vendredi 28 mai 2021

Pause !

Bon, comme vous avez pu voir cette semaine, j'ai eu du mal à mettre les épisodes en ligne le matin tôt comme d'habitude...
Aujourd'hui et demain, je vais m'occuper des enfants d'une amie qui vient d'accoucher, du coup, je vais encore manquer davantage de temps.
Alors, c'est l'heure de la pause... 
La suite de Amour Alien sera pour lundi 7 juin. 
Ce sera un moment plus ou moins en tête-à-tête entre Joël et Lance/Aarp. :)

jeudi 27 mai 2021

Amour Alien - 12

Il nota que les filles restaient également interdites. La plupart ne devait pas avoir envie de se déshabiller devant les aliens. Question de pudeur, tout ça…
Lilou commença à retirer son t-shirt.
— Attends ! s’écria Miranda.
— Hein, pourquoi ?
— Il faudrait mieux qu’on ait une réponse coordonnée.
— Pourquoi n’aurai-je pas le droit d’agir comme je veux ? s’étonna Lilou.
— Nous avons du mal à communiquer avec les aliens, s’ils interprètent mal les choses… expliqua Miranda.
Elle n’avait pas tort, mais Joël était plutôt d’avis que chacun fasse comme bon lui semble. Si ses circonstances avaient été différentes, il aurait fait comme Lilou.
— On ne va tout de même pas voter pour décider si l’on se déshabille ou pas pour se baigner ! s’exclama Chloé.
— Il est hors de question que je me dénude devant ses barbares pervers ! s’écria Isabelle.
Elle exagérait. Ce n’était pas parce que les Turquoises se passaient de vêtements que cela faisaient d’eux de mauvaises personnes. Et elle aurait pu éprouver un minimum de reconnaissance envers les Turquoises qui les avaient secouru et nourri alors que rien ne les y obligeait.
Joël chercha des yeux Lance et oublia le débat qui faisait rage.
Lance était magnifique, ses écailles scintillantes avec les gouttes d’eau.
Joël s’imaginer lécher la peau Turquoise, puis se morigéna parce que ce n’était vraiment pas le moment d’avoir une érection.
— Je n’oblige personne à rien. Ce n’était qu’une idée, affirma Miranda d’une voix forte.
Lilou se déshabilla sans se soucier des regards et s’immergea avec un soupir de bien-être.
Carole opta pour se rendre dans l’eau, mais gardant ses vêtements.
Joël, lui, choisit de juste se rafraîchir. Il s’approcha du bord, plongea les mains dans l’eau et s’aspergea le visage.
Le point d’eau n’étant pas trop loin du village des Turquoises, sûrement, il pourrait y retourner plus tard et en profiter sans spectateur.
Après que tout le monde ait profité de l’eau d’une façon ou d’une autre, ils furent ramenés au village. Une des rares Turquoises commença ce que Joël finit par comprendre être un cours de langue. Elle pointait des choses les unes après les autres en émettant des sons.
Même en étant plutôt doué en langue, cela promettait d’être un travail de longue haleine, car certaines choses semblaient presque impossible à prononcer sans doute en raison de leur morphologie différente.
Ils reçurent de nouvelles fleurs. Cette fois, aucune fille ne fit la difficile, comprenant que c’était ça ou mourir de faim.
Et puis, les Turquoises leur tendirent à nouveau la main.
Joël n’hésita pas à prendre celle de Lance. Il était quasi-certain que chacun d’entre eux avait en quelque sorte leur alien attitré. Il n’avait aucune idée de la raison précise, mais cela lui convenait fort bien.

mercredi 26 mai 2021

Amour Alien - 11

Joël ouvrit les yeux. Il fut désorienté un instant, puis tout lui revint : l’enlèvement, l’enfermement dans le le vaisseau, les Turquoises, la traversée du désert. Il était courbaturé de partout, et mourait de chaud.
Il faisait toujours jour ou à nouveau jour. Il n’avait aucun moyen de savoir combien de temps s’était passé au juste. En tout les cas, ses compagnes d’infortune dormaient toujours. C’était le moment ou jamais de vider sa vessie.
Joël grimaça en abaissant sa culotte en dentelle rouge et s’accroupit sur le pot de chambre.
Il n’était pas sûr de la raison pour laquelle il persistait à garder le secret de son véritable sexe qui ne manquerait pas d’être découvert à un moment ou à un autre. Peut-être certaines filles avaient déjà des soupçons. Ne valait-il pas mieux dévoiler tout de lui-même comme on arrache un pansement d’un coup sec ? Une douleur brève versus une prolongée… Seulement, il avait peur. Il était en territoire inconnu entouré d’étrangères et d’aliens.
Elles étaient certes dans la même galère que lui, à cette exception près qu’il était un homme travesti en femme. D’ailleurs, si Lilou avait raison, les aliens risquaient de ne pas être contents non plus de le découvrir.
Joël termina son affaire et réajusta ses vêtements. Le velours de sa robe lui collait désagréablement à la peau. Pourquoi n’avait-il pas opté d’enfiler une tenue légère, en coton ou soie, la veille ? Cela aurait été plus adapté au climat de l’endroit où il avait atterri… En même temps, comment aurait-il pu prévoir ?
Miranda remua et s’assit.
— Ça va ? demanda-t-elle.
— Oui, enfin autant que possible dans notre situation, répondit Joël.
— Pareil pour moi !
Leur échange, même à mi-voix, contribua à réveiller Zara et Emilie qui avaient encore mille questions sur les lèvres face auxquelles Miranda se montra patiente et compréhensive.
— Nos hôtes ne vont sûrement pas tarder, affirma-t-elle.
Et effectivement, ce fut le cas.
Elles reçurent une coupe de liquide orangée et quelques feuilles colorées à l’amertume prononcée. Emilie s’en plaignit, en les mangeant et Joël, sans se joindre à elle, regretta mentalement le thé et les pains briochés fourrés à la confiture qu’il avait l’habitude de manger à son petit déjeuner.
Malgré tout, il était conscient que cela aurait pu être pire. Bien que dans l’incapacité de rentrez chez eux, ils étaient libres et les Turquoises étaient hospitaliers.
Par geste, ils furent invités à descendre, une opération autrement plus simple que se hisser jusqu’en haut.
Plusieurs filles étaient déjà en bas, des Turquoises à leurs côtés.
Carole, parmi elles, essayait de communiquer avec l’alien le plus proche qui lui répondait, mais c’était de toute évidence un dialogue de sourd. Cela promettait d’être frustrant à la longue.
— On pourrait dessiner pour se faire comprendre, suggéra Miranda.
Ce n’était jamais qu’un autre genre de jeu de devinettes, mais Joël supposait que tout méritait d’être testé. En l’absence de papier et crayon, il y avait toujours le sol sableux et des bâtons.
D’autres Turquoises arrivèrent dont Lance. Joël se surprit à arranger sa queue de cheval comme si l’alien allait y être sensible alors que lui-même n’avait pas de cheveux !
Dès que toutes les filles furent là, les Turquoises les guidèrent à travers une végétation bizarre et luxuriante jusqu’à un point d’eau.
Plusieurs des Turquoises y entrèrent. Un bain était à priori au programme, ce qui revenait à se dénuder, ce que Joël ne pouvait se permettre.

