jeudi 3 septembre 2015

Contes modernes - 121

Avec de l'imagination, et Dieu sait qu'il n'en avait jamais manqué, Cole pouvait faire comme si Hans vivait toujours avec lui. Il s'y appliqua durant quelques jours avec un succès modéré. Les plateaux-repas ne pouvaient lui arriver la grâce du Saint-esprit et surtout, le souvenir du sourire de Hans n'avait pas la puissance du vrai.
Cole renonça assez vite à jouer à s'illusionner. Hans n'était plus là et il lui fallait vivre avec. Il rangea dans un carton la bouteille de savon liquide, le t-shirt blanc et le slip cerise.
Après de longs jours solitaires et improductifs, il réussit à reprendre le fil de son roman. Progressivement, le salon retrouva son aspect habituel avec des papiers partout, l'évier se remplit de vaisselle sale, les pièces s'empoussièrent. Il s'accrochait à son histoire et à ses personnages pour ne pas sombrer afin d'éviter de songer à ce que les choses auraient pu être s'il avait répondu au jeune homme qu'il partageait ses sentiments. Il devait cependant faire des efforts considérables pour rester concentrer sur ce qu'il écrivait. S'il sautait les repas, ce n'était plus parce qu'absorbé, il ne remarquait pas le passage du temps, mais par manque d'appétit. Il maigrissait à vue d'œil, mais n'en avait cure. Son apparence ne lui avait jamais vraiment importé et Hans parti, il avait encore moins de raisons de s'en soucier.

Cole entendit un bruit en bas. Avant, il n'y aurait pas prêté attention, trop occupé à écrire, mais désormais, au moindre craquement, il se prenait à espérer que quelqu'un était entré dans son chalet. Pas n'importe qui, bien sûr, mais Hans. C'était stupide, car le jeune homme n'avait aucune raison de revenir, certainement pas pour récupérer son t-shirt, son slip et son savon et encore moins pour lui après ce qu'il lui avait dit.
Plantant sans vergogne ses personnages au beau milieu d'une phrase, il sortit de son bureau.
— Monsieur Sorière ? appela une voix inconnue.
— J'arrive, j'arrive, bougonna Cole, déçu au delà de toute expression.
Il descendit lentement l'escalier et se retrouva en face d'un homme jeune, plutôt petit, aux cheveux châtains en bataille et au costume bordeaux froissé qui portait un panier chargé de provisions.
— Vous êtes Carmin Hood, c'est ça ?
L'homme acquiesça gauchement. Il y eut un blanc. Cole n'avait aucune envie de parler à quiconque ou plutôt le seul avec qui il aurait désiré discuter n'était pas là.
— Je vous ai apporté ça, déclara finalement Carmin Hood en lui tendant à deux mains son panier d'un geste vif.
Cole le reçut en plein torse. Il grimaça et le remercia sèchement. Carmin Hood s'excusa. Le silence retomba, pesant.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Cool on a retrouvé Carmin Hood XD il n'était pas aussi perdu que ça finalement ^^

Merci pour l'épisode, j'adore la façon de Cole de vivre l'absence de Hans, on voit très bien qu'il lui manque lol

Avec l'apparition de Carmin même éphémère, j'ai hâte de voir la tournure que va prendre l'histoire :)

Illyshbl a dit…

Carmin a son rôle à jouer... et après, motus et bouche cousue sur la suite des évènements, mais je l'écris, promis. :)