lundi 3 février 2014

Le garçon fée - 148

– Avec le rigolo à la mèche peinturée en blanc ? Hors de question ! s'écria Antenho.
– C'est naturel ! Et si cela ne te plaît pas que je vienne avec vous, tu n'as qu'à aller voir ailleurs, tout seul ! riposta Waltharan.
Antenhyo l'ignora et se tourna vers Zibulinion pour signifier qu'il acceptait. Néanmoins, il posa comme condition que Waltharan reste à une certaine distance d'eux.
Cela ne dérangeait pas Zibulinion et le fée des plantes ne protesta pas, même s'il était clair comme de l'eau de roche que cela ne lui plaisait pas du tout.
Ils quittèrent donc tous les trois le réfectoire. De temps à autre, tandis que Antenhyo se vantait de sa démonstration de l'après-midi, Zibulinion jetait un coup d'œil en arrière, vérifiant que le fée des plantes suivait toujours.
– Tu l'as embauché pour qu'il te serve de garde du corps ? s'enquit Antenhyo avec agacement alors qu'ils arrivaient à la salle de repos.
– Mais non...
Ils entrèrent. Antenhyo ne se donna pas la peine de tenir la porte à Waltharan qui dut la rouvrir un instant plus tard.
Son mécontentement se lisait sur son visage et Zibulinion lui adressa un regard désolé qui n'adoucit en rien l'humeur du fée des plantes.
Antenhyo invita Zibulinion à se mettre près des fenêtres, à l'exact opposé de Waltharan.
Les rideaux de velours rouge n'étaient pas tirées et à travers la vitre, s'étendait la nuit noire. Ils étaient presque dans la même situation que la veille, comme si les dernières vingt-quatre heures n'avaient pas eu lieu et Antenhyo reprit d'ailleurs la conversation là où elle avait été interrompue :
– Je ne relèverai pas ton défi de découvrir quelle est ta vraie apparence par la magie, car tu es assez douée pour contrer mes sortilèges, ce qui nous ramènerait au point de départ.
– Je ne crois pas que j'en serais capable. Mais de toute façon quelle importance que je sois une jolie fée ou un sac de pommes de terre ?
Cette petite question était la seule parade qu'il avait trouvé à la curiosité d'Antenhyo. Elle fit mouche. Le sorcier parut désarçonné. Il y eut un blanc.
– Je ne sais pas, déclara-t-il enfin. Mais quand même ce serait cocasse que tu ne sois pas une fée, mais un fée vilain comme un peigne...
Zibulinion, en dépit ou peut-être à cause, du fait qu'il était tendu, fut pris d'un fou rire incontrôlable en entendant cette expression sortir de la bouche du sorcier tout ébouriffé.
Antenhyo fronça les sourcils, de même que Waltharan qui, adossé à la porte de la salle de repos, rongeait son frein.
Zibulinion, toujours pouffant, demanda au sorcier si c'est parce que les peignes n'avaient aucune grâce à ses yeux qu'il ne s'en servait jamais, puis craignant l'avoir offensé, il recouvra son sérieux et présenta ses excuses.
Antenhyo, loin de le prendre mal, expliqua avec fierté que les sorciers ne passaient pas des heures à se pomponner devant leur miroir, eux. C'était une tare des fées ! Du temps perdu !
– Nous devons suivre un cours d'élégance, l'informa Zibulinion, songeant qu'être sorcier lui aurait mieux convenu, s'il n'avait pas eu d'ailes.
– Ridicule ! Je vomis sur vos cheveux bien lissés et pailletés ! Comme si ce qui était beau pour vous l'était pour tout le monde !
Indépendamment de la critique familière des fées, la réflexion sur la relativité de la beauté interpella Zibulinion. Peut-être n'était-il pas laid aux yeux de tous ? Peut-être quelqu'un quelque part, même s'il ne se paraît d'aucune illusion, le considérait beau ? Peut-être Relhnad... Non, cela tenait du doux rêve utopique...
Antenhyo reprit :
– Tu as raison. Je n'ai pas besoin de savoir à quoi tu ressembles. Cependant, d'un point de vue magique, si ton apparence actuelle est créée de toutes pièces, je ne peux que te tirer mon chapeau.
Zibulinion se mit à respirer plus librement et changea de sujet.
– En tous les cas, ta magie est plus impressionnante que la mienne. Comment as-tu fait pour qu'on ne soit pas mouillé tout à l'heure ?
Antenhyo exposait avec moult de détails la manière dont il avait procédé, quand Waltharan lança :
– Vous n'avez pas bientôt fini de papoter tous les deux ? Il doit être super tard.
Zibulinion s'en voulut d'avoir oublié le fée des plantes, absorbé par les propos du sorcier.
– En plus d'être pot de colle, tu es pénible, commenta Antenhyo.
Prévenant l'explosion de Waltharan, Zibulinion lui donna raison. Le sorcier tint cependant à terminer ses explications avant de laisser Zibulinion partir. Il insista ensuite pour « la » raccompagner dans le quartier attribuée aux fées, obligeant Waltharan à marcher quelques pas derrière eux.
Juste avant le couloir menant au dortoir, il souhaita à Zibulinion que la nuit lui porte conseil pour donner le meilleur de lui-même sur l'estrade le lendemain.
Dès qu'il fut parti, Waltharan, en trois enjambées fut sur Zibulinion et l'engueula :
– Tu minaudais avec lui... Cela t'amusait de me faire poireauter, hein ?
Zibulinion rentra la tête dans les épaules, il savait avoir exagéré, mais en même temps, il n'avait pas demandé à Waltharan de l'accompagner...
Waltharan continua :
– Je ne sais pas ce qui me retient de te frapper...
– Moi ! s'exclama Neyenje, en surgissant du coin du couloir où se trouvait leur dortoir. Tu n'as pas daigné me dire pourquoi tu lui en veux autant, mais rien ne justifie de lever la main sur une fille !
– Et si c'est un garçon, c'est bon ? riposta Waltharan, les phalanges blanchies tellement il serrait
fort les poings.
– Le combat serait à armes égales au moins... Mais qu'est-ce que tu racontes ?
Zibulinion pressentit que Waltharan allait craquer et que bientôt son secret n'en serait plus un pour Neyenje... Mais il n'eut pas le temps d'intervenir, déjà Waltharan lâchait d'une voix furieuse :
– Alors, je peux, cette fille, c'est Zibulinion, tu n'as pas à jouer le chevalier en armure !

3 commentaires:

Jeckyll a dit…

Whaou pinaise quel épisode pour ce début de semaine ^o^ Merci à toi

On sens bien que Zibu aurait volontiers changé de monde pour celui des sorciers,et comme si tout n'allait déjà pas bien pour Zibu voilà que Waltharan à craché le morceau à Neyenje

Zibu sera t-il encore traité comme un pestiféré, j'ai hâte de lire la suite ^____^

Kokoro a dit…

olalalala
il est dans de beaux draps ! lol


merci encore pour l'épisode

Illyshbl a dit…

La réaction de Neyenje est en ligne. Et peut-être va-t-elle agréablement vous surprendre... Enfin, rien n'est jamais simple pour Zibulinion. :)