vendredi 28 février 2014

Le garçon fée - 167

Zibulinion se pinça le bras et eut mal. Il était réveillé. Il était donc en train de délirer. Il était impossible que Relhnad soit en train de lui dire qu'il l'aimait tout en lui faisant comprendre que cela ne pourrait jamais marcher.
– Vous êtes vraiment amoureux d'un garçon comme moi qui suis si peu... si moche ?
Sa voix trembla sur le dernier mot.
– Tu es beau, objecta Relhnad sans une once d'hésitation.
Des larmes perlèrent dans les cils de Zibulinion. Il avait toujours voulu que quelqu'un le lui dise, même si c'était faux.
Relhnad se rapprocha de lui.
– Tu ne me crois pas, hein ? Pourtant, tu l'es. J'adore tes grands yeux, la courbe de ton nez, la forme de tes lèvres, les plis de ton front quand tu te concentres, tes mains larges...
– Mais je suis gros et terne, coupa Zibulinion.
Relhnad secoua la tête et déclara :
– Tu es solide, tout en moelleux et rondeur. Tes cheveux et tes ailes ont la chaude et profonde couleur de la terre.
Les larmes roulèrent franchement sur les joues de Zibulinion. Le professeur de sorts était sincère.
– Ne pleure pas, dit Relhnad, en caressant du dos de la main les joues mouillées de l'adolescent.
Zibulinion frémit. C'était si doux, si infiniment bon...
– Je vous aime.
Relhnad lui sourit, sans lui répondre. Ses propres sentiments, il les avait reconnus sans les exprimer explicitement.
Zibulinion reprit d'un ton hésitant :
– Et vous... Depuis quand... ?
– Plus longtemps que toi. Tu m'as intéressé à l'instant où je t'ai vu. Tu changeais agréablement de ces fils de fer androgynes. Cependant, tu m'as conquis le jour où tu as hésité à porter mon doigt à ta bouche pour les besoins du sort. Sans vouloir me vanter, je plais aux hommes comme aux femmes, fées ou humains, et tout le monde se jette dans mes bras, alors ta réaction m'a charmé. Ton potentiel magique m'a ensuite ébloui... Ta timidité, ton intelligence, ta gentillesse... Plus je te découvrais, plus tu me fascinais.
Zibulinion n'arrivait pas à y croire. Jamais il ne s'était douté, mais il n'avait osé supposé que Relhnad était attiré par lui. Même quand il l'avait soupçonné d'être Dalynaida, il ne s'était pas imaginé une chose pareille. Ce n'était pas parce que la fée blonde l'avait regardé quand il lui avait demandé si elle avait quelqu'un en vue, que cela voulait dire nécessairement que cette personne, c'était lui. Bien sûr, il s'était posé la question, mais c'était une des raisons pour laquelle il s'était dit que son hypothèse sur la véritable identité de Dalynaida ne tenait pas debout.
– Vous n'avez jamais rien laissé transparaître quoique ce soit ni cherché à me voir ni rien alors que nous sommes au même étage...
– Cela n'a pas toujours été facile. Mais je n'ai pas le droit de ressentir ça pour toi. Tu es si jeune. Par trois fois, je n'ai pas su résister à la tentation d'être plus proche de toi et j'ai fait n'importe quoi...
– Par trois fois ? répéta Zibulinion.
Il voulait savoir, alors seulement, peut-être il parviendrait à réaliser que c'était vrai, que Relhnad l'aimait de la même façon que lui.

jeudi 27 février 2014

Le garçon fée - 166

Durant le cours de sorts, Zibulinion scruta le visage de Relhnad, mais rien dans l'attitude de ce dernier ne laissa supposer qu'il se souvenait du rêve.
Zibulinion se décida donc à infiltrer les songes du professeur de sorts une seconde fois : le tunnel de brume, le visage endormi de Relhnad, fabuleusement beau et enfin, l'univers cotonneux.
Zibulinion s'étonna de se retrouver  exactement dans le même décor. Il s'y mouva en silence jusqu'à ce qu'il repère Relhnad. Le professeur était à nouveau en compagnie du sosie de Zibulinion. Ils étaient nus tous les deux. Le sosie de Zibulinion était à quatre pattes, fesses en l'air. Relhnad, derrière, allait et venait, une main sur le pénis du sosie, l'autre jouant avec l'un des tétons.
Zibulinion dut s'y reprendre à deux fois pour sortir du rêve et se retrouva en sueur dans son lit, sa chemise de nuit mouillée de sperme.
Il venait de se nettoyer magiquement quand Relhnad se matérialisa dans sa chambre, le visage furieux, son peignoir bleu nuit non noué, ne cachant pas grand chose de la splendeur de son corps.
– Il est interdit de se promener dans les songes d'autrui sans leur consentement !
Zibulinion sentit le sang monter à son visage et il se recroquevilla sur son lit.
– Pardon, pardon. Je ne sais pas comment j'ai fait ça, je regrette d'avoir projeté mes désirs dans vos rêves...
Sans se défaire tout à fait de son énervement, Relhnad manifesta de la surprise :
– Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est ma magie qui était à l'œuvre, pas la tienne...
Zibulinion se demanda s'il avait bien entendu. Il tenta de justifier son intrusion en évoquant Dalynaida, mais il n'eut pas l'impression que ses propos faisaient sens.
Relhnad inspira profondément et vint s'asseoir sur le lit de Zibulinion où il réajusta son peignoir.
– Je te dois des explications et des excuses aussi... C'est moi qui manipule ma manière onirique pour te faire l'amour.
Zibulinion devait rêver. Il avait dû s'endormir. Son professeur ne pouvait avoir prononcé ces mots.
Mais Relhnad continua :
– Je sais qu'en tant qu'enseignant, je ne devrais pas m'autoriser, même en songe, à faire ça avec un de mes élèves, mais je ne suis qu'un fée, loin d'être parfait, même si les autres sont prompts à me mettre sur un piédestal... J'avoue. Dalynaida, c'était moi. J'étais jaloux. Je voulais savoir qui avait eu la chance de t'initier au plaisir des sens.
Zibulinion fut horrifié que Relhnad soit au courant. Par quel sort avait-il su ?
– Comment... ? souffla-t-il.
– Quand tu es venu te doucher. Je l'ai déduit à ta démarche de canard conjointe à ton embarras. Je m'étais persuadé que tu en étais venu à avoir des sentiments pour moi et la chute a été rude. J'ai crée Dalynaida dans le but d'apprendre qui était le chanceux parmi les fées de Valeaige. Je me suis d'autant plus piqué au jeu que c'était plaisant d'être avec toi sur un pied d'égalité. J'ai été heureux d'entendre que c'est moi qui occupais la première place dans ton cœur...
– Dalynaida... Enfin, vous vous êtes indigné.
– Une part de moi l'est, mais l'amour ne se raisonne pas, ce qui n'empêche pas, qu'entre nous, c'est impossible. Je suis ton professeur, tu es mon élève et nous avons dix neuf ans d'écart.

mercredi 26 février 2014

Le garçon fée - 165

Zibulinion sans préciser qu'il soupçonnait Dalynaida d'être le professeur de sorts, révéla à Waltharan qu'il la croyait n'être qu'une illusion. Le fée des plantes se moqua gentiment :
– Ce n'est pas parce que toi, tu es un maître à ce jeu que tout le monde est capable de ce genre de truc. Enfin, si jamais tu as raison, ce serait l'arroseur arrosé...
Zibulinion se tourmenta encore pendant plusieurs jours, puis se résolut à entrer en douce dans les rêves de Relhnad.
Une fois sa décision prise, il révisa le sort permettant d'entrer dans les songes d'autrui et en fabriqua un de son cru afin que son intrusion soit discrète. Cela l'occupa deux bonnes semaines. Une fois prêt, il tergiversa, peaufinant son sort, repoussant de jour en jour le passage à l'action.
Si jamais Relhnad le repérait, malgré ses précautions... Mais Dalynaida ne réapparaissait pas et il ne pouvait oublier ce goût de vanille sur ses lèvres.
La fin de l'année approchant, il se lança finalement. Couché dans son lit, baguette sous son oreiller, il usa de sa magie.
Tout devint brumeux, il entraperçut Relhnad enfoncé dans le nuage qui lui servait de lit, ses épaules nues dépassant de la couverture et soudain, il fut projeté dans un univers cotonneux bleuté qui n'avait ni sol ni plafond.
Zibulinion avança en battant sans bruit des ailes à la recherche de Relhnad. Il l'aperçut entre deux masses nuages, à quelques mètres, allongé sur le dos, nu. Sa longue verge était dressée. Il tendit les bras et une silhouette familière se pencha sur lui : un sosie de Zibulinion, rougissant, ne portant également pas l'ombre d'un vêtement et à l'excitation visible. Il embrassa Relhnad à pleine bouche, laissant le professeur haletant, puis il les écarta les jambes de ce dernier, les souleva et s'enfonça en lui, arrachant un gémissement à Relhnad qui se cambra, paupières mi-closes.
Zibulinion quitta aussitôt le rêve et se retrouva en sueur dans son lit, son pénis tendu comme un arc. Il l'effleura et jouit instantanément. Il avait dû se tromper quelque part dans ses sorts, c'était impossible que Relhnad rêve de lui de cette façon. Était-il entré dans son propre songe ? Non, cela ne tenait pas debout. Peut-être avait-il magiquement projeté ses désirs, transformant le rêve de son professeur ? Oui, cela devait être cela. Il avait dû influencer le songe de Relhnad, comme Neyenje l'avait fait avec les siens il y a longtemps... Si jamais le professeur de sorts s'en rappelait au réveil, ce serait catastrophique, à moins qu'il ne catalogue ça comme un cauchemar. Au lieu de le rassurer, cette pensée attrista Zibulinion.
En attendant, après cette bêtise, il n'était pas plus avancé sur le mystère Dalynaida. D'ailleurs, il était ridicule de chercher à le résoudre dans les rêves de Relhnad, simplement à cause d'un goût vanillé qu'il avait dû fantasmer.
Dalynaida n'était pas une illusion, mais une fille de chair et sang qui avait menti sur son nom et c'est pour ça qu'il ne retrouvait pas sa trace. Comment distinguer une fée blonde élancée d'une autre ? Mais il se refusait à faire comme si elle n'avait jamais existé. Le croissant de lune accroché à son cou l'en empêchait, de même que le baiser empreint de fleur d'oranger et de cannelle sur sa joue.