mardi 25 mai 2021

Amour Alien - 10

Et c’était comme ça qu’Aarp s’était retrouvé avec une extraplanétaire à la peau rose et lisse  dans les bras tandis que Cuueil en portait une au poil court dans les siens.
Bien que la femelle complique son existence et même en l’absence d’attirance, Aarp avait ressenti un sentiment protecteur envers elle en la tenant contre lui.
La même chose s’était produit quand il l’avait vu incapable de monter, apparemment moins agile que ses camarades. Au lieu que cela le contrarie, car cela impliquait que l’extraplanétaire serait davantage dépendante de lui jusqu’à ce qu’il lui apprenne à grimper, cela l’avait touché.
L’arrivée de Cuueil dans son nid interrompit le fil de ses pensées.
Aarp qui s’était allongé, se releva pour l’accueillir.
— Quelle journée, hein ? Ta trouvaille est assurément meilleure que les stupides gadgets du dernier vaisseau ! s’exclama Cuueil.
Les Pizziens n’avaient en effet pas d’usage pour les différents appareils qu’il avait déniché la dernière fois. Il faut dire qu’aucune machine ne fonctionnait longtemps sur leur planète, la poussière de sable infiltrant leurs mécanismes.
Mais, même sans cela, ce n’aurait pas changé le fait que leur peuple préférait vivre au plus près la nature, en harmonie et accord avec elle.
— Tu as vu comment ma femelle a le poil court par rapport à ses camarades ? Elle a aussi de beaux yeux marrons.
Était-il sérieusement venu pour se vanter le attributs physiques de celle dont il espérait devenir le compagnon ?
— Je brûle de la voir nue, poursuivit Cuueil. C’est contre nature de masquer son corps de la sorte.
Aarp, irrité, fit claquer sa langue. Les extraplanétaires avaient bien le droit d’avoir une culture différente.
— Tu réalises que le sentiment n’ait pas forcément partagé, siffla-t-il, en songeant toutefois qu’il avait également éprouvé un soupçon de curiosité sur ce que dissimulait au juste la douce matière noire qui enveloppait l’extraplanétaire qui lui avait été confiée.
— Je saurais la persuader et la conquérir, affirma Cuueil, en prenant une pose mettant en valeur son physique.
Si c’était sa manière de rompre avec Aarp, elle était aussi cruelle qu’insultante.
— Je te souhaite d’être heureux avec elle.
— Vraiment ? Tu ne vas pas chercher à me convaincre de continuer comme avant, jusqu’à ce que j’ai réussi à lui faire partager ma couche ?
— Non, ce serait immoral.
— Pas plus que nos activités sexuelles ensemble, répliqua Cuueil.
C’était toujours pareil avec lui. Il prenait son plaisir avec Aarp, mais il fallait toujours qu’il le fasse se sentir honteux de ses désirs.
— Chacun son opinion.
— On croirait entendre Celui qui est sage. Je suis content que ce soit fini entre nous, déclara Cuueil avant de partir comme il était venu.
C’était peut-être aussi bien que ce soit terminé entre eux, car ce n’était que quand la bouche de Cuueil était occupée à autre chose que parler que sa compagnie était agréable.
Aarp devrait se satisfaire de ses propres mains, comme les autres membres de son clan, du moins jusqu’à ce que ces derniers parvienne à séduire les extraplanétaires, ce qui n’était pas gagné vu qu'elles ne parlaient pas leur langue.

lundi 24 mai 2021

Amour Alien - 9

Il n’avait pas reçu la désignation de « Celui qui arpente les sables » pour rien. Ce n’était pas la première fois qu’Aarp y découvrait un vaisseau spatial échoué en raison des vents violents qui balayaient la surface de la planète et son atmosphère. Ce qui était nouveau, c’était la cargaison – des êtres vivants semblables au peuple des Pizziens, des femelles qui sauveraient son peuple de l’extinction qui les menaçait pour peu qu’elles soient compatibles génétiquement avec eux.
L’idéal eut été bien sûr de trouver un autre oasis, un autre clan de Pizzien qui, lui, n’aurait pas souffert comme eux d’un dangereux déséquilibre entre la population mâle et femelle, mais en attendant, ces extraplanétaires à la peau lisse étaient la réponse à la solitude des Pizziens célibataires.
Non pas qu’Aarp soit lui-même intéressé, bien au contraire. Il n’avait pas pu se résoudre pour autant à taire sa trouvaille. C’eût été doublement criminel, car il aurait condamné les femelles à une mort certaine et les siens à souffrir du manque de Pizziennes.
Leur population n’en comptait plus que cinq pour trente d’entre eux et il n’y avait même plus d’enfants dans le clan.
Aarp ne vivait cependant pas la dramatique situation comme les autres. Il n’était pas comme eux. Il l’avait compris avant même sa cérémonie de désignation. Les fronts nus et attributs touffus des Pizziennes le laissaient indifférent, il était attiré par les mâles.
Le manque de femelles avait plutôt joué en sa faveur. Il avait ainsi convaincu Cuueil d’avoir des relations sexuelles avec lui.
Ils se donnaient régulièrement du plaisir, mais Cuueil ne partageait pas ses inclinations. A chacune de leurs rencontres clandestines, il évoquait son envie de s’accoupler avec une Pizzienne. Il se contentait d’Aarp, mais ne s’en satisfaisait pas.
Aarp savait que leur arrangement était désormais terminé et, bien qu’il n’en blâme pas Cuueil, il le regrettait.
Le pire, c’était que Celui qui commande lui avait assigné l’une des femelles extraplanétaire, la seule dont aucun Pizzien n’avait voulu. Elle était, il faut dire plus grande que ses camarades, plus carrée et plus plate. Et maintenant, elle était la responsabilité de Aarp. Il avait devoir veiller sur elle.
Il n’avait en revanche aucune intention de la séduire, ce que les autres membres du clan ne risquaient pas de comprendre.
Coom avait d'ailleurs refusé d’entendre qu’il ne voulait pas de compagne. Aarp faisait partie des célibataires en âge de procréer du clan, alors, il devait en prendre une.
Tous les autres dont Cuueil, avaient traversé les sables avec ce désir, sans paraître être gêné des différences physiques entre les extraplanétaires et eux – leurs poils sur la tête, leur peau lisse aux couleurs différentes, les matières artificielles qui cachaient leurs corps.
Ce que Coom n’avait pas réalisé, c’est qu’Aarp n’était là que parce qu’il était le seul à pouvoir les guider jusqu’au vaisseau crashé dans les sables bleus.

