mercredi 30 juin 2021

Amour Alien - 30

Aarp l’avait, après tout, accueilli à bras ouverts et ne semblait pas pressé de coucher avec Joël. Possiblement parce qu’il ne le désirait pas. Aucun alien n’avait tendu la main à Joël dans le vaisseau. Aarp avait dû être poussé à le faire.
Il aurait dû se réjouir que le Turquoise ne soit pas attiré par sa personne, car de cette façon, ce dernier ne découvrirait pas que Joël était un homme travesti en femme, mais cela le contrariait. Aarp avait pourtant bien le droit d’être un célibataire endurci ou pourquoi pas asexuel comme son ami Nathan.
Et Joël passait décidément trop de temps à penser à Aarp, ce qui donnait raison à Sarah ! Il avait beau n’avoir échangé que quelques phrases, il ressentait plus que du désir à l’égard de l’alien. Ultimement, cela ne changeait rien.
Excepté que le cœur de Joël eut un raté, plus tard dans la matinée, quand il vit Aarp rentrer au village chargé de feuilles.
L’alien avait apparemment prévu de lui installer un couchage dans son logis.
— Ça a progressé entre toi et Aarp, non ? lui chuchota Emilie à l’oreille.
Joël acquiesça. A quoi bon nier ? Il semblait bien qu’il allait s’installer avec Aarp. Seulement, à la différence de Lilou, Miranda et Emilie, il n’y avait pas de sexe au programme. Il ne pouvait pas y en avoir, ce qui était fort dommage.
Quand bien même Aarp se décidait à lui faire des avances, Joël ne pourrait y répondre. A moins peut-être de bander les yeux de l’alien et de lui lier les poignets. L’image était érotique, mais appartenait au domaine du pur fantasme. Joël ne voulait pas abuser de la confiance de Aarp, enfin, pas plus qu’il ne le faisait déjà. Une nouvelle vague de culpabilité l’envahit, doublé de regrets de ne pas avoir avoué la vérité depuis le début.
Il se rendait compte maintenant que ce serait pire quand ses compagnes d’infortune et les aliens apprendraient son secret.
Il pourrait peut-être tâter le terrain avec Emilie qui était très gentille ou encore Lilou qui était très ouverte d’esprit.
S’il était honnête avec lui-même, il savait bien que cela ne pouvait pas durer comme ça. Il ne pouvait pas se laver correctement et avec la chaleur, garder sa robe de velours en permanence était de la pure torture.

mardi 29 juin 2021

Amour Alien - 29

— Tu as le béguin pour lui, hein ?
Joël sursauta à la question de Sarah, détachant avec peine ses yeux de Aarp qui se tenait à quelques mètres avec Cuueil et Eens.
— Non, protesta-t-il avec un temps de retard.
— Si je ne m’abuse, ce n’est pas de ta cabane que tu es descendue ce matin, fit remarquer Marianne.
Les deux jeunes femmes faisaient heureusement parties du camp des pro-aliens et il n’y avait aucun jugement dans leur voix, mais Jo était quand même gêné.
Lui et Aarp n’avaient rien fait. Il s’était juste servi de lui comme oreiller. Il aurait pu à priori l’utiliser comme matelas, mais ça, il n’avait pas osé.
Contre toute attente, le sommeil n’avait pas été long à venir, bercé qu’il avait été par la respiration de Aarp et les battements de son cœur.
Ce qui avait été embarrassant, cela avait été de se réveiller coller à lui avec une douloureuse érection matinale. Il faut dire qu’il n’avait eu aucune opportunité de se masturber depuis qu’il avait été enlevé dans son appartement. Le plus dur (et le jeu de mot était voulu) étant qu’il était entouré de séduisants et virils aliens à la peau turquoise qui se promenaient tous nus.
— Tu n’as pas à être embarrassée, Jo, déclara Sarah.
— Au rythme où ça va, on va tous finir avec un alien, n’en déplaise à certaines d’entre nous, enchérit Marianne.
— Cela m’étonnerait dans le cas de Zara et Isabelle, grommela Joël.
La tentation de raconter le sale tour que lui avait joué Zara était grande, mais en même temps, il ne voulait pas augmenter les dissensions à l’intérieur de leur groupe.
Et puis, en vérité, personne ne l’avait obligé à dormir avec Aarp.
— Elles protestent un peu trop, tu ne crois pas ? répliqua Sarah. Même chose pour Lisbeth et Clémence.
Ce n’était pas faux. Isabelle avait tout de même excuse d’avoir été arrachée à son petit ami. Mais tout ça ne résoudait pas vraiment le problème de logement de Joël.
Sarah et Marianne partageaient leur cabane avec Valentine et Manon, et elles étaient donc au complet tandis que Lilou avait été dans celle d’Isabelle qui ne voudrait de toute évidence pas l’accueillir. Il pouvait peut-être négocier avec Zara pour qu’elle déménage…
Sans surprise, il préférait encore demander à Aarp de continuer à l’héberger.

