Pause

L'androïde est tombé en panne...
Blague à part, je n'ai plus assez d'avance dans l'histoire - même si plein de choses sont prévues - et du coup, j'hésite pour l'épisode qui vient entre deux directions... Bref, le plus simple est encore pour moi de faire une petite pause, prendre du recul afin d'y voir plus clair et avoir plus de temps pour écrire la suite.

Rendez-vous donc au mercredi 10 mars pour la suite des aventures d'Alex et Valérian (et puis aussi un peu Jason !)

L'androïde amoureux - 31

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Malgré la pluie qui menaçait, Valérian était d’une humeur radieuse. Alex était juste trop craquant.
Il lui avait encore donné un baiser à couper le souffle, sans se soucier de l’endroit où ils se trouvaient. Il l’avait laissé choisir le film, avait voulu lui offrir sa place au cinéma et face à son refus, avait tourné les choses de façon charmante… et au lieu de lui en vouloir d’avoir monopolisé la conversation en faisant l’éloge d’Isaac Asimov, il le taquinait et se proposait de lire une des œuvres de l’auteur.
Pendant le trajet de bus, ils discutèrent encore du film.
A la sortie, ils devaient traverser. Il y avait un passage piéton avec un feu. Une mère et son enfant, descendus en même temps qu’eux, attendaient à leurs côtés que le feu passe au vert, quand soudain le garçonnet, s’arrachant à la main de sa mère, s’élança sur la route.
Alex réagit au quart de tour. Il fonça sur l’enfant, l’attrapa et l’emporta sur le trottoir d’en face à une vitesse fulgurante, une voiture manquant de les frôler.
Tout s’était passé en un clin d’œil et Valérian était resté planté là comme un idiot pendant que son petit ami risquait sa vie !
Un instant plus tard, c’était au tour des piétons de passer. La mère, dans tous ses états, traversa en courant, Valérian sur ses talons.
Elle récupéra aussitôt son fils des bras d’Alex et le serra contre elle en tenant des propos à peine cohérents.
— Tu m’as fait une de ces peurs ! s’écria Valérian. Tu n’as rien ?!
— Non, pardon.
— Tu aurais pu être écrasé !
— Je ne sais comment vous remercier, intervint la mère, en se relevant, son enfant blotti contre elle.
— Un merci suffit, assura Alex et, prenant la main de Valérian, il s’éloigna à grandes enjambées.
— Elle semblait sous le choc… Nous aurions peut-être dû rester… ?
— Tes parents nous attendent, non ?
— Oui, ma sœur aussi… Mais…
C’était bizarre comme Alex était pressé. En même temps, ce qui était passé était secouant. Il n'était peut-être pas non plus dans son état normal.
— Tu as été si rapide, c’était incroyable !
— Je ne sais pas comment j’ai fait.
— L’adrénaline peut-être ? En tout cas, tu as été formidable, un vrai héros !
Des gouttes d’eau s’écrasèrent sur leurs visages. Les nuages avaient crevé.
Alex sortit un parapluie et le déplia au-dessus de leurs têtes. Il était aussi prévoyant que prévenant… et ne paraissait vraiment pas perturbé plus que ça par l’acte héroïque qu’il venait d’accomplir, comme si c’était quelque chose de normal qui se produisait tous les jours, mais à moins qu’il soit en fait un super héros, c'était peu probable… C’était peut-être de la modestie.

L'androïde amoureux - 30

Alex avait de l’argent donné par son créateur, mais Val refusa qu’il paye son billet en plus du sien. C’était une situation typique de rendez-vous.
— D’accord, mais dans ce cas, tu m’offres ta place et moi, la tienne, déclara Alex, sans insister.
L’hôtesse de caisse dit que c’était trop adorable tandis que le client derrière eux, grommelait que c’était stupide. Mais tout ce qui comptait, c’était la réaction de Val et, d’après les commissures relevées de ses lèvres, il partageait plutôt l’avis de la jeune femme à la caisse que celui de l’homme dans la file.
La salle n’était pas très remplie, leur laissant l’embarras du choix pour s’asseoir. Val le tira par la manche pour qu’ils s’installent sur le côté, ce qui n’était pas l’angle de vue optimale selon Alex.
— Au centre, ce ne serait pas mieux ?
— C’est moins tranquille, répliqua Val tout bas.
A l’écran, de gros robots gris ne tardèrent pas à ravager des villes entières, massacrant leurs habitants.
Val était captivé, même s’il le regardait de temps à autre, pressant sa main qu’il avait attrapée au début de la séance.
A la fin, le héros humain réussit à arrêter les robots, les détruisant tous au moyen d’un virus informatique.
— Ça t’a plu ? demanda Val tandis que des noms défilaient à l’écran et que les autres spectateurs commençaient à quitter la salle.
Répondre à ce genre de questions était complexe pour Alex. Il biaisa :
— Je ne comprends pas comment les robots ont pu s’attaquer aux humains. N’avaient-ils pas été programmés pour être inoffensifs ?
— L’histoire ne le dit pas, mais ceux qui les avaient fabriqués n’avaient à priori pas pensé à utiliser les lois de la robotique d’Isaac Asimov !
Le nom ne figurait pas dans la base de données d’Alex. Il faudrait qu’il effectue des recherches. En attendant, Val était là.
— Qui ?
— Tu ne le connais pas ? Cet écrivain est brillant !
Tandis qu’ils attendaient le bus qui les rapprocherait de chez Val où ils devaient passer le reste de l’après-midi, Val parla de nouvelles et de romans d’Isaac Asimov pendant 4 minutes avant de s’interrompre :
— Pardon, je me suis emballé. Je ne sais même pas si tu aimes lire !
— Tu ferais un bon cadeau, répondit Alex. Peux-tu me prêter une des histoires d’Isaac Asimov ? ajouta-t-il.