En même temps, Dalynaida lui avait été presque immédiatement sympathique. Avec elle, que Relhnad soit inaccessible avait été moins pénible à supporter. Peut-être parce qu'elle était lui... Il n'avait pas de preuve, pas de certitude absolue, mais il ne parvenait pas à rejeter complètement cette idée.

mardi 25 février 2014

Le garçon fée - 164

– Tu... commença Zibulinion.
Dalynaida posa un index sur sa bouche pour l'empêcher de continuer.
– Avant que j'oublie, j'ai un petit cadeau pour toi, déclara-t-elle, faisant apparaître un paquet bleu de la taille d'une boîte d'allumettes qu'elle lui fourra dans la main.
Ôtant son doigt, elle déposa un léger baiser parfumée à la cannelle sur la joue de Zibulinion, et après une pirouette, s'en fut.
– Dalynaida ! s'écria Zibulinion.
Elle ne se retourna pas. Il voulut la rattraper, éclaircir les choses avec elle, s'excuser de ne  pas avoir de cadeau pour elle, mais, au premier tournant, elle disparut.
Il s'humecta les lèvres, embêté et un goût vanillé acheva de le désorienter. C'était le même que celui du doigt de Relhnad qu'il avait dû sucer quand il lui avait insufflé sa magie pour l'obliger à expulser la sienne. Il s'en souvenait parfaitement malgré les mois qui le séparaient de l'épisode. Il y avait repensé si souvent... Mais c'était impossible la peau de Dalynaida ne pouvait avoir la même saveur. Peut-être était-ce dû à une crème... Ou plus vraisemblable, son imagination lui jouait des tours.

Zibulinion rentra chez lui pour les vacances sans avoir revu Dalynaida, ne pouvant que s'interroger stérilement sur l'espèce de déclaration muette qu'elle lui avait fait.
Chez lui, l'accueil glacial de sa mère, son beau-père et Tania lui fit regretter d'avoir quitté Valeaige. Rozélita, au moins, était contente. Et puis les fêtes, c'était normal de les passer en famille.
Zibulinion brûlait d'ouvrir le cadeau que lui avait offert Dalynaida, espérant y trouver les réponses à toutes ses questions, mais il patienta jusqu'au jour J.
Quand il le déballa enfin, dans le secret de sa chambre, il ne découvrit qu'un croissant de lune opale accroché à une cordelette de cuir. Il le passa autour du cou, les mêmes interrogations bouclant dans sa tête : Dalynaida, l'aimait-elle ?  Avait-elle un quelconque lien avec Relhnad ?

Quand les vacances s'achevèrent enfin, il passa la première semaine de la rentrée à guetter Dalynaida. Elle ne se montra pas et comme c'était toujours elle qui était venu le voir, Zibulinion ne savait pas où la trouver.
Au milieu de la seconde semaine, il fallut se rendre à l'évidence : elle l'évitait. Zibulinion aborda Lavicielle pour savoir si  Dalynaida était dans sa classe. La petite amie de Folebiol lui dit que non, mais mena l'enquête pour lui.
Il fut bientôt certain que personne parmi les fées des bois de 10ème année ne connaissait Dalynaida.
Même s'il restait la possibilité qu'elle ait menti sur sa spécialité, son année, voire même son nom... Zibulinion ne pouvait toutefois plus s'ôter de la tête le doute que Dalynaida n'était qu'une illusion et qu'elle cachait peut-être Relhnad.
Il demanda l'aide de Neyenje qui utilisa son réseau de filles pour lui confirmer que nul n'avait entendu parler de Dalynaida. Cependant, même après ça, Zibulinion ne se vit pas poser la question directement au professeur de sorts. Ce n'était qu'un soupçon basé sur un simple doigt vanillé, et la probabilité qu'il prenne ses désirs pour des réalités était élevée, car des tas d'autres éléments contredisait son hypothèse, à commencer par le côté absurde de la chose : pourquoi Relhnad aurait-il fait cela ? Pourquoi ce serait-il lié d'amitié avec lui sous une fausse identité ? En même temps, la manière dont Dalynaida s'était incrusté dans sa vie pour en sortir sans prévenir était également bizarre...

lundi 24 février 2014

Le garçon fée - 163

Les semaines filèrent, tranquilles. Dalynaida était devenue une amie. La correspondance avec Antenhyo se poursuivait, les lettres accompagnant les cours étaient désormais plus longues. Le sorcier mal peigné était ravi du premier acte de sorcellerie et tentait de « la » persuader de poursuivre. Zibulinion, cependant, considérait qu'il avait assez à s'occuper avec la féérie et n'était pas pressé de recommencer.
Il lisait et étudiait énormément, ne s'interrompant que le temps d'un bavardage avec Waltharan, Dalynaida, Zurmmiel, Joathilde, mais aussi Neyenje, sous les traits de Noinilubiza. Ce dernier rapportait ses conquêtes et sans insister, rappelait de temps à autre qu'il était toujours partant pour coucher avec lui si jamais l'adolescent en avait envie.
Le quotidien était plutôt doux, à l'exception de quelques remarques désobligeantes et regards désagréables. Même la frustration de ne voir Relhnad que durant les cours de sorts était moins grande vu comme il était bien entouré.
Finalement, il n'avait encore confié à personne son amour pour le professeur de sorts, craignant que ses amis n'achèvent de lui faire comprendre à quel point c'était sans espoir et ridicule de sa part.
Cependant, l'avant-dernier jour avant les vacances d'hiver, Dalynaida qui avait déjà tenté à plusieurs reprises de l'interroger sur sa vie amoureuse parvint à le faire parler. Que Zibulinion soit attiré par les personnes du même sexe que lui ne semblait pas la gêner. Tout au plus avait-elle émis la possibilité que ce ne soit qu'une phase, chose que Zibulinion avait rejeté catégoriquement. Les filles ne l'intéressaient pas de cette façon et Dalynaida, tout charmante qu'elle soit avec sa blondeur et ses yeux bleus, ne l'attirait pas physiquement. Parfois, cependant, il était bizarrement troublé quand elle était toute proche de lui. A son parfum de fleur d'oranger, se mêlait la douceur de la cannelle et dans sa manière de s'exprimer, elle lui rappelait quelque fois Relhnad.
– Tu aimes le professeur de sorts, répéta-t-elle, incrédule, comme venait de lui avouer Zibulinion, devant sa persistance à vouloir savoir quel fée faisait battre son cœur.
– Je croyais que c'était le fée des plantes avec lequel tu es toujours fourré qui te plaisait.
– Non, c'est juste un ami.
– Tu réalises que Relhnad a trente-six ans et qu'il pourrait être ton père!
– Je ne savais pas son âge exact, mais oui, je suis au courant de la différence. De toute façon, même s'il était un élève dans la même classe que moi, je n'aurais aucune chance.
– On ne peut jamais savoir, objecta Dalynaida. Mais tu sors avec quelqu'un d'autre, non ? ajouta-t-elle.
– Non, personne.
– J'ai peine à te croire. Parfois, tu disparais, je ne sais où... Et puis, tu as l'air expérimenté...
Zibulinion devint rouge comme une tomate. Dalynaida ne pouvait pourtant pas savoir pour lui et Neyenje. Cela ne se devine pas ces choses-là...
– Mais non, protesta-t-il faiblement.
– Tes joues écarlates te trahissent. Ceci dit, comme l'homosexualité est mal perçue à l'école, je comprends que tu veuilles protéger l'identité de la personne.
– Et toi, tu as quelqu'un en vue ? demanda Zibulinion, essayant de se dépêtrer de l'embarrassante conversation..
– Oui, répondit Dalynaida, en le regardant droit dans les yeux.
Elle ne voulait tout de même pas dire... Pas lui. Elle savait qu'il était gay.

