mardi 30 juin 2020

Le fée féminin - 24

— Comment va le malade ? s’enquit  Kewyn.
— Mieux. Mais pas assez pour venir en cours cet après-midi, dit Wycka. Tu vas rater la séance de vol !
C’était dommage en effet, car Xavy s’en était fait une joie. Il n’avait jamais eu l’opportunité de vraiment voler.
Wycka commença à lui détailler les cours qu’il avait raté le matin, se lançant dans une description enthousiaste de la beauté de la professeur d’élégance.
— Tu ne t’arrêtes jamais de parler ? demanda soudain Kewyn. Tu n’as donc pas peur de fatiguer Xavy ?
Wycka s’empourpra.
— Cela me distrait, argua Xavy.
Kewyn leva les deux mains devant lui, en signe de défense.
— Je ne sais pas comment tu fais pour supporter. Je connais pas mal de fées qui évitent la demoiselle à cause de cela.
Wycka vira à l’écarlate.
Xavy se redressa sur ses oreillers et s’énerva :
— Va-t-en ! C’est toi qui est pénible !
Kewyn apparemment piqué dans son orgueil, pivota sur ses talons, à priori prêt à partir, puis fit volte-face.
— Je regrette de m’être fatigué à te défendre auprès de nos camarades, lança-t-il avant de s’éloigner à grandes enjambées, les ailes frémissantes.
— Tu n’auras pas dû te le mettre à dos. Même si c’est gentil de l’avoir remis à sa place, il est dans le vrai. Je ne suis pas très populaire, tout l’inverse de lui.
— Cela ne lui donne pas le droit de dire et faire tout ce qui lui chante.
— Je crains que si… Enfin, il doit quand même se plier au règlement sous peine d’encourir les foudres du directeur. Il paraît d’ailleurs que certaines fées font exprès de mal se comporter pour aller le voir...
Wycka s’attarda jusqu’à la dernière minute, puis s’en fut, laissant Xavy seul avec ses pensées.
Le reste de l’après-midi se tira en longueur et Xavy fut bien content quand vint l’heure de prendre le bus scolaire. Il plaignait les élèves qui ne rentraient chez eux que pour les vacances.
Il ne s’assit pas au fond du bus, mais à côté de Wycka qui évoqua des plans pour le week-end. Kewyn passa dans l’allée entre les sièges sans leur adresser un mot ou un regard.
— A lundi, dit Xavy à Wycka quand ce fut son arrêt.
Il descendit et se dépêcha de gagner la maison familiale.

lundi 29 juin 2020

Le fée féminin - 23

Comme s’en doutait Xavy, la fée infirmière ne put rien pour lui. Par crainte de contrarier ses parents, il préféra ne pas mentionner le fortifiant qu’il avait oublié de prendre.
L’infirmière finit par conclure que son état d’épuisement était lié à ses débuts à l’école.
— Je peux appeler chez toi pour qu’on vienne te chercher.
Il était tentant d’accepter, mais Xavy se retint de peur de décevoir sa mère.
— Je peux rentrer ce soir avec le bus scolaire.
— Oui, bien sûr, c’est possible. Ceci dit, je ne pense pas que tu seras capable d’assister à un seul cours aujourd’hui.
Xavy serait bon pour demander ses notes à Wycka.
Dès que l’infirmière fut partie s’occuper d’autres patients, le laissant se reposer, Xavy appela, non sans difficulté le flacon de fortifiant jusqu’à lui, en prit une cuillère et, quand il en trouva l’énergie, le renvoya au fond de son placard, au dortoir.
Xavy se perdit dans la contemplation du plafond, et finalement, s’endormit.
Ce fut l’infirmière qui le réveilla plusieurs heures plus tard pour qu’il mange.
Xavy se sentait mieux. L’infirmerie était calme, les lits de chaque malade séparés par des cloisons rose pâle.
Il avait peine terminé de manger que Wycka apparut, s’inquiétant pour lui.
Xavy s’efforça de la rassurer.
— Je me suis imaginée que tu avais fait une rechute et que tu allais recommencer à étudier chez toi.
C’était presque cela, en un sens. Apparemment, Xavy ne pouvait pas se passer du médicament, pas même une cuillérée.
Il n’aurait rien eu contre quitter l’école. Suivre des cours en classe n’était pas si extraordinaire que cela, il y en avait plus d’ennuyeux que de captivants. Cela dépendait d'ailleurs moins de la matière que du professeur.
Évidemment, si Xavy s’en retournait chez lui, la compagnie de Wycka et ses bavardages lui manqueraient.
— Tu pourrais me visiter le week-end…
— Oui ! Et pendant les vacances aussi ! Mais quand même, ce ne serait pas pareil ! Là, on peut être tout le temps ensemble ou presque vu que nous ne sommes pas dans le même dortoir…
L’arrivée de Kewyn coupa Wycka dans sa lancée.

vendredi 26 juin 2020

Le fée féminin - 22

Les prévisions de Wycka ne se réalisèrent pas. La particularité de Xavy resta sur toutes les lèvres et le sentiment de ne pas être à sa place grandit d’autant plus qu’il avait du mal avec la foule et le bruit.
Le vendredi matin, Xavy ne réussit pas à se lever de son lit. Il réalisa que, la veille au soir, il avait été si fatigué qu’il en avait oublié de prendre son fortifiant à l’abri des regards. Il en aurait pleuré.
Kewyn s’arrêta à son chevet.
— Ça ne va pas ? Tu as la fièvre ? demanda-t-il avant de presser son front contre celui de Xavy.
— Non...
Kewyn avait tendance à se mêler de ce qui ne le regardait pas et il était horriblement tactile. Il avait toutefois le mérite de lui adresser la parole, plutôt que de chuchoter dans son dos des propos peu flatteurs.
— Tu veux que je t’emmène à l’infirmerie ?
— Va plutôt en cours, en tant que chef de dortoir, c’est à moi de me charger des malades, intervint Wylk, en s’approchant d’eux.
— En tant qu’ami, il me semble que c’est plutôt mon rôle, argua Kewyn.
Cette déclaration d’amitié surprit Xavy. Le fée avait un côté théâtral dérangeant.
— Tu pourras prendre de ses nouvelles à la place.
— Très bien, soupira dramatiquement Kewyn. Prends bien soin de lui, ajouta-t-il avant de quitter le dortoir à présent déserté.
— Tu es en état de marcher ? s’enquit Wylk.
— Je ne crois pas.
— Cela te va si je te porte ? Autrement, je peux aller chercher l’infirmière.
Xavy hésita. De toute façon, cela ne servirait à rien.
Face à son silence indécis, Wylk trancha pour lui et le souleva dans ses bras.
C’était la troisième fois qu’il volait en quelque sorte à son secours et une douce chaleur envahit Xavy. Le blond platiné en douzième année avait quelque chose…
— Ne me regarde pas comme ça ?
— Comme quoi ?
— Comme si tu me trouvais à ton goût ! Je ne suis pas attiré par les garçons, moi, même ceux qui ressemblent à des filles !
Xavy cligna des yeux. Il s’était trompé. Wylk n’avait rien de spécial, et, s’il avait interféré chaque fois que les choses dérapaient dans le dortoir, ce n’était pas pour l’aider, c’était pour accomplir ce qu’il considérait être son devoir.

