lundi 30 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 68

L'adolescent prit les mains du chevalier entre les siennes, ferma les yeux, se souvenant de la chambre de Percival avec la grande cheminée et le lit à baldaquin dans lequel il l'avait surpris avec Lubin...
C'était au-dessus de ses forces. Il rouvrit les paupières. Percival ne le regardait même pas, son attention centrée sur la tapisserie !
— Cela ne marche pas, murmura Tim, regrettant de ne pouvoir réclamer un ultime baiser sans se soucier des visiteurs qui s'en offusqueraient.
Percival lui pressa doucement le bout des doigts.
— Je suis certain que tu es capable de me renvoyer d'où je viens. Rappelle-toi des fois précédentes.
Tim avait seulement souhaité et espéré de toutes les fibres de son être. Cela n'avait fonctionné que deux fois.  Or, il avait l'impression de l'avoir fait avec autant d'intensité à chaque fois. D'ailleurs, la première fois, cela s'était déroulé à son insu et non de façon consciente, comme pour son retour. Ce qu'il désirait profondément, c'était que Percival reste. Seulement, c'était égoïste de sa part. Il n'avait plus qu'à prier que le chevalier soit exaucé et heureux.
Il inspira à fond.
— D'accord, réessayons.
Percival hocha la tête, puis arracha ses mains à celle de l'adolescent.
— Tiens-moi plutôt par ma cape. Si nous ne sommes pas en contact direct, cela devrait éviter que nous repartions ensemble.
Ce n'était pas idiot et ne partait pas d'un mauvais sentiment, mais l'adolescent fut blessé que Percival ne veuille pas risquer qu'il soit transporté avec lui dans le passé. Avait-il donc si hâte d'être débarrasser de lui à tout jamais ?
Il obtempéra, le tissu lui brûlant les doigts et ferma les yeux, priant de toutes forces pour le bonheur de Percival.
Quand il les rouvrit, croyant avoir échoué car il sentait toujours l'étoffe entre ses doigts, Percival avait disparu, ne laissant de lui que sa cape.Tim la serra contre lui. Il était dévasté.
Avec un temps de décalage il réalisait que le retour de Percivakl à son époque signifiait qu'il était et enterré depuis quelque chose comme sept siècles.
Il huma la cape. L'odeur de Percival y était toujours attaché. Refoulant les larmes qui menaçaient de couler, il garda un long moment le visage enfoui dedans,  puis la roula en boule dans ses bras.

vendredi 27 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 67

— Je crois que tu es sur la bonne voie et que tu n'as plus besoin de mes services.
Ce fut comme un coup de massue.
— Il est temps pour moi de regagner mon siècle.
Tim faillit lui déballer sur le champ que toute l'histoire avec Félicien était fausse, mais se tut finalement, réalisant que cela ne changerait rien. Percival ne voulait pas regagner son époque parce qu'il était jaloux du temps qu'il consacrait à Félicien ou parce qu'il était irrité que leur relation physique se soit achevée. Il n'avait pas parut souffrir le moins du monde qu'elle s'arrête. Le chevalier avait toujours eu l'intention de regagner son siècle une fois qu'il aurait aidé Tim à devenir fort.
— Tu m'as laissé une ouverture exprès, lança Tim en désespoir de cause.
— Point du tout. Je ne sais si c'est ton nouvel amour qui te donne des ailes ou si tu voulais me prouver et te démontrer à toi-même que Félicien ne constituait pas une distraction qui te détournerait de ton but, mais tu as redoublé d'efforts ces derniers jours.
Il avait seulement éprouvé le besoin de se défouler, oui, et maintenant, il le regrettait.
—Je suis loin d'avoir ton niveau, argua-t-il encore, cherchant à retenir Percival, mais le chevalier ne mordit pas à l'hameçon.
— Veux-tu bien que nous allions au musée ce  matin, avant ton rendez-vous ?
L'air manqua à Tim. C'était trop soudain.
— Tu ne peux pas disparaître comme ça. Que va dire ma mère ?
— Tu la salueras pour moi. Et je suis sûr que tu trouveras quelque chose à raconter. Une réconciliation subite avec ma parentèle ou quelque autre fable…
Tim était coincé. Il ne pouvait plus tergiverser, alors il accepta.
Le cœur en miettes, trop triste pour éprouver ne serait-ce qu'un soupçon d'excitation, il regarda Percival se déshabiller pour enfiler ses habits médiévaux.
Le trajet jusqu'au musée se fit en silence ou presque.
Sur place, une fois les tickets achetés, ils retrouvèrent le chemin de la salle où était exposée la tapisserie du Don d'amour.
Tim traînait des pieds, obligeant Percival à marcher lentement.
Il lui rappela qu'il n'avait aucune garantie qu'il réussisse à le renvoyer dans le passé, taisant le fait qu'il souhaitait très fort échouer.
Percival le mit à l'aise. Tout ce qu'il voulait, c'était que Tim essaye.

jeudi 26 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 66

En dépit des réticences de Tim, Félicien ne lâcha pas l'idée de faire semblant de former un couple et c'est pourquoi deux semaines plus tard, après avoir passé encore deux agréables samedis  après-midis avec lui, Tim rentra pour annoncer la fausse grande nouvelle au chevalier.
— Félicien et moi, nous sommes désormais plus que des amis.
Percival qui faisait des exercices du poignet avec son épée s'interrompit et la rangea dans son fourreau.
Tim trouva que c'était bonne augure puisque cela signifiait que la conversation méritait son attention entière.
— Voilà qui ne me surprend guère. Je suis enchanté pour toi.
Les espoirs de Tim s'effondrèrent. En fait, le chevalier avait simplement fini de s'exercer.
Il tâcha de ne pas montrer à quel point l'approbation de Percival lui causait de la peine et poursuivit, comme ils en avaient discuté avec Félicien.
— Merci. Et c'est pourquoi je voudrais que nous arrêtions de faire des trucs sexuels ensemble.
— Pour ne pas lui être infidèle. C'est tout à ton honneur. Je pensais même que tu me demanderais d'arrêter plus tôt compte tenu des sentiments que tu semblais développer à son égard.
Félicien s'était trompé sur toute la ligne et Percival était également  dans l'erreur.
Certes Tim appréciait Félicien, mais cela n'allait pas plus loin.

