vendredi 25 septembre 2015

Contes modernes - 137

Lou lui tendit ses vêtements. Carmin, courbaturé de partout, peina à s'extirper du sac de couchage pour les enfiler. Il était gêné d'exposer sa nudité, malgré ce qu'ils avaient fait, même en sachant que c'était le montagnard qui avait dû le déshabiller après l'avoir retrouvé dans la neige, mais il aurait été ridicule de lui demander de ne pas regarder, alors il le fit sous son regard pénétrant.
— La tempête ne s'est pas calmée, annonça Lou, une fois que Carmin fut présentable. Nous sommes donc coincés ici pour le moment.
Carmin ne fut pas fâché de la nouvelle. S'il regrettait toujours de ne pas avoir trouvé le chalet de l'écrivain auquel il aurait dû être en train de se présenter, il était content de passer davantage de temps avec Lou.
— Nous pouvons toujours faire connaissance en attendant, suggéra Carmin.
— C'est déjà fait et intimement, répliqua Lou.
Le jeune homme se sentit stupide. Il osa tout de même demander :
— Comment es-tu devenu guide de montagne ?
Lou soupira, signe que bavarder ne lui disait rien, mais répondit néanmoins :
— Je suis né dans la région. J'ai toujours aimé l'escalade et être au plus près du ciel. Le choix a été vite fait. Et toi, quel est ton métier au juste ?
Carmin grimaça. Évidemment, il aurait aimé n'être que celui qui posait les questions et pas à avoir à fournir de réponses sur sa propre vie qui n'avait rien d'intéressant.
— Je suis assistant dans une maison d'édition. J'ai été promu éditeur pour un auteur qui vit dans un chalet coupé de tout. Normalement sur cette montagne, mais j'ai dû me tromper. Cela m'arrive souvent.
— Tu aurais pu y laisser ta peau, mon pauvre chéri.
Carmin haussa les épaules.
— Cela n'aurait pas été une grosse perte.
Lou fronça les sourcils.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— Parce que je rate tout ce que j'entreprends,  expliqua Carmin, d'un ton résigné. Ce serait aussi bien que l'on parle de toi, ajouta-t-il, plein d'espoir.
— Je ne suis pas trop amateur de bavardages. Autrement, je ne pourrais pas vivre dans la montagne comme je le fais. Donc, je regrette, mais si tu veux converser, c'est donnant-donnant.
Carmin garda le silence, mais guère plus de quelques minutes. Lou semblait s'en moquer, mais pas lui. Cela le troublait. Il fallait qu'il dise quelque chose, n'importe quoi...
— Vous êtes plus dans l'action, c'est ça ?
Lou eut un grand sourire carnassier.
— Je suppose. Marcher plutôt que bailler aux corneilles, baiser plutôt que discutailler.
Carmin s'empourpra. Même moulu comme il était, il aurait adoré que Lou le reprenne dans ses bras. Maintenant qu'il avait perdu son innocence, il tournait pervers.
— Là, tu es en train de me faire regretter de ne plus avoir de préservatifs, reprit Lou.
— Cela aurait été bien, reconnut Carmin, craignant après coup que son honnêteté donne une bien mauvaise image de lui.
— T'es un vrai chaud lapin.
— Non, pas du tout. C'était ma première fois !
— Je m'en doutais.
— J'étais un mauvais coup, n'est-ce pas ?
— Mais non, bébé, que vas-tu t'imaginer ? Tu es un naturel.
Qu'est-ce que cela voulait dire au juste ? Carmin ne chercha pas à savoir. Cela sonnait plus comme un compliment que comme une critique et c'était l'essentiel.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode d'aujourd'hui ^^

Carmin est trop mignon avec son innocence et ça ne m'étonnerais pas que Lou le dévore à nouveau lol

Bon week-end et vivement Lundi pour lire la suite :)

Usagi a dit…

Merci pour ces épisodes. J'adore le commencement de leur histoire. C'est très chaud et en même temps j'aime beaucoup l'innocence de Carmin qui est très rafraichissant. Vivement la suite.