vendredi 21 février 2014

Le garçon fée - 162

Le lendemain de sa transgression, en fin d'après-midi, alors qu'il étudiait à la bibliothèque en attendant Waltharan qui devait le rejoindre une fois ses cours terminés, une fée blonde élancée portant l'uniforme des 10ème année vint s'asseoir à côté de lui.
La chose était rare, mais ce qui était carrément exceptionnel, c'est qu'au bout de quelques minutes, elle s'adressa à lui :
– Pardonne-moi de te déranger, mais est-ce que tu pourrais m'aider ? Je ne comprends pas du tout ce point...
Zibulinion, un peu étonné, accepta et expliqua du mieux qu'il put ce qui posait problème à la fée. Elle le remercia avec un joli sourire, s'excusa encore de l'avoir interrompu et replongea le nez dans son cours.
Quand Waltharan arriva, elle leva brièvement la tête avant de se concentrer à nouveau sur sa lecture.
Le fée des plantes ne prit pas garde à elle et échangea quelques mots avec Zibulinion, puis s'attela à ses devoirs.
A l'heure du dîner, à la table des 10ème année, la fée blonde élancée prit place à côté de Zibulinion. Cette fois, elle se présenta : elle s'appelait Dalynaida, spécialité fée des bois. Zibulinion donna son nom à son tour.
– Je t'ai beaucoup vu à la bibliothèque. Le sérieux avec lequel tu lis est fascinant.
– J'aime les livres, répondit Zibulinion, ne pouvant s'empêcher de se demander comment cela se faisait que Dalynaida cherchait sa compagnie.
Était-elle reconnaissante de l'aide qu'il lui avait apporté ?
– Moi aussi, j'adore ça. Mais plutôt que les manuels de cours, c'est les romans que je dévore.
Zibulinion, fort aise de parler bouquins, cessa de se poser des questions sur ce qui pouvait motiver Dalynaida et se laissa entraîner dans une conversation qui marqua le début de beaucoup d'autres.
A presque chaque petit déjeuner, midi et dîner, Dalynaida venait s'installer près de lui. Elle le retrouvait aussi à la bibliothèque si bien que Waltharan fut obligé de la remarquer et ne manqua pas de s'agacer de sa présence. Il mit même Zibulinion en garde contre elle. Pour lui, c'était une évidence, elle devait avoir un but caché. Neyenje, mis au courant de son existence, demanda à la rencontrer : la perspective d'avoir une fille de plus dans son harem lui plaisait. Folebiol dans une des rares occasions où il avait osé adresser la parole à Zibulinion déclara qu'il était content que ce dernier se soit fait une amie. Zibulinion aussi en était heureux. Dalynaida était charmante. Il l'avait prévenu qu'il n'avait pas la cote, et que le fréquenter pouvait endommager sa réputation, mais elle avait haussé les épaules et affirmé qu'elle n'en avait cure.

jeudi 20 février 2014

Le garçon fée - 161

– Désolé...
– Permets-moi d'en douter ! De toute façon, je sais maintenant pourquoi mes cheveux noirs ne te répugnait pas vu comme tu t'es permis d'attirer à toi cafards, rats, araignées, crapauds et autres dégoûtantes créatures à Daroilak. Ah, ça me fait rager que d'authentiques fées comme moi soit éliminé d'office des sélections tandis que des faux-jetons comme toi sont prises et nous ridiculisent auprès des sorcières !
Charboige ne savait pas à quel point il avait raison, Noinilubiza n'étant qu'une illusion. Entendre le fée brun s'énerver et se montrer méprisant était autrement habituel. Quand il était juste lui-même, c'était le seul visage de Charboige auquel il avait droit. N'ayant rien à répliquer, Zibulinion garda le silence et commença à s'éloigner. Charboige le rattrapa.
– Où tu vas comme ça ? C'est une sale manie chez toi, toujours à filer sans me laisser terminer !
Zibulinion cherchait une répartie bien sentie pour rappeler au fée brun que c'est parce qu'il le poursuivait, insistant lourdement pour qu'il devienne sa petite amie, qu'il le fuyait,  mais il ne parvint pas à formuler quoi que ce soit tandis que Charboige déversait son fiel sans discontinuer.
Zibulinion lui aurait bien jeté à la figure sa véritable identité pour le faire taire, mais c'eût été compromettre son amitié avec Neyenje.
L'heure qui avançait et le désir de ne pas rater le couvre-feu amena le fée brun à s'arrêter enfin.
– Tu n'es qu'une répugnante fée sorcière, lança-t-il avant de partir.
Zibulinion, débarrassé de son illusion, regagna sa chambre, ressassant les mots durs de Charboige. Il ne savait que trop bien qu'il n'avait rien d'un véritable fée. Sa mère le lui avait assez reproché.
A son chagrin, se mêla de la colère et il décida de tester la sorcellerie. Ils pensaient tous qu'il n'avait rien d'un fée, alors, cela ne changerait rien...!
Il ouvrit sa fenêtre et à l'aide de la magie féérique, appela un animal. Une chouette ne tarda pas à arriver. Elle se percha sur le montant du lit et le fixa de ses grands yeux ronds si semblables aux siens, attendant de savoir ce qu'il voulait.
Zibulinion pointa sa baguette sur l'oiseau nocturne et prononça distinctement le sortilège qui transformait tout être vivant en crapaud. Cela fonctionna immédiatement, ce qui le surprit. Il s'empressa de lui rendre sa forme d'origine. Après l'avoir croassé, la chouette hulula son mécontentement, et Zibulinion n'eut plus qu'à lui présenter ses excuses pour l'avoir pris comme cobaye.
Il écrivit ensuite à Antenhyo pour lui relater sa première tentative de sorcellerie, sûr que le sorcier se réjouirait qu'« elle » ait franchi le point non retour. Bien qu'il ait brisé un interdit, Zibulinion ne se sentait pas différent pour autant et sa baguette n'avait pas changé.

mercredi 19 février 2014

Le garçon fée - 160

– Bonsoir, déclara Relhnad de sa voix enchanteresse, avant d'appeler à lui une serviette éponge bleu pâle pour se sécher.
Zibulinion se força à détacher ses yeux de la vision de rêve. Déjà le désir le gagnait, malgré ce qu'il venait de faire avec Neyenje et son orgasme induit par la magie.
– Tu ne vas pas te doucher ? demanda Relhnad.
Zibulinion gémit intérieurement : pourquoi il était tombé sur lui aujourd'hui, juste après sa première expérience sexuelle ? Parce que perturbé, il s'y était rendu à un horaire inhabituel, oubliant que la salle d'eau était partagée.
– Si, si... répondit-il, et paupières baissées, il passa devant Relhnad, la gorge sèche.
Zibulinion aurait aimé dire que non, il n'était pas venu pour se laver, mais c'eût été bizarre. Il aurait pourtant donné cher pour ne pas avoir à se déshabiller devant le professeur de sorts et ne pas lui montrer son gros ventre, ses jambes et ses bras épais.
En deux temps, trois mouvements, il ôta ses habits et se glissa dans la douche, jetant malgré lui un ultime coup d'œil à Relhnad qui lui parut contrarié.
Hanté par la beauté du professeur de sorts, Zibulinion commença par se mouiller à l'eau froide avant d'augmenter progressivement la température. Il se lava ensuite en vitesse et ressortit. Relhnad avait bien évidemment quitté la salle d'eau. Zibulinion se prit le visage dans les mains. Son professeur de sorts se moquait bien de l'avoir aperçu dans le plus simple appareil, alors que lui, le croiser l'avait mis sens dessus-dessous. Son expérience sexuelle avec Neyenje avait moins de valeur que d'avoir vu Relhnad. N'existait-il pas sort, sortilège ou enchantement pour guérir des sentiments qu'il lui inspirait,  pour cesser de souffrir de cet amour sans espoir ?

Les jours suivants Zibulinion s'efforça de ne plus penser à Relhnad qu'il mourrait pourtant d'envie de revoir et tâcha de se concentrer sur sa nouvelle illusion féminine. Comme il s'y attendait, c'était ardu. Que les modifications soient légères aidaient, mais faire en sorte que l'image accompagne les mouvements du corps demeurait un point délicat.
A son propre étonnement, il termina cependant à temps sa création et la directrice, satisfaite, valida son travail. Elle lui donna le nom de Aurobika et interdit à Zibulinion de l'utiliser ailleurs que dans sa chambre sauf si elle le lui ordonnait. Cela ne fâcha pas l'adolescent. Sa première illusion lui était plus familière et c'était aussi simple pour lui de continuer à s'en servir pour fréquenter Neyenje. Il lui faudrait en revanche se débrouiller pour ne pas rencontrer Waltharan quand il la porterait, sachant que le fée des plantes peinait à se remettre de sa déception amoureuse.
Il y avait quelqu'un d'autre à éviter sous cette apparence, mais cela ne revint à Zibulinion seulement quand il tomba nez à nez avec lui, à la sortie de la bibliothèque, après avoir bavardé avec Neyenje qui, égal à lui-même, venait de lui expliquer qu'il avait persuadé Lalloréa de créer une illusion masculine.
– Ce n'était pas cool de me fausser compagnie comme ça la dernière fois, Noinilubiza ! s'exclama Charboige.
Le fée brun paraissait très remonté, ce qui était normal puisque Zibulinion, ne sachant comment le décourager, s'était esquivé sans un au revoir peu après le déplaisant baiser.