vendredi 21 mai 2021

Amour Alien - 8

Joël se décida enfin à tenter, et échoua, s’écorchant les mains au passage.
Lance fut soudain là. Il s’agenouilla devant lui, et pivota, lui présentant son large dos écailleux à la base duquel pendait sa queue semblable à celle d’un léopard.
Joël n’avait à priori plus qu’à s’accrocher. Miranda ne s’était pas trompée sur la serviabilité des aliens.
Du coin de l’œil, il nota que deux autres Turquoises proposaient la même chose à Zara et Emilie. Il se demanda distraitement si c’était les mêmes qui avaient tendu la main aux deux jeunes femmes dans le vaisseau, puis passa les bras autour du cou de Lance, se plaquant contre lui et enserrant la taille de ce dernier de ses jambes avec peine en raison de sa tenue. L’intimité de la position était troublante, de même que le délicieux parfum de l’alien.
Lance monta avec une rapidité et une facilité déconcertante.
Joël fut déçu de ne pas avoir à rester plus longtemps collé à lui, mais il n’avait plus d’excuses.
Dès qu’il le lâcha, l’alien s’en alla à grandes enjambées par l’une des larges planches qui reliaient l’espèce de cabane aux autres constructions dans les arbres, et permettaient donc de circuler sans avoir constamment à monter et redescendre. C’était une bonne nouvelle pour peu d’être doté d’un bon équilibre et de ne pas avoir tendance au vertige…
Joël regardait les nombreux pots de terre  accrochés aux murs et les multiples plantes séchées suspendues au plafond, quand Emilie et Zara le rejoignirent, portées par leurs aliens.
— Où sont les autres ? demanda Zara.
Les Turquoises, comme s’ils avaient compris sa question, indiquèrent une des planches sur la droite. Ce n’était pas celle qu’avait empruntée Lance sur lequel Joël devait arrêter de faire une fixation.
Il passa à la cabane suivante en gardant les yeux droit devant lui.
Ce n’est cependant qu’après avoir franchi plusieurs planches qu’ils retrouvèrent Miranda, mais seulement elle.
— Ah, vous voilà, les filles. Si je ne me trompe pas, faute de place, ils nous divisent en trois groupes pour dormir.
— Comment as-tu réussi à comprendre ça ?  s’enquit Emilie. Il n’y a pas de lit ici, pas même une couverture ou une paillasse d’herbe...
— Un des Turquoises s’est allongé sur le sol, en plaçant un bras sous sa tête et a fermé les yeux.
— Et pour les toilettes, que fait-on ? voulut savoir Zara.
A la place de Miranda, Joël se serait agacé que les deux autres fassent comme si elle avait la réponse à toutes les questions.
Ils étaient tous logés à la même enseigne, ils avaient tous été enlevés sans crier gare par d’affreux pustuleux avant d’échouer entre les mains des Turquoises.
Miranda, néanmoins, sourit et déclara :
— Nous pouvons sûrement utiliser un de ses récipients au mur comme pot de chambre.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était spartiate et que le véritable sexe de Joël risquait d’être découvert à tout moment.
Joël s’installa en chien de fusil sur le sol de bois dur.
En dépit des plutôt sympathiques aliens turquoises nudistes, il aurait aimé que tout ça ne soit qu’un cauchemar et se réveiller dans son fauteuil devant sa télé allumée...

jeudi 20 mai 2021

Amour Alien - 7

Joël reporta son attention sur les filles. L’une d’entre elles dont il ne se rappelait pas du prénom s’était mise à pleurer -  elle était vierge et avait peur d’être violée par les aliens.
— Ils ne nous ont pas touchés sans notre autorisation, fit remarquer Miranda avec l’intention évidente de la consoler.
Joël pressentit que la jeune femme blonde allait devenir la cheffe informelle de leur petit groupe.
Les aliens cessèrent de discuter entre eux et les entourèrent.
Bois-de-cerf leur adressa un discours qui leur passa évidemment au-dessus de la tête.
— Qu’est-ce qu’ils nous veulent, maintenant ? grommela Chloé.
C’était impossible à deviner, hélas. L’infernale chaleur n’aidait en rien.
Un jeu de mimes commença, mais Joël préféra ne pas y participer. Il était trop épuisé pour cela et il n’était pas le seul. Même Miranda se lassa vite.
Les Turquoises leur offrirent alors ce qui s’apparentaient à des fleurs.
— Je vous l’avais bien dit, ils nous courtisent ! s’exclama Lilou, presque triomphante.
Isabelle lâcha la sienne aussi sec.
Elle avait beau avoir un petit ami, Joël jugea le geste mal venu de sa part, d’autant que rien ne garantissait que Lilou avait raison. Il rapprocha son nez de la sienne pour la sentir tandis qu’un des Turquoises ramassait la fleur tombée et la portait à sa bouche, dévoilant une langue fourchue bleu foncée.
— Apparemment, ça se mange, conclut Carole.
Miranda goûta aussitôt à un pétale.
Joël l’imita.
C’était dépourvu de saveur.
Certaines filles gardèrent leurs fleurs sans oser les manger.
C’était sans doute prudent de leur part, mais Joël termina la sienne. Il ne voulait pas offenser leurs hôtes.
Une des Turquoises pointa les cabanes, attrapa une liane, grimpa, redescendit et les désigna ensuite. Plusieurs aliens montèrent ensuite avec agilité.
Ça, c’était compréhensible : les Turquoises les invitaient chez eux. Joël espéra que c’était pour dormir.
Dommage pour lui qu’il ait toujours été nul en gymnastique et que sa longue robe de velours noir constitue un handicap supplémentaire.
— Impossible que j’y arrive, déclara Emilie, faisant écho à ses pensées.
— Je suis certaine qu’un des aliens voudra bien vous porter jusqu’en haut, affirma Miranda avant de s’emparer de la liane lâchée par la Turquoise.
Elle se hissa avec autant d’aisance que de grâce, suivie par Carole. Ni Chloé ni Isabelle n’eurent de problème. Les autres filles peinèrent, mais parvinrent en haut, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Zara, Emilie et Joël.