lundi 28 juin 2021

Amour Alien - 28

Quand Aarp se réveilla, Jo n’était plus là. Il était pourtant encore tôt vu la couleur du ciel. Aarp doutait cependant que l’œil non entraîné des extraplanétaires soient capables de distinguer les infimes nuances dans le bleu.
Comme la veille, il n’avait pas eu l’occasion de se donner du plaisir, il décida de profiter du moment de solitude pour le faire. Il tira la base de son pénis arrière, le fit onduler entre ses jambes pour le coller à celui avant et les caressa ensemble, de haut en bas. Tout en se demandant si Jo apprécierait le spectacle, il jouit sans bruit.
Après un rapide nettoyage, il descendit et repéra aussitôt Jo en pleine conversation avec deux autres extraplanétaires, Sara et Marianne qui avaient toutes les deux une teinte de peau marron plutôt que rosée.
Il se dirigea vers le petit groupe dans l’intention de demander à Jo de partager son nid à partir de maintenant, puis renonça. Il ne voulait pas les déranger et il avait aussi besoin de réfléchir à la manière de formuler les choses de façon à ce qu’elles soient limpides pour Jo.
En attendant, il allait récolter des feuilles. Il grimpa à l’arbre central qui abritait l’espace de stockage commun pour récupérer un sac.
Hélas, en redescendant, il se retrouva nez-à-nez avec Cuueil.
— Alors ? lui lança-t-il. Ça a été ?
— De quoi parles-tu ?
— De ton extraplanétaire bien sûr ! Tu peux me remercier de lui qui avoir indiqué le chemin de ton nid ! Après tout, j’aurais tout aussi bien pu l’amener au mien !
Il méritait un bon coup de corne. Et même deux ou trois.
— Merci, dit-il sèchement.
— Comment était le sexe ?
— Cela ne te regarde pas.
— Vu ton humeur, je parie que ce n’était pas satisfaisant.
Aarp avait été tout à fait détendu et content après sa nuit en compagnie de Jo et son orgasme matinal solitaire, et c’était la faute de Cuueil s’il était à présent irrité.
— Puisque tu insistes pour te mêler de mes affaires, sache que nous avons juste dormi.
— La pauvre, elle qui te dévore des yeux… Je croyais que tu voulais essayer de…
— Occupe-toi plutôt de tes écailles que des miennes, coupa Aarp.
— Ce n’est pas ce que tu disais avant que les extraplanétaires ne soient parmi nous, tu étais toujours à me cajoler et me supplier…
Cuueil s’interrompit, car Eens approchait. Il tombait à pic. 
Aarp n’avait pas eu tant d’efforts que ça à fournir pour convaincre Cuueil d’être physiquement intime avec lui, mais ce n’était pas le problème : il en avait surtout plus qu’assez que ce dernier fourre son nez dans sa relation avec Jo.

vendredi 25 juin 2021

Amour Alien - 27

En voyant Jo apparaître dans son nid, la première pensée d’Aarp avait été que l’extraplanétaire avait décidé de ne plus se contenter de le désirer de loin pour passer à l’acte. Cela ne lui avait pas déplu, curieux qu’il était de voir le corps de Jo dans son intégralité. Et puis, Jo avait parlé. Sa prononciation était toujours aussi terrible, mais Aarp avait saisi que, pour une raison mystérieuse, l’extraplanétaire qui partageait son nid avec Jo avait remonté la liane, empêchant qu’on y accède depuis le bas. Il restait à confirmer si elle avait ôté ou non les passerelles afin de s’isoler complètement, mais cela ne changeait rien au fond du problème, à savoir qu’elle avait voulu s’isoler.
Jo et elle s’étaient peut-être disputées. Les extraplanétaires avaient été agitées aujourd’hui, probablement en raison des baisers qu’avait donné Lilou à Chaan. Les membres du clan, bien que déjà au courant pour la plupart, avaient été également perturbés. Cela avait excité les jalousies de certains. Ils voulaient ça eux aussi.
En tout les cas, cela lui faisait plaisir à Aarp que Jo cherche son aide.
— Dors ici, offrit-il, en tapotant le sol à côté de lui.
— Je… Pas de feuillages… balbutia Jo.
Il était vrai que les extraplanétaires s’étaient confectionnées des couches de feuilles. Le plancher était sans doute trop dur pour leurs peaux toutes lisses. Cependant, aller en ramasser quand les favalas rôdaient n’était pas une bonne idée.
Aarp réfléchit, puis s’allongea à plat et répéta son invitation à ce que Jo dorme ici. Sur lui.
Jo lécha ses lèvres, ce qui n’était pas une invitation à l’embrasser, comme pour les Pizziens et secoua la tête.
Son extraplanétaire considérait peut-être que se coucher sur lui était trop intime ou bien constituait un prélude au sexe… Ce qui n’aurait pas dû lui déplaire vu le désir qui brillait dans ses yeux.
Aarp n’avait pourtant pas l’intention d’initier quoi que ce soit, mais il ne pouvait hélas l’expliquer à Jo.
— Je ne ferais rien, promit-il malgré tout, espérant que le ton seul de sa voix suffirait à rassurer et convaincre Jo.
L’extraplanétaire approcha, s’agenouilla et s’installa à la perpendiculaire, se contentant de poser sa tête sur ses pectoraux.
Le poil blond de Jo était doux. Aarp, de façon à ne pas l’effaroucher, résista à l’envie de passer ses doigts dedans. Il ferma les yeux, inspira et expira lentement, savourant le poids sur son torse, marque de la confiance que Jo lui accordait.

jeudi 24 juin 2021

Amour Alien - 26

Joël, à tort, n’avait même pas essayé de se trouver un autre toit, jugeant que c’était à Zara de le faire, ou pour être exact, il avait escompté qu’elle parte afin d’avoir le luxe d’une cabane pour lui seul.
Et maintenant, il était dans le pétrin. Il  n’avait pas encore appris à distinguer les différents arbres, hormis le sien, et il n’allait pas risquer de grimper à n’importe lequel. C’était d’autant plus inutile que Miranda lui avait expliqué que les passerelles entre habitations pouvaient être retirées. Elle le savait, car Coon se coupait des autres quand elle était avec lui.
Joël appela Zara, mais cette peste fit la sourde oreille.
Bien sûr, il fallait que toutes les filles soient déjà remontées.
Tous les Turquoises n’étaient pas encore couchés, mais Joël n’était pas certain d’avoir le bon vocabulaire pour  expliquer son problème.
Et évidemment, plus il hésitait sur quoi faire, moins il avait d’options, sachant que se blottir au pied d’un arbre n’en était pas une, pas après l’horrible bête qu’il avait vu la veille.
Il se décida à aborder un des Turquoises, un certain Cuueil aux longues cornes luisantes qui traînait souvent avec son alien favori.
— Où est Aarp ? demanda-t-il, ses compétences linguistiques actuelles ne lui permettant pas de faire des politesses.
Cuueil répondit avec une foultitude de mots que Joël ne connaissait pas encore. Aarp, lui, faisait attention quand il lui parlait.
Cuueil fit claquer sa langue, l’attrapa par le bras et le guida jusqu’à un large tronc. Il débita encore quelques phrases incompréhensible et l’abandonna.
Normalement, au bout de la liane, il y aurait Aarp.
Joël n’était pas sûr de ce qu’il attendait de l’alien. Peut-être qu’il l’héberge pour la nuit ou bien qu’il soit en mesure de l’orienter vers un autre cabane… Il savait en tout cas qu’à la différence d’autres Turquoises, comme Cuueil, Aarp l’écouterait.
Aarp était assis en tailleur en train de polir sa lance quand Joël débarqua. C’était dur de dire s’il était ou non surpris. Toujours est-il qu’il posa son arme sur le côté, signifiant qu’il était prêt à lui accorder toute son attention.
— Zara a soulevé la liane.
Ce n’était sûrement pas le bon verbe à employer, mais c’était le meilleur que Joël avait à sa disposition.
C’était frustrant ses problèmes pour communiquer. Tant de choses l’étaient sur cette planète !

