mercredi 18 novembre 2009

Le Suivant du Prince - 14

– Tu veux dire que tu n'as pas de préférence ?
– Ni les hommes ni les femmes ne m'attirent spécialement.
– Vraiment ?
Le ton de Al était si incrédule que Youri ne put s'empêcher de rire.
– Est-ce vraiment si extraordinaire ?
– Eh bien... Tu es la première personne asexuée que je rencontre... Tu es toujours puceau, alors ?
– Oui.
La conversation avait vraiment pris un tour étrange, mais le jeune homme n'éprouvait pas d'embarras. Al s'humecta les lèvres et une lueur curieuse brilla dans ses yeux.
– Tu as quel âge au juste ?
– Vingt ans. Et toi ?
– Vingt neuf... Dis, tu n'as jamais été embrassé, ne serait-ce qu'une fois ?
– Jamais.
– Puis-je le faire ?
Youri écarquilla les yeux. Il était certain que Al ne devait avoir aucun mal à trouver des partenaires. C'était un bel homme mince au nez droit, aux grands yeux couleur océan et aux lèvres fines dont le visage albâtre était entouré de façon harmonieuse par de courtes boucles noires. En comparaison Youri était tout sauf attractif : il n'avait pas besoin d'avoir passé beaucoup de temps devant le miroir pour savoir que sa tenue était misérable, que ses yeux et ses cheveux étaient ternes...
– Pourquoi ?
Al leva les yeux au ciel.
– Ai-je besoin d'une raison ?
– Eh bien...
– Oui ou non ?
Le ton était impérieux et Youri était curieux. Pas seulement de savoir pourquoi Al voulait lui donner un baiser, mais aussi par l'expérience en elle-même. En même temps, il ne voulait pas qu'on rit de lui à ses dépens. Finalement, ce qui le décida, c'est l'amabilité constante dont avait fait preuve Al depuis qu'il l'avait abordé. Il haussa les épaules, comme indifférent, puis déclara :
– Fais comme tu veux.
A peine eut-il achevé ses mots que Al se pencha en avant et posa sa bouche sur la sienne. Une langue se glissa entre ses lèvres entrouvertes et des sensations inconnues firent frissonner le corps de Youri. Quand Al s'écarta, le jeune homme en ressentit une pointe de regret. La chose était très agréable, décida-t-il en son for intérieur.
– Alors ? demanda son compagnon.
– Alors, je n'aurais plus qu'à me faire embrasser par une femme pour pouvoir comparer et connaître ma préférence...
L'air sombre de Al fit comprendre à Youri qu'il l'avait vexé. Cependant, avant qu'il n'eut le temps de rattraper sa malheureuse phrase, Al suggéra un peu sèchement qu'ils retournent sur la place pour assister aux prestations des autres participants. Le jeune homme approuva, quelque part soulagé que la curieuse parenthèse du baiser soit refermée.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Oula la on passe aux choses sérieuse lol et Al jaloux de la "future" femme qui embrassera Youri pour qu'il puisse comparer fallait y penser ^____^

emikrakante a dit…

PTDR !! tro funny !! j'adOOr !! *__* !!