Le fée féminin et Comme les doigts de la main, les livres sont disponibles

Je les ai lus, relus et corrigés et les voilà :

Le fée féminin et Comme les doigts de la main comprennent 190-200 pages et coûtent 7.99€  en papier et 5.99 € en PDF numérique.

 

Ils sont disponibles à la vente sur The Book Edition :

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Comme les doigts de la main a un petit bonus de 5 pages inédites.

L'androïde amoureux - 29

C’était le jour du rendez-vous avec Val. Des nimbostratus dans le ciel annonçaient de la pluie, Alex avait donc pris un parapluie. Il avait 127 secondes de marge, pas plus, pour ne pas rater le bus qu’il devait prendre pour se rendre au cinéma où il retrouverait Val, et Jason menaçait de le mettre en retard en discutant avec leur père.
— Sa batterie présente des signes de défaillance. Ce n’est pas prudent qu’il sorte.
— Même si sa déperdition d’énergie est plus élevée que normale, cela reste raisonnable et je la remplacerai dès que possible.
— Mais s’il tombe en panne devant Valérian, il risque de découvrir le pot aux roses et il n’y aura pas de retour arrière possible.
Alex jugea étrange la mention de fleurs. Il était composé de métaux et non d’éléments naturels. Il enregistra chez son créateur un début d’hésitation. Jason était en train de le convaincre, ce qui n’arrangeait pas Alex. Annuler n’était pas une option souhaitable.
— J’y vais, je vous contacterai avant que ma batterie atteigne un niveau critique.
Cela suffit à rassurer son père.
— Tu vois, Jason ? Allez, amuse-toi bien !
Alex s’empressa de partir avant que son frère n’émette de nouvelles objections.
Il courut et arriva en même temps que le bus dans lequel il se dépêcha de monter. Il guetta le bon arrêt, y descendit, marcha jusqu’au cinéma et repéra instantanément Val qui l’attendait.
Alex accéléra l’allure, sans dépasser celle des humains, le rejoignit, l’enlaça et l’embrassa. C’était comme ça qu’un rendez-vous entre amoureux était supposé commencer.
Val s’écarta.
— Alex, souffla-t-il. Mieux vaudrait éviter les baisers comme ça en public.
Dans son champ de vision périphérique, Alex vit deux adolescentes qui les fixaient, yeux écarquillés, signe de leur étonnement. Alex n’avait pourtant, à sa connaissance, transgressé aucune règle.
— Quelle est la durée optimale d’un baiser en présence de spectateurs ? s’enquit-il.
— Toi, alors ! s’exclama Val avant d’éclater de rire.
Cela ne répondait pas à la question d’Alex, mais puisque Val était amusé, cela comptait comme une victoire.
— Quel film as-tu choisi ?
— L’Invasion des robots. J’adore la science-fiction, pas toi ?
Alex n’avait pas de goût ou de préférences, mais peut-être pouvait-il en développer.
— Tout m’intéresse du moment que tu es avec moi.
Val lui sourit, et se mit sur la pointe des pieds pour poser ses lèvres contre les siennes. Cela dura 1.02 seconde. C’était bref. Alex enregistra que c’était la durée à respecter quand ils n’étaient pas juste tous les deux.

L'androïde amoureux - 28

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La batterie d’Alex était au plus bas. D’après ses calculs, il aurait juste assez pour finir la journée d’école.
C’était un problème, un de plus qui était lié aux autres.
Respecter les désirs de son partenaire était inscrit dans son programme, au même titre que son obéissance à Jason et à son créateur. Or, il se pourrait qu’il y ait un conflit à l’avenir entre les deux. Et les circuits d’Alex étaient déjà en surchauffe en raison d’un autre sujet problématique que Jason avait soulevé.
La base de données d’Alex était riche. Indépendamment de son programme d’apprentissage évolutif, il avait des connaissances théoriques. Or, ce qu’elles affirmaient sur les humains étaient en contradiction avec la volonté de son créateur.
De façon pratique, Alex avait pu constater par lui-même que Val n’avait pas voulu qu’il le regarde se déshabiller. Même s’il en venait à autoriser Alex à le faire, conséquence logique de leur statut de couple, cela n’impliquerait nullement qu’il souhaite que quelqu’un d’autre le voit. Dans la mesure où Alex filmait ce qu’il vivait, où son créateur avait accès à toute sa mémoire et où Alex n’avait aucun recours pour l’empêcher de regarder, c’était un autre conflit potentiel.
Accepter de se mettre en couple avec Val avait été une conclusion évidente, mais avait peut-être été une erreur.
Pour la corriger, il suffisait de rompre. Alex en avait le droit pour des raisons non compatibilités. Mais il aurait été alors supposé se rapprocher d’une autre personne, ce qui aurait entraîné les mêmes contradictions. Résultat, cela ne faisait pas sens, surtout que dans les faits, Valérian et lui s’accordaient. Excepté qu’Alex n’était pas humain, qu’il avait été fabriqué et programmé par un individu qui, à priori, manquait de cohérence.
Alex ne validait pas toujours le comportement de Jason – son bavardage incessant chez Valérian avait été inadapté – mais il avait présenté de bons arguments à leur père qui avait pourtant refusé de les écouter. C’était pour cela qu’Alex s’était tu.
A l’heure actuelle, en arrière tâche de fond, ce qui consommait beaucoup d'énergie, il continuait à voir comment résoudre ses conflits potentiels.
Se séparer de Valérian ne pouvait être qu’une solution d’ultime recours.

