L'empreinte de l'orc - Bonus - 6

Gulrik et Cyan seraient là dès le lendemain. Comme tous les partenaires d’empreinte des légendes, ils étaient inséparables.
Roknok ne savait pas encore comment justifier qu’il s’était mis en couple avec l’élève le plus âgé de l’orphelinat. L’apparition d’une empreinte aurait été bien commode. Mais non, il n’avait pas d’excuses.
Par miracle, personne n’avait remarqué que Matt passait toutes ses nuits dans sa chambre, dans ses bras, mais cela ne changeait rien à la culpabilité de Roknok. Il aurait préféré s’afficher au grand jour avec Matt. Les secrets, très peu pour lui.
Matt se glissa dans la pièce et se précipita vers lui, un sourire aux lèvres.
Roknok lui ouvrit les bras et le serra tout doucement contre lui. Il s’agissait de ne pas lui faire mal.
— Roknok…
Matt leva les yeux sur lui, affichant une mine triste qu’il avait par moments et que Roknok avait toujours envie d’effacer, même s’il ne savait comment.
En général, Matt redevenait radieux de lui-même.
— Roknok… Demain, c’est mon anniversaire.
Roknok le savait. Il s’était même brièvement absenté de l’orphelinat pour se rendre en ville et lui acheter un petit cadeau, une épaisse chaîne de bronze.
— Mes dix-huit ans. Je vais devoir quitter l’orphelinat, dit Matt d’une voix étouffée et tendue.
L’âge que Matt allait avoir tranquillisait la conscience de Roknok au point qu’il avait occulté ce qu’il impliquait.
A sa décharge, il n’avait jamais assisté à aucun départ d’orphelin, excepté celui de ceux qui étaient adoptés. C’étaient toujours des petits bouts.
Pourtant, le prince lui avait expliqué. Et, à la réflexion, ce devait pour cela que Gulrik et Cyan venaient leur rendre visite. Ce n’était pas uniquement pour vérifier que tout allait bien, mais pour participer à la fête d’adieu de Matt.
Maintenant il restait à comprendre pourquoi le jeune humain était à la fois triste et gêné en lui en parlant. Souhaitait-il mettre fin à leur relation ?
— Je voudrais que nous restions en couple, même après, déclara Matt, rassurant aussitôt Roknok.
— Moi aussi, grogna Roknok. Je me souvenais de tes dix-huit ans, pas de ton départ, fit-il l’effort d’ajouter.
— Cela explique que cela ne te tourmentait pas le moins du monde ! Moi, je m’inquiétais que tu prennes ça comme prétexte pour rompre, même si je me disais que ce n’était pas ton genre.