vendredi 7 février 2014

Le garçon fée - 152

Zibulinion qui avait écouté le discours du fée des plantes sans l'interrompre, retenant à moitié son souffle, déclara en hâte :
– Je suis vraiment désolé de t'avoir trompé. J'avais trop peur de me retrouver seul. Ce qui est arrivé d'ailleurs.
– Tu es bête, répondit Waltharan, mais d'un ton gentil. Tu as l'art et la manière de te fourrer toujours dans le pétrin. Hier encore avec ton numéro, tu as foncé droit dans les ennuis.
– Je n'ai rien fait de mal.
– Tu as transgressé des règles non-écrites. Pareil pour ta relation avec ton sorcier. Ce n'est pas interdit, mais ça ne se fait pas. Les fées ne sont  pas supposées faire ami-ami avec les sorcières.
Zibulinion hocha la tête, désabusé. Les fées n'étaient normalement pas non plus comme lui, rondes et ternes.
Waltharan continua :
– Qu'est-ce que tu lui trouves d'ailleurs à ce sorcier qui nous méprise ?
– Il est intéressant et ses préjugés envers les fées ne l'empêche pas de me considérer digne d'être fréquenté.
– Est-ce un reproche indirect de la façon dont je t'ai traité ces derniers mois ?
– Non... Quand tu ne m'ignorais pas, tu n'as pas mâché tes mots, mais je n'avais pas été correct avec toi non plus. Nous sommes quittes, pourrait-on dire.
– Redevenons amis, d'accord ?
Zibulinion, fou de joie, se retint de sauter au cou du fée des plantes. Sous cette apparence de jolie fée, c'eût été retourner le couteau dans la plaie à priori mal fermée de la déception amoureuse de Waltharan.
Du passage dans le couloir les obligea à interrompre leur discussion et d'un commun accord, ils retournèrent au dortoir, optant pour un bavardage sans conséquence qui pouvait être écouté par n'importe qui.
A son retour, les filles lui réservèrent un accueil glacial et, son aile ne cessant de le faire souffrir, Zibulinion passa une seconde mauvaise nuit.

Le lendemain, il resta spectateur des épreuves la majeure partie de la journée. Cependant, en fin d'après-midi, l'inactivité lui pesant trop, il prit part à un duel d'escrime à la baguette. Les quelques combats qu'il avait pu observer lui avait donné envie d'essayer.
Il s'agissait de tenir son adversaire à distance avec sa baguette, mais sans toucher celle de l'autre, et sans quitter le pentagone tracé sur le sol. Pour gagner, il fallait réussir à trouver une ouverture pour envoyer à son opposant une petite poussée magique.
La salle où se déroulait les duels avait un côté moyenâgeux avec son pavage et ses murs de pierres grises ou étaient fixées des torches enflammées en guise d'éclairage.
Zibulinion entra dans le pentagone, tenant fermement sa baguette dans sa main. Son adversaire, une sorcière brune aux lèvres peintes en violet fit de même. Il la salua d'un signe de tête et attendit le croassement du corbeau qui marquait le début du duel.
La sorcière, dès le début, se fendit en avant pour l'atteindre. Zibulinion l'évita tout juste. Cela ne paraissait pas dur quand on regardait, mais en pratique c'était tout autre chose. Comme son opposante s'escrimait, Zibulinion esquivant avec peine ses tentatives, se demanda dans quelle galère il s'était encore fourré. Il aurait bien sûr déclarer forfait ou se laisser toucher pour en finir, mais par principe, il tenait aller jusqu'au bout de l'épreuve. Mais s'il avait toutes les chances de perdre, il voulait le faire honorablement. Les autres fées s'étaient bien débrouillées et certaines avaient même gagnées alors que ce n'était pas un sport pratiqué à Valeiage.
Zibulinion recula d'un pas sur le côté. La sorcière grinça des dents et essaya encore et encore de trouver une ouverture.  Mais sans cesse Zibulinion se dérobait. Ses propres réflexes l'étonnaient, car il n'avait jamais été doué en sport. Il bougeait de façon instinctive, mais il se fatiguait et il parvenait juste à rester hors de portée, sans réussir à attaquer.
– Tu vas rester tranquille, oui ?! siffla la sorcière.
Sans qu'il comprenne bien comment, Zibulinion reçut un violent coup dans le torse qui le projeta hors du pentagone. Il battit spontanément des ailes, mais la douleur qu'il ressentit, lui arracha un cri et il tomba en arrière et s'écrasa sur les dalles.
Étourdi par le choc, il cligna des yeux à plusieurs reprises. Dans son champ de vision, apparurent Neyenje, Waltharan et Antenhyo des « ça va » inquiets à la bouche.
Waltharan l'aida à se remettre sur pieds, Neyenje se mit à l'ausculter et Antenhyo s'en prit à la sorcière qui l'avait envoyé valser.
Zibulinion, même s'il avait mal, se sentit content d'être ainsi entouré. L'amitié que lui avait redonnée Waltharan n'était pas des paroles en l'air et Neyenje, en dépit de la mauvaise réputation que Zibulinion avait acquise avec sa démonstration de talent, était venu à la rescousse. Enfin, Antenhyo prenait son parti contre une de ses camarades.
Des adultes s'emmêlèrent. La sorcière rousse s'efforça de calmer Antenhyo. L'accompagnatrice fée, en revanche, se retrouva en butte à l'indignation de Neyenje qui n'avait pu manquer le sort punitif. En un mot, c'était le bazar.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Hé bien quel épisode riche en émotion ^^

Déjà la réconciliation entre Zibu, Waltharan (et Neyenje), contente pour Zibu, au moins il ne sera plus totalement seul ^^

J'ai adoré l'épreuve "d'escrime" et malgré son caractère je sens qu'Antenhyo sera un bon ami pour Zibu à moins que tu n'en décide autrement lol

En tout cas l'histoire avance bien et est toujours aussi captivante XD

Bon week-end et rdv pour la suite :)