L'androïde amoureux - 27

— Tu le connais à peine ! Je veux bien que sa plastique parfaite t’ait fait craquer, mais ne me fais pas croire que tu as déjà des sentiments pour ce… pour lui ! s’écria Jason.
Le pauvre ne comprenait rien à rien et il croyait Valérian bien superficiel s’il s’imaginait qu’il sortait avec Alex uniquement pour son beau visage. Non, parce que si cela avait été juste cela, Jason aurait tout aussi bien fait l’affaire. Lui aussi était séduisant même s’il avait un nez moins droit, des dents moins blanches et une stature moins imposante que son frère. C’était surtout son caractère qui laissait désirer.
— Tu ferais mieux de rompre avec mon frère, décréta Jason.
C’était n’importe quoi, une rivalité déplacée entre frères...
— Ton histoire ne tient pas debout. Tu me me reproches de ne pas connaître ton frère, sans paraître réaliser que c’est en le fréquentant que j’apprendrai…
— Pas la peine d’être son petit ami pour cela. Tu pourrais te contenter d’être copain avec lui.
Était-il possible d’être aussi maladroit ? Plutôt que de l’énervement contre Jason et ses bêtises,   c’était de la pitié qu’il éveillait chez Valérian.
Alex revint vers eux à ce moment.
— 180 secondes se sont écoulées, affirma-t-il.
— Oui, oui, soupira Jason avant de s’éloigner.
Valérian hésita sur la conduite à tenir : devait-il ou non prévenir Alex que Jason avait cherché à les séparer, mentionner ou non cette histoire d’impuissance… ? Si Jason n’avait pas menti, cela méritait discussion, mais entre deux cours, au lycée, ce n’était pas ni le bon lieu, ni le bon moment.
— Jason ne t’a rien dit de blessant ? demanda Alex.
— Non, pas vraiment… Mais la conversation a été pour le moins bizarre, alors pour une autre fois, ne me laisse pas seul avec lui.
— Je verrai ce que je peux faire pour éviter ça, répondit Alex.
Sa réponse alambiquée fit sourire Valérian. Alex employait souvent de drôles de formules.
— Oublions ça, voudrais-tu venir chez moi samedi ou dimanche ? Enfin, si cela ne te fait pas peur de rencontrer mes parents et ma sœur...
— Oui. Nous pourrions aussi aller au cinéma, si tu en as envie ?
L’invitation fit plaisir à Valérian.
Rompre avec un petit ami en or comme ça… Jason était fou ! Il serait toujours temps de s’inquiéter de ce qu’ils pouvaient faire (ou pas) ensemble au lit...

L'androïde amoureux - 26

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Valérian ne pouvait s’arrêter de sourire. Alex avait informé Hana que lui et Valérian étaient ensemble quand elle les avait salués. Il avait par ailleurs pu présenter Alex à Amandine qui n’était hélas plus dans sa classe cette année, ce qui faisait qu’il était plus compliqué de la voir.
Il y avait bien sûr les récréations, mais Valérian  avait quelque peu négligé son amie pour passer du temps avec Alex. Amandine ne lui en tenait heureusement pas rigueur.
Enfin, Paul et ses potes ne les avaient pas approchés et de façon ironique, c’était quelque part grâce à eux si Alex et lui étaient en couple.
Mais Valérian avait oublié un fâcheux…
— Laisse nous trois minutes, Alex, déclara Jason d’un ton autoritaire.
— 180 secondes et pas une de plus, répliqua son petit ami avant de s’éloigner à pas lents.
Valérian trouva l’échange entre les deux frères curieux. Il aurait autant préféré de ne pas rester en tête-à-tête avec Jason, même à la vue de tous dans la cour du lycée, mais il ne pouvait pas en vouloir à Alex de complaire au caprice de son jumeau dans la mesure où il ne lui avait pas expliqué qu’il n’appréciait pas Jason.
— Je sais que tu es devenu le petit ami de mon frère et loin de moi l’idée de me mettre entre vous, mais je pense qu’il y a un truc que tu devrais savoir à son sujet. Alex est impuissant.
Valérian eut un moment de flou. Et dire que Jason avait si bien commencé…
— C’est Alex qui t’a demandé de me mettre au courant ?
Jason passa une main nerveuse dans ses cheveux noirs, les mêmes que ceux d’Alex.
— Euh… Non… Je… bredouilla-t-il.
— Alors que ce soit vrai ou faux, tu ne crois pas que ce serait à lui de me le dire ?
— Je… Si je te mets au courant, c’est pour ton bien.
Cela puait le mensonge à plein nez. Jason devait juste être dépité d’avoir échoué là où son frère avait réussi.
— Dans le cas où tu serais vraiment bien intentionné, je te trouve que cela ne te concerne pas, c’est entre Alex et moi.
— Tu ne peux pas vouloir être en relation avec quelqu’un qui ne peut…
— L’amour ne se résume pas au sexe, le coupa Valérian.
Il plaignait Jason d’avoir une vision aussi réduite du couple.

