vendredi 30 mars 2012

Super Amoureux - 4

– Menacer quelqu'un avec un cutter, c'est illégal, répliqua Bruno avec un calme surprenant.
Le nez sur les carreaux blancs du mur, Amélien ne pouvait rien voir. Il entendit toutefois Bruno se rapprocher. Il y eut un bruit de coup et un de chute accompagné d'un cri. Le cutter s'éloigna de son visage et Amélien se retourna juste à temps pour apercevoir Bruno prendre la lame de Dorian d'une main et le mettre au tapis de l'autre, l'envoyant bouler sur le corps déjà étendu de Loïc. Amélien en resta bouche bée, puis il se rappela dans quel état il se trouvait et il bafouilla des explications incohérentes, affreusement gêné, n'osant même pas retirer les marqueurs.
– Calme-toi. Tout est fini, dit Bruno.
Amélien, toujours figé, le regarda sortir un mouchoir en tissu de sa poche de jeans, le passer sous l'eau et avancer vers lui, comme dans un rêve. Bruno lui ôta les marqueurs, l'effleurant au passage et se mit à lui frotter le bas du dos et les fesses. Amélien poussa un gémissement d'embarras et de plaisir mêlés. Bruno lui plaisait depuis le début et autant d'intimité d'un coup, c'était troublant. Cela l'excitait.
– J'essaye d'effacer les horreurs qu'ils ont écrites, expliqua Bruno.
– Tu ferais mieux de t'arrêter, bégaya Amélien. Je me débrouillerai plus tard, ajouta-t-il, en mettant une main sur son pénis en érection dans une tentative dérisoire pour le cacher.
Il osa croiser le regard de Bruno et put constater que ce dernier était également très embarrassé.
– Désolé, j'ai agi sans réfléchir, murmura Bruno en s'écartant.
Amélien se baissa pour récupérer son caleçon et son pantalon à ses pieds. Il le remonta, mais peina à refermer la fermeture éclair en raison de son érection. Pendant ce temps, Bruno regardait le plafond fissuré d'un air concentré. Amélien, dans une tentative désespérée de s'ôter de la tête la pensée de Bruno le caressant, s'intéressa à ses deux agresseurs. Bruno les avait bien sonnés. Il avait dû se faire mal aux doigts – surtout avec le cutter. Le regard d'Amélien se reporta sur les mains de Bruno qui semblaient parfaitement intactes et le jeune homme ne put s'empêcher de les imaginer courir sur son corps.
– Il faudrait appeler la police et prévenir le patron, annonça Bruno.
– Hein ? Oh, non, surtout pas !
Amélien ne sentait pas le courage de raconter à qui que ce soit ce qui lui était arrivé. C'était déjà bien assez pénible que Bruno l'ait vu comme ça. Il devait avoir une bien piètre opinion de lui. Une similaire peut-être à Loïc et Dorian. Un gros dégoûtant qui bandait du moment qu'on lui fourrait un truc dans le cul. Sauf que là, c'était à cause de Bruno qu'il était excité et alors même qu'il ne le touchait plus...

jeudi 29 mars 2012

Super Amoureux - 3

– Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ?! s'écria Amélien.
– Que tu admettes que t'es un gros dégueulasse qui prend son pied du moment qu'on lui fourre un truc dans le cul !
Amélien grinça des dents. Il n'avait aucune envie de se retrouver la tête dans les toilettes - son expérience de la chose au lycée lui avait suffit, mais il était hors de question qu'il cède à un connard pareil ! Il tenta sa chance sans trop y croire auprès de Loïc :
– Tu ne pourrais pas raisonner ton ami ?
La réponse tomba comme une sentence :
– Non. Après tout, ce n'est pas faux ce qu'il dit.
Amélien qui avait pensé que Loïc était juste légèrement homophobe, fut surpris par la brutalité du ton.
– Allez, ça suffit de palabrer, baisse ton froc. Puisque tu ne veux pas reconnaître ce que tu es, tu vas le montrer. Loïc, va chercher des marqueurs.
Dorian qui menaçait toujours Amélien avec le cutter, défit d'une main le bouton du jeans et commença à faire coulisser la fermeture éclair. Amélien lui attrapa le poignet et cria :
– Ça suffit maintenant !
La lame du cutter lui entailla le pouce et le sang coula. Amélien se figea. La vue du sang le rendait malade.
– Tu fais moins le malin, hein ? Allez, obéis moi ou je n'hésiterai pas t'arranger le portrait. C'était un taré, se dit Amélien et il se résigna. D'une main tremblante, il acheva d'ouvrir la fermeture éclair de son pantalon vert et le fit descendre sur ses hanches.
Loïc revint alors avec deux marqueurs rouges. – Vas-y la tapette, baisse ton slip et mets les mains sur le mur.
Amélien s'exécuta les dents serrées, se demandant quand est-ce que son cauchemar serait terminé. Il sentit ensuite un main moite sur ses fesses et ce qui devait être un marqueur fut entré dans son anus. Enfin, Loïc ou Dorian se mirent à lui écrire dessus.
– Ça t'excite, hein, la tafiole ?
Le second marqueur rejoignit le premier, arrachant un cri de douleur à Amélien. Cela faisait mal, à sec, comme ça, mais en même temps, malgré lui, son pénis durcissait. Amélien se mordit la lèvre. Il aurait voulu leur donner tort à ses deux salauds.
– Allez une photo pour la postérité !
– Non, protesta Amélien.
A ce moment précis, la voix de Bruno retentit :
– Qu'est-ce que vous faîtes ?
– C'est qui ? demanda Dorian.
– Il bosse avec nous à la librairie, répondit Loïc.
– Dis lui de s'occuper de ses oignons.
– Circule, il n'y a rien à voir, déclara Loïc qui décidément obéissait au doigt et à l'œil à son ami.
Amélien avait presque envie lui aussi de supplier Bruno de partir, car il avait trop honte.

mardi 27 mars 2012

Désolée, je pensais pouvoir poster l'épisode d'aujourd'hui, mais je viens de déménager et je n'ai finalement pas eu le temps de déballer l'ordinateur de bureau où j'écris habituellement et où par conséquent l'épisode se trouve... La suite sera peut-être postée demain, mais il y a de grandes chances qu'elle n'arrive que jeudi !

lundi 26 mars 2012

Super Amoureux - 2

Cela faisait trois mois que Loïc les avait rejoint - et un mois pour Bruno - quand un ami de Loïc vint à la librairie. Il portait des habits déchirés pour faire style, avait les cheveux décolorés et arborait une expression maussade.
– Salut Dorian ! Quel bon vent t'amène ?
– Je suis venu voir où tu bossais. T'as pas pu te dégotter mieux comme job ? s'exclama le dénommé Dorian après avoir jeté un coup d'oeil méprisant sur les rayonnages.
Son regard croisa alors celui d'Amélien qui détourna immédiatement les yeux.
– Et en plus, tu bosses avec une tapette qui se promène avec des barrettes dans les cheveux ! ajouta-t-il.
Amélien ne releva pas. L'expérience lui avait appris que réagir à ce genre de remarques ne faisait qu'empirer les choses.
Dorian délaissa son ami et s'approcha de lui.
– Alors, la pédale, t'es bouché ou quoi ? Enfin, à mon avis, c'est surtout que t'as pas les couilles pour répliquer !
Amélien espéra que Loïc intervienne, mais ce dernier regardait la scène avec un intérêt malsain, clairement curieux de voir comment les choses allaient tourner. Bruno était encore parti Dieu sait où en pause... Quant aux autres clients de la librairie, ils étaient en train de prendre la porte, n'ayant pas envie d'être mêlés à l'affaire. Amélien ne pouvait les blâmer. S'il avait été à leur place, il n'aurait pas agi différemment. Il n'avait qu'à se débrouiller seul.
– J'ai très bien entendu, mais je ne pensais pas qu'une réponse était attendue. Désolé.
Amélien se serait baffé pour avoir ajouté le dernier mot, mais le visage mauvais de Dorian le rendait nerveux.
– Faudrait songer apprendre à t'excuser mieux que ça, le travelo ! Baise-moi les pompes où je te fous une râclée !
Amélien serra les dents. La moutarde lui montait au nez.
– Cher client, je vous prierai de bien vouloir quitter la librairie puisque visiblement vous n'avez pas l'intention d'acheter quoique ce soit, déclara-t-il en désignant la sortie.
Dorian l'empoigna brutalement par le bras. Amélien voulut se dégager et allait y réussir quand un cutter apparut dans la main de Dorian.
– Je vais t'apprendre à me parler sur un autre ton... Hey, où sont les toilettes ?
Loïc lui indiqua de suite le chemin. La situation dérapait complètement. Amélien se demanda si Dorian oserait vraiment se servir de son cutter. C'était dur à dire. Et que penser du sourire narquois de Loïc ? Avait-il prévu le coup avec son ami ? Ils ne pouvaient tout de même pas espérer s'en tirer impunément !
– Vous allez avoir des ennuis, affirma Amélien, en tentant à nouveau de se libérer.
Dorian agita le cutter sous son nez.
– C'est toi qui va en avoir, si tu continues à faire le mariole !

