mercredi 30 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 14 : Frères (7)

Vicky termina d'avaler ce qu'elle avait dans la bouche, puis se tournant vers Tom, elle lui demanda :
– Alors, pourquoi tu ne veux pas sortir avec mon frère ?
Ses joues pâles devenues rouges, Clarence se leva brutalement et prit la direction de la sortie. Peter ne resta pas pour écouter Vicky dire ses quatre vérités à Tom, il se précipita à la suite de Clarence à l'extérieur de la crêperie.
– J'ai honte, souffla ce dernier en se cachant le visage entre les mains. Tom ne voudra même plus entendre parler de moi après ça...
– Ce que dit ta sœur n'engage qu'elle.
– Et s'il croit que c'est moi qui lui ait demandé ça ?
– Je pense que Tom sait que Vicky aime se mêler de tout.
Peter, gêné par le regard des passants, fit tout de même ce qu'il put pour rassurer son ami. Au bout d'un moment, Jack vint les chercher. Clarence refusa, il voulait rentrer chez lui.
– Tom n'est pas fâché. Vicky a promis qu'elle n'en parlerait plus. Revenez donc manger des délicieuses crêpes, d'accord ? demanda Jack.
Clarence secoua négativement la tête avec virulence, ce que Peter comprenait parfaitement. Finalement, ce fut Tom qui apparut dans l'embrasure de la porte de la crêperie. Il avait l'air calme, peut-être un peu trop, compte tenu de son caractère. Il les interpella :
– Hey ! Vous venez ? Vous fumez pas à ce que je sache ?!
Cette fois, Clarence acquiesça. Ils achevèrent tant bien que mal leur repas. Jack, qui avait pris la relève de Vicky, lançait des blagues à tour de bras. Pas question pour ce bon vieux Jack de laisser sa petite amie dans l'embarras... La jeune fille était à présent très silencieuse, sans doute désappointée que son intervention n'ait pas porté ses fruits. Une fois l'addition payée, ils ne prolongèrent pas la soirée et chacun s'en retourna chez lui. Peter était soulagé que cela soit fini et déçu que rien ne soit résolu. Ils n'étaient pas prêts de refaire une sortie à cinq... Toutefois, une fois que l'eau aurait coulé sous les ponts, cela serait peut-être possible. Du temps... Dès fois, il n'y avait que le temps pour guérir les blessures. Et ce, même s'il restait des cicatrices...

(Fin du chapitre 14)


Finalement, le chapitre 15 ne sera pas le dernier, ce sera le 16 afin d'éviter que le chapitre 14 ne fasse le double des autres !

Le 15ème chapitre s'intitule "La dispute"
tandis que le 16 a pour titre "Pansements"


mardi 29 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 14 : Frères (6)

Peter essaya de lui faire valoir que la situation serait vraiment bizarre, mais il ne réussit pas à la raisonner. Au final, il céda pour couper court à son flot ininterrompu d'arguments. A contrecœur, Clarence accepta également l'invitation. Peter ne put s'empêcher de se demander comment ce dernier allait supporter de revoir Tom qui ne l'avait plus contacté depuis qu'il lui avait demandé qu'ils restent juste amis... Tom refuserait peut-être de venir... mais qui pouvait résister à Vicky quand elle s'était mis une idée en tête ? Au fond, il était clair, qu'une fois de plus, la jeune fille n'entendait pas laisser son frère se dépérir sans agir.

C'est avec appréhension que Peter vit arriver le dimanche soir. Même les piques de Cassandra et de Nathan ne semblaient pas si pénibles à supporter comparées à la catastrophe qui se profilait à l'horizon. Le jeune homme avait invité Liam à l'accompagner, espérant ainsi rendre le dîner viable, mais ce dernier avait refusé. Il ne voulait pas que Cassandra fasse une scène en déclarant qu'il préférait la compagnie de Peter à la sienne. Ce serait pour une autre fois. Cela lui ferait plaisir de rencontrer ses amis... Oui, s'ils l'étaient encore à la fin de la soirée ! Peter craignait que Tom ne réagisse mal au couple désormais uni que formait Vicky et Jack. Sans oublier le pauvre Clarence. Quand Peter arriva devant la crêperie, Vicky et son frère étaient déjà là. De façon curieuse, Jack et Tom arrivèrent peu après en même temps. Dès qu'ils les eurent rejoint, ils expliquèrent qu'ils s'étaient croisés sur le chemin. Les cinq amis se regardèrent. Jack embrassa ensuite légèrement Vicky et la taquina à propos de son harem. Elle était après tout la seule fille de leur petit groupe. Tom eut un sourire forcé qui ressemblait plus à une grimace. Il serra la main de Peter pour le saluer, mais quand il voulut faire de même avec Clarence, celui-ci eut un mouvement de recul. Le bras de Tom retomba le long de son corps. Les craintes de Peter se confirmaient quant à la soirée : elle s'annonçait vraiment difficile. Vicky, cependant, veillait au grain et elle enjoignit tout le monde à entrer dans la crêperie. Le choix de leur crêpes les occupa pendant un moment. C'était un sujet neutre que le jambon, les tomates, l'œuf, les champignons... Cependant, une fois les commandes passées, il fallut bien trouver autre chose pour meubler le silence. Mais Vicky ne comptait pas le laisser s'installer ! Elle interrogea Peter sur les clients qu'ils croisaient à la Fnac, puis parla avec animation de choses et d'autres : l'année de Master à venir, la superbe jupe qu'elle avait repéré la semaine dernière, le film de pirates qu'ils avaient été voir dernièrement au cinéma, Jack et elle... Tout y passa ! Néanmoins, quand leurs crêpes furent servies, Vicky fut bien obligée de se taire pour manger. Peut-être aussi, n'avait-elle plus d'idées... Jack vanta alors les mérites de sa crêpe. Peter en rajouta des tonnes sur la sienne, puis un silence pesant s'abattit sur leur table.

lundi 28 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 14 : Frères (5)

– Je viendrai, ne t'en fais pas... J'essayerai de faire ce que je peux pour lui remonter le moral, mais ne devrait-il pas consulter un médecin...?
– Mon frère hait les psy. Bien sûr, il a été obligé d'en voir un après sa tentative de suicide... Il avait remonté la pente, mais il a été beaucoup secoué ces derniers mois... Et puis, comme je n'allais pas trop bien moi aussi pendant un moment... Bref, je veux juste qu'il ne passe pas trop de temps seul, qu'il n'ait pas le temps de ressasser de sombres pensées...

Mercredi en fin de matinée, Peter partit donc voir Clarence. Il ne fit que croiser Vicky, car cette dernière attendait qu'il arrive pour s'en aller. Clarence était clairement déprimé et n'avait visiblement pas la moindre envie de parler de quoique ce soit. Peter se résigna à monologuer, espérant que ce qu'il racontait, distrairait son ami. Assez vite, il aborda le sujet qui le préoccupait énormément en ce moment : son frère. Quand il finit par avouer qu'il enviait la relation entre Clarence et sa sœur, ce dernier réagit enfin :
– Notre relation n'est pas si merveilleuse que ça... Je déteste son interventionnisme.
– Mais elle agit en pensant à ton bien être, pas pour te faire suer...
Pas comme Nathan, quoi.
– C'est quand même pénible... murmura Clarence avant de retomber dans le silence.
Peter ne fut pas capable de reprendre le fil de son discours et, malgré lui, il jeta un coup d'œil aux poignets de son ami. Au droit, il y avait un large bracelet argenté, mais au gauche, rien ne masquait les cicatrices. Clarence sentit sans nul doute le regard de Peter, car il posa la main sur son poignet.
Il y eut comme un malaise. Peter se mordilla l'ongle du pouce, puis déclara finalement :
– Vicky se fait vraiment du soucis pour toi, tu sais.
– Et c'est pourquoi elle est en train de s'amuser avec Jack, rétorqua Clarence avec un brin d'amertume.
– Elle ne t'aurait pas laissé tout seul, si je n'étais pas venu.
– Je n'ai pas besoin d'être surveillé comme un bébé !
La véhémence de son ami surprit Peter.
– C'est possible, mais tu as l'air vraiment mal.
Clarence ne répondit pas, ce qui obligea Peter à poursuivre :
– Je suppose que ce n'est pas qu'à cause de Tom que tu te sens aussi triste... Si je peux t'aider d'une quelconque façon, dis-le moi, d'accord.
– C'est... je... ma vie... cela manque de sens. D'utilité.
– Personnellement, je suis bien content que tu sois là. Comme ami. Comme confident. Un peu comme un frère.
Cela lui était venu naturellement. Il sentait effectivement réellement proche de Clarence. Après cette déclaration, Clarence sortit quelque peu de son apathie. Comme il n'avait pas envie de parler, Peter n'insista pas et accepta sa proposition de jouer à des jeux vidéos. C'est ce qu'ils firent jusqu'au retour de Vicky. Cette dernière revint avec une idée extraordinaire qu'elle leur exposa avant même de les saluer : elle voulait organiser un repas dans une pizzeria ou une crêperie avec Jack, Clarence, Tom, Peter et elle !