Les jours qui suivirent son mensonge, Tim regretta beaucoup d'avoir suivi le plan de Félicien supposé aider Percival à réaliser qu'il ne pouvait se passer de lui.
C'était lui qui souffrait. Les baisers du chevaliers lui manquaient atrocement, de même que ses caresses.
Percival avait décidé de retourner camper sur la moquette et ne pas dormir dans ses bras était une torture. Tim brûlait de le toucher, mais il avait beau être tout près, il était hors de portée.
Frustré de ne pouvoir ni l'embrasser ni réclamer des baisers, Tim se donna à fond dans l'entraînement physique si bien qu'il finit par réussi à le frapper pour la toute première fois.
Il resta tout étonné et s'excusa avec profusion, mais Percival le coupa : pour lui, c'était le signe des progrès remarquables de Tim.

mercredi 25 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 65

Félicien ne fut pas surpris quand il lui exposa son sentiment.
— Oui, j'ai cru comprendre ça. Tu aurais tu va tête tout à l'heure… Évidement, si j'avais su, je n'aurais pas gaffé.
Tim se sentit morveux. C'est vrai qu'il ne lui avait rien dit. C'était toutefois son droit d'avoir des secrets.
Félicien continua :
—  Ne te bile pas. Maintenant que je sais, je me tiendrais à carreau avec lui. Je ne suis pas trop fan de Percival. Il ne semble pas commode et puis bon, ses dents de travers…
Tim les adorait lui, mais il le laissa dire. Mieux valait pour lui que Félicien ne voit pas la beauté du chevalier.
Son nouvel ami poursuivit encore :
— Après, c'est sûr qu'il a l'air bien monté.
Tim déglutit. La formulation manquait de classe, mais Percival n'avait assurément pas à rougir de la taille de son membre viril. Rien que d'y penser le troublait.
— Bref, tu es davantage mon genre, sur tous les plans, conclut Félicien.
Tim sursauta, étonné. C'était bien la première fois qu'il plaisait à quelqu'un physiquement.
— Merci, murmura-t-il.
— Si tu veux, je peux t'aider à rendre Percival jaloux. Nous pourrions prétendre que nous sortons ensemble.
— Cela ne lui fera ni chaud ni froid vu qu'il ne m'aime pas… protesta Tim.
— Pas sûr, surtout si tu refuses de continues à baiser avec lui.
Tim n'était pas convaincu. Il avait surtout peur que cela ne pousse Percival à aller voir ailleurs.

A son retour à l'appartement, Percival lui chercha querelle.
 — J'aurais préféré que tu ne te vantes point du fait que nous partageons la même couche. Cela ne regarde que nous.
Tim se défendit : ce n'était pas vraiment sa faute si Félicien avait tiré tout seul les conclusions qui s'imposaient.
Percival voulut bien l'admettre et Tim en profita pour lui demander ses impressions sur son nouvel ami.
Il s'avéra que Percival n'avait pas encore une opinion arrêtée, du moins, pas une qu'il veuille partager avec Tim. L'adolescent avait apparemment eu tort de craindre un coup de foudre entre eux !
Il le questionna ensuite sur sa famille et apprit ainsi que Percival avait eu un frère et une sœur, tout deux décédés, de même que ses parents. Il n'avait plus qu'un oncle en vie qu'il n'avait pas vu depuis des années. Tim s'enquit dans la foulée de d'autres attaches, désireux que Percival manifeste que si jamais il ne repartait pas, il ne ferait défaut à personne et réciproquement, mais le chevalier ne lui donna pas ce plaisir, mentionnant plusieurs compagnons d'armes.

mardi 24 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 64

Sans se laisser décourager par la réponse monosyllabique, Félicien enchaîna :
— C'est vrai que tu as eu de la chance dans ton malheur en rencontrant Tim et en étant accueilli chez lui. Tu as même trouvé quelqu'un avec qui coucher.
Le visage de Percival se durcit et il jeta un regard sombre à Tim. Cela ne lui plaisait apparemment pas que l'adolescent ait dévoilé leur intimité.
Le truc, c'est que Tim ne s'était pas vraiment montré indiscret. C'est Félicien qui avait déduit tout seul comme un grand par rapport à ce que l'adolescent avait pu confié sur sa vie.
— Oui, lâcha Percival d'un ton qui laissait entendre le contraire.
Il faut dire qu'à la vérité, Tim l'avait arraché à son siècle sans qu'il ait rien demandé.
— Si tu cherches un autre partenaire, je suis partant.
Tim faillit suffoquer face à l'offre de Félicien. Il ne voulait partager Percival avec quiconque, le problème étant qu'à aucun moment le chevalier ne lui avait promis l'exclusivité. Ils se donnaient du plaisir, point à la ligne. Percival n'avait toutefois jusqu'à pas vraiment eu l'opportunité de séduire quelqu'un d'autre que Tim...
Avant que le chevalier ne puisse répondre quoi que ce soit, Tim lança comme un cheveu sur la soupe :
— Cela vous tente un petit jeu vidéo ?
— Pourquoi pas, dit Félicien sans se formaliser du brusque changement de conversation.
— Non merci, mais ne vous privez pas pour moi, déclara Percival.
Tim s'en voulut, mais trop tard, d'avoir fait une proposition qui l'excluait. Il avait paniqué. Il savait pourtant que Percival n'avait aucun intérêt pour cela.
— On peut aussi continuer à bavarder, offrit Félicien avec un sourire.
Son côté grand seigneur, irrita Tim.
— Non, jouez, je profiterai du spectacle.
Ils firent donc plusieurs parties sous l'œil du chevalier.
Au début, Tim rendu nerveux par ce fait, se montra un piètre adversaire, puis il se détendit et finit par l'emporter sur Félicien.
Encore un peu de bavardage et son nouvel ami fut sur le départ.
A sa demande, Tim le raccompagna à l'arrêt de bus.
L'adolescent se fit d'autant moins prier qu'il tenait à révéler à Félicien qu'il aimait Percival à sens unique et que par conséquent il apprécierait qu'il ne lui fasse plus d'avances comme tout à l'heure.