vendredi 23 mars 2012

Super Amoureux - 1

Depuis toujours Amélien avait aspiré à la normalité. Il aurait voulu ne pas être différent des autres. Hélas, il aimait les garçons au lieu des filles et ne pouvait résister au plaisir d'enfiler des vêtements colorés et de mettre des barrettes brillantes dans ses cheveux châtains pour discipliner ses mèches rebelles. Ce n'était pas masculin et le faisait sortir du lot, mais il ne souhaitait pas prétendre être ce qu'il n'était pas. Il reportait en revanche ses exigences de normalité sur son partenaire. Avec une constance effrayante, il était attiré par des hommes que ses amies trouvaient d'une banalité affligeante (et qui, le plus souvent, étaient malheureusement hétérosexuels.) Les gens à la plastique irréprochable ne l'intéressaient pas. Leur beauté capturait les regards, les faisant trop sortir du lot.  "Tu as mauvais goût. Ma foi, je te laisse sans regret ton binoclard de taille moyenne." déclarait régulièrement sa sœur. Amélien, lui, trouvait ridicule que cette dernière fantasme sur "Myster Man" le justicer masqué dont tous les journaux parlait en long et en large, mais il ne lui faisait pas de remarques désobligeantes pour autant. 
Tout en cherchant l'homme de sa vie, Amélien travaillait dans une librairie appelée "Envolée de pages."
Employé là-bas depuis la fin de ses études, il s'entendait bien avec le patron qui se moquait de ses barrettes dans les cheveux et de ses préférences sexuelles pourvu qu'il revête la tenue aux couleurs de la librairie et qu'il ne drague pas les clients. A part lui, il y avait trois autres employés. Il s'agissait le plus souvent d'étudiants qui travaillaient à mi-temps et de façon temporaire.
Amélien avait senti son coeur battre à tout rompre en voyant le dernier embauché. C'était exactement son genre - ni trop grand ni trop petit, des cheveux bruns coupés court de façon classique, des yeux marrons, vêtu sobrement d'un t-shirt noir manches longues et d'un jeans bleu foncé. En bref, une personne qu'on ne remarque pas dans la foule et sur lequel le regard ne s'arrête pas. Sa voix, son comportement, tout était merveilleusement normal chez lui. Il était sérieux dans son travail, bien qu'il ait tendance à arriver en retard et la fâcheuse manie de disparaître Dieu sait où durant ses pauses. Dès la deuxième semaine après son embauche, Amélien avait essayé de tâter le terrain, mais Bruno n'avait pas paru être intéressé sans pour autant se montrer désagréable. Il avait refusé poliment ses offres d'aller boire un verre, prétextant chaque fois qu'il était trop occupé. A quoi ? Amélien aurait bien aimé le savoir, car Bruno semblait trop âgé pour être encore étudiant. Cependant, ce dernier ne s'était pas confié et Amélien n'avait osé demander de peur de paraître trop insistant.
L'ambiance était plutôt bonne dans la librairie si on exceptait le fait que Loïc, l'un des étudiants employés, ne portait Amélien dans son coeur, sans aucun doute à cause de son homosexualité. Amélien ne le prenait pas personnellement et se comportait comme s'il n'avait pas remarqué son hostilité.

jeudi 22 mars 2012

L'île du miroir - 7

 – Désolé. Je regrette de m'être énervé. Tu me plais beaucoup. Tu as un joli prénom, une peau à la fois douce et rugueuse et ta façon de me toucher est délicieuse.
Ses compliments étaient bizarres, Orangel en avait conscience, mais il n'était pas en mesure de chanter les louanges de ses beaux yeux et de son sourire.  Ou même de lui dire que son absence d'oreilles n'altérait en rien son apparence extérieure, car il n'en savait rien.
"Tu n'es pas complètement un inconnu, tu sais. Je t'avais déjà vu à plusieurs reprises sur la plage. Tu me faisais penser à un prince avec tes longs cheveux dorés miroitant dans le soleil, flottant dans le vent ou bien te léchant le creux du dos. Je ne m'étais pas rendu compte que tu étais aveugle. Tout dans ta démarche respirait l'assurance."
Orangel faillit lui reprocher de ne lui avoir jamais adressé la parole jusqu'à maintenant avant de se rappeler que Mitsu en était incapable. Seul le hasard - à moins que ce ne soit le destin - avait permis qu'ils entrent en collision, les poussant à communiquer avec l'autre.
Orangel captura le doigt de Mitsu qui était au repos sur son torse, le porta à ses lèvres, l'embrassa , l'aspira et le suça amoureusement. Son sexe s'érigea à nouveau. Le sourd-muet récupéra son doigt, puis une langue humide vint lécher le gland d'Orangel et une bouche chaude l'enserra. Spontanément l'aveugle attrapa la tête du sourd-muet et l'attira à lui pour s'enfoncer plus profond dans sa bouche. Ainsi, il avait l'impression d'être plus proche, de ne faire plus qu'un. Submergé par le plaisir, il éjacula dans un râle. Mitsu déglutit, avalant son sperme.
– Je veux te rendre la pareille. Installe-toi à  ma place, souffla Orangel avant de se lever et s'agenouiller.
A la recherche de la verge de Mitsu, il remonta les mains le long de ses jambes avant d'atteindre l'objet de sa convoitise. Le pénis du sourd-muet était dur et tendu. Orangel procéda par petits coups de langue, tout en faisant monter et descendre sa main. Un gerbe de sperme vint maculer son visage, mais Orangel ne s'en offusqua pas. Mitsu dégagea son dos, poussant ses cheveux sur un côté pour écrire :
"Désolé. Je n'ai pas eu le temps de te prévenir."
– Ce n'est pas grave. Mais je crois que nous avons besoin d'une bonne douche.
Il l'entraîna dans la salle de bain. Bien que la douche soit étroite, ils s'y glissèrent ensemble et se lavèrent sans chercher à communiquer. Ils n'en avaient pas besoin. Entre eux, le silence était naturel.
A la sortie de la douche, Orangel entendit l'horloge sonner sept heures du soir. Le temps était passé vite en compagnie de Mitsu.
– Cela te dit de dîner et de dormir ici ? Cela me ferait plaisir, ajouta-t-il en doublant ses mots par des signes.
Une main désormais familière attrapa son poignet et un doigt délicat écrivit dans sa paume :
"Oui. Mais tu devras me secouer pour que je me rende à mon travail, car je parie que tu ne dois pas avoir de réveil lumineux."
– En effet. Je règlerai l'alarme et je te réveillerai à ma façon, pas de soucis.
Avec Mitsu à ses côtés, Orangel avait le sentiment que les ténèbres qui l'entouraient étaient moins épaisses. Il représentait une lueur d'espoir pour un avenir meilleur. Avec lui, les mystères de l'île dans laquelle ils vivaient n'avaient plus vraiment d'importance.
– Que dirais-tu de venir vivre ici avec moi ?
"Pour toujours ?"
– Oui, pour aussi longtemps qu'il te plaira.
"C'est d'accord" écrivit Mitsu et il l'embrassa avec enthousiasme.