vendredi 25 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 14 : Frères (4)

Le lendemain, quand peu après le départ de Cassandra, Liam annonça que Peter et lui sortaient, son jumeau tenta en effet de les accompagner. Toutefois, il n'insista pas quand Liam lui suggéra de profiter du fait qu'il allait avoir l'appartement pour lui tout seul. Ils passèrent donc un délicieuse après-midi en tête à tête. Ils mangèrent dans un petit restaurant indien, vagabondèrent longuement dans les rues de Paris, puis se rendirent au cinéma. Dans l'obscurité de la salle, Liam lui déroba quelques baisers. Ensuite, ils firent un tour dans le parc le plus proche. Et puis, il fallut rentrer. Au fond, la seule ombre de l'après-midi fut qu'ils n'avaient pu se toucher et s'embrasser autant que Peter l'aurait voulu. A l'extérieur, ils se comportaient globalement comme des amis afin de ne pas se donner en spectacle. Hélas, en ce moment, à l'appartement, c'était un peu la même chose. Baisers et gestes de tendresse étaient limités par la présence de Cassandra et Nathan. Plus les jours passaient, plus c'était frustrant.
A leur retour, Cassandra qui était déjà revenue depuis un moment, leur reprocha avec virulence d'avoir « abandonné » Nathan et se plaignit de ses grands-parents.
– Je ne supporte pas la façon dont ils te jettent la pierre, papa, si tu savais !!
– Parce qu'il n'y a que toi qui ait ce droit ? demanda Liam avec malice.
Cela désamorça la mauvaise humeur de Cassandra qui approuva d'un air amusé. Cette marque de complicité entre le père et la fille, toucha Peter. Il jeta un coup d'œil à son frère, mais ce dernier semblait parfaitement indifférent à la scène.

Après un dur lundi, Peter vit arriver avec plaisir le mardi soir. Mercredi était en effet son jour de repos et il comptait bien en profiter pour paresser et bouquiner au calme. A priori, Cassandra et Nathan avaient prévu d'aller de balader ce jour-là, et cela arrangeait bien le jeune homme. Un coup de fil assez tardif de Vicky vint cependant bouleverser les plans de Peter.
– Tu m'as dit que mercredi, tu bossais pas, n'est-ce pas ? Est-ce que tu pourrais venir à la maison pour tenir compagnie à Clarence ? Sinon, je resterai avec lui, car vois-tu, je suis très inquiète. Il est vraiment très déprimé en ce moment. Je l'ai tanné pour qu'il me dise ce qui n'allait pas et il m'a parlé de Tom et de ses sentiments pour lui. J'avais prévu de voir Jack demain, aussi si tu pouvais venir... Je ne veux pas le laisser seul, je n'ai pas envie qu'il fasse des bêtises, qu'il se coupe de nouveau les veines comme il y a trois ans.
Peter se souvint alors que Vicky lui avait parlé des tendances suicidaires de son frère et il frémit. Il n'avait pas pris cela trop au sérieux sur le moment, pensant que Vicky forçait le trait.

jeudi 24 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 14 : Frères (3)

Les premiers jours que passa Peter à la Fnac se déroulèrent sans accroc. Dès le troisième jour, Clarence lui rendit visite dans son rayon. Il avait le moral au trente sixième dessous. Tom avait fini par l'appeler, mais avait demandé à ce qu'ils restent simplement amis.
– Je me sens vraiment complètement inutile, si tu savais...
Peter, stressé que quelqu'un vienne lui reprocher de négliger les clients pour bavarder avec un de ses amis, se contenta de lui glisser quelques mots d'encouragements. Son propre moral n'était pas très brillant. L'ambiance à l'appartement, était sacrément tendue entre son chéri et son frère. Et ce matin, quand il était parti, il avait regretté fortement de travailler le samedi. Comment Liam allait-il vivre sa journée en compagnie de Cassandra et de Nathan ? Il ne le saurait qu'en rentrant ce soir à vingt heures. Ayant proba-blement remarqué son air préoccupé, Clarence prit rapidement congé. Pour Peter, la journée s'étira en longueur.
Quand vint l'heure de partir, il ne tenait plus en place. Il craignait que quelque catastrophe ait eu lieu pendant son absence. Et si Nathan avait raconté des épisodes embarrassants de son enfance ? Le cœur battant, il ouvrit la porte et annonça d'une voix forte :
– Je suis rentré !
Liam arriva d'un pas tranquille.
– Un instant, j'ai eu peur que Cassie et Nathan soient déjà de retour..
– Ça s'est mal passé ? Ils sont partis où ?
Avant de répondre, Liam enlaça le jeune homme et l'embrassa.
– Je les ai envoyé chercher des plats à emporter. Cassie a opté pour des sushis bien sûr. Pour tout te dire, mon adorable fille m'a épuisé... elle a insisté pour qu'on fasse des trucs tous les trois... des courses, des jeux de sociétés... Pas moyen de mettre un peu à l'écart.
– Oh.
Dommage que l'adolescente n'ait pas eu la même envie de l'inclure... Enfin, il exagérait... Elle avait fait des efforts la semaine dernière.
– Et ça a été avec Nathan ? reprit Peter.
– Eh bien... Je n'arrive pas vraiment à apprécier ton frère, je suis désolé.
– Ce n'est pas grave. Comme tu sais, je ne m'entends pas avec lui.
– Vous êtes trop différents...
– C'est vrai...
– Ah, rien à voir, mais avant que j'oublie... Demain Cassandra va manger avec ses grands-parents. Les parents de mon ex-femme.
– Tu l'accompagnes ? demanda Peter, déjà triste à l'idée qu'il n'allait pas voir Liam demain.
– Non. Ils me détestent cordialement. Ce qui peut se comprendre...
Liam se racla la gorge, puis poursuivit :
– La bonne nouvelle c'est qu'ainsi demain nous pourrons sortir juste tous les deux.
Le jeune homme ayant peine à croire à son bonheur, demanda timidement :
– Et Nathan...?
– Il est assez grand pour s'occuper tout seul.
Cela ne faisait aucun doute... En revanche, son jumeau n'essayerait-il pas de s'imposer juste pour l'embêter ?

mercredi 23 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 14 : Frères (2)

Après avoir reposé la tête sur l'oreiller, Liam demanda :
– Ça va, pas trop stressé pour ta première journée de boulot demain ?
– J'aimerai qu'elle soit déjà passée.
– Ne t'en fais pas, ça va aller...
Ils discutèrent encore un moment, puis, malgré le bruit que faisaient les deux autres, ils sombrèrent dans le sommeil.

Le lendemain matin, quand le réveil sonna, Peter eut quelques difficultés à émerger. Il s'était réveillé vers quatre heures et demie du matin et avait eu un mal fou à se rendormir. Le jeune homme qui avait tout juste réussit à ouvrir les yeux, constata que Liam était déjà debout. Ils allaient partir en même temps de l'appartement. Après l'avoir embrassé, son compagnon sortit de la chambre. Au bout de quelques minutes, Peter parvint à se lever. Vu la chaleur qu'il avait fait les derniers jours, il avait dormi tout nu, aussi enfila-t-il son t-shirt et son caleçon de la veille avant de quitter la pièce. Il avait à peine entrouvert la porte quand des éclats de voix le retinrent de poursuivre son geste. Liam était dans le salon et parlait à Nathan qui était nu comme un vers.
– Je m'en fiche qu'il fasse chaud, tu n'as pas à te balader à poil dans l'appartement.
– Pourquoi ? Ça te fait de l'effet ? demanda Nathan, provocateur.
Peter qui espérait entendre un refus clair et net de l'homme à la cicatrice, fut déçu.
– Là, n'est pas la question. Cassandra habite aussi ici. Et puis ce n'est pas correct de faire ça quand on est pas chez soi.
– OK, OK. Si ça te trouble tant que ça, j'éviterai à l'avenir...
Peter ne voyait que le dos de Liam, mais il constata que ce dernier serrait les poings, contenant visiblement sa colère. Nathan avait su employer un terme volontaire ambigu... Au fond que le corps nu de son jumeau provoque une réaction physique chez l'homme à la cicatrice était naturel : n'était-ce pas le même corps que le sien ? Il n'empêche que c'était gênant. Cependant, Liam avait raison de dire que ce n'était pas le problème. Ce qui était le plus pénible, c'est qu'eux-mêmes faisaient des efforts pour être « décents ». A chaque fois que Cassandra séjournait là, Liam ressortait un pyjama à rayures jaunes et violettes de son placard - pyjama que Peter trouvait d'ailleurs fort laid... Le jeune homme décida qu'il valait mieux interrompre la conversation qui tournait au vinaigre. Il sortit de la chambre en faisant claquer la porte. Liam sursauta, puis déclara précipitamment à Peter qu'il prenait la douche en premier. Il avait l'air coupable, le pauvre... Alors que l'homme à la cicatrice disparaissait dans la salle de bains, le jeune homme se tourna vers son frère prêt à lui dire deux mots. Nathan coupa cependant court à ses intentions : il se rallongea dans le canapé, remonta le drap sur lui tout en marmonnant entre deux bâillements :
– Je retourne dormir. J'ai éteint à trois heures du mat' et il est tout juste huit heures...
Avec un soupir, Peter se rendit dans la cuisine. Il n'était pas fâché d'éviter l'affrontement. Il n'avait pas envie d'entendre son frère dire « tu ferais mieux de surveiller ton copain », « tu es sûr que tu le satisfais sexuellement ? » C'était tout à fait le genre de choses que Nathan aurait pu lui jeter à la figure...

