mardi 30 septembre 2014

Le garçon fée - 239

– Tu crois qu'elle l'a installé dans la tienne ? demanda Folebiol.
– C'est une possibilité, mais elle a aussi pu l'enfermer ailleurs. Mon sort de localisation n'a en tout les cas pas abouti.
– Tu es sûr que tu veux te téléporter là-bas ? Relhnad nous avait expliqué qu'à infiltrer, c'était impossible, déclara Folebiol.
– En même temps, il ne voulait pas que la directrice soit au courant de son passage, aussi. Là, on s'en moque, Neyenje est en train de créer une émeute pour la distraire, répliqua Waltharan.
– Il faut essayer, répondit Zibulinion.
Il transmit l'image à Waltharan, puis reprit les mains de Folebiol, mais leur sort de téléportation échoua. Zibulinion s'y attendait, mais cela le fit rager. Il fit une seconde tentative et se heurta à nouveau à un mur, mais put se rendre compte que le blocage provenait de la pièce où ils étaient et non de celle qu'ils cherchaient à atteindre.
La directrice avait préféré ne pas prendre de risques et le piéger s'il se décidait à revenir bien sagement. Cependant, Zibulinion était décidé à ne pas se laisser faire et il expulsa toute la colère qu'il avait accumulé au fil des mois contre la paroi du mur qui vola en éclat.
– Peut-être que l'on pourra se téléporter dans la pièce d'à côté, annonça-t-il.
Folebiol et Waltharan échangèrent un regard et le suivirent sans mot dire, enjambant les gravats.
Il n'y avait rien à côté, c'était une cellule semblable. Cependant, avant qu'ils ne se lancent dans une nouvelle tentative de téléportation, des pépiements énergiques tout proches les arrêtèrent.
– Qu'est-ce...? commença Waltharan.
– C'est mon oiseau.
– Celui que tu as reçu en première année ? s'étonna Folebiol. Il fait beaucoup de bruit pour sa taille...
– Oui, mais il a sacrément grandi. La directrice me l'avait confisqué... Je vais ouvrir un passage.
– Vas-y plus doucement que tout à l'heure où tu risques de le blesser, conseilla Folebiol.
Zibulinion perça un simple trou qu'il élargit avec précaution. L'oiseau au plumage arc-en-ciel était plus grand encore que la dernière fois où Zibulinion l'avait vu. Il était devenu immense et il occupait toute la pièce dont les murs étaient recouvert de feuilles – la plante  – et le sol, de pièces brillantes.
– C'est hallucinant ! s'exclama Waltharan tandis que Folebiol demeurait bouche bée.
– Oui, j'ai cru comprendre que cela ne faisait pas ça, en temps naturel.
– Tu veux les emmener avec nous ? demanda Waltharan.
Zibulinion hocha la tête. Eux aussi méritaient d'être libéré.
– Je vais réduire la taille de l'oiseau, offrit Folebiol.
– Et moi celle de la plante, déclara Waltharan.
Zibulinion se chargea donc des pièces, réduisant leur taille à celle de poussière qu'il glissa dans une bourse.
A eux trois, ils eurent vite finis et purent effectuer une nouvelle téléportation qui hélas n'aboutit pas.
Il y avait des barrières et des protections qui protégeaient l'accès à l'ancienne prison de Zibulinion.
– C'est différent d'avant, non ? demanda Waltharan.
– Oui, et ça, je sais comment les franchir.
– Le fruit de tes études forcées ?
Zibulinion hocha la tête à la question du fée des plantes et lui tendit la main.
– Je nous téléporte et je force le chemin en même temps.
– Nous trois d'un coup, ce n'est pas trop ? s'inquiéta Folebiol.
– J'en suis capable. Je suis quasi-certain que les deux pièces ne sont pas loin l'une de l'autre. Validocielle m'y a téléporté sans effort.
– Et pour en repartir, tu as une idée ? s'enquit Waltharan.
– Je compte sur vous, répondit Zibulinion en leur serrant les mains.
Entouré de ses amis, il se sentait fort.

lundi 29 septembre 2014

Le garçon fée - 238

Quand lundi arriva enfin, Zibulinion était dans un état de stress intense. En compagnie de Folebiol, Zurmmiel, Joathilde et Neyenje, ils attendirent le bus qui les emmènerait à l'école des fées.
Neyenje charma la conductrice pour qu'elle les laisse monter, même si l'un comme l'autre n'étaient plus considérés comme des élèves de Valeaige.
Les passagères poussèrent la conductrice à accepter. Si elles se moquaient de Zibulinion, elles étaient ravies de la présence de Neyenje parmi elle. Cela faisait un peu moins d'un an qu'il avait quitté l'école, et quasiment toutes les fées du bus le connaissaient, pour certaines intimement. Neyenje récompensa leur enthousiasme en leur promettant à toutes un baiser.
Cela faisait partie du plan. Il était supposé mettre à profit ses talents de séducteur et attirer à lui le plus de fées possible à la sortie du bus, le but étant de mettre un tel bazar que Validocielle serait obligée d'intervenir et ne serait pas à même de s'occuper de Zibulinion. Lalloréa avait été contre que Neyenje doive ainsi donner de sa personne, mais le jeune homme avait su la convaincre en acceptant qu'elle organise enfin leur dîner de fiançailles, tradition féerique qui officialisait l'union à venir.
Durant le trajet, Zurmmiel et Joathilde, même s'ils n'étaient pas très contents d'avoir été mis à l'écart du plan des grands, se montrèrent bavards, procurant une distraction appréciable à la situation.
A la sortie du bus, Waltharan les accueillit ainsi qu'une tonne de filles. Neyenje l'avait en effet chargé en rêve de répandre la rumeur de sa venue et de sa distribution de baisers à grande échelle.
Le fée des plantes prit brièvement Zibulinion dans ses bras.
– Je suis content de te voir.
– Désolé pour le mode de contact.
– Ça va, c'est pour la bonne cause. Es-tu sûr que tu ne veux pas que ce soit moi qui téléporte Folebiol ? Je ne suis pas un expert, mais tu es blessé...
– Non, c'est bon, j'ai la forme, même si la peau me tire au niveau de la taille. Tu ne connais pas le lieu de destination et même si tu as appris la téléportation en cours, nous ne sommes pas certains de la distance par rapport à l'école. Je vais te transmettre une image mentale.
Zibulinion colla son front à celui de Waltharan, ne pouvant s'empêcher de se rappeler de toutes les fois où Relhnad l'avait touché ainsi également pour des motifs magiques. Il prit ensuite les mains de Folebiol qui ne se déroba pas à son contact. Il semblait enfin avoir digéré que Zibulinion était attiré par la gente masculine et ait été amoureux de lui, il y a longtemps.
Ils se retrouvèrent tous les trois dans le silence de la prison de Relhnad, loin de la foule de fées  excitées qui se pressaient pour atteindre Neyenje.
La pièce était vide. Zibulinion s'en était douté, mais fut tout de même déçu.

vendredi 26 septembre 2014

Le garçon fée - 237

Folebiol débarqua dans la demi-heure qui suivit le coup de fil avec sur ses talons Lavicielle, mais aussi Zurmmiel et Joathilde dont il s'empressa d'expliquer la présence tandis que les deux enfants se jetaient sur Zibulinion :
– Désolé. Ils étaient là lors de l'appel et ils ont entendu ton nom et ils ont absolument voulu venir. Par ailleurs, c'est moi qui les garde, mes parents étant chez le médecin pour la petite dernière. Lavicielle et Joathilde sont venues passés le week-end à la maison.
– Neuf ans et déjà une amoureuse, pas mal ton petit frère, commenta Neyenje.
– C'est mon amie ! Les affaires de cœur des grands, c'est nul et puis c'est dégoûtant quand ils se font des bisous baveux ! protesta Zurmmiel.
– Je suis content d'être fils unique, répliqua Neyenje.
Les enfants étant là, Zibulinion offrit une version édulcorée de ce qui lui était arrivé. Point de torture et de duels mortels ! Cependant, même comme ça, il était clair que la directrice s'était fort mal comportée.
Comme il était tard, Folebiol et Lavicielle durent repartir assez vite pour coucher les deux enfants qui n'étaient bien sûr pas pressés de partir, trop contents de voir Zibulinion après avoir longtemps étaient laissés dans le flou à son sujet.
– Je t'aiderai sans faute, assura Folebiol au moment du départ.
– Moi aussi ! s'exclama Zurmmiel, mais son frère le fit taire.
– Toi, tu es trop petit.
Zibulinion aurait aimé exposer ses idées plutôt que d'attendre le lendemain, mais lui non plus ne tenait pas à impliquer les deux enfants.
Après une courte discussion, il fut décidé que Zibulinion dormirait chez Lalloréa. Neyenje, lui reviendrait également au matin. Il s'attarda cependant pour examiner la blessure de Zibulinion qu'il soigna.
– Tu risques de garder une cicatrice, annonça-t-il avant de déposer au coin des lèvres de Zibulinion un baiser qui fit râler Lalloréa. Neyenje, toujours aussi charmeur, embrassa alors la fée dorée à pleine bouche avant de déclarer :
– Sois gentille, mon amour.
Cela eu son petit effet, car une fois qu'elle eut raccompagné Neyenje à la porte, Lalloréa alla jusqu'à border Zibulinion dans le lit de la chambre destinée des enfants.
Il y avait décidément une drôle de dynamique entre Neyenje et elle, loin de la complicité qui unissait Folebiol et Lavicielle, loin de sa propre relation avec Relhnad, preuve que chaque couple était différent.
Zibulinion qui craignait avoir du mal à s'endormir, ne tarda pas à être emporté par le sommeil, l'épuisement gagnant sur l'inquiétude.
Il se réveilla toutefois aux aurores, et sa première pensée fut pour Relhnad. Ce dernier souffrait-il comme lui de la blessure ?
Quand Neyenje arriva aux alentours de dix heures du matin, Zibulinion ne tenait plus en place. Il avait besoin d'agir.
Neyenje commença par le soigner à nouveau sous la surveillance de Lalloréa, puis tira de sa poche une enveloppe rouge.
– Cela vient de Validocielle, ce qui est une mauvaise nouvelle en soi, puisque ça signifie qu'elle sait plus ou moins où tu es... J'ai essayé de l'ouvrir, mais je n'ai pas pu, elle est scellée de façon à ce que seul le destinataire puisse y parvenir.
Zibulinion déplia la lettre qu'elle contenait, la gorge nouée. Une mèche de cheveu de Relhnad y était jointe. Neyenje et Lalloréa se penchèrent  pour lire en même temps que lui.