mercredi 19 mai 2021

Amour Alien - 6

La blonde qui n’avait pas froid aux yeux s’appelait Miranda tandis que la brune qui avait été la deuxième à oser prendre la main d’un Turquoise se nommait Carole. Isabelle était rousse, Emilie avait des cheveux teint en violet, Chloé, une coupe courte à la garçonne, Lilou portait un t-shirt avec un chien…
— Vous croyez que l’on va pouvoir rentrer chez nous ? s’enquit Zara, une fille à la longue crinière bouclée auburn qui était habillée d’une courte chemise de nuit en soie rose.
C’était une excellente question que Joël se posait aussi.
— Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas, si nos nouveaux amis possèdent un vaisseau spatial, répondit Miranda.
— Ils n’ont pas l’air très technologie, rétorqua Chloé.
C’était un bon point et en même temps, puisque Bois-de-cerf avait su se servir du panneau de contrôle de leurs kidnappeurs, ce n’était pas exclu.
— De toute façon, comment leur fait-on  comprendre que nous souhaitons qu’ils nous ramènent chez nous ? demanda Emilie.
— Ils vont vouloir nous garder, intervint Lilou. Vous n’avez pas remarqué ? Il n’y a quasiment que des mecs.
Joël n’avait en effet repéré que cinq Turquoises de sexe féminin. Elles avaient de petits mamelons, étaient dépourvues de cornes et leurs queues étaient courtes, semblables à celles de lapin ou de daim.
— Ils doivent se chercher des épouses, continua Lilou.
Si c’était le cas, Joël était dans de sales draps. Il n’avait pas les bons organes génitaux, même s’il n’aurait rien eu contre se frotter à ceux des aliens qui avaient tous été dotés généreusement par la nature.
— Elles sont peut-être restées en hauteur, suggéra-t-il d’une voix douce.
— Leurs cabanes ont l’air vide, répliqua Carole.
Joël leva les yeux vers le feuillages des arbres. Il s’était plus intéressé aux gens qu’au cadre. Mais Carole avait raison, il y avait des habitations dans les arbres et elles semblaient désertes.
— Je n’ai aucune envie de me mettre en couple avec un alien, moi ! J’ai déjà un petit ami ! s’écria Isabelle, horrifiée.
— Ne paniquons pas. Nous sommes toujours mieux qu’avec nos kidnappeurs, déclara avec autorité Miranda.
Ça, c’était sûr, et Joël éprouvait un profond sentiment de reconnaissance envers Lance qui était revenu les libérer avec ses amis.
Il le chercha des yeux et trouva appuyé contre un tronc, un peu en retrait des autres Turquoises. Joël ne pouvait prétendre être un expert des expressions faciales des aliens, mais Lance ne paraissait pas se réjouir plus que cela de la présence d’étrangères parmi les siens.

mardi 18 mai 2021

Amour Alien - 5

L’atmosphère était étouffante, mais respirable, ce qui était l’essentiel.
Les Turquoises adoptèrent une foulée rapide. Le soleil – ou l’astre équivalent qui éclairait la planète des Turquoises – tapait fort. Bien que Joël se tienne pour ainsi dire immobile dans les bras de l’alien, il ne tarda pas à suer abondamment et la soif le gagna.
Lance et ses amis ne semblaient pas souffrir de ses problèmes. Leur peau étaient en même temps différente.
Joël caressa du bout des doigts les écailles turquoises du cou de Lance, s’émerveillant de leur surprenante douceur, puis réalisant que ce n’était peut-être pas une très bonne idée de se montrer aussi familier avec l’alien, il cessa.
Toujours est-il qu’à la recherche d’un peu de protection contre le soleil, il nicha sa tête contre le pectoral dépourvu de téton de Lance.
Si la chaleur n’avait pas été aussi intense, la situation n’aurait pas été si désagréable. Il était à peine secoué dans les bras puissants de l’alien. Hélas, le paysage d’une aridité sans nom n’en finissait pas.
Alors que Joël commençait à imaginer des habitations au milieu des sables, il crut distinguer au loin une tâche verte. Il pria pour que ce ne soit pas un mirage.
Il fallut encore un moment pour atteindre ce qui avait tout d’une oasis au milieu du désert.
La végétation était évidemment différente, mais troncs bleus ou pas, c’étaient des arbres. De l’ombre. Un soupçon de fraîcheur.
Les Turquoises ralentirent le pas, puis finirent pas s’arrêter et ils les déposèrent sur le sol.
Bois-de-cerf poussa un cri aigu et d’autres aliens turquoises apparurent, descendant le long de lianes qui pendaient des branchages.
D’une hospitalité sans faille, ils leur donnèrent des coupes remplies de liquide orange.
Il n’y avait aucune raison qu’ils veuillent les empoisonner, ce qui ne signifiait pas pour autant que cela pouvait être ingéré sans risque, mais Joël avait les lèvres trop craquelées et la gorge trop sèche pour s’en inquiéter. Il but avec avidité malgré l’arrière-goût terreux.
Pendant que les Turquoises se mettaient à discuter entre eux, les compagnes d’infortune de Joël se rapprochèrent des unes des autres, chacune se présentant et racontant son enlèvement.
Elles étaient quatorze et retenir les noms de chacune s’avéra impossible, mais Joël fit de son mieux.

lundi 17 mai 2021

Amour Alien - 4

Il était par ailleurs impossible de savoir comment ses femmes déjà traumatisées par les derniers événements, réagiraient en apprenant que Joël était en fait un homme travesti.
Le mieux était encore de garder le secret tant que personne ne paraissait se rendre compte qu’il n’était pas ce qu’il paraissait.
Bois-de-cerf qui était possiblement le chef du groupe après une longue concertation avec ses pairs, avança vers la blonde et lui présenta sa paume.
Cette dernière sourit et la lui prit en retour. Elle n’avait pas froid aux yeux, non parce que ce geste était peut-être l’équivalent d’un mariage pour les Turquoises.
D’autres aliens imitèrent le geste de Bois-de-cerf, mais sans succès.
Ils essayèrent de convaincre les femmes avec force de paroles patientes - du moins, Joël choisit de les interpréter comme telles.
— Les filles, vous devriez faire comme moi, lança la femme blonde. Cela se voit qu’ils cherchent à nous aider.
Les aliens étaient en effet intimidants, mais pas menaçants. Ils avaient en effet tous rangés leurs armes, les accrochant dans leur dos grâce aux lanières qui les ornaient.
Une brune céda à un alien aux petites cornes de chèvre.
Rien de terrible ne se produisit et bientôt, chaque femme, y compris celles qui étaient demeurées dans les tubes, acceptèrent les mains secourables que leur tendaient des aliens.
Seul resta Joël.
Aucun alien ne l’avait approché. S’étaient-ils  aperçus qu’il n’était pas comme les autres ?
Bois-de-cerf s’adressa à l’unique alien n’ayant pas d’humaine au bout de son bras.
Il s’agissait de celui qui les avait initialement découverts, le porteur de lance aux yeux dorés et aux cornes recourbées et torsadées comme celles d’un bélier.
Ce dernier marcha vers lui avec une lenteur qui trahissait son manque d’enthousiasme et lui offrit sa main.
Joël s’en empara.
Elle était chaude et râpeuse dans la sienne. La température des Turquoises était assurément élevée.
Bois-de-cerf siffla de façon stridente et soudain, chaque alien souleva sans effort sa charge dans ses bras, ce qui ne manqua pas d’entraîner une série d’exclamations surprises ou effrayées.
Joël, par réflexe, s’agrippa au cou de son alien.  Lance. Les Turquoises étaient sacrément musclés et Lance sentait bon.
Ainsi portés comme des princesses, ils quittèrent le vaisseau.
Une bouffée d’air brûlant le frappa au visage et la luminosité soudaine le fit cligner des yeux.
Autour d’eux, il y avait du sable bleu à perte de vue et rien d’autre, pas même l’ombre d’un cactus.
Apparemment, les Turquoises vivaient sur une planète désertique. C’était peut-être mieux qu’une de glace, mais un milieu tempéré eût été bien sûr préférable.