L'androïde amoureux - 25

Il rentra tard du travail. Jason lui annonça quasi de suite que ça y est, Alex s’était déniché un petit ami, un de leurs camarades de classe appelé Valérian.
Son père se frotta alors les mains avec un enthousiasme que Jason jugea déplacé.
— N’est-ce pas problématique que Valérian ne sache pas que son partenaire est un androïde ?!
— C’est tout le point de l’expérience, Jason, la capacité d’Alex à faire illusion, répliqua son père en réajustant ses lunettes sur son nez.
— Mais puisque tu visionnes la mémoire d’Alex, cela revient à violer l’intimité de Valérian.
— N’exagère pas ! Et puis la science exige quelques sacrifices.
Jason avait l’impression de compter au nombre. Hélas, son père, tout à son projet, ne semblait pas se rendre compte qu’il le négligeait, pas plus qu’il ne paraissait réaliser que c’était mal d’espionner les gens à leur insu.
Valérian avait toutes les chances de finir par faire des trucs sexuels avec Alex, trucs auxquels son père aurait accès, ce qui était plus que  glauque.
Jason essaya d’argumenter un peu plus avant, mais se heurta à un mur.
— Il est normal que je m’assure des progrès d’Alex, que je vérifie qu’il fonctionne comme il faut, sur tous les plans.
Jason résista à l’envie de secouer son père comme un poirier et aussi Alex d’ailleurs qui écoutait sans réagir. Forcément, comme ce n’était qu’une machine, le bien et le mal n’avaient pas de sens pour lui. Son savoir se résumait à son programme.
— Son petit ami ne devrait pas être dans l’ignorance de sa vraie nature…
— Tu me fatigues avec tes histoires, je croyais que tu avais compris à quel point mon invention est extraordinaire ! J’ai fabriqué un androïde qui peut passer pour un humain, devenir un compagnon ! Ne vois-tu pas l’avenir qui se dessine ? s’insurgea son père, ses yeux brillants d’une lueur folle derrière le verre de ses lunettes.
Jason ne répondit pas à ce qui n’était de toute façon qu’une question rhétorique de son père. Il avait surtout l’impression que ce futur dont rêvait son père sortait tout droit d’un roman de science-fiction catastrophe.
En attendant, puisqu’il ne voulait pas comprendre le problème et qu’Alex en était incapable, Jason allait devoir prendre les choses en mains.
Il avait certes échoué à séduire Valérian, mais il pouvait encore le mettre en garde. Et, comme ce dernier ne le croirait pas s’il lui annonçait de but en blanc que son petit ami était un androïde, qu’il ne pouvait sortir devant lui l’un des câbles d’Alex sans que l’androïde ne le filme et ne le trahisse auprès de son père, et qu’à l’ère d’aujourd’hui, il était trop facile de trafiquer les images qui ne pouvaient par conséquent constituer une preuve suffisante… Jason allait être forcé de faire preuve de créativité pour séparer Valérian et Alex.

L'androïde amoureux - 24

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Jason faisait les cent pas dans l’entrée. Tout à l’heure, après les cours, alors qu’ils étaient sur le point de quitter le lycée, Alex avait fait brusquement demi-tour, lançant qu’ils se retrouveraient à la maison sans plus d’explications. Jason n’avait pas eu le temps d’interdire à Alex de partir, son frère de métal, usant de sa vitesse supérieure était déjà trop loin pour cela.
Paul et sa bande qui riaient à quelques pas d’eux avaient ouvert des yeux ronds face à la rapidité d’Alex. Jason s’était retint de faire un quelconque commentaire. Moins il leur parlait, mieux il se portait. De toute façon, il y avait peu de chance qu’ils aient envie de rapporter à quiconque la vitesse exceptionnelle d’Alex qu’ils ne portaient pas dans leur cœur. Jason avait été prêt à intervenir durant l’incident au réfectoire, mais Hana l’avait coiffé sur le poteau. Alors, il était resté assis à sa table.
Il avait failli retourner à l’intérieur du lycée à la poursuite d’Alex, puis avait renoncé. Il en avait vraiment marre d’être sa nounou. Ce n’était qu’un tas de ferraille. Il n’empêche que s’il lui arriverait quelque chose, son père risquait d’être bouleversé.
Du coup, Jason fut bien soulagé quand il repéra par la fenêtre Alex qui remontait l’allée du jardin.
Dès que l’androïde eut poussé la porte, plutôt que de s’embêter à lui poser des questions, Jason lui ordonna de descendre à l’atelier, le brancha à l’ordinateur pour regarder ce qui s’était passé.
Il comprit alors qu’Alex avait entendu Paul et compagnie discuter du mauvais tour joué à Valérian et que c’était pour cela qu’il était retourné sur ses pas.
Il assista ensuite, atterré, au brutal déshabillage de l’androïde, regarda, embarrassé, Valérian ôter son haut pour enfiler celui d’Alex, et écouta leur conversation.
Quand il arriva au stade où Alex acceptait de sortir avec Valérian, cela l’énerva. Mais son agacement se mua en malaise au moment du baiser.
Arrivé à la fin de l’enregistrement, il analysa ce qui le dérangeait. C’était du voyeurisme. Valérian ne savait pas qu’il était filmé, pas plus qu’il n’était conscient qu’il ne fréquentait pas une vraie personne et c’était mal. Jason devait en discuter avec son père quitte à se fâcher avec lui.