mercredi 23 juin 2021

Amour Alien - 25

Le lendemain matin, avant que Zara n’ait eu le temps de partager avec les autres filles comment Emilie, Miranda et Joël « fricotaient » avec les aliens, Lilou embrassa son Turquoise en public.
Elle avait de toute évidence décidée de ne plus se cacher. Ce n’était pas surprenant, dans la mesure où se faire remarquer ne la dérangeait pas. Elle avait d’ailleurs été la première à se mettre à se balader dans le plus simple appareil.
Du coup, cela devint le sujet de conversation principal aussi bien du côté humain qu’alien. Enfin, ce n’était qu’une supposition de la part de Joël pour les Turquoises.
Isabelle se montra horrifiée au possible de la relation de Lilou avec Chaan, encore plus que Zara qui, bien sûr, révéla que Emilie, Miranda et Jo « ne valaient pas mieux que Lilou. »
Deux camps distincts se formèrent entre pro-relation avec les aliens et anti. Il y avait heureusement plus de membres dans le premier que dans le second.
— N’est-ce pas toi qui au début parlait de « réponse coordonnée » ? intervint Valentine.
C’était elle qui avait eu si peur au début d’être violée par les aliens qu’elle en avait dévoilé sa virginité à tout le monde.
— Et personne n’était d’accord avec ça, fit remarquer Miranda.
— Que chacun soit libre d’agir comme il le souhaite, semble plus simple, affirma Chloé.
— Certes, mais ça fait si peu de jours que nous avons échoué ici… glissa Manon.
Elle était l’une des rares à ne pas être résignée à la situation, et à être certaine de pouvoir rentrer un jour sur Terre, d’une façon ou d’une autre. Joël lui enviait sa chemise de nuit en coton bleu qui était légère, tout en étant opaque.
— Le temps est une chose relative et ce n’est pas ça qui va m’empêcher de m’installer avec Coon dès aujourd’hui, s’il le veut bien, annonça Miranda.
Cela ouvrit un nouveau débat animé auquel mit heureusement fin Eens, leur professeur de langue attitré.
La journée reprit son cours normal, même si le sujet revint à plusieurs reprises sur le tapis. A peu près autant de fois que Lilou s’afficha avec Chaan.
L’ambiance entre les filles s’en ressentit et à dire vrai, tout ne semblait pas rose non plus du côté des Turquoises… Joël espérait que les choses se tasseraient vite parce que la vie sur cette planète brûlante était déjà assez compliquée comme ça.
Le soir venu, il eut toutefois une mauvaise surprise. Zara avait remonté la liane de leur cabane, empêchant quiconque de monter après elle. Ce n’était ni un problème pour Miranda qui avait choisi de déménager chez Coon ni pour Emilie qui avait décidé de l’imiter et de dormir avec Faab, mais Joël, lui, était dans l’embarras.

mardi 22 juin 2021

Amour Alien - 24

— Vous couchez vraiment avec les aliens ? demanda Zara, recouvrant hélas sa voix.
Emilie et Miranda jetèrent un coup d’œil accusateur à Joël comme s’il les avait trahies alors que cela n’avait été qu’une déduction logique.
— Est-ce que tu as envisagé la possibilité qu’elles soient ensemble ? riposta Joël, autant pour moucher Zara que pour faire comprendre aux deux autres qu’il n’avait rien dit.
Zara grimaça. L’idée que Emilie et Miranda puissent être lesbiennes ne lui plaisaient pas non plus. Elle était donc homophobe en plus de spéciste.
— En tout cas, Joëlle, toi, tu étais avec un alien, j’en suis sûre, je vous ai vus ! s’écria Zara.
— Tu nous as cachées des choses, Jo, dit Miranda.
C’était une taquinerie. Rien à voir avec les accusations de Zara.
— Je voulais juste prendre un bain quand Aarp a débarqué. Il m’a fait comprendre que c’était dangereux de nuit et m’a raccompagné, c’est tout.
Joël ne faisait qu’omettre le moment où Aarp, après avoir chassé une affreuse bête, avait posé une main réconfortante sur sa nuque.
— Même pas un petit baiser dans l’histoire ? demanda Emilie.
— Comment pouvez-vous prendre les choses à la légère comme ça ! Faire quoi que ce soit avec ses créatures, c’est dégoûtant ! s’exclama Zara.
Emilie comme Miranda prirent une mine sombre.
— Sans ses « créatures » comme tu dis, nous serions mortes. Ils nous ont accueillis à bras ouverts, logées et nourries sans rien exiger en retour, déclara Miranda.
Zara croisa les bras sur sa poitrine.
— A part des faveurs sexuelles, apparemment, répliqua-t-elle en fronçant le nez.
— Pense ce que tu veux, mais c’est toi qui perd au change, répondit Miranda. Pas vrai Emilie ?
La jeune femme aux cheveux teint en violet eut un rire embarrassé.
C’était, à ne pas en douter, une allusion aux deux pénis des Turquoises.
— Je ne crois pas vouloir continuer à partager le même toit que vous, dit Zara.
Là-dessus, au moins, tout le monde était d’accord.

