mardi 22 septembre 2015

Contes modernes - 134

— Tu peux continuer. A cette saison, je n'ai guère l'occasion de tirer un coup.
Carmin n'osa pas. Il ne savait plus du tout où il en était. Il venait d'échapper de peu à la mort et de jouir dans les mains d'un type à l'identité inconnue et dont il doutait qu'il serait intéressé à lui en d'autres circonstances. La prise de conscience brutale de ses préférences sexuelles n'aidait en rien.
— Je...
Il pouvait parler à nouveau. Il reprit, butant sur les mots :
— Où som... mes-nous ? Qui êtes... vous ?
— Je suis guide de montagne et secouriste. Tu as eu de la chance que je tombe sur toi et que je t'amène dans ce refuge. Tu étais déjà plus froid qu'un glaçon.
Carmin savait qu'il aurait dû le remercier de l'avoir sauvé, mais il n'en était pas vraiment heureux. Ne jamais se réveiller eût été aussi simple. Il était las de faire des efforts, de sans cesse se tromper, de toujours déplaire, même quand il se pliait en quatre.
— Je m'appelle Lou Desbois et toi ?
— Carmin Hood.
— C'est dangereux de se promener dans la montagne par un temps pareil.
— Il ne neigeait pas quand j'ai commencé à grimper, précisa Carmin.
Il était parvenu à soulever les paupières et voyait à présent l'abri en bois au sol en terre battue dans lesquels il étaient couchés.
— Au premier flocon, tu aurais dû faire demi-tour et reporter la ballade à plus tard.
— Ce n'était pas pour m'amuser ! Je voulais me présenter à l'auteur dont je vais désormais m'occuper.
— A ma connaissance, nul écrivain ne vit dans le coin. Je crois bien être le seul fou à m'être installé dans ses sommets enneigés les trois quart de l'année.
Carmin pleura. Lou ne le traita cependant pas de pleurnichard, terme qui lui avait été souvent assené, car les larmes coulaient facilement chez lui.
— Allez, mon chou, tout va bien à présent, tu es en sécurité. Et même si personne ne s'est occupé de remettre des rations de survie dans le refuge, le panier plein de gâteaux et de bonbons qui devait être pour ton auteur nous nourrira le temps que la tempête dehors cesse de faire rage.
Carmin, avec quelques difficultés, se retourna vers son sauveur et découvrit enfin son visage. Lou était brun, barbu et possédait un sourire aux dents éclatantes, mais ce qui frappa Carmin, ce fut l'or chaud de ses prunelles :
— Vous avez des yeux immenses, constata-t-il.
— C'est comme ça que je t'ai repéré dans toute cette neige, bébé.
Le regard de Carmin descendit vers les profondeurs du sac de couchage.
— Vous avez de longues jambes.
— C'est plus pratique en montagne, trésor.
Un trésor ? Lui ? Si peu... Lou Desbois s'en rendrait compte bien vite, même si pour l'heure, la façon dont il l'enlaçait donnait à Carmin l'impression de lui être précieux.
— Et de grands bras.
— C'est pour mieux réchauffer les égarés, mon chou, répliqua Lou en le plaquant contre son torse.
— Et de larges mains... murmura Carmin alors qu'elles se remettaient à le caresser.
— Là encore, chéri...
— Et un énorme pénis, acheva Carmin dans un souffle, en sentant le membre de Lou en érection.
— C'est pour mieux baiser, mon ange.
Et en disant ces mots, Lou le serra plus étroitement avant de le dévorer de baisers.

3 commentaires:

Jeckyll a dit…

Oh pinaise que j'aime cet épisode il est génial, merci merci merci ^^

Tu as repris l'idée du conte original avec le coup des grandes jambes, grands yeux etc.. et tu l'as adapté à ta sauce et c'est du pur génie ça colle trop bien et Carmin m'a tuée avec "et un énorme pénis" j'en ris encore et encore plus avec la réponse de Lou XD

Illyshbl a dit…

Je me suis bien amusée à cette réécriture très proche du texte originel, surtout qu'une des lectures du Chaperon Rouge, c'est que la dévoration serait métaphorique et correspondrait à l'acte sexuel... Cela devient explicite dans ma version. :)

Cassie a dit…

Mdr c'est trop drôle xD
J'adore !