Fin du Pilote de L'île aux miroirs

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Rendez-vous demain pour le début de Super Amoureux !


mercredi 21 mars 2012

L'île du miroir - 6

Mitsu écrivit alors sur son torse. Encore tout étourdi de plaisir, Orangel dut lui demander de recommencer pour comprendre ce qu'il voulait dire.
"C'était délicieusement bon."
Orangel partageait cet avis et ce n'était pas seulement parce que cela faisait longtemps qu'une autre main que la sienne l'avait ainsi caressé, c'était aussi parce que Mitsu s'était abandonné sans façon.
Les lettres dessinées sur son torse l'électrisaient. La fièvre qu'il éprouvait au contact de Mitsu n'était pas éteinte, malgré ce qu'ils venaient de partager.
– Cela donne envie de recommencer.
"Tout à l'heure ?"
Orangel se demanda si Mitsu réalisait l'effet incroyable que son doigt lui faisait.
– Oui, mais demain aussi et les jours suivants.
Orangel avait trouvé sa lumière dans la nuit perpétuelle qui l'environnait et il ne voulait pas la perdre.
"Ce n'était pas juste pour aujourd'hui ?"
La surprise de Mitsu était palpable, et sans doute y avait-il de quoi. Ils avaient brûlé les étapes et dans ses conditions, il était normal de considérer que leur étreinte tout intense qu'elle ait été ne soit pas destiné à être répétée. Tout à coup, la facilité avec laquelle Mitsu avait cédé à son désir, frappa Orangel. Peut-être Mitsu avait l'habitude de faire ça avec des types qu'ils connaissaient à peine ?
– Tu tires souvent un coup avec des gens que tu viens de rencontrer ?
Mitsu ne pouvait pas entendre la colère jalouse dans sa voix, mais il dut la voir sur son visage. Comme piqué par un serpent venimeux, il quitta les genoux de l'aveugle. Alors même qu'il l'écrasait quelque peu, Orangel regretta le poids du corps de Mitsu et il eut peur qu'il parte sans plus chercher à lire sur ses lèvres, sans prendre la peine de reprendre sa main et de lui répondre.
– Reste, s'il-te-plaît, supplia-t-il, en doublant sa demande par des signes.

Il sentit alors que Mitsu se penchait sur lui et un doigt timide effleura son torse :
"Je ne suis pas beau sans mes oreilles. Je ne reçois jamais de pareilles propositions, et surtout pas de personne aussi séduisante que toi."
– Pourtant, ce n'est pas les infirmes qui manquent sur notre île. Les gens avec un membre en moins sont monnaie courantes.
En même temps qu'il disait cela, Orangel se rappela que lui-même, trois ans plus tôt, avait toujours privilégié ceux qui n'étaient pas défigurés par leur handicap. Peut-être même avait-il déjà croisé Mitsu auparavant sans même lui accorder un regard. Cette idée lui déplaisait foncièrement.

mardi 20 mars 2012

L'île du miroir - 5

Mitsu commença à dessiner une lettre, puis s'arrêta, et fit un genre de zigzag comme pour effacer avant de reprendre.
"Je suis du genre à rêvasser et à être plongé dans mes pensées, ce qui agace les gens."
– Je n'ai pas remarqué.
"Et toi, tu es social ?"
– Je l'ai été. Plus maintenant.
En plongeant dans les ténèbres, il s'était senti diminué et il s'était replié sur lui. Sa rencontre avec Alphonse aujourd'hui l'avait définitivement éclairé sur la superficialité des relations qu'il avait entretenues avant sa perte de vue.
Orangel attendit que Mitsu réagisse, mais ce dernier ne le fit pas. Il ne savait peut-être pas quoi écrire. Rester silencieux et immobiles, serrés l'un contre l'autre dans un fauteuil qui n'était pas prévu pour deux, était étonnamment confortable. Orangel savourait l'odeur sableuse qui se dégageait du corps de son invité. Il repensa au contour tendre de son visage, au renflement de ses lèvres douces et le désir s'éveilla en lui.
Sous le mince pantalon de toile qu'il portait, le gonflement soudain de son pénis devait être visible par Mitsu. Orangel poussa un gémissement embarrassé. Il était entré en collision avec le sourd-muet que depuis quelques heures à peine. A sa décharge,  ils n'avaient presque pas cessé de se toucher depuis et il vivait dans l'abstinence depuis qu'il était devenu aveugle.
Sûr que Mitsu avait repéré la bosse qui s'était formée au niveau de son entrejambe, Orangel exprima à haute voix sa gêne et son désir. Mitsu se remit à tracer des lettres dans sa main :
"Je te trouve très attirant, moi aussi. Alors, si tu veux..."
Orangel ne le laissa pas terminer. Lui retirant sa main, il caressa la cuisse de Mitsu, appréciant la fermeté de ses muscles malgré l'étoffe légère qui la recouvrait. Il s'approcha pour l'embrasser et leurs nez se cognèrent avant qu'il ne capture la bouche au goût salé. Au même moment, il sentit la main de Mitsu se poser sur son érection et palper son pénis.
Leurs habits constituant un obstacle, Orangel tira sur le pantalon de Mitsu. Le sourd-muet s'écarta et Orangel crut qu'il fuyait ses caresses. Un bruit de vêtements froissés qui retombaient sur le plancher le rassura. A son tour, il ôta ses vêtements en hâte. Mitsu le rejoignit alors, prenant place sur ses genoux. A défaut de ne pouvoir admirer la nudité du sourd-muet, Orangel goûta au grain de sa peau et suivit les courbes de son corps. Pendant ce temps, les doigts de Mitsu se refermèrent sur son sexe dur comme de la pierre et coulissèrent dessus, arrachant un cri de plaisir à Orangel. La verge brûlante de Mitsu se colla à la sienne. Orangel la recouvrit d'une main et ils se caressèrent de concert tantôt avec douceur tantôt énergiquement jusqu'à atteindre la jouissance. Un liquide chaud et collant atterrit sur le ventre d'Orangel.

Manga Yaoi en mars 2012

Mieux vaut tard que jamais comme on dit...

Chez Asuka, depuis le 14 mars, est disponible In God's Arms Vol.3 de Yonezou Nekota (et miam les dessins - la couverture est vraiment superbe !)
Et le 28 mars est prévu Charming a peniless writer de Shako Sugihara
Je l'ai lu dans le Be x Boy sans conviction aucune. Pourtant une histoire d'écrivain pauvre qui sourit pour charmer les commerçants et qui a la côte en particulier avec le fils du boucher et du poissonnier, je trouvais ça chouette, mais au total ni l'histoire ni les dessins ne m'ont vraiment plu.

Chez Taïfu Comics, le 22 mars :
Private Teacher Vol.1 de Yuu Moegi
Seule la fleur sait Vol.1 de Rihito Takarai
Seven Days, c'était vraiment bien. Je suis donc confiante pour ce titre. Cependant, vu que c'est en au cours au Japon avec le volume 2 tout juste sorti, le rythme de parution risque d'être un peu déprimant.
Your word is my command de Zaou Taishi
Pour les fans de la mangaka dont je fais parti, c'est bien. Pour les autres, ça doit être décevant, surtout que si j'ai bien compris, certaines histoires du recueil sont complètement liées avec ses oeuvres précédentes.
The Tyrant who fall in love Vol.7 de Hinako Takanaga
La suite, youpi ! Un peu triste de penser qu'il n'y a plus que 2 tomes après ça, mais bon, il est temps que le tyran rende les armes, car je plains le pauvre Morinaga...
Ze Vol.8 de Yuki Shimizu
Je continue avec plaisir, mais mon titre préféré de la mangaka reste définitivement Love Mode.