lundi 23 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 63

Le deuxième après-midi de Tim avec Félicien se déroula comme un charme. Ils avaient beaucoup de centres d'intérêts communs et jouaient aux mêmes jeux vidéos.
C'est tout naturellement que Tim invita Félicien chez lui la semaine suivante, précisant que son ami Percival serait sûrement également présent, de même que sa mère.
Il lui fallut expliquer les fausses circonstances qui avaient conduit Percival à vivre temporairement avec eux et Félicien devina tout seul que c'était avec lui que Tim couchait.
Il affirma qu'il serait ravi de le rencontrer.
Tim, pour sa part, était plus partagé sur la question. Il craignait que Percival ne soit attiré par Félicien ou pire tombe amoureux. Félicien ne manquait pas d'atouts. Il ressemblait vaguement à Lubin, mais en plus mince.  Il y avait aussi de fortes probabilités pour que Félicien craque pour le chevalier.
Il préféra laisser Percival choisir si oui ou non, il voulait faire la connaissance de Félicien.
Le chevalier opta hélas pour une réponse positive.
— Un peu de compagnie ne me fera point de mal, déclara-t-il.
Tim se garda de justesse de s'insurger : la sienne ne lui suffisait donc pas ? Il savait bien que sa jalousie était ridicule, d'autant qu'il était vrai que le chevalier menait une vie plutôt solitaire, ses fréquentations se limitant à Tim et sa mère, à moins de compter la boulangère et quelques vendeurs et caissières.
C'est finalement avec plus d'appréhension que de plaisir que Tim vit se rapprocher la visite de son ami.
Félicien se montra ponctuel et d'une politesse exemplaire avec la mère de l'adolescent avant qu'ils ne se replient dans la chambre.
Tim avait guetté les réactions de Percival comme de Félicien au moment où il s'étaient vus, mais n'avait rien réussi à déduire de leurs expressions.
Félicien,  comme avec lui au café, commença par questionner Percival sur des sujets neutres, sans savoir qu'avec le chevalier, il n'y avait rien de vraiment anodin, pas même ses goûts musicaux.
Tim voulut répondre pour lui, mais Percival le coupa :
— J'affectionne la musique médiévale.
Après encore quelques propos légers, Félicien demanda :
— Ce n'est pas trop dur pour toi de t'être disputé avec tes parents au sujet de ton orientation ?
— Non, répondit Percival.
Il faut dire que c'était faux.
Tim réalisa avec embarras qu'il ne s'était même pas enquis d'une éventuelle famille du chevalier qui pourrait déplorer sa disparition.

vendredi 20 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 62

— Alors, ton secret pour faire fuir les brutes ?
— J'ai eu l'aide d'un ami, répondit sobrement Tim.
— C'est tout ?
Il pouvait difficilement révéler que c'était un chevalier du XXIème siècle qui l'avait tiré d'affaire, alors il opina
— Et sinon, tu as un amoureux ?
Tim hésita avant de se montrer franc :
— Je n'ai pas de copain à proprement parlé, mais je fréquente quand même quelqu'un.
Félicien écarquilla les yeux.
—  Tu as un sex friend ? La chance ! Moi je n'ai personne de chez personne depuis que mon copain m'a largué, à moins que toi ou ton pote ne posiez votre candidature. Je me suis toujours demandé ce que cela donnerait le sexe à trois.
Félicien devait plaisanter. Ce n'était pas possible autrement. Et même si ce n'était pas le cas, c'était de hors de question : Percival était à lui.
Tim émit un petit rire et biaisa :
— Tu es célibataire depuis combien de temps ?
— Six longs mois.
Même si Tim éprouvait une certaine curiosité de savoir ce qui s'était passé entre Félicien et son copain, il se garda de l'interroger.
— Je te souhaite de bientôt rencontrer quelqu'un d'autre.
Félicien lui lança un regard étrange et troublant. Se pouvait-il qu'il le considère sérieusement comme un partenaire potentiel ?
— Merci. Je t'avouerai que j'en ai bien besoin après que ce fils de cochon m'ait laissé tomber  comme une vieille chaussette moisie !
Tim compatit.
— Mon pauvre….
Voilà qui rappelait que se mettre en couple ne rimait pas avec happy end. Bien souvent, on ne faisait qu'un bout de chemin avec les gens. Comme lui avec Percival, cela n'avait rien d'un cas de figure étonnant. Mais cela lui était douloureux.
— Que veux-tu, l'amour ne se commande pas….
Tim pensait la même chose concernant son chevalier si bien qu'il se prit de sympathie pour Félicien.
Le reste de l'après-midi passa vite en sa compagnie, à bavarder de chose et d'autres.
Félicien insista pour payer ce qu'avait consommé Tim, et avant que chacun ne rentre chez lui, ils s'entendirent pour se revoir le samedi suivant.
Tim tenta tant bien que mal de susciter un soupçon de jalousie chez Percival, en soulignant que Félicien ne semblait pas qu'intéressé par son amitié, mais n'obtint aucune réaction.
Que Tim s'absente encore samedi prochain ne parut pas le gêner plus que cela, tout au plus rappela-t-il à l'adolescent de ne pas négliger son entraînement.

