Cette fois, Beckett, à défaut de voir son visage aux sourcils froncés, put entendre la sécheresse dans sa voix. L'adolescent voulut poser une main appaisante sur l'avant-bras de Al, mais celui-ci se déroba et lui tourna le dos.
– Rentre chez toi, dit-il, entre ses dents serrées.
Il sentit alors les bras de Beckett ceindre sa taille avec un mélange curieux de force et de douceur.
– Non. Je reste. J'ai prévenu Félicité que j'avais fait connaissance avec quelqu'un d'autre dans le parc en l'attendant et que désormais, je n'étais plus libre. Par conséquent, elle a exigé des détails, d'où mon retard. Elle refusait, selon ses propres termes, d'avaler mon conte d'homme invisible.
Al dénoua les bras de Beckett qui l'enserrait, fit volte-face et s'exclama, incrédule :
– Tu lui as parlé de moi ?
– Oui, bien entendu.
Beckett atteignait des sommets côté naïveté. Cela contribuait à son charme bien sûr, mais c'en était au point où cela était dangereux.
– Tu ne connais pas l'homophobie et plus généralement la peur de tout ce qui est différent ?
– Si, et à dire vrai, je ne souhaitais pas particulièrement faire part de ta maladie et tout, mais elle m'a pressé de questions et je déteste mentir.
– J'espère que tout cela ne te causera pas de tort. Enfin, vu qu'elle ne t'a pas cru, cela devrait aller. Au pire, elle répandera la rumeur que tu n'as pas toute ta tête.
– En fait, elle m'a laissé le bénéfice du doute. "Présente-le moi et je verrai - ou plutôt ne verrai pas." Là-dessus, j'ai enfin pu partir te rejoindre.
Il était évident Beckett regrettait son retard. Il aurait mieux fait d'envoyer promener Félicité et ne pas parler de lui, mais Al devait admettre qu'au fond, cela lui faisait plaisir que son existence ne soit pas reniée. Mieux, Beckett l'avait choisi malgré les explications que lui avaient données Félicité pour lui avoir posé un lapin dans le parc.
– Tu veux partager mon plat ?
L'adolescent jeta un œil distrait sur le mélange de légumes verts parsemés de morceaux de poulets et déclara :
– Désolé. J'aimerai bien, mais je ne peux pas. Ma mère tient à ce que je prévienne à l'avance quand je mange dehors le soir. Elle a dû préparer ma part.
Ne passer que quelques minutes en compagnie de Beckett après avoir passé une longue journée à l'attendre était amer, mais puisque l'adolescent semblait avoir la chance d'avoir une famille attentive et aimante, il n'avait pas le droit de le retenir.
– Je comprends.
– Je passerai sans faute demain après les cours et sans m'arrêter pour personne.
Beckett aurait préféré rester, cela se lisait sur son visage. Al en tira un brin de réconfort.
– A demain, alors, soupira-t-il en s'avançant pour ouvrir la porte de l'appartement.
Il était sur le point de tourner la poignée métallique quand Beckett murmura :
– Tu ne m'embrasses pas avant que je parte ? C'est ce que font les couples, non ?
– C'est vrai...
Al avait encore du mal à réaliser que l'adolescent était son petit ami et qu'il pouvait le prendre dans ses bras et coller ses lèvres contre les siennes quand il le souhaitait. Il posa son assiette sur la pile de bouquins qui occupait le dessus du petit meuble de l'entrée et, alors qu'il hésitait encore en dépit de son désir, Beckett avoua :
– J'aurais bien pris l'initiative, mais j'ai peur de rater ta bouche.
Sa sincérité était touchante sans être blessante. Al l'attira à lui et l'embrassa. Ce simple baiser éveilla tout ses sens. Cependant, après avoir savouré encore un moment le goût sucré de la bouche de Beckett, il s'écarta. Ils s'étaient mis d'accord pour apprendre à se connaître avant d'aller trop loin et l'adolescent devait rentrer chez lui.
Un dernier regard, un dernier au revoir et Al se retrouva à nouveau seul comme un rat mort. C'était étrange comme Beckett mettait paradoxalement en lumière sa solitude, la lui faisant ressentir avec une intensité douloureuse. Il retourna devant la télévision et reprit son repas interrompu. Le contenu de son assiette avait refroidi, mais Al n'en avait cure. Il mangeait machinalement, sans vraiment s'intéresser à ce qui se passait à l'écran. L'échange qu'il venait d'avoir avec Beckett et le sublime baiser qui l'avait couronné tournait en boucle dans son esprit. A 22h45, le film terminé, Al glissa assiette et couverts sales dans l'évier, se brossa hâtivement les dents, tira les rideaux, se déshabilla et se glissa sous sa couette en espérant qu'il croiserait Beckett dans ses rêves.
– Rentre chez toi, dit-il, entre ses dents serrées.
Il sentit alors les bras de Beckett ceindre sa taille avec un mélange curieux de force et de douceur.