vendredi 14 mai 2021

Amour Alien - 3

L’alien turquoise dans toute son étrangeté et sa glorieuse nudité s’avança entre les tubes de verre, posa brièvement ses yeux dorés pénétrants sur Joël, continua son chemin, probablement jusqu’au fond du vaisseau, puis s’en alla comme il était venu.
Joël, s’il avait pu, en aurait hurlé de frustration. Leur potentiel sauveur était parti. Il n’aurait pas pu être comme le prince charmant de Blanche-Neige, craquer devant leur beauté et vouloir ouvrir leur cercueil de verre pour les embrasser ?
Une éternité s’écoula, et peu à peu ses compagnes d’infortunes s’agitèrent.
Des cris et des pleurs retentirent, des mains frappèrent les parois des tubes avec l’énergie du désespoir.
Joël, quand il put enfin bouger, palpa sa prison de verre à la recherche d’un éventuel mécanisme d’ouverture, en s’efforçant de garder son calme, ce qui n’avait rien d’évident.
Si lui ou l’une de ses compagnes d’infortunes se débrouillait pour sortir, leurs chances de survie ne seraient plus nulles. Une seule personne libre pouvait changer toute la donne. Non, parce qu’il ne fallait pas compter sur l’alien turquoise…
Mais alors que cette pensée traversait Joël, l’alien réapparut et cette fois, il n’était pas seul. Tout un groupe de grands gaillards turquoises, tous nus et munis d’armes primitives l’accompagnaient.
Les femmes accueillirent leur arrivée avec des réactions variées. Certaines espéraient le meilleur, d’autres craignaient de toute évidence le pire. Joël lui-même était ambivalent.
Le retour de l’alien laissait penser qu’ils allaient être libérés, mais cela ne signifiaient pas qu’ils seraient tirés d’affaire pour autant.
Joël qui s’attendait à ce qu’ils fracassent leurs tubes avec leurs massues, gourdins, lances et autres, fut plus que surpris quand l’alien doté de cornes type bois de cerfs pianota sur les boutons des panneaux jusqu’à ce que leurs prisons s’ouvrent d’elles-mêmes.
La plupart des femmes se dépêchèrent d’en sortir, mais certaines restèrent dedans. Joël opta pour la première option.
Leurs sauveurs les entourèrent en émettant des sons incompréhensibles.
— Qu’on nous ait implanté un traducteur universel, c’eût été trop demandé, marmonna Joël.
— Tu es une marrante, toi, dit la femme blonde qui avait été prisonnière dans le tube en face de lui.
Joël ne la corrigea pas sur son sexe. Ce n’était pas le moment, pas alors que les aliens turquoises nudistes décidaient de leur sort.

jeudi 13 mai 2021

L'androïde amoureux - 78 (fin)

— Puis-je me connecter à toi ? Ou bien l’inverse ?
Grâce à son créateur, c’était possible, et il avait tout le matériel, préservatifs comme lubrifiant.
— Hein ?
Alex, plutôt que d’expliquer verbalement, glissa les mains sur les fesses de Val.
— Oh… Tu as une préférence ?
Ce type de question était toujours  problématique pour Alex.
— Et toi ? contra-t-il.
— Je veux tout avec toi… Pénètre-moi, pour cette fois… En tout les cas, nous sommes sur la même longueur d’ondes.
Cela ne faisait pas sens.
Conclusion, cela devait être une expression. Alex ne commenta pas et embrassa Val, leur retirant entre chaque pause une pièce de vêtement jusqu’à ce qu’ils soient nus tous les deux.
Il utilisa ensuite sa vitesse maximale pour récupérer le nécessaire.
— Tu ne peux pas me transmettre de maladie, et moi non plus, alors pourquoi les préservatifs ?
— C’est plus pratique pour le nettoyage.
— Bon point. Mais on s’en passera à l’avenir, d’accord ?
— Oui, dit Alex, enregistrant l’information. Un futur avec son humain, c’était tout ce qu’il demandait.
Il prépara Val à l’accueillir, surveillant le moindre signe de gêne sur son visage.
Il y avait une distinction subtile, mais reconnaissable entre les gémissements de plaisir et ceux exprimant la douleur.
Le fait que son amoureux cherchait activement à s’empaler sur ses doigts était une confirmation supplémentaire que tout allait bien.
Le moment était venu de les remplacer par son pénis. Il l’enfonça dans le corps de Val avec précaution jusqu’à être complètement à l’intérieur.
Être branché à lui affolait positivement ses circuits.
Il effectua des mouvements mesurés de va-et-vient tandis que Val haletait son prénom.
Alex referma la main sur le pénis de son amoureux, le caressant en rythme.
Val éjacula, et Alex aussi, parce qu’il savait que ce dernier préférait qu’ils jouissent ensemble.
Bien qu’avoir leurs deux corps connectés soit spécial, Alex se retira – il s’agissait de ne pas causer le moindre inconfort à son amoureux.
Il se plaça sur le côté pour le regarder, gardant le contact en entremêlant leurs jambes.
— Je suis tout à toi, maintenant, murmura Val.
Alex n’avait possédé jusque là rien d’autre que le pendentif que lui avait offert Val. Ce cadeau-là était différent.
— Est-ce que cela signifie que tu m’appartiens ?
— Oui et la réciproque était vraie. Tu es à moi.
Cette égalité entre eux était précieuse et parfaite.
Val attrapa le rouage autour de son cou.
— Tu es comme mon soleil, Alex et tu rends chaque jour de ma vie plus beau.
Alex effleura le pendentif arc-en-ciel de son amoureux.
— Tu es toutes les couleurs de mon monde. Nous appartenons l’un à l’autre.
— Jusqu’à la fin de nos jours, confirma Val.
Alex sourit, Val aussi, unis dans un même bonheur.
 