jeudi 25 juin 2020

Le fée féminin - 21

Xavy ne s’était pas attendu à ce que l’histoire de son manque de virilité sorte du dortoir. Il manqua de s’étouffer sur ce qu’il mangeait à l’heure du déjeuner en entendant deux fées à sa droite discuter du cas du nouveau fée qui n’avait rien d’un garçon, pas même un pénis digne de ce nom.
L’appétit coupé, il abandonna son assiette à moitié pleine, se leva et s’éloigna.
— Attend ! cria Wycka dans son dos.
Xavy ralentit, puis accéléra. Il n’avait pas envie d’en parler.
Wycka qui avait à priori renoncé aussi à finir son repas, le rattrapa quelques instants plus tard dans le couloir.
— Elles sont bêtes, ne fais pas attention à elles.
— Je ressemble tellement à l’une d’entre vous qu’elles ne réalisent même pas que je suis à deux pas d’elles et qu’elles rient de moi sous mon nez, répliqua Xavy avec amertume.
Son expérience de l’école s’avérait un désastre. Vivre en communauté n’était pas drôle du tout. Le week-end ne viendrait jamais assez vite. Il aspirait à la tranquilité de sa chambre et à la présence silencieuse et réconfortante de Lapilune.
— J’ai cru comprendre que la taille de leur sexe est importante pour les garçons, mais ce n’est pas ça qui compte. Et je ne dis pas ça parce que je ne m’intéresse pas aux garçons. Ma sœur aîné se confie souvent à moi et elle est de cet avis.
Ce qui dérangeait Xavy, ce n’était pas tant d’avoir un petit pénis, mais que tout le monde en discute. C’était de l’ordre de l’intime, du privé. Sans compter qu’il ne comprenait pas pourquoi les gens accordaient autant d’importance aux caractéristiques sans paraître s’intéresser à l’intérieur.
Wycka continua :
— Ne te prends pas la tête, elles finiront par changer de sujet, une rumeur suivant l’autre… Tu verras, toi aussi, tu finiras par avoir ton fan club…
Les mots de Wycka rassérénèrent Xavy, pour la première partie du moins, car il lui était égal de plaire ou non aux adolescentes fées. Kewyn et d’autres semblaient contents d’être l’objet de le leur admiration, mais cela semblait inconfortable à Xavy. Les garçons fées l’auraient peut-être cependant alors considéré comme l’un des leurs, car à l’heure actuelle, avec son apparence féminine, il était clairement en marge, et n’avait sa place ni avec les garçons ni avec les filles.
Heureusement, Wycka était là, et sans doute parce qu’elle était différente elle aussi, à sa manière, elle l’acceptait tel qu’il était.

mercredi 24 juin 2020

Le fée féminin - 20

Il se déshabilla pour entrer dans une des douches dont chacune était séparée par une épaisse paroi et fermée par des demi-portes opaques semblables à des ailes d’oiseaux.
Un cri retentit :
— C’est bien un garçon, mais à peine !
C’était un des fées qui avait été pénible le matin.
Xavy aurait bien voulu l’ignorer. Malheureusement, l’exclamation du fée avait attiré l’attention des autres garçons présents dans la salle d’eau et chacun crut bon d’y aller de sa petite remarque :
— Même mon petit frère a une plus grosse queue que lui !
— Minus pour sûr !
— Il est totalement imberbe !
— Il a zéro muscle !
Xavy, après un instant de paralysie, se réfugia dans la douche et se mordit la lèvre jusqu’au sang.
C’était un cauchemar. Il regarda son pénis. N’ayant jamais eu matière à comparaison, il ne s’était jamais interrogé sur sa taille.
Il resta un long moment sous la douche, l’eau ruisselante masquant les bruits de voix.
Ensuite, plutôt que de quitter la cabine tout nu, il préféra appeler sa serviette éponge à lui pour s’essuyer à l’abri avant de la ceindre.
A la sortie, il tomba nez à nez avec Kewyn dans le plus simple appareil. Xavy ne put se retenir de jeter un coup d’œil à son entrejambe, chose qu’il n’avait songé à faire un peu plus tôt avec les autres tellement il avait été mortifié.
Le membre du fée était incontestablement plus épais et plus long que le sien.
— C’est vrai que ton engin est riquiqui ? demanda Kewyn sans détour alors qu’il n’avait pas été présent quand la scène s’était produite.
Xavy releva si vite les yeux sur le visage du fée des eaux que la tête lui tourna.
Les autres fées avaient parlé. Xavy mit à se manger la lèvre. Il aurait voulu se réveiller chez lui.
— Quelle importance ? rétorqua-t-il finalement avec une assurance qu’il ne ressentait pas.
— Pas beaucoup, répondit Kewyn, si ce n’est que tu risques d’avoir du mal à satisfaire les filles avec.
Xavy préféra ne pas relever et gagna le dortoir où il enfila sa chemise de nuit avant de se débarrasser de sa serviette.
Il avait le sentiment que tous les yeux étaient sur lui, ce qui n’était sans doute pas qu’une impression, car certains discutaient ouvertement de son cas, se moquant sans pitié de son petit pénis.
Wylk leva soudain la voix :
— Bon, ça suffit maintenant avec vos histoires de qui a la plus grosse, c’est bientôt l’heure du couvre-feu.
Les garçons maugréèrent, mais se couchèrent. Xavy, lui, éteignit sa lampe de suite, heureux que Wylk lui ait une fois de plus sauvé la mise.

mardi 23 juin 2020

Le fée féminin - 19

Wycka -  sans l’empoigner comme Kewyn - le conduisit au réfectoire sans cesser de parler. Xavy ne réussit pas à saisir tout ce qu’elle disait, distrait par les bavardages autour d’eux.
— Tu te sens bien ? demanda Wycka, une fois qu’ils furent assis à une des longues tables réservées au onzième année.
— Oui, ça va. Je ne suis juste pas habitué.
En utilisant les mêmes mots qu’avaient employé sa mère, Xavy espéra fort qu’il finirait par ne plus être dérangé par le bruit et le monde, autrement son séjour à Valeiage promettait d’être horrible.
— Avant tu étais chez toi parce que tu étais malade, c’est ça ?
Xavy confirma d’un hochement de tête. Il ne croyait pas l’avoir dit à Wycka, mais peut-être l’avait-elle entendu dans le bus…
— Mon pauvre, ce ne devait pas être drôle.
Mais au moins, cela avait été calme. Sa tête lui lançait, une pulsation sourde.
Des assiettes volèrent jusqu’à eux dans un élégant ballet.
Xavy se régala. Tout était délicieux. Pas de déception de côté-là.
Leur repas terminé, Wycka lui montra les jardins de l’école, puis l’enjoignit à se dépêcher afin qu’ils ne soient pas en retard au cours de sorts.
Ils furent les premiers devant la porte, Wycka débordant d’une impatience mal contenue, et puis le professeur débarqua.
Il était plutôt rond avec des grands yeux, un nez busqué et des ailes ocres. Il n’avait en effet pas le physique classique d’un fée, mais au moins, lui, personne ne pouvait le confondre avec une fille.
D’autres élèves ne tardèrent pas à débarquer et une fois que tout le monde fut assis, Zibulinion commença un cours qui se révéla si passionnant que Xavy en oublia presque son mal de tête, de quoi mieux comprendre l’enthousiasme de Wycka.
Le cours de dessin sur lequel ils enchaînèrent se révéla nettement plus laborieux, de même que celui sur la littérature.
Au dîner, Xavy mangea sans trop d’appétit et sans prendre part à la conversation animée que tenait Wycka avec l’une de leur voisine de table qui était également dans leur classe. Il n’avait qu’une hâte, aller se coucher.
Des fées assiégeaient les portes du dortoir, pour beaucoup avec le prénom de Kewyn sur les lèvres. Xavy se faufila avec peine à l’intérieur.
Il était tellement épuisé qu’il faillit sauter la douche, puis espérant que cela le détendrait, il se rendit dans la salle de bain collective aux carreaux décorés de poissons et de fleurs.

