vendredi 26 février 2010

Cicatrices - Collection Arrow

J'ai rejoint la Collection Arrow, une collection de romans Boy's Love qui regroupe des auteurs indépendants.

Les romans de la collection ont un logo identifiable et une présentation commune au niveau de la couverture.
J'ai par conséquent réédité le livre Cicatrices afin de prendre en compte ses changements.


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Le Suivant du prince - 76

Le lendemain matin, alors que le jour venait à peine de se lever, Youri qui avait dormi dans le lit du prince réveilla ce dernier d'un timide baiser.
– Il est l'heure que nous nous préparions à l'entrevue avec la princesse, murmura-t-il.
Le prince bailla, puis s'étira.
– Déjà ?
– Oui, la princesse voulait être sûre que nul ne soit au courant...
– Je me demande bien ce qu'elle veut me dire. En tout cas, le fait qu'elle ne soit pas à cheval sur le protocole me plaît bien !
Ce commentaire rendit triste Youri, mais il n'en laissa rien paraître. Il était préférable que Aldrick s'entende avec sa future épouse...
Aldrick ajouta, avec cette fois l'intention de rendre son Suivant jaloux :
– En plus, elle est jolie, ce qui ne gâche rien !
– C'est vrai, elle est très belle.
– Ne me dis pas que tu es attiré par elle ! s'exclama Aldrick.
Youri resta muet de surprise : c'était plutôt le prince qui semblait être sous le charme de l'elfe...
– Pourquoi ne protestes-tu pas ?!
Aldrick se sentait lésé de ne pas avoir obtenu la réaction escomptée. Il n'y avait que lui qui était jaloux dans l'histoire... Youri ne devait pas l'aimer autant que lui.
– Ce n'est pas moi qui doit l'épouser.
Aldrick vit rouge en entendant ses mots : son Suivant se moquait clairement de ses sentiments. D'un ton sec, il déclara:
– Préparons-nous.
Youri comprit qu'il avait énervé le prince sans savoir, une fois de plus, ce qu'il avait dit de mal. Visiblement, il y avait eu un malentendu.
– Al, quel est le problème ?
La question lui avait échappé. Autrefois, il aurait attendu que le prince se calme, mais à présent, leur relation avait changé et il ne pouvait supporter qu'une tension subsiste entre eux.
– Tu es en train de me dire que tu épouserais volontiers la princesse si tu étais à ma place, voilà ce qui ne va pas ! Et ta déclaration d'amour, qu'en fais-tu !
– J'ai juste abondé dans ton sens quand tu as dit qu'elle était jolie. Elle l'est objectivement, mais elle ne me fait ni chaud ni froid.
La fureur de Aldrick retomba comme un soufflé raté. La jalousie le rendait idiot... Ce n'était pas la première fois que lui et Youri ne se comprenaient pas. Contrairement à lui, le jeune homme n'était pas calculateur : il disait les choses simplement, sans arrière-pensée. Il n'y avait plus qu'à être honnête...
– La beauté de la princesse m'indiffère également. Je voulais juste te rendre jaloux, mais je me suis pris à mon propre piège.
Les yeux gris de Youri s'illuminèrent et il sourit. Son soulagement était si évident que Aldrick devina que le jeune homme, même s'il ne l'avait pas exprimé, n'avait pas apprécié l'entendre complimenter la princesse. Il embrassa Youri avec passion, oubliant que l'heure du rendez-vous avec la princesse elfe était dangereusement proche.

jeudi 25 février 2010

Le Suivant du prince - 75

Le prince l'aimait. Le cœur de Youri se gonfla de joie, mais bien vite la réalité le rattrapa. Quand bien même Aldrick ne mentirait pas, cela ne les menait nulle part. Bientôt, que ce soit ou non avec la princesse elfe d'Iridia ou une autre, Aldrick serait contraint de se marier et Youri serait obligé d'assister à cette union, spectateur impuissant et jaloux. En même temps, tant qu'il pouvait rester près de lui... Youri inspira à fond et se jeta à l'eau, essayant de faire abstraction de leurs différences de statuts :
– Je crois bien que je t'aime aussi, Al et du moment que je peux demeurer à tes côtés, je me contenterai de ce que tu pourras me donner.
Préférant ne pas s'appesantir sur le verbe « croire » qui était venu nuancer la déclaration de Youri, Aldrick, les yeux brillants, avec une infinie douceur, caressa d'un doigt la joue de Youri, puis il approcha son visage de celui du jeune homme et effleura tendrement ses lèvres. Le « deuxième round » avait commencé...

*
Paprika, la princesse elfe d'Iridia arriva le lendemain en début de soirée, escortée par une centaine d'elfes. Ignorant les appartements qu'on avait préparé avec soin pour elle et sa suite, elle s'installa dans le parc du château. Cependant, cela n'avait rien d'un caprice : les elfes ont en effet besoin d'être en contact avec la nature pour se sentir bien. Hélas, le Ministre des Relations Extérieures, pourtant assez au fait de la culture elfique n'avait pas cru bon de le préciser...
Passé ce premier souci, la princesse elfique se plia sans rechigner aux coutumes d'Astria et vint présenter ses hommages à Aldrick VII. L'agitation était à son comble parmi les Nobles de la cour de Aldrick qui assistaient à cette première entrevue. Paprika avait de longs cheveux noirs comme la nuit, de grands yeux vert émeraude et de magnifiques ailes dorés. Elle était ravissante et l'épouser n'aurait rien eu d'une corvée si Aldrick avait été attiré par la gente féminine. Comme il était tard, la princesse elfe se retira assez rapidement dans les tentes plantées dans le parc du château, invoquant les fatigues du voyage. Aldrick eut néanmoins la surprise de recevoir un peu plus tard un mot de la part de la princesse qui demandait à le voir dans la plus stricte intimité. Elle serait seulement accompagnée de son chaperon et garde du corps. Aldrick avait répondu positivement, précisant que de son côté, juste son Suivant serait présent. Le Grand Chambellan n'avait guère apprécié d'être ainsi écarté de l'affaire.
– Il n'y aura personne pour vous empêcher de faire des erreurs diplomatiques, avait-il remarqué.
– Personne non plus pour y assister. Et de toute façon, cette entrevue n'a rien de protocolaire, avait rétorqué Aldrick.

mercredi 24 février 2010

Le Suivant du prince - 74

Quand Youri se réveilla, il était dans le lit du prince. En un instant, tout lui revint et un sentiment de panique l'envahit : comment devait-il à présent se comporter avec Aldrick ? Est-ce que leurs rapports allaient changer ? Il risqua un coup d'œil à sa droite et constata que le prince était tranquillement en train de lire. Youri s'en voulut de s'être endormi presque immédiatement après avoir joui. Est-ce qu'il avait su satisfaire Aldrick ? Est-ce qu'il pouvait espérer que ce n'était pas l'unique fois où il partagerait le lit du prince ?
– Réveillé ? demanda Aldrick.
Youri hocha la tête. Il ne dirait rien et ne demanderait rien. Il calquerait son attitude sur celle du prince.
– Tu as faim ?
– Un peu. Et toi ?
– Ma foi, je suis plutôt partant pour un deuxième round, déclara Aldrick en reposant son livre sur la table de chevet.
Voilà qui répondaient à certaines questions... tout en laissant beaucoup en suspens. Or Youri avait besoin de savoir avec exactitude ce qu'impliquait leur nouvelle relation... Il ne voulait pas se contenter d'une brève étreinte charnelle... Cela n'était pas suffisant. Avec effroi, Youri réalisa que l'amitié mêlée de désir qu'il éprouvait pour le prince était peut-être de l'amour. De l'amour... Il ne s'était rendu compte de rien, emporté dans un univers nouveau, remué par des émotions nouvelles, mais à présent, comme un puzzle, les pièces des sentiments qui l'avaient agité s'assemblaient. Il l'aimait... Mais vu la situation, c'était sans espoir.
– Je n'ai rien contre... répondit finalement Youri.
Aldrick, blessé par cette réponse qui avait mis un moment à venir et qui manquait d'enthousiasme, grimaça. Quand le jeune homme l'avait caressé, il avait cru qu'il le faisait avec plaisir... mais au final, n'avait-il juste pas obéi à ses ordres ? Peut-être avait-il pris ses désirs pour des réalités en pensant que Youri avait voulu lui dérober un baiser ? Rien contre... C'était comme un « non » caché.
– A la réflexion, je vais plutôt demander à ce que l'on m'amène un bain et un repas.
– Et notre deuxième round ? murmura Youri si bas que Aldrick faillit ne pas l'entendre.
– Tu ne sembles pas en avoir envie.
– Si... mais... je me pose des questions.
Aldrick leva un sourcil interrogateur.
– A quel sujet ?
– Et bien... Où tout cela nous mène ?
Le cœur de Aldrick se mit à battre un peu plus fort, pris d'un espoir irraisonné : si Youri se posait des questions, cela signifiait qu'il voulait autre chose qu'un peu de plaisir au lit...
– Je ne sais pas.
S'ils avaient couché ensemble, il y a quelques semaines, Aldrick aurait répondu à Youri qu'ils prenaient simplement du bon temps ensemble et qu'il n'était qu'un amant parmi d'autres. Cependant, Léo l'avait fait réfléchir et Aldrick était obligé de constater que même après avoir couché avec Youri, il continuait à vouloir le garder jalousement pour lui seul. Comme le jeune homme demeurait silencieux, l'air mélancolique, Aldrick avoua à voix haute ce qu'il ressentait :
– Je suis tombé amoureux de toi, mais je ne peux rien te promettre à cause de cette fichue couronne qui pèse sur ma tête les trois quart du temps.