mardi 22 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 14 : Frères (1)

Nathan débarqua le dimanche matin avec un gros sac à dos. Liam qui ne l'avait jamais vu, ne put s'empêcher de lancer quelques exclamations de surprise sur la similitude des traits de ce dernier avec ceux de Peter. Même yeux gris, même forme de sourcils, même arrête du nez, même cheveux bruns ! Cassandra qui avait déclaré la veille au soir qu'elle ne sortirait pas de sa chambre, s'était tout même précipitée dans l'entrée peu après l'arrivée de Nathan. Sa curiosité l'avait emporté sur sa volonté de faire la tête.
– Je trouve que ton frère est beaucoup plus mignon que toi, Peter, déclara-t-elle sans pitié après les avoir rapidement dévisagé l'un après l'autre.
Nathan qui était resté jusque là assez froid, se fendit d'un sourire séducteur et déclara :
– J'aime les gens qui ont du goût.
Peter déglutit. Avec ces deux-là, sa vie allait être un enfer. Alors que Nathan et Cassandra se mettaient à discuter à bâtons rompus comme s'ils se connaissaient depuis toujours, Liam glissa à l'oreille de Peter :
– Je pense que c'est toi, le plus adorable...
Peter qui avait trouvé fort désagréable l'inévitable comparaison entre son frère et lui, se mit à respirer plus librement en entendant ces mots.
La bonne entente entre Cassandra et Nathan fit que le dimanche se passa remarquablement bien. Peter put même avoir un peu Liam pour lui. Cependant, dès le lundi, la présence de Nathan se révéla très vite problématique. Peter qui comptait profiter de ces derniers jours de liberté avant de commencer à bosser, n'y parvint pas. Et pourtant, ni Cassandra ni son frère ne se montrèrent franchement désagréables avec lui. Ils ne l'ignoraient même pas... seulement, ils étaient dans un monde à eux. Ils étaient proches, trop proches, même.

Le mercredi soir, allongé dans la chambre aux côtés de Liam, Peter lui fit part de ses inquiétudes.
– Je me demande... Mon frère et Cassandra... On dirait presque couple.
– Une pensée troublante... Tu crois vraiment que ton frère se permettrait de séduire ma fille vu sa situation pour le moins précaire ?
– Eh bien... murmura Peter sans oser formuler à haute voix ce qu'il pensait.
– En même temps, c'est de l'âge de Cassandra de tomber amoureuse.
– Alors ça ne gênerait pas ?
– Si. Beaucoup. Mais je dois t'avouer que le fait que Cassie et Nathan s'entendent aussi bien, m'arrange. Comme ça, elle a arrêté de suite de m'en vouloir.
Liam se redressa légèrement dans le lit, puis se pencha pour dérober un baiser à Peter. Au moment où leurs lèvres se joignaient, les rires de Cassandra et Nathan retentirent dans le salon. Le baiser qui aurait pu être un prélude à des caresses plus intimes, ne le fut pas. C'était l'autre aspect pénible de la présence de Nathan : faire l'amour devenait franchement inconfortable. Pour le coup, il était juste dans la pièce d'à côté. Et puis, Cassandra restait avec lui tard dans la soirée, si bien que leurs rires et leurs bruyants bavardages cassaient tout désir de faire quoique ce soit de sexuel.

lundi 21 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (8)

Peter déchanta bien vite quand il apprit l'objet de l'appel. Son frère avait été également foutu dehors. Leur père ne supportait plus de voir Nathan qui ressemblait trop à Peter. Ainsi, malgré toutes les filles que Nathan avait ramené à la maison, il était soupçonné d'attirances « contre nature. » Nathan avait squatté une semaine chez un de ses potes, mais ce n'était pas possible de s'imposer plus longtemps. Et les autres amis chez qui il aurait pu se rendre, étaient partis en vacances...
– Est-ce que je peux venir chez toi et ton copain ?
La question prit Peter au dépourvu. C'était tout de même gonflé de la part de son jumeau de lui demander ça. C'était tout de même en partie à cause de lui que Peter avait été mis à la porte.
– Je... Je ne peux pas décider ça tout seul.
– Ouais, je m'en doute.
– Et puis, ne seras-tu pas gêné par...
Nathan le coupa et déclara, moqueur :
– Par vos bisous mouillés et collants entre mecs ? Non, honnêtement, je m'en tape.
Peter se mordit nerveusement l'ongle du pouce. Il avait eu l'impression que son frère considérait d'un fort mauvais œil les homosexuels, mais s'était visiblement trompé.
– Il t'a vraiment foutu définitivement à la porte ?
– J'espère pas. Ma' est de mon côté. Elle trouve que Pa' exagère... Je suppose donc que, contrairement à toi, je finirai par avoir le droit de réintégrer le domicile parental.
Contrairement à toi...Nathan était vraiment doué pour appuyer là où ça faisait mal. Prenant sur lui, Peter demanda néanmoins :
– Tu veux bien rappeler dans un moment, le temps que j'en discute avec Liam ?
Peter reposa le combiné, puis revint vers Liam et Cassandra, très ennuyé. Il se sentait responsable de l'expulsion de son frère, mais il n'était pas en position de l'accueillir. La présence de Cassandra compliquait encore la situation. Le jeune homme regrettait à présent de n'avoir que peu parlé de Nathan à Liam. Il s'était contenté d'évoquer leur mésentente et leurs différences sans entrer dans les détails. Il semblait à présent encore plus délicat d'exposer sa demande. Peter rassembla son courage et expliqua ce qui s'était arrivé à son frère. Quand il eut fini, Cassandra explosa :
– Non, mais c'est pas un refuge pour gays ici !
Le jeune homme ne rectifia pas cette erreur sur la sexualité de son frère. L'adolescente faisait semblant de ne pas avoir compris...
– Cassie !!
– Mais papa...
Liam poussa un gros soupir :
– Il n'y a pas de « mais » qui tienne. Cela ne m'emballe pas, mais il peut loger ici. De façon très provisoire, bien sûr. Seul le canapé est libre de toute manière.
– Tu t'en fous de passer du temps juste avec moi, c'est ça, hein ? demanda Cassandra. Il n'y en a que pour Peter, ajouta-t-elle.
– Ce n'est pas vrai.
– Si, tu t'en fous ! Ou alors il ne serait pas là et tu n'installerai pas le frère de ton chéri sur le canapé.
– Si cela pose trop de problèmes, je lui dirai... intervint Peter.
D'un côté, la prompte décision de Liam lui faisait plaisir, de l'autre, il n'était que moyennement enthousiaste de vivre à nouveau avec son frère. Il espérait que ce serait l'occasion d'entretenir de meilleurs rapports avec lui, mais il craignait fortement qu'il n'en fut rien.
(Fin du chapitre 13)

vendredi 18 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (7)

Peter envisagea une seconde d'aller se masturber aux toilettes, mais y renonça très vite. L'attente rend parfois les choses meilleures. Il caressa du regard Liam qui, adossé au mur, riait : Cassandra avait dû dire quelque chose d'amusant. Peter soupira. Comme il avait aimé la façon dont l'homme à la cicatrice s'était abandonné entre ses mains, le laissant agir à sa guise... Ah... Il mourait d'envie de lui faire l'amour... Il avait envie de le faire gémir... envie de le pénétrer. Cette pensée surprit le jeune homme. Perturbé, il quitta l'entrée sans remarquer le petit signe de la main que lui adressait Liam. Il alla se passer le visage sous l'eau, tout songeur. Après tout, personne n'avait dit qu'il devait s'en tenir au rôle passif jusqu'à la fin de ses jours. Liam ne lui avait-il pas demandé ce qu'il préférait au début ? Cela devait vouloir dire qu'il n'avait rien contre prendre l'un ou l'autre rôle. Des images de l'homme à la cicatrice toutes plus érotiques les unes que les autres traversèrent l'esprit de Peter. Maintenant que l'idée lui était venue, elle semblait impossible à oublier. Il déglutit. Cassandra allait bientôt revenir, il fallait qu'il se calme. Mais, même avec une douche froide, il n'y arriverait pas... tant pis pour l'attente ! Le jeune homme ferma le verrou de la salle de bains et libéra son sexe en érection. Il enserra ensuite son pénis entre ses mains et le caressa tout en se demandant ce qu'il ressentirait en pénétrant Liam. Rapidement il éjacula, et son sperme lui coula entre les doigts. Il se nettoya, se rhabilla et redevint présentable. Il quitta ensuite la salle de bains prêt à affronter la soirée sushis.