lundi 22 juin 2020

Le fée féminin - 18

— Ta réponse est dans ta question, c’est un garçon comme nous, rétorqua un autre fée.
— Incroyable, mais vrai ! s’exclama Kewyn qui était en train de se déshabiller dans la partie pour les fées des eaux.
La plupart des fées des années supérieures avaient opté pour se mettre en uniforme d’un coup de baguette, mais pas lui.
— Je demande à voir !
Xavy qui n’avait initialement pas prévu de dépenser d’énergie magique pour se changer, se dit que ce serait sans doute mieux. Il n’avait aucune envie de se dévêtir s’il était regardé. Or, tous les fées du dortoir semblaient s’être donnés le mot pour le fixer.
Un fée aux cheveux blond platine frappa dans ses mains.
— Allez, dépêchez-vous de vous préparer, histoire de ne pas être en retard à votre premier cours.
— Tu prends tes nouvelles responsabilités de chef de dortoir trop au sérieux, Wylk, grommela un fée roux.
Toujours est-il que Xavy cessa d’être le point de mire des regards.
Remerciant intérieurement Wylk, Xavy se dépêcha de retirer ses habits pour enfiler la robe verte piquetée d’étoiles.
Plutôt que de vider son sac comme certains, il préféra ensuite consulter son emploi du temps et le plan de l’école. Il ne voulait pas se perdre. Il avait pour commencer un cours sur les créatures magiques. Il eut une pensée pour le sorcier professeur à Daroilak, se demandant quelle matière il enseignait, et une pour Antoine qui aurait sûrement adoré écouter une leçon sur le sujet.
Xavy, lui, ne pouvait s’empêcher de regretter le calme de la maison familiale. Il n’avait pas manqué de prendre sa cuillerée de fortifiant au réveil, mais il se sentait déjà fatigué alors que la matinée était loin d’être terminée.
En se référant au plan, Xavy parvint sans peine à la salle de classe où il était supposé se rendre et y retrouva Wycka.
Ils s’installèrent à la même table.
— Je suis trop contente que nous soyons ensemble, dit-elle avant que la professeur n’entre par la fenêtre entourée d’une nuée d’oiseaux merveilleux.
— Tu as vu, nous avons Zibulinion comme professeur de sorts et pas plus tard que cet après-midi, ajouta Wycka en chuchotant, alors que la professeur se présentait.
Xavy acquiesça d’un discret signe de tête, espérant que Wycka n’allait pas bavarder durant tout le cours. C’était le premier véritable auquel il assistait et il avait envie de l’écouter.
Wycka tint heureusement sa langue, mais se rattrapa dès que la cloche eut sonné.

vendredi 19 juin 2020

Le fée féminin - 17

Peu après sur l’estrade apparut, comme sorti du néant, un grand fée blond  aux ailes azurées bordées de jaune.
Xavy entendit aussitôt soupirs et commentaires des fées avoisinantes.
« Ah, Relhnad est trop craquant. »
« Le directeur est vraiment beau à en mourir. »
« C’est trop dommage qu’il soit en couple avec le professeur de sorts. »
Xavy peinait vraiment à comprendre comment l’apparence de quelqu’un suffisait à produire pareilles réactions.
Il ne pouvait nier que Relhnad ait une sacrée présence, mais toutes ses fées qui fondaient à la seule vue du directeur le dépassait.
En tant que garçon, il était sans doute normal qu’il ne soit pas sensible à la beauté d’un fée, là où ça devenait bizarre, c’est que les adolescentes qui l’entouraient ne lui faisaient pas plus d’effet.
Relhnad fit un bref discours de bienvenue, donna la répartition des classes et distribua magiquement les emplois du temps avant de se téléporter ailleurs.
A en croire les fées autour de Xavy, il n’y avait maintenant plus qu’à gagner leur dortoir pour ranger leurs affaires et se mettre en uniforme avant de se rendre à leur premier cour de la journée.
Dame Nature soit louée, Xavy avait reçu un plan en plus de son emploi du temps.
Il n’en eut néanmoins pas besoin, car Kewyn le prit une fois de plus son aile en passant un bras par-dessus son épaule.
Derrière leurs dos, la conversation de deux fées embarrassa Xavy.
« C’est qui la nouvelle ? Pourquoi Kewyn la favorise comme ça ? »
« T’inquiètes, malgré son apparence, c’est un garçon ! »
La découverte du dortoir lui évita de s’apesantir dessus. C’était comme plusieurs pièces en une, avec des décorations fort différentes adaptées aux spécialités de chacun. Il y avait clairement un espace dédié aux fées des bois, un pour ceux des plantes et un pour ceux des rêves, mais aussi pour les autres spécialités qui n’existaient pas une dizaine d’années plus tôt. C’était quelque chose que le fameux Zibulinion avait introduit avec l’appui de Relhnad.
Xavy s’installa bien sûr dans la section des bois   qui lui rappelait sa chambre.
— Comment ça se fait qu’il y ait une fille dans notre dortoir ? Il y a normalement un sort en place pour empêcher ça ! lança soudain un fée.
Xavy aspira sa lèvre inférieure. Oh, non, cela n’allait pas recommencer, pas encore.

jeudi 18 juin 2020

Le fée féminin - 16

— Vas-y, on se verra plus tard, l’encouragea Wycka.
Elle avait choisi pour lui. Xavy rejoignit les autres garçons fées.
Kewyn lui donna le prénom, l’âge et la spécialité des cinq fées présents.
Les présentations achevées, ils lui posèrent des questions, mais Xavy n’eut le temps de répondre qu’à une seule avant que Chazz, 15 ans, fée des plantes, l’interrompe :
— Même ta voix est féminine !
Xavy se mordit la lèvre, n’osant rétorquer quoique ce soit. Tout ce qu’il pourrait dire ne ferait que le confirmer.
Décidément, être confronté aux regards des autres était épuisant. Jusqu’à récemment, il n’avait jamais eu qu’à s’inquiéter de ceux de ses parents, et ni son père ni sa mère ne lui avaient jamais reproché son apparence féminine, sa faiblesse et son émotivité, oui, mais pas ça.
— Allons, Chazz, tu vois bien que tu l’embarrasses, le réprimanda Kewyn.
— OK. C’est juste dur à avaler. N’y a-t-il pas une fois une fée qui a essayé de se faire passer pour un garçon et tenter de contourner le sort l’empêchant d’entrer dans notre dortoir ?
— Oui, mais pour le coup, elle ressemblait à un garçon, fit remarquer un des autres fées.
— Je croyais que c’était une légende, vous savez comme celle du fantôme hantant la fontaine dans les jardins de l’école, intervint un autre.
Xavy se détendit. Le sujet s’éloignait bien heureusement de son sexe.
Les anecdotes sur l’école et ses professeurs s’enchaînèrent et le reste du trajet s’écoula tranquillement.
Une fois que le bus fut garé, la conductrice les invita à libérer leurs ailes.
En sortant du véhicule, ce ne fut pas la vue de l’école marbrée de rose aux multiples tourelles qui frappa Xavy, mais la foule. Dehors, il y avait des fées partout de 7 à 18 ans, plus quelques adultes. Xavy se figea, paralysé.
Kewyn l’attrapa par le bras, l’obligeant à bouger.
— Direction l’amphithéâtre numéro 11 ! lança-t-il.
Xavy se laissa entraîner. Il avait besoin d’un guide, surtout au milieu de cette foule.
Kewyn le lâcha un instant plus tard, sollicité qu’il était à droite et à gauche par des douzaine de fées. Tous les garçons fées l’étaient d’ailleurs, nota Xavy.
Il le suivit de loin et finit par entrer dans une salle dont les portes étaient surmontées d'un grand «11» peint en argent sur une grosse étoile.
Il se dépêcha de s’asseoir. La tête lui tournait un peu entre le monde et le brouhaha qui régnait.