jeudi 19 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 61

L'occasion de se lier à quelqu'un comme lui était trop rare pour que Tim la refuse.
Ils échangèrent donc leurs numéros. Après tout, cela n'engageait pas à grand-chose.
Tim rapporta bien sûr la drôle de rencontre à Percival.
— C'est une bonne chose que tu te fasses des amis de ton âge et de ton époque. Cela peut être aussi une force.
Tim eut l'impression de recevoir un seau glacé à la figure. C'était un nouveau rappel que l'amitié de Percival comme ses baisers n'était que pour un temps limité.
Se fâcher était cependant inutile.
— Si je n'arrive pas à te renvoyer au Moyen-âge, tu seras bien obligé de rester, ne put-il s'empêcher de malgré tout de répliquer.
Ils avaient déjà eu plusieurs fois des discussions semblables et Percival n'en démordait pas : il était certain qu'une fois sa mission auprès de Tim accomplie, il réintégrait sans peine son siècle.
— Certes, mais même si c'était le cas, c'est bien que tu élargisses le cercle de tes amis.
Tim grommela entre des dents. Parfois la sagesse de Percival était irritante... Il l'aurait voulu moins rationnel et inquiet que Tim ne le délaisse.
— Je sors avec lui samedi après midi, tu vas te retrouver tout seul.
— J'ai l'habitude avec toutes les heures que tu passes à ton école. J'irai à la bibliothèque ou je regarderai un film.
Tim décida de téléphoner pour fixer le rendez-vous avec Félicien.
Après un rapide échange, ils optèrent pour un terrain neutre, c'est-à dire, un café.
En s'y rendant, il réalisa qu'il n'était pas sorti comme ça depuis le collège, avant qu'il ne perde contact avec ses copains et copines. Il faut croire que leurs liens n'avaient pas été assez forts. Peut-être arriverait-il toutefois à renouer avec certains s'il se donnait la peine de faire le premier pas. Avec Percival, la rupture serait définitive, sans aucun retour arrière possible. L'adolescent secoua la tête, déprimé d'en revenir toujours là.
Félicien arriva juste en même temps que lui. Ils se commandèrent chacun une boisson et s'installèrent à une des petites tables rondes du café où il n'y avait autrement que des vieux.
Félicien sut mettre Tim à l'aise, abordant des sujets légers comme ses goûts musicaux et cinématographiques avant d'en venir à du plus personnel.

mercredi 18 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 60

Tim sortait des toilettes quand un garçon qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam l'aborda.
— Hé toi, tu t'appelles Tim et tu es gay, n'est-ce pas ?
Tim hésita à prétendre que non, histoire d'éviter les ennuis qui risquaient de découler d'une réponse positive. Il avait peut-être cru trop vite que Harvey, Côme et Lisle étaient les seuls homophobes violents du lycée. Alors qu'il délibérait avec lui-même, l'inconnu poursuivit :
— Moi, c'est Félicien. Je préfère les garçons aux filles… comme toi.
Apparemment, il n'avait aucun doute sur l'identité de Tim, sinon il ne lui aurait pas révélé ça, surtout qu'il avait pris le soin de baisser d'un ton pour préciser son orientation sexuelle.
Tim acquiesça. Il ne pouvait prétendre être enchanté de faire sa connaissance, du moins pas tant qu'il saurait ce qu'il lui voulait au juste.
Il le jaugea du regard. Félicien était un grand garçon blond très mince. Son habillement était passe part-tout : jeans et sweart-shirt de couleur uni avec un discret logo.
— Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
— Eh bien, je me disais qu'on pourrait devenir amis vu qu'on partage les mêmes goûts.
Pourquoi maintenant ?s'interrogea mentalement Tim. Il aurait bien eu besoin de soutien quelques mois plutôt, avant qu'il ne ramène Percival de son inattendu et extraordinaire voyage dans le temps.
Il hocha néanmoins la tête.
—  Comment ça se fait que tu saches qui je suis ?
— Je ne crois pas qu'il y ait grand monde au lycée qui ne connaisse le pédé persécuté qui a réussi à mettre fin aux agissements de ses tourmenteurs. Même moi qui suis en terminale, l'histoire a fini par me paraître parvenir aux oreilles. D'ailleurs, j'aimerai bien savoir comment tu t'es débrouillé. Cela pourrait m'être utile un jour, même si actuellement personne ne sait que je suis gay, hormis quelques élus triés sur le volet.
— Tu connais d'autres garçons qui sont comme nous dans ce lycée ?
— Non, mais quelques hétéros ouverts d'esprits. Bref, cela te brancherait qu'on se voit en dehors du bahut, chez toi, chez moi,  ou dans un coin pas trop fréquenté par les gens de nos âges ? Ce n'est pas que j'ai honte d'être avec toi, mais cela pourrait compromettre "ma couverture."

mardi 17 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 59

La vie avec Percival continua entre enseignement de la lecture et l'écriture et exercices physiques. Le quotidien au lycée était désormais calme et à l'appartement, cela se passait bien avec la mère de Tim qui avait fini par accepter que Percival n'arrive pas à obtenir de papier d'identité et ne puisse par conséquent travailler, se contentant d'aider aux corvées ménagères et aux courses.
Le chevalier n'avait pas paru considérer ses tâches trop humbles pour lui. Il trouvait, il faut dire, fascinant le tapis roulant de la caisse et jugeait que porter des sacs plein de courses était un sain exercice. Il n'appréciait guère l'aspirateur, un outil trop bruyant à son goût, mais il appréciait sa capacité à dévorer la poussière et jugeait qu'il avait le mérite de faire travailler les bras.
Peu à peu il s'adaptait au XXIème siècle, sans pour autant envisager de s'y attarder plus que nécessaire au grand désespoir de Tim qui, plus il passait du temps avec Percival et apprenait à le connaître, plus il l'aimait.
Il adorait son sourire, sa façon de parler qui s'émaillait désormais d'expressions modernes, ses baisers et son sérieux.
Les efforts de Tim secondé et encouragé par Percival commencèrent à porter  leurs fruits et l'adolescent prit enfin du muscle, pas de façon spectaculaire, mais au point que certains pulls ajustés deviennent serrés aux entournures.
Sa mère qui avait déjà noté qu'il mangeait davantage qu'avant, mais moins de cochonneries, là aussi sous l'influence de Percival qui ne prisait guère ses étrangetés modernes trop salées et sucrées, finit par remarquer que sa silhouette avait changé.
Au lycée, constatant que l'infernal trio le laissait en paix, certains de ses camarades de sa classe s'étaient remis à lui parler. Tim avait préféré leur pardonner plutôt que de demeurer isolé. Parmi eux, il y en avait eu pour s'étonner du changement qui s'était opéré chez lui.
L'un d'eux était même persuadé que Tim prenait des stéroïdes, jugeant qu'il était impossible que Tim ait réussi à s'étoffer ainsi par le seul biais de sains exercices. Il ne savait pas à quel point Percival était un entraîneur exigeant.
Pendant les vacances, le chevalier lui avait concocté un programme si chargé que Tim avait cru périr. L'adolescent, de son côté,  n'avait pas ménagé le chevalier qui pouvait désormais lire et même consulter le dictionnaire sur l'ordinateur.
Chaque nuit, ils se caressaient et parfois unissaient leurs corps. Dans ces moments, Tim se leurrait parfois sur les sentiments de Percival. Cela ne pouvait pas être que de l'amitié mâtinée de désir, c'était trop intense. Il le possédait avec une telle fougue, léchait son pénis avec une telle avidité... Seulement Percival avait beau être un amant passionné, il n'était pas revenu sur sa déclaration d'amitié ni sur son intention de retourner à son époque une fois que Tim serait suffisamment fort pour se défendre seul.
Plus personne ne lui cherchait de noises désormais, mais Tim s'était bien gardé de soulever ce point. Mieux valait être préparé à un futur sans chevalier pour assurer ses arrières.

