce que filme M.Ritahoro.
Sur l'ordinateur, Lykandré vit un gros serpent s'insinuer en se tortillant entre les cuisses d'une femme aux oreilles de chat qui gémissait. Puis, l'image disparut pour laisser place à un homme à la crinière chevaline qui fourrait son pénis dans le cul d'un homme mouton que Lykandré reconnut - c'était celui qui avait bien voulu lui parler. La bouche de l'ovin haletait, mais ses grands yeux noirs étaient emplis de tristesse. L'image changea encore. Un coq et un roquet se battaient avec acharnement à coups de bec et griffes pour l'un, et de crocs pour l'autre. Le coq creva l'œil droit du chien et il y eut un fondu au noir. Cette fois, un type, un couteau à la main, entaillait le corps ensanglantée d'une femme renard qui hurlait tandis que l'homme chevalin déjà vu avec le mouton, la besognait. C'était l'extrait vidéo le plus horrible. Lykandré avait dépecé bien des créatures pour se nourrir, mais ici, il n'était pas question de manger la renarde andromorphe, juste de la faire souffrir. Finalement, des hommes en blouse apparurent : ils étaient penchés sur un andromorphe mort dont le corps était recouvert d'écailles rouges. Enfin, l'écran devint tout noir. C'était fini et c'était tant mieux, car ce mélange de cruauté et de perversion était dur à regarder. Tout cela ne faisait que renforcer la piètre opinion qu'avait Lykandré des humains.

mardi 9 août 2011

Lykandré - 41

Il se laissa examiner sans broncher, même quand les soins qui lui étaient prodigués lui firent un peu mal, si bien que cela fut vite fini.
Le dresseur le ramena à sa cage et repartit, lui assurant que son repas arriverait promptement. Lykandré prit donc son mal en patience. Il aurait bien repris sa discussion avec l'homme mouton, mais la cage de ce dernier était à présent vide, de même que celles de la souris et du lapin. Le mystérieux animal aux oreilles rousses avait été également emmené. Il fit d'autres tentatives pour engager la conversation avec les andromorphes emprisonnés qui l'entouraient, mais elles se soldèrent toutes par des échecs. Pour la première fois depuis qu'il avait quitté l'appartement de Blacky, il réalisa que le garou lui manquait. D'ailleurs, il n'était pas parti à cause de lui, mais parce qu'il en avait assez d'être confiné, ce qui au final se révélait stupide puisqu'il se retrouvait à présent enfermé dans un espace beaucoup plus restreint.
Enfin, un type mal rasé en chemise fleurie s'arrêta devant la cage de Lykandré avec un morceau de viande posé sur un plateau. L'homme ouvrit la trappe dans la porte de la cage et y glissa la viande. Non sans regretter de ne pas avoir ses crocs, Lykandré s'attaqua avec appétit à ce qui se révéla être un quartier de mouton.
Il ne lui fallut guère plus d'une dizaine de minutes pour l'engloutir et bientôt, il n'eut plus rien d'autre à faire que de regarder autour de lui  tout en écoutant les piaillements des animaux. Il s'apprêtait à faire un somme, quand le dresseur revint :
– Puisque tu es toujours sous ta forme humaine, et que tu sembles disposer à obéir et par conséquent à être opérationnel en un temps record pour être filmé, je vais te montrer le genre de films que M.Ritahoro tourne et t'apprendre en chemin à marcher debout. OK ?
Il s'agissait d'une question rhétorique, plus là pour faire jolie qu'autre chose, car sans attendre, le dresseur ouvrit la cage et en deux temps trois mouvements, enfila une collier en cuir à Lykandré sur lequel il accrocha une chaîne.
– Vas-y, mets-toi sur tes deux pattes arrières.
Comme il n'y avait pas moyen d'y couper, Lykandré se mit lentement debout.
– Pas mal. Maintenant, avance un pied après l'autre.
L'homme loup fit un pas hésitant, puis un autre. Il détestait ça. Les oreilles de loup de Lykandré s'aplatirent sur son crâne, ses cheveux se hérissèrent et sa lèvre supérieure se retroussa. Il avait envie de mordre l'humain...
– Arrête de faire cette tête et marche, déclara avec autorité le dresseur.