mercredi 17 juin 2020

Le fée féminin - 15

Après le passage de la fée de Valeiage venue contrôler le niveau de Xavy, le 21 mars arriva sans que Xavy ne ressorte de chez lui.
A l’aube, après une dernière recommandation de sa mère de prendre son fortifiant discrètement pour ne pas attirer d’importunes questions, Xavy se retrouva dehors, son bagage à ses pieds, à écouter les oiseaux pépiant joyeusement tandis qu’il attendait le bus scolaire qui le conduirait à l’école des fées.
Quand le véhicule métallisé s’arrêta devant lui, Xavy monta dedans, le cœur tambourinant. Il quittait chez lui, et pas pour quelques heures, mais pour pas moins de cinq jours, laissant Lapilune aux bons soins de sa mère jusqu’au week-end.
La conductrice lui adressa un salut chaleureux que Xavy lui rendit.
De nombreuses places étaient déjà occupées par des fées d’âges différents, toutes blondes ou presque.
Xavy n’avait pas fait trois pas dans l’allée entre les sièges que Wycka l’interpella :
— Hé ! Assieds à côté de moi !
Xavy allait s’exécuter quand une voix masculine familière retentit. Il s’agissait de Kewyn qui s’était mit debout au fond.
— Viens, la tradition veut que tous les garçons se réunissent à l’arrière !
Wycka écarquilla les yeux.
— J’aurais dû m’en douter, marmonna-t-elle.
Un murmure incrédule parcourut l’ensemble des passagers du bus.
— Kewyn, tu dois faire erreur, intervint un jeune fée qui s’était levé à son tour et fixait à présent Xavy d’un regard scrutateur.
Xavy n’aurait rien eu contre disparaître dans un trou de souris. Vraiment, c’était inconfortable d’être au centre de l’attention. Sans compter qu’il était pénible d’être encore pris pour une fille. Il semblait hélas que la méprise était vouée à se répéter encore et encore, ad nauseam et que les réactions face à cette révélation ne varieraient guère. Il allait être obligé de se couper les cheveux, ce n’était pas possible autrement. Pourtant, cela se voyait bien qu’il n’avait pas de poitrine… Ah, si seulement, Kewyn avait tenu sa langue !
— Mon ami, je t’accorde que c’est dur à croire, mais c’est l’entière vérité !
Là-dessus, Kewyn encouragea Xavy à approcher d’un geste de la main.
Xavy hésita, jetant un regard indécis en direction de Wycka. Il aurait préféré s’installer à côté d’elle. Il n’aurait eu sûrement alors qu’à se laisser porter par la conversation qu’elle n’aurait pas manqué d’engager. En même temps, rejoindre Kewyn semblait la meilleure façon de dissiper tout doute sur son sexe. Du moins, s’il y avait vraiment une tradition qui voulait que les garçons fées restent entre eux durant le trajet.

mardi 16 juin 2020

Le fée féminin - 14

Antoine et lui se retrouvèrent sans problème dans la rue, devant chez lui. L’adolescent le conduisit à droite à gauche, lui indiquant tout spécialement un coiffeur et une fleuriste fréquentés par sa belle-mère.
A un moment, ils passèrent devant la rue des sorcières. Xavy ne résista pas à l’envie de raconter sa mésaventure.
— Je ne vois rien… N’empêche que c’est trop cool ! Tu pourrais m’emmener dedans ?
— Comme je t’ai dit, je n’y suis pas exactement le bienvenu en raison de la rivalité entre fées et sorcières.
Antoine ne cacha pas sa déception, mais n’insista pas et il le guida jusqu’à un grand parc qui était presque désert, ce qui était normal vu le temps : le ciel était gris et nuageux, et le fond de l’air froid et humide.
— Tu es fée des bois, c’est bien ça ?
Xavy acquiesça.
— Tu pourrais me montrer un truc magique, comme faire apparaître un animal dont l’espèce est éteinte ?
— Non, désolé, mais c’est impossible, je ne peux appeler à moi qu’un existant encore.
— Oui, logique, logique, mais conjurer une créature magique genre un dragon ou une licorne, tu en es capable ?
— Cela nécessiterait plus d’énergie magique que je n’en possède, et de toute façon, ils ne sont pas exactement discrets.
— Vrai, vrai… Et un animal rare, alors ?
— Je vais essayer, déclara Xavy, désireux de ne pas décevoir davantage Antoine.
Il lança le sort, puis le prévint :
— Il mettre peut-être un petit moment à arriver.
— Ce n’est pas grave. Nous sommes bien là pour bavarder.
Xavy répondit aux questions d’Antoine sur sa vie et la magie, et l’interrogea aussi.
— Mon quotidien est super banal, tu sais, même avec deux fées dans la famille.
— Le mien aussi, fit remarquer Xavy.
 Surtout, que jusqu’à peu, son univers avait été limité à la maison familiale et plus précisément aux murs de sa chambre.
— Maintenant que tu es guéri, ça va être différent. Je t’envie toi et Zulky… Aller à l’école des fées, c’est canon ! Mon établissement scolaire à moi et est ultra terne et barbant. Les professeurs sont des vieux, pas des jolies blondes ailées ! Oh et cerise sur le gâteau, chez vous, il y a des tonnes de filles et pas une moche dans le lot. La proportion est plutôt inverse chez nous les humains !
Face à la tirade enthousiaste d’Antoine, Xavy ne put se résoudre à avouer qu’il appréhendait plus qu’autre chose son entrée à Valeiage et que l’apparence de ses futurs enseignants comme celui de ses camarades le laissait totalement indifférent. Il avait peut-être enfin la forme, mais il n’était à priori pas comme tout le monde pour autant, pas à ce sujet en tout cas.
Un petit perroquet bleu vola jusqu’à eux, et alla se percher sur le banc où ils s’étaient assis.
Antoine parut enchanté, ce qui sembla curieux à Xavy. Avec deux fées dans la famille, l’adolescent aurait pourtant dû être habitué à la magie.
— Je peux le garder ?
— Laisse-moi lui demander s’il est d’accord.
— Tu peux parler avec les animaux ?
— Oui, avec l’aide d’un sort.
Après une brève conversation avec le perroquet, ce dernier accepta et se percha sur l’épaule d’Antoine.
Ils se quittèrent un moment plus tard, Antoine et son nouveau compagnon à plumes prenant la peine de ramener Xavy à sa porte.