mardi 23 février 2010

Le Suivant du prince - 73

Youri se pencha sur le visage du prince, prêt à céder à son désir d'effleurer les lèvres roses pâles, quand ce dernier ouvrit un œil. Le jeune homme se redressa avec précipitation, gêné.
– Qu'est-ce que tu fais ?
Sous le regard bleu outremer, l'embarras de Youri augmenta.
– Je... Je... Je me demandais si tu dormais vraiment.
Le mensonge était pitoyable.
– Je sommeillais... Rudolf est passé ?
– Je l'ai empêché d'entrer.
– Parfait, parfait.
– Je vais te laisser te rendormir.
– Non, assis-toi donc là et discutons, déclara Aldrick en tapotant l'édredon à sa droite. Après un instant d'hésitation, Youri s'installa au bord du lit.
– Si je devine ce que tu allais faire avant que je ne me réveille, tu auras trois gages, reprit Aldrick.
Youri ne sut comment réagir. Le prince continua :
– Je parie que tu allais me voler un baiser. Ai-je raison ?
– Je...
Sans attendre de réelle confirmation, d'un ton impérieux, Aldrick dit :
– Embrasse-moi. C'est ton premier gage.
Son inexpérience, ses basses origines... Il ne pouvait pas, se dit Youri. En même temps, c'était un ordre du prince et il en avait envie, alors pourquoi continuer à se retenir ? Le jeune homme se pencha et posa ses lèvres contre celles de Aldrick, puis voulut s'écarter, mais le prince n'entendait pas en rester à un chaste baiser. Il prit la direction des opérations et glissa sa langue dans la bouche du jeune homme. Quand le baiser s'acheva enfin, Aldrick empêcha Youri de se redresser en retenant d'une main sa tête.
– Caresse-moi partout, souffla-t-il à l'oreille du jeune homme. C'est ton deuxième gage...
Cela ressemblait étrangement à un rêve et Youri, se demanda s'il n'allait pas se réveiller. L'esprit et le corps enfiévrés, le jeune homme souleva l'édredon, puis aida Aldrick à retirer son pyjama. Malgré son inexpérience, Youri, guidé par le désir qu'il éprouvait, sut faire vibrer le corps du prince sous ses caresses. La manière qu'avait ce dernier de s'offrir à ses mains l'excitait au plus au point. Son corps était devenu brûlant et ses vêtements l'étouffaient. Il interrompit ses caresses pour ôter à la va-vite ses habits, puis s'allongea sur Aldrick, désireux de sentir sa peau contre la sienne. Il perdit la notion du temps, se laissant emporter par le plaisir de toucher et d'être touché. C'était nouveau et terriblement doux.
– Pénètre-moi maintenant. C'est ton troisième gage, susurra Aldrick entre deux gémissements.
Youri se figea, ne sachant au juste comment s'y prendre. Aldrick sourit devant son air perdu. Les yeux brillants de désir, il se dégagea en douceur et prit place au-dessus du jeune homme. Là, il s'empala lentement sur le sexe en érection de Youri, savourant le plaisir de le sentir palpiter en lui. Il ne fallut guère longtemps avant que la jouissance ne les emporte tout les deux.

lundi 22 février 2010

Le Suivant du prince - 72

– J'ai des choses urgentes à rapporter au prince.
– Vous pouvez me les confier. En tant que Suivant du Prince, j'ai le droit et le devoir d'être au fait des évènements importants. C'est marqué dans Le Manuel du Suivant.
Youri préféra ensuite faire la sourde oreille aux différents arguments qu'avançaient Rudolf Hautcoeur. Plutôt que de continuer à batailler avec des mots, il resta silencieux, signifiant clairement qu'il demeurerait inflexible. Finalement, le Grand Chambellan tourna les talons, l'air découragé. Une journée de repos lui aurait été certainement bénéfique à lui aussi. Youri alla prévenir les gardes que le prince refusait de recevoir quiconque aujourd'hui, puis regagna la chambre.
Aldrick, malgré la lumière du soleil qui baignait la pièce, semblait s'être rendormi. Youri était donc libre de faire ce qu'il souhaitait... Il songea avec un brin de regret que si son frère avait encore été au château, il aurait pu le faire venir et passer du temps avec lui. En même temps, vu que le prince dormait, bavarder aurait été exclu et de toute façon, Youri préférait savoir son frère loin de la Cour et de ses complots. Le jeune homme passa la main dans ses cheveux blonds. Il n'avait guère envie de lire : la lecture restait pour lui une activité assez laborieuse. Quant à admirer silencieusement le paysage par la fenêtre, il n'en était pas question ; cela lui donnait la désagréable impression d'être enfermé. Youri se rapprocha du lit du prince et le contempla : dans l'abandon propre au sommeil, Aldrick avait l'air vulnérable. Le regard du jeune homme s'attarda sur les lèvres roses pâles entrouvertes du dormeur et sa respiration s'accéléra. Le baiser que lui avait donné Al, le souvenir du corps nu et cambré du prince, tout cela était bien loin... mais l'envie de toucher était toujours là. Contrairement à ce qu'il avait espéré, son attirance pour Aldrick n'avait pas diminué avec le temps, elle avait pris de l'ampleur. Résister au désir de le toucher devenait chaque jour plus ardu. Quand il l'avait protégé de son corps, le jour de l'attentat, Youri s'était surpris à regretter de ne pas pouvoir rester plus longuement dans cette position. Être juste un serviteur, un simple ami, c'était plus compliqué qu'il ne l'aurait cru. Aldrick était séduisant, intelligent, légèrement manipulateur, taquin et adorablement tyrannique. Seulement, voilà, il était prince. Youri, lui, n'était rien, il ne pouvait pas prétendre devenir son amant et encore moins son mari... Si Al avait été Chevalier, peut-être quelque chose aurait été possible, mais là, c'était clair, il était destiné à épouser une femme ou une elfe qui lui donnerait un héritier... Le cœur de Youri se serra douloureusement en songeant que Aldrick se marierait peut-être bientôt. Le prince continuerait-il à prendre des amants ? Rien n'était moins sûr et puis, de toute façon, Aldrick n'avait jamais dû songer sérieusement à ce qu'un ex-garçon d'auberge partage sa couche. Ah, mais que la bouche de Aldrick était attirante...

