Orcéant - 71

CHAPITRE 15

Partout des flammes, un mer de feu, une cacophonie de cris, des gens qui couraient dans tous les sens et une odeur de mort.
Des humains en tuaient d'autres, leur tranchant la gorge par l'arrière, les poignardant dans le dos. Des licornéens aussi attaquaient en traître, coupant des bras et des jambes, tranchant des pénis et des oreilles comme désireux d'apprendre aux humains la douleur d'être mutilé. Des corps tombaient, jonchant le sol des riches demeures, leurs sangs éclaboussant les meubles laqués, tâchant les beaux tapis. Dans des maisons plus modestes, des trolls et des gobelins aux chaînes brisées semaient la misère et la désolation, cassant tout sur leur passage. Les humains qui essayaient de s'interposer ne faisaient pas le poids face à leur nombre. Des orcéants écrabouillaient des hommes et femmes, les balançant en l'air et les laissant retomber comme de vulgaires poupées de chiffons.
« Pour la liberté ! » criaient des voix.
Jaro, une épée rougie brandit haut vers le ciel scandait ses mots avec force, le regard fou.
Dans les champs, des orcéants, des licornéens, des trolls et des gobelins erraient au milieu du carnage et de la pagaille, l'air perdus.

Korel ouvrit les yeux en grand, le cœur battant à toute allure. Des oiseaux pépiaient joyeusement dans les arbres et le soleil brillait. Tout était calme et paisible. Il avait réintégré son corps.
Le licornéen aurait aimé pouvoir prétendre n'avoir fait qu'un cauchemar à cause des stupides insinuations de Byll au sujet du mouvement de la Liberté, mais de la même manière qu'il savait la direction à prendre pour trouver ce qu'il cherchait, il sentait que ce n'était pas un rêve. Sa corne était brûlante et ses terribles évènements allaient se produire dans un avenir proche à moins que quelqu'un ne les empêche... C'était donc ça son pouvoir spécial qui n'appartenait qu'à lui, réalisa Korel. Hélas, impossible de s'en réjouir après les horreurs qu'il avait vues.
Il se prit à espérer que Pierrick et Élissande aient finalement été rejetés par le mouvement de la Liberté, qu'il ait été décidé qu'ils ne faisaient pas de bons candidats.
Il secoua la tête, se ravisant, peut-être que de l'intérieur, ils pourraient tenter de changer les plans du mouvement... Si seulement, il n'avait peu cette pénible intuition que non... S'il avait été dans son corps, il aurait eu cette vision plus tôt et alors il aurait pu mettre en garde Pierrick. Jamais au grand jamais, il n'aurait dû accepter la proposition de la vieille licornéenne. Cela avait été vraiment égoïste de sa part de vouloir s'assurer des sentiments de Pierrick.
Il se leva. Rouge et Byll n'étaient nulle part en vue alors qu'il aurait aimé se confier à eux. Il les appela, mais ne reçut aucune réponse. Il hésita à partir à leur recherche, puis finalement replia les couvertures qu'ils avaient abandonnés en tas. Ils étaient assez forts pour se défendre eux-mêmes.