mardi 19 janvier 2016

Contes modernes - 198

— Je n'ai pas besoin d'amis et pas de confidences à faire, affirma-t-il avec une assurance qu'il était loin de ressentir.
— Quelque chose me dit que non, mais je ne peux te forcer.
Albin, tout en étant soulagé, éprouva un pincement au cœur devant ce renoncement si rapide.
Valérian puisque c'était son nom s'avança vers l'escalier, mais moment de s'engager dedans, il se retourna et ajouta :
— Sache que mon offre d'amitié n'a pas de date d'expiration et que je viens une fois par semaine ou presque pour me ressourcer au vert et au calme. Il y a quelque chose de magique dans cette auberge perdue dans la forêt à l'atmosphère si chaleureuse, tu ne trouves pas ?
Albin acquiesça. Il partageait ce sentiment. Le seul problème, c'était l'ombre de Roy qui planait, l'empêchant d'en profiter. L'épisode avec le livreur avait mis sens dessus dessous la nouvelle vie de l'adolescent, ravivant ses peurs. Valérian descendit.
 
Dans les semaines qui suivirent, Albin finit par s'apaiser et ses nuits redevinrent supportables. Les nains le laissaient tranquille sans plus chercher à creuser son passé. Ni Roy ni le livreur ne vinrent à l'auberge, si ce n'est en rêve.
Quant à Valérian, le client médecin, s'il prenait en effet toujours la chambre adjacente à la sienne et le saluait systématiquement aimablement, il ne s'imposait pas à lui. Il lui avait juste suggéré une fois de plus de consulter pour ses cauchemars, mais n'avait pas insisté pour en connaître l'origine.
La méfiance de départ qu'avait ressenti Albin à son égard avait diminué grandement sans disparaître totalement.
Peut-être Valérian était bien intéressé par lui de « cette façon », mais il ne semblait pas du genre à lui sauter dessus sans prévenir. Cela restait tout de même inconfortable qu'il le considère ainsi.

Finalement, le jour tant attendu de sa majorité arriva. Il n'avait rien dit aux nains de son anniversaire, aussi, il n'y eut ni gâteau, ni cadeaux, ni même un banal souhait, mais Albin passa malgré tout une bonne journée. Le quotidien routinier était pour lui quelque chose de précieux et non d'ennuyeux. L'exceptionnel était autrement plus dangereux.
Peu après, les nains fermèrent l'auberge pour une nouvelle visite en ville. Albin resta derrière. Comme s'il était un petit enfant, les nains lui firent promettre de n'ouvrir à personne.
Albin se barricada à l'intérieur, vérifiant avec soin que chaque porte et fenêtre étaient bien fermées, puis il s'allongea dans sa chambre avec un livre prêté par Violette. Il faisait beau et il aurait préféré se promener dehors pour écouter le bruissement des animaux de la forêt, mais y aller seul l'angoissait trop.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode du jour, Albin est enfin majeur youpi ^o^

Bon Albin seul à l'auberge barricadé.. Je sens qu'il va se passer quelque chose mais à savoir si c'est une bonne ou mauvaise chose là difficile à dire lol

Vivement la suite XD

Illyshbl a dit…

Dans le conte originel, Blanche-neige seule = les ennuis... et comme je suis de près la trame de base des contes... :)