vendredi 19 février 2010

Le Suivant du prince - 71

Chapitre XII : Les elfes débarquent

Aldrick ouvrit un œil, puis deux. Il souleva son édredon, s'assit sur son lit et posa les pieds au sol, prêt à se lever. Comme il avait la tête lourde, il se ravisa et se recoucha. Demain, Paprika, la princesse elfe d'Iridia et sa suite arriveraient... Aujourd'hui, c'était peut-être le dernier jour où il pouvait se permettre de rester au lit. Certes, il devait s'occuper de tonnes de choses, mais là, il en avait assez. Il pouvait bien s'accorder un peu de repos. Après tout, grâce à Léo, l'affaire des comploteurs Astriens était réglée. Bon, c'était vite dit, car il n'était pas impossible qu'il y ait d'autres « Archimop » en liberté, mais au moins les membres assoiffés de vengeance de la famille des Commerçants étaient sous les verrous...
Hier, Léo était parti pour ramener le frère de Youri des Lyonn, aujourd'hui, Mell avait pour mission de faire parler le centaure à propos de la transformation découverte par le capitaine Schard, seul Rudolf allait donc tenter de le tirer hors du lit. Il fallait à tout prix éviter que son Grand Chambellan ne le voit... et pour cela, quoi de mieux que de charger son Suivant de le mettre en déroute ?
– Youri !
Le jeune homme blond fut en un instant auprès de lui.
– Oui ?
– J'aimerai que tu ailles attendre Rudolf dans l'antichambre et que tu le préviennes que je ne suis pas en état de me lever aujourd'hui.
– Tu es malade ? Ne faudrait-il pas faire appeler Mell ? demanda Youri d'un ton soucieux.
– J'ai juste besoin de calme et de repos.
– Vraiment ?
– Oui, je t'assure. Débrouille-toi seulement pour que Rudolf ne vienne pas me déranger.
Youri faillit protester, puis acquiesça. Il quitta la pièce et s'installa dans l'antichambre, se demandant avec anxiété comment il allait réussir à se éconduire le Grand Chambellan. Si cela avait été un mauvais client, comme chez les Boulgs, cela aurait été simple : il aurait pu l'attraper par le col de son vêtement et le mettre à la porte... Youri soupira. Il était content de pouvoir être utile à Aldrick, mais n'était pas sûr d'être à la hauteur de la tâche qui lui avait été confiée. Dans une joute oratoire, Rudolf Hautcœur aurait sans nul doute le dessus. Il faudrait néanmoins tenir bon et rester ferme. Le prince méritait d'avoir une journée de tranquillité avant le débarquement des elfes. Il aurait dû la prendre plus tôt d'ailleurs...
Dès l'entrée du Grand Chambellan, Youri se leva, décidé à le dominer de toute sa taille.
– Le prince ne peut pas vous recevoir. Il est souffrant.
Rudolf Hautcœur haussa un sourcil dubitatif.
– Il était en parfaite santé hier. Est-ce que Mell a l'a examiné ?
– Non, le prince affirme que ce n'est pas nécessaire.
– Il est suffisamment en forme pour ne pas passer la journée au lit, n'est-ce pas ?
– Je suis certain que non.
– Puis-je au moins le voir ?
Youri secoua négativement la tête. Malgré ce refus, Rudolf chercha à passer, mais Youri s'interposa entre la porte de la chambre du prince et le Grand Chambellan. Les deux hommes s'affrontèrent du regard.

jeudi 18 février 2010

Le Suivant du prince - 70

– Vous ne pouvez pas me tuer ! Vous seriez jugé pour cela ! s'exclama Carlito.
– Tu es accidentellement tombé par la fenêtre. Cela arrive, tu sais, déclara Léo d'un ton tranquille.
La colère froide du Chevalier Lyonn était plus effrayante que s'il avait crié sur le jeune homme ou l'avait frappé.
– Personne ne croirait une chose pareille, rétorqua Carlito.
– Peut-être, mais tu oublies que je ne suis pas n'importe quel Chevalier. Je suis le frère du lait du prince, cela implique heureusement quelques avantages.
En entendant ces mots, Demian trouva la force de s'extirper du fauteuil. Il ne voulait pas que Léo devienne un assassin à cause de lui, or ce dernier avait l'air prêt à mettre fin aux jours de Carlito en lui faisant faire une chute mortelle. L'adolescent s'approcha timidement de celui qui était devenu son époux, sans savoir au juste comment intervenir. Léo le remarqua immédiatement. Son regard se fit tendre et il lui adressa un clin d'oeil. Demian comprit alors avec soulagement que Léo n'avait pas l'intention de lâcher Carlito. Demian esquissa un sourire en retour. Il ne pouvait pas plaindre Carlito... S'il avait la frayeur de sa vie, tant mieux ! Il la méritait !
– Ma famille me vengera !
– Mais tu seras mort.
Cette fois, Carlito perdit sa superbe.
– Vous ne pouvez pas me tuer, je... Je sais des choses qui vous intéressent...
– Un petit page insignifiant comme toi, permets moi d'en douter... Tu commences à peser lourd au bout de mon bras, alors...
– Je peux vous révéler qui complote pour l'assassinat de Aldrick et de son Suivant !
– Vraiment ? Dommage pour toi, mais je m'en moque, répondit Léo en faisant descendre un cran plus bas Carlito.
– Remontez-moi ! Remontez-moi !
Carlito était désormais complètement paniqué.
– Ne t'agite pas comme ça, tu vas tomber.
– Ne me lâchez pas ! Je ferais tout ce que vous voulez. Ne me lâchez surtout pas !
– Tout ? Y compris à confesser tes crimes, ceux de ta famille et de son complice ?
– Oui, je le jure.
– Par mesure de sécurité, je pense qu'il vaut mieux que tu notes tout ça en restant dans cette position.
– Ce n'est pas possible.
– Si cela te pose trop de problèmes, je te lâche. Je commence à avoir mal au bras.
– Non, non ! J'écrirai tout ce que vous voulez, mais ne me laissez pas là.
Finalement, Léo remonta Carlito et le relâcha sans ménagement sur le sol.
– Demian, apporte de quoi écrire.
L'adolescent s'empressa d'aller chercher le matériel demandé. Près de Léo, il savait qu'il ne risquait rien. Sans compter que Carlito ne tenait plus sur ses jambes tellement il tremblait. Par écrit, il reconnut avoir violé Demian, accusa son frère, son cousin et le duc Archimop d'avoir voulu assassiner le prince et son Suivant. Au moment de signer son aveu, il rechigna, mais Léo n'eut qu'à empoigner sa ceinture et le jeune homme s'exécuta. Justice allait pouvoir être rendue ! Dommage que pour cela Demian ait dû supporter un nouveau face à face avec celui qui l'avait agressé... En son for intérieur, Léo décida qu'il valait mieux ramener l'adolescent au manoir des Lyonn. Là-bas, loin des intrigues et des complots de la cour, il serait plus en sécurité. Qui plus est, cela ne devait pas être drôle pour l'adolescent de passer tout son temps enfermé à attendre son retour. Léo avait été égoïste en voulant le garder à ses côtés.

(Fin du chapitre 11)

mercredi 17 février 2010

Le Suivant du prince - 69

Je sais ce qui t'es arrivé, oui, mais de toute manière, tu pourrais avoir couché avec la terre entière que cela me serait égal... Enfin, pas tout à fait, je serais terriblement jaloux...Toujours est-il que je n'accepterai pas un refus de ta part. Surtout pas pour ça.
...Le sexe si nous nous marions ? Ne t'inquiète pas, je ne suis pas pressé. J'attendrai le temps qu'il faudra...
Surtout n'aie pas honte. Ne te dis pas que c'est parce que tu n'es pas assez fort que tu as été violé. Tu étais dépendant de la femme de l'aubergiste, blessé, et elle en a profité. Quant à Carlito, il t'a attaqué par derrière, comme un lâche. Tu aurais été sinon tout à fait en mesure de te défendre, même avec ton petit gabarit.
...Si jamais une femme veut poser la main sur toi alors que tu n'en as pas envie, frappe la à la poitrine. Si c'est un homme, un bon coup dans ses parties génitales calmera ses ardeurs.
Demian serra les dents. Il ne voulait plus subir... Il remonta vivement son genou dans l'entrejambe de Carlito qui s'effondra à ses pieds en gémissant. Le jeune homme aux cheveux rouges n'avait pas vu venir le coup. Sans plus attendre, Demian s'en fut en courant. En sortant des appartements, il entra en collision avec Léo qui arrivait. Demian poussa un cri et serait tombé en arrière si son compagnon ne l'avait pas retenu.
– Que t'arrive-t-il ?
L'adolescent, pâle comme un linge, ouvrit la bouche, mais ne réussit pas à parler. Inquiet, Léo le prit dans ses bras comme une princesse et entra dans ses appartements. Carlito venait tout juste de se relever. Il tenait encore d'une main ses parties génitales endolories.
– Vous avez donc bien épousé ce cul terreux, Chevalier Lyonn ? Je ne savais pas que vous vous contentiez des reste des autres.
Si Léo avait encore eu un doute sur l'identité du jeune homme aux cheveux roux tirant sur le rouge, cette réplique l'aurait levé.
– Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Léo d'un ton sec sans perdre son calme en serrant plus fort contre lui le corps tremblant de Demian.
– Je venais vous apporter un message de félicitations de la part de la baronne Schumiz, ma chère maîtresse... Maintenant que j'y pense, c'est peut-être vous que je devrais remercier pour mon poste auprès de cette harpie.
Léo ignora les propos de Carlito. Il déposa délicatement Demian dans le plus proche fauteuil, puis demanda d'une voix glaciale :
– Es-tu fou ou téméraire ?
– Ni l'un ni l'autre, je vous laisse avec votre... pute, répliqua Carlito en se dirigeant vers la porte d'entrée.
Léo attrapa par la ceinture l'arrogant jeune homme.
– Tu n'iras nulle part...
Carlito comprit qu'il était allé trop loin. Il tenta en vain de se libérer. Léo tenait la ceinture d'une seule main, mais il souleva sans peine le jeune homme et le porta jusqu'à la fenêtre qu'il ouvrit de sa main libre. Carlito se mit à hurler, mais se retrouva tout de même suspendu dans le vide.