L'androïde amoureux - 23

— Tu veux prendre une douche chaude pour te réchauffer ?
Imaginer Alex nu sous l’eau ruisselante n’arrangeait en rien l’érection de Valérian.
Bon, comme ils avaient décidé de sortir ensemble, ce n’était pas la fin du monde ou le comble de l’embarras, mais cela restait gênant.
Valérian ne voulait pas brûler les étapes et se précipiter dans les trucs sexuels. Il avait déjà donné en dernière année de collège…. Ils avaient juste échangé des baisser mouillés et des caresses maladroites pour qu’au final le garçon en question prétende que cela n’avait jamais été que « du bon temps pris ensemble » et ça s’était arrêté là, chacun allant dans un lycée différent.
— Ce n’est pas nécessaire, dit Alex en se débarrassant de ses chaussures et de son manteau, comme si de rien n’était, qu’il n’était pas quasi-nu dessous. Récupérer mes vêtements suffira, ajouta-t-il.
Valérian serra son pendentif arc-en-ciel et essaya de rassembler ses esprits.
— OK. Allons dans ma chambre que je me prenne un change, alors….
Ils montèrent à l’étage. Valérian n’eut pas besoin de demander à Alex de se tourner, preuve que ce denier ne comptait pas profiter de la situation, ce qui était presque décevant.
Valérian, lui, garda les yeux rivés sur le dos nu d’Alex et ses fesses moulées dans son caleçon noir, tout en bataillant avec la braguette du jeans contre laquelle son pénis engorgé se pressait.
Il enfila ensuite un slip et un jogging et lui rendit ses vêtements.
Alex, sans paraître plus intéressé que cela par son torse nu, le remercia et se mit à se rhabiller.
Valérian n’eut plus qu’à achever de faire de même.
Cependant, quand ils furent redevenus convenables, il osa enlacer Alex et presser ses lèvres contre les siennes. Il insinua ensuite sa langue dans la bouche d’Alex qui, à ce stade, prit possession du baiser et l’étreignit contre son corps solide et musclé.
Il l’embrassa si longuement que Valérian finit par s’écarter, le souffle court.
— Quel baiser, haleta-t-il.
Alex lui sourit.
— Je ferais mieux de rentrer chez moi, à présent, dit-il ensuite.
Valérian l’aurait bien gardé, mais ils avaient  cours demain et Monsieur Sauzz leur avait donné, pour ne pas changer, une tonne d’exercices.
— Cela ne te pose vraiment pas de problème que nous montrions que nous sommes en couple au lycée, demain ? Tu as vu comment Paul, ses potes et d’autres réagissent…
— Je n’ai pas peur d’eux, répliqua Alex.
Sans aller jusque là, Valérian préférait ne pas avoir à se cacher, quitte à en assumer les conséquences.

L'androïde amoureux - 22

— Tu pourrais donc te mettre en couple avec un garçon ou une fille ? demanda encore Valérian pour être sûr.
— Oui, répondit Alex en lui prenant la main.
Et il l’entraîna en douceur dans le couloir.
Le cœur de Valérian battait à tout rompre. Bien sûr, Alex avait raison, il n’allaient pas passer leur vie dans les toilettes du lycée, il s’agissait de se mettre en route.
Ce n’est qu’en croisant un professeur qui leur lança un regard curieux que Valérian redescendit sur Terre.
— Si les mauvais personnes nous voient comme ça, d’ici demain, tout le monde pensera que nous sortons ensemble, dit-il en libérant à regret sa main.
— Cela ne me dérange pas, répliqua Alex.
Il ne paraissait pas vouloir cacher sa sexualité  comme son frère, alors même qu’il avait vu les conséquences que cela pouvait avoir. Mais se moquait-il juste de ce que les gens croyaient ou voulait-il vraiment être le petit ami de Valérian ? Valérian n’était pas sûr d’avoir le courage de poser la question.
Ils marchèrent côte à côte en  sen silence, puis, finalement, quand le lycée fut hors de vue, Valérian n’y tint plus. Il fallait qu’il sache, quitte à prendre des chemins détournées pour tirer les choses au clair.
Il s’immobilisa.
Comme prévu, Alex fit de même.
— Ça  ne va pas ? demanda-il.
— Tout à l’heure, à la cantine, quand Hana t’a proposé d’être ton amoureuse, pourquoi tu n’as pas su lui répondre ?
Alex le fixa longuement, yeux bleus brillants.
— Je ne la connais pas bien, pas comme toi.
C’était une opportunité en or, le moment ou jamais de se jeter à l’eau.
— Tu voudrais te mettre en couple avec moi ?
bafouilla Valérian.
— Oui, déclara Alex en s’emparant à nouveau de la main de Valérian, mais en entremêlant cette fois leurs doigts.
Valérian le suivit avec l’étrange sensation de flotter dans les airs. Son premier vrai petit ami. Il se refusait à compter le garçon de son collège... Oui, après toutes ces fois à être tombé amoureux de garçons inatteignables, incapables de lui rendre ses sentiments, il était enfin  tombé sur le bon, un gentleman prêt à voler à son secours... à se déshabiller pour lui.
Songer qu’Alex était juste en caleçon sous son manteau était ultra troublant. Cependant, savoir que le pauvre avait sûrement froid et qu’ils étaient dans la rue au milieu des gens avait de quoi calmer son excitation.
Elle revint quand ils furent arrivés chez lui où ils étaient seuls, ni sa sœur ni ses parents n’étaient rentrés à cette heure-là.

