mardi 31 mai 2011

Lykandré - 6

Lykandré fixa son regard sur Danno, cherchant à deviner quelles pouvaient être ses intentions, mais l'homme ne laissait rien transparaître. Après avoir pansé sa cheville foulée avec une bande tirée d'une trousse blanche, il s'installa en face de Lykandré et leva un visage pensif vers le ciel étoilé.
Ainsi, durant tout le temps qu'il fallut à Jun pour revenir avec le reste de la bande, Lykandré n'eut rien d'autre à faire que se torturer la cervelle, tentant régulièrement, mais en vain, de mouvoir son corps.
Il les sentit arriver avant de les voir. Derrière lui, il entendit Azur se mettre à grogner. Indifférent aux grondements menaçants du jeune loup, un homme de grande taille, la joue balafrée vint jeter un rapide coup d'œil au corps de Lykandré.
– Beau boulot, déclara-t-il.
Puis, il dégaina l'arme qu'il avait à la ceinture et tira sans état d'âme sur Azur. Le louvard poussa un cri, puis s'effondra avec un bruit mat. Lykandré voulut bondir sur l'homme, mais une fois de plus, son corps ne répondit pas, et son impuissance le fit rager.
– Goro, Chomei, virez le loup et mettez notre andromorphe à la place, ordonna l'homme à la balafre.
C'était l'alpha du petit groupe comprit Lykandré qui n'eut d'autre choix que de se laisser empoigner par deux hommes trapus qui avaient le même visage, trait pour trait. Porté sans cérémonie jusqu'à la cage, il put constater avec soulagement qu'Azur était toujours vivant.  Comme lui, il avait été paralysé.
– Kinsue, à qui livre-t-on cet andromorphe ? demanda soudain Jun.
– Franchement, qu'est-ce que t'en a foutre du moment qu'on touche les thunes pour l'avoir chopé, hein ? répliqua l'un des hommes trapus d'une voix qui suintait le dédain en fermant la porte de la prison de Lykandré.
Le brun n'eut pas besoin de se défendre, son partenaire le fit pour lui :
– Et toi, qu'est-ce que ça t'en à branler s'il a envie de savoir ?
– Danno, Chomei, suffit ! Notre petit loup sera le nouveau pensionnaire du labo du doc Nakahira. C'est par une de ses relations qui connaît l'unique descendant du vieux propriétaire de l'île qu'il a eu vent de la présence de cet andromorphe, répondit le gaillard à la joue balafrée.
Lykandré ne fut pas surpris d'apprendre qu'il se retrouvait dans cette situation indirectement à cause du vieux Atsuhiro. Jamais il n'aurait dû le fréquenter, et ce, même s'il était curieux d'en savoir plus sur la créature dont il prenait parfois la forme. Maintenant,  il en payait le prix. Il était paralysé, derrière des barreaux et allait quitter l'île où il était né, le seul endroit qu'il ait jamais connu pour un mystérieux lieu appelé « labo. »

lundi 30 mai 2011

Lykandré - 5

Jun, distrait par le cri qu'avait poussé son compagnon en chutant et par le louvard qui s'agitait dans la cage, rata son premier tir. Avant qu'il ait eu le temps d'utiliser à nouveau son arme, Lykandré l'envoya rouler au sol. L'homme loup essaya ensuite ouvrir la cage, mais il y eut une nouvelle détonation, suivi de près par une seconde. Jun, le visage égratigné, s'était relevé et Danno était revenu en clopinant. Lykandré sentit une douleur aiguë lui transpercer la cuisse, puis une autre lui traversa  l'avant-bras. Malgré tout, il fit volte-face, pour se jeter à nouveau sur ses adversaires, mais alors qu'il se précipitait sur Danno, il tomba brutalement sur le sol, paralysé.
Azur, la queue très haut, les babines retroussées et le poil hérissé, fixa les deux hommes d'un air méchant. Cependant, enfermé comme il était, il était tout aussi impuissant que Lykandré qui ne pouvait plus que regarder et écouter ce qui se disait.
– Cette fois, c'est notre andromorphe, pas de doute, Kinsue sera content, commenta Danno.
Jun rangea son pistolet et soupira.
– Parfois, je hais ce job.
– Faut bien qu'on mange. Mais je comprends ce que tu veux dire. Il faisait de mal à personne où il était, ce pauvre bougre.
– T'as vu ses yeux, s'ils pouvaient lancer des flammes, on serait déjà mort, brûlés vifs !
Lykandré aurait en effet volontiers mordu les deux hommes, mais son corps ne lui obéissait plus.
– Au fait, ça va ? T'as pas mal ? demanda Danno en caressant du bout du doigt la joue de son partenaire.
– Et toi ? répliqua Jun.
– C'est qu'un petit bobo. Une légère foulure, tout au plus.
– OK. C'est toi qui va rester ici. Je vais aller chercher les autres et on pourra se tirer de cette île.
Jun voulut partir, mais Danno l'attrapa par la taille, le plaqua contre son torse et glissa une langue avide entre les lèvres de son compagnon.
– C'est pas le moment, souffla Jun quand Danno le laissa respirer.
– Avec toi, c'est jamais le moment ! rétorqua Danno et, lui donnant une petite tape sur le derrière, il le libéra.
Avant que Jun ne s'éloigne, Lykandré qui avait conservé son odorat animal, sentit une odeur d'excitation émaner de sa personne. Contrairement à ce que le costaud avait l'air de penser, le brun avait très envie de s'accoupler... Les hommes étaient vraiment d'étranges créatures et être à leur merci était tout sauf une bonne nouvelle, songea Lykandré, en essayant à nouveau de bouger, mais sans succès. Qu'allait-il faire de lui et d'Azur ? Allaient-ils les manger ? Mais en ce cas, pourquoi ne pas les avoir tués immédiatement ?

vendredi 27 mai 2011

Lykandré - 4

Lykandré n'avait jamais imaginé la fouille méthodique qu'entreprendrait les cinq hommes. Ces derniers connaissaient leur affaire et avaient l'air bien décidés à ne pas repartir les mains vides. A l'aube du troisième jour de leur arrivée, Azur, un louvard se fit prendre dans l'un de leurs pièges. Ils ne le tuèrent pas, mais l'emprisonnèrent dans une cage où le jeune loup hurla sa détresse. Ses cris déchirants parvinrent aux oreilles de la meute, mais l'alpha refusa qu'un assaut soit donné pour le libérer. Cette décision prudente déplut, et le jeune Terre-de-sienne engagea un combat avec l'alpha afin de prendre sa place. Cependant, il dut finir par rouler sur le dos et présenter son ventre en signe de soumission. Lykandré ne tenta pas sa chance, mais se disant que c'était sa faute qu'Azur avait été capturé, car il en était convaincu, c'était lui que les hommes cherchaient, il choisit de désobéir au chef de la meute.
Au crépuscule, il partit discrètement en direction de la plage, là où s'était fait entendre pour la dernière fois Azur. Sans quitter le couvert des arbres, il finit par repérer la cage. Dedans, Azur, allongé le museau entre ses pattes, poussait des petits gémissements étouffés. Devant, montant la garde, se tenaient Danno, le costaud et Jun, le brun vus quelques jours plus tôt.
– Kinsue abuse, il nous file tout le boulot, se plaignait le costaud.
– Goro a repéré des possibles traces de l'andromorphe près de la cabane du vieux, aussi. On aurait peut-être pu le choppé plus tôt, si on avait fait gaffe.
– Tu veux dire si on avait pas été occupé à baiser, hein... Faut dire que t'as un si joli petit cul ! s'exclama Danno en tapotant les fesses de Jun.
Avec curiosité, Lykandré se demanda s'ils étaient encore en chaleur avant de reporter son attention sur Azur. Il n'y avait pas de moyen de parvenir jusqu'à lui sans se faire repérer par les deux hommes. Alors qu'il hésitait à miser sur l'effet de surprise, il sentit son corps se transformer à nouveau. Ses os craquèrent et il poussa un bref jappement de douleur qui ne passa pas inaperçu auprès des deux hommes. Lykandré, immobilisé par sa métamorphose douloureuse, regarda Danno s'approcher de sa cachette sans pouvoir rien faire. Cependant, quand l'homme arriva à son niveau, la transformation était achevée et se ramassant sur lui-même, Lykandré bondit et le renversa avec brutalité avant de s'élancer sur le sable en direction de la cage. C'était stupide, mais il était décidé à tenter le tout pour le tout. Il ne voulait pas repartir les oreilles basses, la queue entre les jambes.

Professor Strange Love, le boy's love version comédie




J'avais dit que j'en parlerai, nous y voilà donc avec du retard...
Je me suis bien amusée tout au long de la lecture, car l'accent est plus sur la comédie que sur la romance.

Le premier volume de la série  Professor Strange Love est composé de 3 histoires.