mardi 16 février 2010

Le Suivant du prince - 68

Des pages se mirent à affluer aux portes des appartements de Léo. Ils apportaient des messages de félicitations pour son mariage, mais avaient en réalité pour mission de découvrir l'identité de la personne qu'avait épousé le Chevalier Lyonn. Comme il n'y avait pas de gardes à la porte de ses appartements, son rang de Chevalier n'impliquant pas ce prestige, Léo avait conseillé à Demian de n'ouvrir à personne, aussi les pages revenaient-ils bredouille. A dire vrai, Demian qui passait ses journées seul dans l'appartement, guettait souvent avec impatience le retour de Léo et sortait parfois dans le couloir où il croisait des pages. Cependant, ces derniers ne se doutaient pas une seule seconde qu'ils étaient en présence de l'époux de Léo. Le Chevalier Lyonn était connu pour ses conquêtes féminines et la mise modeste de Demian le faisait ressembler à un serviteur... Hélas, il fallut que la baronne Schumiz, également pleine de curiosité, envoie son tout nouveau page aux renseignements. Ce jour-là, Demian qui faisait le guet dans le couloir se figea en apercevant Carlito. Il savait que ce dernier demeurait au château, libre de ses mouvements, mais il avait préféré croire qu'il n'avait aucune chance de le croiser. Léo lui avait donné le sentiment qu'il était en sécurité. Ce n'est que trop tard que Demian eut le réflexe de se réfugier dans les appartements : le jeune homme aux cheveux rouges et aux yeux dorés eut le temps de l'empêcher de refermer la porte en la bloquant à l'aide de son pied.
– Alors, c'est là que tu te cachais ? Ne me dis pas que c'est toi que Léo Lyonn a épousé ? demanda Carlito en glissant la main dans l'entrebâillement.
Demian recula vivement pour éviter d'être touché si bien qu'il lâcha la porte. Carlito en profita pour entrer et referma la porte derrière lui, un petit sourire sadique aux lèvres. Possédé par une peur qui le dépassait, Demian, sans quitter Carlito des yeux, se mit à reculer tandis que le jeune homme aux cheveux rouges avançait.
– Quand je pense que maintenant tu es dans l'opulence alors que je me retrouve au service de cette vieille peau de Schumiz qui donne du bâton pour un oui ou pour un non, j'enrage...
Finalement, Demian se retrouva adossé au mur, pris au piège.
– Tu te réserves désormais pour ton mari ? Sait-il seulement quel beau petit cochon tu es ? demanda Carlito d'une voix moqueuse en plaçant sa main droite à plat sur le mur juste à côté du visage de l'adolescent.
Carlito prenait son temps, satisfait de voir Demian trembler de peur. L'adolescent ferma les yeux pour ne plus voir celui qui le tourmentait et se souvint de ce que lui avait dit Léo quand il l'avait demandé en mariage...

lundi 15 février 2010

Le Suivant du prince - 67

Constatant que la chose déplaisait fortement au prince, le Ministre des Relations Extérieures déglutit et s'expliqua :
– Avec les tentatives d'assassinats sur votre personne par des elfes, les relations avec les Iridiens ne sont pas au mieux, il m'a semblé qu'un rapprochement de nos deux races ne pourraient qu'être bénéfiques. Et vous allez avoir trente ans dans moins d'un mois, votre Majesté.
Comme le regard de Aldrick restait glacial, le pauvre Ministre des Relations Extérieures rajouta, s'enfonçant un peu plus :
– Maintenant que votre frère de lait s'est marié, c'est votre tour, Votre Altesse.
Aldrick eut un rictus. Il s'était douté que le mariage de Léo serait l'occasion de reparler du sien. Ah ! Combien de fois faudrait-il répéter qu'il ne voulait pas se marier ? Du moins, pas avec une femme. Vraiment, la décision qu'avait prise le Ministre des Relations Extérieures sans le consulter était parfaitement stupide ! Cependant, si ce qu'il venait de dire était une idiotie, cela lui donnait à réfléchir... Et si la faction des elfes était née de cette possibilité de mariage entre une princesse elfe et lui-même ? Dans ce cas, l'arrivée de la damoiselle à la Cour n'allait pas arranger les choses... En même temps, si elles empiraient, Aldrick saurait désormais pourquoi un groupe d'elfes s'efforçait de le supprimer avec autant d'acharnement...

La décision capitale qu'avait pris Ministre des Relations Extérieures sans consulter personne ne manqua pas de compliquer la situation politique du royaume d'Astria. Les défenseurs des centaures comme leurs ennemis jurés se divisèrent encore : ceux qui approuvaient une alliance avec les elfes et ceux qui étaient contre. La situation devint infernale et Aldrick avait de plus en plus de mal à gérer les choses. Les membres du Conseil, le Ministre des Affaires Intérieures en tête, avaient exigés la démission du Ministre des Relations Extérieures quand ils avaient compris que l'homme avait fait venir une princesse elfe à la Cour de Aldrick VII sans demander l'avis de quiconque, pas même celui du prince. Aldrick n'aurait eu aucun remords à renvoyer le Ministre s'il n'avait pas supputé que la reine d'Iridia se sentirait insultée que l'homme qui l'avait convaincu d'envoyer sa fille Paprika en vue d'un mariage soit démis de ses fonctions quelques jours avant l'arrivée de cette dernière. Les dés étaient jetés et il fallait désormais, bon gré mal gré faire avec. Échapper au mariage avec la princesse elfe était encore du domaine du possible, mais les Astriens allaient devoir l'accueillir en grande pompe sous peine de se fâcher avec les Iridiens.
Indépendamment des problèmes que posait la venue de la princesse elfe en elle-même, la possibilité que Aldrick l'épouse eut l'inconvénient de susciter de la curiosité envers le mariage précipité du Chevalier Lyonn : qui était l'heureuse élue et pourquoi ne la voyait-on jamais en compagnie de son époux à la Cour ?

