L'empreinte de l'orc - 109

Au matin, ils furent à nouveau convoqués par Adam le sixième. L’entretien se déroula dans le petit salon en tout petit comité, le roi exigeant en effet que ses gardes attendent à l’extérieur, de même que Roknok et Rurk.
— Mon fils, déclara Adam le sixième.
— Mon frère...
La Déesse soit bénie, Charlotte n’était pas en vue. Et le cadet anti-orcs non plus. Cela faisait assez bizarre comme ça à Cyan que sa présence soit prise en considération autrement que pour lui faire sentir à quel point il avait peu d’importance.
Cyan resta muet, ne sachant que dire.
— Allez-vous le reconnaître publiquement ? demanda Gulrik.
— Oui. Je voudrais aussi fêter votre union.
C’était trop. Cyan n’était pas fâché que Gulrik parlent pour eux deux.
— Nous en serions honorés, une fois que notre mariage aura eu lieu à Orcania.
Cyan n’avait pas encore eu le temps de réaliser qu’épouser Gulrik renforçait  désormais de façon plus significative les liens entre humains et orcs. Il n’était plus un misérable humain, plus vraiment, plus une fois qu’Adam le sixième aurait annoncé au reste du monde qu’il était son fils. Il serait prince.
Cyan retint un rire nerveux.
— Je voudrais vous présenter des excuses pour tous les torts que mes sujets vous ont causés.
C’était un peu tard, un peu léger et surtout très froid et formel.
— Père, j’aimerai en apprendre plus sur mon frère, intervint l’aîné.
Il semblait plus abordable que son père, pas aussi impassible.
— Oui, c’est une bonne idée. Cyan, mon fils, voudrais-tu bien nous raconter ta vie ?
C’était demandé poliment, mais Cyan doutait que le roi soit vraiment intéressé. Son demi-frère l’était peut-être, cependant. Alors, il évoqua sa petite enfance au temple, puis comme serviteur à l’auberge et toutes ses années à la forge. Il passa sous silence toutes les humiliations et les insultes dont il avait souffert, s’en tenant au factuel, puisant du réconfort dans la présence de Gulrik à ses côtés.
— J’étais à la recherche d’un travail quand j’ai rencontré Gulrik venu visiter Manchor, conclut-il.
— Il était temps que la Déesse te sourit, fit remarquer son demi-frère.
Adam le sixième voulut mettre fin à l’entretien. Il était décidé à le reconnaître et motivé pour renforcer la paix avec les orcs, mais il était évident qu’il ne comptait pas développer une véritable relation avec Cyan. Cependant, à défaut d’un père, Cyan avait peut-être gagné un frère.
— Avant que nous vous laissions, je tiens à vous informer que nous souhaiterions rentrer au plus vite à Orcania. Notre séjour a déjà duré plus longtemps que prévu, déclara Gulrik.
— Je comprends. Je vais faire organiser au plus vite la soirée pour fêter mon fils retrouvé.