Professor Strange Love, l'histoire principale est super cocasse.
Vous le saviez-vous que pour tomber amoureux, il suffit de se casser la figure ? En tout cas, l'excentrique professeur Shiina le pense et c'est pour ça qu'ayant eu le coup de foudre pour Hayama, un étudiant qui travaille pour payer ses études, il se débrouille pour lui faire avaler un médicament qui augmente grandement sa propension à se casser la gueule... Ce qui permet de mettre le personnage dans tout un tas de situations délicieusement embarrassantes. Par ailleurs, le professeur étant un savant pour le moins curieux, Hayama se retrouve même à un moment avec des oreilles et une queue de chat. Et pour finir, le professeur Shiina a un jumeau tout aussi bizarre qui se prend d'affection pour le pauvre Hayama !

Les soucis d'une vie pleine de bizarre, seconde histoire du volume est dans le même ton décalé que la principale, mais il faut avouer que c'est moins drôle. C'est une petite histoire d'amour entre un pâtissier et un garçon à lunettes qui n'aime pas le sucre. Avis aux amateurs de mélange de sexe et de crème fouettée...!

Tu veux bien me donner ton deuxième bouton ?  La dernière histoire est la plus mignonne des trois tout en restant amusante. Tout arrive à cause d'un malentendu. A la fin de l'année scolaire au Japon,une coutume veut que le deuxième bouton de la veste de son uniforme soit donné à la fille qu'on aime. Or, le playboy du lycée qui a donné un bouton (soit disant son 2ème) à plein de filles, n'en a plus un seul à sa veste, il en vole donc à un de ses camarades sans savoir que ce dernier, amoureux de lui, va prendre ça pour une déclaration...


En conclusion, j'ai hâte de lire la suite de Professor Strange Love pour voir le pauvre Hayama dans encore plus de situations ridicules ! Oui, je sais, je suis sans pitié... Héhé.

jeudi 26 mai 2011

Lykandré - 3

– C'est peut-être les autres... Arrête... haleta Jun.
Danno glissa la main sur le sexe de son partenaire.
– Tu dis ça, mais tu bandes quand un malade, rien qu'à l'idée que t'as peut-être des spectateurs.
– Ça n'a rien à voir, c'est à cause de toi, gémit Jun.
Danno poussa un grognement de satisfaction, puis il se retira du corps de son compagnon, s'arrangeant pour qu'il lui fasse face avant de le pénétrer à nouveau, tout en le bâillonnant d'un baiser.
Lykandré qui n'était pas encore complètement redevenu loup quitta son poste d'observation, abandonnant les deux hommes à leur ébat et s'enfonça  dans la forêt. Le costaud avait parlé d'une proie, ce qui impliquait qu'ils allaient chasser.  Un andromorphe... Il ne savait pas ce que c'était, mais il pressentait que c'était lui dont il s'agissait. Atsuhiro l'avait prévenu qu'un jour sa vie paisible sur l'île de Inukotou prendrait fin. Il aimait à répéter, apparemment autant pour lui-même que pour Lykandré : « quand on n'est pas comme les autres, il vient toujours un moment où l'on vient vous chercher des ennuis. » Lykandré se mit à courir en direction de la meute, aussi vite que ses pattes pouvaient le porter, touchant à peine l'herbe sèche et craquante. Il fallait qu'il prévienne l'alpha qu'ils avaient de la visite. Ce dernier n'aurait pas peur, n'ayant jamais entendu les récits du vieil Atsuhiro sur la folie des humains, mais il fallait tout de même le mettre en garde. En peu de temps, il atteignit le territoire de la meute, mais ne prit pas le chemin de la tanière, se doutant que seuls les louveteaux devaient y dormir sous l'œil bienveillant d'un adulte. La nuit étant belle, quoique un peu chaude et ses congénères devaient chasser. Levant le museau, il chercha leur odeur. Il sentit d'abord celle d'un lapin, ce qui le mit en appétit, mais il ne se laissa pas distraire et continua à flairer jusqu'à ce qu'il trouve la piste qui le conduirait à l'alpha. Quand il rejoignit la meute, la chasse était finie : la carcasse déchiquetée d'un cerf  reposait sur le sol. Lykandré, un peu déçu d'arriver après la bataille, ne résista pas cette fois à l'odeur alléchante et participa au festin. Cependant, une fois la panse pleine, il aborda avec déférence l'alpha pour lui rapporter ce qu'il avait entendu. Comme il s'y attendait, le chef de la meute ne saisit pas le danger que représentait les deux hommes, mais prouvant une fois de plus qu'il n'était pas l'alpha pour rien, il diffusa l'information et interdit à quiconque de se frotter aux créatures à deux pattes.  De son côté, Lykandré décida de faire preuve d'une extrême prudence durant tout le temps qu'ils séjourneraient sur l'île. Pas question qu'il se laisse attraper !

mercredi 25 mai 2011

Lykandré - 2

Doucement, il se rapprocha et, à l'abri derrière des buissons, il les vit. Sous l'auvent du vieux, deux hommes étaient assis dos contre dos sur une épaisse couverture.
– Il devait être taré pour vivre ainsi tout seul dans cette piaule inconfortable, déclara celui de droite, un brun au visage bronzé.
– Il était peinard comme ça, oui, personne pour l'emmerder. Il pouvait se branler quand ça lui chantait, rétorqua celui de gauche, un type costaud tout en muscle.
Bien qu'une bonne partie de ce qui était dit lui échappât, Lykandré comprit qu'ils parlaient du vieux Atsuhiro et qu'il était mort. Levant les yeux sur la lune qu'on apercevait entre les cèdres, il retint le hurlement de tristesse qu'il avait envie de pousser à cette nouvelle.
– Danno, qu'est-ce que tu fiches ?
Sous l'auvent, le costaud s'était retourné et s'était installé juste derrière le brun, le collant étroitement.
– Avec mon membre brûlant contre tes fesses, t'as vraiment besoin d'un dessin ? répondit le fameux Danno en déboutonnant le jeans du brun.
– C'est pas le moment. Chomei, Goro et Kinsue sont en chemin. Ils ne devraient plus tarder à se pointer.
L'idée que plus de monde débarque sur l'île déplut à Lykandré et il décida de rester afin d'en apprendre plus sur le but de leur venue. Le vieil Atsuhiro lui avait bien dit qu'il interdisait à quiconque de venir sur son île, car il aimait la solitude et qu'il souhaitait que personne ne découvre l'existence des derniers loups du Japon.
– Allez, Jun. Me dis pas que tu veux pas. On a l'île pour nous, répliqua Danno tout en fourrageant dans le pantalon de son partenaire.
Ledit Jun ne protesta plus et se mit à gémir. Pendant de longues minutes, ils ne parlèrent plus. Lykandré les regarda se caresser avec fièvre. C'était l'été et la saison des amours était finie depuis longtemps, aussi ne comprit-il pas tout de suite ce qu'ils faisaient. Cependant, quand il vit le costaud fourrer son pénis dans le corps de l'autre homme, il lui apparut qu'aussi étonnant que cela puisse lui sembler, ils s'accouplaient. A ce moment précis, ses mains brunes posées sur le sol se mirent à fondre pour se transformer à nouveau en pattes et dans le processus des branches craquèrent.
– Danno, attends ! J'ai entendu un bruit.
Lykandré se figea, maudissant son corps, mais indifférent aux craintes du brun, le costaud continua à le pilonner.
– Y a personne ici, si ce n'est notre andromorphe. Tu ne crois tout de même pas qu'on aurait la chance que notre proie soit en train de nous épier dans les buissons, juste à portée de mains ?

