jeudi 28 janvier 2016

Contes modernes - 205

Ce n'était pas demain la veille qu'il arriverait à  le tutoyer.
— Ne t'en fais pas... J'ai réfléchi qu'il était normal que tu ne veuilles pas de moi dans ta vie et je ne veux pas m'imposer, promis,  mais je ne peux pas non plus arrêter de me soucier de toi et de ton bien-être. Avec ta sortie prochaine de l'hôpital, nous n'aurons plus que l'occasion de nous croiser à l'auberge. Mais je pourrais bien sûr renoncer à y aller si le seul fait de me voir te pose...
— Non ! s'écria Albin.
Il n'y avait aucune raison que Valérian se prive d'un lieu qu'il appréciait de fréquenter juste pour lui. Cela aurait été plus qu'ingrat de sa part que d'exiger une chose pareille.
— Tu veux bien que je bavarde avec toi chaque fois que je m'y rendrai ?
Albin hésita. Échanger quelques mots, c'était anodin et en même temps, c'était la porte ouverte à un dangereux inconnu. N'était-ce pas naïf de sa part de croire que Valérian s'en tiendrait là ?
— Oui, murmura-t-il malgré tout du bout des lèvres, espérant qu'il n'aurait pas à le regretter.
Comme s'il devinait ses inquiétudes, Valérian déclara :
— Tu n'as pas à te tracasser. Je ne te toucherai jamais sans que tu m'y autorises explicitement. A moins que ta vie ne soit en jeu, bien sûr.
Albin comprit avec embarras que le médecin faisait allusion au bouche à bouche dont il l'avait gratifié après l'empoisonnement sont il avait été victime.
Il acquiesça. Cet homme était dangereux parce qu'il était amoureux de lui, mais il était honnête et sincère.
— Bon, je me contenterai de cela.
Il lui tendit ensuite une carte.
— Je te donne mes coordonnées. Tu peux me contacter quand tu veux, à tout moment du jour ou de la nuit.
— Je n'en ai pas besoin, protesta Albin sans faire un geste pour s'en emparer.
— Tu me feras plaisir en les prenant.
Se disant que cela ne l'engageait après tout à rien, et remarquant que le docteur la tenait du bout des doigts de sorte qu'aucun contact entre eux ne soit nécessaire, l'adolescent s'exécuta.
Valérian eut un sourire si rayonnant que le cœur d'Albin rata un battement.
— A la prochaine fois, dit le docteur en sortant.
Albin prononça les mêmes mots en retour. Il ne savait pas ce que l'avenir lui réservait ni la place qu'occuperait Valérian dedans, mais après des années à errer dans le noir, sans jamais voir le bout du tunnel, le futur lui semblait enfin plein de promesses et de possibilités.

                                                     FIN
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Rendez-vous demain pour l'ultime conte moderne, Chute.
 

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Haaaaaaa trop trop trop bien cette fin merci merci merci \^o^/

N'étant pas un véritable happy end cela laisse la porte ouverte à l'imagination et peut-être un aperçu de leur futur en commun dans le prochain conte lol

Maintenant j'ai hâte d'être à demain pour voir ce dernier conte au titre mystérieux mais si je m'en réfère au tout premier conte il me semble que l'on avait aperçu quelqu'un escaladant un immeuble je crois... (si mes souvenirs sont bons) XD

Illyshbl a dit…

Eh non pas de happy end, parce que j'ai toujours trouvé ça trop facile pour le prince de Blanche-neige, un baiser et hop, c'est emballé... D'où le choix de cette fin ouverte - (et c'est aussi pour ça que dans ma réécriture précédente du conte, un nain l'avait emporté)
Après, comme faire dans le vraiment triste, ce n'est pas mon genre, ça finit sur une note d'espoir, mais est-ce que Valérian gagnera le cœur d'Albin au final ? Pas sûr !

Autrement, personne n'escaladait de façade d'immeuble, mais une espèce de corde pendait en effet... :)