Cher Zibulinion,
J'ai récupéré votre professeur bien-aimé bien mal en point, ce qui ne m'empêche nullement de le fouetter. 
Si vous souhaitez ne pas prolonger ses souffrances, je vous conseille de rentrer gentiment à l'école, de l'endroit dont vous vous êtes enfuis et sans ameuter vos amis, et ce, dès que vous aurez pris connaissance de ce message.

V.


– Ne lui obéis surtout pas, sinon, vous ne vous en sortirez jamais, dit Neyenje
– Mais... commença Zibulinion.
– Autrement, votre évasion n'aura servi à rien, coupa Neyenje.
– Expose-nous plutôt ton plan de sauvetage, enchérit Lalloréa.
– J'ai réussi à prévenir Waltharan qui rêvait de ton alter ego féminin.
– C'est quoi cette histoire encore ? demanda la fée dorée.
– Ce n'est pas le moment d'en parler, coupa Zibulinion, trop angoissé pour Relhnad pour se soucier de froisser Lalloréa.
– Rien d'important, ajouta Neyenje.
Le tintement de la sonnette empêcha la fée dorée de creuser davantage. C'était Folebiol qui arrivait. Zibulinion expliqua comment il comptait sauver Relhnad. Hélas, une fois qu'ils eurent peaufiné, vu et revu tous les éléments de leur plan, il ne lui resta plus qu'à se ronger les sangs. Pour que cela marche, ils devaient en effet attendre le début de la semaine de cours.

jeudi 25 septembre 2014

Le garçon fée - 236

– Tu t'es libéré de l'affreuse ?
– Oui, mais...
Zibulinion s'apprêtait à détailler ce qui s'était passé, quand Lalloréa intervint et rapporta les choses à sa façon. Cela manquait d'exactitude, le récit étant de seconde main, cependant, dans les grandes lignes, tout y était : les longues semaines passées à étudier dans une petite pièce souterraine coupée du monde, Relhnad capturé et torturé, les duels à mort, la manière dont Zibulinion s'en était tiré, écopant d'une blessure et leur évasion par téléportation.
– Cela me flatte que tu sois venu te réfugier chez moi plutôt que Folebiol ou Waltharan.
– Ne sont-ils pas à l'école ?
– Nous sommes samedi. Waltharan y est sans doute, mais pas Folebiol.
– Mais toi, tu travaillais ?
– Oui, il y a surtout des effacements à faire le week-end. Les gens ont du temps libre, les fées sont plus négligentes, si bien que c'est plus chargé qu'en semaine. C'est d'ailleurs pourquoi personne ne fait jamais le samedi et le dimanche.
– Ah...
– Oui, je sais, tu me l'as écrit, tu n'apprécies pas que je joue avec la mémoire des humains, mais je t'assure que j'efface et modifie le minimum, juste pour que l'existence de la fée soit oubliée.
Tout en continuant à trouver cela exagéré, Zibulinion, avec tout ce qu'il avait lu ces dernières semaines, comprenait maintenant que ce n'était pas sans raison que les fées souhaitaient garder leur existence secrète : les humains étaient majoritaire et nombreux parmi ceux qui s'imaginaient que la magie pouvait tout, auraient tenté d'asservir les fées.
– Je ne débattrai pas le sujet avec toi. Je suis venu chercher ton aide, je pense que Relhnad a été à nouveau capturé.
– Ton chéri... Mon plus grand rival à l'école qui n'en était pas vraiment un...
– Que veux-tu dire par là ? demanda Lalloréa.
– Que Relhnad étant attiré par la gente masculine, que le nombre de filles en pâmoison devant lui, n'avait guère de sens.
– Tu ne sous-entends pas que le professeur de sorts beau à couper le souffle, ne s'intéresse pas aux filles ?
Zibulinion intervint :
– Là n'est pas la question.
– Bien sûr que si, le réprimanda Lalloréa. J'en connais certaines qui vont être dégoûtées.
– Tu n'as pas à en informer qui ce soit, répliqua Zibulinion.
– Et pourquoi pas ?
– Lallé ! Tu réalises que tout ça n'a pas d'importance en comparaison avec les manigances de Validocielle ? souligna Neyenje.
– Ça va, ça va, murmura Lalloréa avec une délicieuse moue.
– Écoute, je vais téléphoner à Folebiol pour qu'il vienne. Plus nous serons sur le coup, mieux ce sera, n'est-ce pas ?
– Oui, s'il-te plaît. Et pour Waltharan, tu voudras bien le contacter par le biais des rêves ? Même s'il ne pourra pas répondre, il t'entendra.
Zibulinion savait que cela ne plairait pas au fée des plantes, mais espérait qu'il lui pardonnerait puisque cette fois, c'était Neyenje qui irait.
– OK. Tu as déjà un plan d'attaque ?
Zibulinion avait une ébauche, mais c'était encore nébuleux dans son esprit.

mercredi 24 septembre 2014

Le garçon fée - 235

Il hésitait toujours sur le pas de la porte quand Lalloréa arriva, portant un manteau de fourrure pailleté d'or.
– Qu'est-ce que tu fabriques ici ? Je croyais être débarrassée de toi ! Je ne veux plus que tu t'approches de Neyenje, il me parle trop de toi ! s'écria-t-elle, en le fusillant du regard.
– J'ai besoin de son aider pour sauver celui que j'aime.
Cela calma Lalloréa qui se montra toute de suite moins agressive.
– Aux dernières nouvelles, tu avais disparu. Que s'est-il passé au juste?
– C'est long et compliqué.
– J'ai rendez-vous avec Neyenje, mais je suis en avance d'une grosse demie-heure.
– Tu n'as pas la clef, par hasard ?
– Non, répondit la fée dorée d'un ton pincé.
Poireauter encore trente minutes ne disait rien à Zibulinion qui, à défaut d'agir, aurait voulu se poser.
Par ailleurs, s'il restait au même endroit, Validocielle aurait plus de chance de le retrouver. En même temps, si elle avait de nouveau Relhnad en son pouvoir, elle se doutait qu'il reviendrait pour lui, alors peut-être ne le cherchait-elle plus.
– J'étais prisonnier et je me suis échappé, tenta-t-il d'expliquer.
– Nous pouvons aller chez moi, je laisserai un mot à Neyenje.
– Cela ne te dérange pas ?
– Bien sûr que oui, patate ! Mais tu as une sale tête et Neyenje me le reprocherait pendant cent cinquante au moins, or je l'ai presque convaincu d'officialiser nos fiançailles par un dîner.
Zibulinion la suivit donc, et la laissa faire la conversation tandis qu'il tournait et retournait dans sa tête comment empêcher Validocielle de  continuer à pourrir sa vie et celle de Relhnad.
Une fois dans la maison crème aux volets verts, Lalloréa offrit à Zibulinion de s'asseoir dans un des fauteuils émeraudes surmonté d'une jolie dentelle blanche et s'absenta pour leur chercher du thé.
L'adolescent ferma les yeux une minute. Il avait mal et se demandait ce que devait endurer Relhnad. Il lui était impossible de ne pas s'en faire pour lui.
Un bruit lui fit rouvrir les paupières. Lalloréa était de retour avec deux tasses dorées fumantes.
– Merci, dit Zibulinion, attrapant celle qui lui était tendu.
– Alors, tu me racontes tout ?
Zibulinion n'était pas très motivé. Lalloréa n'était pas du genre compatissante et lui dévoiler sa relation avec Relhnad semblait une très mauvaise idée.
Lalloréa insista :
– C'est qui ton amoureux ? C'est vrai que c'est la directrice de Valeiage qui t'a enfermé ?
A force de questions, Zibulinion fit par pratiquement tout révélé.
– Cela m'étonnerait que Relhnad t'aime en retour, déclara Lalloréa implacable.
Zibulinion ne chercha pas à la convaincre que si. C'était supposé être un secret, après tout. Cependant il pesait à Relhnad. Ce n'était pas pour se vanter, mais il n'avait pas envie de le cacher non plus.
Lalloréa continua :
– Le pauvre, être pris comme ça en otage à cause de tes sentiments, pas de bol pour lui, quand même.
Un tintement musical retentit. Lalloréa se leva précipitamment. Il y eut des éclats de voix en bas, puis Neyenje poussa la porte avec derrière lui, Lalloréa qui râlait.
Le fée aux longs cheveux blond pâle portait un élégant costume crème qui le faisait paraître plus âgé qu'il n'était.
Zibulinion n'eut pas le temps de se lever de son fauteuil que déjà Neyenje se penchait sur lui et l'embrassait sur la bouche, en lui serrant les épaules.
Il n'avait pas mis la langue et si c'était intime, cela n'avait rien d'érotique, mais Lalloréa décocha un regard méchant à Zibulinion qui obligea Neyenje à s'écarter. Il était certain que Relhnad serait furieux s'il l'apprenait comment s'était déroulé leurs retrouvailles.