mardi 24 mai 2011

Lykandré - 1

A première vue, Lykandré était en tout point semblable à un loup ordinaire. Il possédait un pelage gris fauve et des yeux orangés, faisait un mètre vingt de long tandis que sa hauteur au garrot était de soixante centimètres. Comme tous les loups, il voyait la nuit, était doté d'un odorat puissant, courait vite et était capable de franchir des obstacles de deux mètres de haut. Et pourtant, il était différent des douze autres loups de la meute à laquelle il appartenait. Ce n'était pas dans la hiérarchie qu'il se distinguait, puisqu'il était comme les autres soumis à l'autorité du couple alpha. Non, ce qui le rendait à part, c'était qu'il se transformait en homme, parfois partiellement, parfois complètement, souvent dans la douleur et toujours de façon imprévisible. En tant qu'élément instable, il était considéré comme peu fiable par les autres loups de la meute, ce qui ne l'empêchait pas de faire partie intégrante du groupe. Il était chahuté, mais pas plus qu'un autre et savait se défendre à coups de griffes et de dents. Quand il n'était encore qu'un louveteau, il croyait que tous les loups étaient comme lui, mais en grandissant, il avait compris qu'il était le seul affligé de cet handicap, le seul à prendre le visage d'une autre créature. A l'époque, il s'était renseigné auprès des autres loups, mais tous, ils avaient éludé ses questions, incapables d'y répondre. Quand il avait rencontré le seul habitant humain de la petite île d'Inukotou, le vieil Atsuhiro Takaya, alors qu'il s'était éloigné de la meute lors de l'une de ses honteuses métamorphoses, ce dernier n'avait pas eu plus d'explications à lui fournir. Cependant, intrigué par l'allure étrange de cet enfant aux oreilles et à la queue de loup, le vieil homme avait cherché en vain à le civiliser, consignant ses tentatives dans des carnets, prenant des photos. Il avait tout de même réussi à apprendre à son élève récalcitrant le langage des hommes ou plus exactement, une de leurs langues - le Japonais.
Depuis, bien des années s'étaient écoulées, et Lykandré avait assisté à bien des naissances et des morts car sa longévité dépassait celle de ses congénères, une seconde particularité qui semblait étroitement liée à sa capacité à se transformer en homme. A présent âgé de vingt ans, il avait encore la vivacité d'un jeune loup et il souffrait toujours de sa différence. Chaque fois que l'homme prenait le pas sur le loup, il s'éloignait de la meute. La plupart du temps, il se terrait dans un coin,  attendant avec impatience que ses poils repoussent, mais parfois, il se rendait chez  Atsuhiro.
Cette nuit-là, aux abords de la cabane du vieux, alors qu'il n'avait plus du loup que la vision nocturne et les oreilles pointues, il entendit des bruits curieux. Il s'immobilisa et tendit l'oreille. Ce n'était pas la voix d'Atsuhiro. Il flaira l'air, mais son nez humain ne lui apprit rien.

lundi 23 mai 2011

Blanc-Neige - 8 (fin)

Docteur, lassé du sans-gêne des deux cavaliers, leur indiqua d'un ton sec la route qu'ils devaient prendre pour rejoindre le château, et, tous les nains regardèrent avec soulagement le frère et la sœur s'éloigner.
Quand ils eurent disparu à l'horizon, Grognon attrapa le couvercle du cercueil de Blanc-Neige pour le refermer, mais il ne put s'y résoudre. Les mots du cavalier lui trottaient dans la tête. Du vivant de Blanc-Neige, il n'avait pas réussi à être honnête avec ses sentiments et s'était toujours montré désagréable avec le jeune prince, mais à présent, qu'est-ce qui le retenait encore de l'embrasser comme il en avait eu si souvent envie ? Il était un nain, Blanc-Neige était un jeune homme... mais tout cela n'avait plus d'importance.
– Que fais-tu ? l'interpella Docteur comme Grognon se penchait pour poser ses lèvres à celles de Blanc-Neige.
Grognon ne répondit pas, trop occupé à embrasser le jeune prince. Ses camarades voulurent le détacher de Blanc-Neige, l'accusant de profaner son cadavre et dans l'agitation, le corps du jeune prince tomba du cercueil et le morceau de pomme empoisonnée qui était resté coincé dans sa gorge tomba. Il poussa un faible gémissement que les nains qui étaient en train de se battre, n'entendirent pas. Cependant, Grognon fut le premier à voir qu'il bougeait à nouveau.
– Il est vivant, cria-t-il et la bagarre cessa sur le champ.
– Que s'est-il passé ? demanda Blanc-Neige l'esprit encore tout engourdi.
Heureux, Farouche, Valétudinaire, Paresseux et Docteur, dans une joyeuse cacophonie, lui racontèrent ce qui s'était passé pendant qu'ils l'avaient cru mort, sans oublier de mentionner, pour finir, le baiser de Grognon.
En entendant cela, le cœur de Blanc-Neige se gonfla de joie. Jamais il n'aurait osé espérer que son amour puisse lui être retourné. Sous les yeux ébahis, des six autres nains, Blanc-Neige souleva Grognon de terre et l'embrassa.
– Je crois bien que nous allons devoir construire une annexe à la chaumière pour ces deux tourtereaux, conclut Docteur avec pragmatisme.
Muet, Valétudinaire, Farouche, Paresseux et Heureux opinèrent du bonnet. Si Blanc-Neige aimait Grognon, alors ils ne voyaient pas d'inconvénients à leur couple et tout était bien qui finissait bien.

vendredi 20 mai 2011

Blanc-Neige - 7

Avant qu'il n'ait pu trouver une réponse, il entendit les nains chanter au loin. L'ours grogna et s'éloigna, mais il était trop tard pour le chasseur pour s'esquiver en vitesse avec le corps de Blanc-Neige, sans être vu des nains. S'il s'échappait, cela ne pouvait être que sans poids mort...
 Les sept nains soupçonnèrent immédiatement qu'il y avait eu un nouveau problème, car aucune fumée ne s'échappait de la cheminée. Leurs craintes se confirmèrent quand ils virent un curieux vieillard sortir en courant à tout allure de leur demeure.  Alors qu'ils hésitaient à se lancer à sa poursuite, un ours se jeta sur l'homme et lui arracha ses vêtements d'un puissant coup de patte. Sans chercher porter secours à la victime de l'ours, considérant que le fuyard ne le méritait pas, ils se dépêchèrent de gagner leur chaumière, mais c'était trop tard. Le jeune prince était étendu sur le sol, la peau plus blanche que jamais et il ne respirait plus. Docteur qui l'examina, ne put que confirmer son décès. Grognon eut beau râler et pester, rien n'y fit. Ils le pleurèrent et le veillèrent durant trois jours et trois nuits, puis Docteur voulut qu'il soit enterré, mais Grognon refusa. Il proposa de fabriquer un cercueil de verre. Il voulait pouvoir continuer à le contempler ainsi endormi aussi longtemps que possible. Cela lui rappelait le premier jour où il l'avait découvert allongé sur son lit et celui de Farouche, le jour où il était tombé amoureux de lui. Ses camarades furent étonnés par sa suggestion, mais il cédèrent à son caprice et ils confectionnèrent un cercueil de verre qu'ils installèrent juste à côté de leur maisonnette.
Ils venaient à peine de finir leur ouvrage et d'allonger Blanc-Neige dedans que deux cavaliers arrivèrent. L'un d'eux était une jeune fille vêtue d'une élégante tenue d'équitation, l'autre un homme aux habits princiers. La jeune fille se plaignait qu'ils s'étaient perdus tandis que l'autre se montrait plein de désinvolture.
– Pouvons-nous vous aider à retrouver votre chemin ? proposa Docteur.
La jeune fille, en voyant les nains, poussa un petit cri horrifié. L'autre cavalier, lui, ne réagit pas. Ignorant la question du nain, il sauta de cheval, s'approcha du cercueil de verre et souleva le couvercle.
Grognon qui était agenouillé devant réagit au quart de tour.
– Que croyez-vous faire ? aboya-t-il en s'interposant entre le cavalier et le cadavre de Blanc-Neige.
– Je voulais juste admirer de plus près cette beauté.
– Vous n'aviez pas besoin d'ouvrir son cercueil pour ça, gronda Grognon.
– Elle est donc morte ? Quel dommage... Je l'aurais bien réveillée d'un baiser, car ce n'est pas un petit bonhomme comme toi qui en trouverait le courage !
– C'est un jeune homme, intervint Heureux tout en retenant Grognon qui voulait se jeter sur le cavalier pour lui apprendre les bonnes manières.
– Un garçon... Quelle déception ! Enfin, ce n'est guère important. Il paraît que la reine de ce pays est très belle et je compte bien demander sa main.
– Encore faut-il que nous arrivions à sortir de cette forêt, rétorqua la cavalière.
Puis jetant un coup d'œil à Blanc-Neige, elle ajouta :
– Cela se voit que c'est un garçon, tu es vraiment aveugle, mon cher frère. Enfin, là où tu as raison c'est qu'aucune femme ne voudrait de lui pour mari, il ferait par trop ombrage à sa propre beauté..
– Une naine, peut-être, avança le cavalier moqueur en remontant sur sa monture.