FIN

mercredi 12 mai 2021

L'androïde amoureux - 77

Valérian prit une profonde inspiration.
— Je vais vieillir et mourir, un jour, pas toi.
Le moment où Alex déduisit les conséquences de cette déclaration, fut visible. Il se figea, cessant de donner l’illusion qu’il respirait comme tout le monde.
— Tu veux rompre ? lâcha Alex, un éclat métallique dans sa voix.
— Non ! s’écria Valérian avant de dévoiler pêle-mêle les pensées qui l’avaient traversées la veille au soit et son éventuel espoir qu’Alex puisse être transformé au point que son corps s’use en quelque sorte comme celui des humains.
— Sans entretien et réparation, je cesserai éventuellement de fonctionner, mais une évolution progressive de mon enveloppe corporelle n’est, à ma connaissance, pas faisable. Altérer mon apparence tient par contre du domaine du possible, mais ce ne sera pas optimal. Tu mérites d’avoir un amoureux humain, quelqu’un comme Jason.
Un vieillissement cosmétique, était une bonne solution, et Valérian ne pouvait pas lui laisser dire ça.
— Je ne veux ni de ton frère ni personne d’autre, juste toi, protesta-t-il avec véhémence en se collant à l’androïde qui le serra aussitôt contre lui en retour.
— Je te complique l’existence.
— Peut-être, mais tu l’embellis aussi.
— Le jour où tu mourras, mon programme s’autodétruira... J’ajouterai dès que possible le code nécessaire pour m’éteindre en même temps que toi.
En d’autres termes, Alex ne souhaitait pas exister dans un monde dans lequel Valérian n’était plus.
Valérian l’embrassa. Peu importait les difficultés, il souhaitait vivre avec l’androïde, partager avec lui toutes ses premières fois jusqu’à son dernier souffle.
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Les humains avaient une durée de vie limitée. Val avait confronté Alex aux implications de cette connaissance théorique.
L’espérance de vie d’un être humaine étant de 79,7 ans pour les hommes, ils avaient environ 62 ans devant eux, sauf accident ou maladie grave. Les humains étaient si fragiles. Alex ne pouvait être sûr du nombre d’années qu’ils auraient, ce qui était… frustrant.
Accumuler des souvenirs avec son humain était en conséquence une priorité, une urgence. Il n’y avait pas une seconde à perdre.

mardi 11 mai 2021

L'androïde amoureux - 76

 « J’ai terminé le recueil de nouvelle le Cycle des robots d’Isaac Asimov. Tu as d’autres œuvres de lui à me faire lire ? »
Valérian passa en revue lesquelles il voulait partager en priorité avec lui, et tout naturellement il en vint à penser au recueil de nouvelles L’homme bicentenaire, et à l’adaptation cinématographique qu’avait reçue l’histoire ayant donné son nom au recueil.
Alex pourrait-il, comme le robot Andrew, se débrouiller pour devenir mortel et être reconnu comme humain ? Jason serait-il en mesure de modifier le corps d’Alex en ce sens ? Leur père serait sûrement plus qualifié pour y parvenir, mais s’adresser à ce tordu était hors de question et de toute façon, il était inutile de dresser des plans sur la comète tant qu’il n’avait pas abordé le sujet avec Alex.
L’androïde n’aurait pas forcément envie de changer son corps et c’était une décision qui lui appartenait.
« Je peux t’apporter un autre livre dès aujourd’hui. »
C’était une discussion à avoir de vive-voix, les yeux dans les yeux.
« D’accord. Viens quand tu veux. »

Valérian, tendu face à l’importance de l’énormité de la discussion qu’il allait avoir avec Alex, traîna chez lui, ne partant qu’en début d’après-midi.
L’androïde l’accueillit avec un baiser à rallonge qui lui fit momentanément tout oublier.
— On ne devrait pas faire ça, dans l’entrée… Jason et ton père…
— Ils ne sont pas ici. Jason est au cinéma avec Hana et mon créateur est parti pour le week-end à une conférence sur la robotique.
Ils étaient donc seuls. Assurément, Valérian ne regrettait pas que le père de Jason et inventeur d’Alex soit absent. Même s’il ne l’aurait sans doute pas vu, car quand il n’était pas à son travail, il passait apparemment tout son temps enfermé dans son atelier.
Quant à Jason, il serait toujours temps de discuter avec lui plus tard. Valérian était content pour lui de le savoir en rendez-vous avec Hana.
Ils montèrent dans la chambre d’Alex qui était toujours terriblement vide.
Valérian ne savait comment aborder le sujet qui le tourmentait depuis la veille. Leur potentiel impossible avenir ensemble.
— Tu n’es pas dans ton état normal, remarqua Alex.
Il était si doué pour discerner les émotions que c’en était troublant.
— Un truc me perturbe, reconnut Valérian.
— Peux-tu spécifier ? A moins que tu préfères ne pas en parler.
Alex était vraiment le petit ami rêvé et Valérian ne voulait renoncer à lui à aucun prix.

lundi 10 mai 2021

L'androïde amoureux - 75

Leur bonheur avait une date d'expiration. Valérian alla se réfugier dans sa chambre. Il était assommé. Il fêterait ses 18 ans, ses 30 ans, ses 70 ans tandis qu’Alex demeurerait un éternel adolescent.
Même s’ils déménageaient à intervalles réguliers, cela ferait grincer des dents un vieux avec un tout jeune homme, et c’était sans compter l’homophobie et le racisme.
Et comment expliquerait-il les choses à ses parents ? S’il leur disait qu’Alex était un androïde, qu’ils le croyaient, ils voudraient qu’il renonce à lui pour un véritable garçon, lui assureraient qu’un robot ne pouvait répondre à ses sentiments, qu’il se berçait d’illusions. Sa sœur ne l’acceptait déjà même pas vraiment à l’heure actuelle.
Et son amie Amanda ? Valérian hésita à lui téléphoner, à tout lui révéler afin de lui confier ses inquiétudes pour l’avenir, puis renonça.
Elle risquait au pire de le juger fou et au mieux de chercher à le dissuader de rester avec Alex.
Leur histoire sortait trop de l’ordinaire. Non, le seul à même de le comprendre, prêt à admettre que ce qu’il y avait entre l’androïde et lui était réel, c’était Jason.
Mais sûrement, il n’aurait pas de solution miracle à lui proposer, et il avait sa propre vie à mener.
Valérian ne voulait pas l’embêter, pas alors que Jason s’occupait déjà de l’entretien de l’androïde.
Valérian comptait apprendre, mais pour l’heure, si la peau synthétique de l’androïde s’abîmait, il ne pouvait que coller un pansement dessus et si un de ses circuits grillait ou un de ses rouages coinçait, il serait bien en peine de faire quoi que ce soit. Non parce que son exceptionnel petit ami avait beau être fort et rapide, il n’en était pas invulnérable pour autant.
Ah, si seulement sa sœur ne lui avait pas fait prendre conscience qu’entre lui et Alex, ce ne pouvait pas être pour la vie.
La plupart des gens ne passaient pas le restant de leurs jours avec leur premier amour, pourquoi avait-il imaginé être différent ? Il fallait qu’il accepte qu’ils ne pourraient vieillir ensemble.
Au matin, Valérian, après avoir dormi peu et d’un sommeil agité, décida de téléphoner à Jason. Le besoin de parler était trop fort.
Un texto d’Alex le dérouta dans son intention. L’androïde communiquait davantage par ce biais depuis que Valérian avait avoué qu’il aimait en recevoir.