L'androïde amoureux - 21

Quand Valérian eut enfilé le haut d’Alex, ce dernier se mit à déboutonner son jeans et dévoila de magnifiques cuisses ainsi qu’un caleçon noir.
Valérian déglutit. Il commençait à avoir une érection.
— Enlève ton pantalon et ton slip aussi, il est trempé.
Valérian devait être en train de délirer.
Alex se moquait clairement que Valérian soit gay vu comme il n’avait pas hésité à se déshabiller devant lui, mais Valérian, lui, ne se sentait pas de se mettre tout nu comme ça, et surtout pas dans les toilettes du lycée. Et puis, Alex n’allait quand même pas lui filer son sous-vêtement, c’était absurde !
— Rassure-moi, tu me files juste ton jeans...
— Oui. Je sais que les h… Bref, je ne veux choquer personne.
Face à la gentillesse d’Alex, Valérian se morigéna, ils étaient entre deux horaires de cours, les chances étaient minimes que quelqu’un entre. Il ne restait plus qu’Alex lui-même.
— Tourne-toi, d’accord ?
Alex pivota et Valérian ôta en vitesse son slip pour enfiler le jeans d’Alex, refermant la braguette non sans difficulté.
Être en commando n’était pas génial, mais excitant dans la mesure où il portait le pantalon d’un garçon qui l’attirait.
Quand il se retourna, Alex avait remis son manteau et ses chaussures et avait fourré dans un sac plastique qu’il devait avoir eu dans ses affaires les vêtements mouillées de Valérian.
Le manteau ne masquait en rien ses longues jambes nues et sur le haut, on voyait la naissance de ses pectoraux et le pendentif soleil. Alex allait avoir froid, encore une fois, pour Valérian.
— Je vais te raccompagner chez toi, annonça Alex.
— Tu voudrais que je te tombe dans les bras que tu ne t’y prendrais pas autrement, ne put s’empêcher de murmurer Valérian.
— Au moins, tu ne te ferais pas mal puisque je te rattraperai.
Alex était vraiment trop craquant dans tous les sens du terme.
— Encore faudrait-il que tu aimes les garçons de la même manière que les filles, histoire que j’ai une chance avec toi….
— J’aime les gens assura Alex.
— Filles comme garçons ?
— Oui, confirma Alex.
Valérian effectua une danse de la joie interne. Alex n’était à priori pas purement hétéro. A moins qu’il n’ait malheureusement pas bien compris la question, c’était un de ses défauts, mais cela faisait aussi partie de son charme...
Valérian n’avait certes pas prévu de se montrer aussi franc et d’en dévoiler autant sur ses sentiments, mais porter les vêtements d’Alex et le savoir quasi nu sous son manteau était vraiment perturbant. La situation avait un côté surréaliste, un peu comme s’il rêvait et allait se réveiller à tout moment dans son lit.

L'androïde amoureux - 20

                                                    ###
C’était la fin de la journée. Valérian se lavait tranquillement les mains au lavabo, ayant préféré passer aux toilettes quand Paul et ses acolytes apparurent derrière lui. Ils avaient dû le suivre, ce n’était pas possiblement autrement. Ils avaient, selon toute apparence, décidé de lui pourrir la vie aujourd’hui. Ils avaient aussi embêté Alex d’ailleurs. L’intervention de Hana avait été providentielle. Valérian aurait juste préféré qu’elle évite d’attirer l’attention d’Alex sur ses atouts féminins, l’obligeant à constater que ce dernier n’y était pas insensible. Heureusement, Alex n’avait pas semblé savoir comment réagir à la proposition ultra-directe de Hana.
— Qu’est-ce que vous me voulez ?
— Ça, répondit Paul, en insérant sa main sous le robinet.
Le jet d’eau changea de direction et aspergea Valérian.
Les copains de Paul le poussèrent ensuite contre le lavabo et l’y maintinrent jusqu’à Valérian soit tout mouillé, vêtements comme visage.
— Non, rien à faire, t’es toujours un sale noir, ricana Paul, avant de s’en aller avec ses deux copains.
Valérian essaya de prendre les choses avec philosophie. C’était mieux que l’eau de la chasse d’eau et c’était l’heure de rentrer chez lui. Après, le retour n’allait pas être une partie de plaisir entre ses habits trempés et les regards des gens, mais bon, ce n’est pas comme s’il avait le choix.
Il sortit des toilettes et tomba nez à nez avec Alex qu’il croyait déjà sur le chemin du retour.
Comme si cela ne suffisait pas qu’il l’ait déjà vu sous un jour pitoyable la dernière fois...
Alex ne lui demanda aucune explication.
— Il faut que tu te changes, déclara-t-il.
— Avec quoi ? grommela Valérian.
Le manteau qu’Alex retirait, ne suffirait pas à couvrir les dégâts, pas ce coup-ci.
En disant ces mots, Valérian n’avait certes pas prévu qu’Alex se mette torse nu au beau milieu du couloir.
— On ferait mieux de retourner dans les toilettes, bredouilla-t-il.
Ils seraient moins exposés.
Alex hocha la tête et c’est ce qu’ils firent.
— Mets donc mon t-shirt et mon pull.
— Mais toi…
— Mon manteau me suffira.
Valérian savait qu’il y aurait dû protester davantage, excepté qu’il n’arrivait pas à réfléchir face au torse musclé d’Alex. Il était déjà beau habillé, mais à moitié nu…

L'androïde amoureux - 19

Son amoureuse ? Son père souhaitait qu’Alex collecte le maximum de données sur les relations humaines. C’était inscrit dans son programme de se créer des liens. Mais...
— Pas la peine d’aller jusque là ! s’écria Valérian.
— Oh, ce serait mon plaisir, mais je crois que je l’ai fait bugger !
Beugguer ? Savait-elle qu’Alex était un robot ? Mais comment ? Quelle erreur avait-il commise ?
— Respire, Alex, lui intima Valérian.
— Oui, pas la peine de paniquer, enchérit Hana. Je n’étais pas sérieuse. Enfin, pas vraiment.
Alex n’avait pas de poumons. Il était juste doté d’un programme qui montait et abaissait sa cage thoracique pour faire illusion et il était bien sûr incapable de paniquer. Conclusion, ni Val ni Hana ne connaissaient la vérité sur lui. Son secret était sauf. Mais oui, son programme respiratoire avait momentanément cessé de fonctionner. Il le relança.
— Pardon, dit-il.
C’était un mot bien pratique.
— L’un de vous deux veut mon flan ? Je suis au régime, déclara Hana, changeant le sujet de façon abrupte.
— Oui, moi, j’adore ça, répondit Valérian.
— Tu peux avoir le mien aussi, alors, intervint Alex.
— Cela ferait peut-être trop, répliqua Val.
Une nouvelle micro décharge électrique traversa Alex. Il y avait une anomalie quelque part chez lui. Son père devrait la réparer.
— Tu n’aimes pas les choses sucrées ? demanda Hana.
— Non.
Et les salées pas plus. Ou pour être exact, cela l’indifférait. La nourriture et son goût était gâchée et perdue pour lui, quand bien même l’acte de mastication alimentait sa batterie.