lundi 16 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 58

Il poussa ensuite Percival et se mit à califourchon sur ses cuisses.
Il déglutit. Tout ce qu'il lui restait à faire, c'était de s'asseoir sur le membre dressé du chevalier. Percival ne paraissait pas lui en vouloir pour son audace et attendait.
Tim se positionna au-dessus de lui, et gémit, parce qu'il se sentait incapable de le chevaucher.
Percival renversa alors à nouveau leurs positions. Il reprit le tube de lubrifiant et le taquina longuement avec ses doigts avant d'essayer de le pénétrer à nouveau avec douceur et lenteur.
Il était si attentif que Tim cessa d'avoir peur. Et une fois le passage du gland effectué, loin d'être inconfortable, la sensation d'être empli le combla.
Percival lui laissa le temps de s'habituer avant d'effectuer de lents mouvements du bassin. Le plaisir était là, et uniquement lui.
Peu à peu, le chevalier accéléra le rythme, et ses coups de reins puissants les conduisirent à la jouissance.
— Qu'est-on l'un pour l'autre ?
La question avait échappé à Tim qui n'avait pourtant pas encore recouvert son souffle.
— Je te considère comme un ami. Un avec bénéfice.
L'équivalent moyenâgeux de sexfriend ? Au fond, l'étiquette importait peu, ce qui ressortait c'est que Percival ne l'aimait pas de la même façon et voulait réintégrer son époque, à terme.
L'adolescent enfouit la tête dans l'oreiller pour que Percival ne voit pas les stupides larmes qui lui montaient aux yeux. Ce n'était pas la faute du chevalier s'il ne pouvait retourner son amour. Avoir son amitié était déjà énorme. Plus une relation charnelle. A bien y regarder, il avait tout, sauf son cœur, et hélas pour une période réduite dans le temps, à moins que Tim lui-même ne vive à ses côtés au Moyen-Âge. Mais il ne pouvait pas disparaître comme ça, sa mère ne s'en remettrait pas. Comme il semblait être la clef pour voyager dans le temps, peut-être pouvait-il garder Percival à ses côtés au XXIème siècle, excepté qu'il n'en avait pas le droit. Cela aurait été mal de le coincer dans son siècle en l'empêchant de regagner le sien.
— Tu te sens bien, Tim ?
— Oui, répondit l'adolescent d'une voix étouffée.
— Tu n'as point mal ?
Non, cela avait été une expérience incroyable. Cependant, même si cela avait été décevant, cela n'aurait rien changé. Leur inévitable séparation lui fendait le cœur.
Percival l'obligea à se retourner et lui faire face.
— Plutôt que de me contraindre aux devinettes, tu pourrais me dire ce qui te rend si chagrin ?
Tim secoua la tête.
Percival la lui bloqua à deux mains avant de l'embrasser d'une telle manière que Tim oublia momentanément tout.

vendredi 13 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 57

Tim, le cœur battant et les lèvres gonflées par les baisers, se contorsionna pour récupérer sous le lit le tube de lubrifiant et les préservatifs dont il dut expliquer l'usage.
— Ils vendent des crèmes spéciales pour le sexe ? Ce siècle recèle bien des surprises ! s'exclama Percival.
Il déversa une quantité généreuse du lubrifiant sur le bout de ses doigts, puis massa l'anneau de Tim longuement sans rien introduire en lui, le faisant frémir de crainte et d'anticipation mêlée.  Il l'embrassa de nouveau, caressant son pénis en même temps avant de glisser un doigt avec lequel il effectua un mouvement de va-et-vient. Il adjoignit rapidement un deuxième, continuant ses allers et retours. Tim était tremblant d'excitation.
— Mets-moi le préchose maintenant.
— Je n'en ai jamais enfilé de ma vie, précisa Tim.
— Peut-être, mais cela ne m'inspire guère, et c'est pour toi que je veux bien m'y plier, donc à toi l'honneur. Et ne t'inquiète point, pour tout, il faut bien commencer quelque part.
L'adolescent le déroula avec moins de difficultés que prévu sur l'énorme pénis de Percival – comment allait-ce entrer en lui sans le déchirer ? –  peinant seulement pour l’ajuster sur la fin, mais Percival ne se plaignit pas, même quand il fit claquer le bout de latex sur son sexe.
Le chevalier frotta son membre équipé contre la raie des fesses de Tim et commença à le pénétrer.
C'était quelque peu douloureux, mais la main caressante de Percival sur le pénis de Tim, procurait, elle, des sensations agréables.
Le chevalier fit soudain machine-arrière.
— Tu n'es point assez détendu, trop nerveux.
Tim ne pouvait nier l'être.
— Nous devrions retenter une autre fois, reprit Percival.
Le problème, c'est que l'adolescent serait toujours aussi crispé.
La grosseur du pénis du chevalier était tout aussi séduisante qu'inquiétante. Mais si Lubin et d'autres avaient pu l'accueillir en eux, pourquoi pas lui ?
— Non, non, c'est bon. Ce n'est pas grave si j'ai un peu mal.
— Je ne partage point ton avis. Je tiens à ce que ta première expérience soit plaisante de bout en bout.
C'était chevaleresque de sa part, mais la conversation n'aidait pas. Tim se redressa et d'un baiser, y coupa court.