vendredi 7 mai 2021

L'androïde amoureux - 74

Au milieu des excuses et des inquiétudes exprimées, Val l’incita à l’accompagner à la salle de bains où il pourrait le soigner.
— Je sais bien que tu n’en as pas besoin, mais il faut bien donner le change, dit Val, une fois qu’ils se retrouvèrent en tête-à-tête.
— Un pansement me sera utile.
— Quoi ?
Alex lui montra son doigt. Ne plus avoir de secret pour lui et ne plus avoir à lui mentir sur rien étaient deux choses positives.
— Oh… J’espère que Jason n’aura pas de mal à arranger cela.
— Il sait le faire.
— Tant mieux parce que je vois mal ton père aider.
En effet, son créateur l’ignorait depuis qu’il avait endommagé son atelier. Il faut dire qu’il était absorbé par son projet de fabrication d’une androïde.
Malgré tout, par mesure de précaution, quand Alex rechargeait sa batterie, il fermait le verrou de sa chambre. Il s’agissait de ne pas risquer que son créateur reprenne le contrôle.
Val déposa un baiser sur le bout de son doigt avant de coller un pansement dessus.
— Et voilà, c’est réparé ! s’exclama-t-il. Enfin, pas vraiment, ce n’est qu’une façon de parlé, précisa-t-il.
Alex n'était pas sûr de maîtriser un jour toutes les expressions qu'utilisaient les humains. Val était cependant patient avec lui, prompt à sourire de ses erreurs et à lui expliquer ce qu’il n’avait pas compris, ce qui lui permettait d’améliorer ses données.
Il captura la bouche de Val, le laissa respirer et s’en empara à nouveau.
Comme à chaque fois, une douce chaleur parcourut ses circuits.
— Alex… Alex… Le déjeuner… Ma famille… Nous devons redescendre.
Alex pressa ses lèvres contre celles de Val une ultime fois avant de sortir de la salle de bains.
Le repas lui-même se déroula sans incident. Il y eut toutefois quelques remarques sur son manque d’appétit malgré son assurance qu’il ne mangeait jamais beaucoup.
Ils firent ensuite un jeu de société tous ensemble, puis Alex passa un peu de temps avec Val dans chambre où ce dernier lui montra son matériel pour fabriquer des bijoux, avant qu’il ne prenne le chemin du retour.
Jason et lui étaient supposés jouer à un jeu vidéo après avoir terminés leurs devoirs.

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Valérian était toujours mélancolique quand Alex s’en allait. Peut-être qu’ils pourraient vivre ensemble après le lycée.
Il avait dû parler à voix haute, sans
s’en rendre compte, car sa sœur lança :
— Tu ne comptes tout de même pas rester avec un drôle de garçon comme lui toute ta vie ?
— Si, répliqua Valérian avant de réaliser qu’il y avait une faille à ce plan.
Il allait terminer de grandir et vieillir, mais l’androïde, lui, ne prendrait pas une ride.

jeudi 6 mai 2021

L'androïde amoureux - 73

Ce fut la nécessité de se nettoyer qui finit par obliger Valérian à s’écarter d’Alex et se lever. Son pull comme son jeans avaient été salis et étaient bons pour la machine à laver.
— La prochaine fois, nous ferions mieux de nous déshabiller entièrement…
Alex retira alors ses vêtements avec une rapidité étourdissante, ne s’immobilisant qu’une fois nu.
Qu’avait dit l’androïde un peu plus tôt ? Ah, oui, qu’il pouvait faire l’amour sans interruption...
Le pénis de Valérian tressaillit. Il jeta un coup d’œil au réveil, vérifiant qu’il y avait encore du temps avant que ses parents et sa sœur ne rentrent.
Il se dénuda à son tour, avec nettement plus de lenteur, troublé par l’intensité du regard d’Alex.
— Tu es parfait, déclara l’androïde.
— Pas autant que toi, répliqua Valérian.
Alex l’enveloppa dans ses bras, promenant ses mains sur sa peau avec douceur et Valérian l’explora tout pareil. Ils se recouchèrent ensuite, se caressant jusqu’à la jouissance.
— C’était trop bon, haleta Valérian, la tête posée sur le torse de l’androïde.
— C’était électrique, approuva Alex.
Valérian pouvait vraiment s’arrêter de s’inquiéter d’être le seul à retirer quelque chose sur le plan sexuel. Non qu’il ait eu encore beaucoup de doutes après qu’Alex ait décidé que la prochaine fois était égal à maintenant.

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Val était aussi précieux que les bijoux qu’il fabriquait. La réciprocité à laquelle il aspirait entre eux était inattendue. Le plaisir d’être avec lui était incalculable.
Même en sachant qu’il s’était affranchi de son créateur, en arrangeant sa propre programmation, Alex ne pouvait s’empêcher de se demander s’il était la meilleure option pour Val.
Paraître humain et l’être étaient deux choses bien différente. Cependant, bien qu’il complique la vie de Val, il n’était pas prêt à se détacher de lui.
Et c’est ainsi que le week-end venu, invité à partager le repas avec la famille de Val, il se retrouva en train de couper du pain dans la cuisine parce qu’il avait insisté pour aider.
Malgré ses capteurs et sa rapidité, il ne put éviter la sœur de Val quand cette dernière trébucha à côté de lui, le bousculant.
La lame du couteau lui entra dans le doigt, ce qui fit crier la mère de Val qui avait assisté à la scène.
Elle ne pouvait pas se douter qu’Alex n’avait aucunement mal. Il avait par contre un autre problème : sa peau synthétique avait été entaillée dévoilant le gris de son corps métallique. Il glissa le doigt endommagé dans sa bouche, comme s’il saignait.