mardi 18 février 2014

Le garçon fée - 159

Neyenje prononça aussitôt un sort de nettoyage et les rhabilla.
– Renfile ton uniforme illusoire. Il ne faut pas qu'on traîne trop.
Zibulinion qui n'était pas encore remis des coups de reins de Neyenje et de son orgasme magique, mit quelques minutes avant d'exécuter le sort. Durant ce délai, Neyenje lui dit à quel point il avait apprécié ce qu'ils venaient de partager et déclara qu'il testerait bien l'expérience inverse : une fille portant une illusion de garçon. Lalloréa étant plus ou moins au courant de son goût pour les deux sexes, peut-être qu'elle accepterait de s'exercer à créer une image masculine. Les illusions étaient au programme de 12ème année, après tout.
Zibulinion se releva, chassant une poussière imaginaire de l'uniforme vert de son illusion. Même s'il n'était pas question d'amour entre eux, l'indélicatesse de Neyenje le frappa. C'était étrange chez lui son mélange de souci de l'autre et d'égoïsme le plus total pour son propre plaisir.
– On se donne rendez-vous ici dans une semaine ? proposa Neyenje.
– Si, c'est pour le sexe, non.
– Tu n'as pas aimé ? Si je m'y suis mal pris, je suis désolé. C'est la première fois que je couche avec un véritable garçon, et un de surcroît qui porte une illusion. Je peux m'améliorer  avec un peu d'entraînement...
Zibulinion n'avait aucune envie de recommencer, pas dans ses conditions, dans un lieu public, en étant « Noinilubiza. » Peut-être que Neyenje ferait plus attention à lui la prochaine fois, mais même comme ça, il semblable probable que l'étreinte ne soit pas satisfaisante. Sa jouissance provoquée magiquement  lui laissait un arrière-goût amer et prouvait que le plaisir ne suffisait pas. Ce qu'il voulait et ne pouvait avoir, c'était Relhnad.
– En fait, je voulais juste savoir ce que cela faisait d'être enlacé...
– Ce n'était qu'un aperçu de ce que tu peux ressentir. Le sexe, c'est un monde riche et merveilleux de sensations.
– Je préférais être abstinent et être aimé en retour, avoua Zibulinion.
Neyenje poussa un long soupir en secouant la tête avant de déclarer :
– Tu viens d'être baisé, mais tu retournes déjà à tes délires romantiques.
– Tu n'as jamais été amoureux ? répliqua Zibulinion.
– Si, j'aime Lalloréa. Mais elle ne me suffit pas. Pourquoi se contenter d'une fille, quand on peut avoir un harem autour de soi ?
– Je suppose qu'il faut de tout pour faire un monde, fut tout ce que trouva à répondre Zibulinion.
Cela fit sourire Neyenje qui lui envoya une bourrade dans l'épaule.
– Oui, même de gens fleur bleue ! Il faut vraiment que j'y aille maintenant... On se retrouve dans une semaine pour bavarder ?
Zibulinion acquiesça. Neyenje, tout volage et inconséquent qu'il soit, lui était sympathique et son amitié importante.
Son illusion dissipée, Zibulinion, gagna à pas lents l'étage des professeurs où se trouvait sa chambre. Quand il marchait une légère douleur lui rappelait son expérience avec Neyenje. Un sort de soin l'aurait fait disparaître, mais il hésitait à l'appliquer. C'eût été trop facile de prétendre que rien n'était arrivé. En attendant, en dépit du nettoyage magique, il mourrait d'envie de prendre une douche.
Il entra. Relhnad était là. Nu. Ses longs cheveux blonds mouillés étaient plaqués sur son torse et des gouttelettes perlaient sur sa peau d'albâtre.
Jamais Zibulinion n'avait croisé personne dans cette salle d'eau, mais toujours il s'était lavé tôt le matin, jamais il n'était venu aussi tard.
Il se figea, incapable de faire demi-tour ou d'avancer.

lundi 17 février 2014

Le garçon fée - 158

Le baiser se prolongea, semblant ne devoir jamais prendre fin et ils purent sentir leur excitation mutuelle.
– Tu peux déshabiller ton illusion...? murmura Neyenje dans l'oreille de Zibulinion.
– Oui... J'ai bien été obligé à Daroilak. Mais nous n'allons pas faire ça ici, quand même...
– Pourquoi pas ? C'est un excellent endroit. J'ai pu le vérifier à de nombreuses reprises.
Sa lointaine interrogation de si Neyenje aurait fait l'amour avec la fée rousse s'il ne l'avait pas repéré trouvait ici réponse.
– Mais si quelqu'un nous surprend ?
– Les risques sont extrêmement faibles. Je ne me suis jamais fait pincer par quiconque. De toute façon, il faudrait encore que la personne qui tombe sur nous ose nous dénoncer. 
Zibulinion était balancé entre désir et crainte. Neyenje, d'une voix enjôleuse, lui assura qu'il n'y avait aucun danger.
– Montre-moi à quel point ton apparence illusoire est parfaite, ajouta-t-il avant d'ôter magiquement ses vêtements ainsi que ceux que Zibulinion portaient sous son illusion.
Neyenje se caressa, faisant courir ses mains sur son corps. Devant cette invite, Zibulinion céda et déshabilla la fée blonde de son uniforme.
Neyenje toucha les deux globes blancs aux tétons pointus - en réalité le torse de Zibulinion et effleura le triangle de toison blonde entre ses jambes - le bas-ventre de l'adolescent. Zibulinion avait toujours peur que quelqu'un ne débarque, mais troublé par le contact des mains douces de Neyenke, ne savait plus où il en était.
– C'est une expérience tout à fait extraordinaire de contempler une fille et de sentir un garçon, chuchota Neyenje.
Là-dessus, il s'agenouilla et murmura :
– Dévoile-moi ta jolie chatte illusoire...
Zibulinion écarta et fléchit les jambes, plein de honte, résolu cependant à aller jusqu'au bout de l'expérience.
Les doigts de Neyenje vinrent taquiner le clitoris - en vrai, le pénis de Zibulinion.
– Tu as poussé loin le sens du détail, mais je parie que je ferais mieux de te lubrifier avec un sort adapté, tiré du traité de sexualité féerique que j'ai eu la chance d'avoir entre les mains. Certaines filles ont du mal à mouiller et toi aussi tu vas en avoir besoin...
Quelques mots de Neyenje, et Zibulinion ressentit une sensation humide dans la raie de ses fesses, comme une pommade qui s'introduisait en lui, puis Neyenje glissa un doigt à l'intérieur tout en léchant le gland de Zibulinion qui se mordit la lèvre pour ne pas gémir.
Neyenje se remit debout, fit pivoter Zibulinion qui se retrouva le nez dans les livres de l'étagère et le pénétra, dilatant l'anus de Zibulinion.
– Ah !
– Chut... souffla Neyenje avant de commencer à bouger.
Zibulinion crut qu'il allait s'évanouir. C'était une sensation inhabituelle, gênante, limite douloureuse. Sa position était inconfortable. Les mouvements de va-et-vient de Neyenje, le contraignait à se tenir aux planches de l'étagère et il lui était impossible de toucher son sexe. Le pilonnage de Neyenje s'intensifia. Zibulinion se mordit la lèvre pour ne pas crier. Un liquide chaud se déversa en lui. Neyenje poussa un soupir de satisfaction et se détacha de Zibulinion qui se laissa glisser au sol, ses jambes ne le portant plus.
– Ça ne va pas ? demanda Neyenje.
– Si... Juste... C'était...
Comment lui dire à quel point il se sentait déçu et frustré ?
– Tu n'as pas joui, c'est cela ? J'ai un sort aussi pour cela. Les filles ont parfois du mal avoir des orgasmes, surtout les inexpérimentées...
La baguette de Neyenje apparut dans sa main. Il la posa contre la cuisse de Zibulinion et une violente vague de plaisir parcourut l'adolescent, le faisant immédiatement éjaculer.

vendredi 14 février 2014

Le garçon fée - 157

Le jour de son rendez-vous avec Neyenje arriva. Quelques minutes avant, Zibulinion à l'abri des regards, activa l'illusion féminine de Noinilubiza. Sa nouvelle n'était pas encore au point, la stabilité des petites modifications étant dure à assurer, et de toute façon Neyenje ne l'aurait pas reconnu sous cette apparence. Il s'enfonça ensuite dans les rayonnages, dans les tréfonds de la bibliothèque où presque personne n'allait jamais.
En attendant Neyenje, il lut les titres sur les tranches.
– Hé !
La voix de baryton du jeune homme l'interrompit.
Neyenje continua :
– Merci d'avoir bien voulu venir. Nous avons beaucoup à nous dire après toutes ses semaines sans se parler.
A la façon dont il présentait les choses, on aurait pu croire que c'était une faute partagée. Zibulinion renonça cependant à le lui faire remarquer, car il souhaitait consolider leur réconciliation et non se fâcher à nouveau.
– C'est vrai, reconnut-il.
– Je regrette de t'avoir méchamment rembarré la dernière fois, mais je ne savais pas que je pouvais te fréquenter au nez et à la barbe de tous. C'est vraiment dommage que tu ne m'aies pas mis au courant de tes capacités à paraître aussi parfaitement différent.
Il y avait un fond d'égoïsme dans tout cela. Mais Neyenje s'excusait à sa façon et c'était l'essentiel.
– Il est probable que je me serve bientôt d'une autre illusion. Ordre de la directrice.
– Pourquoi elle t'oblige à ça ?
– Aucune idée, avoua Zibulinion.
– Intriguant... Mais ce qui m'intéresse plus, c'est de savoir si tu me pardonnes et si tu veux bien que je cherche ta compagnie.
– Je serais content que nous soyons à nouveau amis. Par contre, je ne vais pas m'amuser à me promener sous une illusion très souvent.
– Et pourquoi pas ?
– Parce que j'ai déjà donné et que les inconvénients sont nombreux.
– Vraiment ? Je ne vois que des avantages. Tu es à croquer sous cette apparence. Tes lèvres appellent les baisers.
– Tu m'as déjà embrassé...
– Pas sous cette apparence !
– Mais si...
Et Zibulinion raconta à Neyenje comment, attendant devant la porte du dortoir des garçons, ce dernier l'avait gratifié d'un baiser.
– Cela ne compte pas puisque je ne m'en souviens pas !
Il était gonflé... Et alors que Zibulinion pensait cela, Neyenje captura ses lèvres.
Zibulinion accueillit le baiser, fermant les yeux et s'imaginant sans scrupules que c'était Relhnad. Las, Neyenje ne sentait pas la cannelle...
Neyenje, tout contre sa bouche, souffla :
– Je me demande ce que cela ferait de coucher avec toi quand tu es comme ça. Garçon en vrai et fille en apparence...
Zibulinion aurait aimé savoir tout court ce que cela faisait d'être enlacé par quelqu'un et Neyenje était peut-être sa seule chance de le découvrir, alors au lieu de le décourager, il lança :
– Tu as envie de tester, un jour ?
– Pas qu'un peu ! Maintenant, même ! Mais serais-tu d'accord ? Ne vas-tu pas encore me sortir que ton cœur est pris ?
Zibulinion secoua la tête.
Il aimait sans le moindre espoir de retour, alors, même si cela n'avait pas de sens et que cela ne le mènerait nulle part, autant satisfaire sa curiosité sur le sexe.
– J'ai changé d'avis.
– Ce n'est pas trop tôt ! s'exclama Neyenje et il l'embrassa plus en profondeur, en le serrant plus étroitement contre lui.