lundi 8 août 2011

Lykandré - 40

– J'ai déjà été enfermé par des humains, crut bon d'expliquer Lykandré.
– Oh ? Intéressant. Où donc ?
– Au laboratoire du docteur Nakahira.
– Ainsi, la rumeur qu'il y avait eu un casse chez eux était vraie. Ma foi, s'ils sont prêts à y mettre le prix, peut-être que tu y retourneras. A moins bien sûr que M.Ritahoro ne préfère te garder pour ses projets personnels.
La perspective de revoir l'infâme Goëric  déplut à Lykandré qui s'en voulut de ne pas avoir été capable de tenir sa langue. Hélas, entre les interrogatoires au laboratoire et les bavardages avec Blacky, il s'était habitué à discuter avec les humains.
Le dresseur, après avoir noté quelques mots dans un calepin noir sorti de la poche de sa chemise, reprit :
– Maintenant, je vais te sortir de ta cage, te mettre une laisse et t'emmener te faire soigner, OK ? Après ça, je te ramènerai ici et si tu as été bien sage, tu auras le droit à un morceau de viande.
Lykandré hocha la tête. Cela ne lui plaisait pas plus que ça, mais il avait intérêt à ne pas se montrer trop difficile s'il ne voulait pas retourner aux mains de Goëric. En étant accommodant, le risque qu'il soit revendu diminuerait, du moins l'espérait-il.
Le dresseur ouvrit la cage et referma un collier en cuir noir autour du cou de l'homme loup avant d'y fixer une chaîne.
– Peux-tu marcher debout ? demanda-t-il comme Lykandré restait à quatre pattes.
– Non, mentit l'homme loup qui n'appréciait pas du tout l'inconfortable position.
– Tu apprendras.
– Est-ce vraiment nécessaire ?
– Oui, car cela offre des possibilités cinématographiques.
Là-dessus, le dresseur tira sur la laisse de Lykandré qui n'eut d'autre choix que de le suivre.
Une fois sortis de la salle où étaient enfermés les andromorphes, ils débouchèrent dans un long couloir éclairé d'une lumière bleuâtre. Ils avancèrent de quelques mètres et le dresseur introduisit l'homme loup dans une pièce toute blanche qui sentait le sang et le désinfectant. Trois hommes blouses vertes s'y trouvaient. L'un rangeait des bouteilles dans un placard métallique tandis que les deux autres étaient penchés sur une table où était couchée une belette. Celui qui avait le nez dans le placard termina ce qu'il faisait et vint vers eux.
– Le nouveau venu tolère déjà la laisse ? demanda-t-il d'un ton surpris.
– Et oui, je suis doué, répliqua le dresseur.
– Cela sent surtout l'andromorphe vicieux qui prépare un coup tordu.
– Ne te fais pas de bile, je reste à côté pour le surveiller.
– Je préfère ça.
Lykandré constata avec une certaine amertume qu'une fois de plus, les humains parlaient de lui comme s'il n'était pas là.