Côté titres avec sous-entendus entre hommes, il y a :
Chez Soleil, Ilegenes Vol.1 sur 5 de Mizuna Kuwabara et Kachiru Ishizue
et Number Vol.7 de Kawori Tsubaki (il s'agit du dernier tome) 
Chez Ototo, Adekan Vol.1 de Nao Tsukiji
Shirô, un fabricant de parapluies lascif et sensuel, ancien maître d'arme de l'ombre, détestant par-dessus tout porter des sous-vêtements, rencontre Kôjirô, un lieutenant de police au sang chaud et amoureux de justice...
ça promet, non ?

lundi 19 mars 2012

L'île du miroir - 4

Orangel avança la main avec lenteur, palpa le front du sourd-muet, descendit sur l'arrête du nez, s'attarda malgré lui sur le galbe des lèvres douces et remonta le long de la joue où il ne rencontra qu'une cicatrice là où aurait dû se trouver son oreille. L'accélération du rythme de la respiration de Mitsu ne lui échappa pas et il se demanda si lui aussi était sensible à son contact ou bien s'il était gêné par son infirmité. Orangel, après avoir constaté que Mitsu n'avait pas non plus d'oreille de l'autre côté, laissa retomber sa main sur l'accoudoir du fauteuil, regrettant de ne pas pouvoir le voir véritablement.
– Qu'est-ce que tu veux boire ?
"De l'eau"
La requête était simple, Orangel, non sans une pointe de regret, retira sa main à Mitsu et se leva pour chercher un verre dans le coin cuisine attenant. Il versa de l'eau minérale dans un solide gobelet en plastique et revint devant le fauteuil. Il y eut un bruissement d'étoffe et Mitsu le délesta du verre. Orangel l'entendit ensuite boire avant de poser le verre sur la table basse.
– Tu as quel âge ?
La main de Mitsu vint prendre la sienne et l'attira dans le fauteuil avant d'écrire : "27 ans et toi ?"
– 25 ans. Tu aimes faire quoi de ton temps libre ?
"Ce que je faisais aujourd'hui. Me promener et façonner le sable."
– Pour ma part, j'aime apprendre des choses. J'essaie d'ajouter de nouvelles langues à celles que je connais déjà. Sinon, avant, j'adorais également sortir.
Oui, autrefois, avec Alphonse, il se rendait sans cesse au bar pour boire et draguer. Orangel avec ses cheveux blonds et longs, ses yeux amnésythes et sa peau claire, avait beaucoup de succès aussi bien auprès des femmes que des hommes. Depuis qu'il ne voyait plus, que son miroir ne pouvait plus lui confirmer chaque jour son charme, il n'accordait plus d'importance à son apparence. En revanche, il demeurait fier de son intelligence.
"Avant ?"
– Je ne suis aveugle que depuis trois ans.
"Moi mon handicap date de ma petite enfance."
– Tu as des amis ? Une compagne ?
La seconde question avait échappé à Orangel.
"Pas vraiment, non. Je suis célibataire."
– Pourquoi ?
Orangel se rendait bien compte qu'il faisait preuve d'indiscrétion, mais ne pouvait s'en empêcher.

vendredi 16 mars 2012

L'île du miroir - 3

Au cours de leur conversation peu conventionelle, Orangel apprit que Mitsu était employé dans une épicerie et qu'aujourd'hui, pour son jour de congé, il était venu faire des sculptures de sable au bord de la mer. De son côté, Orangel mentionna son travail de professeur de langues qu'il avait repris l'année dernière et expliqua qu'il rentrait chez lui après avoir donné un cours particulier à un élève en difficulté.
Le doigt de Mitsu avait cessé de le chatouiller durant l'échange se muant en quelque chose de doux et de délicieusement intime. Comme décidémment, Mitsu lui était sympathique et qu'il goûtait tout le charme qu'il y avait à bavarder avec quelqu'un dont le prénom signifiait lumière, il l'invita à boire un verre chez lui.
Le sourd-muet dessina un "oui" sans ambiguité dans sa paume. Orangel lui décrivit sa cabane en se basant sur ses souvenirs pour la couleur des murs et des volets et lui indiqua où elle se trouvait. Mitsu, gardant sa main dans la sienne, l'entraîna dans la bonne direction. D'habitude, Orangel n'aimait pas qu'on le guide. Sa fierté supportait mal qu'on le prenne par le bras pour le diriger. Mais là, c'était différent. Mitsu avait noué les doigts autour des siens et avançait d'un pas léger comme s'ils avaient été un couple d'amoureux en train de se promener. C'était une impression curieuse qu'Orangel ne réussit pas à chasser. Cela faisait trop longtemps que quelqu'un d'autre l'avait touché autrement que médicalement ou pour le guider.  Par ailleurs, comme Mitsu ne pouvait écrire en marchant, Orangel n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à la chaleur et la ruguesse de la main qui entourait la sienne.
Le grincement familier de la barrière qui entourait son logis permit à Orangel de savoir qu'ils étaient arrivés à destination. Leurs chaussures claquèrent sur l'allée pavée. Orangel compta les pas et tendit sa main libre pour ouvrir la porte en bois de sa cabane. Il mit un moment avant de trouver la poignée et ne put qu'espérer que son invité ne s'impatientait pas. Enfin, ils furent à l'intérieur.
– Voilà mon chez moi, annonça Orangel sans être certain que Mitsu ait pu lire sur ses lèvres.
Depuis sa perte de vue, le nombre d'objets et de meubles avait été réduit au maximum. Elle devait sembler vide, chacune des quatre pièces ne contenant que le strict minimum. Orangel avait dû apprendre par coeur la place de chaque chose.
Comme il leur était impossible de discuter s'ils  ne se touchaient pas, Orangel proposa qu'ils se serrent dans l'un des deux larges fauteuils capitonnés du modeste salon qui encadraient une table basse rectangulaire au bois usé. Mitsu ne se donna pas la peine de tracer de réponse dans sa paume, et il fit asseoir Orangel à ses côtés.
"C'est joli", écrivit-il ensuite.
Orangel, perturbé par le contact du corps du sourd-muet collé tout contre le sien, ne répondit pas. Il avait envie de savoir à quoi son interlocuteur ressemblait.
– Cela te dérange si je passe la main sur ton visage ?
Le doigt de Mitsu resta un instant immobile avant de tracer : "C'est bon.Vas-y."

jeudi 15 mars 2012

L'île du miroir - 2

Orangel chassa ses pensées de sa tête pour revenir à la situation présente.
– S'est-il relevé ?
– Non, pas encore. Tu l'as percuté de dos et ne t'ayant pas entendu venir, il n'a pas dû comprendre ce qui lui était arrivé. Il est encore le nez dans le sable.
Orangel se retint de crier sur Alphonse. Ce sombre idiot avait eu le culot d'assister à toute la scène sans lever le petit doigt ! S'accroupissant, Orangel tendit l'oreille. Une fois qu'il eut repéré la respiration de celui qu'il avait fait tomber, il progressa en canard pour se mettre devant ce qui devait être la tête du sourd-muet. Il avança ensuite la main et caressa  le sol avant de rencontrer une masse de cheveux rêches qui se déroba immédiatement. Alphone choisit ce moment pour avoir enfin pitié d'eux.
– C'est bon, il se remet debout. Il a l'air un peu sonné, mais sans plus. Je crois qu'il a compris que tu es aveugle. Maintenant, je ne suis pas un expert en langue des signes.
Orangel, lui, maîtrisait parfaitement la chose, mais cela lui faisait une belle jambe, maintenant qu'il était aveugle. Il connaissait d'ailleurs aussi le braille avant d'avoir perdu la vue, ce qui avait facilité son adaptation.
En attendant, communiquer avec un sourd-muet quand on n'y voit rien, semblait plus que délicat. Que ce soit par signes ou avec des mots si l'autre lisait sur les lèvres, la communication ne semblait pouvoir se faire que dans un sens.
– J'espère que tu ne t'es pas fait mal, articula-t-il avec netteté, tout en formulant avec ses mains, la même chose.
Alphonse pouffa.
– Désolé, il faut que j'y aille. Ma pause de midi est fini. Je vous laisse à votre dialogue de sourds.
Orangel l'entendit s'éloigner. Il peinait à croire qu'il ait pu être ami avec un type pareil. Mais c'était une époque révolue. Même s'il ne voulait pas se fâcher avec lui, Alphonse faisait partie de son passé de bien portant. Ces trois dernières années, la distance entre eux avait grandi tout naturellement. Au fond, leur amitié n'avait tenu qu'au fait qu'ils avaient tout deux le même âge et la chance d'être en parfaite santé.
Orangel sentit soudain une main chaude et calleuse prendre la sienne et un doigt fin vint tracer des lettres dans sa main. Décodant au fur et à mesure, Orangel murmura machinalement à haute voix ce que le sourd-muet lui écrivait :
– Tout va bien. J'ai juste été surpris. Je m'appelle Mitsu et toi ?
Orangel prononça son prénom disctinctement. Mitsu qui n'avait pas lâché sa main, dessina à nouveau des lettres dans sa paume. Cela chatouillait légèrement Orangel, mais comme c'était leur seul moyen de discuter, il préféra éviter d'en informer Mitsu.