Quand enfin vint l'heure de se coucher, la fatigue de la journée retint Peter et Liam de faire quoique ce soit. Le lendemain matin, ils firent l'amour, mais le jeune homme n'osa pas parler de l'envie qu'il avait éprouvé la veille. Il était plus facile de s'abandonner aux mains expertes de Liam. Le samedi passa à la vitesse de l'éclair. Après un petit déjeuner tardif et gargantuesque, ils sortirent se promener tous les trois. Cassandra, visiblement mieux disposée à l'égard de Peter, s'était montrée presque aimable. L'après-midi, après un repas léger, elle avait même daigné l'inclure dans une partie de cartes. Peter profita des bonnes dispositions de l'adolescente sans trop chercher à savoir leurs origines. Qui sait cela ne durerait peut-être pas ! Si Cassandra accapara ensuite son père, cela ne gêna pas le jeune homme qui partit lire Tim. Le soir, alors qu'ils regardaient un long film de cape et d'épées, le téléphone retentit. Liam alla répondre, puis appela Peter pour lui dire que c'était pour lui. Le jeune homme se dit que cela devait être Vicky qui voulait lui raconter son premier rendez-vous avec Jack ou bien Clarence qui avait besoin de se confier. Toutefois, il n'en était rien. C'était Nathan. Le cœur de Peter se gonfla de joie et d'espoir. Finalement, il n'avait pas été inutile d'envoyer à son frère et ses parents, un texto avec le numéro de téléphone de Liam avant de résilier son mobile !

jeudi 17 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (6)

Le jeune homme se demanda si, enfin, Cassandra commençait à l'accepter. Peut-être s'habituait-elle à la situation. Peter franchit la distance qui le séparait de Liam et l'embrassa doucement sur les lèvres. Leur baiser se fit ensuite plus exigeant. Leurs langues se rencontrèrent, se mêlèrent. Et, quand leurs bouches s'écartèrent l'une de l'autre, ils avaient le souffle court. Ils s'embrassèrent de nouveau. Le jeune homme dénoua la cravate bleue nuit de Liam, puis ouvrit un à un les boutons de la chemise. Ses doigts étaient malhabiles dans sa précipitation. A chaque morceau de peau dévoilé, Peter déposait quelques baisers. Quand il arriva à la ceinture, il défit la boucle, puis tira sur la fermeture éclair. Un slip panthère apparut. Liam était diablement excité et ce constat enchanta Peter. Le jeune homme baissa le haut du pantalon et le slip d'un seul mouvement, puis prit entre ses mains le sexe en érection. Sur le meuble de l'entrée, le mobile de Liam sonna. La petite musique électronique était celle qui était attribuée à Cassandra. Les mains de Peter retombèrent le long de son corps. Avec un air d'excuse et visiblement pas très à l'aise, Liam décrocha.
– Oui ?
Peter inspira et expira à fond, cherchant à calmer son désir.
– Tu as oublié de nous demander ce qu'on voulait ? Prend ce que tu veux, nous n'avons pas de préférence.
Liam cherchait visiblement à couper court à la conversation et le jeune homme se prit à espérer qu'ils allaient pouvoir rependre ce qu'ils faisaient avant l'interruption...
– Ok. Ok. A tout de suite.
Liam raccrocha et commença à se rhabiller à la grande déception de Peter. Certes, l'excitation était retombée, mais il n'aurait pas fallu longtemps pour la rallumer...
– Elle rappelle dès qu'elle a commandé. Elle a oublié de prendre quelque chose pour s'occuper durant la préparation de la commande et elle veut que je lui tienne compagnie en bavardant, expliqua Liam.
– Oh.
– Oui, comme tu dis.
Il n'avait pas l'air ravi non plus. Nul doute qu'il aurait préféré reprendre le fil de leurs jeux amoureux. Peter se passa la langue sur les lèvres, songeant avec regret qu'il n'allait pas pouvoir prendre de sitôt dans sa bouche le pénis de son compagnon.
– Ne fais pas ça, murmura Liam.
Le jeune homme sursauta.
– Quoi ?
– Ne prends pas cette mine gourmande ou je ne réponds plus de rien.
– Ah... Je...
Le mobile sonna de nouveau et Liam engagea la conversation avec sa fille.

mercredi 16 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (5)

Peter grimaça tandis que la désertion de sa famille lui revenait à l'esprit. Il avait réussi à ne plus trop y penser en se focalisant entièrement sur sa recherche d'emploi, mais maintenant qu'il avait touché au but, la douleur revenait le hanter. Tu n'es qu'un dégénéré ! Est-ce que cela lui ferait toujours aussi mal de songer à ses parents et à leur rejet ? Peter coupa la télé. Impossible d'être captivé par les ridicules pantins qui s'agitaient dans le poste. Rien ne valait un bon livre. Il se rendit dans la chambre de Liam - leur chambre - et récupéra dans le rayon que lui avait libéré l'homme à la cicatrice, un de ses romans favoris : Tim de Colleen Mc Cullough. Cette histoire d'amour entre un bel adonis simplet et une dame d'un certain âge l'avait toujours beaucoup touché. Parfois, il s'amusait à imaginer que la vieille fille célibataire était un homme solitaire et grisonnant, tout en sachant que l'histoire se serait alors mal terminée... Il n'aurait pas pu épouser Tim et la sœur de ce dernier, soit-disant bien intentionnée aurait obtenu sa garde... Fichue famille ! Peter s'allongea sur le lit et entama la relecture de Tim.

Il était tellement immergé dans l'histoire qu'il n'entendit pas Liam rentrer. Ce fut la voix de Cassandra qui saluait son père, qui l'alerta. Peter glissa un marque-page dans son livre, puis rejoignit le père et la fille dans l'entrée. Liam avait passé un bras autour de l'épaule de l'adolescente qui avait la joue contre le torse de son père. Le jeune homme se sentit ému. Cela lui rappelait une scène de son enfance : Nathan entouré de son père et sa mère, chacun lui donnant la main. Il avait fait un pas pour les rejoindre, prêt à former un cercle avec eux, quand un regard noir de son frère l'avait arrêté. Il lui semblait être autant exclu aujourd'hui que par le passé. Au fond, peut-être était-ce son rôle. Comme pour le détromper, Liam lui sourit et lui dit :
– Tu es bien silencieux, dis-donc, ça va ?
Peter se força à paraître joyeux alors que son plaisir d'avoir obtenu la place de vendeur s'était évaporé :
– Oui, très bien. J'ai décroché le job ! Cette fois, c'est sûr !
– Excellente nouvelle ! On va fêter ça alors...
Cassandra quitta les bras de son père et déclara d'une voix accusatrice :
– Pourquoi tu ne me l'as pas dit quand je suis rentrée !?
De façon curieuse, ces mots dissipèrent la tristesse qui avait envahi Peter et s'est véritablement amusé qu'il déclara :
– Tu ne m'en as pas laissé le temps, tu t'es précipitée dans ta chambre.
L'adolescente fronça le nez et les sourcils, puis se tourna vers son père :
– On devrait acheter des sushis pour fêter ça, je me porte volontaire pour aller les chercher.
Cassandra adorait les sushis et ne perdait jamais une occasion d'en manger. Sans même attendre la réponse de son père, elle se mit à enfiler ses chaussures. Liam ne se fit pas trop prier et fila un gros billet à sa fille qui le gratifia d'un éblouissant sourire.
– Merci papa ! Allez, je file.
Avant que la porte ne se referme complètement sur elle, l'adolescente passa la tête dans l'entrebâillement et lança sur le ton de la plaisanterie :
– Ne faites pas de bêtises pendant mon absence !
Peter et Liam échangèrent un regard. Cette phrase ressemblait étrangement à une invitation.

mardi 15 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (4)