jeudi 19 mai 2011

Blanc-Neige - 6

Ce jour-là, alors qu'il songeait à Grognon, se demandant combien de temps encore il arriverait à cacher aux nains le doux penchant qu'il avait pour l'un d'entre eux, il vit arriver par la fenêtre un vieillard, un panier rempli de pommes rouges sous le bras. Le vieil homme toqua à la porte tout en déclarant d'une voix chevrotante :
– Je vends de belles pommes. N'y aurait-il personne ici pour m'en acheter ?
Blanc-Neige hésita un peu avant d'ouvrir, mais intéressé par les pommes, se disant qu'il pourrait cuisiner une délicieuse tarte pour les nains, il laissa entrer l'inconnu.
– Tiens, goûte-donc en une, proposa le vieillard en lui tendant une superbe pomme rouge qui semblait ne demander qu'à être croqué.
Sans se méfier, Blanc-Neige la prit, mordit à belle dents dedans et s'écroula sur le champ, apparemment mort.
Le chasseur - car c'était lui qui s'était déguisé en vieillard pour tromper le jeune prince - ricana, satisfait d'avoir réussi son coup. Cette fois, la reine serait contente de lui. Quand il lui avait rapporté son échec, elle s'était mise dans une colère noire et avait jeté son miroir par terre, le faisant éclater en mille morceaux. Après cela, un peu calmée, elle lui avait soumis ce plan.
– La force brute ne valant rien, nous ruserons. Puisque Blanc-Neige ne semble pas désireux de revenir au château et qu'il semble s'être acoquiné avec ses gnomes, le mieux est de patienter un moment. Quand il se croira hors de danger, tu passeras à l'attaque sous un déguisement. Une pomme empoisonnée et le tour sera joué.
Le chasseur mit le corps glacé de Blanc-Neige sur son épaule et quitta la chaumière afin de ramener le jeune prince à la reine. Cette dernière pourrait prouver à toute la cour que le prince avait bel et bien cesser de respirer.
Pensant que plus personne ne pourrait l'arrêter et qu'il était  désormais tiré d'affaire, le chasseur venait de pénétrer dans le bois quand soudain un ours immense se dressa devant lui. Effrayé, le chasseur recula, et toujours avec son fardeau sur l'épaule, il se dépêcha de se mettre à l'abri dans la maison des nains. En sueur, le chasseur referma la porte de la chaumière juste au nez de l'ours qui l'avait suivi. Il déposa ensuite Blanc-Neige sur le sol et attendit que l'ours s'en aille. Toutefois, ce dernier ne semblait pas décidé à partir, ayant trouvé un buisson de mûres à son goût sous la fenêtre des nains. Avec une impatiente grandissante, le chasseur vit le soir arriver. Les nains ne tarderaient plus et l'ours le bloquait toujours à l'intérieur. Qu'allait-il faire ainsi pris entre le marteau et l'enclume ?

mercredi 18 mai 2011

Blanc-Neige - 5

Ces tergiversions lui firent fatales. Valétudinaire étant plus malade qu'à son habitude, les nains avaient décidé de rentrer plus tôt ce jour-là et, voyant le chasseur en train d'agresser Blanc-Neige, ils se précipitèrent sur lui, Grognon en tête. Le chasseur, comprenant qu'il n'avait aucune chance de l'emporter contre sept nains en colère, prit la fuite, décidant qu'il reviendrait plus tard. Avec leurs petites jambes, les nains réalisèrent rapidement qu'ils ne pouvaient le rattraper et ils renoncèrent à la poursuite pour s'occuper de Blanc-Neige
Ce dernier avait eu plus de peur que de mal et il s'inquiétait surtout des dégâts qu'avait occasionné sa course-poursuite avec le chasseur. Valétudinaire, particulièrement contrarié par la destruction de sa chaise abonda dans son sens ce qui lui valu de subir les foudres de Grognon.
– Blanc-Neige a failli mourir et toi tu te tracasses de ta chaise, c'est n'importe quoi ! cria-t-il.
Valétudinaire esquiva la dispute en montant s'allonger à l'étage, parce qu'il se sentait mal. C'était la première fois que Grognon était de son côté et le cœur de Blanc-Neige se mit à battre un peu plus fort. Avec un mélange d'excitation et d'effroi, il réalisa qu'il ne voulait pas seulement que le nain accepte sa présence, il souhaitait qu'il l'aime, et pas seulement en tant qu'ami... Décidant d'enfouir cette découverte au plus profond de lui-même, Blanc-Neige proposa aux nains de s'en aller afin de ne pas les mêler plus longtemps à ses ennuis.
– Où iras-tu ? Et puis de toute façon, ce n'est pas ça qui empêchera cet assassin de revenir, rétorqua Grognon.
Docteur approuva :
– Il vaut mieux que tu demeures avec nous. Nous allons réparer cette porte, en construire une plus solide et pendant quelques temps, tu te barricaderas à l'intérieur. Cet homme finira bien par renoncer en constatant qu'il ne peut t'atteindre.
Blanc-Neige n'en était pas si sûr, mais il ne chercha pas à discuter. Il aimait sa vie avec les nains et il n'avait pas du tout envie de s'éloigner de Grognon. Désormais, il resterait sur ses gardes.
Néanmoins, pendant plusieurs semaines, il ne se passa rien et petit à petit, Blanc-Neige relâcha son attention, tourmenté par les sentiments grandissants qu'il ressentait pour Grognon. Le nain n'était pas franchement beau à proprement parlé. Il était courtaud, ses oreilles pointues, son nez un peu épaté et sa tignasse blonde hirsute, mais il possédait des yeux d'un bleu profond et une belle voix grave.

mardi 17 mai 2011

Blanc-Neige - 4

Pendant que la reine, frustrée et inquiète, attendait devant son miroir de mettre la main sur le chasseur, Blanc-Neige, lui, prenait goût à sa nouvelle vie. Chez les nains, il était traité comme un jeune homme normal. Il n'y avait pas de courtisans pour lui lécher les bottes, pas de manigances politiques... Tout était délicieusement simple. Le seul problème était Grognon qui n'arrêtait pas de ronchonner et de trouver à redire à tout ce qu'il faisait. Il râlait même quand Blanc-Neige lui préparait ses plats préférés. C'était trop cuit, pas assez sucré, trop salé, pas assez tendre... Cela peinait Blanc-Neige, mais ne l'empêchait pas d'essayer de satisfaire les exigences du nain. Il appréciait beaucoup Grognon, car il avait remarqué que ce dernier, tout en se plaignant et tout en marmonnant dans sa barbe, l'aidait discrètement dans ses corvées. Il savait que c'était lui qui coupait le bois pour le feu de la cheminée, évitant à Blanc-Neige de le faire. Il l'avait aussi vu débarrasser en douce la table et ramener en cachette des seaux d'eau de la rivière. Les autres nains, eux, se reposaient entièrement sur Blanc-Neige, considérant que tout cela faisait partie de son travail. Toutefois, quand le prince avait cherché à remercier Grognon, celui-ci s'était esquivé et avait arrêté de lui donner des coups de main durant une semaine entière. Blanc-Neige n'avait donc pas réitéré l'expérience, mais s'était efforcé de faire encore plus plaisir à Grognon, glissant systématiquement ses mets favoris dans les casse-croûtes du midi que les nains emportaient à la mine.

Une après-midi, un mois après être arrivé chez les nains, alors que Blanc-Neige étendait la lessive sur une corde accrochée entre deux arbres, il entendit des bruits de pas. Inquiet, se demandant s'il était arrivé quelque chose aux nains et si c'était pour ça qu'ils rentraient si tôt, il scruta la forêt et eut la surprise de voir apparaître le chasseur qui avait cherché à le tuer. Lâchant sa corbeille de linge, Blanc-Neige courut se réfugier dans la maison des nains.
Le chasseur fut arrêté à la porte, mais pas très longtemps. D'un coup d'épaule, il la renversa et se mit à poursuivre le jeune prince dans toute la chaumière.
– Comprends-moi, je n'ai pas envie de tuer. Mais c'est toi ou moi, à présent. Ta belle-mère m'a dit qu'elle ne me pardonnerait que si je ramenais ton cadavre, sinon elle me fera pourchasser sans relâche et me pendra.
Blanc-Neige ne répondit rien à ses piètres excuses du chasseur. Il préférait économiser son souffle plutôt que de lui dire qu'il aurait mieux fait de ne jamais accepter au départ de lui ôter la vie.
Ils jouèrent longuement au jeu du chat et de la souris avant que Blanc-Neige, butant contre une chaise brisée lors d'un précédent passage, ne s'effondre sur le plancher, haletant. Le chasseur se mit à califourchon sur lui et commença à lui serrer le cou. Cependant, comme la première fois, en sentant Blanc-Neige se tortiller sous lui, le désir monta en lui et, il arrêta de l'étrangler. Il n'était plus étonné ni même gêné par l'excitation qu'il ressentait, mais il hésitait sur la marche à suivre, éprouvant l'envie perverse de satisfaire ses besoins physiques avant de mettre fin aux jours du jeune homme.