vendredi 12 février 2010

Le Suivant du prince - 66

L'attentat contre la vie du prince mit le château en ébullition. A côté de ça, la disparition du frère du Suivant du prince passa inaperçue et personne, pas même Carlito, ne fit le lien avec le mariage express du Chevalier Lyonn qui se déroula le lendemain. L'union de Demian et Léo fut bénie par un vieux prêtre à moitié sourd et scellée par un chaste baiser sur le front. Afin de pas attirer l'attention sur la cérémonie, Aldrick n'y assista pas, contraignant Youri à manquer également l'évènement.
Par ailleurs, entre les Astriens comploteurs, le centaure enfermé dans sa prison et la nouvelle preuve qu'une faction d'elfe lui était résolument hostile, Aldrick n'avait pas une minute à lui. Le prince aurait aimé prendre le temps de vérifier si Léo avait raison à propos de Youri, mais c'était hélas impossible
Ainsi, à peine quatre jours après l'attentat, Aldrick reçut une demande d'audience privée de la part du capitaine Schard qui gardait avec ses hommes la cellule du centaure et du prêtre roux. Cette cellule préservait l'intimité des deux prisonniers, mais il était tout de même possible que le capitaine Schard ait découvert l'étrange relation qu'entretenait Galad et Kilim, aussi le prince accorda au capitaine l'audience qu'il réclamait. Il fallait l'écouter, puis exiger qu'il n'ébruite pas la chose... Cependant, Aldrick se trompait, ce que le capitaine Schard avait à lui révéler n'avait rien à voir et était fort troublant. La veille, le capitaine avait apporté tardivement leur repas aux deux prisonniers et constaté qu'au lieu d'un centaure et d'un homme, il y avait deux hommes : le centaure avait perdu sa moitié chevaline et se tenait sur ses jambes ! Cependant, le lendemain matin, tout était revenu comme avant. Le capitaine Schard doutait lui-même de ce qu'il avait vu, mais avait préféré en informer le prince. Le capitaine avait-il eu une hallucination ? Aldrick ne le pensait pas... Il allait falloir creuser l'affaire et avoir le fin mot de l'histoire. En attendant, l'information devait rester confidentielle. Heureusement, Schard était une homme de confiance et on pouvait compter sur son silence.
Après la révélation de Schard, Aldrick n'aurait pas cru pouvoir apprendre quelque chose de plus surprenant. Toutefois, il était dans l'erreur. En fin de soirée, il reçut une visite du Ministre des Relations Extérieures qui avait une importante nouvelle à lui communiquer.
– Votre Altesse, j'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai réussi à convaincre la reine d'Iridia de laisser sa fille séjourner parmi nous...
– Quoi ?!
Non, vraiment, il ne manquait plus que cela, qu'une princesse elfe et sa suite débarquent à la Cour avec un mariage en perspective ! Le Ministre des Relations Extérieures avait vraiment des idées tordues...

jeudi 11 février 2010

Le Suivant du prince - 65

– Si tu peux te passer de moi, j'aimerai rester là et convaincre Demian.
– Je n'y vois pas d'inconvénient...
Que Léo se charge de l'adolescent l'arrangeait. Aldrick jeta toutefois un regard hésitant vers Youri. A tous les coups, ce dernier voudrait demeurer auprès de son frère... Cependant, l'ancien garçon d'auberge, après avoir confirmé du regard avec son frère qu'il n'avait pas peur de rester seul avec Léo, s'était approché du prince, prêt à le suivre.
Les deux hommes quittèrent ensemble les appartements. D'un pas rapide, ils se mirent à marcher en direction du petit salon rouge où le prince avait donné rendez-vous au Représentant des Voleurs. Comme d'habitude, Youri ne parlait pas, aussi avançaient-ils en silence. Cependant, une question brûlait les lèvres de Aldrick et il finit par la poser :
– Si cela n'avait pas été ton devoir de Suivant, tu aurais préféré assister à la discussion entre ton frère et Léo, n'est-ce pas ?
– Non, cette affaire ne regarde qu'eux.
– Tu n'auras pas l'impression de perdre ton précieux petit frère s'il accepte ?
– Un peu, mais je n'ai pas su le protéger... Et puis je ne veux que son bonheur.
Aldrick ralentit le pas.
– Seul le violeur est responsable de la violence qu'il a commise. Ni toi ni ton frère n'êtes coupables.
– Je sais, mais c'est plus fort que moi... Je m'en veux de ne pas avoir été là pour le défendre. Si jamais je rencontrai ce Carlito, je le massacrerai... déclara Youri, les poings serrés.
– Je suis désolé de ne pouvoir te laisser mettre en pièces le salaud qui a fait ça, mais sache qu'il va à son tour en voir de toutes les couleurs au service de la baronne Schumiz.
– Je le souhaite...
Le jeune homme n'acheva pas sa phrase. Il plaqua soudainement Aldrick au sol, roula sur le côté avec lui et lui fit un rempart de son corps. La fenêtre devant laquelle ils passaient avait volé en éclats. Dans l'encadrement, un elfe masqué, les ailes déployées, tira quelques flèches avant d'être mis en fuite par les lances des gardes qui avaient accouru sur les lieux. Le danger était passé aussi vite qu'il était venu. Les gardes entourèrent rapidement Youri qui se trouvait juste au-dessus de Aldrick, l'écrasant de tout son poids. Avec l'aide des gardes, le prince et son Suivant furent rapidement de nouveau sur pieds. Grâce aux réflexes presque surnaturels de Youri, Aldrick s'en était une fois de plus tiré sans dommage. Quant au jeune homme, il avait juste une égratignure sur la joue. Bien qu'il soit trop tard pour appréhender l'intrus, le prince chargea l'un des gardes de donner l'alarme afin que l'elfe masqué soit poursuivi. La garde devait être vigilante afin d'éviter une nouvelle attaque. Peut-être que d'autres elfes masqués animés d'intentions malveillantes s'étaient infiltrés dans le château. Décidément, il y avait beaucoup de gens qui voulaient sa mort... Un peu trop d'ailleurs, à son goût. Cependant, il n'était pas question de se laisser intimider et de se terrer dans un coin.
– Allons-y, inutile de se mettre plus en retard pour notre rendez-vous, déclara-t-il d'une voix égale.
– Bien, votre Altesse, répondit Youri du même ton.
Le mélange de surprise et d'admiration que Aldrick lut dans les yeux des gardes l'emplit de satisfaction.

mercredi 10 février 2010

Le Suivant du prince - 64

– Certes... Cependant, es-tu d'accord pour que j'épouse Demian au plus vite et qu'il ne remette jamais les pieds au dortoir des pages en formation ?
– De toute façon, même si je te disais non, tu n'en tiendrais pas compte, n'est-ce pas ?
Léo eut un large sourire.
– En effet.
– Je me réjouis de la tête que fera Rudolf en apprenant que tu manques aussi totalement aux règles de bienséance. Pour une fois, ce ne sera pas à moi qu'il fera les gros yeux.
– Ce brave Rudolf... Il s'en remettra. Et puis, avec Pel, il est mal placé pour me faire la leçon. De toute façon, dans un mois, je vais avoir trente ans, il est temps que je me range. Au fait, est-ce que Mell avance sur le remède pour la drogue centaure ?
– Non, hélas. Selon lui, cela dépasse ses compétences. Néanmoins, il ne désespère pas et continue à chercher...
Soudain, la porte qui donnait sur la chambre du prince s'ouvrit. Les deux frères apparurent dans l'embrasure. A la vue de la haute stature de Léo, les traits de Demian s'illuminèrent d'une telle manière que Aldrick se dit que son frère de lait avait toutes les chances de voir sa demande en mariage acceptée promptement. Léo pensa sans doute la même chose, car il ne perdit pas de temps. Il fit quelque pas, s'agenouilla devant Demian et lui fit sa déclaration :
– Me ferais-tu l'honneur de devenir mon époux ?
Youri ouvrit des yeux aussi grands que Demian. On aurait dit deux chouettes, songea Aldrick avec amusement. Comme les deux frères restaient muets de stupeur, Léo s'impatienta un peu.
– Je sais que nous avons une grande différence d'âge, mais nous nous entendons bien et je suis certain que nous formerons un couple uni.
Léo manquait de romantisme... Il aurait mieux fait d'avouer à l'adolescent qu'il l'aimait.
– Vous plaisantez ? demanda timidement Demian, les joues rosissantes.
– Je suis parfaitement sérieux.
– C'est un ordre du prince pour protéger mon frère ? interrogea Youri qui était également stupéfié par la brusque déclaration du Chevalier Lyonn.
– Non, je fais cette proposition de mon propre chef. D'ailleurs, je m'excuse, je suppose que j'aurais dû t'en parler en premier vu que tu es la seule famille de Demian. J'ose espérer que tu n'as pas d'objections ?
– Si c'est ce que mon frère souhaite, non. Cependant, vous êtes un grand chevalier. N'est-ce pas un problème pour vous d'épouser un Sans-Guilde ?
– Eh bien, ce n'est pas fréquent, pas protocolaire, mais j'ai bien le droit d'épouser qui je veux.
Pas comme lui, pensa Aldrick avec une certaine amertume. Malgré tous les problèmes causés par le centaure, le Ministre des Affaires Intérieures avait hélas trouvé le temps de revenir à la charge pour son mariage.
– Je refuse, intervint Demian d'une petite voix en se tordant les mains.
– Pour quelles raisons ?
– Je ne suis pas digne de vous.
– Pourquoi ?
– Je n'ai pas d'éducation. Mes origines sont modestes. Je...
– Je m'en moque, coupa Léo.
Brusquement, Aldrick se frappa le front de la main : il ne pouvait pas rester là, l'heure tournait et il avait rendez-vous avec le représentant des Voleurs.
– Je suis désolé de vous interrompre, mais je dois y aller, annonça-t-il.