– A quel propos ?
Le jeune homme s'en doutait, mais il n'était pas question de faciliter plus que nécessaire les choses.
– De m'être énervé contre toi à la soirée de Vicky.
– Cela m'apprendra à mettre le nez dans les affaires des autres.
– Ce n'est pas faux !
Peter leva les yeux au ciel... Jack aurait dû protester et non pas l'approuver ! Il déclara un peu sèchement :
– Soit. Dans ce cas, sache que ces derniers temps, je me suis surtout occupé de mes affaires... je vais travailler à la Fnac.
– Cool ! De mon côté, j'ai rompu avec Tom et je vais sortir avec Vicky.
– Elle t'intéresse vraiment ?
– Oui. Vraiment. Ne trouves-tu pas qu'elle est jolie et gentille ?
Peter, amusé par le ton convaincu de son ami, sourit.
– Si, si.
– Je ne comprends vraiment d'ailleurs pas ce qu'un mec peut trouver à un autre mec...
– Jack ! protesta Peter avec vivacité devant cette remarque qui montrait que les préjugés ont la vie dure...
– Je sais, je sais. Je ne devrais pas dire ça, du moins pas après t'avoir embrassé de force, chose pour laquelle je m'excuse aussi.
Peter resta muet de surprise. Que Jack remette ça sur le tapis, était pour le moins curieux.
– Tu sais que c'est plus ou moins ce baiser qui m'a décidé à sortir avec Tom, continua Jack.
– Comment ?! s'exclama Peter.
La conversation devenait de plus en plus surréaliste de seconde en seconde.
– Oui, figure-toi que je me suis dit que ce n'était pas si différent que ça les lèvres des garçons et celles des filles. Même douceur en somme. Mais au final, c'est bien la seule chose qui est semblable. Manquent les courbes et les rondeurs aux mecs...
La pointe d'humour dans la voix de Jack fit demander à Peter :
– T'es pas en train de te moquer de moi pour l'histoire du baiser, hein ?
Le jeune homme se rappelait très bien la façon insultante dont Jack s'était essuyé les lèvres après son geste pour le moins incongru...
– Je plaisante... commença Jack. A moitié, ajouta-t-il après une pause volontairement dramatique.
Ils éclatèrent de rire en chœur. Ils échangèrent ensuite encore quelques mots, puis Jack raccrocha. Peter remonta le son de la télévision, changea de chaîne et reprit son « lavage de cerveau ». Il était affalé dans le canapé quand Cassandra débarqua dans la pièce.
– T'as renoncé à te bouger le cul pour trouver du boulot ? Quel glandeur pantouflard, tu fais, franchement... déclara-t-elle avant de s'engouffrer dans sa chambre.
Peter soupira. Quand allait-elle donc se lasser de lui lancer des piques ? Elle se serait entendue avec merveille avec son frère... Nathan. Peter grimaça tandis que la désertion de sa famille lui revenait à l'esprit.

lundi 14 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (3)

– Téléphone-lui au moins, d'accord ?
– Ok, ok.
– Allez, je te laisse.
Peter raccrocha. Devait-il appeler Clarence pour le mettre au courant ? Non, ce n'était pas une bonne idée. Si jamais Tom ne la contactait pas, le pauvre Clarence serait affreusement déçu. Par contre, se renseigner du devenir de Vicky semblait une bonne idée. Avec un peu de chance, elle aurait également des nouvelles de Jack. Peter fit sonner longtemps le téléphone avant que la voix de Vicky ne se fasse entendre :
– Allo ?
– C'est Peter...
– Salut ! Tu tombes bien, je voulais te parler. J'ai plein de choses à te raconter. Tu sais, j'ai vu Tom et je lui ai plus ou moins demandé s'il était d'accord pour que j'avoue mon amour à Jack. Il a été super sympa avec moi et m'a même encouragé à faire déclaration. Il m'a dit que jack avait rompu avec lui. Bref, j'ai fini par prendre mon courage à deux mains et j'ai composé le numéro de Jack... Quand j'ai entendu sa voix, j'ai paniqué et j'ai raccroché immédiatement, mais il m'a rappelé... Et là, je lui ai avoué et là, il m'a répondu qu'il se sentait attiré par moi et qu'il voulait sortir avec moi.
Vicky s'interrompit pour reprendre son souffle et Peter en profita pour glisser une petite question :
– Il t'a expliqué pourquoi il avait embrassé ton amie Rose ?
– Oui. Enfin pas vraiment. De ce que j'ai compris, il ne savait pas trop comment annoncer à Tom qu'il voulait rompre et puis, il cherchait à savoir ce que je ressentais pour lui tout en se réaffirmant son attirance pour les filles. Cela ne semble pas très clair pour lui non plus... Tout ce que je te rapporte est très récent. Ça date de ce matin. Je dois voir Jack ce soir. On va au cinéma. Il faut d'ailleurs pas tarder à fouiller dans ma garde-robe. Tu veux que je te passe Clarence ?
– Non, non. Je suis heureux pour toi, en tout cas.
– Merci ! Et au fait, quoi de neuf de ton côté ?
– J'ai dégotté un boulot : vendeur à la Fnac.
– Super ! On devrait fêter ça !
– Il n'y a pas d'urgence. Passe une bonne soirée.
– Merci ! Bye ! A bientôt !
Peter reposa le combiné, encore tout étourdi par le flot de paroles de Vicky. Il s'inquiétait un peu pour elle : Jack était-il vraiment sérieux à son égard ? Finalement, il haussa les épaules. Il ne pouvait rien faire. Et puis, elle avait vraiment l'air heureuse, alors... Pour passer le temps jusqu'au retour de Liam, il s'installa devant la télé.

Il regardait donc une émission télévisé assez niaise quand le téléphone sonna. Il coupa le son de la télévision, puis répondit.
– Allo ?
– Peter ?
Le jeune homme reconnut avec surprise la voix de Jack.
– Oui, c'est moi.
– Je m'excuse.
Peter avait toujours trouvé cette formule irritante. Comment pouvait-on s'excuser soi-même ? Malgré tout, il était positif que son ami appelle...

vendredi 11 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (2)

– Salut !
– Hey vieux ! Ça fait plaisir de t'entendre. Comment vas-tu ?
– Bien, j'ai un job !
– Que vas-tu faire de beau ?
– Vendeur à la Fnac.
– Tu commences quand ?
– Jeudi prochain. Et toi, comment ça va ?
Il y eut un blanc au bout du fil.
– Comme quelqu'un qui s'est fait plaqué.
Peter se racla la gorge en repensant au baiser prolongé dont Jack avait gratifié l'amie de Vicky.
– Tu as revu Jack depuis la soirée ?
– Ouais. Il est venu me voir deux jours plus tard pour s'excuser et rompre.
Cela étonna Peter, mais il n'en laissa rien transparaître. C'était l'avantage des conversations téléphoniques.
– Tu tiens quand même le coup ?
– Ouais, je me rends bien compte à présent que ça ne pouvait pas marcher... Il n'est pas homo. Il n'est même pas bi. Mais il aura essayé.
– Et avec Clarence ? demanda Peter d'un ton hésitant.
– Tu es bien renseigné dis-donc.
– Clarence m'a parlé...
– J'espère qu'il ne m'en veut pas trop. J'avoue ne pas m'être trop bien comporté sur ce coup-là.
– C'est à lui que tu devrais le dire.
De nouveau, il y eut un silence.
– Tu es agaçant à avoir toujours raison, vieux.
Peter retint un soupir. Ce n'était même pas une question d'avoir raison ou tort, mais une simple affaire de bon sens dans le cas présent. Le jeune homme préféra laisser le problème de côté.
– Et Vicky, elle t'a contacté ?
– Ouais. Décidément, t'es au courant de tout.
– Si elle se met avec Jack, tu pourras le supporter ?
– Ouais. Ça fait un moment qu'elle le couve des yeux. J'ai cru me reconnaître en elle. Par contre, je me demande si ça marchera vraiment... J'ai l'impression qu'il ne se remettra jamais de son histoire avec son oncle.
– Ce n'est pas à nous d'en décider.
– Tu sais, c'est parce qu'une de ses petites amies se disputaient avec lui à propos de ses cauchemars que j'ai appris pour son oncle.
– Peut-être que Vicky saura se montrer plus patiente que cette fille.
Peter l'espérait de toute son cœur... même s'il restait bien sûr à voir si Jack était réellement intéressé par la candidature de Vicky au poste de petite amie.
– Peut-être. Moi, je trouve cela trop douloureux de le voir se débattre avec son passé. Je suis presque soulagé que ce soit fini entre nous, avoua-t-il à mi-voix.
Malgré sa rupture avec Jack, Tom ne semblait pas au trente-sixième dessous. Peter choisit donc de revenir à la charge :
– Qu'est-ce que tu vas faire pour Clarence ?
– Mais rien. On va rester potes, j'imagine.
– Un pote avec qui t'a couché ?
– Ah ! Tu n'es pas si bien informé que ça, on s'est juste mutuellement astiqué notre engin.
Aux dernières nouvelles, c'était toujours du sexe, mais Peter ne préféra pas entrer dans ce débat-là. D'ailleurs, lui et Tom avait déjà eu une conversation assez houleuse sur le sexe et l'amitié...
– Excuse-moi, je me mêle de ce qui me regarde pas. En tout cas, tu devrais éclairer Clarence sur tes intentions, c'est la moindre des choses.
– Ouais. C'est vrai. C'est juste que j'ai l'impression qu'il attend trop de moi...
Peter pouvait difficilement nier. Clarence avait envie que les choses deviennent sérieuses entre lui et Tom.

jeudi 10 septembre 2009

Cicatrices - Chapitre 13 : Téléphone (1)