lundi 16 mai 2011

Blanc-Neige - 3

Mais, juste au moment où Grognon se penchait sur l'inconnu, Paresseux, Heureux, Farouche, Muet, Docteur et Valétudinaire déboulèrent bruyamment dans la pièce, réveillant le dormeur.
– Des nains ! Tout s'explique ! Je me disais aussi qu'il était étrange que des enfants vivent seuls au cœur de la forêt ! s'exclama le jeune prince.
– Que fais-tu chez nous ? aboya Grognon, l'air méchant.
Blanc-Neige s'empressa de s'excuser et raconta sa triste histoire.
– Ce n'est pas une raison pour s'incruster chez les gens... commença Grognon, mais ses camarades le firent taire.
– Si tu t'occupes de la maison, tu es le bienvenu ici, déclara Docteur.
Le jeune prince s'empressa d'accepter la proposition :
– Je ferais tout ce que vous voulez. La vaisselle, la cuisine, le ménage, la couture... Je ne suis pas très expérimenté dans toutes ses tâches, mais ma défunte nourrice m'a tout appris, car selon elle, il n'y a pas de raison que seules les femmes fassent tout cela.
Alors que les nains se réjouissaient de ne plus avoir de corvées ménagères à accomplir, Grognon intervint à nouveau pour râler
– C'est bien joli tout cela, mais où dormira-t-il ? Farouche et moi, nous n'allons pas nous priver de lits pour lui !
Docteur qui avait réponse à tout, répliqua :
– Nous lui en fabriquerons un dès demain et pour cette nuit, et bien, nous nous arrangerons.
– Et pendant que nous nous occuperons de confectionner un lit, qui ira à la mine ? grommela Grognon.
– Je peux dormir par terre, glissa Blanc-Neige.
– Mais non, il ne faut pas écouter ce grincheux personnage, notre mine peut bien attendre une journée, dit Heureux avec un bon sourire.
– Si la reine apprend d'une façon ou d'une autre que son beau-fils est chez nous, nous aurons des ennuis, ronchonna Grognon, et sur cette sinistre prévision, il quitta la pièce.
– Il a sûrement raison, s'inquiéta Blanc-Neige.
– Ah ! Tout cela me donne des palpitations d'estomac, soupira soudain Valétudinaire.
– C'est sûrement parce que tu as faim, répondit Docteur, provoquant l'hilarité d'Heureux.
Blanc-Neige se leva promptement du lit de Grognon où il était encore assis.
– Si vous êtes vraiment certains que je peux rester, je vais aller de suite vous préparer le dîner.
Docteur fit voter Farouche, Muet, Heureux, Valétudinaire et Paresseux à main levée et l'unanimité fut générale, le seul opposant apparent ayant déjà quitté la place.

 Des jours tranquilles s'écoulèrent dans la chaumière. Pendant que les nains travaillaient à la mine, Blanc-Neige accomplissait toutes les corvées ménagères consciencieusement. Il était plein de reconnaissance pour les sept nains qui l'avaient accueilli avec générosité et faisait tout pour leur plaire. D'ailleurs, tous les nains, à l'exception de Grognon, étaient d'avis que leur vie était plus bien agréable depuis que Blanc-Neige avait débarqué sans prévenir chez eux.
Cependant, au château, la reine était lassée de l'atmosphère sinistre de la cour. Le nom de Blanc-Neige restait sur toutes les lèvres et une rumeur persistante flottait : peut-être que le jeune prince n'était pas mort, peut-être avait-il survécu à la féroce bête qui l'avait entraîné dans la forêt... Malgré elle, la reine s'était mise à douter et le fait que le chasseur ait disparu peu de temps après avoir exécuté ses ordres, avait renforcé ses soupçons. Finalement, agacée d'avoir l'impression que son propre reflet se moquait d'elle dans le miroir, elle paya des hommes pour qu'ils retrouvent le pauvre chasseur. Elle voulait lui arracher la vérité et, au besoin, l'obliger à faire ce qu'il avait originellement accepté : la débarrasser définitivement de Blanc-Neige.

Fleur Bleue, le livre

Les plus observateurs/trices d'entre vous auront remarqué que le livre Fleur Bleue est disponible sur The book edition, toujours est-il, que ça y est, il est sorti...
Le roman compte 185 pages dont 9 pages bonus sur Tony et Aoki et coûte 11,69€. Il est, comme d'habitude, également disponible en version PDF.

Le livre Fleur Bleue

Sinon, sur le blog, après la fin du conte Blanc-Neige qui comptera au total 8 épisodes, débutera Lykandré. J'espère que cette nouvelle histoire vous plaira et que vous continuerez à me lire...

vendredi 13 mai 2011

Blanc-Neige - 1 & 2

Oui, le premier épisode avait été posté hier et peut-être réapparaîtra-t-il par magie, mais comme vous l'avez peut-être remarqué Blogger ne fonctionnait pas correctement durant ces dernières 48 heures. J'espère que cette fois, cela va vraiment remarcher. Désolée pour les commentaires qui ont été mangés comme le post de la veille et bonne lecture de Blanc-Neige !
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Il était une fois dans un pays très lointain, une reine prénommée Flocon dont la santé était fragile. Bien que cela comporte des risques pour sa vie, elle voulait porter un enfant. Son époux désirait un fils, mais cela importait peu à Flocon qui souhaitait juste un enfant qu'elle pourrait bercer contre son cœur. Finalement, après de longs mois d'attente, elle fut enceinte. Une grande fête fut organisée. Les mois passèrent et enfin, Flocon accoucha par une froide nuit d'hiver. Elle mis au monde un garçon à la peau blanche comme la neige qui tombait dehors, aux lèvres rouges comme le sang et aux cheveux noirs comme les cendres de la cheminée. Elle décéda, hélas, juste après l'avoir serré dans ses bras. Le roi porta son deuil durant plusieurs années, puis se remaria avec une très belle femme qui lui rappelait la défunte Flocon. Son fils, Blanc-Neige, était alors âgé de seize ans. C'était un bel adolescent aux traits fins et au cœur d'or. Les jeunes femmes de la cour chuchotaient dans les corridors qu'il était mignon, les hommes pensaient qu'il était charmant. La reine qui était très coquette et qui entendaient les murmures de la cour, se  mit à jalouser Blanc-Neige.
Un an plus tard, alors que le roi venait de décéder, la reine crut entendre son reflet dans le miroir lui dire que l'adolescent était plus aimé et admiré qu'elle, et que tout le monde voudrait qu'il monte immédiatement sur le trône. Furieuse et inquiète à l'idée de ne plus régner, elle paya un pauvre chasseur pour qu'il emmène Blanc-Neige dans la forêt et le tue.
– Ramène-moi une preuve de sa mort, ordonna-t-elle.
Sachant que le jeune prince adorait les animaux, le chasseur le convainquit de l'accompagner se promener en forêt, lui promettant qu'il lui montrerait un endroit où l'on pouvait voir les biches s'abreuver.
Quand ils furent isolés dans les bois, le chasseur empoigna Blanc-Neige avec brutalité et dégaina son poignard. Le jeune homme ouvrit de grands yeux, mais ne pleura pas pour sa vie. Cependant, le corps chaud et vivant de Blanc-Neige collé au sien éveilla le désir du chasseur. Surpris et honteux de cette excitation qu'il éprouvait pour une personne de l'autre sexe, il relâcha son emprise. Blanc-Neige détala alors comme un lapin dans la forêt. Pris de pitié pour celui qui avait failli être sa victime, le chasseur lui cria :
– Surtout, ne reviens jamais, ta belle mère souhaite ta mort !
Pendant que Blanc-Neige courait, s'enfonçant de plus en plus profondément dans la forêt, le chasseur tua un cerf et rapporta son cœur à la reine, priant pour qu'elle ne se rende pas compte de la supercherie.

Ignorant la duplicité du chasseur, la reine doubla sa récompense afin qu'il raconte à la cour, comment, en un éclair, sans qu'il ne puisse rien faire, une bête sauvage s'était attaquée au pauvre Blanc-Neige et avait entraîné son cadavre dans la forêt.
Pendant ce temps, le jeune prince, ses vêtements déchirés par les ronces et son visages griffé par les branches des arbres, avait découvert une chaumière isolée. Comme il était perdu et qu'il n'avait nulle part où aller puisqu'au château sa belle-mère voulait se débarrasser de lui, Blanc-Neige se permit d'entrer dans la maisonnette alors même que personne ne lui avait répondu quand il avait toqué.
A l'intérieur, tout le mobilier était de petite taille et le désordre le plus complet régnait : par terre, du linge sale traînait, la vaisselle débordait de l'évier et sur la table, on pouvait encore voir les reliefs du petit déjeuner. N'y avait-il personne pour s'occuper des enfants qui semblaient habiter ici ? songea Blanc-Neige en commençant à rassembler dans un coin les vêtements éparpillés dans la pièce. Il débarrassa ensuite la table et fut amusé de constater que chaque petite chaise portait une inscription avec le nom de leur propriétaire. Il y avait là Paresseux, Heureux, Grognon, Farouche, Muet, Docteur et Valétudinaire. Après cela, Blanc-Neige s'attaqua à la vaisselle avant de passer un coup de balai sur le plancher. Enfin, épuisé par les émotions de la journée et par le ménage qu'il venait de faire, Blanc-Neige s'allongea en transversale sur deux des sept lits qui se trouvaient à l'étage, juste sous le toit de la chaumière.
Quand les sept occupants de la maisonnette rentrèrent chez eux, ils comprirent de suite que quelqu'un avaient pénétrés leur logis en leur absence.
– Quelqu'un a nettoyé notre chaumière ! s'écria Docteur.
– Voilà une bonne chose de faîte ! s'exclama Heureux.
– Cela ne se fait pas d'entrer chez les gens sans autorisation... bougonna Grognon.
Muet, les yeux écarquillés, fit le tour de la pièce tandis que Valétudinaire se sentait pris de frissons à l'idée que quelqu'un avait touché à leurs affaires.
Paresseux, peu préoccupé par la situation qui somme toute l'arrangeait vu qu'il détestait faire le ménage, se rendit à l'étage pour piquer un roupillon avant le dîner. Il aperçut de suite Blanc-Neige et redescendit aussitôt pour annoncer que l'intrus était encore chez eux et qu'il était couché sur les lits de Farouche et Grognon.
En apprenant qu'un inconnu se trouvait dans son lit, Farouche rougit d'embarras tandis que Grognon s'empourpra de colère.
– Cela ne va pas se passer comme ça, grommela-t-il et, avant que ses camarades ne puissent le retenir, il monta à l'étage pour dire deux mots à l'intrus. Cependant, sa fureur se calma quand il vit le beau visage pâle entouré de boucles noirs. Fasciné par les lèvres rouges entrouvertes du jeune homme, il s'approcha doucement.