jeudi 12 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 56

Au bout de deux jours, bien qu'imparfaitement remis, Tim retourna au lycée accompagné par Percival qui tint même à s'infiltrer une fois de plus en douce dans l'enceinte de l'établissement.
Selon Tim, il n'était pas nécessaire qu'il joue le garde du corps, le trio devant avoir compris la leçon, mais il ne put le dissuader d'agir autrement.
Il appréhendait de revoir Harvey, Côme et Lisle qui avaient assistés au moment le plus humiliant de sa vie, mais les retrouvailles furent étrangement anti-climatiques. Ces derniers ne le regardèrent même pas.
Il apparut assez vite évident qu'ils préféraient l'éviter. Quand Tim, fort de la proximité de Percival et désireux de crever l'abcès, chercha à leur parler, les trois garçons se défilèrent.
Il essaya pendant les jours qui suivirent avec le même résultat et puis finalement, Lisle vint lui présenter quelque chose qui ressemblait à des excuses, reconnaissant indirectement qu'ils avaient été trop loin.
— Et maintenant, fous nous la paix, inutile de nous envoyer ton taré de copain, conclut-il avant de tourner les talons.
Quand Tim rapporta la conversation à Percival, ce dernier lui avoua qu'il avait réussi de son côté à leur toucher deux mots pour s'assurer qu'ils n'auraient plus jamais envie de fomenter d'autres sales coups.

Bien que Tim ait encore des marques de son récent passage à tabac, l'entraînement  reprit. Comprenant que c'était important, l'adolescent, avec l'argent médiéval transformé en moderne, se procura l'équivalent d'épées en bois.
Dans un toute autre ordre d'idée, il acheta du lubrifiant et une boîte de préservatifs. Il savait que c'était à lui d'initier la chose, aussi préféra-t-il attendre un soir où sa mère s'absentait. Elle sortait parfois avec des amis.
Percival campait toujours sur la moquette, aussi lui proposer de regagner le lit parut à Tim une invitation assez explicite, surtout en choisissant la nuit où ils avaient justement les lieux pour eux seuls.
Tim était nerveux au possible quand il se glissa dans le lit sans prendre la peine d'enfiler son pyjama, de quoi encore rendre plus évident ce qu'il désirait.
Percival le rejoignit dans toute la splendeur de sa nudité et, au lieu de se glisser derrière lui, il recouvrit son corps du sien, puis l'embrassa comme il l'avait déjà fait à maintes reprises, comme pour lui faire oublier tout ce que la situation avait de nouveau. Tim cependant n'était que trop conscient de son poids sur lui et de son érection brûlante.

mercredi 11 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 55

Percival jugea Tim si mal en point qu'il lui abandonna le lit entier. Il refusa toutefois de s'installer sur le canapé pour camper sur la moquette avec un couverture et un coussin. Tim apprécia qu'il demeure dans la même pièce que lui, sa présence le réconfortant. Il aurait aimé être dans ses bras, mais sa peau était si sensible par endroits que même la couette lui pesait.
— Tu aurais dû me laisser les tailler en pièces, grommela Percival du bas de son lit, comme Tim laissait échapper un geignement involontaire.
— C'est ma faute aussi. J'aurais dû t'appeler de suite à la rescousse. Je pensais pas que tu t'en sortirais comme un charme face à dix types !
Il avait vraiment craint que Percival ne se fasse tabasser sans s'imaginer qu'il arriverait armé de son épée, prêt à en découdre. Il aurait pu s'en douter pourtant : Percival était un chevalier.
— Ton manque de confiance en moi ne t'honore pas, mais ton désir de me protéger, oui.
— Dis… Quand j'irais mieux, tu voudras bien…
Tim s'arrêta, incertain de la formule à employer.
Faire l'amour ne convenait pas, baiser était trop cru, coucher pouvait prêter à confusion puisque techniquement, ils partageaient le même lit en temps habituel et s'y caressaient de façon intime.
— ...me fourrer la rondelle, acheva-t-il finalement, optant finalement l'expression imagée du Moyen-âge.
Légèrement embarrassé par sa demande, il la justifia : évoquant son effroi à la perspective d'être en quelque sorte violé par son propre téléphone mobile.
Face à l'absence de réaction de Percival, il enchaîna :
— J'en ai envie parce que je t'aime.
— Si c'est vraiment ce que tu souhaites, d'accord. Quand il te plaira, répondit enfin le chevalier.
Il ne semblait pas déborder d'enthousiasme à la perspective qu'ils unissent leurs corps de cette manière, mais Tim n'en prit pas ombrage, ce qui comptait, c'est qu'il ait accepté.
Le lendemain, même sans savoir ce qui lui était vraiment arrivé sa mère l'autorisa à rater deux jours de lycée, le temps qu'il se remette. Cela aurait pu être une aubaine, excepté que ce n'était pas du luxe.
De son côté, Percival l'enjoignit à se reposer, expliquant qu'ils ne reprendraient pas l'entraînement avant plusieurs jours, trop forcer pouvant nuire.