– Non. Je reste. J'ai prévenu Félicité que j'avais fait connaissance avec quelqu'un d'autre dans le parc en l'attendant et que désormais, je n'étais plus libre. Par conséquent, elle a exigé des détails, d'où mon retard. Elle refusait, selon ses propres termes, d'avaler mon conte d'homme invisible.
Al dénoua les bras de Beckett qui l'enserrait, fit volte-face et s'exclama, incrédule :
– Tu lui as parlé de moi ?
– Oui, bien entendu.
Beckett atteignait des sommets côté naïveté. Cela contribuait à son charme bien sûr, mais c'en était au point où cela était dangereux.
– Tu ne connais pas l'homophobie et plus généralement la peur de tout ce qui est différent ?
– Si, et à dire vrai, je ne souhaitais pas particulièrement faire part de ta maladie et tout, mais elle m'a pressé de questions et je déteste mentir.
– J'espère que tout cela ne te causera pas de tort. Enfin, vu qu'elle ne t'a pas cru, cela devrait aller. Au pire, elle répandera la rumeur que tu n'as pas toute ta tête.
– En fait, elle m'a laissé le bénéfice du doute. "Présente-le moi et je verrai - ou plutôt ne verrai pas." Là-dessus, j'ai enfin pu partir te rejoindre.
Il était évident Beckett regrettait son retard. Il aurait mieux fait d'envoyer promener Félicité et ne pas parler de lui, mais Al devait admettre qu'au fond, cela lui faisait plaisir que son existence ne soit pas reniée. Mieux, Beckett l'avait choisi malgré les explications que lui avaient données Félicité pour lui avoir posé un lapin dans le parc.
– Tu veux partager mon plat ?
L'adolescent jeta un œil distrait sur le mélange de légumes verts parsemés de morceaux de poulets et déclara :
– Désolé. J'aimerai bien, mais je ne peux pas. Ma mère tient à ce que je prévienne à l'avance quand je mange dehors le soir. Elle a dû préparer ma part.
Ne passer que quelques minutes en compagnie de Beckett après avoir passé une longue journée à l'attendre était amer, mais puisque l'adolescent semblait avoir la chance d'avoir une famille attentive et aimante, il n'avait pas le droit de le retenir.
– Je comprends.
– Je passerai sans faute demain après les cours et sans m'arrêter pour personne.
Beckett aurait préféré rester, cela se lisait sur son visage. Al en tira un brin de réconfort.
– A demain, alors, soupira-t-il en s'avançant pour ouvrir la porte de l'appartement.
Il était sur le point de tourner la poignée métallique quand Beckett murmura :
– Tu ne m'embrasses pas avant que je parte ? C'est ce que font les couples, non ?
– C'est vrai...
Al avait encore du mal à réaliser que l'adolescent était son petit ami et qu'il pouvait le prendre dans ses bras et coller ses lèvres contre les siennes quand il le souhaitait. Il posa son assiette sur la pile de bouquins qui occupait le dessus du petit meuble de l'entrée et, alors qu'il hésitait encore en dépit de son désir, Beckett avoua :
– J'aurais bien pris l'initiative, mais j'ai peur de rater ta bouche.
Sa sincérité était touchante sans être blessante. Al l'attira à lui et l'embrassa. Ce simple baiser éveilla tout ses sens. Cependant, après avoir savouré encore un moment le goût sucré de la bouche de Beckett, il s'écarta. Ils s'étaient mis d'accord pour apprendre à se connaître avant d'aller trop loin et l'adolescent devait rentrer chez lui.
Un dernier regard, un dernier au revoir et Al se retrouva à nouveau seul comme un rat mort. C'était étrange comme Beckett mettait paradoxalement en lumière sa solitude, la lui faisant ressentir avec une intensité douloureuse. Il retourna devant la télévision et reprit son repas interrompu. Le contenu de son assiette avait refroidi, mais Al n'en avait cure. Il mangeait machinalement, sans vraiment s'intéresser à ce qui se passait à l'écran. L'échange qu'il venait d'avoir avec Beckett et le sublime baiser qui l'avait couronné tournait en boucle dans son esprit. A 22h45, le film terminé, Al glissa assiette et couverts sales dans l'évier, se brossa hâtivement les dents, tira les rideaux, se déshabilla et se glissa sous sa couette en espérant qu'il croiserait Beckett dans ses rêves.
5 commentaires:
j'adore cette histoire ^^
Vivement la suite =)
Il est trop naif beckett mais ca le rend mignon =P
Merci pour l'episode =D
Merci décidément l'histoire est trop bien ^o^
Hâte de lire la suite :D
c'est vraiment génial !
en plus, tu écrit super bien, vivement la suite et bon courage ^^
Merci pour ce chapitre.
Cette histoire est vraiment émouvante. J'ai presque la larme à l’œil en imaginant combien Al devait être déçu de ne pas pouvoir passer un peu plus de temps avec son chéri après l'avoir attendu toute la journée.
Mais Beckett est vraiment trop naïf >.<
J'attend la suite avec impatience =D
Je suis ravie que vous aimiez autant l'histoire, j'espère être à la hauteur pour la suite... :)
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