mercredi 14 mars 2012

L'île du miroir - 1

 Orangel entra de plein fouet dans quelqu'un. Il s'excusa immédiatement, mais ne reçut pas de réponse. Il réalisa alors que la personne contre laquelle il s'était heurté n'avait pas poussé le moindre cri de surprise ou de douleur lors de la collision. Peut-être s'était-il trompé en fin de compte et s'était jeté tête la première sur quelque chose et non quelqu'un. C'était impossible d'être certain dans les ténèbres dans lesquelles il vivait désormais.
– Je suis désolé, répéta-t-il malgré tout.
Il aurait dû emporter sa canne, mais il la détestait. Tâtonner ne lui plaisait pas. Il préférait se repérer aux bruits et aux odeurs. Seulement il manquait encore de pratique dans l'exercice et il avait toujours une fâcheuse tendance à marcher vite.
Il entendit un rire qu'il reconnut sans peine. C'était Alphonse, un ami du temps où il voyait encore.
– On peut savoir ce qui t'amuse ? demanda-t-il avec froideur, furieux d'être l'ojet d'une plaisanterie qui lui échappait.
– Ta victime ne peut pas te répondre. Un aveugle s'excusant auprès d'un sourd-muet. Avoue que c'est cocasse comme situation !
Alphonse aurait moins ri, si lui aussi avait été handicapé comme la majorité des habitants de l'île. Unijambistes, manchots, sourds... Le nombre augmentait sans cesse. Orangel, pendant vingt ans, avait comme Alphonse fait parti des rares habitants de l'île en pleine possession de leurs moyens. Mais un jour, en se réveillant, il avait ouvert les yeux sur une nuit sans étoiles. Il avait eu beau allumer et éteindre sa lampe de chevet, les ténèbres avaient perduré. Avançant avec précaution dans le noir, il avait été jusqu'à la fenêtre, ouvert les volets, mais rien n'avait changé. Il avait réussi à atteindre le téléphone et contacté un des nombreux médecins de l'île qui était venu en urgence, l'avait examiné en lui écarquillant les yeux avant de déclarer qu'il était désormais aveugle. Ne comprenant pas comment cela avait pu lui arriver comme ça, du jour au lendemain, Orangel en avait consulté d'autres avec le même résultat et sans obtenir de réponses satisfaisantes. Occupé à apprendre à vivre avec son handicap, il s'était momentanément résigné. Cependant, à présent que trois ans s'était écoulé et qu'il commençait à se débrouiller sans voir, cette question le taraudait à nouveau. Ce qui l'avait frappé, c'était que les médecins de l'île étaient tous bien portants. Lui aussi avait voulu devenir docteur, mais on l'en avait découragé sous prétexte que la filière était bouchée, qu'il y en avait trop sur l'île.

mardi 13 mars 2012

Fin de Lykandré, début des nouvelles pilotes

Lykandré s'est terminé aujourd'hui avec l'épisode 171. Il me reste maintenant à préparer la version papier en faisant la chasse aux fautes et en procédant à différents remaniements du texte. Sans oublier bien sûr les bonus !
J'espère que la fin de Lykandré ne vous aura pas semblé trop rapide qu'elle vous aura plu. Différentes pistes sont restées ouvertes, car il est fort probable que je revienne un jour dans l'univers des andromorphes.

Mais, pour le moment, nous allons passer aux fameuses "nouvelles pilotes" !
En l'espace d'un peu plus d'un mois, 5 histoires vont être lancées, mais seule celle qui récoltera le plus de votes deviendra un roman. Les autres resteront à priori des nouvelles, même s'il n'est bien sûr pas exclu qu'elles bénéficient de prolongations dans un futur plus lointain (notamment pour celles arrivées en 2ème et 3ème place)

Au programme :
L'île du miroir qui comme dès demain ! Et oui, nous passons d'une île à l'autre, une île où être handicapé est normal, et où l'inverse est exceptionnel.
Super amoureux : un jeune homme doté de super pouvoirs croise le chemin d'un jeune homme qui rêve de normalité.
A travers les âges : le nouveau professeur d'histoire se rappelle de ses vies antérieures, reste à convaincre un élève récalcitrant qu'il ne fabule pas et que depuis la préhistoire, leurs âmes ne cessent de se croiser et de s'aimer.
Rendez-vous manqué : histoire d'un adolescent invisible
Le baiser de la gargouille : un homme qui est poursuivi, une gargouille qui se réveille...

Lykandré - 171 (fin)

 – En plein jour et en plein air, vraiment ? murmura Méroé, le souffle court, la voix voilée par le désir.
– Il n'y a personne pour regarder, ici. Et la nuit ne viendra jamais assez vite à mon goût.
– On voit que c'est le printemps... dit Méroé, qui en souriant, s'allongea sur le sable.
Lykandré vint le recouvrir de son corps. Faire l'amour dans un lit était plaisant, mais le faire en pleine nature, c'était un rêve devenu réalité. Le vent et le soleil caressait leurs peaux en même temps que leurs mains enfiévrées. Lykandré se mit à sucer tour à tour les tétons rose pâle de Méroé. L'andromorphe aux cheveux de neige se mordit les lèvres en gémissant, les doigts enfouis dans les cheveux de l'homme loup. Lykandré couvrit de baisers le torse laiteux, descendit jusqu'au pénis qu'il caressa avec force avant de poursuivre son chemin, embrassant chaque parcelle avec ardeur. Il posa les lèvres sur la cicatrice de Méroé, remonta et lécha le creux des hanches, l'intérieur des cuisses...
– Viens, supplia l'andromorphe aux cheveux de neige.
Lykandré le pénétra d'une poussée, plongeant, ressortant presque et s'enfonçant à nouveau. Méroé, ses grands yeux noirs brillants de plaisir, accompagnait ses mouvements. Ils atteignirent ensemble la jouissance et restèrent unis encore un moment, écoutant les oiseaux et les vagues qui s'écrasaient les unes sur les autres.
Ils s'asseyèrent ensuite dans le sable, épaule contre épaule, face à la mer. Ni l'un ni l'autre n'étaient pressés de rejoindre les autres.
– Je sais que c'est impossible, mais un moment parfait comme celui-là, j'aimerai qu'il dure toujours. L'avenir est tellement incertain et effrayant. Peut-être les loup-garous nous pourchasseront jusqu'ici ou les épurateurs ou un ennemi dont nous ignorons encore l'existence... A la ferme, après la mort de mes parents adoptifs, ma vie a basculé d'un coup, alors je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter de ce qui va arriver plus tard,  mais c'est idiot, n'est-ce pas ?
– C'est très humain surtout. Le vieil Atsuhiro m'a toujours répété que même quand on voulait demeurer tranquille dans son coin, il y avait toujours des gens pour venir vous y chercher et vous causer des ennuis.  Mais il est inutile de s'en soucier parce que nous ne pouvons pas avoir d'influence dessus.
Oui, tout ce qui comptait, c'était l'instant présent, le ciel bleu au-dessus de leurs têtes, le bruissement des feuilles agitées par le vent, la terre sableuse sous leurs pieds, les embruns de la mer qui s'étendait devant eux, et le goût des lèvres de Méroé contre les siennes.