lundi 21 juin 2021

Amour Alien - 23

Joël avait le cœur battant à tout rompre quand il atteignit enfin le haut de la cabane.
Aarp l’avait vu à moitié nu et n’avait pas paru se rendre compte pour autant que Joël était un homme. Il est vrai que même en l’absence de seins, il avait des tétons comme les Turquoises de sexe féminin, alors que les mâles n’en avaient pas, eux.
Et puis, il y avait eu la créature aux yeux rouges et à la bouche remplie de dents meurtrières. Rétrospectivement, Joël se disait qu’il avait vraiment eu de la chance lors de sa première sortie nocturne en solitaire.
Ni Miranda ni Emilie n’étaient présentes, parties rejoindre en douce leur alien plus tôt dans la nuit. Il ne restait que Zara, et malheureusement, toutes leurs allées et venues l’avaient réveillée.
— Jo… Tu sais où sont Miranda et Emilie ?
Mentir ou ne pas mentir, telle était la question !
— Pas exactement, mais…
— Elles sont en train de fricoter avec des aliens, comme toi ? coupa Zara d’un ton désapprobateur.
Joël aurait bien aimé avoir une relation sexuelle avec le séduisant Aarp. Au lieu de cela, il avait été obligé de se décoller de lui alors qu’il n’en avait aucune envie en raison d’un début d’érection. Le contact de son corps rugueux et ce parfum intoxicant qu’il dégageait… Le désir de Joël n’allait pas en s’amenuisant.
Bien qu’initialement ennuyé par l’arrivée de Aarp qui mettait fin à son projet de s’immerger dans l’eau, il avait été touché quand il avait compris que c’était pour le protéger qu’il était là et aussi qu’il dessine pour lui toutes ses créatures, prenant le temps de lui enseigner le nom de chacune.
Mais ce n’était pas l’heure de penser à quel point il appréciait Aarp. Zara attendait une réponse.
— En quoi cela te pose-t-il problème ?
Non, parce que ni lui, ni Emilie, ni Miranda ni aucune fille du groupe, toutes majeures, n’avaient besoin de l’autorisation de Zara...
— Ils ne sont pas humains.
— Je n’avais pas remarqué, ironisa Joël.
— Sois sérieuse deux minutes.
— Eh bien dans ce cas, je te rappelle que nous sommes sans doute coincés ici jusqu’à la fin de nos jours et que par conséquent, à moins de préférer les filles ou de vouloir être nonne, ce n’est pas comme si nous avions beaucoup d’options. Mais peut-être souhaites-tu que des hommes soient capturés et échouent à leur tour sur cette planète brûlante ?
Sa tirade eut pour effet de laisser Zara muette.
Emilie et Miranda choisirent ce moment pour débarquer, l’une après l’autre. Elles furent bien sûr embarrassées de les trouver réveillés.

vendredi 18 juin 2021

Amour Alien - 22

Il sentit l’extraplanétaire s’approcher de lui. Il rouvrit les yeux. Jo était debout à deux pas, son corps à nouveau enveloppé dans la matière noire, toute son attention focalisée sur Aarp.
Jo ressentait du désir à son égard. C’était une évidence comme le fait qu’il y avait du sable dans le désert.

Aarp n’était pas pressé que Jo cherche à coucher avec lui, mais cela l’intriguait qu’elle n’essaye même pas. Il ne pensait pas que ce soit dans la culture extraplanétaire que le mâle prenne l’initiative, surtout que Jo n’avait pas l’air timide, n’hésitant pas à parler pizzien en dépit de son accent terrible.

— Tu…  dit Jo avant de s’arrêter, cherchant ses mots.

Aarp pouvait deviner sa question. Que faisait-il là au lieu d'être dans son nid ?

Il attrapa un bâton et dessina la silhouette d’un favala, accentuant les longues dents pointues de l’animal.

— Créature danger ? demanda Jo.

— Oui, dangereuse, confirma Aarp, tout en corrigeant Jo.

L’extraplanétaire répéta, sans se tromper cette fois. Jo était admirable.

Aarp traça d’autres animaux, donnant leurs noms. Ce n’était pas sa place de faire une leçon de langue et ce n’était pas non plus le meilleur moment, mais il n’avait pas envie de retourner dans son nid, pas encore, pas tant pour être certain que Lilou et Chaan auraient fini que parce que c’était une opportunité de passer du temps avec Jo.

Malheureusement, comme s’il l’avait conjurée, une des bêtes qu’il avait dessinée pointa le bout de son museau.

Aarp lança son bâton sur elle, comme si cela avait été sa lance et par chance, cela suffit à la chasser, mais son apparition avait de toute évidence perturbé son extraplanétaire.

Aarp attira Jo à lui, serrant l’arrière de son cou pour le rassurer. Tout était doux chez les extraplanétaires, leur poil comme leur peau. C’était étrange. Mais tenir Jo ainsi contre lui avait quelque chose de terriblement naturel et il regretta quand l’extraplanétaire s’écarta.

— Dormir... murmura Jo.

— Oui, rentrons dormir.