lundi 15 juin 2020

Le fée féminin - 13

— Comment...?
— Relaxe ! Je suis dans le secret parce que ma belle-mère et ma demi-sœur sont comme toi. C’était facile à déduire avec ton look.
— D’accord. Encore merci de m’avoir accompagné jusqu’ici.
— Pas de problème. C’était aussi ma destination. Il n’empêche que si tu es nouvelle dans le quartier et que tu as besoin d’un guide, je suis volontaire.
Encore un qui croyait que Xavy était une fille fraîchement débarquée. Cela devenait fatiguant à la longue de corriger les gens.
Xavy le fit quand même et « Pompon » qui se révéla s’appeler Antoine lui présenta aussitôt des excuses, ce qui changea agréablement Xavy des réactions incrédules de ses congénères.
— Tu n’es pas le premier à te tromper, le rassura Xavy.
— Cela ne doit pas être drôle pour toi… Enfin, mon offre tient toujours.
Même si Xavy ne venait pas d’emménager, mais c’était tout comme vu qu’il était à peine sorti de la maison auparavant. Cela pouvait par conséquent être intéressant de découvrir le quartier tout en se faisant peut-être un ami.
Bon, Antoine était humain, ce qui risquait de déplaire à  son père, mais Xavy n’avait pas besoin de l’en informer et sa mère serait contente qu’il ressorte.
Ils s’entendirent pour se retrouver devant la maison de Xavy et Antoine donna son numéro de mobile, même si Xavy n’en possédait pas. Ils se séparèrent ensuite, car bien qu’Antoine connaisse l’existence des fées, il n’avait pas le droit de pénétrer à l’étage féerique. C’était idiot, mais c’était comme ça.
Xavy, avec l’aide d’une vendeuse, eût tôt fait de réunir tous les livres au programme de onzième année. Après quoi, il flâna entre les étagères.
Comme rien ne lui tapait dans l’œil, il paya et s’en alla, chargé de deux sacs bien lourds en plus de celui de vêtements.
Antoine était sur le bord du trottoir, pianotant sur son téléphone qu’il rangea dès qu’il eut repéré Xavy.
— Je t’ai attendu finalement. Je ne voulais pas risquer que tu te paumes à nouveau.
Xavy fut touché.
Antoine qui avait un sac à dos proposa à Xavy de le décharger un peu, ce qu’il ne refusa pas. Pendant le trajet, ils firent connaissance. Antoine avait dix-sept ans et étaient en première, c’est-à-dire, la deuxième année de lycée. Son père s’était remarié avec une fée des rêves répondant au doux nom de Yolanda dix ans plus tôt et sa demi-sœur, Zulky qui avait neuf  ans, elle allait passer en troisième année.
Antoine ne trouvait pas ça évident tous les jours de garder le secret de l’existence des fées. En revanche, il adorait savoir que la magie n’était pas uniquement du domaine de la fiction.
Ils se quittèrent sur un chaleureux au revoir et Xavy se surprit à penser que les humains étaient plus faciles à vivre que les fées.
Sa mère fut ravie qu’il ait rendez-vous le lendemain.
— C’est bien que tu te fasses des amis.
Xavy était également de cet avis.

vendredi 12 juin 2020

Le fée féminin - 12

Il partit en direction de la librairie. Hélas, quelques rues plus loin, quand il voulut vérifier le plan, impossible de mettre la main dessus ! Il avait dû le faire tomber.
Il retourna en arrière dans l’espoir de le retrouver. Une bourrasque de vent lui fit réaliser que c’était utopique. N’y avait-il pas un sort pour rappeler à soi un objet égaré ou quelque chose dans le genre ? Xavy ne parvenait pas à s’en souvenir. Il allait être obligé de demander son chemin.
Il regarda plusieurs humains passer sans les arrêter. Cette femme en tailleur avançait d’un pas pressé. Cet homme était au téléphone. Ce couple de petit vieux n’avaient pas l’air commode.
Il n’osa aborder personne jusqu’à ce qu’il voit un garçon qui devait avoir à peu près son âge. L’inconnu en jeans et baskets, emmitouflé dans une doudoune bleu marine, avait un bonnet surnommé d’un gros pompon.
— Bonjour. Excuse-moi, mais saurais-tu où est la librairie La plume des fées ?
— Tu as de la chance, je m’y rends justement. Tu n’as qu’à me suivre.
— Merci.
— Que vas-tu acheter de beau ?
— Des livres pour l’école.
— Ah… Moi, j’y vais pour le plaisir. J’adore bouquiner et j’ai fini ma pal.
— Pal ?
— Pile à lire.
— Oh…
Les humains avaient un langage bien à eux.
Ils tournèrent un coin et la devanture de la librairie fut là.
« Pompon » l’invita courtoisement à entrer en premier.
Xavy poussa la porte et la garda ouverte pour son guide qui le remercia de l’attention.
Maintenant Xavy n’avait plus qu’à aller montrer sa poudre des fées à une vendeuse et disparaître à l’étage réservé aux fées. Seulement, « Pompon » qui avait d’ailleurs retiré son bonnet le regardait. Xavy, faute de savoir comment procéder, se promena dans les rayonnages plein de livres pour humains.
L’adolescent qui l’avait guidé le rejoignit au bout d’un petit moment.
— Les livres dont tu as besoin ne sont pas là, tu sais. Ne t’inquiète pas pour moi et monte…
« Pompon » savait apparemment que Xavy était un fée. Pourtant, ses ailes étaient bien masquées et c’était à peine s’ils avaient échangé trois mots.