FIN

lundi 12 mars 2012

Lykandré - 170

Peu après, ils touchèrent terre et débarquèrent. Dès que le bateau fut reparti, Lykandré se dépouilla en hâte de ses habits et reprit sa forme originelle. Il guida ses amis jusqu'à la cabane du vieil Atsuhiro, puis, après avoir donné un coup de langue à Méroé, il faussa compagnie à ses amis, désireux de prendre des nouvelles d'Azur et du reste de la meute.
Il fut accueillit par les loups avec circonspection, presque comme s'il avait été un étranger. Constatant qu'ils se portaient bien, Lykandré ne s'attarda pas auprès d'eux. Il ne voulait pas redevenir un membre de la meute, mais simplement avoir des relations cordiales avec eux. Sa place était désormais auprès de Méroé, Bryan, Colibri, Komori, Chveuil, Emmeline, Tonoshi, Koro, et Inuyume.
Il retourna en courant à la cabane du vieil Atsuhiro, savourant le vent qui soufflait dans sa fourrure. Méroé qui était redevenu un mouton pendant son absence bêla en le voyant.
– Pas très sympa de nous avoir abandonné comme ça, loulou, déclara Chveuil qui aidait à dresser une tente.
Bryan qui participait activement au montage, répliqua, plein d'indulgence :
– Mais non, c'est bon, c'est normal qu'il ait besoin de se réapproprier les lieux. Tu peux continuer à te promener Lykandré. De toute façon, te connaissant, tu vas préférer dormir à la belle étoile cette nuit.
Comme tout le monde, à l'exception de Chveuil, semblait approuver, Lykandré repartit, mais en emmenant cette fois Méroé avec lui.
Ils s'enfoncèrent sous le couvert des arbres. Méroé trottinait tandis que Lykandré, tout joyeux, progressait en bondissant autour de lui comme un jeune loup afin de ne pas le laisser derrière lui.
Quand ils atteignirent la mer, Lykandré suggéra qu'ils se métamorphosent. Leurs os craquèrent de concert et bientôt, ils se tinrent humains et nus, l'un devant l'autre.
– J'ai eu peur quand tu es parti tout à l'heure. J'ai craint que tu ne réintègres ta meute de loups et que tu reviennes plus, avoua Méroé.
Lykandré comprit enfin la tristesse qui avait assombri les yeux de Méroé sur le bateau quand il avait mentionné sa vie avec les autres loups de l'île. Plutôt que le rassurer avec des mots, il le prit dans ses bras et l'embrassa. Ce qui ne devait être qu'un baiser de réconfort se mua en quelque chose de plus passionné, car si l'homme loup avait eu envie de s'éloigner des autres avec l'andromorphe aux cheveux de neige, ce n'était pas tant pour lui faire découvrir l'île que par désir d'être seul avec lui. Tout en continuant à explorer sa bouche d'un langue avide, il se mit à le caresser, glissant les mains sur les fesses charnues de Méroé.

vendredi 9 mars 2012

Lykandré - 169

– Dans les défauts, je crois que le manque d'inconfort l'emporte haut la main, mais nous allons arranger cela, annonça Emmeline.
La jeune femme avait l'intention de faire construire des cabanes autour de celle du défunt Atsuhiro. En attendant, elle avait emporté des tentes.
– Cela me fait vraiment plaisir de découvrir l'île où tu es né, souffla Méroé à l'oreille de Lykandré pendant que Emmeline listait tout ce qu'elle projetait d'installer comme commodités.
– Et moi de te la montrer.
Lykandré se mit à évoquer sa vie avec les loups de l'île et les bons coins pour chasser. Dans son enthousiasme débordant, il ne s'aperçut pas tout de suite que les grands yeux noirs de Méroé s'emplissaient de tristesse. Il allait l'interroger quand Chveuil avec un sans-gêne confondant vint se mettre entre eux.
– Vous n'êtes pas fatigués de roucouler  comme tous les autres couples à bord, loulou et moumou ?
Un coup d'œil aux alentours permit à Lykandré de se rendre compte que le cheval écureuil n'exagérait pas. La conversation générale avait cessé au profit d'entretiens deux à deux plus intimes. Dans ses conditions, il était normal que Chveuil se sente laissé pour compte. Même si évidemment, il aurait pu aller parler à la femme chien qui était également toute seule plutôt que de les déranger.
– Pourquoi n'essayerais-tu pas de former un couple avec Inuyume ? suggéra alors Méroé.
– Je ne l'aime pas, moumou.
– Mais tu l'apprécies beaucoup ! Tu pourrais lui donner une chance. Comme ça, toi aussi, tu serais en couple, répliqua l'andromorphe aux cheveux de neige.
Lykandré remarqua que l'air de ne pas y toucher, la femme chien avait dressé l'oreille et ne perdait pas une miette de la conversation.
– Et bien... Je suppose que ce n'est pas comme si j'allais avoir l'occasion de rencontrer quelqu'un d'autre dans cette île coupée du monde aux allures de cage dorée, soupira Chveuil.
C'était de la provocation. Lykandré le savait, mais il réagit vivement :
– Cela n'a rien à voir ! Pas de barreaux, pas de bourreaux ! Tu feras ce que tu veux là-bas !
– Sans compter qu'Emmeline et Bryan se sont arrangés pour que le bateau passe une fois par semaine, et il pourra t'emmener si tu le souhaites, enchérit Méroé.
– Loulou et moumou, toujours sur la même longueur d'ondes. Je vous laisse retourner à vos roucoulades. Je connais quelqu'un qui sera de meilleure compagnie.
Là-dessus, Chveuil rejoignit Inuyume toujours accrochée au bastingage. La femme chien l'accueillit avec un sourire engageant.

jeudi 8 mars 2012

Lykandré - 168

Durant tout le temps que dura le procès, la vieille bâtisse qu'ils avaient louée reçut des visites nocturnes d'individus armés qui furent à chaque fois éconduits par Blacky, Koro ou Lykandré. Le cousin d'Atsuhiro était visiblement décidé à hériter et pour cela tous les moyens lui semblaient bons. Emmeline avait envisagé de prévenir la police de ses intrusions, mais Tonoshi l'en avait dissuadé. Il y avait pas mal d'épurateurs dans les forces de police et en procédant ainsi, ils risquaient d'attirer l'attention sur eux. Le procès leur faisait déjà assez de publicité comme ça sans qu'il y ait besoin d'en rajouter.
L'absence de papiers d'identité de Lykandré posa quelques problèmes, mais l'homme loup fut jugé parfaitement sain d'esprit et à même de devenir propriétaire des biens qui lui avaient été légués. Briéfé par Emmeline et Blacky, Lykandré avait en effet évité d'affirmer qu'il était un loup se transformant en homme. 
Au début du printemps, l'affaire fut résolue et l'île d'Inukotou entra en la possession de Lykandré alors même qu'il continuait a avoir du mal à appréhender le concept de propriété. Ils partirent immédiatement pour l'île d'Inukotou, quittant sans regret la vieille maison qu'ils avaient occupé durant un peu plus d'un mois. Être sans cesse obligé d'être aux aguets la nuit ne les avait pas aidé à s'y sentir bien. Et au bout du compte, Lykandré avait trouvé que cela manquait d'espace. Malgré les craintes qu'il éprouvait pour Méroé, il était content de retourner sur son île.
Embarqué sur le bateau qui les y emmenait, il ne cachait plus sa joie.
– C'est bon, loulou, on a compris, soupira Chveuil comme Lykandré vantait pour la énième fois les mérites de la vie sur l'île.
– Ma parole, tu es aussi bavard que Koro, quand tu t'y mets, s'exclama Blacky avec sourire amusé.
– Tu as pourtant toujours prétendu que personne ne pouvait me battre pour le bavardage, répliqua Koro, d'un ton taquin.
– La seule chose sur laquelle Lykandré est intarissable, c'est bien son île, commenta Colibri.
– J'ai hâte d'y être, déclara Inuyume, les mains appuyées sur le bastingage, le corps penché en avant pour mieux voir l'île qui se profilait dans le lointain.
– Dans toutes les qualités d'Inukotou, Lykandré en oublie toutefois une. C'est un endroit sûr. Aucun épurateur ne pensera à venir nous y chercher, affirma Komori.
– A moins que l'un d'entre eux ne s'intéresse de près à cette curieuse histoire d'homme sauvage devenu riche propriétaire, objecta Tonoshi. Mais c'est peu probable, ajouta-t-il, voyant l'homme chauve-souris frissonner.