Aarp la raccompagna jusqu’au pied de son nid, s’assura qu’elle montait sans problème et regagna le sien. Tout était calme à présent. Sauf lui-même. Il préférait les Pizziens aux Pizziennes, et les extraplanétaires féminines ne l’attiraient pas. Mais Jo était unique en son genre et le fascinait de plus en plus.

jeudi 17 juin 2021

Amour Alien - 21

Il était impossible de dormir avec en arrière-fond sonore les cris de plaisir de l’extraplanétaire qui s’appelait, si Aarp se souvenait bien, Lilou.
Celui qui chante s’était débrouillé pour séduire sa belle malgré que toutes les activités ou presque soient réalisées en groupe. La corporalité l’avait emporté sur le verbal. Il était heureux pour Chaan, mais d’un point de vue pratique, il regrettait d’être dans le nid d’à côté, aux premières loges de leur bruyant accouplement. Cela le renvoyait à sa propre solitude.
Aarp se laissa glisser en bas et repéra son extraplanétaire – Jo – qui s’éloignait du village. Ce n’était pas prudent de sa part de partir comme ça, sans personne pour l’escorter. Jo était loin de connaître toutes les créatures dangereuses promptes à sortir de leur trou quand il n’y avait pas de bruit. Il se dépêcha de suivre Jo qui se rendait à priori au point d’eau.
Il hésitait à manifester sa présence quand Jo retira l’enveloppe noire qui couvrait son corps, dévoilant un dos blanc, de longues jambes et des fesses masquées par une matière rouge.
Bien que quatre extraplanétaires se soient décidées à abandonner leurs couches artificielles, les onze autres continuaient à les porter.
Aarp, par respect pour leur différence culturelle, jugea bon de signaler qu’il était là en l’appelant.
Jo sursauta violemment et se retourna un bras sur sa poitrine, une main entre ses jambes.
— Lll… Aaarp !
Il avait fait peur à Jo. Il lui aurait bien présenté des excuses, excepté qu’il n’était pas certain que Jo maîtrise l’expression. Et, en toute honnêteté, il n’était pas vraiment désolé. Mieux valait lui qu’un favala sauvage.
Un des mamelons de Jo était visible sur sa poitrine plate comme celle d’un mâle.
Jo dit quelque chose dans son langage, s’accroupit, cachant davantage son corps, puis pointa du doigt Aaarp et mima des jambes en marche.
Son extraplanétaire souhaitait qu’il parte, mais c’était hors de question. Il ne bougea pas d’un pouce.
Jo le montra encore, puis plaça une main devant ses yeux.
Aaarp pouvait arrêter de le regarder, oui. Brièvement.

mercredi 16 juin 2021

Amour Alien - 20

Dans les jours qui suivirent, Joël se retrouva à recueillir d’autres confidences, celles de Miranda, puis de Lilou. Elles aussi avaient franchi le pas avec leurs aliens et découvert que leur queue n’en était pas une au sens premier du terme, mais au second.
Joël eut du mal à être surpris la troisième fois, ce qui étonna, et possiblement désappointa  Lilou.
Il prétendit s’en être douté alors que cela ne l’avait même pas effleuré à l’origine. Cela excitait à présent son imagination, tout en le frustrant terriblement, parce que lui, il ne pouvait pas se permettre de craquer. Ses avances ne seraient pas forcément mal accueillies, mais s’il touchait Aarp, le Turquoise le déshabillerait, découvrirait son pénis et tout s’arrêterait.
Il était coincé sur la planète, dans un rôle, sans même pouvoir bénéficier des avantages du travestissement vu qu’il n’avait d’autres vêtements que ceux qu’il avait sur le dos et était condamné au célibat avec la torture ajoutée d’entendre les autres évoquer leur vie sexuelle.
Joël avait essayé de se montrer courageux, de s’adapter, mais il était de plus en plus fatigué de la chaleur permanente, des repas fleuris sans saveur, de l’absence d’intimité et de confort…
Il n’avait même pas de chaussures aux pieds, le comble pour un vendeur de souliers ! Ses escarpins étaient restés par terre dans son salon, non pas qu’ils auraient été pratiques à utiliser sur le terrain sableux, mais cela n’était pas évident de ne posséder rien d’autre que ce qu’il avait sur le dos : un chouchou, un bijou, une robe raccourcie et une culotte en dentelle rouge qui l’ avait fait se sentir sexy dans une autre vie...
Bien qu’il ne passe pas son temps à se plaindre, comme certaines filles, cela lui pesait.
Il avait beau se répéter que la situation aurait pu être pire, qu’il aurait pu finir dans le ventre d’un alien, en cage, traité comme un animal ou un esclave, ce n’était pas facile de rester positif.
Et puis il y avait ce paradoxe où, en apparence, il était dans la même galère que les autres filles, et dans les faits, constituait un cas à part.
Son travestissement compliquait les choses. L’option de le dévoiler sans attendre qu’il soit découvert demeurait une possibilité, mais il continuait à avoir peur.
Sûrement, ni les Turquoises ni les filles ne le jetteraient hors du village pour l’abandonner dans le désert… Ils ne le lapideraient probablement pas non plus, mais personne ne serait content.