mardi 9 février 2010

Le Suivant du prince - 63

– Est-ce que tu réalises que c'est horrible pour Demian ce que tu proposes ? demanda Léo d'un ton glacial en se redressant de toute sa hauteur.
Même Aldrick qui le connaissait bien se sentit dans ses petits souliers. Il tenta de se justifier :
– Je suis un peu coincé, Léo. Il faut que mes ennemis ne se doutent de rien et de toute manière, Demian ne peut pas rester cloîtré dans mes appartements.
– Il n'a qu'à loger dans les miens.
– Hein ? Et sous quel prétexte ?
– En tant qu'époux.
Soit son frère de lait était devenu fou, soit la fatigue lui donnait des hallucinations auditives...
– Quoi ?! J'avais ben compris que tu t'étais pris d'affection pour lui vu la manière dont tu en parlais à ton retour, mais de là à l'épouser...
Le regard de Léo se fit lointain et ses traits s'adoucirent : il pensait clairement à l'élu de son cœur.
– Il m'a affreusement manqué ces dix derniers jours. Pourtant, tu m'avais fourni assez de tâches pour que je n'ai pas le temps de m'ennuyer ! Plus d'une fois, j'ai failli aller le voir... Il me semble que la conclusion s'impose d'elle-même.
Aldrick aurait aimé pouvoir être aussi honnête sur ce qu'il ressentait...
– N'oublierais-tu pas l'opinion du principal intéressé ?
– Sur ce point, tu as raison. Ceci dit, il est évident qu'il m'admire alors, je peux espérer.
Aldrick repensa aux deux frères tendrement enlacés.
– Si tu veux mon avis, ton Demian est nettement plus attaché à son frère qu'à toi, répliqua-t-il.
Léo ne se laissa pas démonter :
– Et ton Suivant est plus proche de son frère que de toi. Ceci dit, je ne vois pas où est le problème. C'est normal, ils sont orphelins, ils sont tout l'un pour l'autre.
– A ce point, c'est énervant !
– Pourquoi ?
– Parce que...
Aldrick s'interrompit de lui-même. Parce qu'il aurait voulu compter plus pour Youri, être le seul à occuper ses pensées. Parce que contrairement à ce qu'il avait cru ces dernières semaines, ce n'était pas que du désir qu'il éprouvait à l'égard du jeune homme aux yeux gris...
– Il était temps que tu t'en aperçoives.
L'air triomphal de Léo agaça Aldrick.
– Comment peux-tu connaître mieux que moi mes sentiments ?
– Tu devrais voir comment tu regardes ton Suivant...
– Une fois que je l'aurais eu dans mon lit, cela me passera sans doute.
Aldrick avait du mal à admettre que Youri ait pris petit à petit, insidieusement, possession de son cœur.
Léo eut une moue dubitative, puis haussa les épaules.
– Teste donc, tu verras bien.
– Youri n'est pas intéressé.
– Permets-moi d'en douter, il te couve du regard.
– Vraiment ?
– Cela ne te ressemble pas de manquer autant d'assurance.
– J'ai d'autres soucis en tête. Ce n'est d'ailleurs vraiment pas le moment de parler de ça.

lundi 8 février 2010

Le Suivant du prince - 62

Chapitre XI : Attentat et constats

Aldrick n'avait dormi que quatre heures au total. Il avait préféré faire appeler assez tôt son frère de lait et son Grand Chambellan pour les mettre au courant des derniers évènements. Quand il avait quitté la chambre pour aller dans le bureau, Youri ne l'avait pas suivi. Le rideau de son lit était fermé et Aldrick avait supposé, non sans un pincement de cœur, qu'il avait choisi de demeurer auprès de son frère qui devait encore dormir. Il aurait pu le rappeler à l'ordre, mais tant qu'il ne quittait pas ses appartements, la présence de son Suivant n'était pas expressément requise.
En apprenant ce qui était arrivé à Demian, Léo était devenu dangereusement calme. A la fin du rapport de Aldrick, sa première question avait concerné le sort du violeur et non celui des comploteurs.
– J'ai bien réfléchi et comme c'est la parole de Demian contre ce Carlito, je crains ne pas pouvoir le faire mettre en prison.
– Soit. Quel est son châtiment alors ? demanda Léo.
– Je pense l'assigner au service de la baronne Schumiz.
– Je croyais que vous vouliez neutraliser cette dame, votre Majesté, intervint Rudolf.
– J'avais aussi dit qu'il pouvait être pratique d'avoir une noble qui maltraite ses pages... C'est d'ailleurs parfait pour le cas présent. Ceci dit, cette Schumiz devra un jour ou l'autre répondre de ses actes.
– Et pour son frère aîné et cette mystérieuse personne qui joue la comédie, qu'allez-vous faire, votre Altesse ?
Aldrick faillit se fâcher. Il était fatiguant d'être constamment obligé de prendre des décisions, faire des choix. Certes, cela faisait parti de ses devoirs de prince, mais il eut été agréable de pouvoir parfois y échapper... Ces derniers temps, il était en permanence sollicité et trop, c'était trop !
– D'après ce qu'a rapporté Demian, le mystérieux personnage est un noble. Une enquête doit être menée pour découvrir son identité. J'ai également besoin de preuves compromettantes pour agir contre cette maudite famille de commerçants. Je vous laisse gérer ça Rudolf.
– Bien, votre Majesté. Je vais m'en occuper de ce pas, déclara le Grand Chambellan et, après une courbette, il prit congé.
A peine fut-il parti que Léo revint à la charge sur le sujet qui l'intéressait :
– Qu'est-ce que tu comptes faire au sujet du frère de ton Suivant ?
L'air farouche de Léo retint Aldrick de l'envoyer promener... De toute manière, il avait déjà songé au problème, alors autant faire part à son frère de lait de la conclusion à laquelle il était arrivé.
– Je compte le renvoyer dès cet après-midi auprès des autres pages en formation.
Un éclat de fureur traversa les yeux dorés de Léo.
– Il va donc croiser cet ignoble Carlito, n'est-ce pas ?
– C'est plus que probable. Je vais obliger le Grand Page Shaham à promouvoir au rang de page Carlito, mais cela ne peut se faire dans la minute.
Un bref et pesant silence suivit la réplique de Aldrick.

vendredi 5 février 2010

Le Suivant du prince - 61

– Tu ne veux pas être soigné ? demanda Youri avec étonnement.
L'adolescent secoua négativement la tête. Il n'avait plus envie d'être touché par quiconque. Tout ce qu'il souhaitait, c'était demeurer à l'abri dans les bras de son frère.
Le comportement de l'adolescent fit deviner à Mell la nature de l'agression que Demian avait subi. Il avait hélas déjà eu l'occasion de soigner des personnes victimes de viol au cours de sa longue carrière de prêtre soignant. Déjà, il fallait un bon bain à Demian. Ensuite, vu que son violeur était un homme comme lui, il y avait toutes les chances pour qu'il ait des déchirures anales... L'application d'une crème désinfectante et cicatrisante s'imposait. Par ailleurs, même si c'était humiliant pour l'adolescent, il était préférable que les autres sachent ce qui lui était arrivé. Youri comprendrait mieux son frère et pourrait l'entourer de son affection. Quant à Aldrick, il s'occuperait de trouver une punition appropriée au coupable.
– Tu as été violé, n'est-ce pas ?
Toujours collé à son frère, Demian ferma les yeux et acquiesça. Youri s'arracha alors à l'étreinte de son frère et d'une voix sourde, les poings serrés, il cria :
– Dès que je mets la main sur ce salaud, je le tue !
Pendant un bref et douloureux instant, quand son frère l'avait repoussé, Demian avait cru qu'il le trouvait dégoûtant. Soulagé qu'il n'en soit rien, mais désormais privé de toutes forces, il se laissa tomber au sol comme une poupée de chiffon. Jamais Aldrick n'avait vu Youri en colère. Ce brusque éclat le surprit. Il découvrait là une nouvelle facette du jeune homme.
– Je suis au regret de ne pas pouvoir te laisser faire ça. Tu deviendrais criminel à ton tour...
Cette déclaration ne calma pas le moins du monde Youri. Ce fut la petite voix de Demian à ses pieds qui fit retomber sa colère :
– C'était de ma faute. J'aurais dû deviner, me douter...
Youri s'accroupit aux côtés de son frère, le reprit dans ses bras, le berça et l'embrassa sur le front. La scène était touchante, mais Aldrick éprouva un douloureux sentiment d'exclusion et quelque chose qui ressemblait fortement à de la jalousie. Détournant le regard, il s'approcha de Mell qui en profita pour échanger quelques mots à mi-voix avec lui :
– Il faudrait demander à ce qu'un bain soit apporté. Pendant ce temps, j'irais chercher de quoi soigner ce pauvre gosse. Après cela, ce serait bien de le laisser dormir ici avec son frère.
– Oui, bien sûr...
Aldrick était épuisé, la journée avait été terriblement longue. Il se massa les tempes tout en songeant aux nombreuses décisions qu'il devrait prendre le lendemain matin... Matin qui serait hélas là dans à peine quelques heures.
– Je vais vous apporter aussi quelque chose contre votre mal de tête.
– Merci, Mell.
Le prêtre s'inclina légèrement et partit. En baillant, Aldrick alla ordonner qu'un bain lui soit amené. Malgré tous les soucis qu'il avait, l'idée que demain, dans tout le château, on parlerait du bain nocturne du prince lui arracha un sourire.