mardi 10 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 54

Percival qui en avait terminé avec le blessé revint vers lui. Il voulait l'examiner, mais Tim déclina. Il pensait n'avoir rien de cassé, juste des ecchymoses. Tout ce qu'il désirait, c'était s'assurer que le blessé soit pris en charge et rentrer chez lui.
En attendant les secours, ils ne parlèrent guère, Tim se contentant de raconter sobrement ce qui s'était passé à Percival qui déduisit tout seul qu'il s'agissait là de représailles pour ce qu'il avait fait endurer au trio dans les toilettes.
Tim coupa court à son éventuelle culpabilité en affirmait qu'il doutait à présent que Harvey, Côme ou Lisle tentent à nouveau quoique ce soit, pas après avoir vu que Percival était prêt à trancher dans le vif…
A ce point de la conversation, le blessé intervint du bout des lèvres pour déclarer qu'il était dégoûté d'avoir été abandonné par ses camarades et qu'il allait quitter la bande pour ne plus jamais se retrouver mêlé à pareille connerie.
Après ce qui parut une éternité, les sirènes de la voiture du service d'aide médicale d'urgence retentirent enfin.
Tim s'était entendu avec le chevalier pour qu'il le porte loin de là à ce moment, il s'agissait de ne pas être davantage mêlé à tout ça.
Percival le prit dans ses bras comme une princesse et s'enfuit dans la direction opposée de la voiture.
Dès qu'ils furent assez éloignés, Tim préféra être reposé et il clopina jusqu'au bus, puis jusqu'à l'appartement. Marcher n'était pas exactement une partie de plaisir, surtout en comparaison avec se blottir contre le torse puissant de Percival, mais ce n'était pas exactement discret.
Il était tard et la mère de l'adolescent était présente.
A peine eut-il vu Tim qu'elle s'inquiéta pour lui. Pour une fois, il avait des marques sur le visage.
— Je suis tombé dans les escaliers, mentit-il.
Elle le crut, mais s'affola néanmoins, désireuse qu'il consulte un médecin.
Tim la rassura du mieux qu'il et refusa son aide pour se soigner. Il  savait que si elle voyait dans quel état il était, son mensonge ne tiendrait pas.
— Je vais lui appliquer de la pommade, madame, promit Percival.
Tim eut le droit à s'allonger et à manger au lit. Il n'avait pas faim, mais s'obligea à finir son assiette pour que sa mère ne fasse pas davantage de soucis.
Percival l'aida à se déshabiller. Cela aurait put être excitant si Tim n'avait pas eu aussi mal. Chaque mouvement était douloureux et quand le chevalier appliqua crème ou désinfectant, les plaintes que l'adolescent émit n'avaient rien d'érotiques.

lundi 9 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 53

— Ne tue personne ! s'écria Tim.
— Si tu crois nous effrayer avec tes conneries, cracha un des gars.
Ce n'était certes pas le but de l'adolescent. Une lame vint se coller au cou de Tim, accompagné d'une mise en garde à l'intention de Percival qui l'ignora.
— Ton copain a l'air d'en avoir rien à branler de ce qui peut t'arriver ou pas, pesta le chef entre ses dents.
Tim ne protesta pas bien qu'il soit convaincu du contraire ; Percival avait juste une autre façon de raisonner.
Le chevalier réussit à enfoncer son épée dans la cuisse d'un des garçons. Ce dernier beugla et sa jambe se dérobant sous lui, il tomba.
Percival dégagea son arme d'un coup sec et avant que les autres ne soient sur lui, repartit à l'attaque, entaillant un autre membre à l'épaule.
Harvey, Côme et Lisle prirent la poudre d'escampette. Deux autres gars les imitèrent.
Le chef de la bande  jura, écarta son couteau de la gorge de l'adolescent et le frappa aux genoux, provoquant sa chute, ceux qui le retenaient l'ayant lâché.
Ils partirent tous sans fanfare ni trompette, abandonnant derrière eux leur copain à la jambe
sanguinolente.
Percival s'agenouilla auprès de Tim, son épée rougie de sang à la main.
— Es-tu blessé ?
— Ça va, aide plutôt l'autre, dit Tim pointant du doigt le garçon blanc comme un linge qui se tenait la cuisse.
Il fallait appeler les secours ou quelque chose. Tim avait du mal à réfléchir, les dernières heures ayant été secouantes au propre comme au figuré. Coups, menaces et sang…
Percival essuya sa lame rougie avant de la ranger et de s'approcher de celui qu'il avait blessé. Sa victime poussa des hauts cris.
Avec le bas de sa cape, le chevalier effectua un bandage de fortune.
Le blessé comprenant enfin qu'il ne lui serait pas fait davantage de mal se calma.
Pendant que Percival garrottait la jambe du garçon, coupant le flux de sang, Tim composa le numéro des urgences d'une main tremblante. D'une voix rendue suraiguë par le stress, il parla d'accident et de blessure sans entrer dans les détails et donna le nom de l'impasse où ils se trouvaient.
Une fois qu'on lui eut promis que les secours arrivaient, il raccrocha.

vendredi 6 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 52

— Pourquoi vous faîtes ça ? demanda Tim.
— Pas pour les beaux yeux de tes petits camarades… répliqua un des types.
D'un geste de la main, il indiqua que c'était pour le pognon. Ce n'était donc pas des amis de l'infernal trio. Ils étaient hélas pires qu'eux.
— Si t'avais été coopératif, on aurait même pas touché à un seul de tes cheveux, précisa le chef.
Tim en doutait. Il était toutefois soulagé qu'ils ne le malmène plus pour le moment.
Une longue et pénible attente commença. La bande ne tarda pas à s'impatienter et ce fut bien entendu l'adolescent qui en fit les frais. Ils passèrent leurs nerfs sur lui, verbalement et physiquement.
— Qu'est-ce qu'il fout ton copain, il ne semble pas presser de te sauver la mise.
Aucun de leur commentaire n'atteignit Tim. Il était convaincu que Percival faisait de son mieux, mais le chevalier n'était pas familier avec le coin et n'aurait pas su se repérer avec un plan même s'il en avait trouvé un. Il était tout juste capable de déchiffrer certains mots. Ce serait un miracle s'il arrivait à destination et Tim ne pouvait vraiment le souhaiter.
S'il ne se montrait pas, la bande serait obligé de renoncer, de réaliser que prendre l'adolescent en otage avait été inutile. Le trio et la bande risquaient de lui faire payer cher, mais ça, c'était une autre histoire.
Percival apparut soudain non dans les habits qu'ils avaient acheté ensemble, mais dans ceux de son époque.
— Mécréants, rendez-moi Tim !
Toute la bande ricana.
— T'es pas en position d'exiger quoi que ce soit mec, au cas où tu sais pas compter, on a l'avantage du nombre et si tu veux pas qu'on s'en prenne à ton petit copain, t'as intérêt à te laisser faire bien gentiment.
Avec Tim en otage, les dix garçons comptaient casser la gueule de Percival sans même que celui puisse se défendre.
Pourtant, même sans ça, à eux tous, ils avaient le dessus. Le chevalier était fort, mais sûrement pas à ce point.
— Je suis convaincu que Tim peut endurer votre lâcheté et ne compte point céder à votre odieux chantage.
L'adolescent reçut aussitôt deux coups de poings dans le ventre en guise de démonstration.
Percival tira son épée et chargea.
Certains des garçons crièrent, traitant le chevalier de malade. Les deux qui tenaient Tim se rangèrent derrière lui, l'utilisant comme un bouclier, les autres s'écartèrent pour éviter d'être embroché.
Le chef sortit un couteau de sa poche, imité par deux de sa bande. Percival, lui, tournoya sur lui-même et fonça à nouveau.