mardi 23 septembre 2014

Le garçon fée - 234

– Que vous arrive-t-il mon garçon ? Vous allez geler à vous promener ainsi déguisé en plein mois de janvier ? Vous faîtes un ange réussi avec vos ailes, mais vous risquez de vraiment monter au Ciel, si vous ne vous couvrez pas !
Zibulinion regarda la petite vieille qui venait de l'aborder alors que les autres passants l'évitaient. Ses ailes n'étaient pas masquées, comprit-il. Cependant, vu sa tenue, impossible d'imaginer la vérité... A part peut-être pour cette fée qui fonçait droit vers lui.
– C'est mon neveu, prétendit la fée inconnue. Je vais le reconduire à l'asile dont il s'est échappé.
– Oh, fit la vieille.
La fée inconnue voulut le prendre par le bras, mais Zibulinion se dégagea et courut de toutes ses forces. Il avait peur que ce soit une envoyée de Validocielle.
Tout été allé si vite depuis la fin du duel. Pas le temps de réfléchir correctement ! Il savait qu'il avait l'air d'un fou et que tout le monde le regardait, ce qui aiderait Validocielle à retrouver sa trace. Seulement, si une part de lui souhaitait ne pas rendre vains les efforts de Relhnad, une autre s'en moquait, car inquiet pour lui, il aurait voulu retourner à ses côtés, même comme prisonnier.
Assez vite, une ceinture de feu lui brûlant la taille, l'obligea à ralentir - sa blessure que Relhnad avait prise en partie sur lui.
Il se réfugia dans les premiers toilettes publiques qu'il repéra, fatigué. En lui, s'était le chaos, mais il s'efforça de se calmer. Il commença par appeler à lui sa baguette et découvrit qu'elle avait été ressoudée, même si l'endroit de la cassure restait visible. Il convoqua ensuite des vêtements chauds et des chaussures et masqua ses ailes. Il se soigna, hésita à altérer son apparence, puis y renonça. Il se sentait faible à présent. Il voulait tirer Relhnad des griffes de Validocielle et la mettre hors d'état de nuire définitivement, mais pour cela il lui fallait de l'aide. A en croire la vieille dame, on était déjà en janvier et puisque les décorations de Noël avaient déjà été rangé, ce la permettait de déduire, qu'on était plutôt vers la fin du mois. Folebiol et Waltharan devaient être à Valeaige... Il pouvait en revanche contacter Neyenje.
Comme il ne savait pas exactement où il était, Zibulinon effectua un sort de repérage, puis décida de cesser d'user de magie dès fois que cela aide Validocielle à le repérer. Il prit donc le bus pour se rendre chez son ami. Une douleur diffuse pulsait au niveau de sa taille. Courir avait été de trop.
L'immeuble était aussi luxueux que dans son souvenir. Le portier fit quelques difficultés à le laisser monter, comme il n'avait pas été prévenu, mais finit par accepter.
Zibulinion sonna à la porte de Neyenje sans obtenir de réponse. Que faire ? Il n'avait pas fait attention à l'heure. Il était arrivé à la nuit tombante, mais cela ne voulait pas dire qu'il était tard pour autant, les journées étant courtes en hiver.

lundi 22 septembre 2014

Le garçon fée - 233

Le sort fonctionna toutefois à merveille et lui et Relhnad se retrouvèrent sur le canapé du chaleureux salon du père de Zibulinion, enfin libres. Dehors, un pâle soleil brillait.
– Zibu... Nous sommes chez ton père ?
– Oui. C'est le premier lieu qui m'est venu à l'esprit et qu'elle ne connaissait pas à la différence de l'appartement de ma mère ou du vôtre.
– Il faut qu'on sorte le plus vite possible. Validocielle ne tardera pas à nous rejoindre. Je vais brouiller les pistes pour lui faire croire que notre point de chute était dans l'épicerie féerique qui est tout près d'ici. Sinon, ton père risque gros.
Zibulinion se mordit la lèvre. Il n'avait pas pensé qu'elle pourrait le suivre aussi facilement.
– Tiens, prends ma tunique et partons d'ici.
Il l'ôta, dévoilant son torse d'albâtre zébré de vilaines marques rouges ainsi qu'un large bandage ensanglanté autour de sa taille.
– Vous... commença Zibulinion.
– Je nous téléporte dans l'épicerie, coupa Relhnad, en l'attirant contre lui.
En un instant, le décor autour d'eux changea et ils furent le point de mire de tous les regards des clientes ailées de la boutique aux étagères remplit de bocaux colorés.
– Tu dois fuir, Zibu. C'est toi qu'elle veut. Je ne suis pas en état de te suivre, j'ai dû prendre une partie de ta blessure sur moi pour te soigner, car elle ne voulait pas se résorber, expliqua Relhnad précipitamment d'une voix altérée. Ne t'en fais pas pour moi, ajouta-t-il avant de l'embrasser.
Et de le téléporter.
Zibulinion cligna des yeux. Il reconnut les étagères de fer tordu avec art de la librairie  « La plume des fées. » Il était à nouveau le centre d'attention des fées présentes, excepté qu'il était seul désormais. Relhnad s'était sacrifié pour lui. Revenir en arrière pour lui ? C'était difficile, car il ne se représentait pas clairement l'épicerie... Se téléporter chez son père ? Cela aurait compromis le brouillage de piste et le mettre en danger ? Et si jamais Validocielle avait déjà recapturé Relhnad ?
Zibulinion aurait aimé remonter le temps et choisir un autre point de chute que la maison de son père ou bien avoir fait goûter à Validocielle son sort de fausse mort plutôt que prendre la fuite, seulement la magie elle-même avait ses limites et s'il l'on pouvait voyager dans le temps pour quelques minutes, on ne pouvait revenir dans sa propre ligne de vie.
– Tout va bien ? vint-lui demander une vendeuse.
C'est sûr qu'il avait une drôle d'allure en tunique et pieds nus. Zibulinion hocha la tête et quitta en hâte les lieux, suivi de commentaires auxquels il ne prêta pas attention. Il essayait de se persuader que même s'il avait pris des décisions différentes, le résultat n'aurait pas été forcément meilleur. Relhnad, dans tout les cas, eut été en mauvais état et Validocielle aurait pu déjouer son sort.
Dans la rue, il faisait froid et sous ses pieds, le trottoir était rugueux et glacial. Il se mit à grelotter.

vendredi 19 septembre 2014

Le garçon fée - 232

Rehlnad était penché au-dessus de lui, pâle, le front plissé, mais arborant un léger sourire. Il avait les mains posées sur le ventre nu de Zibulinion qui ne portait qu'un slip.
Cela aurait pu être un beau rêve si la voix de Validocielle n'avait pas retenti :
– Alors, il vivra ?
– Oui, confirma Relhnad.
L'adolescent se rappela du duel et de la terrible blessure qu'il avait reçu. La douleur avait disparu et il avait la sensation d'être dans du coton.
Qu'est-ce qui s'était passé ? Où était-il ? La tête de Validocielle apparut dans son champ de vision, donnant à Zibulinion l'envie furieuse de refermer les yeux.
– Vous avez enfin repris conscience. Vous serez heureux d'apprendre que vous avez gagné de justesse. Dès que vous serez remis, nous pourrons passer à la phase suivante. Les sorcières souhaitent un dernier duel, mais nous sommes désormais en position de force, même si votre victoire manquait sérieusement d'éclat.
– Fichez-lui la paix. A cause de vous, il a failli mourir, intervint Relhnad.
Zibulinion se sentait étrangement en forme pour quelqu'un qui avait été mortellement blessé, mais il avait l'intime certitude que sans les soins de Relhnad, il aurait très bien pu ne pas se réveiller, autrement, pourquoi Validocielle et ses amies ne s'étaient pas débrouiller pour le soigner ?
– Oh, vous fermez-là. Votre bien-être dépend de l'obéissance de Zibulinion, autrement vous ne m'êtes d'aucune utilité, à moins de vendre votre semence auprès de fées désespérées de ne trouver de partenaire fée.
Pendant que Validocielle se lançait dans un grand discours dont il ressortait son désir de dominer le monde, Zibulinion prenait mesure de ce qui l'entourait. Ils n'étaient pas dans sa prison, mais dans celle de Relhnad qui portait des habits qui ne semblaient pas lui appartenir : une tunique blanche dans lequel il flottait et un pantalon violet trop large.
Il était clair que Validocielle n'avait pas la moindre intention de les libérer, et comptait continuer à les exploiter. Puisqu'il n'était pas dans cette fichue pièce où les sorts rebondissaient et qu'il avait encore de l'énergie magique à revendre, le duel ayant été fort bref au final, Zibulinion se dit que c'était l'occasion ou jamais.
Il se redressa d'un coup, attrapa les mains que Relhnad avait gardé sur lui et tenta de les téléporter loin de la directrice et de ses folies. Ce n'était pas gagné parce qu'il n'avait jamais emmené quelqu'un avec lui et de surcroît pour une aussi longue distance, mais à situation désespérée, mesure équivalente.

jeudi 18 septembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 42

Merwan était déprimé. Il s'était beaucoup entraîné avant de parler à Pieuvre dans le langage de ce dernier, mais le résultat avait été nul. Il était pourtant quasi-certain d'avoir tout bien prononcé, seulement il n'avait rien compris aux réponses de Pieuvre qui avait sonné comme  du charabia à ses oreilles, pour ne pas changer. L'alien avait bidouillé un truc sur la télévision au lieu d'aller comme d'habitude faire trempette dans le bassin, preuve que sa question n'avait pas été saisie ou ne voulait pas dire ce qu'il croyait. C'était dur d'apprendre juste en écoutant et regardant l'écran et de déduire que tel gargouillis signifiait « bonjour » et tel autre « bain. »
C'était frustrant. Il mourait d'envie de pouvoir parler avec Pieuvre. Ses lèvres étaient brûlantes là où il les avait touchées. Merwan gémit. Sa prise de conscience sur la nature de ses sentiments le rendait plus sensible. C'était à en devenir fou.

Le lendemain, Merwan prit le comprimé que lui offrait Pieuvre et accompagna ce dernier à l'épreuve, désireux de ne pas rater la petite caresse sur ses cheveux que l'alien  lui donnait avant de partir.
Merwan se retrouva ensuite seul avec rien à faire. Découragé par son échec monumental de la veille, il ne comptait pas regarder la télévision. Cependant, au bout d'un moment à tourner en rond, à se souvenir de sa vie d'autrefois inatteignable, à Tom et ce qu'il lui avait dit et fait, à la pauvre Anouchka et au nombre de jours qui le séparait du check-up de Pieuvre, il alluma.
Quelques minutes de visionnage suffit à lui faire réaliser que c'était une chaîne spéciale. Le présentateur pointait les objets et répétait la même chose deux fois.
Merwan poussa un grand cri de joie. Cela ne pouvait pas être une coïncidence que Pieuvre ait touché à la programmation avant son bain, après la tentative de Merwan pour communiquer avec lui.
Tout à son apprentissage, Merwan ne vit pas la journée passer. Il y était encore quand Pieuvre rentra. Merwan résista à l'envie d'étaler ses nouvelles connaissances  : il voulait s'améliorer avant de se lancer afin que les choses ne tournent pas court comme la veille. Heureux, il vint toutefois déposer un baiser sur la tête triangulaire de Pieuvre, une façon non verbale de le remercier.
L'alien lui dit quelque chose dont tout ce que Merwan comprit fut « Bonsoir. » C'était peu, mais c'était déjà formidable.