jeudi 13 février 2014

Le garçon fée - 156

Folebiol lui passa ses notes de cours. Waltharan travailla à ses côtés à la bibliothèque. Le corbeau d'Antenhyo déposa une lettre où le sorcier mal peigné exprimait ses regrets de ne pas avoir pu profiter mieux de sa présence à Daroilak et communiquait tout son enthousiasme pour la démonstration de talents de Zibulinion. L'un dans l'autre la journée fut bonne.
En début de soirée, Zibulinion prit son courage à deux mains et le cœur battant alla toquer à la porte de Relhnad.
Le professeur de sorts lui ouvrit immédiatement. Ses cheveux resplendissaient, et la robe bleue brillante qu'il portait se mariait à la perfection avec ses yeux.
– Qu'est-ce qui t'amène ? demanda-t-il avec un sourire à faire fondre un iceberg.
Zibulinion avait préparé avec soin sa réponse et il la débita d'une traite. Relhnad pour la première fois l'invita à entrer.
Sa chambre était peinte en bleu ciel du sol au plafond. En guise de lit, un moelleux nuage blanc flottait dans les airs. Trois piles de livres étaient disposés en dessous. A côté, un étroit placard argenté se dressait. Autrement, c'était vide.
– Commence par activer ton illusion habituelle. Je vais t'aider à la transformer par petites touches.
C'était exactement ce qu'avait suggéré la directrice, chose que l'adolescent s'était bien gardé de rapporter.
Zibulinion obtempéra. Dans sa poitrine, son cœur s'affolait et une petite voix répétait en lui : « il est là, je le vois, je l'entends, je le sens, je pourrais presque le toucher. »
Relhnad matérialisa sa baguette et un miroir ovale surgit du néant, reflétant l'illusion de la fée adolescente aux yeux noisettes. Comparée au professeur de sorts, elle était d'une beauté insignifiante.
Relhnad approcha la pointe de sa baguette qui se terminait par une lune du visage de l'adolescent.
Quand elle lui effleura les lèvres, un frémissement parcourut Zibulinion et les joues de la fée blonde rosirent, trahissant son propre rougissement. C'était d'ailleurs là une des difficultés de l'illusion : la faire accompagner les mouvements du corps et exprimer les sentiments.
Relhnad ne parut pas remarquer. Il continua. Sur le passage de la lune, le nez de l'illusion diminua, la courbe de la joue s'affina, le blond des cheveux s'éclaircit, les ailes se teintèrent.
Sous la pointe de cette baguette caressante qui se promenait sur lui, Zibulinion sentit la morsure du désir. Son pénis se durcit et s'érigea. Son illusion féminine le protégeait... mais pour combien de temps ?
Relhnad s'arrêta, mettant fin à la délicieuse torture. Zibulinion s'efforça de recouvrer son calme. Impossible. Il paniqua à l'idée que Relhnad lui demande de dissiper l'illusion.
– Et te voilà avec une apparence différente sans avoir à retravailler complètement toute l'image.
– Oui, je comprends. Merci beaucoup. Désolé de vous avoir dérangé. Je vais aller mettre au point tout cela. Bonne nuit, bredouilla Zibulinion.
Il se précipita vers la porte et se réfugia dans sa chambre, le souffle court et le visage brûlant. Il se débarrassa de l'illusion, défaisant du même coup la magie de Relhnad. Il remonta sa robe, écarta le tissu de son slip, libéra son sexe tendu et se toucha, les yeux clos, se souvenant de la caresse de la baguette du professeur de sorts sur son visage et ses ailes. Il ne tarda pas à jouir.
Le professeur de sorts n'avait pas dû comprendre sa hâte à partir. Zibulinion avait été impoli... Mais mieux valait ça plutôt que Relhnad ne découvre sa coupable excitation.

Il ne le revit pas avant le cours de sorts. Relhnad fut égal à lui-même, toujours beau et aimable. Zibulinion eut pour sa part un instant de trouble quand le professeur de sorts agita sa baguette pour montrer comment on pouvait économiser de l'énergie magique avec des mouvements précis et ajustés.

mercredi 12 février 2014

Le garçon fée - 155

Les cours terminés, Waltharan intercepta Zibulinion devant la bibliothèque et ils allèrent bavarder dans un coin tranquille.
– Ça a été avec l'accompagnatrice ?
– Pas vraiment. Avec la directrice, oui. Elle a exigé que j'abandonne l'illusion de « Noinilubiza » et que j'en crée une autre.
– Cela me soulage,  je préfère te parler quand tu es toi-même, avoua Waltharan. Ce n'est pas le cas de Neyenje. Il m'a filé un mot pour toi... Je ne suis pas très motivé pour jouer les messagers. C'est juste pour cette fois, histoire que vous renouiez le contact. Tu pourras me donner ta réponse pour lui quand tu voudras.
Zibulinion le remercia et récupéra le papier plié en forme d'étoile que lui tendait Waltharan et l'empocha, préférant découvrit seul son contenu.
– C'est vraiment dommage que tu sois un garçon, soupira Waltharan.
Avec ces mots, le fée des plantes exprimait tout son regret de la non-existence de Noinilubiza. Zibulinion ne sut quoi répondre, alors il changea de sujet. Waltharan l'accepta de bonne grâce.
Cependant, pour redevenir amis comme avant, ils avaient encore du chemin à faire.

Après le dîner, une fois retourné dans sa chambre, Zibulinion, plein de curiosité, déplia le message de Neyenje. Il était court. Noinilubiza était attendue à la bibliothèque, jeudi à 20 heures. C'était limite une convocation et comme prévu, il lui faudrait se parer de son illusion féminine, Zibulinion écrivit néanmoins qu'il serait là. Oh, il n'avait pas oublié le Neyenje sur la plage de rêve, mais il préférait retenir celui qui avait accouru à sa rescousse lors de sa chute à l'escrime et qui l'avait soigné.
Il ressortit ensuite de sa chambre pour se poster devant celle de Relhnad. Le professeur de sorts se trouvait-il à l'intérieur ou bien était-il encore dans son bureau ? S'il frappait, le verrait-il ? Le cours de sorts semblait encore si loin... Et en même temps, que lui dirait-il ? Il ne lui avait jamais posé la question qu'il souhaitait sur sa baguette qui changeait à mesure qu'il s'en servait, mais c'était en quelque sorte son excuse de secours. Une fois qu'il l'aurait utilisée, ce serait fini.
Zibulinion partit se coucher, remettant au lendemain la création de la nouvelle illusion. Alors que le sommeil le gagnait, il songea qu'elle constituait un excellent prétexte pour voir Relhnad. Il lui demanderait son aide, passant sous silence ce qui motivait cette création et le conseil de la directrice de n'opérer que quelques légers changements. Peut-être, même si cela ne lui serait d'aucune utilité, apprendrait-il quelle genre de fille plaisait à Relhnad...

mardi 11 février 2014

Le garçon fée - 154

– Très bien. Rendez-vous dans 8 jours dans mon bureau, à 19 heures. Tu peux y aller.
Zibulinion partit sans demander son reste, surpris de s'en tirer à si bon compte, même si bien sûr la fabrication d'une nouvelle illusion s'annonçait ardue. Cependant, c'est à peine si elle lui avait reproché d'avoir appelé à lui les animaux favoris des sorcières pour sa démonstration de talents. L'avait-elle gratifié d'un sort punitif en douce ? Depuis le sort de répulsion, il se méfiait et avait appris à repérer ce genre de choses. Il s'examina et ne trouva rien, ce qui ne dissipa pas totalement son malaise.
A l'abri des regards, dans les toilettes, il mit fin à son illusion féminine. C'était étrange de se dire qu'à une époque, il aimait s'en parer pour se fondre dans la masse des fées. Maintenant, c'était bel et bien fini, c'était une corvée et il préférait être lui-même.
Dans l'un des miroirs accrochés au-dessus des lavabos, il refit connaissance avec sa véritable apparence. Ses yeux lui parurent plus ronds que d'habitude, soulignés par de grosses cernes et sa peau plus pâlichonne et terne. Sa fatigue se reflétait sur ses traits.
Il prit le chemin de sa chambre. Une fois en haut, il s'arrêta un instant devant la porte de Relhnad, avança la main, mais ne la toucha pas pour ne pas déclencher le « répondeur. » Relhnad devait être ailleurs, en train de profiter de son week-end. Que faisait-il de son temps libre ? Avait-il une petite amie avec laquelle il se promenait ? Cette pensée fit mal à Zibulinion et il la chassa.
Il retrouva le lit en forme de bateau de renversé que Relhnad lui avait choisi et apporté et se mit à lire. Cependant, au bout de quelques pages, sa vue se brouilla, ses paupières se fermèrent d'elles-mêmes et il s'endormit.

