L'androïde amoureux - 54

La semaine s’écoula lentement. Alex continua à le couver des yeux sans l’aborder, à croire qu’il attendait le moment où Valérian lui donnerait le feu vert pour reprendre le fil de leur amitié. D’un côté, ça faisait mal, de l’autre, c’était une sorte de consolation, car cela signifiait qu’il comptait pour Alex, même si ce n’était pas autant qu’il l’aurait voulu.

Tout le week-end durant, Alex lui manqua, et puis, lundi revint. Alex était absent. Valérian n’approcha pas pour autant Jason, quand bien même cela le démangeait.

Jeudi, Alex n’était toujours pas de retour. Il était apparemment bien malade, et plus que la dernière fois qui remontait à pas si longtemps que cela… Et si Alex était atteint d’une maladie grave et que c’était pour cela qu’il avait rompu avec lui ? Valérian se morigéna pour son imagination débordante. Cela ne pouvait pas être ça. Il l’aimait et il ne voulait pas que ce soit ça. Il avait hâte qu’Alex revienne en classe, car ne pas le voir du tout était douloureux , autant que de ne pas le fréquenter.

Quand vendredi, Jason ne se montra pas non plus au lycée, Valérian décida qu’apporter les leçons du jour aux deux frères était une bonne excuse pour se rendre chez eux et prendre des nouvelles d’Alex. Il était inquiet. Manquer une semaine complète de cours n’était pas si fréquent que cela et impliquait qu’Alex n’avait pas un banal rhume.

Après les cours, après avoir fait un détour pour photocopier ses notes et les devoirs, Valérian alla donc sonner à leur porte, essayant de refouler les souvenirs de la première et dernière fois qu’il était venu là.
Ce fut Jason qui ouvrit, l’air fatigué, mais pas malade. Était-il resté au chevet d’Alex à la place de leur père ?
— J’apporte les cours, dit Valérian, se sentant transparent dans sa démarche.
— Merci, mais c’est le dernier de mes soucis, grommela Jason.

Valérian, craignant qu’il ne lui ferme la porte au nez s’il lui donnait la liasse de feuilles qu’il avait préparée, posa la question qui lui brûlait les lèvres :

— Comment va Alex ?
Jason soupira, passant les deux mains dans ses cheveux bruns déjà tout ébouriffés
— Bon… Tu mérites de savoir. Entre.
Valérian ne se le fit pas dire deux fois.

Jason referma derrière lui, puis, au lieu de monter à l’étage où les chambres se trouvaient, et normalement Alex, prit l’escalier qui descendait dans les profondeurs de la maison.

Valérian le suivit malgré tout.

Il ne s’attendait certes pas ce qui était en bas : plusieurs tours d’ordinateurs et écrans, des étagères chargées de câbles et de pièces métalliques en tout genre et, au milieu de tout cela, parfaitement immobile, les yeux clos, allongé sur une table, Alex - Alex dont un câble dépassait de l’oreille et un autre de sa jambe, branché d’un côté à l’ordinateur et de l’autre à une prise électrique.