Peter tourna joyeusement la clef dans la serrure. Ça y est, il avait un job ! La paye de vendeur Fnac n'était pas mirobolante, mais il était content d'avoir trouvé du travail. L'appartement qui était devenu son chez lui était désert. Cassandra était, une fois encore, sortie. Le jeune homme se surprit à regretter son absence. Il avait envie de partager sa joie avec quelqu'un et même la petite peste aurait fait l'affaire. Il aurait été heureux de la détromper, elle qui lui avait prédit qu'il allait se planter en beauté ! Vivre avec Cassandra n'était pas une mince affaire : cela ferait tout juste une semaine demain qu'elle était là et elle n'avait pas raté une occasion d'asticoter Peter, le plus souvent hors de portée des oreilles de Liam. Ne lui avait-elle pas balancé à la figure qu'il était bruyant pendant le sexe dès le matin du quatrième jour ? Quand Peter y repensait, il en devenait rouge de honte ! Tout ça, c'était parce que stressé par la présence d'une autre personne dans l'appartement, il n'avait pas réussi à se détendre et la pénétration avait été plutôt douloureuse, ce qui l'avait fait crié. Ensuite, pour couronner le tout, toujours parce qu'il était nerveux, il avait éjaculé fort rapidement... Bref, cela avait été catastrophique. Le pire sexe qu'ils aient jamais eu. Liam en avait même ri, ce qui avait vexé le jeune homme qui avait préféré s'expliquer. Liam lui avait alors dit tout ce que Peter s'était déjà répété pour se rassurer, à savoir que leur chambre n'était pas collée à celle de Cassandra et qu'elle n'allait pas débarquer dans la pièce quand bien même entendrait-elle des bruits « suspects ». La petite phrase de l'adolescente le lendemain n'avait pas mis Peter plus à l'aise. Cependant, l'homme à la cicatrice avait su trouver la parade. Il avait réveillé le jeune homme un matin de la plus agréable des façons. Encore ensommeillé, Peter n'avait pas pensé à Cassandra et s'était laissé emporter par les sensations que faisaient naître en lui son compagnon. Quand enfin bien réveillé, il y avait songé, Liam s'était déjà glissé en lui. Le rythme de plus en plus sauvage imposé à son corps lui avait tout fait oublier. Ce matin-là, Liam s'était mis en retard pour partir à son boulot...
Peter regretta soudain de s'être débarrassé de son mobile. Il aurait pu envoyer un texto à Liam pour lui annoncer qu'il avait obtenu un job. Ce serait long d'attendre qu'il rentre pour le lui dire ! Appeler Clarence pour lui faire part de sa joie d'avoir trouvé du travail semblait déplacé quand on savait que ce dernier était malheureux comme tout... Idem pour Vicky. Quant à Jack... il avait toutes les chances pour qu'il ne décroche pas. Finalement, le jeune homme décida de téléphoner à Tom dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis la soirée de Vicky, près d'une semaine plus tôt. C'était aussi l'occasion de savoir où ce dernier en était. Peter composa donc le numéro du téléphone fixe de Tom.

mercredi 9 septembre 2009

Cicatrices - Chap12 : Amours (7)

– Tom est assez costaud pour te repousser, déclara Peter après un long silence.
Clarence rougit.
– Je... Tu ne me juges pas mal ?
– Non, non. Quant à Tom, il avait le mauvais exemple de Jack sous les yeux.
– Je ne suis pas fier de moi... Mais tu sais, Jack refuse de dépasser le stade du baiser avec Tom. Et Tom, il... il n'en pouvait plus.
Parler de sexe ainsi à demi-mot était vraiment gênant. Dire les choses franchement eut été peut-être plus simple, mais cela aurait été peut-être encore plus embarrassant.
– Tom t'a téléphoné ?
– Non. Mais je n'y comptais pas.
Peter mit la main sur l'épaule de Clarence et allait prononcer quelques mots de consolation quand un bruit de porte qu'on ouvre se fit entendre. Cela devait être Cassandra.
– Ça va aller, tu verras.
Liam entra dans le salon et son visage s'assombrit dangereusement. Peter se demanda ce qui le contrariait si fort.
– Tu rentres tôt... commença le jeune homme avec un sourire.
– Ça te pose un problème ? répliqua Liam sèchement.
Clarence se releva brusquement.
– Je vais vous laisser.
Peter regarda l'air peu amène de l'homme qui l'aimait, la gêne de son ami et hésita. D'un côté, Clarence avait besoin d'une oreille compatissante. De l'autre, son cher et tendre semblait prêt à exploser.
– D'accord. On en reparlera plus tard.
A peine la porte se fut-elle refermée sur Clarence que Liam se tourna vers Peter :
– Tu peux m'expliquer ce qu'il faisait ici ?
– Il avait envie de me parler, alors je l'ai invité à venir...
– Parler, vraiment ? Vous n'étiez pas plutôt parti pour baiser ?
Il était jaloux. Peter se sentit bête de ne pas l'avoir compris de suite.
– Je n'ai jamais couché avec Clarence.
– Tu veux dire, sous ce toit ?
– Je ne te fais pas un serment à la Yseut... Je n'ai jamais eu de rapport sexuel avec lui.
– Mais dans le bar...?
– C'était du cinéma pour ne pas rester avec toi et ton ami Célestin. J'étais déjà amoureux de toi à ce moment là.
Ces mots apaisèrent Liam.
– Désolé, je ne suis qu'un idiot jaloux de tous les hommes que tu as connu avant moi.
Peter se dit que c'était le moment où jamais de dévoiler qu'il n'y avait jamais eu que lui. Avec un brin d'embarras, il demanda :
– Tu ne t'étais donc pas rendu compte que c'était ma première fois quand on l'a fait... ?
– Pour tout t'avouer, je me suis brièvement posé la question, car, tu étais assez nerveux... mais comme par ailleurs, tu te débrouillais bien... je me suis plutôt dit que cela devait faire un moment que tu ne l'avais pas fait. Et après, je n'y ai plus pensé...
Peter se rapprocha de Liam pour l'embrasser. Leurs langues se mêlèrent et le baiser se prolongea. Quand leurs bouches s'écartèrent l'une de l'autre, Liam demanda, le souffle court :
– Qu'est-ce que tu entendais au juste par un serment à la Yseut ?
– Yseut doit jurer qu'elle n'a pas couché avec d'autre homme que son mari, mais comme c'est une maligne, elle se débrouille pour dire que nul autre homme que son époux et le mendiant qui l'a aidé à traverser le gué n'est passé entre ses cuisses. Sauf que le mendiant, c'était Tristan, déguisé.
– Mon petit littéraire, va, dit Liam en lui ébouriffant tendrement les cheveux.

(Fin du chapitre 12)

mardi 8 septembre 2009

Cicatrices - Chap12 : Amours (6)

Le lendemain de la soirée, Liam partit chercher sa fille en voiture afin qu'elle n'ait pas à se trimbaler une grosse valise. Elle habitait avec sa mère dans le 77, aussi il y en avait pour deux heures de bagnole aller-retour. Peter ne l'accompagna pas. Il n'était pas pressé de voir Cassandra. Il resta à l'appartement et continua bravement à éplucher les sites d'annonces sans se laisser décourager par les nombreuses réponses négatives qu'il avait reçu. Sans oublier ceux qui n'avaient pas répondu et ne répondraient jamais. Comme il l'avait prévu, Cassandra fit un scandale en découvrant les affaires de cours dans sa chambre. Liam calma le jeu, mais il se sentit ensuite bien sûr obligé de consacrer toute son attention à sa fille. Peter eut le désagréable sentiment d'être devenu transparent le reste du dimanche. Le jeune homme s'attendait à ce que la situation soit pénible, mais il ne put s'empêcher de se sentir pâle à l'idée de passer le mois entier en compagnie de Cassandra. Et songer qu'il se retrouverait souvent en tête avec elle dans les jours à venir était encore plus affreux. Trouver un job devenait de plus en plus urgent. Fort heureusement, l'adolescente n'était pas du genre à rester enfermée à la maison. Elle voulait profiter de son mois de juillet à Paris pour courir les magasins. Elle se leva tard et partit en début d'après-midi en prévenant Peter qu'elle ne reviendrait que dans la soirée. Le jeune homme en profita pour appeler Clarence et lui demander s'il voulait venir. Ce dernier sauta sur l'occasion. Il arriva vers 16 heures et visita l'appartement de Liam avec curiosité. La conversation resta un long moment sur des sujets neutres. Clarence retardait visiblement le moment de se confier. Finalement, alors qu'ils étaient installés l'un à côté de l'autre sur le canapé du salon, Clarence déclara brusquement :
– J'aime Tom.
Le frère et la sœur n'en rataient décidément pas une... Peter se sentait vaguement responsable. Sans lui, Vicky et Clarence n'auraient pas rencontré Jack et Tom et ne seraient actuellement pas malheureux.
– Qui aime Jack.
– Que ma sœur aime.
Comme des poupées russes, leurs sentiments s'emboîtaient, les blessant.
– Vous avez eu des nouvelles de Jack ou Tom ?
– Non. Vicky a bien cherché à contacter Tom parce qu'elle voudrait lui parler avant d'avouer ses sentiments à Jack.
– Je dois reconnaître qu'à part toi, je n'ai essayé de téléphoner à personne. J'ai l'impression que je ne fais au final qu'empirer les choses à chaque fois que je m'emmêle.
– Mais non. C'est moi. Dans le jardin, je n'aurais pas dû...
Il n'acheva pas sa phrase et se perdit dans la contemplation du parquet du salon de Liam.