jeudi 5 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 51

 — Tu manques pas de couilles, quand même… déclara le chef. Hé, Harvey, votre petit pédé, il est pas aussi minable que tu disais.
Harvey grommela.
— Tant de bravoure, ça mérite une récompense. Qu'un de vous se dévoue pour lui fourrer son phone dans le cul.
Un bourdonnement parasite envahit les oreilles de Tim. Ça, il ne voulait pas. Il n'y avait seulement jamais glissé un doigt. Percival non plus. Être battu, humilié, mais ça…
Il voulut s'arracher aux mains qui le maintenaient, mais comme un papillon épinglé, il s'agita en vain contre le bitume.
— Et pour la touche finale, je propose une douche dorée et un petit film.
Non content de lui pisser dessus, ils allaient immortaliser l'instant, c'était trop et les mots franchirent ses lèvres sans qu'il puisse les retenir.
— Non, s'il vous plaît non, je vais l'appeler…
— C'est pas trop tôt, dit le chef.
Son vieux mobile à clapet qui avait failli être introduit en lui termina dans sa main.
Tim le déverrouilla d'une main tremblante et composa le numéro de l'appartement. Il espérait que Percival ne répondrait pas. Il avait été obligé de lui expliquer à quoi correspondait la sonnerie et ce qui était attendu quand elle retentissait, mais peut-être l'ignorerait-il.
Rien ne garantissait de toute façon que la bande ne lui fasse pas subir ce qu'elle avait été prévu, même après qu'il ait contacté le chevalier.
Mais juste comme Tim pensait qu'il ne décrocherait pas, la voix de Percival retentit.
— C'est moi, Tim, je…
Son mobile lui fut retiré.
— Salut mec, si tu veux récupéré ton copain pas trop amoché, viens à l'impasse des Zarelles et t'as pas intérêt à moufter un mot à quiconque.
Entendre la voix de Percival aurait été un grand réconfort pour Tim. Il aurait voulu aussi le prévenir du comité d'accueil, mais non il en était réduit à ronger son frein.
Le chevalier dut demander des précisions pour se rendre à l'impasse et elles lui firent données en même temps que des remarques mordantes.
L'un des gars sur ordre du chef jeta à Tim ses habits à la figure parce qu'il en avait marre de le voir nu comme un vers.
Tim se rhabilla à une allure d'escargot, car il était moulu. Lui qui n'avait presque plus de bleus allait s'en retrouver à nouveau couvert.

mercredi 4 avril 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 50

Le chevalier vivait au XXIème depuis un mois et Harvey, Côme et Lisle le laissaient en paix depuis trois bonnes semaines si bien que Tim n'était plus sur ses gardes avec eux quand ils le coincèrent en fin de journée.
Le trio, en fait d'avoir compris le message de Percival avait endormi la méfiance de Tim en se tenant à carreau et ruminé leur vengeance.
Harvey, Côme et Lisle l'obligèrent à les suivre en dehors du lycée jusqu'à une petite impasse où une bande de sept garçons fumaient.
Tim avait bien tenté de leur échapper en chemin, mais ils l'avaient maîtrisé sans souci, se gaussant de ses efforts tandis qu'ils lui broyaient chacun un bras.
L'un des gars jeta sa clope à terre et l'écrasa d'un coup de talon et attendit qu'ils arrivent à sa hauteur.
Il colla un mobile dans la main de Tim.
— Téléphone à ton copain et demande lui de rappliquer ici fissa, si tu ne veux pas que ça chauffe pour tes fesses.
A dix contre un, même Percival serait en difficulté et il était inutile qu'ils soient deux à se prendre une raclée. Tim refusa d'un signe de tête, ce qui lui valut une gifle.
Il lâcha le téléphone, reçut une série de claques et il fut forcé de ramasser. Tim, les joues  cuisantes, persista toutefois dans son refus.
Les dix garçons le frappèrent alors les uns après les autres, s'en donnant à cœur joie.
Tim finit recroquevillé sur le sol, se protégeant avec les bras du mieux qu'il pouvait tandis que les coups pleuvaient.
— Pause ! cria un des gars, celui qui lui avait parlé en premier.
C'était sûrement le chef de la bande, car tous cessèrent, y compris Côme, Lisle et Harvey.
Il se pencha sur Tim.
— Sois raisonnable et appelle maintenant, autrement cela va devenir vraiment désagréable pour toi.
— Non, répondit l'adolescent, même s'il n'en pouvait plus et qu'il avait peur.
Pas question d'attirer Percival dans un traquenard.
— Déshabillez-le les gars.
Tim eut beau se débattre et se contorsionner, ils lui arrachèrent et il se retrouva nu comme un ver devant eux, à essuyer leurs moqueries.
Brandissant leurs téléphones, ils se mirent à le photographier.
— Si tu n'as pas envie qu'on envoie ça sur les réseaux sociaux - non que quiconque ne souhaite voir un freluquet à poil avec un zizi pas plus gros qu'un coton tige – tu sais, ce que tu dois faire.
Les copains du trio avaient l'air d'avoir hélas des idées plus raffinées pour pourrir la vie des gens.
— Comme vous dîtes, cela n'intéressera personne, répliqua Tim, tout misérable qu'il se sente.