jeudi 21 janvier 2016

Contes modernes - 200

— Que tu le veuilles ou non, tu es mien.
Albin se mit à trembler. Cela allait recommencer. Roy était plus fort que lui. Le plus simple était de se soumettre, de lui abandonner son corps tandis que son esprit s'envolait très loin, là où rien ne pouvait l'atteindre. Toutefois, s'il le prenait ici et que les nains rentraient, l'adolescent ne le supporterait pas.
Il prononça un non faible, mais distinct.
Roy haussa les épaules comme indifférent. Il avait passé outre ses refus jusqu'ici. Il n'avait aucune raison qu'il prête davantage attention à celui-ci.
— Très bien, mais le moins que tu puisses faire, c'est de me laisser fêter ton anniversaire avec toi. J'ai amené là un délicieux gâteau aux pommes en cadeau ainsi qu'un cadeau.
Albin resta interloqué. Il était vraiment fou de s'être introduit par effraction dans l'auberge des nains pour cela.
Non, la méfiance était de rigueur, sûrement Roy avait une idée derrière la tête. A tout les coups, le gâteau était drogué comme l'avait été le jus de pomme, lui permettant de l'emmener loin d'ici sans effort.
— Je n'ai pas faim.
— Alors, commence par ouvrir ton cadeau suggéra Roy tout sucre tout miel, en le libérant.
C'était étrange de le voir si accommodant. Cependant, comme Albin ne voyait pas ce qu'il risquait à le faire, il déballa la boîte rectangulaire recouverte de papier rouge brillant et en sortit un miroir qui lui renvoya son reflet : sa peau albâtre, ses yeux noirs et ses lèvres rouges.
Il le lâcha. Le miroir se brisa aussitôt sur le sol. Sept ans de malheur.
— Je t'en rachèterai un, annonça tranquillement Roy.
— C'est inutile, répondit Albin mal à l'aise.
Son beau-père allait-il repartir ? L'adolescent allait-il vraiment s'en tirer à si bon compte ?
— C'est vrai que c'est l'intention qui compte... On se mange un bout de gâteau ?
Albin déclina à nouveau.
— Eh bien, je vais en prendre une, moi.
Sans façon Roy s'installa à une des tables de l'auberge et sortit d'un carton d'une pâtisserie un superbe gâteau où était écrit en lettres chocolatées « joyeux anniversaire Albin, 18 ans. »
Il se coupa une part qu'il dégusta lentement. Quand il l'eut fini, il revint à la charge.
— Il est délicieux. Goûte en juste un morceau.
Albin hésita. Roy en avait mangé. Ce n'était à priori pas un gâteau maison. Peut-être n'y avait-il pas de risques...
— Et après, tu t'en iras ?
— Pas sans essayer de te convaincre que nous sommes fait l'un pour l'autre.
Albin grimaça. La situation était bloquée. Il n'avait aucun moyen de mettre Roy dehors. Physiquement, il ne faisait pas le poids. Il n'avait aucun moyen de négocier non plus, à moins de compter cette fichue part de gâteau. C'était peut-être un piège, mais pas forcément, puisque cela ne semblait pas gêner outre mesure Roy qu'il n'en mange pas. Albin n'avait d'autre choix que de l'écouter jusqu'à ce qu'il ne s'impose à lui...

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode du jour ^^

Albin a raison d'être méfiant, Roy n'est pas pétri de bonnes intentions et je suis sûre qu'il prépare encore un mauvais coup ^^"

J'ai hâte de voir ce que tout cela cache et comment Albin va se dépêtrer de cette situation :)

Illyshbl a dit…

Qui a dit qu'il allait s'en sortir ? * rire diabolique * ;)