mercredi 11 mai 2011

Si Cendrillon était un homme... 9 (fin)

Pendant des semaines, des jeunes femmes défilèrent au château. Des bergères aux filles de duchesses, toutes venaient tenter leur chance, mais invariablement, leurs pieds flottaient dans le pantoufle de verre. Javotte et Jubilée qui auraient été prêtes à se couper le talon s'il avait fallu, se débrouillèrent pour que leurs pieds gonflent. Cependant le résultat dépassa leurs espérances et elles ne purent pas rentrer dans la chaussure !
 Finalement, six semaines après l'édit du roi, alors que le prince commençait à craindre de s'y être mal pris, une petite vieille toute ridée vint essayer la pantoufle. Tout le monde se moquait d'elle, mais elle faisait la sourde oreille. Le serviteur qui faisait essayer la chaussure voulut la refouler d'office, mais la vieille l'ignora, lui et le soulier, pour s'adresser au prince qui surveillait de loin les essayages.
– Je sais, moi, à qui appartient cette pantoufle de verre ! Si vous voulez bien vous approcher, je vous le dirais à l'oreille.
Laurent, se disant qu'il n'avait rien à perdre, rejoignit la vieille femme et l'attira à l'écart. Lili, car c'était elle, lui indiqua où se trouvait la maison des Léonias et lui dit de venir après le douzième coup de minuit avec la pantoufle de verre. Elle se chargerait de l'introduire à l'intérieur afin de reconstituer la paire de chaussures !
Bien que le prince trouva toute l'histoire louche, il accepta. Il avait envie de croire que la vieille femme disait la vérité.
 Cette nuit-là, alors que Cendrillon, assis sur un tabouret, raccommodait sa chemise à la lueur de la bougie, il vit entrer Lili dans la cuisine. Il ne fut pas surpris, car depuis la soirée où il était revenu en larmes du château, elle venait presque tous les jours lui rendre visite pour le réconforter. Cependant, quand derrière elle, la tête rousse du prince apparut, son aiguille lui tomba des mains. Il aurait voulu partir se cacher, mais c'était trop tard. Laurent l'avait vu.
– Qu'as-tu fait, Lili ?! s'exclama-t-il.
– Taratata ! J'en avais assez de te voir malheureux, et qui ne tente rien, n'a rien, expliqua la vieille femme.
– Je suis content de vous revoir, déclara le prince et, s'agenouillant devant le jeune homme, il lui ôta son sabot pour lui enfiler la pantoufle de verre.
– Mais, vous voyez bien que je suis un homme, balbutia Cendrillon en montrant son torse nu.
– Personne n'est parfait, répliqua Laurent et se relevant, il l'embrassa avec passion.
– Nous ne pouvons pas nous marier et avoir des enfants, objecta Cendrillon, quand le baiser s'acheva.
– Nous pouvons vivre très longtemps et très heureux sans cela, rétorqua le prince.

FIN

mardi 10 mai 2011

Si Cendrillon était un homme... 8

Le prince, chercha à le rattraper, mais avec un temps de retard, et Cendrillon qui courait vite, malgré ses jupons et ses talons, creusa rapidement la distance. Dans sa fuite éperdue, il perdit un des pantoufles de verres, mais il ne s'arrêta pas pour autant.
Laurent, le souffle court, finit par abandonner la course, en maudissant son manque d'endurance. A cause de cela, il ne pourrait peut-être plus jamais revoir la charmante personne qui avait dérobé son cœur. Il était désespéré, quand soudain, le clair de lune fit étinceler dans l'herbe le soulier de verre de Cendrillon. Intrigué, le prince se pencha et le ramassa.
– Elle a de grands pieds ! s'exclama-t-il.
Songeur, il tourna et retourna la chaussure de sa main. Pourquoi la jeune femme s'était-elle enfuie alors qu'elle avait avoué qu'elle l'aimait et qu'il l'avait demandé en mariage ?  Pourquoi avait-elle refusé de donner son nom et pourquoi partait-elle toujours peu avant minuit ? Il y avait un mystère là-dessous, mais pour le résoudre, il fallait d'abord la retrouver... et pour cela, il n'avait comme piste que la chaussure. Laurent, sachant que peu de femmes devaient avoir pareille pointure, prit une décision un peu folle : il épouserait celle à qui la pantoufle irait parfaitement !
Fort de cette résolution, le prince, le soulier de verre à la main, retourna dans la salle de bal et fit part de son projet à son père. Celui-ci ne le trouva pas très raisonnable, mais il était désireux de lui faire plaisir.
Ainsi, le lendemain du bal, il fit proclamer un édit disant que toutes les jeunes femmes du royaume étaient dans l'obligation de se présenter au château pour essayer la fameuse chaussure.
En apprenant cela, la belle-mère de Cendrillon se réjouit. L'une de ses filles épouserait le prince. Il suffisait de se débrouiller pour que le pied s'adapte au soulier. Elle paya grassement une jeune villageoise pour que celle-ci évalue la pointure et vienne lui rapporter l'information. Cendrillon assista  tristement à toutes ses manigances.
La veille, quand il était rentré, échevelé, sa robe déchirée et boueuse, avec une seule pantoufle de verre, il avait pleuré pour la première fois depuis des années. Lili avait cherché à savoir ce qui le rendait si malheureux et Cendrillon lui avait expliqué qu'il était tombé amoureux du prince, mais qu'il était impossible qu'il se passe quoique ce soit entre eux, car il était aussi un homme. Le prince l'aimait en retour, mais il croyait qu'il était une femme. S'il apprenait la vérité, il serait sûrement horrifié. La vieille servante avait tapoté l'épaule du jeune homme et murmuré « Taratata ! Ce n'est pas si grave que ça. Tu n'as commis aucun crime. »

lundi 9 mai 2011

Si Cendrillon était un homme... 7

 Le matin de l'ultime jour de fête au château, Javotte, Jubilée et leur mère étaient de fort méchantes humeurs. Elles malmenèrent Cendrillon avec ardeur. Sans aller jusqu'à soupçonner l'incroyable vérité, sa belle-mère qui lui trouvait un désagréable air de ressemblance avec la jeune femme qui captivait le prince, le gifla violemment, prétextant qu'il avait lorgné le décolleté de Javotte en l'aidant à s'habiller. La joue cuisante, le jeune homme ne réagit pas à cette injustice, sachant que se plaindre ne ferait qu'empirer la situation. Stoïque et muet, les yeux secs, il continua à s'occuper des trois femmes jusqu'à ce qu'elles partent pour le bal.
Après leur départ, il monta au grenier et se décida pour une robe en tulle rose. Il l'enfila, puis alla juger de l'effet dans une glace à l'étage. Là, avec horreur, il constata que sa joue avait gardé la  trace des doigts de la comtesse. Il se demandait s'il pourrait vraiment se rendre au château dans cet état quand Lili débarqua.
– Pourquoi cette mine défaite ?
Cendrillon lui montra sa joue rouge.
– Taratata, ne t'en fais pas ! Avec du maquillage, nous masquerons cela !
La vieille servante s'empressa de le poudrer, ensuite, elle le coiffa et enfin, elle le chassa de la maison en lui répétant de rentrer avant le douzième coup de minuit pour l'aider à ranger.
Comme la veille, à peine le jeune homme fut-il arrivé que le prince le rejoignit. Il le couvrit à nouveau de compliments et le fit valser sous les yeux envieux de toutes les femmes de l'assemblée. Alors qu'ils tournoyaient, ils passèrent tout près de la belle-mère de Cendrillon.
Sous son regard perçant, le jeune homme sentit sa joue lui brûler et il eut l'impression qu'elle pouvait voir la marque sur sa joue malgré le maquillage, qu'elle savait qu'il n'était qu'un homme travesti en femme. Il fit un faux pas et marcha sur le pied du prince, mais celui-ci ne lui en tint pas rigueur.
– Vous semblez mal. Que diriez-vous d'aller respirer un peu d'air frais dans les jardins ? proposa-t-il.
Avec empressement, Cendrillon accepta. L'assemblée s'agita en voyant le prince sortir avec la mystérieuse inconnue, mais n'osa pas suivre.
Sous le ciel étoilé, ils se promenèrent un moment sans parler, respirant le doux parfum des fleurs du jardin royal.
L'orchestre se faisait toujours entendre, et le prince invita à nouveau à danser Cendrillon. Dans les bras du prince, loin des regards curieux, loin des jalouses, le jeune homme se détendit si bien qu'il perdit toute notion du temps.
– Je vous aime, déclara soudain Laurent.
– Moi aussi, laissa échapper Cendrillon en retour.
– J'aimerais vous présenter à mon père et faire de vous ma femme.
Cette phrase rappela à la réalité le pauvre Cendrillon. Il était un homme et en tant que tel, il ne pouvait devenir la femme du prince, quand bien même il souhaitait de tout son cœur.
– Il doit être minuit passé, balbutia-t-il, et s'arrachant à l'étreinte du prince, il s'enfuit.