                                         *
Les tentacules de Zyxxx frémirent. Bimm n'était plus farouche depuis un moment, mais qu'il vienne le toucher comme ça était une première. Ce n'était définitivement pas une attaque, alors, ce devait être une marque d'affection.

mercredi 17 septembre 2014

Le garçon fée - 231

– Viens, je te ramène.
– Tu la gardes sous clef ou quoi ? demanda l'une des fées, celle dont la robe rose était en soie pastel et dont les cheveux était d'un blond clair.
Elle ne croyait pas si bien dire. Zibulinion se laissa faire. Entre le stress, un usage intensif de multiples sorts et la création d'un, il n'était pas en état de protester.
Avant que Validocielle ne les téléporte dans sa chambre-prison, Zibulinion vit les sorcières enfourcher leur balai, portant entre elles le corps d'Antenhyo.
– Vous avez gagné. Ce n'était pas si difficile que ça ! D'ici trois jours, il y aura un autre duel. Reposez-vous bien en attendant.
Zibulinion cligna des yeux.
– Non, souffla-t-il.
C'était supposé être fini...
– Vous ne pensiez tout de même pas qu'un seul petit duel  suffirait à établir la suprématie des fées. Vous serez face à une sorcière aguerrie cette fois.
– Et après ce sera bon ? Vous allez libérer Relhnad ?
– Nous verrons. Cela dépend de vous. C'est un bon professeur, mais sans lui, vous risqueriez de ne pas mettre autant de cœur à l'ouvrage.
Là-dessus, elle s'éclipsa. Zibulinion pesta contre elle dans le vide. Il avait été naïf de croire que tout serait terminé après le duel à mort. Il avait bien pensé qu'elle ne le lâcherait pas dans la nature, mais s'était imaginé qu'elle libèrerait au moins Relhnad, sauf que vu la manière dont elle l'avait traité, c'était impossible...

Durant ses trois petits jours de répit, Zibulinion tenta encore de s'évader, se maudissant de ne pas y parvenir, mais finalement, il fut reconduit au même amphithéâtre en ruine qui gardait les traces du précédent duel : herbes roussies, zones noircies et sol défoncé par endroits. C'était sinon les mêmes silhouettes de sorcières encapuchonnées, les mêmes fées rose bonbon, les mêmes présentations et la même envie d'être ailleurs. Le cauchemar se répétait, excepté qu'il savait comment y mettre fin sans effusion de sang.
Zibulinion paré des traits d'Aurobika se mit sur la scène, en face d'une sorcière d'une quarantaine d'années au longs cheveux noirs en aile de corbeau et au maquillage violacé impressionnant qui agrandissait ses yeux et sa bouche.
Le duel commença. Zibulinion avait escompté lancer un sort offensif mais non dangereux et dans la foulé celui donnait l'apparence de la mort, le premier devant masquer la vérité sur le second. Cependant, elle fut plus rapide que lui. Elle lui arracha sa baguette avec un sortilège si vif qu'il n'eut le temps de le contrer et la brisa net entre ses mains. Zibulinion se courba sous l'effet de la douleur, le souffle coupé, c'était comme si c'était lui qui avait été coupé en deux.
– Ça t'apprendra à te lier avec ta baguette !
Comment avait-elle su ? Malgré l'illusion qui enveloppait son bâtonnet de verre, s'était-il trahi lors du duel avec Antenhyo au moment de la création du sort ? Relhnad l'avait averti du danger... Il souffrait terriblement.
Elle prononça une malédiction pour l'achever. Zibulinion se protégea de justesse, toujours plié en deux, une main sur son ventre qui saignait.
La sorcière jeta à terre la baguette cassée et la piétina allègrement en ricanant.
– Tu n'est décidément pas à la hauteur.
Zibulinion tomba, incapable de tenir
plus longtemps debout. Ses paupières se fermaient d'elles-mêmes. Tout devenait flou. C'était la fin. Les mots du sort salvateur tourbillonnèrent de façon chaotique dans sa tête et il sombra.

mardi 16 septembre 2014

Le garçon fée - 230

– Pas fichue de m'atteindre, hein ! se vanta Antenhyo en lui balançant une volée de flèches.
Zibulinion fit apparaître une cible dans laquelle elle se fichèrent, mais elles laissèrent hélas échapper différents sortilèges : une fumée poisseuse, un millier de fourmis rouges, une odeur pestilentielle et étouffante.
Zibulinion contra avec un grand vent parfumé accompagné d'un paquet de fourmiliers en toussant et se trémoussant à cause des bestioles qui lui avaient grimpé dessus.
Il n'allait pas tenir. Il fit pleuvoir des paillettes sur Antenhyo et changea la couleur de ses vêtements en rose. C'était inoffensif, mais il savait que le sorcier ne le supporterait pas et en effet, Antenhyo au lieu de chercher à lui nuire, s'efforça de se débarrasser de ces « trucs de fées. »
Zibulinion en profita pour souffler et réfléchir. Hélas, Antenhyo se tira vite d'affaire. Zibulinion le perturba avec une pluie de pétales de fleurs. Le sorcier riposta en lui faisant tomber dessus un paquet de grosses pierres. Zibulinion enchaîna plusieurs sorts, réduisant la taille de certaines, changeant d'autres en animaux et  modifiant le poids des restantes pour les rendre plus légères que des plumes.
Ce qu'il aurait voulu pour cet affrontement, c'était une fin heureuse, digne d'un conte de fées. Malheureusement, les fées tenaient ici le mauvais rôle aux côtés des sorcières et il n'y avait point de prince charmant ou merveilleuse princesse à l'horizon... Des souvenirs de contes lui traversèrent l'esprit : dans deux d'entre eux, deux héroïnes étaient comme mortes sans l'être vraiment, Blanche-Neige et la Belle au Bois Dormant...
Zibulinion contra un rayon maléfique et s'isola dans une bulle protectrice qui, l'espérait-il, tiendraient face à tous les sortilèges mortels dont l'honorait Antenhyo. Il avait besoin de temps pour faire éclore l'idée salvatrice qui avait germé en lui.
La bulle ne tarda pas à exploser, mais le délai avait suffi à Zibulinion, car le sort était au fond d'une simplicité enfantine. Qu'il prenne l'apparence de la mort dont seul un baiser pourra le réveiller.
Antenhyo s'effondra aussitôt. Zibulinion, complètement vidé, mais terriblement soulagé se laissa glisser au sol.
Les sorcières se précipitèrent vers leur candidat tandis que le groupe des fées se séparait en deux, l'un pour vérifier l'état du sorcier, l'autre pour s'enquérir de celui de Zibulinion. Dame Nature soit louée, Validocielle avait choisi d'aller voir l'adversaire. Les fées le soignèrent d'un coup de baguette.
– Il est mort, entendit-il et juste après les fées le félicitèrent.
C'était atroce. Zibulinion espéra que son sort avait fonctionné correctement et qu'un baiser réanimerait bien Antenhyo.

lundi 15 septembre 2014

Le garçon fée - 229

Dans un état second, suivant les consignes qui lui étaient données, Zibulinion se plaça au centre de la scène herbeuse de l'amphithéâtre tandis que les fées et sorcières qui avaient orchestré le duel allaient tranquillement s'asseoir dans les gradins, chaque groupe à distance respectable de l'autre : pas question de se mélanger pour elles, leur inimité était évidente !
Antenhyo, à dix pas de lui, distance qu'ils devaient respecter en toutes circonstances, piaffait d'impatience. Il n'avait jamais caché le dégoût que lui inspiraient les fées, mais de là à accepter d'en tuer une pour prouver que les sorcières étaient supérieures...
– Que le duel commence, annoncèrent de concert les organisatrices, empêchant Zibulinion de réfléchir plus avant aux motivations d'Antenhyo.
Une énorme boule noire jaillit de la baguette du sorcier. Zibulinion la bloqua avec un bouclier magique, sort qu'il avait appris dans un des nombreux livres donnés par Validocielle.
Il déjoua une série d'attaques d'Antenhyo, ne faisant que se défendre, sans pouvoir se résoudre à tenter de blesser son adversaire. C'était Antenhyo en face, même si ce dernier n'hésitait pas à lui envoyer des projectiles mortels à la figure.
Le sorcier invoqua un monstre que Zibulinion s'empressa de transformer en inoffensive créature. Il échoua cependant à esquiver totalement le sortilège coupant comme une lame de rasoir qui lui érafla le bras. C'est là qu'il réalisa qu'il lui fallait riposter sous peine de mourir... Il aurait aimé lui faire comprendre que c'était lui, la fée à double visage qu'Antenhyo connaissait, mais prendre sa véritable apparence ou celle de Noinilubiza, n'était-ce pas risquer le courroux de Validocielle et de nouvelles souffrances pour Relhnad qui était à la merci de cette dernière ? Rien ne garantissait en plus que cela arrête Antenhyo...
– Mange-toi ça, miss paillettes !
Une nuée grise fonça sur Zibulinion qui la renvoya aussi sec à son propriétaire qui la dissipa avant de jeter un nouveau sortilège. Même si Antenhyo semblait aussi puissant que lui, n'allaient-ils pas s'épuiser à force ? Est-ce que le duel serait mis en pause s'ils y étaient encore à la tombée de la nuit ? Ou alors faute d'énergie magique, serait-ils obligés de reprendre l'affrontement plus tard ? Seraient-ils déclarés ex-æquo ?
Une flamme lui brûla la main et Zibulinion faillit lâcher sa baguette. Il devait se concentrer. Il se soigna en hâte, enchaînant dans la foulée sur un sort de protection contre la foudre d'Antenhyo. Les éclairs furent déviés en direction des spectatrices qui les projetèrent ailleurs. Un instant le combat s'interrompit pendant que fées et sorcières exprimaient leur mécontentement. Zibulinion qui n'avait bien sûr pas fait exprès, ressentit un certain plaisir à les avoir dérangées, car c'était à cause d'elles qu'il était coincé dans ce duel mortel. Grande d'ailleurs était la tentation de diriger ses attaques vers elles plutôt que vers Antenhyo, excepté qu'à elles toutes, elles n'auraient eu aucun mal à se défendre et il avait déjà bien assez à faire pour empêcher le sorcier de le réduire en cendres.