lundi 7 septembre 2009

Cicatrices - Chap12 : Amours (5)

– Pourquoi tu fais ça à Tom, Jack ? Pourquoi es-tu même sorti avec lui si c'était pour faire ça ? Et d'ailleurs, pourquoi embrasser cette fille si elle ne t'intéresse pas ?
Si Peter était énervé, Jack ne l'était pas moins.
– Avec toi, c'est toujours pourquoi-ci et pourquoi ça ? Qu'est-ce que tu crois ? Que tout le monde agit toujours pour des raisons bien précises, cohérentes et logiques ? Tu rêves, tu rêves complètement.
Jack se détourna et prit la direction de la sortie. Peter le suivit, décidé à ne pas laisser son ami s'en tirer à si bon compte. Mais, au moment où Jack ouvrit la porte, Clarence entra et Peter renonça à suivre Jack. Le frère de Vicky avait des taches d'herbe sur son t-shirt blanc, les yeux brillants et les lèvres gonflées.
– Tom est parti, déclara-t-il.
– Jack aussi à présent.
Peter se retint de demander ce qui s'était passé dans le jardin. L'hypothèse du combat tenait la route, mais le jeune homme avait plutôt le sentiment que Clarence s'était roulé dans l'herbe avec Tom de façon beaucoup moins innocente. Clarence n'avait-il pas dit qu'il trouvait Tom sexy ? Et il parlait souvent de lui... Peter les imagina brièvement tomber sur la pelouse, Clarence cherchant à retenir Tom qui devait être furax contre Jack. Ils s'étaient retrouvés allongés l'un sur l'autre, leurs bouches à quelques millimètres l'une de l'autre. Peter secoua la tête pour chasser les images qui lui traversaient l'esprit. Cela ne le regardait pas. Et surtout, ce n'était pas le moment d'avoir une érection. Pas en plein milieu d'une pièce pleine de monde.
– Hey, Peter, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Clarence.
– Je ne sais pas. Au fait, tu as des taches sur ton t-shirt. A moins que ce ne soit un effet de la lumière, ajouta Peter très vite.
Il n'avait pu s'empêcher de remarquer les traces vertes, mais il n'avait pas eu l'intention de les mentionner. Il savait que cela embarrasserait Clarence. Ce dernier s'empourpra d'ailleurs violemment, mais il n'eut pas besoin de répliquer quoique ce soit. Vicky était redescendue. Elle était de nouveau présentable.
– Où est Jack ? demanda-t-elle.
– Parti, répondit Peter.
– Avec Tom ?
– Non, chacun de leur côté, précisa Clarence.
– Tu crois que Jack était jaloux tout à l'heure ?
Clarence qui n'était pas au courant que sa soeur aimait Jack, le comprit.
– Je renonce à essayer de comprendre Jack, répondit Peter.
Une fille vint interrompre leur conversation. Elle cherchait les toilettes, et était visiblement éméchée. Vicky l'accompagna donc gentiment. Clarence échangea avec Peter un regard.
– Je vais y aller, déclara Peter. Tu salueras Vicky pour moi, ajouta-t-il.
Il était fatigué. Les relations complexes qui s'étaient tissées entre ses amis le dépassait et il aspirait à se retrouver au calme. Clarence suivit à l'extérieur de la maison et le retint avant qu'il ne franchisse le portail.
– Peter ! Je... Est-ce qu'on pourrait se voir bientôt pour discuter ? J'ai vraiment besoin de parler à quelqu'un.
Les mêmes mots que sa sœur. Peter savait déjà plus ou moins ce que Clarence avait à lui dire, mais il lui répondit tout de même :
– Bien sûr.

vendredi 4 septembre 2009

Cicatrices - Chap12 : Amours (4)

– La terrible Cassandra. Tu vas devoir vivre avec elle pendant un mois, c'est ça ?
– Oui. J'espère m'en sortir vivant, surtout que Liam a eu l'excellente idée de me faire mettre mes affaires de cours dans la chambre utilisée par Cassandra quand elle vient.
Peter n'avait jamais raconté le numéro de charme que lui avait fait Cassandra, mais il avait rapporté certains des commentaires mordants qu'elle lui avait lancé.
– Aïe !
– Oui, comme tu dis. J'ai protesté, tu penses bien, en disant qu'elle n'apprécierait pas que son espace soit ainsi envahi, mais Liam n'a rien voulu entendre...
La voix de Peter mourut : devant la table couverte de nourritures et de boissons de toutes sortes, Jack avait embrassé Rose. Tom se dirigeait droit vers le couple. Peter, Clarence sur ses talons, se dépêcha de rejoindre Tom. Cependant, à son grand étonnement, ce dernier dépassa Jack et Rose et continua son chemin. Il allait partir.
– Essaye de le rattraper, demanda Peter en se tournant vers Clarence qui se précipita à la suite de Tom.
Le baiser de Jack et de Rose durait encore. A quelque pas d'eux, Peter hésitait encore sur la conduite à tenir quand Vicky se jeta en pleurs contre son torse. Les autres invités qui n'avaient rien remarqués, continuaient à rire, danser, manger, boire... et s'embrasser. Peter referma les bras autour de Vicky dans une étreinte consolatrice. Enfin, les lèvres de Jack se détachèrent de celles de Rose et il regarda autour de lui. Il repéra presque immédiatement que Vicky était blottie contre Peter. Soudainement indifférent à la fille qu'il venait pourtant d'embrasser, il s'approcha et interpella son ami d'un ton peu aimable :
– Hey, l'homo depuis quand tu flirtes avec les filles ?
Peter sentit sérieusement la moutarde lui monter au nez.
– Et toi, depuis quand tu ne sors plus avec Tom ?
Rose, qui avait suivi Jack, tiqua légèrement en entendant le prénom masculin, mais ne dit rien.
– Lâche donc Vicky ! s'exclama Jack en posant la main sur l'épaule de Peter.
La dite Vicky avait arrêté de de renifler dans le t- shirt gris du jeune homme, mais elle ne semblait pas prête à quitter les bras de Peter. Le jeune homme devina qu'elle n'avait pas envie que Jack la voit avec le visage rouge et les yeux gonflés. Et puis son mascara avait dû couler. Quant à Jack, son comportement était incompréhensible...
– Dis-donc, ça ne te suffit pas d'avoir Tom et Rose, il te faut aussi Vicky ?
– Rose ? demanda Jack.
Cet idiot ne savait même pas le nom de la fille qu'il avait embrassé ! Rose n'apprécia visiblement pas son ignorance. Elle gifla Jack et déclara sèchement :
– Je ne veux plus rien avoir à faire avec vos histoires tordues, viens Vicky !
Rose attrapa son amie qui se laissa emmener vers l'escalier. Peter n'eut que le temps d'entre-apercevoir son visage strié de larmes.

jeudi 3 septembre 2009

Cicatrices - Chap12 : Amours (3)

Après maintes discussions, il avait été décidé que Peter s'appuierait le ménage, payerait sa part de nourriture et ce qu'il fallait pour ses études, mais qu'il ne participerait pas au loyer et aux autres factures. Peter avait déjà choisi de résilier son abonnement de téléphone portable qu'il trouvait trop coûteux pour l'usage qu'il en faisait.
A force de se voir aussi régulièrement, Peter avait petit à petit eu le sentiment qu'il connaissait mieux l'homme à la cicatrice. Il avait notamment appris comment Liam avait récolté de la cicatrice sur le bas de sa joue. Ce dernier, quand il était adolescent, avait fait une chute spectaculaire de vélo à la campagne. Le jeune homme avait alors avoué qu'il trouvait que cela donnait un charme mystérieux à Liam et la conversation avait dérivé de telle sorte qu'ils l'avaient terminés au lit.