L'androïde amoureux - 18

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Alex n’avait pas le droit de blesser les humains sous aucun prétexte que ce soit. Il le savait. C’était une règle suprême qu’il avait… envie - oui, c’était le terme à employer – de contourner face à ces trois garçons. Ils pouvaient lui attribuer tous les noms incorrects de leur répertoire, mais ils n’auraient pas dû traiter Val de la sorte. Ils lui causaient un inutile inconfort.
Alex se leva. Il était plus grand qu’eux. D’après ses calculs, sa taille les intimiderait.
Dans son champ de vision périphérique, il détecta alors l’approche de Hana, chargée de son plateau-repas.
— Ça va, les garçons ? demanda-t-elle avec un large sourire.
— Oui, assurèrent en chœur les trois garçons qui avaient pourtant interrompu leur déjeuner.
— Vous voulez bien être des amours et vous pousser que je m’assois pour manger ?
Son assiette était vide. Il ne lui restait plus qu’un flan. Malgré tout, Paul et ses copains s’écartèrent aussitôt.
Après qu’Alex lui ait tiré une chaise, elle s’installa.
— A plus tard, lança-t-elle aux trois autres garçons avec un petit signe de la main.
Ils partirent.
— Je ne vous dérange pas, n’est-ce pas ? s’enquit Hana.
— Non, au contraire, tu viens de nous rendre service, assura Val, en décochant un regard plein de reconnaissance à Hana.
Alex reçut une micro décharge électrique. Elle avait réussi à les chasser, pas lui.
— Oui, je m’en doute. Paul et ses potes sont pénibles. L’autre jour, ils ont fait exprès de monter l’escalier derrière moi pour mater sous ma jupe et là, ils fixaient mes seins !
Alex regarda la poitrine de Hana. Elle était rebondie et le pull blanc de l’adolescente la moulait. D’une façon théorique, il savait que c’était une partie du corps féminin attractive, mais pour lui, cela ne fonctionnait pas ainsi. Il avait été conçu pour répondre aux désirs humains, pas pour les ressentir.
Val se racla la gorge et Alex reporta son attention sur lui.
— Je ne me rendais pas compte qu’ils étaient pervers en plus d’être des brutes, murmura Val en jouant avec son pendentif arc-en-ciel.
— Vous pouvez compter sur moi pour vous servir de garde du corps, affirma Hana en pressant la main contre sa poitrine. Enfin, le plus simple serait encore que je devienne l'amoureuse d’Alex. Cela dissiperait toutes ces rumeurs sans fondement...

L'androïde amoureux - 17

                                                        ###

— Alors, comme ça Valérie, tu t’es enfin trouvé un petit ami ? demanda Paul, ses deux potes sur ses talons.
Les trois lourdauds étaient de retour. Valérian aurait pu le parier. C’était un miracle qu’ils l’aient laissé tranquille ne serait-ce que quelques jours.
Il s’était même senti obligé de prévenir Alex de la rumeur qui ne manquerait pas de courir sur eux s’ils passaient trop de temps ensemble au lycée.
Alex avait cependant tourné les choses à la blague : « Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent, que je suis gay, triste ou en colère, cela n’a pas d’importance. »
Valérian les ignora.
— Je suis plutôt son grand ami, déclara Alex.
Paul et ses deux copains se gaussèrent.
La cloche marquant la fin de la récréation coupa heureusement court à la discussion qui n’aurait pu que mal tourner.
Les trois garçons pouvaient bien se moquer. La formule d’Alex avait beau être curieuse, elle était touchante. Savoir qu’il comptait pour lui, était précieux.
Valérian pouvait bien se l’avouer, il était déjà à moitié amoureux de lui et s’il continuait à le fréquenter, il ne tarderait pas à l’être complètement. Prendre ses distances aurait été sage, autant pour préserver son cœur que pour épargner Alex ce genre d’échanges désagréables, mais non Valérian n’en avait pas la moindre envie. Il comptait même réinviter Alex chez lui, juste qu’il n’avait pas encore trouvé la manière de lui faire comprendre que Jason n’était pas le bienvenu.
Au moins au lycée, le jumeau d’Alex, sans l’éviter, ne lui faisait pas de rentre-dedans vu qu’il préférait garder secret sa bisexualité.
    Paul et ses potes devaient sûrement s’ennuyer ce jour-là, car ils revinrent à la charge au réfectoire.
— Alexa, tu suis un régime ?
Valérian qui s’était déjà étonné du peu qu’Alex mangeait par rapport à son gabarit, avait reçu une réponse fort sobre en retour : Alex était né comme ça et les quantités qu’il ingérait étaient suffisantes.
Alex continua à mastiquer consciencieusement, comme si personne n’avait pris position dans son dos.
— T’es bouché ou quoi, la pédale ? demanda Paul en empoignant Alex par l’épaule.
— C’est à moi que tu t’adresses ? Je n’ai rien en commun avec un évier ou un vélo, répliqua Alex.
Valérian ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Dommage que Paul et ses amis soient incapables d’apprécier l’humour particulier d’Alex.
— En tout cas, t’as des goûts de chiottes ! s’écria Paul.
— Je ne comprends pas votre problème, répondit Alex avec un calme olympien.
Cela n’avait rien de provocateur, mais Paul voulut le faire tomber de sa chaise.
En vain. Alex ne bougea pas d’un pouce.
Paul lança un déluge d’affreuses insultes sur eux afin de garder la face auprès de ses potes.
— Ni moi, ni Valérian ne sommes rien de ce que tu prétends, dit Alex d’une voix posée.
C’était simple et efficace. Il avait une classe folle, mais Valérian avait peur que les choses n’aillent trop loin, si quelqu’un n’intervenait pas. Où était Amandine ou même Jason ?