vendredi 12 septembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 41

Après la visite de Wyvvv, Bimm fut très silencieux. Il n'était jamais redevenu aussi bavard qu'il avait pu l'être à ses débuts au zoo, mais il s'était remis à produire des sons de façon fréquente après un temps d'acclimatation à son nouvel environnement. Zyxxx qui avait invité d'autres amis à venir, préféra décaler et s'efforça aussi de passer plus de temps avec Bimm, rentrant directement après son travail à la clinique vétérinaire.
Quelques jours plus tard, Bimm rompit le silence de la façon la plus étonnante qui soit :
— Bonjour et bienvenue dans notre émission !
Cet accueil retentissant et inadapté apparentait le bipède avec les doppels, mais cette fois, c'était une phrase entière qui avait un sens...
— Bonsoir. Tu es en forme, Bimm.
— Tu veux un bain ?
Sous le choc, un des tentacules de Zyxxx se noua de lui-même. Chaque soir, en rentrant du travail, il se baignait.
— Tu comprends, ce que je dis ?
Bimm cligna des yeux.
— Merci ? demanda-t-il, inclinant la tête, le front plissé.
Zyxxx lui effleura la bouche. Même si la compréhension n'était pas de mise, il ne pouvait pas mettre tout cela sur le compte du hasard, surtout avec toutes les preuves d'intelligence que le bipède lui avait donné auparavant. Bimm n'était sans doute pas un simple animal et pour le vérifier, il fallait tester ses capacités d'apprentissage.
Bimm ayant à priori repris des phrases entendues à l'écran plafonnier et Zyxxx ne se sentant pas d'enseigner après ses longues journées de travail, il décida de s'abonner à la chaîne éducative pour les étrangers désireux d'apprendre le Tappelnien et les coutumes de la Tappelnie.
Au lieu d'aller se délasser dans l'eau, il paya l'accès à la fameuse chaîne et s'arrangea pour qu'elle se lance par défaut. Il y avait un délai de validation et Zyxxx le regretta, voyant que Bimm se roulait en boule sur sa couverture.
Zyxxx lui apporta une bouteille nutritive colorée, mais Bimm ne fit pas un geste pour la prendre. Zyxxx préféra de ne pas le forcer pour cette fois. Il n'était pas très grave qu'il saute un repas, faute d'appétit, même s'il était hors de question qu'il le laisse mourir de faim.
En attendant, c'était inconfortable de se dire que Bimm appartenait à une espèce évoluée, car dans ses conditions, la façon dont il l'avait traité laissait à désirer et en tant que médecin, il n'avait pas de quoi être fier de ne pas l'avoir repéré plus tôt.

jeudi 11 septembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 40

Bimm les regardait. Ce n'était qu'un animal, mais cela embarrassait Zyxxx que son amie Wyvvv cherche à s'unir à lui devant Bimm.
Wyvvv et lui n'avaient jamais été un couple, et n'avaient jamais songé à se marier, mais ils étaient proches et Wyvvv avait insisté pour qu'ils se lient physiquement parce que sept révolutions plutôt, elle ne trouvait aucun partenaire de confiance, et il avait cédé.
Elle s'était trouvé quelqu'un quand il travaillait au zoo interplanétaire, mais l'autre l'avait abandonné quand elle s'était révélée stérile.
— Montons dans la chambre.
— Pourquoi ?
— Cela nous permet plus de positions, répondit Zyxxx, sans révéler la véritable raison que Wyvvv n'aurait pas compris.
Elle s'était d'ailleurs moquée de lui en apprenant qu'il avait renoncé à son rêve d'ouvrir son propre cabinet de vétérinaire pour sauver un animal étrange qui ne ressemblait à rien.
— Si tu veux, du moment que tu me fasses oublier ma solitude et me fasses sentir que je suis féminine et désirable.
Zyxxx se dégagea de son emprise et se mit à monter le poteau. Wyvvv le suivit et ils reprirent l'ébat interrompu sans que Zyxxx ne puisse oublier Bimm en bas, seul animal de son espèce, privé du plaisir d'être lié à un autre. Pour la première fois depuis qu'il l'avait emmené chez lui, il se demanda s'il avait bien fait de le sortir du zoo.

                                                  *
Merwan les entendait. C'était un chant étrange et mystérieux accompagné de bruits de succions. Les deux aliens étaient en train de s'accoupler. Merwan se mit à faire les cent pas. Il les revoyait se toucher. Il avait envie de la même chose.
« Tu n'es qu'une putain de mec en chaleur. Je suis sûr que tu as adoré te faire baiser par le monstre. »
Tom avait eu raison de le dire et cela faisait atrocement mal parce que cela justifiait en quelque sorte la manière ignoble dont il l'avait traité et ça Merwan ne pouvait pas l'accepter. Tom en lui, sur lui... Y repenser lui donnait des sueurs froides et la nausée. Toujours est-il qu'il aurait voulu être à la place de l'invité alien, caressé par les tentacules de Pieuvre jusqu'à la jouissance. S'il avait été normal, c'est d'un compagnon humain dont il aurait rêvé, mais il était tordu, changé irrémédiablement par ce qu'il avait vécu depuis son enlèvement. Il s'était refusé d'y penser, mais il était à présent obligé de prendre la mesure de son attachement pour Pieuvre. L'alien l'avait soigné et sauvé en l'arrachant au zoo, à Tom et aux regards des spectateurs. Maintenant encore il le nourrissait, le baignait, le traitant avec douceur et gentillesse. Il était devenu le centre de son univers. Sa vie était rythmée par ses allées et venues et en son absence, tout ce que Merwan faisait, c'était d'essayer d'apprendre son langage pour communiquer avec lui. Merwan plaqua les mains sur ses oreilles pour ne plus entendre ce qui se passait en haut dans la pièce aux barres et crochets. Quelque chose n'allait pas chez lui. Il ne pouvait éprouver ce qu'il ressentait pour Pieuvre. Reconnaissance... Désir... Amour pour cet être qui le considérait pourtant comme s'il avait été un chien ou un chat...

mercredi 10 septembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 39

Quand Zyxxx rentra, Bimm était enroulé dans sa couverture, absorbé par les images défilant à l'écran. C'était la chaîne par défaut qui mixait aléatoirement différents programmes informatifs, culturels, humoristiques et dramatiques.
Dès que Bimm remarqua son retour, il se redressa vivement, et la couverture glissa sur le sol.
Zyxxx s'approcha et éteignit, impressionné que Bimm ait su l'allumer. Il s'était rappelé et l'avait imité : une nouvelle preuve de son intelligence. Aimait-il les images colorées, mouvantes et sonores ?  Jusqu'où allait sa compréhension ? Il faudrait qu'il surveille ça, mais pour le moment sa première priorité était de retrouver du travail.
— Désolé Bimm, ce soir, on mange, puis on dort. Demain, j'ai deux entretiens.

                                              *
Pieuvre était tout le temps parti. Il n'oubliait cependant jamais de le nourrir et l'emmenait régulièrement dehors pour de courtes promenades. Il ne manquait par ailleurs jamais de l'examiner quelque chose comme tous les quatre jours, comme au zoo. Chaque fois, Merwan était excité par ses tentacules qui s'enroulaient sur son corps. Il ressentait un plaisir coupable et incontrôlable, quand un des tentacules de Pieuvre glissait dans la raie de ses fesses avant de plonger à l'intérieur.
Pendant ses longues absences, Merwan passait son temps devant la télévision, essayant de trouver un sens à ce qui était dit, s'efforçant de reproduire les sons. Toujours il se réjouissait quand Pieuvre rentrait, car une part de lui craignait toujours qu'il ne l'abandonne.
Souvent il cauchemardait du zoo et croyait être de nouveau dans la cage, tourmenté par Tom. Les insultes de ce dernier le hantait toujours, le rendant honteux du désir que Pieuvre éveillait chez lui à chaque examen. Il s'était toutefois avoué à lui-même qu'il aurait voulu l'alien reste plus longtemps, s'enfonce davantage, caresse son pénis, mais cela n'arrivait jamais.
Être sous le toit de Pieuvre était mille fois mieux que le zoo et il plaignait Anouchka qui était toujours là-bas. Certes, ses longues journées en solitaire n'étaient pas très amusantes et il était confiné au rez-de-chaussé car grimper seul à l'étage s'était révélé impossible, mais il avait quand même plus d'espace que dans sa cage et il n'était pas observé en permanence comme une bête curieuse.

Cela faisait quelque chose comme une vingtaine de jours que Merwan était devenu un animal de compagnie quand Pieuvre reçut un invité. Ou plutôt une. De taille plus modeste que Pieuvre, avec tout autant de tentacules, mais d'une teinte orangée, cet alien essaya de le toucher d'entrée de jeu, mais Merwan esquiva.
Avec curiosité, il les regarda parler et agiter les tentacules, aspirer le contenu d'une bouteille avec. A un moment, l'invitée noua un de ses tentacules autour d'un ceux de Pieuvre, puis un autre et encore un autre. C'était intime. Il n'y avait rien de médical là-dedans...

mardi 9 septembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 38

Quand Zyxxx rentra, il retrouva Bimm assis devant la porte. Le bipède se releva pour le laisser passer, en parfait animal de compagnie. Zyxxx n'avait pas trouvé de tapis, mais une couverture molletonnée qu'il étendit par terre, loin des murs alvéolés. Il attrapa Bimm par le poignet et le mit dessus. Considérant ensuite que l'installation de l'animal était achevé, il se détendit et sirota un jus à l'étage, puis se prélassa dans le bain et enfin revint voir Bimm avant de monter se suspendre pour dormir. Le bipède s'était étendue sur la couverture qu'il avait repliée sur lui.

