jeudi 19 novembre 2009

Le Suivant du Prince - 15

Chaque candidat devait déclamer un poème différent, mais d'une longueur similaire afin que nul ne soit avantagé. Il y avait beaucoup plus de spectateurs que ce matin, car cette fois, il y avait quelque chose à voir ! La foule pouvait tourner en ridicule les participants qui avaient le malheur de buter sur un mot ou de prendre un ton inapproprié au sujet du poème. Elle huait et applaudissait tour à tour. Al, en revanche, se contentait de pointer ce qui était bien et ce qui n'allait pas chez les déclamateurs. Youri ne mit pas longtemps à comprendre, qu'une fois de plus, il cherchait à l'aider. Cela rassura le jeune homme qui avait craint que Al soit fâché par ce qu'il avait dit après le baiser. Finalement, ce fut au tour de Youri de passer à la casserole. Son nom fut appelé, on lui tendit un poème et il dut aller devant les trois juges, deux femmes et un homme d'un certain âge. Depuis le début, il avait décidé qu'il prendrait le temps de déchiffrer le poème dans son intégralité avant de commencer à lire. Il fut rappelé à l'ordre, puis on lui demanda s'il avait perdu sa langue, Youri se lut alors d'une voix douce le poème d'amour sur lequel il était tombé :

Rencontre

Ils étaient tout deux, tristes et solitaires
Quand leurs routes se croisèrent.
Ils se trouvèrent au bord du chemin,
Tombèrent amoureux et se prirent la main.

Les yeux dans les yeux, ils se regardèrent,
Et puis s'embrassèrent sans songer à demain.
Dans l'herbe douce, ils se couchèrent,
Et s'aimèrent jusqu'au matin.

Mais être ensemble n'était pas leur destin,
Un dernier baiser, ils se levèrent,
Un ultime regard, ils se quittèrent,
Leur brève idylle avait déjà pris fin.

Sa lecture terminée, Youri laissa la place à Al. Sachant le travail qu'il l'attendait à l'auberge, le jeune homme ne put rester pour écouter son ami. Il le reverrait demain. Youri courut sur le chemin du retour, se doutant que les Boulgs ne seraient pas enchantés de le voir rentrer aussi tard. Hier, il avait manqué seulement l'après-midi, mais là, il avait été absent presque toute la journée. La femme de l'aubergiste l'accueillit avec une gifle retentissante tandis que son époux se plaignait de Demian :
– Ton paresseux de frère n'a même pas été fichu de faire ton boulot quelques heures ! Il a trouvé le moyen de se blesser au pied comme un idiot ! Et je n'ai rien pu en tirer de bon !
Youri se retint de monter à toute vitesse voir la blessure de son frère et d'évaluer sa gravité. Sa longue pratique des Boulgs lui avait appris que c'était le genre de chose qu'ils ne toléraient pas. Leurs intérêts et leurs petites personnages passaient avant ceux des deux orphelins.
– Je vais me mettre à l'ouvrage dès maintenant.
Cette affirmation calma immédiatement M.Boulgs. Sa femme, elle, fut, comme toujours plus difficile à satisfaire :
– Tu ne comptes pas retourner à cette folie de concours demain, j'espère ?
– J'irai, mais si j'ai échoué les épreuves d'aujourd'hui, je ne ferai que l'aller-retour.
La femme de l'aubergiste se contenta de ricaner tandis que son mari donnait tout un tas d'ordres à Youri. Ce dernier accomplit avec rapidité et efficacité toutes les tâches demandées, mais ce n'est que tard dans la nuit qu'il put regagner la chambre qu'il partageait sous les combles avec son frère.

4 commentaires:

Jeckyll a dit…

Plus ça va et plus les aubergistes me font penser aux Ténardier lol
Youri me fais vraiment penser à un mix de Cosette et d'Oliver Twist ^__^

Vivement le moment où Youri découvrira que son ami Al est en fait le prince ^^

Merci pour cet épisode, vivement demain pour lire la suite :)

Illyshbl a dit…

L'aspect Cosette va s'estomper de plus en plus, je te rassure.
Ceci dit, j'aime bien mes aubergistes... ils ont tellement tout du méchant de base que je les trouve drôles.

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup le poème que récite Youri, c'est à la fois si beau et si triste. Je ne suis pas quelqu'un de romantiqe mais ce poème m'a en quelque sorte touché.
Merci.

Illyshbl a dit…

Merci pour ton commentaire. J'aime beaucoup écrire des poèmes.