Quand il se réveilla, il fut un instant désorienté avant de se rappeler qu'il était rentré à Valeiage.  L'aube pointait. Il avait dormi plus de douze heures d'affilée. Cela lui avait été bénéfique, car il se sentait incroyablement reposé. Détendu même.
Il descendit petit déjeuner d'excellente humeur. Bientôt il reverrait Relhnad. Waltharan et lui étaient réconciliés et sa solitude serait moins grande. Pour Neyenje, c'était plus compliqué, il faudrait revêtir l'illusion « Noinilubiza » et quand il l'aurait crée, celle d'une autre fée adolescente. Cependant, une amitié déguisée valait mieux que rien.
A la table des 10ème année, Lavicielle vint, à sa grande surprise, s'installer à côté de lui.
– Il y a un problème avec Folebiol ? s'inquiéta aussitôt Zibulinion.
– Comme tu as été absent une semaine, c'est nous qui nous faisons du souci pour toi, surtout Folebiol. C'est lui qui m'envoie aux nouvelles.
Il avait manqué les cours parce qu'il était à Daroilak, mais sous une autre identité. Cependant, il n'avait pas le droit de le révéler.
– J'ai été super malade. Tout va bien maintenant.
Il n'était même plus fatigué. Toute son énergie lui était revenue, comme par magie...
– Je vais pouvoir rassurer Folebiol. Il se faisait un sang d'encre.
Mais par peur du quand dira-t-on il avait délégué Lavicielle. C'était gonflé de sa part et en même temps pas désagréable de constater que Folebiol se souciait toujours de lui.
A la fin du petit déjeuner, c'est Joathilde et Zurmmiel qui vinrent le voir. Eux aussi s'étaient inquiétés.
Mais le plus surprenant se produit au terme des cours de la matinée : Folebiol en personne aborda Zibulinion pour lui proposer ses notes de cours. Sa nervosité était palpable, mais Zibulinion fut touché de l'effort qu'il fournissait. C'était le premier pas. Il le remercia et accepta son offre.

lundi 10 février 2014

Le garçon fée - 153

D'autres personnes vinrent se renseigner sur ce qui s'était passé et ajoutèrent au désordre. Au bout d'un moment, cependant tout se dénoua. L'accompagnatrice leva le sort punitif et Neyenje soigna magiquement Zibulinion. La sorcière rousse établit que personne n'avait triché et que chacun des participants au duel avait ses torts : l'un pour avoir trop fui son adversaire, l'autre pour avoir donné une poussée bien trop violente, une fois le contact enfin établi.
Zibulinion, encore sonné, même après les soins, fut autorisé à s'allonger au dortoir où son dîner lui fut amené.
Quand les autres filles revinrent, deux d'entre elles crurent bon de venir lui dire qu'« elle » l'avait bien mérité.

Pour le dernier jour complet à Daroilak, Zibulinion ne quitta pas le rang des spectateurs, même si la tentation de participer était grande, n'avoir rien à faire d'autre que cogiter et regarder les autres s'affronter étant pénible. Sa mésaventure à l'escrime lui avait cependant servit de leçon. Il valait mieux qu'il ne fasse rien pour le moment, alors qu'il s'épuisait déjà à maintenir en permanence son illusion féminine qui le gênait aux entournures comme un habit trop étriqué.
Waltharan et Neyenje, occupés par les épreuves, lui accordaient de l'attention aux moments des pauses, ce qui agaçaient visiblement les autres filles.
Antenhyo avait voulu pour sa part bavarder avec lui, mais avait été rembarré par l'accompagnatrice.

Enfin, le jour du retour à Valeiage arriva. Lalloréa s'installa d'autorité à côté de Neyenje et l'accompagnatrice coupa l'herbe sous le pied de Waltharan, en prenant la place à côté de Zibulinion qu'elle réprimanda durant tout le trajet pour son comportement indigne d'une fée. Zibulinion ne l'écouta que d'une oreille, passant en revue dans sa tête les sorts qui la ferait taire. Il était impatient de rentrer à Valeaige pour dissiper enfin l'illusion.
Il fut par conséquent horriblement déçu quand, à la sortie du bus, l'accompagnatrice l'entraîna jusqu'au bureau de la directrice pour négocier avec la secrétaire une entrevue immédiate alors même qu'ils étaient dimanche. Elle obtint gain de cause et ils entrèrent.
Zibulinion qui commençait à devenir un habitué des lieux garda les yeux mi-clos pour éviter d'être ébloui par l'ameublement scintillant.
Dès que l'accompagnatrice eut exposé la conduite inqualifiable de Zibulinion, la directrice la congédia.
Zibulinion attendit avec anxiété la punition que n'allait pas manquer de lui infliger cette dernière.
– Vous ne ratez décidément jamais une occasion de vous démarquer, commenta-t-elle. Vous avez cependant su garder votre illusion jusqu'au bout et n'avait pas été découvert. Cependant, comme vous avez fait n'importe quoi sous cette apparence, il vaut mieux éviter que vous vous en serviez désormais. Je compte sur vous pour créer une nouvelle illusion féérique d'ici la semaine prochaine. J'en choisirai le nom pour vous.
– Mais c'est impossible. Il m'a fallu des mois pour créer celle-là, protesta Zibulinion.
– Tu n'as pas besoin de tout changer. Des yeux différents, un blond plus brillant pour une chevelure plus longue, un visage plus fin, une autre couleur d'ailes... et tu seras méconnaissable.
Zibulinion n'était pas convaincu, mais il acquiesça. Contrarier davantage la directrice semblait dangereux.

vendredi 7 février 2014

Le garçon fée - 152

Zibulinion qui avait écouté le discours du fée des plantes sans l'interrompre, retenant à moitié son souffle, déclara en hâte :
– Je suis vraiment désolé de t'avoir trompé. J'avais trop peur de me retrouver seul. Ce qui est arrivé d'ailleurs.
– Tu es bête, répondit Waltharan, mais d'un ton gentil. Tu as l'art et la manière de te fourrer toujours dans le pétrin. Hier encore avec ton numéro, tu as foncé droit dans les ennuis.
– Je n'ai rien fait de mal.
– Tu as transgressé des règles non-écrites. Pareil pour ta relation avec ton sorcier. Ce n'est pas interdit, mais ça ne se fait pas. Les fées ne sont  pas supposées faire ami-ami avec les sorcières.
Zibulinion hocha la tête, désabusé. Les fées n'étaient normalement pas non plus comme lui, rondes et ternes.
Waltharan continua :
– Qu'est-ce que tu lui trouves d'ailleurs à ce sorcier qui nous méprise ?
– Il est intéressant et ses préjugés envers les fées ne l'empêche pas de me considérer digne d'être fréquenté.
– Est-ce un reproche indirect de la façon dont je t'ai traité ces derniers mois ?
– Non... Quand tu ne m'ignorais pas, tu n'as pas mâché tes mots, mais je n'avais pas été correct avec toi non plus. Nous sommes quittes, pourrait-on dire.
– Redevenons amis, d'accord ?
Zibulinion, fou de joie, se retint de sauter au cou du fée des plantes. Sous cette apparence de jolie fée, c'eût été retourner le couteau dans la plaie à priori mal fermée de la déception amoureuse de Waltharan.
Du passage dans le couloir les obligea à interrompre leur discussion et d'un commun accord, ils retournèrent au dortoir, optant pour un bavardage sans conséquence qui pouvait être écouté par n'importe qui.
A son retour, les filles lui réservèrent un accueil glacial et, son aile ne cessant de le faire souffrir, Zibulinion passa une seconde mauvaise nuit.

Le lendemain, il resta spectateur des épreuves la majeure partie de la journée. Cependant, en fin d'après-midi, l'inactivité lui pesant trop, il prit part à un duel d'escrime à la baguette. Les quelques combats qu'il avait pu observer lui avait donné envie d'essayer.
Il s'agissait de tenir son adversaire à distance avec sa baguette, mais sans toucher celle de l'autre, et sans quitter le pentagone tracé sur le sol. Pour gagner, il fallait réussir à trouver une ouverture pour envoyer à son opposant une petite poussée magique.
La salle où se déroulait les duels avait un côté moyenâgeux avec son pavage et ses murs de pierres grises ou étaient fixées des torches enflammées en guise d'éclairage.
Zibulinion entra dans le pentagone, tenant fermement sa baguette dans sa main. Son adversaire, une sorcière brune aux lèvres peintes en violet fit de même. Il la salua d'un signe de tête et attendit le croassement du corbeau qui marquait le début du duel.
La sorcière, dès le début, se fendit en avant pour l'atteindre. Zibulinion l'évita tout juste. Cela ne paraissait pas dur quand on regardait, mais en pratique c'était tout autre chose. Comme son opposante s'escrimait, Zibulinion esquivant avec peine ses tentatives, se demanda dans quelle galère il s'était encore fourré. Il aurait bien sûr déclarer forfait ou se laisser toucher pour en finir, mais par principe, il tenait aller jusqu'au bout de l'épreuve. Mais s'il avait toutes les chances de perdre, il voulait le faire honorablement. Les autres fées s'étaient bien débrouillées et certaines avaient même gagnées alors que ce n'était pas un sport pratiqué à Valeiage.
Zibulinion recula d'un pas sur le côté. La sorcière grinça des dents et essaya encore et encore de trouver une ouverture.  Mais sans cesse Zibulinion se dérobait. Ses propres réflexes l'étonnaient, car il n'avait jamais été doué en sport. Il bougeait de façon instinctive, mais il se fatiguait et il parvenait juste à rester hors de portée, sans réussir à attaquer.
– Tu vas rester tranquille, oui ?! siffla la sorcière.
Sans qu'il comprenne bien comment, Zibulinion reçut un violent coup dans le torse qui le projeta hors du pentagone. Il battit spontanément des ailes, mais la douleur qu'il ressentit, lui arracha un cri et il tomba en arrière et s'écrasa sur les dalles.
Étourdi par le choc, il cligna des yeux à plusieurs reprises. Dans son champ de vision, apparurent Neyenje, Waltharan et Antenhyo des « ça va » inquiets à la bouche.
Waltharan l'aida à se remettre sur pieds, Neyenje se mit à l'ausculter et Antenhyo s'en prit à la sorcière qui l'avait envoyé valser.
Zibulinion, même s'il avait mal, se sentit content d'être ainsi entouré. L'amitié que lui avait redonnée Waltharan n'était pas des paroles en l'air et Neyenje, en dépit de la mauvaise réputation que Zibulinion avait acquise avec sa démonstration de talent, était venu à la rescousse. Enfin, Antenhyo prenait son parti contre une de ses camarades.
Des adultes s'emmêlèrent. La sorcière rousse s'efforça de calmer Antenhyo. L'accompagnatrice fée, en revanche, se retrouva en butte à l'indignation de Neyenje qui n'avait pu manquer le sort punitif. En un mot, c'était le bazar.