Le lendemain matin, quand Zyxxx descendit, Bimm était toujours plongé dans un profond sommeil. Prenant garde à ne pas faire de bruit, Zyxxx remonta, et mangea tout en consultant son courrier.
Ses parents lui souhaitaient la bienvenue et manifestaient leur hâte de le revoir. Son frère aîné et sa compagne l'invitaient à dîner. Les amis qu'il avait prévenu de son retour lui offraient la même chose. L'un d'eux, fort obligeamment, lui avait transmis une annonce de poste intéressante dans un prestigieux cabinet vétérinaire.
Zyxxx se mit malgré tout à creuser d'autres pistes. Un bruit l'arracha à sa tâche : Bimm s'était levé, gardant la couverture sur lui. Avait-il froid ? Normalement non et c'était trop encombrant pour qu'il reste dedans. Zyxxx la lui retira avec fermeté et la remit par terre. Bimm esquissa un geste pour la récupérer, puis renonça.
Zyxxx lui tendit de quoi se nourrir. Bimm prit la bouteille et but de lui-même sans que Zyxxx n'eut à le forcer, ce dont il se réjouit.
C'était très bon signe que le bipède s'alimente de lui-même, la preuve indéniable qu'être loin de BM2 lui était bénéfique.
Bimm alla ensuite utiliser le récipient derrière le poteau. Zyxxx choisit de le vider immédiatement.
Bimm retourna sur sa couverture. Il était vraiment sage... et intelligent aussi. Zyxxx n'avait pas eu à lui montrer plus d'une fois où déverser ses déjections.
Zyxxx se replongea dans ses recherches. Il sélectionna six offres et envoya sa candidature pour chaque, vérifiant régulièrement où était Bimm et ce qu'il faisait, mais ce dernier ne bougeait pas.
Zyxxx décida ensuite de s'accorder une pause avant de répondre aux invitations de ses parents et amis. La perspective de les revoir lui plaisait, mais il s'inquiétait pour Bimm qu'il laisserait seul au logis lors de ses sorties.
Il alluma l'écran, choisit la chaîne des sketchs humoristiques et étala confortablement ses tentacules pour regarder.
Bimm, intrigué, se rapprocha  précautionneusement, évitant avec soin de poser les pieds sur Zyxxx.

                                                   *
Les aliens avaient l'équivalent de la télévision. Au plafond, à l'écran, cela agitait les tentacules et papotait. Pieuvre aussi remuait, si bien que l'attention de Merwan était divisé entre ce qui se passait au sol et au plafond. C'était là une posture nouvelle de Pieuvre.
Quand il s'était réveillé, Merwan avait mis un instant à remettre où il se trouvait. Plus de barreaux autour de lui, plus de Tom aux mots blessants, plus d'Anouchka au regard vide et plus qu'un seul alien au lieu de centaines de visiteurs. Le sommeil de Merwan avait été lourd et profond dans cette chaude couverture dans laquelle il avait pu s'enrouler.
Après avoir mangé, il avait enfin réussi à analyser la situation : vu le trajet compliqué qu'ils avaient fait pour venir jusqu'ici, il était probable que Pieuvre avait quitté son emploi au zoo, de là on pouvait déduire que Merwan avait désormais le statut d'animal de compagnie et que Pieuvre était par conséquent devenu son maître.
Merwan se reprit à espérer. Peut-être pourrait-il apprendre le langage de Pieuvre par le biais de la télévision et lui faire comprendre qu'il voulait rentrer chez lui, sur Terre. Il ferait libérer Anouchka et Tom aussi, tout horrible qu'il soit et retrouverait sa petite vie tranquille : son job de caissier, sa baguette de pain frais quotidienne, ses sorties au cinéma, ses soirées entre amis... Tout ce qu'il avait à faire, c'était reprendre des forces et ouvrir grands les yeux et les oreilles.
Malgré tout, Merwan se sentit au bord de la panique quand Pieuvre se dirigea vers la sortie.
— Tu reviens, hein ? C'est chez toi ici, n'est-ce pas ? demanda-t-il.
Un tentacule lui tapota le sommet du crâne, accompagné de quelques mots dont Merwan imagina qu'ils signifiaient quelque chose comme « gentil toutou, sois sage en mon absence »
Après un moment à errer comme une âme en peine au rez-de-chaussé, Merwan se décida à tenter d'allumer la télévision. Écouter attentivement les aliens à tentacules devrait lui permettre d'apprendre.
Après quelques essais infructueux à tâtonner pour trouver la bonne alvéole et appuyer correctement dessus, il parvint à son but.

lundi 8 septembre 2014

Le garçon fée - 228

Le jour du duel arriva sans que Zibulinion ait presque dormi tourmenté autant à l'idée de gagner que de perdre. Tuer quelqu'un, c'était trop cruel et mourir, trop tôt. Et Relhnad que lui arriverait-il en cas d'échec ?
Après moult menaces et recommandations, la directrice conduisit Zibulinion qui avait dû se parer de l'illusion d'Aurobika dans les ruines d'un amphithéâtre moussu et herbu.
Sur la scène, en demi-cercle, conspiraient sept sombres silhouettes encapuchonnées et parmi elles, le sorcier qu'il devait affronter.
Zibulinion ralentit le pas.
– Plus vous traînez, plus vous prolongez la torture de votre professeur chéri, glissa Validocielle à son oreille.
A ce moment, quatre fées descendirent du ciel, battant leurs ailes scintillantes, pour les rejoindre. Elles étaient toutes les quatre belles, au longs cheveux blonds, aux yeux bleus et vêtues de robes roses, quatre fées semblables et pourtant différentes.
– Tu nous l'auras caché longtemps notre candidate.
– Elle a intérêt à gagner.
– Si je n'avais pas vu son oiseau géant...
– Elle ne paie pas de mine.
– Je n'ai aucun doute sur l'issue, coupa Validocielle. Ne perdons pas de temps en bavardage et allons-y.
Les deux groupes s'avancèrent en même temps l'un vers l'autre. Ils étaient un peu comme les pions d'un échiquier, les noirs d'un côté, les roses de l'autre.
Validocielle poussa l'adolescent devant.
– Présente-toi, siffla-t-elle.
Elle lui avait expliqué le déroulement de l'évènement, mais Zibulinion était tellement angoissé qu'il n'arrivait plus à penser correctement.
– Je m'appelle Aurobika. J'ai 18 ans et je suis en 12ème année à Valeaige, déclara-t-il de sa voix modifiée pour paraître féminine.
Il aurait voulu pouvoir se leurrer et prétendre être cette autre, mais sous l'illusion, c'était lui, lui qui était supposé tuer quelqu'un ou mourir dans ses ruines.
Le sorcier qui devait l'affronter se mit en face de lui et ôta sa capuche qui jusque là avait dissimulé ses traits. Zibulinion le reconnut avec horreur.
– Mon nom est Antenhyo. Je suis en dernière année à Daroilak.
Zibulinion serra les dents et les poings. Ne pas crier. Ne pas bouger. Comme si un duel à mort n'était déjà pas une chose assez terrible, il fallait en plus que son adversaire soit quelqu'un qu'il connaisse.

vendredi 5 septembre 2014

Le garçon fée - 227

Duel à mort. A mort.
– Je ne veux tuer personne ! s'écria Zibulinion.
– C'est ça ou mourir.
Zibulinion n'en avait pas plus envie.
– Je préfère encore, déclara-t-il malgré tout, bravache.
– Vraiment ? Ce serait pourtant dommage qu'il arrive malheur à votre délicieuse petite sœur ou à votre professeur adoré, surtout qu'il s'agit d'un duel à la loyale et le sorcier connaît les risques et les accepte.
Il n'était peut-être pas forcé de participer, lui...
– Pas moi ! Et vous ne pouvez pas m'obliger à me battre.
– Au risque de me répéter, le bien-être de Rozélita et Relhnad dépend de vous, je vous conseille de bien réfléchir.
L'adolescent protesta encore sans que la directrice ne réagisse, il la rappela mais Validocielle ne répondit plus.
Zibulinion, anéanti, ne parvint pas à lire ne serait-ce qu'une seule ligne et bientôt, ce fut comme si des centaines d'aiguilles lui rentraient dans le corps. Cette douleur, cependant, n'était rien comparé au déchirement de son cœur. Il ne voulait pas ôter la vie de quelqu'un, mais comment ne pas être inquiet pour Relhnad et Rozélita. Le professeur de sorts était capable de se protéger, mais certainement pas sa petite sœur...
Le lendemain, Zibulinion était toujours torturé, mais étudiait tout de même, quand un « alors ? » de Validocielle, le fit sursauter si fort qu'il en envoya en l'air son livre qui retomba avec fracas sur le sol.
– Je vous en prie, ne faîtes pas de mal à ceux qui me sont chers.
– Dans ce cas, battez-vous et gagnez !
– Mais je...
– Vous n'aimez guère votre demi-sœur en fait, et pas tant que ça Relhnad non plus... Cet idiot, lui, n'a pas hésité quand je l'ai informé des sévices que j'allais vous faire subir s'il ne se laissait pas faire bien gentiment et il est à présent en mon pouvoir.
Zibulinion blanchit.
– Non...
– C'était aussi bien, il était devenu extrêmement pénible et l'empêcher de vous atteindre et de fourrer son nez partout n'avait rien d'une sinécure.
C'était bien à cause de la directrice que Relhnad n'avait plus réussi à s'introduire dans sa chambre de prisonnier. Zibulinion espéra très fort qu'elle se jouait de lui et il le dit :
– Vous bluffez. Vous n'avez pas Relhnad. Comment justifierez-vous son absence ?
– Même les fées peuvent tomber malades ou avoir besoin d'un congé exceptionnel pour raisons familiales.
– Je ne vous crois pas ! cria encore Zibulinion, continuant à prétendre qu'elle mentait alors qu'il était bien placé pour savoir que parvenir à ses fins, elle était capable de tout, car il escomptait qu'elle le conduise à Relhnad.
– Puisque c'est comme ça, je vais vous montrer...
Zibulinion n'eut pas le temps de se réjouir que son astuce ait fonctionné, il fut brusquement paralysé et transféré dans une autre pièce sans ouverture, éclairée seulement par la brillance des murs. Au centre, Relhnad se tenait debout enchaîné par d'épais et multiples cordons ondoyants dont certains montaient vers le plafond et d'autres descendaient vers le sol. Ses cheveux dorés pendaient tristement, ses vêtements étaient déchirés et son torse dénudé était zébré de vilaines estafilades rouges.
– Zibu...
Sa voix était presque éteinte.
L'adolescent se retrouva dans sa propre prison, libre de bouger.
– Qu'est-ce que vous lui avez fait ? demanda-t-il, bouleversé.
– Juste quelques coups de fouets magiques pour qu'il se tienne tranquille.
– Vous êtes infâme !
– Je poursuis un noble but et rien d'autre n'a d'importance : prouver la suprématie des fées sur les sorcières. Je compte sur toi pour le duel. Si tu ne te montres pas la hauteur, Dame Nature m'en témoigne, Relhnad en paiera le prix.