mardi 15 juin 2021

Amour Alien - 19

— Jo… Tu dors ? s’enquit Emilie.
Joël avait demandé à être appelé ainsi. C’était plus agréable pour lui que d’avoir une syllabe ajoutée à son prénom.
— Non, je suis réveillé, avoua Joël.
Il avait tendance à traîner pour se lever de façon à avoir un peu d’intimité avant de retrouver tout le monde en bas.
Miranda et Zara étaient d’ailleurs déjà parties. Apparemment, Emilie s’était attardée exprès.
— Tu te rappelles quand tu as demandé si quelqu’un trouvait les aliens séduisants ?
— Oui, confirma-t-il.
Il n’était pas prêt d’oublier le feu d’artifice de réactions que cela avait engendré. Les quelques aveux timides de certaines avaient été largement noyés dans un flot de protestations indignées.
— Eh bien, hier, j’ai craqué avec Faab, dit Emilie, en s’empourprant.
— Tu l’as embrassé, caressé, plus… ? demanda Joël, incapable de cacher sa curiosité.
— Nous sommes allés jusqu’au bout, répondit Emilie.
— Comment ça s’est passé ?
— Plus que bien… Même si j’ai eu le droit à une surprise… Leur queue est en fait un second pénis.
Joël écarquilla grands les yeux.
— Ce n’est pas vrai, murmura-t-il, incrédule.
— Je t’assure que si. Double éjaculation !
Joël réclama des détails, soudainement assailli par des images toutes plus érotiques les unes que les autres, excepté qu’au lieu d’imaginer Emilie et son alien, c’était lui et Aarp qu’il voyait.
Il fut obligé de croiser les jambes pour masquer son début d’érection.
— Désolée, mais c’est trop intime. Il fallait que j’en parle à quelqu’un, et je savais que tu ne me jugerais pas mal, mais c’est entre lui et moi, tu comprends… ?
— Bien sûr, acquiesça Joël.
Lui-même n’était pas vraiment du genre à détailler ses ébats, pas même avec ses plus proches amis avec lesquels il n’aurait plus jamais l’occasion de converser. Il ne pourrait plus également parler à aucun membre de sa famille, mais ça, ce n’était pas une grosse perte car les choses étaient tendues entre eux depuis son coming-out.
— Du moment que tu es heureuse, le reste importe peu, ajouta-t-il.
Il n’avait certes pas besoin de savoir si Faab avait pénétré successivement Emilie ou simultanément...
— Je ne peux pas prétendre être amoureuse, mais il est adorable, toujours à m’aider pour grimper aux arbres.
Zara avait appris à se débrouiller, comme Joël, mais Emilie était encore dépendante de son alien pour ça.
— Si on nous avait dit un jour que les princes charmants pouvaient avoir des cornes et des langues fourchues, on ne l’aurait pas cru, plaisanta Joël.
— Présenté comme ça, on croirait que ce sont des démons, pouffa Emilie.
— Ils manquent de rouge pour cela.
— Toujours le mot pour rire, Jo !
C’était ça ou pleurer.
— Bon, on ferait mieux de rejoindre les autres. Je ne veux pas rater la leçon de langue du jour. J’ai envie pouvoir échanger plus que deux mots avec Faab. En attendant, je compte sur toi pour garder le secret.
— Motus et bouche cousue, promit Joël en mimant l’action du zip.
Il n’était pas garanti que Faab se montre aussi discret, mais de toute façon, vu les échanges verbaux limités entre aliens et humains, c’était surtout l’opinion des autres filles qui étaient susceptibles d’embarrasser Emilie.

lundi 14 juin 2021

Amour Alien - 18

Aujourd’hui marquait le dixième jour depuis leur enlèvement par les affreux pustuleux et leur sauvetage par les Turquoises.
Joël savait désormais que Lance s’appelait en fait Aarp et, Bois-de-cerf, Coon.
Aliens et humains avaient en effet finalement réussi à échanger leurs prénoms, non sans difficultés, car apparemment presser sa main sur sa poitrine pour se désigner n’était pas quelque chose d’universel, mais la persistance avait payé.
Miranda avait autrement dessiné un vaisseau spatial et une fusée, mais Bois-de-cerf alias Coon les avait barrés et effacés, traçant une sorte de tourbillon à leur place.
La plupart des filles n’arrivait pas pour autant à se résigner au fait qu’aucun retour sur Terre n’était possible. Joël lui-même avait du mal à admettre qu’il n’y avait d’autre choix que de s’habituer à vivre avec les Turquoises.
Il ne faisait jamais nuit sur cette planète. La température était invariablement brûlante et étouffante.
L’alimentation des aliens était composée essentiellement de plantes, de fruits (ou légumes, c’était difficile à dire) avec parfois la chair crue de créatures qui ne ressemblaient en rien aux espèces terriennes.
Les leçons de langue occupaient l’essentiel de leurs journées. Les progrès étaient hélas aussi lents que laborieux.
Il n’y avait plus eu de baiser entre aliens et humaines, du moins pas à la connaissance de Joël, mais plus vraiment non plus de tête-à-tête.
Tout se faisait en groupe ou presque. C’était un miracle que personne n’ait encore découvert le secret de Joël qui avait réussi à se baigner discrètement une fois dans le point d’eau à la faveur du calme de la nuit, son obscurité étant hélas inexistante.
Quatre filles sur les quatorze avaient adopté la mode nudiste, ce qui était logique en l’absence de tenues de change et face à la chaleur terrible. Pour pallier à l’inconfort des sols durs des cabanes, ils s’étaient confectionnés des couches avec de larges feuilles. Les Turquoises avaient été intrigués et à priori pas convaincus, mais ils les avaient aidés, comme en tout. C’était un peuple généreux. Que la théorie de Lilou soit probablement juste n’y changeait rien.
Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai. Cela augmentait la culpabilité de Joël de mentir à tout le monde sur son véritable sexe. Lance alias Aarp, ou un autre alien risquait d’être déçu, tandis que les filles dont il était devenu proche seraient sans doute blessées qu’il ne leur ait pas fait confiance. Sans compter les critiques et jugements des autres au sujet de son travestissement.

vendredi 11 juin 2021

Amour Alien - 17

— Ne t’inquiète pas, elle est parfaite pour moi, dit Aaarp.
— Quoi ?! s’exclama Cuueil. Mais elle n’a pas de cornes et…
— Les extraplanétaires ne sont de toute manière pas exactement comme nous.
Cuueil poussa un soupir.
— Oui, tous ses poils sur la tête, cette peau toute lisse…
— Je croyais qu’elles te plaisaient.
— Certes, mais ce ne sont pas des Pizziennes. Il va falloir tout leur enseigner… à commencer par notre langue.
Aarp sourit en repensant à la manière dont son extraplanétaire au poil blond avait massacré la prononciation du mot cisaille.
— Peut-être que c’est nous qui devrions apprendre leur langage.
— Ne sois pas ridicule.
Aarp était sérieux. Il ne voyait pas pourquoi ce serait aux extraplanétaires de faire tous les efforts. Elles n’avaient après tout pas demandé à atterrir sur leur planète. Sans la tempête de sable, elles auraient encore été dans leur vaisseau en route vers quelque mystérieuse destination.
Cependant, il n’y avait pas qu’une manière de communiquer. Les mots étaient pratiques, pas indispensables. Et Aarp préférait l’action au bavardage.
Il y avait des apprentissages tout aussi urgents comme se repérer, connaître les plantes bonnes à manger, maîtriser le maniement des armes...
— Tu vas vraiment essayer de coucher avec ton extraplanétaire ? reprit Cuueil.
Bien qu’Aarp lui soit reconnaissant de l’avoir amené à réfléchir, son insistance et son incrédulité étaient pénibles.
— Et toi ? répliqua-t-il.
— Moi, je ne doute pas de réussir, riposta Cuueil en effectuant quelques mouvements suggestifs du bassin.
— Encore faut-il qu’elle soit d’accord, souligna Aarp sans jeter à la figure de Cuueil que son extraplanétaire à lui ne hurlerait pas si jamais il l’embrassait, à moins que, comme Baat, il ne se fasse des idées.
— Cela viendra, déclara Cuueil avec arrogance.
Plus il parlait et plus Aarp en venait à se dire que la compatibilité sexuelle ne faisait pas tout. Plutôt que de s’inquiéter de l’aspect physique, Aarp allait prendre le temps de faire connaissance avec son extraplanétaire dont il appréciait déjà l’esprit pratique et la persévérance.