vendredi 5 août 2011

Lykandré - 39

Le loup observait toujours le lapin, quand soudain, il sentit son corps se transformer. Il geignit. Ses blessures rendaient la métamorphose encore plus pénible que d'habitude. Quand enfin elle fut achevée, Lykandré décida de profiter du fait qu'il pouvait parler pour interroger les autres animaux transformés dans les cages environnantes. Comme le mystérieux animal aux oreilles rousses le snobait, Lykandré se rabattit sur le mouton.
– Hé ! Toi, le mouton ! appela-t-il.
Deux grands yeux noirs se tournèrent vers lui, mais l'andromorphe aux cheveux neige ne répondit pas.
– Je viens d'arriver, tu pourrais me dire comment les choses fonctionnent ici ? insista Lykandré, tout se disant que peut-être l'autre ne le comprenait pas.
L'homme mouton inclina la tête sur le côté, comme s'il hésitait à engager la conversation, puis répondit d'une voix douce :
– Cela dépend de ce à quoi on te destine.
– C'est-à-dire ?
– Suivant ton attitude et les besoins de M.Ritahoro, tu rentreras dans le rang des victimes ou bien celui des acteurs réguliers ou encore celui des cobayes.
Tout cela parut assez obscur à Lykandré qui allait demander des détails quand un homme s'arrêta devant sa cage, l'empêchant de poursuivre la conservation.
– A ce que je vois, tu parles. Tant mieux, cela me facilitera grandement la tâche. Il ne reste plus qu'à savoir si tu es aussi civilisé.
Lykandré devina qu'il se trouvait en présence de la personne supposée le dresser.
– Qu'est-ce que vous attendez de moi ?
– Que tu te conformes aux instructions qui te seront données.
– Et si je ne le fais pas ?
– Pour commencer, tu seras privé de repas et si tu persistes, je suis sûr que même un animal comme toi aurait dû mal à sortir victorieux d'un combat avec un lion. M.Rihatoro m'a déjà informé qu'il pensait que cela pourrait faire un joli petit film.
Soudain, le terme de « victime » utilisé par le mouton faisait sens. Les punitions différaient du laboratoire, mais le fond restait le même. Il fallait obéir. Lykandré décida de ne pas se rebeller pour le moment. D'abord parce qu'il avait faim et ensuite parce qu'il n'avait pas vraiment envie de mourir sans avoir revu son île et les siens. Enfin, savoir qu'il avait une porte de sortie si la captivité et les exigences de ces geôliers lui pesaient trop, rendait les choses acceptables. Oui, perdre la vie en combattant était une manière satisfaisante de quitter le monde.
– Je ferai ce qu'on me dira, déclara-t-il.
– Vraiment ? Étonnant ! Mais cela m'arrange.

jeudi 4 août 2011

Lykandré - 38

L'homme baissa la tête et sa main blessée contre sa poitrine, il s'empressa de s'excuser. Le chauve était sans l'ombre d'un doute l'alpha des lieux. Cependant, à l'inverse de Goëric, l'assistant en chef du docteur Nakahira, il ne semblait pas tolérer que les bêtes qu'il achetait et emprisonnait soit malmenées.
L'installation du loup étant achevée, le chauve et ses subordonnés s'éloignèrent. Lykandré s'assit sur son arrière-train et flaira son nouvel environnement. Certains des andromorphes qui se trouvaient dans les cages en face de lui sentaient divinement bons. Il y avait là un lapin noir avec un nez blanc, une souris grise dodue et un mouton tout rond au regard triste. L'estomac de Lykandré gargouilla. Avec tous les efforts qu'il avait fourni, les quelques rats qu'il avait réussi à capturer ces derniers jours n'avait fait que calmer son appétit sans le satisfaire. Il avait faim. Même un morceau de viande froid et sans vie lui aurait convenu. En attendant, l'odeur du mouton et du lapin lui mettait l'eau à la bouche. Malheureusement, ils étaient hors de sa portée, chacun dans une cage derrière des barreaux.
Lykandré croisa le regard d'un andromorphe dont il ne sut dire quel animal c'était. Ses petites oreilles rousses et rondes qui dépassaient d'une longue chevelure noire n'aidaient pas à l'identifier et sa senteur lui était inconnue. L'andromorphe détourna les yeux et Lykandré reporta son attention sur les trois animaux appétissants qui étaient enfermés en face, séparés de lui par une étroite allée, bien à l'abri dans leurs cages. Le mouton se mit à se transformer en bêlant de douleur. Sa toison fondit devenant une peau blanche et laiteuse. Ses pattes s'allongèrent devenant des jambes et des bras frêles. Enfin, il prit un visage humain : un petit menton pointu, d'immenses yeux noirs et des cheveux frisés couleur neige. Sous sa forme humaine, le mouton ne paraissait plus aussi tentant à manger et Lykandré s'en désintéressa pour se focaliser sur le lapin qui s'était blotti au fond de sa cage, tout tremblant, comme s'il avait senti que le prédateur en face de lui mourrait d'envie de le dévorer. Le loup resta hypnotisé par cette vue un long moment, l'eau à la bouche. Cependant, il restait conscient de ce qui se passait autour et il se rendit compte que les mêmes transformés les animaux ne se parlaient guère entre eux. Entre les cages, de nombreux humains passaient, apportant de la nourriture, emmenant des andromorphes en laisse. Les allées et venues ne cessaient jamais. Chaque fois qu'un type en chemise passait avec de la viande ou du poisson, Lykandré se prenait à espérer que c'était pour lui, mais ce n'était hélas jamais le cas.