mercredi 7 mars 2012

Lykandré - 167

Le soir même, ils se rendirent tous à l'appartement de Blacky afin de débattre tous ensemble de cette nouvelle information qui redistribuait la donne. La première chose qui frappa Lykandré quand ils retrouvèrent leurs amis, ce fut l'ambiance maussade qui régnait entre eux. Le manque d'intimité, le confinement, mais aussi dans le cas de Koro, la crainte que les loup-garous de son village débarquent sans crier gare... semblait peser à l'ensemble du groupe. Comme d'habitude, la discussion dégénéra avant qu'ultimement, ils n'aboutissent à un consensus. Ils ne pouvaient pas continuer à vivre les uns sur les autres et ce, d'autant plus que l'appartement de Blacky n'était pas vraiment un endroit sûr. C'était dans ce quartier que Koro avait été récupéré par les siens la première fois. Par ailleurs, l'adresse était connue par les andromorphes du groupe Trott et M.Yurimohi pouvait très bien venir leur rendre visite, si jamais il lui en prenait l'envie, ce qui n'était pas agréable. Quant au possible héritage de Lykandré, se renseigner dessus prendrait du temps. Dans ses conditions,  le mieux était de louer temporairement une grande maison avec jardin dans une ville voisine.
Une fois cette décision prise, Emmeline et Bryan ne perdirent pas de temps. En l'espace d'une semaine, une maison fut louée et ils emménagèrent dedans. C'était une bâtisse vieillote au crépis écaillé et aux papiers peints d'un goût douteux, coincée entre un immeuble et un entrepôt, mais elle était dotée de cinq chambres, d'une vaste cuisine et d'un spacieux salon.
L'installation achevée, Bryan et Emmeline mirent à profit ce que leur avait appris Jun. Retrouver le notaire d'Atsuhiro prit plusieurs jours, Lykandré peinant à se rappeler du nom de famille du défunt. Cependant, grâce à de nouvelles informations de la part de Jun, ils y parvinrent. Le notaire confirma que le vieux Atsuhiro avait en effet désigné comme unique héritier de tous ses biens un homme sauvage dont il avait laissé d'intriguantes photos. Le notaire était à sa recherche depuis la mort de son client.
Après quelques hésitations, Emmeline et Bryan amènerent chez le notaire un Lykandré tiré à quatre épingles. A partir de là les choses s'accélérent. Le notaire l'identifia comme étant l'homme sauvage et déclencha la procédure pour qu'il puisse hériter. Le lointain cousin du vieil Atsuhiro qui se considérait spolié s'empressa de leur coller un procès sur le dos.
Il remettait en cause qu'une créature dont ne connaissait pas les origines put hériter d'une île. Ce dernier ne pouvait être qu'un simple d'esprit inapte à gérer un bien et devait être mis sous tutelle.

mardi 6 mars 2012

Lykandré - 166

– Nous ne devrions pas essayer de trouver le fin mot de cette histoire, insista Méroé.
L'homme loup le fit lever de la chaise et le pressa contre son corps, maudissant les stupides vêtements que l'andromorphe aux cheveux de neige portait alors qu'ils étaient à l'intérieur et que ce n'était pas nécessaire. Il avait envie de sentir la douce chaleur de sa peau contre la sienne et de le renverser sur le sol avant de s'enfoncer en lui. Méroé, bien que toujours tracassé par le contenu du mail, ne pouvait ignorer la force de son désir.
– Lykandré... souffla-t-il.
Sous l'étoffe, son pénis avait également durci. Le retour de Colibri les obligea à reprendre contrôle sur eux-mêmes. Le perroquet ne parut pas se rendre compte qu'il les dérangeait. Il piailla :
– Emmeline a dit que si Lykandré avait l'île en héritage, cela résoudrait tout et que la piste méritait d'être creusée ! Si c'était le cas, nous n'aurions pas besoin de continuer à chercher un endroit où nous n'aurions pas à nous soucier des loup-garous, des épurateurs et autres personnes désireuses de décider pour nous de notre destin, il serait tout trouvé !
L'idée de retourner sur l'île d'Inukotou ne réjouissait pas Lykandré alors même que cela avait été son but initial après en avoir été arraché. La perspective d'être à nouveau à l'air libre, le ciel pour tout plafond, la terre sous ses pattes, l'enchantait, mais là-bas, avec les autres loups, c'était trop risqué pour Méroé.
– Colibri, tu réalises que si c'est vraiment l'île qui a été légué à Lykandré, les descendants directs ne vont reculer devant rien pour se débarrasser de Lykandré dès qu'il se sera fait connaître auprès des autorités compétentes, souligna Méroé.
– Actuellement aussi, alors cela ne change rien, objecta le perroquet.
– Cet homme qui veut me supprimer n'a peut-être rien à voir avec le vieil Atsuhiro. Et quand bien même ce serait le cas, ce n'est qu'une hypothèse que l'île soit en jeu. Enfin, ce n'est pas forcément l'endroit idéal pour vivre, déclara Lykandré.
– Si ma mémoire ne joue pas des tours, ce n'est pas toi au laboratoire du docteur Nakahira qui nous sérinai que ton île était un paradis et que tout ce que tu souhaitais, c'était y retourner ?
– Je sais. Mais c'est dangereux là-bas pour Méroé, laissa échapper Lykandré.
– Je n'ai pas la moindre intention de finir dans l'estomac d'un loup. Même pas le tien ! s'emporta l'andromorphe aux cheveux de neige, ses yeux noirs lançant des éclairs.
– J'ai bien conscience que tu n'es pas une faible créature que je dois protéger, tu l'as assez prouvé, mais c'est plus fort que moi.
– Si c'est comme ça que tu vois les choses, alors ça va.
Sur ces mots, Méroé posa la tête sur l'épaule de l'homme loup qui regretta que Colibri soit là, à les regarder d'un œil inquisiteur.

lundi 5 mars 2012

Lykandré - 165

– "Cher Lykandré,

C'est pas demain la veille que Monsieur Trott, sa femme et leur gros matou iront vous chercher des noises. Le laboratoire du docteur Nakahira nous les a achetés pour une somme rondelette. Le couple de lion les branchait tout particulièrement pour leurs tests d'accouplement. Kinsue nous a par contre tiré les vers du nez sur la façon dont on les a obtenus et nous a engueulé pour notre association avec des andromorphes. Heureusement le pognon filé par le labo l'a calmé.
Au cours de l'engueulade, Kinsue a laissé échapper qu'un gars l'avait contacté pour que nous retrouvions et tuions un homme sauvage avec des oreilles et une queue de loup, le même que nous avions capturé une fois sur l'île d'Inukotou. Kinsue qui a des principes, a envoyé bouler le type, car nous ne sommes pas des assassins comme les épurateurs, ces empêcheurs de tourner en rond qui viennent parfois fourrer le nez dans nos chasses et nous flinguer notre proie.
Je pense qu'il s'agit d'un descendant de l'ancien propriétaire de l'île qui a fini par apprendre que tu t'étais fait la malle du laboratoire du docteur Nakahira auquel il avait dû dévoiler ton existence. Et si cela lui plaît pas que tu sois en liberté, on peut supposer que le vieux fou de l'île t'a couché sur ton testament.
J'espère que vous avez la pêche et que ces infos vous seront utiles. A bientôt."