vendredi 6 mai 2011

Si Cendrillon était un homme... 6

Quand Cendrillon arriva dans la salle de bal, toute essoufflé par les exercices qu'il avait fait sur la route du château afin d'être plus à l'aise avec sa robe et ses talons hauts, le prince Laurent se précipita sur lui et lui fit un baise-main. Ses lèvres sur sa main remuèrent étrangement Cendrillon.
– Comme vous n'arriviez pas, j'ai craint ne jamais vous revoir. M'accorderez-vous une danse ? demanda le prince.
Cendrillon inclina la tête et fit une petite révérence pour accepter.
– Vous me comblez de joie, déclara Laurent en l'entraînant sur la piste.
Dans l'assemblée, des cris de dépit se firent entendre. C'était la première fois que le prince dansait de la soirée et c'était encore avec la mystérieuse inconnue aux robes démodées ! Le roi mit son monocle pour mieux voir la jeune femme qui semblait tant plaire à son fils et il fut, comme ce dernier, sensible à la simplicité de la mise de Cendrillon.
Le pauvre Cendrillon sentait que tous les regards étaient sur lui et en était gêné, mais il n'avait pas d'autre choix que de se laisser guider par le prince. Laurent, danseur émérite, se montra un cavalier modèle et malgré son inexpérience, Cendrillon parvint à suivre le rythme.
Le prince, durant le temps de la valse, essaya d'en apprendre plus sur la jeune femme, mais Cendrillon refusa de donner son identité. Il éprouvait déjà beaucoup de culpabilité à mentir sur son sexe. Jamais quelqu'un ne l'avait complimenté comme le prince. Avec lui, ses cheveux blonds devenaient ceux d'un ange, ses yeux violets étaient des améthystes, la rugosité de ses mains abîmées par les tâches ménagères était d'une douceur divine...
Après la valse, le prince resta à ses côtés pour bavarder. Le jeune homme avait bien envie que la soirée ne s'achève jamais, mais il gardait néanmoins l'œil sur l'horloge de la salle de bal, car il savait que la vieille Lili ne pourrait jamais venir à bout du désordre de la maison sans son aide.
– Vous vous ennuyez ? demanda le prince qui avait suivi le regard de Cendrillon.
– Non, pas du tout, mais je vais bientôt devoir rentrer.
– Déjà ? La fête battra son plein pendant encore au moins trois heures.
– Je suis désolé, murmura Cendrillon.
– Vous viendrez demain pour le dernier jour, n'est-ce pas ?
– Promis, répondit le jeune homme, en lissant un pli imaginaire de sa robe.
Il savait que c'était de la folie que de revenir encore une fois, mais il était aussi douloureusement conscient que ce serait sa dernière chance de passer un moment avec le prince. Encore une soirée, et Cendrillon redeviendrait l'homme à tout faire de sa belle-mère et ses demi-sœurs. Cependant, rien ne serait plus comme avant, il aurait désormais le souvenir de la gentillesse du prince à son égard.

jeudi 5 mai 2011

Si Cendrillon était un homme... 5

    Le lendemain, en fin de matinée, les sœurs de Cendrillon et leur mère ne parlèrent que de la mystérieuse jeune fille à la robe surannée. Javotte et Jubilée se moquaient d'elle autant qu'elles pouvaient, mais la jalousie suintait dans chacun de leurs propos. Elles auraient bien voulu que ce soit à elles que le prince adresse la parole. Cendrillon qui s'occupait d'elles ne put s'empêcher de sourire de leur dépit. Hélas son amusement ne passa pas inaperçu et les trois femmes, déjà énervées par leur échec se montrèrent particulièrement dures avec lui. La comtesse lui fit un croche pied, Jubilée renversa « par accident » le seau d'eau sale et Javotte  refusa par quatre fois la collation qu'il lui avait préparé, trouvant toujours quelque chose à redire.
    Quand le soir arriva enfin et qu'elles montèrent dans leur carrosse pour le bal, des fleurs en pierres précieuses dans leurs cheveux, Cendrillon était éreinté. Il s'étendit sur le plancher, désespéré par le désordre laissé par les trois femmes. Jamais il n'aurait le temps et l'énergie de s'entraîner à valser et dans ces conditions, il était inutile d'aller au bal. Le prince risquait de prendre fort mal un nouveau refus, mais en même temps, il serait très déçu s'il ne venait pas...
La mort dans l'âme, triste à l'idée de devoir renoncer à revoir le prince, Cendrillon se releva et commença à ranger.
Quand Lili arriva, elle le trouva en train de rassembler jupons et corset sur le lit de Javotte.
– Tu devrais déjà avoir tes souliers de verre aux pieds et être en train de t'entraîner ! s'exclama-t-elle.
– C'est impossible, il y a trop à faire ici.
– Taratata ! Je ne veux rien savoir. Au lieu de chevaucher jusqu'au château, tu n'as qu'à marcher et danser une partie du chemin. Ensuite, tu rentreras au douze coup de minuit pour m'aider. Maintenant dépêche-toi de t'habiller pour le bal !
Poussé par la vieille servante, Cendrillon retourna fouiller dans la malle contenant les habits de sa mère et choisit une robe violette assortie à la couleur de ses yeux. Comme la veille, Lili l'aida à parfaire son déguisement et le coiffa, piquant une fleur blanche dans les cheveux blonds de Cendrillon.

mercredi 4 mai 2011

Si Cendrillon était un homme... 4

En quelques enjambées, Laurent la rejoignit, puis s'inclina devant elle, il lui demanda :
– Voulez-vous m'accorder cette danse ?
Cendrillon eut un hoquet de surprise en constatant que le prince l'avait choisi comme partenaire de danse. Il n'était pas habitué à porter des talons et était peu à l'aise dans sa robe, aussi valser semblait tout bonnement impossible ! En même temps, comment refuser une invitation princière ?
– Je dois y aller, balbutia-t-il de la voix la plus douce et la plus féminine qu'il put.
– Mais vous venez à peine d'arriver, protesta le prince, très déçu d'être éconduit.
– Je suis désolé, vraiment.
– Viendrez-vous demain ? La fête se poursuit encore durant deux jours... Je ne vous laisserai pas partir, si vous dîtes non.
– Et bien...
Le prince attrapa la main gantée de blanc de Cendrillon et lui demanda d'un air suppliant :
– Promettez, je vous en prie.
– Je reviendrai demain sans faute, murmura finalement le jeune homme.
Le prince le relâcha alors et Cendrillon s'en fut sans attendre, le cœur battant. Il avait failli se ridiculiser en public et faire honte au prince. Ah ! Dieu qu'il était beau et élégant avec ses cheveux flamboyant comme un coucher de soleil, sa veste de velours vert et son haut de chausse en satin blanc.
Quand il rentra à la maison, Lili était loin d'avoir fini de remettre en place les toilettes des sœurs de Cendrillon. Tout en racontant à la vieille servante les splendeurs du château et la promesse que lui avait arraché le prince, il se mit à l'ouvrage.
– Comment ferais-je demain soir, quand il voudra danser ? demanda-t-il.
– Garde les souliers et avant de partir, entraîne-toi. Je t'aiderai.
Lâchant le châle qu'il était en train de plier, Cendrillon déposa un baiser reconnaissant sur la joue parcheminée de son amie. La bonne vieille bougonna pour cacher son embarras :
– Si tu continues comme ça, elles rentreront avant que nous ayons fini et il vaut mieux éviter que ces trois pestes ne me voient !
Cendrillon acquiesça et se concentra sur sa tâche. Il avait hâte d'être demain soir. Et s'il était honnête avec lui-même, ce n'était pas tant pour les splendeurs de la salle de bal que pour le sourire du prince.