(Fin du chapitre 10)

jeudi 4 février 2010

Le Suivant du prince - 60

– Mell ! s'écria-t-il, surpris.
Le bruit réveilla Youri qui sauta d'un bond hors du lit, prêt à en découdre avec un éventuel agresseur. C'était cependant inutile.
– Demian ! s'exclama-t-il en apercevant son frère derrière le prêtre.
L'adolescent se jeta dans les bras de son grand frère et éclata malgré lui en sanglots. D'une voix entrecoupée de larmes, il essaya de lui raconter ce qu'il avait entendu, mais ses propos étaient inintelligibles. Youri le serra contre lui, lui murmurant de se calmer. Pendant ce temps, Aldrick interrogea Mell du regard, mais ce dernier secoua légèrement la tête, indiquant qu'il ne savait rien. Finalement, Demian ravala ses larmes et expliqua qu'il avait surprit deux hommes en train de préméditer le meurtre de Youri et du prince. Immédiatement Aldrick lui demanda s'il avait une idée de leurs identités et l'adolescent se sentit embarrassé. Comment révéler que l'un des hommes était un cousin de celui qui aurait dû être nommé Suivant du prince à la place de son frère ? Comme le prince répétait sa question, Demian commença par dire qu'il avait compris que l'un des hommes faisait semblant d'être pro-centaures. Ensuite d'une voix hésitante, il dévoila l'identité de l'autre. Du coin de l'œil, il vit son frère pâlir et baisser les yeux. C'était donc vrai ? Non, Demian ne pouvait croire que Youri ait volé la place d'un autre...
Le prince jura, puis remarquant l'air honteux de Youri, il ajouta à l'intention de Demian :
– Certes ton frère n'a pas gagné le concours, mais il faisait parti des finalistes. Durant la dernière épreuve à laquelle je participais sous une fausse identité, il m'a sauvé la vie. Voilà pourquoi, je l'ai nommé mon Suivant à la place du vainqueur.
Si ces paroles calmèrent les inquiétudes de Demian, Youri, lui, continua à paraître gêné.
– Mais dis-nous que faisais-tu dans cette alcôve à cette heure-ci ? demanda Aldrick. La coïncidence est un peu trop belle pour être vraie, ajouta-t-il.
Cette fois, ce fut au tour de Demian de blêmir. Il se mit à trembler dans les bras de son frère. Youri sortit aussitôt de son apathie :
– Quelqu'un t'as fait du mal ?
Ignorant la question de son grand frère, essayant de ne pas repenser à ce que Carlito lui avait fait, Demian répondit au prince :
– Le comploteur a un frère qui est un page en formation comme moi. Il m'avait emmené là plus beaucoup plutôt dans la journée pour... exercer une vengeance personnelle.
– Il t'a frappé ?
L'adolescent ferma brièvement les yeux. Il aurait voulu que son frère ne cherche pas à savoir, qu'il puisse garder le secret.
– Il m'a... agressé, souffla-t-il.
– Mell peut t'examiner, proposa Aldrick.
Et voilà, à présent Demian était obligé d'avouer ce qu'il aurait préféré taire. Les mots restèrent coincés dans sa gorge. Prenant son silence pour un assentiment, Mell s'approcha des deux frères enlacés. Youri relâcha son étreinte, désireux que son frère se fasse soigner, mais Demian se serra contre lui.

mercredi 3 février 2010

Le Suivant du prince - 59

Il prit une grande inspiration et s'engagea dans le couloir. Quasiment chaque porte était gardée. Il semblait impossible de ne pas se faire arrêter. Si Demian avait su que les gardes à cet étage, avaient l'habitude de voir passer des pages à toutes heures du jour et de la nuit, il n'aurait pas été aussi angoissé. Il n'était pas au courant, mais poussé par la nécessité, il avança bravement. Il fut surpris et soulagé qu'aucun garde ne lui demande ce qu'il faisait là. Subrepticement, en marchant, il jetait des coups d'œil à droite et à gauche, se demandant comment il reconnaîtrait la suite du prince. Dans l'aile centrale, avait dit le garde... Finalement, une porte plus somptueuse que les autres attira son attention. C'était sans doute là. Demian s'humecta les lèvres, s'arrêta devant les deux hommes qui la gardaient et déclara d'une voix tremblante :
– J'apporte un message pour le prince.
L'un des hommes se pencha sur lui et Demian se ratatina.
– Il est où ton message ? grogna-t-il.
– Il est oral, murmura l'adolescent d'une voix indistincte.
– Dégage.
L'autre garde intervint :
– Vu sa tête d'ange, tu ne crois pas qu'il est là pour chauffer le lit du prince ?
– J'ai pas été prévenu. Le prince n'a fait appelé personne.
– Tu sais ça mieux que moi. Cela ne fait qu'une heure que j'ai pris mon service.
– Si tu dégages pas de là, t'auras des ennuis, répéta le garde à l'intention de Demian.
L'adolescent recula d'un pas. Que faire ? La volonté de prévenir son frère l'avait soutenu jusque là, mais il se sentait à présent au bord de l'effondrement. Se tenir debout lui était pénible. Son corps lui pesait de plus en plus.
Au moment où il chancelait, la porte des appartements du prince s'ouvrit et Mell en sortit. Le prêtre venait juste de finir son rapport au prince. Remarquant de suite l'adolescent qui n'avait pas l'air de tenir sur ses jambes, il s'approcha de lui.
– Qu'est-ce qui ne va pas ? lui demanda-t-il.
Demian tenta alors le tout pour le tout. Il s'agrippa à la manche du prêtre et déclara d'un voix suppliante :
– Je vous en prie. Il faut que je vois le Suivant du prince, je suis son frère.
En un instant, Mell se souvint de la description qu'avait fait Léo Lyonn du frère de Youri : des yeux bleus pâles comme le cristal, des cheveux blonds comme les blés, des lèvres comme des pétales... Sur le moment, il n'avait pu s'empêcher de se dire que Léo avait exagéré, mais il avait eu tort.
– Je vais te faire entrer.
Le prêtre eut quelques difficultés à convaincre les gardes de le laisser passer en compagnie de l'adolescent.
– Je le connais, affirma Mell bien que ce ne soit qu'à moitié vrai.
– Si vous le faites entrer, vous en prenez la responsabilité, d'accord ? Nous ne voulons par perdre notre poste, nous...
Après les avoir assuré qu'il prendrait toute la faute pour lui s'il y avait un problème, Mell put rentrer avec Demian. L'antichambre et le bureau étaient à présent désertés, le prince avait dû gagner sa chambre à coucher. Mell n'hésita qu'un instant avant de pousser la porte. Le prince qui contemplait Youri endormi, tourna vivement la tête dans leur direction.