jeudi 10 juin 2021

Amour Alien - 16

— Les têtes-à-têtes sont finis pour la journée et jusqu’à nouvel ordre, annonça Coon d’un ton ferme.
Cette décision de Celui qui commande entraîna quelques plaintes.
— Tout ça parce que Baat n’a pas su se tenir, marmonna entre autres Raac.
Celui qui raconte était incapable de se taire bien longtemps.
— Si cela n’avait pas été lui, cela aurait été un autre d’entre vous, fit remarquer Saag avec sa philosophie habituelle.
C’était une vérité indéniable. Aarp supposait malgré tout que le résultat aurait été différent avec une autre extraplanétaire.
— De toute manière, avec toutes ses nouvelles bouches à nourrir, rester au village sans rien faire n’est pas une option, clama Coon.
Là-dessus, il s’empressa d’assigner une tâche à chacun, sans prendre en compte leurs inclinations naturelles qui leur avaient valu leurs désignations.
C’était normal, dans la mesure où la découverte des extraplanétaires avait changé la donne, et Aarp s’était douté qu’il ne pourrait retourner à ses chères explorations de sitôt, mais il n’avait pas prévu que Coon lui ordonne de faire équipe avec Cuueil.
Il ne protesta pas parce que tout le monde savait qu’ils étaient proches sans soupçonner à quel point.
Munis d’une besace en lianes tressées, ils s’éloignèrent donc du village ensemble, Cuueil expliquant son processus de ramassage de baies et plantes comestibles comme si Aarp était un nouveau né tout juste sorti du ventre de sa mère.
— Dis, comment feras-tu avec ta compagne ?  demanda soudain Cuueil. Tu n’es pas attiré par elle, n’est-ce pas ? Est-ce que tu seras seulement capable de...
— Cela ne te concerne pas, coupa Aarp.
— Bien sûr que si, nous sommes amis, rétorqua Cuueil.
Ils avaient été physiquement intimes, mais cela n’avait rien à voir avec l’amitié. Autrement, Cuueil aurait été plus compréhensif envers ses préférences sexuelles. Sachant que cela finirait en dispute, il préféra éviter de le dire.
— Ce n’est même pas sûr que toutes les extraplanétaires veuillent de nous comme partenaire, argua-t-il plutôt.
— Personne n’était intéressé par la tienne, en tout cas, déclara Cuueil, retournant le problème.
Parce qu’elle était plus grande, dépourvue de courbes généreuses… qu’elle était différente des autres.
Comme lui, en un sens.
Même en l’absence d’attributs masculins, peut-être qu’Aarp avait été trop prompt à juger que c’était impossible entre l’extraplanétaire et lui.

mercredi 9 juin 2021

Amour Alien - 15

 C’était Isabelle qui avait sonné l’alarme. Son alien avait apparemment cherché à l’embrasser.
Si certaines filles fustigeaient le Turquoise coupable, d’autres étaient d’avis qu’Isabelle avait hurlé pour pas grand-chose – ce n’était qu’un baiser, pas la fin du monde. D’autres encore supposaient qu’il s’agissait peut-être d’une incompréhension culturelle.
Joël pensait pour sa part que même si Isabelle avait eu raison de mettre le holà, elle exagérait, et que le Turquoise trop entreprenant avait en effet dû interpréter quelque chose de travers.
Finalement, Miranda mit fin à la dispute. Ce n’était qu’un malentendu. Il y avait eu plus de peur que de mal.
Les Turquoises, sous l’effet d’un discours de Bois-de-cerf et d’un second alien à la ramure tout aussi impressionnante, se calmèrent eux aussi.
Malgré les bonnes volontés de la majorité, la cohabitation entre aliens et terriens promettaient bien des difficultés.
                                                  *
Celui qui bâtit avait été trop vite en besogne, pressé à ne pas en douter de jeter les fondations de son couple. Pauvre Baat.
A cause de lui, Celui qui commande et Celui qui est sage avaient été obligés de rappeler à tous les vertus de la patience.
Il était important de laisser le temps aux extraplanétaires de s’acclimater. Elles avaient crashées sur leur planète et étaient par conséquent en situation de détresse. C’étaient à elles de faire le premier pas.
— Elle m’a invité, elle n’arrêtait pas de se lécher les lèvres, répéta Baat plaintivement.
Pour leur peuple, c’était en effet un signal de séduction, mais de toute évidence, cela ne voulait pas dire la même chose pour les extraplanétaires.
Cela n’aurait pas étonné Aarp que ce soit parce qu’elle avait soif. De façon curieuse, les extraplanétaires semblaient en effet perdre l’eau de leurs corps avec la chaleur.
En attendant, il se demandait si, en touchant ses lèvres, son extraplanétaire avait réclamé un baiser de sa part.
Ce n’était que par réflexe qu’il lui avait léché les doigts, et été agréablement surpris par le goût salé de sa peau, mais il fallait qu’il fasse attention à ne pas encourager son extraplanétaire qui semblait déjà bien trop intéressée par sa personne.

