vendredi 15 janvier 2010

Le Suivant du prince - 46

Le petit salon était vide, le bureau également, mais la chambre ne l'était pas. Le Grand Chambellan achevait de s'habiller, mais son époux était nu, allongé avec abandon sur le lit. Youri ne put s'empêcher de noter qu'il ne ressentait pas la plus petite excitation en voyant Pel ainsi. Le débarquement inattendu de Youri et de Aldrick fit sursauter Pel qui rabattit l'édredon sur lui. Rudolf, quant à lui, s'empourpra violemment. Malgré son âge, il avait l'air d'un gamin pris en faute. Youri vit les traits de Aldrick se détendre : sa mauvaise humeur s'estompait.
– C'est agréable de constater que vous n'êtes pas parfait... déclara-t-il.
– J'espère que votre Altesse me pardonnera mon retard, répondit Rudolf.
– Toi et ton époux avez mal choisi votre matinée, mais je ne saurais vous en vouloir. Lisez-donc plutôt les dernières nouvelles...
Le Grand Chambellan prit connaissance des messages reçus par le prince, les replia avec soin, puis les redonna.
– Nous risquons des émeutes dans les prochains jours, dit-il enfin.
– En effet. Je n'avais pas du tout pensé que les choses dégénéraient comme ça. Pas aussi vite, en tout cas.
– Quelques personnes sont très remontées contre les centaures. Il n'est pas difficile d'inquiéter la population.
– Je suppose que le mieux est de se rendre à se fichu Conseil et d'avoir ensuite des entretiens particuliers avec tous les représentants. Il faut bien sûr aussi que je pressente les nobles afin de me faire une idée sur les pro et les anti-centaures.
– Tâchez de ne pas révéler votre propre position, votre Altesse.
Aldrick se massa les tempes.
– C'est une évidence. Je vais tout de même essayer de faire valoir que même si les centaures sont démoniaques, il est stupide de faire exécuter sans attendre le seul centaure que nous ayons eu vivant entre les mains.
– L'histoire de la drogue doit rester entièrement secrète.
– Oui... Ce qui me fait penser qu'il faudrait s'occuper de l'addiction de Kilim.
L'époux du Grand Chambellan qui était resté silencieux jusque là, intervint :
– Mon père pourrait peut-être se charger de ça.
– Je comptais en effet confier à Mell cette délicate mission. Ce qui m'ennuie, c'est que je n'aurais pas le temps d'écouter Kilim et de lui dire d'accorder sa confiance à votre père, répondit Aldrick.
– Écrivez-donc une lettre et marquez-la du sceau de votre bague, suggéra Rudolf.
– Je peux transmettre vos instructions à mon père, ajouta Pel.
– Faisons ça comme ça, dit Aldrick en se mordant soucieusement la lèvre.
En voyant ça, une vague de chaleur parcourut le bas ventre de Youri qui réalisa avec effroi que ce qu'il avait aperçu la nuit dernière avait transformé durablement sa façon de voir le prince. Il avait toujours trouvé Aldrick agréable à regarder, mais à présent, il était devenu désirable. Espérant que personne n'avait rien remarqué, Youri inspira à fond et s'efforça de penser aux problèmes qui se profilaient à l'horizon.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Contente que mes commentaires te remontent le moral, ton histoire est sensationnelle et je ne plaisante jamais avec ça ^______^

On est vraiment à fond dedans et on en redemande, vivement la suite :)

Bon courage et bon week-end, repose toi bien et reviens-nous en forme :)