mardi 3 mai 2011

Si Cendrillon était un homme... 3

– Peut-être... mais comment ferai-je pour les chaussures ?
– J'ai ce qu'il te faut. Comme tu sais, mon défunt mari était cordonnier et il aimait fabriquer des chaussures de toutes tailles et de toutes sortes.
– Tu les as sur toi ? Tu avais déjà dans l'idée de me déguiser en venant ici ?
Lili eut un sourire amusé.
– Je te connais depuis que tu es tout petit mon garçon. Je savais que la fête au château te tenterait, alors j'ai réfléchi au moyen de t'aider à t'y rendre.
Cendrillon serra la vieille dame contre lui, puis l'entraîna dans le grenier, le cœur battant. Ils déplièrent quelques robes avant de dénicher la perle de rare. Le jeune homme l'enfila avec précaution afin de ne pas l'abîmer. Il rentrait tout juste dedans. Lili bourra le corsage de coton, puis maquilla Cendrillon. Elle brossa  ensuite les cheveux mi-longs du jeune homme dans lesquels elle piqua une rose blanche. Enfin, elle sortit deux pantoufles de verre de son tablier. Elles étaient splendides et Cendrillon hésita un instant avant de les mettre. Il avait peur de les casser.
– C'est parfait ! s'exclama Lili. Nul ne se doutera de ton identité.
A moitié rassuré, mais à présent impatient de se rendre à la fête, Cendrillon réalisa soudain qu'il ne pourrait pas remettre en ordre la maison s'il était absent.
– Mais mes corvées...
– Je vais m'en occuper. Du moins en partie. Sois rentré avant le douzième coup de minuit afin de m'aider à finir, d'accord ?
Cendrillon acquiesça, puis un autre problème lui apparut :
– Par quel moyen vais-je me rendre au château ?
– Taratata ! Que tu es bête ! Prends le vieux cheval dans l'écurie de ton père et monte en amazone. Tu feras les derniers mètres à pieds.
– Ah ! Qu'est-ce que je ferai sans toi !
– File vite ! Et n'oublie pas, reviens avant le douzième coup de minuit !
Cendrillon fit ce que Lili lui disait. Arrivé tout près de l'entrée du château, il attacha sa brave monture à un arbre, puis à petits pas, il franchit la porte. Les gardes ne l'arrêtèrent pas. Certes, il était un peu curieux qu'une invitée arrive à pieds, mais c'était une belle jeune fille et c'était la fête ! Afin de ne pas trébucher, Cendrillon grimpa lentement les escaliers qui menait à salle de bal, puis entra si discrètement que nul ne l'annonça ou ne lui posa de questions. De nombreux couples dansaient, mais pas la prince qui s'ennuyait à mourir. Nulle jeune fille n'avait su piquer son intérêt. Elles se ressemblaient toutes avec leurs robes à froufrous, leurs bijoux extravagants et leurs battements de cils exagérés. Le prince Laurent voyait bien que son père était fâché de son attitude, mais peu lui importait. C'était lui qui avait voulu cette fête, et bien, il l'avait ! Laurent allait étouffer un bâillement quand il repéra Cendrillon. La robe bleue azurée sans dentelles, l'absence de bijou aussi bien autour du cou que dans les cheveux, tout cela distinguait la jeune personne qui regardait autour d'elle avec émerveillement.

Manga Yaoi en mai 2011

  • Le 4 mai, Tonkam propose un nouveau one-shot de Piyoko Chitose, Close to me, le genre de manga qui explique que "yaoi" serait l'acronyme de yama nashi, ochi nashi, imi nashi, c'est-à-dire « pas de pic, pas de chute, pas d'histoire »


  • Le 12 mai, Asuka sort :
Viewfinder Vol.5 de Ayano Yamane
    et le Be x Boy Magazine numéro 11 qui se sera fait attendre...

    • Le 12 et le 26 mai, sorties de Taïfu Comics avec :
    I.D. Vol.2 de Akira Kanbe (Fin)
    Comme un chat sur le sol Vol.2 (sur 3) de Tooko Miyagi
    Wisteria Manor de Ellie Mamahara 
    Les personnages de Ellie Mamahara manquent un peu de vie, je trouve...
    L'Empreinte de la passion de Masara Minase 
    Il s'agit du premier manga de la mangaka publié en France
    J'adore son trait et les histoires que j'ai pu lire d'elle - je possède les versions américaines de Empty Heart et de Lies and Kisses de cette auteure - sont en général sympathiques.


    • Côté titres non yaoi, mais avec sous-entendus entre hommes :
    Le 18 mai, chez Soleil sort Valkyria Chronicles Wish Your Smile Vol.2 (Fin)
    Le 19 mai, chez Kazé sort Silver Diamond Vol.13


    • Et enfin, chez Imho, normalement le 5 mai, mais c'est particulier puisque c'est de l'éro-guro (mélange d'érotisme et d'horreur) sort
    Litchi Hikari Club qui, d'après des commentaires de lecteurs, contient une légère touche de yaoi...


    Total : Tonkam (7,95€ )  + Asuka ( 5,95€ + 7,95€) + Taïfu Comics  (8,95€ x 4 = 35,80€) + sous-entendus ( 7,95€ + 6,95€) + 18€ = 90,55€

    lundi 2 mai 2011

    Si Cendrillon était un homme... 2

    Six longues années passèrent et Cendrillon  devint un beau jeune homme. Doux et brave, il n'éprouvait pas de rancœur ni ressentiment à l'égard des mauvais traitements qu'il subissait, mais parfois il ne pouvait s'empêcher d'être affreusement triste. Seules les visites de la vieille Lili le rendaient heureux. Avec elle, il pouvait parler de sa défunte mère. Hélas souvent, les cris perçants de Javotte ou de Jubilée interrompaient leurs échanges. Il semblait parfois que la vie allait continuer ainsi indéfiniment... 
    Cependant, un jour, un avis royal vint bouleverser le train train quotidien de la maisonnée. Une grande fête était organisée au château et la rumeur voulait que le roi ait intimé au prince Laurent de prendre épouse afin qu'il cesse de traîner sans but au château. Les jeunes filles du royaume étaient d'ailleurs plus spécialement conviées. La comtesse, Javotte et Jubilée demandèrent au père de Cendrillon de leur ramener de la ville bijoux et robes de satin.
    – Pourrai-je également me rendre à la fête ? demanda Cendrillon à sa belle-mère.
    La comtesse sourit ironiquement.
    – Et avec quel habit, je te prie ? Et puis, de toute façon, cette fête n'est là que pour que le prince puisse se trouver une épouse... Je ne vois pas ce que tu y ferais.
    Cendrillon baissa la tête. Il songea un instant à demander la chose à son père, mais il renonça. L'indifférence de ce dernier était trop cruelle...

    Le jour du bal fut infernal. Javotte et Jubilée ne cessaient de réclamer le pauvre Cendrillon qui dut leur monter plus de seaux d'eau chaude que jamais. Il dut les aider à serrer leurs corsets, faire briller leurs bijoux et préparer leur carrosse. Et quand enfin, son père, la comtesse et ses deux filles furent parties, Cendrillon dut s'atteler au rangement de la maison. Sans compter qu'il devait également trier les lentilles pour le repas du lendemain. La nuit serait à peine suffisante pour venir à bout de tout ce qu'il y avait faire. En soupirant, regrettant de ne pouvoir aller au bal, il se mit à ranger dans les armoires les jupons et les rubans de Javotte. La voix de la vieille Lili résonna alors dans l'entrée.
    – Tu es là ?
    – Je suis en haut  ! cria-t-il.
    Bientôt la brave Lili débarqua dans la pièce.
    – Misère ! Quel bazar ! s'exclama-t-elle en voyant les chaussures étalées sur le sol et les dentelles et soieries entassées sur le lit.
    – Oui. J'aurais bien aimé me rendre au château, moi aussi, plutôt que de devoir m'occuper de ça...
    – Qu'est-ce qui t'en empêche ?
    Cendrillon regarda ses sabots, son pantalon déchiré et sa chemise crasseuse reprisée au coude.
    – Ma tenue.
    – Taratata ! Il y a tout ce qu'il faut ici !
    – Comment ça ? Je ne pourrai rentrer dans un costume de père... Il est beaucoup plus petit que moi. Et plus large aussi.
    – Je pensais plutôt à une robe !
    – Mais je suis un garçon ! Et puis, Javotte et Jubilée reconnaîtraient leurs robes.
    – Taratata ! Dans le grenier, il y a une malle avec les habits de ta mère. Je suis sûre que tu rentreras dans l'une d'elle. Tu es mince.
    Cendrillon ne tenait pas à se travestir, mais il mourrait d'envie de voir l'intérieur du château et de mettre un peu de fantaisie dans sa morne vie.