L'androïde amoureux - 16

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— Ton frère est gay ?
Jason sursauta face à cette question franche et directe. Il aurait pourtant dû se douter que si la jolie Hana l’avait pris à part durant la récréation, c’était pour parler d’Alex.
Depuis deux semaines qu’ils allaient au lycée, il n’y en avait que pour lui.
Répondre par la positive eut été facile et aurait assuré qu’Hana arrête de tourner autour de son faux jumeau, seulement, si Valérian l’apprenait, alors, plus rien ne le retiendrait, parce que Jason avait totalement échoué à le séduire. L’adolescent noir n’avait d’yeux que pour Alex, comme Hana. C’était irritant au possible, de même que la façon dont la plupart de leurs camarades de classe riaient aux blagues involontaires d’Alex qui n’étaient que le résultat de sa mauvaise compréhension du langage.
Jason avait bien sûr prévenu son père, mais ce dernier n’avait pas réussi à corriger le problème. Il était toutefois persuadé qu’à terme le programme évolutif d’apprentissage arrangerait les choses.
Mais Hana attendait toujours, sourcils froncés, main sur la hanche, adorable dans sa petite jupe plissée.
— Ce n’est pas à moi de te révéler ça.
Hana soupira.
— Oui, c’est vrai. Je suppose que tu as raison. Merci quand même, lança-t-elle avant de le planter là.
Jason jeta un regard en direction de son frère de métal. Ce dernier bavardait avec Valérian. Ils étaient souvent fourrés ensemble ces jours-ci. Il n’y avait rien de surprenant à ce que les gens commencent à se poser des questions sur les préférences sexuelles d’Alex qui n’en avait pas parce qu’il n’était qu’un tas de ferraille, ce que personne ne soupçonnait malgré ses bizarreries.
Il faut dire que pour une machine, Alex était étrangement indépendant. Cela avait surpris Jason, quand le lendemain de leur visite à Valérian, Alex s’était mis à s’asseoir à côte de lui, aussi bien en classe qu’à la cantine.
Jason aurait pu lui interdire, l’androïde étant programmé pour lui obéir, mais il ne pouvait pas lui donner n’importe quel ordre, pas alors que son père visionnait une partie des données enregistrées dans la mémoire d’Alex. Par ailleurs, il trouvait ça effrayant d’avoir un tel pouvoir sur l’androïde. Il était responsabilité dont il se serait bien passé. Veiller sur lui était suffisamment pénible comme ça, mais il n’avait su dire non à son père, pas alors qu’il espérait toujours que ce dernier finirait par le prendre en considération pour de vrai, et pas juste en tant qu’assistant pour s’occuper de sa précieuse machine.

L'androïde amoureux - 15

Après un délai de réflexion durant lequel Jason maugréa, Alex sélectionna finalement un soleil d’or entouré de chaque côté d’un nuage de argent suivi de trois perles bleues.
— Ces engrenages sont magnifiques, déclara-t-il.
Valérian n’eut même pas le temps d’être surpris de la façon dont Alex voyait le pendentif, déjà Jason y allait de son petit commentaire :
— T’es même pas fichu de reconnaître un soleil ! N’importe quoi, il te manque un boulon, idiot !
Alex ne réagissant pas à la moquerie de son frère, Valérian préféra ne pas relever non plus. C’eût été de toute façon présomptueux de sa part de s’emmêler. Avec sa grande sœur, ce n’était pas toujours rose. Ils avaient aussi leurs moments de disputes.
Ainsi, même si de l’extérieur, la remarque de Jason paraissait déplacée, il y avait peut-être une raison valable derrière.
Toujours est-il que Valérian ferma et rangea la boîte à bijoux sans donner à Jason le temps de choisir quoi que ce soit. Ce dernier ne protesta pas, preuve qu’il n’avait pas vraiment envie de porter l’une des créations de Valérian.
Peut-être qu’il n’était au final venu que pour embêter son frère, lui mettre des bâtons dans les roues parce qu’il savait qu’il s’intéressait à Valérian… Non, sur ce coup, il surinterprétait, prenant ses désirs pour des réalités. Il ne fallait pas qu’il s’emballe comme ça. Autrement, il serait déçu plus tard. Quelles étaient les probabilités que les deux frères soient tous deux bisexuels ? Quasi-nulles !
Jason relança la conversation, changeant de sujet, tandis qu’Alex passait la lanière de cuir noire sur laquelle était fixé le soleil, rejoignant le club très sélect des personnes possédant une  créations de Valérian qui ne comportait que sa mère, sa sœur et son amie Amandine.
Valérian tenta de se focaliser sur la question posée par Jason plutôt que de s’abîmer dans la contemplation d’Alex avec son bijou autour du cou.
Le basket.
Jason avait eu le mauvais goût de lui demander s’il aimait ça ou si c’était juste le joueur qui lui plaisait.
— Les deux ! répondit-il sèchement.
— Je suis également fan de basket. C’est mon sport favori.
Jason en faisait décidément trop.
— Et toi, Alex ? demanda Valérian, résolu à l’inclure dans la discussion.
— Pardon… Peux-tu répéter la question ?
Mince, Alex devait s’ennuyer s’il était perdu dans ses pensées !
— Il n’est pas sportif, laisse tomber ! s’exclama Jason.
Valérian s’efforça de garder son calme. Il aurait préféré l’entendre de la bouche d’Alex. Mais c’était apparemment fichu pour faire connaissance avec lui, la faute à son frère.
Malgré tout la visite était loin d’être un échec, songea Valérian, quand il referma la porte derrière les jumeaux, puisque Alex portait désormais un de ses bijoux.