jeudi 6 février 2014

Le garçon fée - 151

La douleur lancinante à son aile empêcha Zibulinion de bien dormir et il se réveilla épuisé. Une fée de douzième année lui dit tout le mal qu'elle pensait d'« elle » et la journée commença.
La popularité de la fée blonde aux yeux noisettes était désormais aussi mauvaise que la sienne propre. Zibulinion se résigna à cet état de fait. Il était bien forcé d'assumer les conséquences de son choix de faire plaisir aux sorcières plutôt qu'aux fées  avec son numéro. Cependant, son aile en souffrance lui faisait appréhender les représailles de la directrice de Valeiage.
Le matin, les élèves de Daroilak s'affrontèrent dans le ciel, perchés sur leur balai, puis en concoctant des potions, sans bien sûr qu'aucune fée ne participe.
L'après-midi, en revanche, pour l'épreuve de natation, la majorité des fées s'inscrivit. Zibulinion, entre son illusion, son aile douloureuse et le manque de sommeil n'était pas en forme et il resta sur le bord de la piscine qui, pour le coup, ne différait pas de celles des humains : même petits carreaux au sol, même eau. Cependant, quand on se penchait au-dessus du bassin, il était impossible d'en voir le fond.
La vue des filles en maillots de bains - noirs ou violets pour les sorcières, majoritairement roses ou blancs pour les fées - laissa Zibulinion indifférent. En revanche, il fut troublé par celle des garçons fées qui lui fit regretter que Relhnad ne donne pas des cours de piscine...
Waltharan plongea, vêtu d'un maillot de bain vert pomme et Zibulinion admira la grâce avec laquelle le fée des plantes se mouvait, ses bras fendant l'eau pour atteindre le plus vite possible le bord opposé.
Il l'emporta avec plusieurs longueurs d'avance sur ses adversaires et Zibulinion l'applaudit énergiquement.
Les yeux bleu-vert de Waltharan croisèrent le siens et le fée des plantes lui adressa un léger sourire. Zibulinion le lui retourna avec timidité, pas sûr de comprendre ce que cela signifiait après toutes les critiques qu'il avait essuyé de sa part.
Le soir, après la dégustation d'un horrible et délicieux machin orangeâtre, Waltharan l'aborda et lui proposa de discuter ensemble avant de se rendre au dortoir.
Dans un couloir désert - si on exceptait une grosse araignée - le fée des plantes résolut le mystère du sourire dont il avait gratifié Zibulinion.
– Je m'excuse d'avoir été aussi sévère à ton égard. Grâce à Neyenje, j'ai réalisé que j'avais été injuste en refusant de croire que tu avais pu participer au festival de magie et au séjour à Daroilak sous cette apparence sans que la directrice ne le cautionne. J'ai aussi compris quand j'ai gagné tout à l'heure que tu étais sincèrement content pour moi et que si Noinilubiza est illusoire, toi qui est dessous ne l'est pas. A ma décharge, ce n'est pas facile d'accepter que la seule fille que j'ai jamais aimé n'en soit pas vraiment une. Quand je la vois faire la belle devant les autres, je suis jaloux. Mais tu es un garçon. Et moi, je suis attiré par le sexe opposé. Je t'apprécie énormément. Mais je ne peux pas t'aimer, car tu n'as ni vraiment de voix charmante ni cou de cygne...
Waltharan leva la main vers le visage illusoire de la fée blonde adolescente, puis avec un soupir la laissa retomber.

mercredi 5 février 2014

Le garçon fée - 150

Il se réveilla fatigué le lendemain, triste et amer des reproches qui lui avaient été adressés. Au petit déjeuner, les filles fées de 11ème et 12ème année firent preuve de froideur à son égard. Lalloréa avait dû échauffer les esprits. Un bonjour souriant de Neyenje réconforta un peu Zibulinion.
Dans la cour intérieure, sur l'estrade, les premières fées passèrent. Pluies de pétales, fabuleux arc-en-ciels, ballets de moineaux... Toute la gamme féerique y passa.
Waltharan, d'une graine, fit pousser un pommier dont il récolta et distribua les fruits aux spectateurs avant que les branches de l'arbre ne se rétracte et que son tronc diminue jusqu'il redevienne un simple pépin.
Lalloréa, pour sa part, matérialisa des guirlandes de cœurs géants dont elle décora brièvement les sinistres murs de Daroilak.
Neyenje, lui, opta pour un feu d'artifice d'éblouissantes couleurs dans le ciel, des fleurs de lumières qui, en tombant, se transformaient en authentiques bouquets qui atterrissaient dans les mains des spectatrices. Les garçons eux n'eurent le droit à rien, excepté Zibulinion qui y plongea le nez avec plaisir pour en humer la senteur. Ces quelques fleurs étaient la preuve qu'il était rentré dans les bonnes grâces de Neyenje et que ce dernier respectait le secret de sa véritable identité.

Quand vint son tour, Zibulinion ne chercha pas à enchanter ses camarades fées parce que les satisfaire semblait perdu d'avance. Il ne s'essaya pas à la sorcellerie pour autant, il y avait un tabou là-dessus et c'eût été de la folie qu'il fasse sa première tentative en public.
A la place, Zibulinion tenta de plaire aux élèves de Daroilak en appelant à lui des animaux que ces derniers affectionnaient : araignées de tout poil, cafards, grenouilles, crapauds, rats, corbeaux et chauve-souris.
Les fées s'agitèrent inconfortablement en voyant un nuage de corbeaux et de chauve-souris obscurcir le bleu du ciel pendant que des batraciens sautaient  partout et que des araignées et des cafards rampaient jusqu'à l'estrade, accompagnés de rongeurs.
En revanche, à cette arrivée massive d'animaux selon leur cœur, sorciers et sorcières se mirent à applaudir avec énergie. Aucune des autres démonstrations féériques n'avait eu le droit à des acclamations.
Zibulinion dispersa ensuite tous les animaux, invitant les araignées à ne pas toutes retourner à l'intérieur de Daroilak.
Dès qu'il fut descendu de l'estrade, leur accompagnatrice l'empoigna vivement par l'aile.
– Comment as-tu osé ?! Je ferai mon rapport à la directrice et crois-mois, tu ne t'en tireras pas sans punition. D'ailleurs, c'est le renvoi que tu mériterais !
– Je... commença Zibulinion.
– Retourne à ta place, coupa-t-elle en le relâchant.
L'aile endolorie, Zibulinion obtempéra. Les fées s'écartèrent de lui. C'était prévisible, presque risible, mais l'adolescent en fut peiné.
Après son passage, les démonstrations des autres fées se poursuivirent sans grande originalité.
Au dîner, Zibulinion fut entouré par deux sièges vides. Quand Antenhyo passa à la fin du repas, l'accompagnatrice interdit à Zibulinion de le suivre.
En silence, le sorcier mal peigné articula « ri-di-cu-le »
En se couchant, comme son aile lui faisait toujours mal, Zibulinion voulut mettre à profit les quelques soins qu'il connaissait et découvrit qu'il avait été gratifié d'un sort punitif lui interdisant toute guérison et soulagement pendant le reste du séjour à Daroilak.
Cela ne lui fit pas regretter ce qu'il avait fait. Il en avait assez de chercher à complaire à ses pairs qui trouvaient toujours à redire.
Les animaux, c'était la spécialité des fées des bois. Ce n'était tout de même pas un crime de communiquer avec les animaux favoris des sorcières ! N'étaient-ils à Daroilak que pour rivaliser avec elles et non pour sympathiser ?