mardi 8 juin 2021

Amour Alien - 14

Joël avait oublié un détail de taille dans l’affaire : comme l’alien ne pouvait donner des conseils de façon verbale, du moins aucun que Joël ne soit capable de saisir, il n’arrêta pas de le toucher. Ses larges mains écailleuses recouvrant les siennes, maintenant ses fesses ou ses cuisses. C’était de la torture. Et, dans ses conditions, fournir des efforts pour grimper sans se laisser distraire appartenait au domaine de l’impossible.
Malgré tout, à sa propre surprise, Joël finit par réussir à retourner dans la cabane qui était sûrement celle de Lance.
Il y parvint en revanche les bras en feu, la gorge sèche et encore plus en sueur qu’il ne l’avait été à l’origine. Ce n’était pas demain la veille qu’il grimperait comme un singe, mais c’était un début.
Il était d’autant plus important qu’il s’habitue que rentrer sur Terre n’était pas au programme. A moins que les Turquoises ne cachent quelque vaisseau spatial dans leur oasis et sachent en prime comment se rendre sur Terre. Non, il ne fallait pas trop rêver… et puis, il y avait la théorie de Lilou sur les Turquoises à la recherche de partenaires.
Est-ce que Lance considérait Joël de la sorte ? Il n’en donnait pas l’impression. En tout cas, à aucun moment l’épaisse et longue verge entre ses jambes n’avait paru entrer en érection. Ce n’était ceci dit peut-être qu’une question de physiologie différente.
En attendant, Joël n’arrivait pas à se retenir d’y jeter des coups d’œil furtifs. La queue à l’arrière était également fascinante, de même que les cornes. Cela démangeait Joël de les caresser. Et il était également curieux de l’effet que pouvait faire la langue fourchue de Lance s’il en venait à l’embrasser.
La chaleur de la planète combiné à l’abstinence dans laquelle il avait vécu ces derniers mois devaient lui monter à la tête. Il n’y avait pas d’autres explications pour ce désir qu’il ressentait à l’égard de l’alien. Ou alors c’était parce que les Turquoises diffusaient des phéromones. Lance sentait vraiment bon. Joël tâcherait de demander aux autres filles si elles étaient attirées par un Turquoise, en espérant ne pas être le seul.
— Et maintenant, que fait-on ?
L’alien lui donna un gros œuf tacheté entouré d’une corde et surmonté d’un bouchon de bois.
— Merci, répondit Joël en prenant ce qui était à priori une gourde primitive.
Lance ne lui parlait guère, ce qui n’était pas super pratique pour apprendre le langage des Turquoises, tout en ayant un côté reposant.
— Rien à raconter ? demanda-t-il après avoir étanché sa soif.
Face au silence de l’alien, Joël, incapable de résister plus longtemps, sous prétexte de faire comprendre à Lance qu’il voulait l’entendre, il leva le bras vers la bouche turquoise et l’effleura.
Les lèvres de l’alien étaient rugueuses. Et la langue de Lance venue lui chatouiller les doigts, râpeuse.
Un petit rire échappa à Joël.
Des cris rompirent le moment, suivi d’une cacophonie de voix humaines et extraterrestres.
Quelque chose s’était passé. Il n’y avait plus qu’à découvrir quoi.

lundi 7 juin 2021

Amour Alien - 13

Lance l’entraîna jusqu’à une liane pendant à un tronc, se baissa et lui présenta son dos.
Même sans un mot, l’alien se débrouillait plutôt pas mal pour se faire comprendre.
Sa longue robe en velours si jolie et si peu pratique sur cette planète allait encore gêner Joël dans ses mouvements. Il n’y avait pas trente-six solutions. Il fallait la raccourcir.
Joël vint se placer devant Lance et mima l’action d’un ciseau avec deux doigts sur le bas du tissu.
Lance inclina la tête sur la droite, ce qui pouvait être aussi bien un signe d’acquiescement que d’incompréhension, puis lui montra à nouveau son dos.
Joël préféra mettre de côté le problème pour le moment et s’installa comme il put sur Lance qui les hissa en deux temps trois mouvements.
La cabane était sur le modèle des autres – pots aux murs, plantes séchant au plafond, meubles aux abonnés absents – il y avait cependant différentes armes primitives accrochées en plus.
Lance lui tendit ce qui ressemblait à une cisaille en prononçant un son que Joël tenta de répéter.
L’alien fut secoué de ce qui s’apparentait fort à un rire, mais un silencieux. Bien que différent, il était vraiment attirant.
Sous le regard d’or pénétrant de Lance, Joël se débrouilla pour couper sa robe juste au-dessus des genoux et se retrouva avec un bout de velours qu’il posa sur le sol, faute de savoir quoi en faire.
Lance lui attrapa ensuite les poignets et examina ses paumes comme s’il avait cherché à lui lire les lignes de la main.
Ses grands doigts turquoises remontèrent ensuite le long des bras de Joël qui aurait sûrement dû s’inquiéter de ses intentions, mais ne parvenait à s’empêcher d’apprécier ses attentions !
Bien vite, hélas, Lance s’arrêta et récupéra dans un des récipients deux espèces de bandes tressées qu’il enroula autour des mains de Joël.
Il descendit ensuite et Joël n’eut plus qu’à l’imiter.
Quand il fut en bas, Lance pointa à nouveau la liane et plaça les mains de Joël autour. Il voulait à priori que Joël apprenne à monter par lui-même.
Les bandes faisaient tout à coup sens. Il s’agissait d’une protection. Et un peu plus tôt, l’alien avait tâté ses muscles...
Joël exhala un soupir. Qu’avait-il cru au juste ? Que Lance le pelotait ? Ce n’était pas comme si Joël pouvait flirter avec lui, même s’il en avait envie… Non, parce que quelle était la probabilité que l’alien apprécie de découvrir qu’il était de sexe masculin ? A peu près autant que Joël en avait eu à la base d’être enlevé par des extraterrestres !
Bref, le mieux était de se concentrer pour apprendre à grimper sans aide. Cela faciliterait ses allées et venues.