– Qu'est-ce que cela veut dire ? demanda Lykandré à Méroé qui avait lu le mail à haute voix.
Colibri qui était perché tout près, lui expliqua que cela signifiait que le propriétaire de l'île où il avait vécu lui avait peut-être légué quelque chose et que son héritier actuel, furieux, avait voulu se débarrasser de lui. Seulement dans sa soif d'argent, il avait dû d'abord préférer  le vendre plutôt que de le supprimer. En cage à vie, Lykandré n'aurait certes pas pu réclamer son héritage.
– Nous allons peut-être avoir une île, conclut le perroquet en sautillant joyeusement sur son perchoir. C'est une nouvelle qui mérite de déranger Emmeline dans son travail, ajouta-t-il en s'envolant dans la pièce d'à côté.
– Je me demande si Colibri ne se monte pas la tête, commenta Lykandré tandis que Méroé éteignait l'ordinateur.
– Je n'aime pas savoir que quelqu'un veut te faire du mal, soupira l'andrormorphe aux cheveux de neige en déposant un doux baiser sur les lèvres de l'homme loup.
Lykandré l'embrassa au creux du cou. L'hiver doucement, mais sûrement s'étiolait et le loup était de plus en plus enclin à faire l'amour à Méroé. Hélas, l'appartement d'Emmeline n' était pas du tout propice aux ébats, car les pièces étaient dépourvues de porte afin que le perroquet puisse y circuler comme il lui plaisait. Méroé ne voulant plus jamais faire des choses sexuelles en étant vu par une tierce personne, Lykandré se contentait de le dévorer de baisers.

vendredi 2 mars 2012

Lykandré - 164

Jun parut hésiter, mais Danno lui fila une tappe légère sur le sommet du crâne.
– Et de quoi, on vivrait, hein ? D'amour et d'eau fraîche ?
– On pourrait se trouver un autre boulot... avança Jun avec un manque de conviction flagrant.
Pour Lykandré, la question ne se posait pas. Il suffisait de chasser pour assurer sa subsistance. Cependant, il était vrai que les humains ne pouvaient pas se contenter de cela. Il avait cru comprendre qu'Emmeline pouvait faire son travail où qu'elle soit, mais cela ne semblait ni le cas de Bryan ni celui de Tonoshi. Et dans ses conditions, vivre tous ensemble n'était peut-être pas possible.
– Du moment que vous ne nous rendez pas visite avec l'intention de nous vendre, vous serez toujours les bienvenus parmi nous, déclara l'homme loup.
Après tout, même si Jun et Danno continuaient à capturer des andromorphes, ce n'était pas  grave. Ce n'était au final pas si différent que de chasser et tuer pour vivre. Lykandré n'avait certes pas apprécié de se faire attraper, mais au bout du compte, son horizon s'était élargi. Quitter l'île d'Inukotou lui avait donné la chance d'enfin appartenir à une meute où ses métamorphoses étaient naturelles et non bizarres, et surtout, cela lui avait permis de rencontrer Méroé.
Lykandré, Komori et Inuyume récupérèrent leurs vêtements et le petit groupe discuta encore un moment. Jun s'inquiétait de savoir comment ils allaient se débrouiller pour rentrer. Komori tenait à confirmer la localisation du cabinet de la doctoresse afin de pouvoir aller rendre visite à Tonoshi. Finalement, Danno entraîna son compagnon dans la camionette.  Le moteur se mit à ronronner. Avant que le véhicule ne démarre, Jun lança par la fenêtre :
– Je vous écris bientôt pour vous donner des nouvelles.
Sur le chemin de l'appartement de Bryan, le loup-garou, Emmeline et le perroquet racontèrent comment cinq jours plus tôt les andromorphes du groupe Trott avaient débarqué en force et les avaient emmenés contre leur gré. M.Trott avait cherché à rallier à sa cause Colibri, mais en vain.
Une fois dans l'appartement, tout le monde s'installa où il put et dormit une bonne partie de la journée pour se remettre des évènements de la nuit. A son réveil, dans l'après-midi, Bryan se dépêcha de se rendre à son travail pour expliquer du mieux qu'il pouvait sa soudaine disparition, sans pour autant dévoiler qu'il avait été kidnappé. Pendant ce temps, Komori retourna chez la doctoresse avec Chveuil qui voulait reconsulter pour son bras au grand damn d'Inuyume. De son côté, Emmeline rentra chez elle avec Colibri. Lykandré et Méroé partirent avec eux de façon à libérer de l'espace dans l'appartement de Blacky qui n'était pas prévu pour accueillir tant de monde.
Il s'ensuivit quelques jours tranquilles où chaque soir Emmeline et Bryan se téléphonaient pour donner des nouvelles et communiquer sur l'avancée de leurs recherches immobilières. L'épurateur, faible, mais tiré d'affaire, finit par quitter le cabinet du docteur pour la plus grande joie de Komori. Et, une semaine après l'affrontement dans le parc, un long mail de Jun arriva.

jeudi 1 mars 2012

Lykandré - 163

– Oui, mais maintenant que je suis au courant, je ne leur permettrai plus jamais t'arracher à moi. Tu n'es pas seul, répliqua Blacky.
Lykandré pensa qu'eux aussi étaient là pour empêcher le clan des loup-garous de les séparer. Laissant Danno refermer la cage où les deux lions et le tigre avaient été entassés, il alla enlacer l'andromorphe aux cheveux de neige qui était resté assis par terre. Sans Méroé et ses mots persuasifs, ils ne s'en seraient pas aussi bien sortis. Grâce à lui, ils n'avaient rien de plus que quelques écorchures à déplorer.
– Tu es le plus fort d'entre nous, lui glissa-t-il à l'oreille.
Les joues blanches de Méroé rosirent.
– Je n'ai rien fait, à part parler. Et sans vous, les andromorphes de M.Trott ne m'en auraient pas donné l'occasion, car ils n'auraient fait qu'une bouchée de moi.
– Nous faisons une bonne équipe, car comme tu l'as justement souligné, l'union fait la force. Ce n'est pas pour rien que les loups chassent à plusieurs...
– C'est bien mignon toutes embrassades, mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Chveuil, en venant se mettre devant Lykandré et Méroé.
Inuyume aboya pour lui signifier de se taire, mais Emmeline répondit de bonne grâce à l'andromorphe aux petites oreilles rousses :
– Nous allons reprendre nos recherches pour trouver un endroit où nous pourrons vivre ensemble et en paix. Ce que nous avions commencé à faire avant que M.Trott nous prenne en otage.
Colibri qui s'était niché sur l'épaule de la jeune femme, décolla sa tête de la joue de sa maîtresse et piailla :
– Quand je pense que personne ne m'avait pris au sérieux quand j'avais dit que le groupe Trott s'attaquerait à nous.
– Tu avais malheureusement raison, reconnut Lykandré.
– Hé ! Faudrait porter les trois bestioles dans la camionnette avant que l'aube se lève ! s'écria Danno.
– Tu es demandé, loulou.
Lykandré  abandonna à regret Méroé pour aller soulever la cage. L'heure de se reposer et savourer leur succès ne semblait pas encore venue.
Comme même à quatre le poids était considérable avec les trois félins, Emmeline participa au portage. Le reste du groupe suivit.
Quand les portières de la camionnette se furent refermées sur les Trott et le tigre, le temps de dire au revoir à Jun et Danno arriva.
Lykandré qui répugnait à se séparer des deux chasseurs d'andromorphes dont il voyait désormais la gentillesse et la générosité derrière leur apparente rudesse, proposa qu'ils les rejoignent après s'être débarrassés de leurs trois encombrants prisonniers.