lundi 7 septembre 2015

Contes modernes - 123

— Maintenant que je connais le chemin, je ne me tromperai plus, assura Carmin. Je reviendrai dès la semaine prochaine.
Cole faillit rétorquer que cela ne lui convenait pas, excepté qu'il n'éprouvait aucun plaisir à malmener son nouvel éditeur. Il ne devait être guère plus âgé qu'Hans.
— Bien, faisons comme cela, grommela-t-il, lui faisant signe de dégager de la main.
Carmin Hood ne chercha pas à s'attarder. Il le remercia, le salua et partit sans demander son reste.
Cole se réinstalla à son bureau. Les feuillets avec les commentaires d'Elisa le narguaient. Il rechignait à mettre le nez dedans. Il ne s'y résolut que pour s'en débarrasser. Corriger n'était pas son activité favorite. Avancer dans l'histoire était plus satisfaisant. Dans le cadre de sa vie, il n'aurait cependant pas été contre revenir en arrière et effectuer des corrections, et notamment une de taille. Cole serra les dents. Les cheminements de ses pensées le ramenaient  sans cesse à Hans. Ce n'était pas aussi facile que huit ans plus tôt de reprendre le fil de sa vie solitaire. Il faut dire qu'il avait repoussé  le jeune homme alors que ce dernier avait déclaré l'aimer. En terme d'idiotie, il valait bien Carmin Hood sur ce coup. Même si Hans s'était trompé et confondu amour et admiration, n'aurait-il pas dû en profiter, quitte à le décevoir ? Cole s'ébroua, se répétant qu'il avait agi pour le mieux pour eux deux, de façon responsable et mature.

Les jours s'écoulèrent, douloureusement vides, malgré les pages que Cole noircissaient. Il en vint à attendre la visite de Carmin Hood comme une distraction qui romprait son quotidien sans saveur.
Comme promis, l'homme revint, échevelé, son costumé déchiré au genou et muni d'un second panier garni. Cole n'avait même pas regardé le contenu du précédent qu'il avait abandonné sans remords au beau milieu de la cuisine. Par pure provocation, il lui demanda de le poser à côté de l'autre. Carmin Hood s'exécuta placidement.
Ils se rendirent ensuite dans le bureau où avec mille agaçantes précautions oratoires, l'homme fit comprendre à Cole qu'il y avait une rupture de ton gênante à partir du chapitre 9 et que par endroits, le héros avait des attitudes qui ne collait pas avec le personnage et la manière dont il avait agi jusque là.
Cole soupira. C'était ce qu'il avait écrit après le départ de Hans, en se forçant à écrire, lui qui avait pourtant toujours adoré ça. Son humeur sombre avait dû transpirer malgré lui, gâchant la légèreté du roman et le fantôme de Hans était venu parasiter le héros.
Que Carmin Hood l'ait remarqué était la preuve que tout maladroit qu'il soit, n'était pas un incompétent.
Il reconnut ses torts, promettant d'arranger cela, ce qui désarçonna son interlocuteur qui s'était sans nul doute attendu à ce qu'il râle. A sa décharge, Cole lui avait plutôt mené la vie dure jusque là.
Cole fixa avec lui la prochaine visite à dans un mois et le raccompagna cette fois à la porte. Carmin commençait à lui être sympathique.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Bon début de semaine ^o^ merci pour l'épisode du jour, Cole est toujours fidèle à lui même avec son caractère et j'adore ça lol

Carmin est trop mignon, c'est un personnage attachant et on a envie d'en apprendre plus sur lui dans le conte qui le concerne :)

Vivement la suite en tout cas pour savoir comment Cole va se réconcilier avec Hans XD