jeudi 11 juin 2020

Le fée féminin - 11

L’hôtesse de caisse crut bon de lui faire remarquer qu’il s’était trompé.
— C’est l’uniforme des garçons.
— Je sais.
— Mais tu…
Xavy se racla la gorge.
— Non, c’est vous qui êtes dans l’erreur, dit-il, mais même à ses propres oreilles, sa voix lui sembla féminine.
Peut-être, juste peut-être, aurait-il eu intérêt à couper ses cheveux, excepté qu’il aimait les avoir longs…
— Bon, ça ne me regarde pas, maugréa l’hôtesse de caisse.
Et, acceptant la poudre, elle glissa les vêtements et les chaussures dans un sac en tissu orné d’étoiles.
Il était à peine dehors qu’il fut interpellé.
C’était la cliente qui était juste derrière lui lors de son passage à la caisse et qui n’avait rien dû rater de son échange. C’était une jeune fée élancée aux cheveux d’un blond vénitien.
— Hé ! Attends ! Tu comptes faire quoi avec cet uniforme ? Tu maîtrises le sort permettant de changer de sexe ? Tu as assez de puissance pour cela ? C’est horriblement coûteux en énergie. C’est pour cela que les illusions sont préférables, au moins elles tiennent un peu…
Le flot de paroles soudain interloqua Xavy.
La fée aux cheveux d’un blond vénitien continua :
— Moi, j’aimerai bien être un garçon. Au moins personne n’y trouverait à redire que je préfère les filles.
Elle s’empourpra et reprit :
— Mince, je parle toujours trop. C’est tout moi, curieuse et bavarde ! Au fait, je m’appelle Wycka. Je serai moi aussi en onzième année à la rentrée des classes.
Xavy se contenta de révéler son prénom et Wycka repartit de plus belle :
— J’espère avoir Zibulinion comme professeur de sorts cette année. Tu l’as déjà eu, toi ?
Xavy secoua la tête. Il le connaissait en revanche de nom. Il ne devait pas avoir une fée pour ignorer qui il était.
Douze ans plus tôt, Zibulinion qui avait alors l’âge de Xavy, avait été forcé à combattre dans des duels à mort avec des sorcières. Il les avait gagnés, mais en se débrouillant pour ne tuer personne, évitant que fées et sorcières rentrent à nouveau en conflit.
Il était considéré comme un des fées les plus puissants au monde. Il avait par ailleurs la particularité d’être en couple avec un autre fée, Relhnad qui était d’ailleurs l’actuel directeur de Valeiage.
Son père s’en était indigné à plusieurs reprises. Relhnad et Zibulinion, même s’il ne ressemblait en rien à un fée, auraient dû faire leur devoir et épouser des fées qui n’auraient alors eu pas besoin de se trouver des humains.
Xavy n’avait pas d’opinion bien définie à ce sujet. Il n’était pour sa part attiré ni par les filles ni par les garçons et s’il avait cru jusque là que c’était faute d’en fréquenter, il commençait à se poser des questions.
— Ah, je parle, je parle et l’heure file. J’ai rendez-vous chez le coiffeur. J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir à l’école. Tu es dans quelle spécialité ?
— Les bois.
— Moi aussi ! Cela nous donne une chance d’être dans la même classe ! Mon animal préféré est le loup et toi ?
— Le lapin… Tu ne vas pas te mettre en retard ? s’inquiéta Xavy en voyant que Wycka avait relancé la conversation.
Cette dernière le remercia et s’en fut en courant, laissant Xavy un peu sonné.
Wycka était un vrai moulin à paroles. Elle était toutefois sympathique et Xavy espéra qu’il pourrait s’en faire une amie.

mercredi 10 juin 2020

Le fée féminin - 10

Il passa deux semaines tranquilles à la maison à étudier, avalant ses deux cuillerées par jour de fortifiant. Il était toujours émerveillé de pouvoir  désormais demeurer debout toute la journée et de lancer plus de quatre sorts sans être vidé.
Et puis, sa mère l’incita à nouveau à sortir.
— Je ne comprends pas que tu restes enfermé alors que tu as enfin la santé.
Xavy n’avait pas le réflexe et sa première sortie n’avait pas exactement été de tout repos.
— Tu vas avoir besoin d’un uniforme de onzième année ainsi que des livres au programme. Va donc te les acheter. En plus, il y a du soleil aujourd’hui, profite-en.
— La fée devant me contrôler doit passer dans les jours qui viennent… Je dois étudier.
— Pas à chaque minute de la journée. En plus, maintenant que tu ne fais plus ton paresseux, tu avances bien.
Xavy suça sa lèvre inférieure, s’empêcher de relever l’adjectif employé par sa mère. Il ne l’avait jamais été. Il avait juste toujours manqué d’énergie avant le fortifiant miracle.
Sans plus chercher à discuter avec elle, il demanda comment se rendre à la boutique de vêtements et à la librairie.
Avant de partir, Xavy étudia bien le plan concocté par sa mère et fut bien content quand il arriva sans encombre aux « Mains des fées. » La poudre des fées lui permit d’accéder aux parties féeriques de la boutique où flottaient des habits chatoyants.
Il s’enquit auprès d’une vendeuse de l’emplacement des uniformes d’écoles. La fée le conduisit au bon endroit et eut même la gentillesse de faire descendre jusqu’à lui la tenue vert foncé piqué d’étoile des onzième année accompagnée des chaussures assorties.
Xavy testa l’ensemble dans la cabine d’essayage et pinça sa lèvre de frustration devant les plis formés par le tissu au niveau de la poitrine. Il s’agissait d’une robe de fille.
D’un coup de baguette, il revêtit son pantalon en velours beige et son pull à col roulé bleu pastel et se passa de l’aide de la vendeuse pour récupérer un uniforme de garçon. Il échangea également les chaussures, le modèle pour garçon étant dépourvu de talons. Dans la foulée, il prit aussi une des longues chemises de nuits blanches réglementaires. Il était habitué à dormir nu, hélas, dans le dortoir de l’école, ce ne serait pas possible. Il allait aussi se devoir familiariser avec les robes qui leur servaient d’uniformes. Chez lui, il avait plutôt tendance à porter des pantalons.

mardi 9 juin 2020

Le fée féminin - 9

— Je ne t’ai jamais vu à Valeiage. Tu viens d’emménager dans le coin ? demanda Kewyn.
Xavy n’avait envie ni de lui répondre ni de s’expliquer, mais il se força, allant même jusqu’à se présenter.
— Mes jolies, bonne nouvelle, il semblerait qu’au printemps, vous puissiez courir après un nouveau garçon fée !
Les fées qui entouraient Kewyn, le collant presque pour certaines, ne se réjouirent pas plus cela.
Xavy, lui, était mystifié. Il savait qu’il y avait peu de garçon fées, mais sûrement, ils n’étaient pas pourchassés dans les couloirs... Ce devait être réservé aux fées connus comme des athlètes, des acteurs ou des chanteurs.
Comme il était inconfortable face à autant d’attention, Xavy reposa le cœur, se décidant pour l’étoile.
— Désolé, je dois y aller.
— Enchanté d’avoir fait ta connaissance, dit Kewyn, lui attrapant la main et la lui serrant.
Xavy, mal à l’aise, ne put retenir une grimace.
Quelques instants plus tard, sa décoration en poche, Xavy se retrouva enfin dehors.
Il rentra à pas lents, songeur. Ses interactions avec les sorcières suivies de celles avec les fées, l’avaient épuisé.
Une fois chez lui, il s’allongea de suite sans pour autant s’endormir. Dans sa tête, tournait en boucle les échanges qu’il avait eu. Est-ce tout le monde allait continuer à se tromper sur son sexe ? Ce n’était pas dramatique, bien sûr, mais tout de même...
Sa mère finit par venir le voir, tout sourire.
— Comment te sens-tu ?
— Super fatigué.
Elle se renfrogna.
— C’est parce que tu n’es pas habitué, répliqua-t-elle d’un ton manquant de conviction.
— Sans doute, répondit Xavy parce qu’il savait à quel point sa mère désirait qu’il soit en forme et capable d’aller enfin à l’école.
Il était compréhensible qu’elle veuille recouvrer sa liberté après avoir été enfermé aussi longtemps avec lui.
De son côté, il avait été heureux de pouvoir se promener à l’extérieur en dépit du froid hivernal. Il se serait juste bien passé de se perdre dans une rue de sorcières et d’être palpé par un fée doutant de son sexe…