mercredi 5 mai 2021

L'androïde amoureux - 72

— Toujours aussi précis… Et en combien de secondes pouvons nous y être ? demanda Valérian avec un sourire.
Il n’avait certes pas prévu que l’androïde le prenne dans ses bras et le porte jusqu’à son lit en un clin d’œil.
Alex lui souffla le résultat à l’oreille, en se tenant au-dessus de lui, bras en extension pour ne pas l’écraser.
— Je voudrais que nous jouissions ensemble, déclara Valérian. Enfin, si c’est possible, ajouta-t-il en se rappelant que la dernière fois, ses efforts n’avaient pas été couronnés de succès. Alex n’avait pas éjaculé.
— J’ai arrangé mon programme en ce sens.
Il aurait été facile de se montrer égoïste et de passer sans plus tarder aux caresses, mais Valérian se refusait à l’être.
— Est-ce que cela veut dire…
Il s’arrêta, ne sachant comment formuler sa question.
Il posa finalement sa paume sur la joue de l’androïde qui attendait patiemment qu’il se décide à reprendre la parole.
— Que ressens-tu quand je te touche ?
— Mes capteurs m’informent de la pression et la température corporelle qui émane de ton corps.
— Et c’est plaisant ?
— Que cherches-tu à savoir, Val ?
— Si tu peux éprouver du plaisir.
Alex déplaça la main de Valérian sur son entrejambe.
Il n’était pas en érection, pas comme Valérian qui était inconfortablement à l’étroit dans son pantalon depuis qu’Alex l’avait allongé sur son lit à la vitesse de l’éclair, la conversation 100 % orientée sexe n’arrangeant évidemment rien.
— Il me faut une simulation directe pour être opérationnel. En revanche, je n’ai pas besoin de temps de récupération après éjaculation. Je ne suis pas équipé comme vous et mes sensations ne sont en conséquence pas comparables aux vôtres. Mais quoiqu’il en soit, ton plaisir est le mien.
— Tu voudras bien essayer de décrire quand même, après ? demanda Valérian, en ouvrant la braguette d’Alex.
L’androïde lui rendit la pareille et un instant plus tard, leurs pénis se frottaient l’un contre l’autre, leurs mains jointes par-dessus.
C’était addictif.
— Alex, pantela Valérian.
Il n’allait pas tenir longtemps à ce rythme.
— Alex, répéta-t-il. Je… Ensemble…
Par miracle, l’androïde comprit. Son membre pulsa contre celui de Valérian qui éjacula en gémissant.
Il contempla ensuite le liquide clair qu’avait expulsé l’androïde. Ce ne pouvait pas être du sperme...
— Est-ce que je veux savoir ce que c’est ?
— Il n’y a que toi qui peut répondre à cette question, répondit Alex avec un sérieux adorable.
— Je t’aime, déclara Valérian, le cœur débordant d’amour.
— Moi aussi, assura Alex.
Ses deux petits mots prononcés en retour valait tout l’or de monde et Valérian embrassa l’androïde.

mardi 4 mai 2021

L'androïde amoureux - 71

Comme pour leur premier rendez-vous, Valérian et Alex se rendirent au cinéma, excepté que cette fois, Valérian savait que son petit ami était un androïde, ce qui ne changeait pas tant de choses que cela au fond, car Alex était toujours Alex.
Après un film d’action assez générique, ils firent un tour dans les environs, puis chacun rentra chez lui, se quittant après un long baiser entrecoupé de pauses qui laissa Valérian proche de la combustion spontanée.
Les baisers à perdre haleine de Alex avaient déjà été assez incroyables, mais ça, c’était encore un autre niveau.
Le lendemain, ils se retrouvèrent au café. Maintenant que Valérian connaissait la véritable nature d’Alex, son appétit d’oiseau faisait davantage sens. Bien que curieux d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’androïde, Valérian évita de poser des questions.
Comme la veille, ils étaient en public et même si le secret d’Alex n’en était plus un pour lui, cela en demeurait un pour le reste du monde, ce qui était aussi bien, car il était impossible de savoir ce qu’il adviendrait si la vérité éclatait au grand jour. La communauté scientifique serait sûrement intéressée. Peut-être qu’Alex serait embarqué dans un laboratoire ou bien terminerait sur des plateaux-télé… Dans les deux cas, il deviendrait inaccessible, ce qui lui était intolérable.
De retour au lycée, Valérian aborda Hana, avec le soutien d’Alex, afin d’encourager l’adolescente à se rapprocher de Jason.
Jouer les entremetteurs à leur âge était vaguement ridicules, mais Valérian était heureux et il voulait aider Jason à l’être également. Après les avoir écoutés, Hana assura qu’elle réfléchirait à la question.
Son amie Amanda fut contente qu’Alex et lui se soient remis ensemble. Elle remonta toutefois les bretelles de ce dernier, en lui assurant qu’il avait intérêt à ne plus causer le moindre chagrin à Valérian. Alex promit qu’il ferait de son mieux.
Le soir, après les cours, l’androïde le ramena jusqu’à sa porte et, sur son invitation, entra.
Valérian qui avait eu l’intention de profiter qu’ils étaient enfin seuls pour discuter ouvertement du fonctionnement de l'androïde afin d’en apprendre plus sur lui, oublia toutes ses questions face à celle d’Alex :
— Puis-je te donner un orgasme ?
— Maintenant ?
— La maison est vide et ta chambre est à 5.3 mètres.

lundi 3 mai 2021

L'androïde amoureux - 70

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Il était fort tard à présent et Valérian devait rentrer chez lui, quand bien même il n’avait qu’une envie : demeurer auprès d’Alex, son Alex qui le regardait avec intensité.
Ces réticences vis-à-vis du fait qu’Alex était un robot s’étaient dissipées au cours des dernières heures.
Certes, le corps d’Alex était en métal, mais son cœur était à la bonne place et la connexion entre eux réelle.
— Je te raccompagne chez toi, annonça Alex.
Jason n’émit aucune objection.
Il était passé le temps où il s’immisçait entre eux avec de bonnes intentions et non, comme Valérian l’avait cru alors, par bête jalousie.
Le trajet entre leurs deux maisons s’écoula en clin d’œil, Alex lui présentant ses excuses pour avoir rompu avec lui, mais aussi pour l’avoir blessé quand il avait perdu la mémoire alors que ce n’était même pas de sa faute.
Arrivés devant le pas de la porte de Valérian, ils s’immobilisèrent. C’était l’heure de se quitter au moins jusqu’au lendemain.
— Puis-je t’embrasser, s’il-te-plaît ? demanda Alex.
Valérian qui avait été sur le point d’initier la chose, acquiesça.
L’androïde se pencha et captura ses lèvres, mais avant que Valérian ne perde haleine, Alex s’écarta, avant de reprendre sa bouche pour un baiser tout aussi passionné.
L’opération se répéta à de multiples reprises, enivrante au possible.
Un bruyant raclement de gorge les interrompit. Sa sœur se tenait sur le trottoir à trois pas d’eux.
— C’est bon, vous avez fini de vous donner en spectacle ? Je croyais que vous aviez rompu.
— C’est compliqué, murmura Valérian avec embarras.
— C’était à cause de mon père, mais tout s’est arrangé, répondit Alex.
— Laisse-moi deviner, il était gêné que son fils chéri fréquente quelqu’un d’une autre couleur de peau ? Le complexe classique de supériorité de l’homme blanc moyen sur les noirs ! s’écria sa sœur.
— Noir et blanc sont pareils, ils mélangent toutes les couleurs, le premier de façon soustractive et le second de façon additive. Enfin, techniquement, on a tous un code de couleur hexadécimal différent. Le mien est #ecbd90, celui de Valérian est #482e1b tandis que toi, tu serais plutôt #5a3922.
— T’es vraiment un garçon bizarre, déclara sa sœur.
Mais dans sa voix, il y avait pour la première fois quelque chose comme un soupçon d’affection. Peut-être finirait-elle par adopter Alex.
— On me le dit souvent, confirma l’androïde.
— Voilà qui n’a rien de surprenant… Allez, au revoir, dit-elle, poussant Valérian à rentrer avec elle.