mardi 2 février 2010

Le Suivant du prince - 58

– Vous me cachez quelque chose, n'est-ce pas ?
– Notre famille avait mené sa petite enquête sur ce maudit Sans-Guilde qui est devenu le Suivant du prince. Nous avions donc appris qu'il avait un frère et que ce dernier avait été amené au manoir des Lyonn... Si Carlito n'avait pas répandu la rumeur, nul n'aurait su les liens qui unissaient le nouveau page en formation et le Suivant du Prince.
– Quelle importance ?
– C'est une question de discrétion. Cela aurait été plus simple de se servir de lui dans ses conditions.
De nouveau, Demian arrêta de respirer. Il ne donnait pas cher de sa peau si les deux hommes le découvraient sous le banc. Nul doute qu'ils l'utiliseraient sans vergogne pour manipuler son frère.
– Je vois que ce que vous voulez dire. Il est toujours mieux de garder son jeu caché.
– Comme vous. J'ai bien failli croire que vous appréciez les centaures.
– C'est ce qu'il faut, mais revenons à notre affaire. Il me faut des garanties de votre part.
– Eh bien... une fois son Suivant actuel éliminé, il est plus que probable que le prince nomme mon cousin. Il sera alors facile de le tuer.
– Vous êtes machiavélique... Néanmoins, j'ai peine à croire que votre cousin veuille renoncer à tous les privilèges qu'il gagnerait en devenant Suivant du prince...
– Mon cousin n'apprécie pas plus que vous la tolérance dont fait preuve Aldrick VII à l'égard du centaure.
– Je vois. Je vous aiderai, mais vous avez intérêt à tenir vos engagements de votre côté.
– C'est promis.
– Au besoin, vous savez comment me contacter.
Les deux conspirateurs se levèrent, se saluèrent et se séparèrent. Demian écouta le bruit de leurs pas qui s'éloignaient, puis resta encore un long moment immobile. Il n'osait pas bouger. En même temps, il fallait qu'il aille rapporter les propos qu'il avait surpris, qu'il sauve son frère que ce dernier ait pris ou non la place d'un autre. la Hélas, il ne savait ni où il se trouvait ni où étaient les appartements du prince. D'une démarche chancelante, l'adolescent quitta l'alcôve et se mit en route. Tout son corps lui faisait mal et son cœur cognait douloureusement dans sa poitrine.
Il déambula longtemps dans les couloirs sans croiser personne, puis finalement, après avoir descendu deux escaliers, il se fit interpeler :
– Petit, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-ci ?
Demian sursauta, car il n'avait pas vu le garde.
– Je suis un page en formation, je me suis perdu, balbutia-t-il.
– Ça, je veux bien le croire, car tu n'as pas le droit d'être là.
– J'avais envie de voir les appartements du prince et je me suis égaré, mentit l'adolescent.
– L'étage réservé aux Nobles est interdit aux pages en formation sauf autorisation exceptionnelle. Autorisation que tu n'as pas, j'imagine ?
– Non...
Demian s'en doutait, mais il avait espéré qu'en disant cela, le garde lâcherait une information sur la localisation des dits appartements. A son grand étonnement sa ruse fonctionna.
– En tout les cas, tu étais bien loin de toucher au but ! Ils sont dans l'aile centrale trois étages plus bas ! Maintenant, sois sage et rentre à ton dortoir : tourne à droite, encore à droite, puis à gauche, là, prends le grand escalier et descends huit étages.
– Merci beaucoup.
– Fais attention, la prochaine fois, je te reporterai et tu auras un blâme.
– Merci encore.
Demian prit la direction que lui avait indiqué le garde, mais il ne descendit que trois étages. Là, avant de s'aventurer dans le couloir, il se recoiffa d'une main et essaya d'avoir l'air de quelqu'un qui sait où il va. Il avait piètre allure, mais avec un peu de chance, vu la pénombre qui régnait dans les couloirs, nul ne le remarquerait.

lundi 1 février 2010

Le Suivant du prince - 57

Quand Demian rouvrit les yeux, il faisait nuit. Il mit un moment à réaliser où il était, puis tout lui revint et il éprouva une irrépressible envie de vomir. Il se redressa et dégobilla par la fenêtre qui était restée ouverte. Quand il eut fini, Demian eut la tentation de se pencher un peu plus en avant et de laisser le poids de son corps sale et endolori l'entraîner vers le sol. Mais au moment où cette pensée lui traversait l'esprit, un souffle de vent lui ébouriffa les cheveux comme Léo avait pu le faire à de nombreuses reprises lors de son séjour au manoir des Lyonn. Il n'avait pas envie de mourir. Pas plus qu'il n'avait envie de retourner au dortoir où Carlito dormait... Demian referma la fenêtre, réajusta ses vêtements et se rallongea en grimaçant de douleur sur le banc. Est-ce que Carlito avait dit à propos de Youri était vrai ? Quand Léo lui avait annoncé que son frère avait réussi à devenir Suivant du Prince, Demian n'avait pas cherché à en savoir plus... Son frère avait-il échoué au concours et volé la place de quelqu'un d'autre ? Il ne pouvait le croire...
Soudain, Demian sursauta. Il avait entendu un bruit. Était-ce Carlito qui revenait ? L'adolescent se réfugia précipitamment sous le banc. Bientôt un homme richement vêtu tenant une chandelle à la main arriva en compagnie d'un autre à la mise plus discrète.
– Vous êtes sûrs que nous serons tranquilles pour discuter ici ?
– Oui, je vous l'assure. C'est un coin peu fréquenté, méconnu.
Les deux hommes s'assirent sur le banc et Demian se fit tout petit dans sa cachette.
– Je vous écoute alors. Vous avez une idée pour nous débarrasser de notre cher prince, il me semble...
– Il faut commencer par mettre hors d'état son Suivant. Ce dernier est trop vigilant pour que nous parvenions à supprimer Aldrick.
Demian se mit la main devant la bouche pour ne pas crier : il était horrifié par les propos des deux hommes.
– Au fond, tout ce que vous voulez, c'est libérer la place qui revient de droit à votre cousin.
– Après ce qu'il a fait, le sort du prince m'indiffère.
– Oui, évidemment... Néanmoins, vous réalisez qu'une fois Aldrick VII mort, votre cousin n'aura pas plus de chance d'obtenir le poste de Suivant.
– Notre famille sera vengée.
– Le marché que vous a offert le prince n'a donc pas satisfait votre appétit de commerçant ?
– Ce n'est rien comparé aux avantages que nous aurions eu.
– Laissons ça de côté, que proposez-vous ?
– De glisser du poison dans l'un des repas du Suivant. Pour vous qui dînez de temps à autre à la table du prince, cela ne devrait pas être trop difficile.
– C'est vrai que ce Sans-Guilde n'est pas immunisé contre les poisons comme notre bon prince... Cependant, il me semble que tous les risques sont pour moi dans l'affaire.
– Vous n'êtes pas responsables de tous les actes de vos pages.
– A propos de pages... il paraît que le frère du Suivant du Prince, un certain Demian, serait en formation au château. N'y aurait-il pas moyen de se servir de lui pour faire pression sur le Suivant et l'obliger à regarder ailleurs ? Votre plus jeune frère qui suit également la formation serait bien placé pour intervenir.
– Carlito est... difficile à gérer. Il ne fait que ce qui lui plaît.
– N'est-il donc pas désireux de venger son cousin, lui aussi ?
– Si, mais comme je l'ai déjà dit, il n'en fait qu'à sa tête.
Il y eut un silence. De peur que le bruit de sa respiration ne le trahisse, Demian retint son souffle.

Manga Yaoi en février 2010

7 yaoi, sinon rien !

Pardonne-moi de Kaname Itsuki


L'Amour te va si bien de Rie Honjou


Dog Style tome 1 de Modoru Motoni (premier tome d'une série de 3 volumes)


Le magazine Be x Boy Tome 4 qui a été reporté du 28 janvier au 11 février
1 euro de plus que les autres numéros, mais 50 pages de plus et la possibilité de découvrir 4 nouveaux titres

Hey Sensei ! de Yaya Sakuragi, une des mes mangakas préférés ! Celui-la est d'office dans mon panier.

Do you know my detective ? de Hirotaka Kisaragi

Housekeeper of business Suit de Kazuma Kodaka

Pas yaoi, mais à signaler : le shojo Day of Revolution de Mikiyo Tsuda (qui a été également repoussé du 28 janvier au 11 février) où un garçon découvre qu'il est en fait une fille !! Ses anciens amis se mettent à lui faire la cour !