mercredi 3 août 2011

Lykandré - 37

M.Ritahoro tira ensuite de sa pochette, un petit ordinateur qu'il fit tenir à Jun et procéda à une manipulation quelconque qui parut satisfaire le costaud. L'un des jeunes s'énerva :
– Et nous, on compte pour du beurre ?
Le chauve darda sur lui un regard méprisant.
– Je termine cette transaction et je suis à vous, répondit-il avec sécheresse.
Fermant l'ordinateur d'un geste vif, il le récupéra et le rangea dans sa pochette. Danno le remercia et voulut partir, mais son compagnon ne bougea pas. Il contemplait Lykandré dont les yeux orangés étincelaient de fureur à l'idée qu'il allait une fois de plus être échangé contre une liasse de papiers. Danno dut tirer Jun par le bras pour le faire sortir. S'il avait pu, Lykandré les aurait retenus, car même si c'étaient eux qui l'avaient arraché à son île, ils représentaient aussi la possibilité de rentrer chez lui. Hélas, emberlificoté comme il l'était, il ne pouvait rien faire.
L'affaire avec les jeunes furent vite réglée et Lykandré se retrouva en tête à tête avec le chauve.
– Ils t'ont amoché, ces idiots. Enfin, après quelques soins et un dressage dans les règles, tu pourras devenir une véritable star du petit écran.
Lykandré qui avait appris ce qu'était la télévision et le cinéma grâce à Blacky accueillit la nouvelle avec un grognement désabusé. L'endroit où il était tombé avait l'air aussi détestable que la laboratoire. A côté de ça, continuer à tourner en rond dans l'appartement de Bryan ne semblait plus si terrible...
M.Ritahoro sortit de sa poche un téléphone portable et appela du monde afin de déplacer le loup et la mygale en cage. Quatre types vêtus de chemises colorées débarquèrent quelques minutes plus tard et transportèrent les deux andromorphes jusqu'à une vaste pièce où se faisaient face des dizaines et des dizaines de cages et d'aquariums de tailles variables. Des animaux à plumes, à poils et à écailles y étaient enfermés, certains sous leurs formes originelles, d'autres sous leur un aspect humain. Cela caquetait, piaillait, couinait dans tous les sens, une véritable cacophonie. Au milieu de la ménagerie, des hommes passaient, certains en chemises bariolées, d'autres en blouses. Tandis qu'une place était trouvée pour la mygale emprisonnée, Lykandré fut transféré du filet dans une cage. Il mordit un des hommes au passage qui riposta en lui donnant une tape sur le museau.
– Saleté !
M.Ritahoro qui avait suivi ses hommes pour assister à l'installation de ses nouvelles acquisitions, commenta avec sécheresse :
– Ce n'est pas toi qui es responsable du dressage.