A la fin du mois de juin, alors que le débarquement de Cassandra était imminent, Peter accepta de se rendre chez Vicky qui avait invité Peter, Jack, Tom et d'autres de ses amis à fêter la fin de l'année et l'acquisition de leur licence. Ni Vicky, ni les trois garçons n'avaient eu besoin de se rendre au rattrapage, même si cela avait été très limite pour Tom. Les parents de la jeune fille étant partis opportunément en vacances, la place était libre pour faire la fête en toute tranquillité. Peter se réjouissait de revoir ses amis qu'il avait négligé durant les dernières semaines. A sa décharge, il s'était immergé à fond dans son nouvel environnement et dans sa recherche d'emploi. Vicky avait dit que Liam était le bienvenu, mais Peter ne lui avait pas proposé de l'accompagner. Au milieu de tous ses étudiants, son cher et tendre se serait sans nul doute senti déplacé. Alors que Peter s'était rendu à la soirée le cœur léger, il découvrit, une fois arrivé, que les choses n'étaient pas toutes roses entre ses amis. L'ambiance festive était là, mais quelque peu ternie par les sombres regards que Tom lançaient à Jack tandis que ce dernier filtrait outrageusement avec une amie de Vicky, une certaine Rose. Vicky crevait également de jalousie devant la scène. Afin de ne pas s'en mêler, Peter choisit de discuter avec Clarence qui s'était installé dans un coin et avait l'air triste. Il est vrai qu'il ne raffolait pas des endroits plein de bruit et de lumières violentes. Or, Vicky avait mis la musique à fond, branché deux spots aux couleurs changeantes, et préparé un buffet pour sa troupe d'amis. Et vu le monde qu'il y avait, les amis de ses amis...
– Ça va ? demanda Peter.
– Et toi ? Ça fait une éternité que je ne t'ai pas vu...
– Désolé. Les choses ont été un peu difficiles.
Clarence hocha la tête d'un air compréhensif : il savait que Peter avait été mis à la porte de chez lui.
– Tu n'as pas l'air dans ton assiette, reprit Peter qui avait bien noté que Clarence avait esquivé la première question.
– Je ne tiens pas en parler ici. Pas maintenant.
– Je t'inviterai bien chez Liam pour qu'on en parle entre quatre yeux, mais sa fille arrive demain.
Peter n'arrivait pas encore à penser à l'appartement de Liam comme son chez lui.

mercredi 2 septembre 2009

Cicatrices - Chap12 : Amours (2)

Il était encore en train de ruminer enfoncé dans le fauteuil quand un bruit de serrure indiqua le retour de Liam. Le jeune homme se leva et se précipita dans l'entrée.
– Ah ! Peter ! Ça me fait encore bizarre d'avoir quelqu'un qui m'accueille le soir...
Le constat n'avait rien de méchant, mais il concrétisa les inquiétudes du jeune homme. Peut-être que Liam se lassait déjà de la vie à deux. Il se retint de se jeter dans ses bras comme il en avait envie.
– Tu en tires une tête, continua Liam. Ça s'est mal passé tes examens ? demanda-t-il en dénouant sa cravate.
– Pas terrible, mais ça devrait aller.
– Tu es simplement fatigué alors. Pour moi aussi, la journée a été pénible. On ne se lancera dans les rangements que demain, d'accord ?
Tout en disant ces mots, Liam acheva d'ôter ses chaussures.
– Oui, bien sûr.
Liam se redressa, caressa de sa large main la joue du jeune homme, puis lui sourit tendrement.
– Tu vas voir, tu te sentiras bientôt ici chez toi.
Peter se rendit soudain compte à quel point il était absurde de se projeter trop loin dans l'avenir. Est-ce que ses craintes d'être mis à la porte par ses parents, avaient servi à quelque chose quand le moment était venu ? Non, pas le moins du monde. Chercher d'éventuelles solutions à des problèmes futurs était mieux que de se faire du soucis pour peut-être rien. En fait, le mieux était sans doute même de juste profiter de l'instant présent.

Au final, les premières semaines de cohabitation avec Liam se déroulèrent plutôt biens. Ils s'accrochèrent évidemment sur quelques petites choses. Liam avait ses petites manies : il fallait faire la vaisselle immédiatement après chaque repas sans jamais la laisser traîner, ne pas mélanger les chaussettes et les slips quitte à mettre du blanc avec de la couleur, ne pas utiliser la même éponge pour le sol de la salle de bains et le lavabo... Ce n'étaient pas des choses difficiles à respecter, mais il avait fallu un moment à Peter pour apprendre, puis appliquer ces « règles », et ce, même quand elles lui paraissaient étranges. Cependant, ce n'était que des détails sans importance comparés au bonheur de se réveiller aux côtés de Liam chaque matin et de le retrouver chaque soir.
Pendant que Liam travaillait, Peter restait à l'appartement où il écumait les sites d'annonces et envoyait à droite et à gauche un CV qu'il remaniait en fonctions des différents jobs pour lesquels il postulait. Il regrettait de ne pas s'y être pris dès le mois d'avril, mais il n'avait pas eu la tête à ça... En le voyant chercher si frénétiquement un emploi, l'homme à la cicatrice avait rassuré Peter. Il trouvait ça très bien que Peter travaille durant l'été, mais il pouvait ensuite compter sur lui pour l'aider à finir ses études. Seulement Peter aurait eu l'impression d'abuser de la générosité de Liam. Certes, ce dernier gagnait bien sa vie, mais ce n'était pas une raison.

mardi 1 septembre 2009

Cicatrices - Chap12 : Amours (1)

Peter s'affala sur le fauteuil. Ça y est, les partiels étaient terminés. Il avait tant bien que mal gratté des feuilles et des feuilles, parfois à peine conscient de ce qu'il écrivait. Maintenant, il lui fallait sérieusement affronter sa nouvelle situation. La récupération de ses affaires chez ses parents s'était mal passée. Et c'était un euphémisme. Peut-être que sans Liam, le jeune homme n'aurait pas réussi à récupérer quoique ce soit, car il n'aurait pas su tenir tête à son père. En même temps, la présence de Liam qui concrétisait l'homosexualité de Peter avait avivé la colère de son père. Encore maintenant les propos insultants de ce dernier tournoyaient douloureusement dans sa tête. Il avait fallu se battre pour avoir le droit de récupérer ses cours d'université, lutter pour pouvoir emporter un gros sac de vêtements et deux paires de chaussures et se battre pour prendre quelques livres, quelques DVDS, quelques CDS, le bol ébréché, choses qui lui avait été offertes ou qu'il avait acheté au cours des années. Le pauvre bol avait été violemment fracassé par terre par sa mère. Cela avait été sa façon à elle de se venger de ce qu'elle voyait comme une ingratitude de Peter. Ne l'avait-elle pas mis au monde et proprement éduqué ? Tu n'es qu'un dégénéré ! Peter secoua la tête, espérant chasser les mots blessants de sa mémoire. C'était fini à présent. Il ne reverrait plus ses parents. Mais, malgré tout ce qu'ils avaient dit, le cœur du jeune homme se serra à cette idée. Cela semblait inimaginable. Si seulement son jumeau s'était tu. Si seulement... Bien qu'il en veuille à son frère, Peter se rendait bien compte qu'il avait sa part de responsabilité. Il n'avait certes pas choisi de préférer les hommes, mais il avait décidé qu'il en avait assez de rester seul dans son coin. Chose qu'il ne pouvait regretter. Il avait hâte que Liam rentre et lui adresse un chaleureux sourire.

Ce week-end, il était prévu qu'ils rangent les affaires de Peter. Avec les partiels, le sac de vêtements était resté ouvert sur la moquette de la chambre, les cours étaient en partie étalés sur la table basse du salon tandis que le reste de ses effets personnels étaient posés en vrac dans la seconde chambre de l'appartement. La pièce normalement réservée à Cassandra quand elle venait. Après ça, Peter avait décidé de trouver un job le plus vite possible. Il lui restait un peu d'argent sur son compte en banque, mais s'il ne voulait pas vivre aux crochets de Liam, cet argent allait fondre comme neige au soleil. Il faudrait qu'il voit avec Liam dans quelle mesure il participerait au loyer... Continuer ses études était sans doute encore possible.
Avec un brin d'angoisse, Peter se dit qu'il connaissait encore fort mal l'homme à la cicatrice. Il gagnait bien sa vie, ça, il le savait, mais quel rapport avait-il avec l'argent ? Était-il du genre dépensier ou radin ? Et puis, si pour une raison quelconque, ils rompaient, que deviendrait-il ? Leur première semaine de vie commune s'était somme toute plutôt bien déroulée, mais il n'était pas certain que cela dure après tout... L'avenir paraissait bien sombre à Peter tout à coup.

Un an de Loveboy'slove...


Le 22 août 2008, la prépublication de 12 + 1 = ? commençait, elle s'est terminée le 24 décembre.
Le livre a été publié sur Thebookedition dans la foulée.
Le livre 12 + 1 = ?
Cependant, les aventures de Terry et des frères Tsukoji n'étaient pas terminées et elles se sont donc poursuivies dès le 1er janvier 2009 pour se conclure définitivement le 22 avril 2009.
Le livre 12 + 1 = 14 ! a été publié en mai.
Le livre 12 + 1 = 14 !



Le 24 avril 2009, la prépublication de Cicatrices a commencé. La tonalité de ce roman est sérieuse par rapport aux aventures assez fantaisistes de Terry. A ce jour, 11 chapitres ont été mis en ligne.

L'histoire devrait s'achever en octobre-novembre pour laisser place au roman de fantasy Le Suivant du prince.

« Ton Prince tu serviras en toute chose,
Jamais tu ne le laisseras dans l'insatisfaction,
car son bien être et son plaisir sont tes seules priorités. »
Extrait du Manuel du Suivant