lundi 8 juin 2020

Le fée féminin - 8

Tout était scintillant et brillant. Une bonne douzaine de fées aux ailes déployées se promenaient dans les allées entre les bacs débordants de bâtonnets de toutes les couleurs et d’ornements en tout genre.
Xavy n’avait jamais été en présence d’autant de fées réunies. Cela lui faisait bizarre de se dire qu’il y en aurait encore plus à l’école.
Il déambula comme les autres, examinant différentes décorations. C’était mieux que de sélectionner sur catalogue comme il avait toujours été contraint. Cela évitait notamment la déception entre photo et réalité.
Alors qu’il hésitait entre une étoile sur laquelle était peinte un adorable lapin et un cœur vert marbré de doré, les jeunes fées autour de lui s’agitèrent tout à coup et se précipitèrent vers la porte qu’un fée venait de franchir. Plusieurs d’entre elles s’exclamèrent :
— Kewyn, c’est Kewyn !
Il se demanda si c’était une célébrité et se désintéressa de la scène, continuant à soupeser l’étoile et le cœur sans parvenir à se décider. Il ne remarqua donc pas que le fée à la peau de pêche aux cheveux d’un blond étincelant se dirigeait vers lui, suivi de son cortège de fées.
— Alors, mignonne, trop timide pour m’approcher comme les autres ?
Les clientes plus âgées n’avaient pas bougé non plus. Xavy resta interloqué, puis corrigea l’erreur du fée qui s’appelait à priori Kewyn.
— Je suis un garçon, et je ne sais pas qui tu es…
Kewyn parut surpris et son entourage également à en croire les murmures qui parcoururent le petit groupe.
Avec un sans gêne confondant, le fée écarta les pans du manteau de laine que Xavy avait déboutonné un peu plus tôt en raison de la chaleur qui régnait dans la boutique et plaqua sa main sur le torse de Xavy.
Il ne s’arrêta pas là, descendant jusqu’à l’entrejambe de Xavy qui s’empressa de reculer.
— Eh bien, aussi incroyable que cela puisse paraître, tu dis la vérité, déclara Kewyn.
Un chorus de ah et de oh accompagna son affirmation. Apparemment, personne ne s’était douté du véritable sexe de Xavy. C’était embarrassant, mais moins que la façon dont Xavy avait été touché par un inconnu. Un frisson le parcourut.

vendredi 5 juin 2020

Le fée féminin - 7

Un silence inconfortable s’était installé, mais le sorcier le rompit :
— Comment t’appelles-tu ?
— Xavy.
— Et vous êtes monsieur Reptim, c’est ça ?
— Séveric Reptim, oui. Je suis professeur à l’école de Daroilak. Je suppose que tu es pour ta part élève à Valeiage…
Un soupir échappa à Xavy.
— Non, pas encore, mais oui, à la rentrée, je suis supposé y aller.
— Tu vivais ailleurs avant ?
— Non, j’étudiais à la maison pour raison de santé.
— Je dois en déduire que tu vas mieux.
Xavy eut un sourire radieux.
— Oui, et du coup, je peux me promener cheveux au vent.
Il les souleva d’un geste de la main et les envoya voler derrière ses épaules.
L’anodine conversation s’acheva – ils étaient arrivés à Rêve de baguette – et Xavy en fut presque déçu. Il n’aurait pas l’occasion de discuter avec un sorcier de sitôt.
— Au revoir... Fais bien attention où tu mets les pieds à partir de maintenant et bon courage pour ta prochaine rentrée, déclara Séveric Reptim.
— Encore merci, répondit Xavy en lui adressant un petit signe de la main.
Il suivit la silhouette du sorcier jusqu’à ce qu’elle disparaisse au tournant. Séveric Reptim.  Il s’était montré aimable et poli, chevaleresque même, loin des portraits que les fées dressaient des sorciers et sorcières. La rouquine et ses camarades s’en rapprochaient davantage. Elles avaient été grossières et désagréables. Xavy frissonna à posteriori et poussa la porte de la boulangerie qui tinta d’une jolie façon.
Un instant plus tard, ayant prononcé les mots adaptés muni de sa bourse pleine de poudre des fées, il accéda à la partie féerique de la boutique.

jeudi 4 juin 2020

Le fée féminin - 6

— Tu parles, chaque fois qu’une fée se pointe ici, c’est pour essayer de prouver que sa magie est meilleure que la nôtre, lança une des adolescentes.
Xavy avait du mal à croire que des fées s’amusent à cela. Cela semblait dangereux et stupide.
— Je vous assure que c’est une erreur, affirma-t-il.
Elles l’encerclèrent, lui coupant toute possibilité de fuite.
Xavy se mordit la lèvre, cherchant mentalement un sort pour se défendre si elles l’attaquaient, tout en se disant qu’elles n’avaient aucune raison de le faire.
Un homme à la peau cuivrée approcha, brun et barbu, portant également des habits noirs.
— Que se passe-t-il ici ? demanda l’inconnu, sa contrariété évidente.
— Monsieur Reptim ! s’écria la rouquine.  C’est cette maudite fée qui a débarqué pour nous embêter.
Il n’y avait pas une once de vérité dans cette déclaration.
— Je ne suis pas une fille, commença par rectifier Xavy.
Les sorcières ricanèrent. Pas monsieur Reptim.
— Non, mais tu t’entends avec ta petite voix sucrée ! Et de toute façon, ça ne change rien au fait que tu ne devrais pas être là.
Le sorcier avait l’air d’être d’accord avec la rouquine.
Xavy s’humecta les lèvres et plaida sa cause :
— Je me suis perdu, je ne suis pas venu provoquer quiconque !
— Où cherches-tu à te rendre ? s’enquit le sorcier.
— Je voulais acheter un nouvel ornement à Rêve de baguette, dit Xavy en triturant une de ses mèches de cheveux entre ses doigts.
Il se rendit compte en le disant que n’était pas tout à fait le même nom que la boutique devant laquelle il se tenait.
L’une des jeunes sorcières l’imita, prenant une intonation aiguë et une pose ridicule. Une autre le traita d’idiot et la rouquine répéta l’insulte au féminin. La derrière décréta qu’il jouait mal la comédie.
Des larmes montèrent aux yeux de Xavy qui se mit à mordiller sa lèvre inférieure. Leurs moqueries étaient blessantes.
— Valentina, toi et tes amies feriez mieux de retourner à vos courses, déclara le sorcier avec autorité.
La rouquine protesta, mais l’homme brun et barbu la réduisit au silence d’un regard sombre. Elle fit signe aux autres adolescentes de la suivre.
L’anxiété de Xavy baissa d’un cran. Monsieur Reptim semblait bien plus calme et raisonnable que les jeunes sorcières.
— Allons-y, je me charge de te guider, annonça le sorcier dès qu’elles se furent éloignées.
Son père deviendrait vert s’il apprenait que Xavy avait été aidé par un sorcier.
— Si vous pouviez simplement me mettre sur le bon chemin…
— Ce n’est pas loin.
Xavy, mal à l’aise malgré lui, ne chercha plus à discuter. La compagnie de l’homme était un mal pour bien.
Ils quittèrent la sinistre rue, retournant dans le monde des humains.