Six ans de Love Boy's Love

Comme toujours, j'ai laissé passer l'anniversaire du blog, le 22 août, mois d'été oblige. Je tiens cependant à remercier mes lecteurs et lectrices de suivre mes histoires.

Six années déjà que j'ai commencé...
Le Suivant du Prince demeure le roman le plus populaire tandis que Lykandré est désormais le mal-aimé aux côtés de Mémoire Étoilée. Je souhaite du succès A travers les âges dans les années à venir... car oui, je compte bien être encore là l'année prochaine avec une ou deux histoires en cours et des dizaines dans la tête qui ne demandent qu'à être écrites !

Une série de courts extraits pour le plaisir de voyager dans le passé de mes écrits 

"Au final, ce qui gêna Terry au cours cette merveilleuse soirée, ce fût de réaliser que tous les Tsukoji sans exception l’attiraient. Leurs sourires, leurs gestes, leurs mimiques bien à eux. C’était incompréhensible. Même le silencieux Kanato et l’arrogant Amaki lui plaisaient. Quelque chose ne tournait pas rond chez lui !"
12+1 (2008-2009)

"Peter jetait des coups d'œil à la dérobé à l'homme installé à sa gauche. Il avait des yeux marrons clairs, et une fine cicatrice barrait le bas de sa joue droite. Le sentir si proche de lui, mais intouchable, troublait le jeune homme. C'était excitant. Peter avala lentement une gorgée de bière tout en regardant l'homme à la cicatrice faire tourner le liquide ambré dans son verre. Il avait l'air bien songeur, peut-être était-il préoccupé ? Peter avait envie d'engager la conversation, mais ne voyait pas comment. Il n'avait jamais adressé la paroles à des inconnus dans les bars et surtout pas pour les draguer."
Cicatrices (2009-2010)

"En un instant Aldrick fut violemment projeté à l'extérieur du cercle : il avait perdu ce round. Après avoir craché la terre qui s'était retrouvée dans sa bouche, il commença à se relever ; une main secourable l'aida à se remettre debout. C'était Youri qui, une fois sa victoire validée, était sorti du cercle. Sa main était large et calleuse et Aldrick se demanda brièvement quel effet cela ferait d'être caressé par pareille main. Au château, il était plutôt habitué aux mains lisses et manucurées..."
Le Suivant du Prince (2009-2010)

"Ce n'est que deux jours plus tard quand l'alarme sonna longuement qu'Elxy réalisa qu'obsédé par l'idée de reconquérir Isaak, il avait perdu de vue l'autre raison qui nécessitait qu'Isaak recouvre la mémoire : les sorties dans l'espace, le combat contre les Almortiens et les contrôles d'identité qui s'ensuivaient.
– Et merde ! s'exclama-t-il à haute voix."
Mémoire Étoilée (2010)

"Ludovic ne pouvait plus reculer maintenant. Il guettait la réaction de son interlocuteur. Alors que jusque là, il n'y avait pas cru, il commençait à espérer que le petit garçon n'ait pas raconté n'importe quoi.
– Parce qu'il prétend avoir vu son papa embrasser le père Noël l'année dernière.
Ça y est, c'était dit. Les yeux écarquillés, M. Glonorov, resta bouche bée pendant quelques secondes."
Fleur Bleue (2010-2011)  

"– C'est fascinant... Je regrette de ne pas m'être rendu compte plus tôt de ton existence. Tu as déjà fait ce genre de fixette sur quelqu'un d'autre avant moi ?
– Non, jamais. Je...
Hiroji ne put terminer sa phrase, Asaka l'avait bâillonné d'un baiser. Cette embrassade surprise de son bien-aimé fit frémir Hiroji de plaisir.
Maintenant, il en était certain, il allait se réveiller."
Le Baiser et plus encore, recueil de nouvelles (2010)

"Six longues années passèrent et Cendrillon  devint un beau jeune homme. Doux et brave, il n'éprouvait pas de rancœur ni ressentiment à l'égard des mauvais traitements qu'il subissait, mais parfois il ne pouvait s'empêcher d'être affreusement triste."
Si Cendrillon était un homme et autres contes (2011 - ...) 

"Les yeux noirs de Méroé prirent une teinte nostalgique.
– Dans une ferme. Mes parents et mes frères moutons avaient peur de moi. Ils ne considéraient pas comme l'un des leurs. Mais les gens qui tenaient la ferme...
La voix de Méroé se mua en bêlement. Il se transformait. Lykandré devrait attendre pour savoir comment l'andromorphe aux cheveux de neige était arrivé dans cet endroit sinistre. L'homme loup tenta de parler avec Chvreuil, mais celui-ci ne daigna pas répondre."
 
Lykandré (2011-2012)


"Al ne possédait qu’un fauteuil dans lequel il incita Beckett à s’asseoir pendant que lui-même, après avoir posé les tasses sur la moquette grise du salon, ôtait une pile de magazines du pouf installé au pied du fauteuil. Il donna ensuite une des tasses à l’adolescent, lui effleurant les doigts par mégarde. Beckett sursauta.
– Vous êtes vraiment là et invisible, murmura-t-il.
– C’est une maladie extrêmement rare, expliqua Al."
Rendez-vous manqué (2012)

"En un sens, Dake le connaissait depuis des siècles, mais en vérité, cela ne faisait jamais que quinze jours. Que Jehan et tous les autres fassent parti de M.Toukka n'empêchait pas ce dernier d'être un quasi-inconnu."
A travers les âges  (2012 - 2013)

"Il n'avait rien d'une fée. C'est bien connu, les fées sont de jolies femmes. Or, non seulement il était un garçon, mais en plus, il n'avait pas un physique très gracieux : sans être vraiment gros, il était rond de partout, de corps comme de visage. Ses cheveux étaient d'un châtain clair sans éclat, ses yeux marrons foncés étaient semblables à ceux d'une chouette, son nez courbé comme un bec et pour couronner le tout, ses ailes qu'il avait eu un mal de chien à apprendre à cacher, étaient minuscules, ternes, et chiffonnées."
Le Garçon fée (2013 - 2014)  

jeudi 4 septembre 2014

Le garçon fée - 226

Quand Relhnad, fantôme sans corps, revint au début de la nuit suivante, l'adolescent l'attendait.
Interrogé par Zibulinion, Relhnad révéla toutes les difficultés qu'il avait eu pour localiser la prison de l'adolescent située sous terre dans la forêt attenante à l'école ainsi que les problèmes rencontrés pour franchir les multiples protections magiques qui l'isolaient du reste du monde : en plus des sorts, les murs mêmes de la pièce étaient composés de pierres aux propriétés magiques, complexifiant encore les choses.
De son côté, Zibulinion dévoila quelques punitions dont l'avait gratifié la directrice quand il ne lisait pas assez vite les ouvrages dont elle le submergeait.
A la demande de l'adolescent, Relhnad donna également des nouvelles plus détaillées de la famille de ce dernier, surtout de Rozélita qui était bien intégrée dans sa classe, ainsi que de Waltharan, Neyenje et Folebiol qui chacun à leur façon essayait d'aider Zibulinion. Waltharan avait informé sa mère, professeur des plantes à Valeaige et membre du Comité, des agissements de la directrice, mais ses propos avaient été jugés abracadabrants. Folebiol avait été parler à la mère de Zibulinion qui lui avait resservi l'histoire du tuteur privé embauché par Validocielle. Neyenje avait cherché à intéresser au sort de Zibulinion  les membres du Comité pour lesquels il travaillait, mais Validocielle était haut placée et respectée, alors il lui avait été dit qu'il avait dû mal comprendre la situation.
Une fois de plus, Relhnad exprima sa frustration à ne pouvoir emmener Zibulinion loin des griffes de Validocielle et à ne pas être physiquement à ses côtés pour le réconforter, puis il dut repartir. Zibulinion en fut plus triste que la veille, même si grâce à cette seconde visite, il se reprenait à espérer être bientôt libéré.