mardi 4 février 2014

Le garçon fée - 149

– Attends... Tu es en train de me dire que cette jolie fée n'est qu'une illusion ? demanda Neyenje, perplexe.
– Parfaitement ! Tout ça pour séduire...!
– Je n'arrive pas à le croire, répondit Neyenje dévisageant l'illusion de fée blonde adolescente avec une intensité troublante.
– Oui, c'est dur à avaler. L'illusion est à peine perceptible et si jamais on la repère, elle est opaque.
– Cela ouvre des perspectives...
– Je ne pense pas que je serais capable d'en créer une pareille... Tu n'es pas plus choqué que ça ?
Waltharan croyait que Neyenje parlait de l'illusion en elle-même, mais Zibulinion devina que Neyenje faisait allusion avec sa relation avec lui. Il est vrai qu'être ami avec lui quand il était sous son apparence ne pouvait susciter d'embarrassantes rumeurs... Tout au plus renforcer la réputation de séducteur de Neyenje
– Pourquoi le serais-je ? C'est une illusion admirable... Tu es un chanceux d'avoir été mis dans le secret.
Waltharan ne répondit rien. La dernière chose dont il devait avoir envie, c'était que Neyenje apprenne les circonstances dans lesquelles il s'était retrouvé au courant.
La réaction de Neyenje changeait agréablement de celle du fée des plantes. En même temps, la tromperie à son égard avait été moindre.
Zibulinion afin que Waltharan n'ait pas à fournir de détails embarrassants suggéra qu'ils aillent se coucher, en mentionnant les démonstrations de leurs talents qu'ils devaient réaliser le lendemain.
– Et voilà que maintenant tu te prétends raisonnable ! s'agaça Waltharan.
– Pourquoi es-tu remonté contre elle, enfin lui, comme ça ? s'enquit Neyenje.
– Des raisons, j'en ai des tonnes... Tu imagines si on découvre à quoi il ressemble en vrai ?
Neyenje passa une main songeuse dans ses longs cheveux d'un blond pâle presque blanc.
– Ce ne serait pas si terrible que ça, avança-t-il. Les sorcières se moqueraient de nous et point à la ligne. Ce serait plutôt les filles qui seraient embêtées qu'il les ait vues en tenues légères... Mais bon, ce n'est pas comme si Zibulinion avait pu se joindre à nous sous cet apparence sans qu'un adulte ne l'y autorise...
– C'est la directrice qui m'a inscrit, confirma Zibulinion, appréciant grandement le soutien de Neyenje.
Cela faisait du bien d'avoir quelqu'un de son côté, de retrouver Neyenje.
– Bon, j'y vais, grommela Waltharan.
Zibulinion n'osa pas lui souhaiter bonne nuit, mais Neyenje, lui, n'hésita pas.
– Je suis content d'avoir écouté ma curiosité et de vous avoir attendu pour démêler cette affaire entre Waltharan et toi. Il faudra qu'on reparle de tout ça... conclut le jeune homme fée avant de laisser Zibulinion qui gagna à son tour le dortoir, mais côté filles.
Lalloréa lui tomba aussitôt dessus en compagnie d'une autre fée de son âge.
– Tu es une traînée ! Tu aguiches tous les garçons fées, y compris les plus jeunes que toi et en plus, tu coures après les sorciers !
Elles déversèrent leur fiel durant de longues minutes sans que Zibulinion ne puisse se défendre. Et quand elles décidèrent qu'elles en avaient finies, elles le plantèrent là et une immense lassitude s'abattit sur Zibulinion.
Lui séducteur ? Si peu... Il avait voulu plaire à Folebiol et était prêt à beaucoup pour attirer l'attention de Relhnad, mais il n'avait en réalité jamais rien fait.
Au fond, même en faisant des efforts, il ne serait jamais un fée comme les autres. Aucune illusion au monde n'y changerait rien. Il était incapable de se couler dans le moule.

lundi 3 février 2014

Le garçon fée - 148

– Avec le rigolo à la mèche peinturée en blanc ? Hors de question ! s'écria Antenho.
– C'est naturel ! Et si cela ne te plaît pas que je vienne avec vous, tu n'as qu'à aller voir ailleurs, tout seul ! riposta Waltharan.
Antenhyo l'ignora et se tourna vers Zibulinion pour signifier qu'il acceptait. Néanmoins, il posa comme condition que Waltharan reste à une certaine distance d'eux.
Cela ne dérangeait pas Zibulinion et le fée des plantes ne protesta pas, même s'il était clair comme de l'eau de roche que cela ne lui plaisait pas du tout.
Ils quittèrent donc tous les trois le réfectoire. De temps à autre, tandis que Antenhyo se vantait de sa démonstration de l'après-midi, Zibulinion jetait un coup d'œil en arrière, vérifiant que le fée des plantes suivait toujours.
– Tu l'as embauché pour qu'il te serve de garde du corps ? s'enquit Antenhyo avec agacement alors qu'ils arrivaient à la salle de repos.
– Mais non...
Ils entrèrent. Antenhyo ne se donna pas la peine de tenir la porte à Waltharan qui dut la rouvrir un instant plus tard.
Son mécontentement se lisait sur son visage et Zibulinion lui adressa un regard désolé qui n'adoucit en rien l'humeur du fée des plantes.
Antenhyo invita Zibulinion à se mettre près des fenêtres, à l'exact opposé de Waltharan.
Les rideaux de velours rouge n'étaient pas tirées et à travers la vitre, s'étendait la nuit noire. Ils étaient presque dans la même situation que la veille, comme si les dernières vingt-quatre heures n'avaient pas eu lieu et Antenhyo reprit d'ailleurs la conversation là où elle avait été interrompue :
– Je ne relèverai pas ton défi de découvrir quelle est ta vraie apparence par la magie, car tu es assez douée pour contrer mes sortilèges, ce qui nous ramènerait au point de départ.
– Je ne crois pas que j'en serais capable. Mais de toute façon quelle importance que je sois une jolie fée ou un sac de pommes de terre ?
Cette petite question était la seule parade qu'il avait trouvé à la curiosité d'Antenhyo. Elle fit mouche. Le sorcier parut désarçonné. Il y eut un blanc.
– Je ne sais pas, déclara-t-il enfin. Mais quand même ce serait cocasse que tu ne sois pas une fée, mais un fée vilain comme un peigne...
Zibulinion, en dépit ou peut-être à cause, du fait qu'il était tendu, fut pris d'un fou rire incontrôlable en entendant cette expression sortir de la bouche du sorcier tout ébouriffé.
Antenhyo fronça les sourcils, de même que Waltharan qui, adossé à la porte de la salle de repos, rongeait son frein.
Zibulinion, toujours pouffant, demanda au sorcier si c'est parce que les peignes n'avaient aucune grâce à ses yeux qu'il ne s'en servait jamais, puis craignant l'avoir offensé, il recouvra son sérieux et présenta ses excuses.
Antenhyo, loin de le prendre mal, expliqua avec fierté que les sorciers ne passaient pas des heures à se pomponner devant leur miroir, eux. C'était une tare des fées ! Du temps perdu !
– Nous devons suivre un cours d'élégance, l'informa Zibulinion, songeant qu'être sorcier lui aurait mieux convenu, s'il n'avait pas eu d'ailes.
– Ridicule ! Je vomis sur vos cheveux bien lissés et pailletés ! Comme si ce qui était beau pour vous l'était pour tout le monde !
Indépendamment de la critique familière des fées, la réflexion sur la relativité de la beauté interpella Zibulinion. Peut-être n'était-il pas laid aux yeux de tous ? Peut-être quelqu'un quelque part, même s'il ne se paraît d'aucune illusion, le considérait beau ? Peut-être Relhnad... Non, cela tenait du doux rêve utopique...
Antenhyo reprit :
– Tu as raison. Je n'ai pas besoin de savoir à quoi tu ressembles. Cependant, d'un point de vue magique, si ton apparence actuelle est créée de toutes pièces, je ne peux que te tirer mon chapeau.
Zibulinion se mit à respirer plus librement et changea de sujet.
– En tous les cas, ta magie est plus impressionnante que la mienne. Comment as-tu fait pour qu'on ne soit pas mouillé tout à l'heure ?
Antenhyo exposait avec moult de détails la manière dont il avait procédé, quand Waltharan lança :
– Vous n'avez pas bientôt fini de papoter tous les deux ? Il doit être super tard.
Zibulinion s'en voulut d'avoir oublié le fée des plantes, absorbé par les propos du sorcier.
– En plus d'être pot de colle, tu es pénible, commenta Antenhyo.
Prévenant l'explosion de Waltharan, Zibulinion lui donna raison. Le sorcier tint cependant à terminer ses explications avant de laisser Zibulinion partir. Il insista ensuite pour « la » raccompagner dans le quartier attribuée aux fées, obligeant Waltharan à marcher quelques pas derrière eux.
Juste avant le couloir menant au dortoir, il souhaita à Zibulinion que la nuit lui porte conseil pour donner le meilleur de lui-même sur l'estrade le lendemain.
Dès qu'il fut parti, Waltharan, en trois enjambées fut sur Zibulinion et l'engueula :
– Tu minaudais avec lui... Cela t'amusait de me faire poireauter, hein ?
Zibulinion rentra la tête dans les épaules, il savait avoir exagéré, mais en même temps, il n'avait pas demandé à Waltharan de l'accompagner...
Waltharan continua :
– Je ne sais pas ce qui me retient de te frapper...
– Moi ! s'exclama Neyenje, en surgissant du coin du couloir où se trouvait leur dortoir. Tu n'as pas daigné me dire pourquoi tu lui en veux autant, mais rien ne justifie de lever la main sur une fille !
– Et si c'est un garçon, c'est bon ? riposta Waltharan, les phalanges blanchies tellement il serrait
fort les poings.
– Le combat serait à armes égales au moins... Mais qu'est-ce que tu racontes ?
Zibulinion pressentit que Waltharan allait craquer et que bientôt son secret n'en serait plus un pour Neyenje... Mais il n'eut pas le temps d'intervenir, déjà Waltharan lâchait d'une voix furieuse :
– Alors, je peux, cette fille, c'est Zibulinion, tu n'as pas à jouer le chevalier en armure !