mercredi 3 juin 2020

Le fée féminin - 5

Xavy inspira à fond, yeux levés vers l’immensité du ciel bleu. Ses ailes s’agitèrent. Cela le démangeait de voler, mais il n’en avait pas le droit. Des humains auraient pu le voir et la majorité d’entre eux n’étaient pas supposés savoir que fées et sorcières existaient.
Xavy, en dépit des explications données par ses parents n’était pas sûr de comprendre vraiment pourquoi, toujours est-il qu’il était obligé de garder les pieds au sol plutôt que de s’élever dans les airs.
De toute façon, même marcher dehors avait quelque chose de magique, sans qu’il y ait de sorcière ou fée derrière. Il était seul, mais libre, hors des murs de sa chambre et de sa maison.
Il croisa quelques passants Des humains, à priori. Il eut l’impression que certains le dévisageaient, comme s’ils devinaient que Xavy n’était pas vraiment à sa place dans la rue et cela le rendit nerveux.
Au bout d’un moment, il consulta le plan de sa mère. Il avait dû se tromper quelque part. Il ne reconnaissait pas le nom de la rue dans laquelle il se trouvait. Il revint en arrière, scrutant les panneaux, luttant contre un sentiment de panique grandissant.
Soudain, il repéra un passage qu’il n’avait pas remarqué avant et s’engouffra dedans. Le nom d’une boutique lui sauta aux yeux « Baguettes de rêve. »
La chance devait l’avoir aidé à arriver à bon port. Ou pas, réalisa-t-il en s’approchant. Même si Xavy ne connaissait pas grand chose au monde extérieur, il était évident qu’il n’était pas en présence d’une boulangerie, mais d’une boutique de sorcellerie. A côté, il y avait une apothicairerie débordante de pots, fioles et herbes séchées.
Xavy n’était pas dans une rue ordinaire. Là où les fées préféraient se mêler aux humains avec d’authentiques commerces où certaines pièces étaient réservées aux fées, les sorcières, elles, cachaient des endroits dédiés à leurs besoins que seuls les êtres doués de magie étaient capables de voir.
— Qu’est-ce que tu fous là, stupide fée ? Tu es venue nous narguer ?
Xavy sursauta et se retourna.
La personne qui l’avait interpellé était une jeune fille tout de noir vêtue avec de flamboyant cheveux roux frisés.
Trois adolescentes étaient avec elle, habillées de façon similaire.
Elles n’étaient pas laides comme les sorcières représentées dans les livres, mais leurs tenues ne laissaient guère de place au doute.
— Je me suis égaré, répondit Xavy.
Il déglutit. Impossible de ne pas remarquer qu’elles n’étaient pas bien disposées à son égard et qu’il était en minorité.

mardi 2 juin 2020

Le fée féminin - 4

Les jours qui suivirent, tout se déroula comme d’habitude. Xavy se traîna comme d’habitude. Il étudia, lut, s’occupa de Lapilune, regarda le jardin depuis la fenêtre de sa chambre et dormit beaucoup. Sa mère râla contre le stupide fortifiant.
Et puis, un changement se produisit. Xavy n’éprouva pas le besoin de faire la sieste. Cela se confirma le lendemain.
 Xavy n’en revint pas que cela ait fonctionné, mais se réjouit avec Vyvyane qui se mit aussitôt à dresser des plans pour l’avenir : Xavy finirait en vitesse sa 10ème année à la maison et entrerait en 11ème année à Valeiage au mois de mars.
Même en ne se sentant plus fatigué comme avant, Xavy eu le sentiment que sa mère présumait de ses forces. Et surtout, il avait peur.  Bien sûr, il avait envie de sortir de sa chambre, de découvrir le monde et de fréquenter des gens, mais mettre les pieds à l’école pour la première fois de sa vie dans un mois et quelques, c’était trop. Il aurait voulu quelque chose de plus progressif.
Sa mère n’était hélas pas de cet avis.
Face à ses appréhensions, elle le poussa carrément hors de la maison familiale.
— Va donc t’acheter quelques ornements pour ta baguette, lui dit-elle en lui confiant une bourse pleine de poudre de fée. Vole un peu de tes propres ailes, ajouta-t-elle avant de claquer le portail du jardin.
Xavy passa une main dans ses longs cheveux blonds, arrangea le col de son manteau en laine blanche et lissa son pantalon de velours violet. Il faisait froid, ce qui était logique puisqu’on était en hiver.
Cela faisait bien dix ans que Xavy n’avait pas été dans la rue. Les dernières fois qu’il avait mis le nez dehors, il était demeuré dans l’enceinte du jardin.
Sa sortie remontait d’ailleurs à près d’un an et s’était soldée par une semaine complète au lit, preuve qu’être à l’extérieur n’était pas bon pour sa santé.
Il craignait que le fortifiant ne suffise pas et qu’il se retrouve à nouveau dans tel état de faiblesse qu’il ne puisse se nourrir lui-même. Enfin, c’était le test ultime : s’il ne rentrait pas malade, alors, c’est qu’il était guéri, à même de vivre comme tout le monde.
Il aurait tout de même préféré que sa mère l’accompagne. Il ne s’était jamais promené seul. Il se sentait perdu  et pourtant il était encore devant chez lui, avec toutes les indications nécessaires en poche pour se rendre à la boutique de baguette. Vyvyanne lui avait bien expliqué comment faire pour que la partie féerique de la boutique lui soit ouverte, car pour les humains, Rêve de baguette n’était jamais qu’une boulangerie.
Xavy s’assura une fois encore que ses ailes étaient bien masquées, fit quelques pas timides, puis accéléra l’allure.

lundi 1 juin 2020

Le fée féminin - 3

Xavy se leva et se dirigea à pas lents vers la porte de sa chambre. Une part de lui avait envie de jeter un sort pour écouter la conversation de ses parents, mais il ne le fit pas. Il ne pouvait pas se permettre de dépenser son énergie magique pour ça et, si c’était pour entendre son père le critiquer, cela ne valait assurément pas la peine. Il tendit malgré tout l’oreille, mais le peu qu’il entendait ne faisait pas sens.
Soudain, Vyvyane apparut d’un coup dans la pièce. Elle avait dû se téléporter. Elle avait toujours l’air énervée.
— J’ai une bonne nouvelle, annonça-t-elle d’une voix faussement enjouée.
— Ah oui ?
Xavy avait comme un doute.
— Une solution pour te guérir.
Chaque fois qu’une fée des rêves était venue, sa mère y avait crue et été déçue.
Xavy, lui, avait cessé d’espérer. Jamais, il ne serait comme les autres fées.
— Quoi donc ?
— Un fortifiant d’origine humaine.
Cela semblait peu probable que cela marche sur un fée, mais si cela faisait plaisir à sa mère, Xavy était prêt à essayer.
Il acquiesça et un petit flacon transparent contenant un liquide brunâtre peu engageant se matérialisa devant lui, accompagné d’une petite cuillère.
— Tu dois en prendre une matin et soir.
Ce devait à cause de cela que ses parents s’étaient fâchés. Son père Cixian était fée et fier de l’être. Contrairement à la plupart des fées, il n’y avait pas une goutte de sang humain dans sa lignée. Selon Cixian, la majorité des fées auraient mieux fait de rester célibataires plutôt que de mettre quelques humains dans le secret de leur existence. A coup sûr, cela lui déplaisait que son fils prenne un remède humain, surtout que cela avait un côté potion de sorcière dont l’usage était définitivement inacceptable pour les fées.
Xavy attrapa le flacon et ouvrit le bouchon noir. Il remplit la cuillère et la glissa dans sa bouche. Malgré l’aspect peu engageant de la substance, ce n’était pas mauvais du tout. C’était frais et piquant comme de la menthe.
Il se lécha les lèvres.
— Quelle est la durée du traitement ? s’enquit-il.
— Tu en auras sûrement besoin toute ta vie durant.
C’était une bonne chose que le goût ne soit pas affreux, alors.
— Combien temps cela mettra-t-il à faire effet ?
— Je ne sais pas exactement. Rapidement, j’espère, répondit Vyvyane avec impatience.