Cependant, les jours suivants, Relhnad ne réapparut pas, si bien que Zibulinion se demanda presque s'il n'avait fantasmé ses deux visites. Ne voulait pas croire que son cher professeur l'avait abandonné, il commença à s'inquiéter pour lui. Si Validocielle avait découvert que Relhnad avait réussi à communiquer avec lui...
Les hauteurs de ses piles à lire journalières augmentant, Zibulinion dut recourir de plus en fréquemment au sort de lecture rapide, induisant un vague et permanent mal de tête. Il ne tarda pas à perdre de nouveau le compte des jours. Jusque dans ses rêves, des pages couvertes de mots le poursuivaient.
Il était penché sur un ouvrage aride sur l'art et la manière de contrer les malédictions de sorcières, quand la voix de Validocielle retentit, l'interrompant dans sa fastidieuse lecture.
– La date de l'épreuve à été fixée. Elle aura lieu dans trois jours. Il est temps de vous informer de sa nature exacte.
Ce n'était pas trop tôt, oui, maugréa intérieurement Zibulinion.
– Il s'agit d'un duel à mort contre un jeune sorcier considéré comme le meilleur de Daroilak.

mercredi 3 septembre 2014

Le garçon fée - 225

Relhnad lui sourit d'un air mélancolique.
– Je voudrais pouvoir te libérer immédiatement et te prendre dans mes bras...
Il s'interrompit et changeant brusquement d'humeur, jeta  d'un ton rageur :
– Ma propre impuissance me dégoûte. J'ai toujours su que Validocielle n'était pas une tendre, mais je m'en veux de ne pas avoir réalisé à quel point elle était noire et retorse.
– Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi elle tient tant à ce que ce soit moi qui participe à cette épreuve contre une sorcière. D'autres fées seraient plus à même de le faire et sans avoir besoin d'une illusion pour être présentable !
– Aucune n'a ta puissance. Tu es des bois, des rêves et des plantes, tu as trouvé de toi-même comment te lier à ta baguette et tu crées des sorts comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Quelque soit ton adversaire, tu as l'avantage. Tu es unique en ton genre, mon amour.
Zibulinion rougit. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas croire Relhnad, mais pendant des années sa mère lui avait répété qu'il était nul en magie et comme il n'arrivait à rien, il l'avait cru. Ce n'est qu'en entrant à Valeaige, grâce à Relhnad, qu'il avait découvert qu'il n'était pas plus incapable qu'un autre fée. Désormais, il reconnaissait même se débrouiller un peu mieux que la moyenne, seulement, il était impossible de se sentir super doué alors qu'il n'était pas fichu de quitter cette maudite chambre où la directrice l'avait enfermée sans mal. Être complimenté lui faisait toutefois plaisir, mais le mot doux le ravissait davantage.
– Merci.
Relhnad s'approcha comme pour l'embrasser, effleurant ses lèvres sans que Zibulinion ne sente rien, Relhnad n'étant qu'une image sans substance.
– Je reviens demain avec, je l'espère, une solution.
– Restez, s'il-vous-plaît. Reste.
– Je voudrais bien, mais avec les multiples barrières, c'est impossible.
Le fantomatique Relhnad pâlit encore et s'estompa complètement.
« Désolé » entendit encore Zibulinion, puis ce fut le silence. La pièce bien que petite lui parut immensément vide.
Ne pouvant se rendormir, la première chose que fit Zibulinion fut de tenter une fois encore de quitter les lieux, mais son sort tout juste crée échoua, comme tout ceux tirés des livres qu'il avait pu essayer. Les sorts semblaient être absorbés par les murs brillants.
Comme le sommeil le fuyait toujours, Zibulinion, malgré son épuisement, se résigna à étudier.

mardi 2 septembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 37

Zyxxx se doutait que Bimm n'était guère rassuré par sa délocalisation, mais pour le moment il était bien obligé de se concentrer sur le réglage du filtre nasal. La bulle respiratoire avait ses limites : elle obligeait à des manœuvres compliquées pour nourrir Bimm et devait être inconfortable à porter.
Une fois qu'il eut fini, il ôta la bulle et glissa dans chaque narine l'appareil de filtrage. Bimm parut manquer d'air, toussa, puis se mit respirer fort pendant quelques minutes avant de recouvrer son souffle normal. A priori cela avait marché. Zyxxx, satisfait, passa à la phase deux de l'installation de Bimm, il le monta jusqu'au bain où il le lava. L'organe reproducteur du bipède se dressa, alors même que Zyxxx avait évité de le frotter. Bimm parut vouloir échapper à ses tentacules, mais Zyxxx le garda prisonnier. Il le sortit de l'eau, le mit devant le soufflant pour le sécher et le redescendit en bas où il le nourrit d'un comprimé nutritif. Bimm ne le recracha pas cette fois.
Il ne restait plus qu'à s'occuper de son couchage. Zyxxx fouilla, mais ne trouva rien qui convenait dans ses possessions pour le bipède. Dommage que ce dernier ne soit pas du genre à se suspendre pour dormir comme les Tappelniens... Il allait être obligé de ressortir acheter le nécessaire. Il en profiterait pour reprendre des nutriments, des liquides, afin d'alterner avec les cachets.
Le mieux était de laisser Bimm plutôt que de le faire ressortir. Zyxxx hésita à l'attacher de peur qu'il ne casse quelque chose en son absence, mais y renonça. C'était un test et mieux valait le faire maintenant qu'après, quand il partirait toute la journée pour le travail. Il comptait se mettre en recherche dès demain et était certain de retrouver rapidement un poste.
Quand il se dirigea vers la sortie, Bimm le suivit, comme désireux de l'accompagner.
— Toi, tu restes là. Je serais vite de retour.
Bimm émit un bruit plaintif. Zyxxx lui ébouriffa la touffe et s'en fut, content d'avoir entendu de nouveau le bipède.

                                                  *
Pieuvre était parti. Merwan essaya de se rassurer : l'alien ne l'avait pas abandonné définitivement. Hors du zoo, il était son seul point de repère et sans lui, le sentiment d'être perdu dominait. Il était dépendant de Pieuvre.  S'il ne revenait pas, que deviendrait-il ? Si jamais un autre alien prenait la relève, qu'aurait-il encore à subir ? Merwan s'assit par terre et se mit à pleurer. Il n'en pouvait plus. Il aurait voulu être chez lui, sur Terre... ou à défaut mourir pour ne plus avoir à souffrir et à avoir peur. Merwan voulut retirer les trucs dans ses narines qui lui permettaient, supposait-il de respirer, mais ne put les déloger. Il se frappa la tête contre la paroi coulissante où avait disparu Pieuvre. S'il ne pouvait ni rentrer chez lui ni mettre fin à ses jours, il aurait au moins voulu que l'alien à tentacules revienne. Sa présence le rassurait.

lundi 1 septembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 36

Merwan était mortifié : le slip s'était révélé être une couche. Il s'était retenu au maximum avant de faire sur lui, sans être mouillé : décidément, aucune humiliation ne semblait devoir lui être épargné... Seule consolation dans tous ses malheurs : le spectacle des étoiles, amas de couleurs magnifiques semblables à des feux d'artifice.
Après un long trajet où Pieuvre l'avait obligé à manger un comprimé au goût caoutchouteux, ils avaient débarqué dans un endroit où pullulaient des aliens à têtes triangulaires et aux corps tentaculaires. Des « Pieuvres » partout, exceptés que le blanc de leur peau était parfois bleuté, parfois rosé, parfois grisé ou encore orangé et leurs tentacules plus ou moins nombreuses.
Le ciel était désormais turquoise, le sol mou et la température plus fraîche. Pieuvre fonçait droit devant.
Quand donc leur périple prendrait fin ? Merwan était épuisé et voilà que Pieuvre le tirait vers une sorte de train aux wagons ronds et nacrés comme les perles d'un collier. Dans leur compartiment, il n'y avait rien pour s'asseoir, juste des anneaux pour se tenir. Les véhicules aliens manquaient sérieusement de sièges. Pieuvre lui avait enroulé un tentacule autour de la taille, mais pour plus de sûreté, Merwan empoigna l'un des anneaux.
Pieuvre souleva un panneau et pianota quelque chose. Peu après ça, le train qui avançait sans secousse fit une brusque embardée. Merwan s'accrocha jusqu'à s'en faire blanchir les jointures.
Un coup d'œil par les fenêtres lui apprit que leur wagon s'était désolidarisé des autres. C'était difficile à dire, mais Pieuvre paraissait serein, ce qui signifiait que tout devait être normal.
Leur engin accéléra jusqu'à le paysage à travers les vitres se mue en un brouillard coloré. Quand il ralentit, ce fut pour s'arrêter devant des tours d'ivoire crénelées. Pieuvre le fit descendre, et le fit entrer dans l'une d'entre elles où il détacha la laisse du collier et déposa son unique bagage. Ils étaient enfin arrivés à destination, comprit Merwan qui s'empressa de regarder autour de lui.
Les étages en demi-cercle n'occupaient pas toute la surface, si bien qu'on apercevait l'ensemble. Un large poteau central montait jusqu'en haut. Au rez-de-chaussé comme au premier étage, il y avait des murs alvéolés comme dans une ruche, au second un grand bassin et au troisième une série de barres couvertes de crochets aux formes variées.
Un tentacule de Pieuvre tapota l'épaule de Merwan, l'arrachant à sa contemplation des lieux. L'alien lui montra ce qui avait tout d'un seau, défit la couche et la jeta dedans. Le message était clair. Merwan baissa la tête, déprimé. Il était nu à nouveau et avait le droit à l'équivalent d'un pot de chambre en guise de toilette.
Pieuvre tapa trois coups sur une des alvéoles du mur qui s'ouvrit et vida le contenu du seau. Il s'activa ensuite auprès d'une autre alvéole tout en manipulant la tablette qu'il avait montré pour sortir du zoo.
Absorbé dans sa tâche, il ne semblait plus se soucier de Merwan qui resta là, bras ballants, ne sachant trop que faire. Au sol, c'était en apparence des carreaux, mais ce n'était ni froid ni dur. Chaque alvéole du mur avait à priori une fonction. Merwan, même s'il était curieux, ne chercha pas pour autant à y toucher, il ne voulait pas savoir comment il serait puni en cas de bêtise. Quant à changer d'étage pour visiter, cela paraissait délicat vu comme le poteau était lisse.
Pieuvre pianotait toujours. L'alien à tête triangulaire n'avait d'yeux reconnaissables comme tels, et jamais son visage n'exprimait rien. Son expressivité ne passait donc par là, mais plutôt par les fascinants mouvements de ses tentacules.
Merwan ne put s'empêcher de repenser aux multiples fois où ces derniers avaient palpés son corps, s'enfonçant en lui et ce souvenir l'excita légèrement. Il s'agenouilla aussitôt pour masquer son début d'érection et se mordit les lèvres : Tom n'avait eu que trop raison de lui répéter qu'il n'était qu'un « putain de pervers en chaleur. »
Pieuvre arrêta aussi sec ce qu'il faisait, lui parla et lui caressa le dos d'un tentacule avant de retourner à sa tablette et à son alvéole. Merwan inspira et expira à fond. Il ne savait toujours pas pourquoi Pieuvre l'avait amené ici, mais comme toujours l'alien se montrait attentif à sa façon à son bien-être.