lundi 30 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 56

Le lendemain matin, Blaise s’éveilla fatigué, conséquence de sa nuit blanche de la veille. Il se surprit à envier la facilité avec laquelle Huo bondissait hors du lit, débordant d’énergie.
Quand le jeune homme roux le prit pour l’installer sur son épaule, il eut du mal à ne pas pester envers la malédiction d’Ailes Noires qui le privait de sa taille normale.
Dans la cuisine, ils trouvèrent Marin aux fourneaux, sa longue tresse traînant derrière lui, en apparence, c’était comme si elle était défaite sur le bout, mais en réalité c’est que les cheveux poussaient sans discontinuer. D’ici quelques jours, leur poids empêcherait sûrement Marin de se déplacer, hormis s’il acceptait de fusionner...
Gaïus et Céleste étaient attablés collés l’un à l’autre, l’ange murmurant à l’oreille du colosse qui esquissa un sourire.
Face à leur complice intimité, Blaise éprouva une jalousie aiguë qu’il ne put s’empêcher de laisser éclater, lui qui avait pourtant recommandé la patience à Huo pas plus tard que la veille…
Il sauta sur la table.
— Quand est-ce que tu vas lui parler de nous au juste ? Tu avais promis !
— Oui ! Il y en a assez que vous soyez toujours  dans votre petit monde, les yeux dans les yeux ! Vous êtes aveugles ! Vous m’ignorez alors que depuis le premier regard, je brûle d’amour pour vous ! s’emporta Huo.
Céleste réagit au quart de tour :
— Non, mais c’est quoi ce ton !
Gaïus, les narines frémissantes d’une colère qui ne lui ressemblait pas, tapa du poing sur la table.
Marin s’efforça de calmer le jeu, mais avec une prétention qui ne fit que jeter de l’huile sur le feu.
Ils étaient si bien occupés à se disputer les uns avec les autres qu’ils ne les remarquèrent pas avant qu’il ne soit trop tard.
Trois ennemis s’étaient glissés en douce dans la pièce, trois Pêchés sans doute, qui avaient ouvert la fenêtre dans laquelle quatre hommes ailés s’engouffrèrent l’un après l’autre – un aux cheveux blancs et aux ailes translucides, un tout bleu, peau comme plumage, un qui était tout poilu de partout et pour finir Ailes Noires. Tous leurs ennemis étaient là, sauf Ailes Arc-en-ciel et le Vide lui-même.
En quelques instants, ce fut le chaos le plus total.
Le premier type ailé à s’être posé à l’intérieur,  se jeta sur Céleste, léchant sa joue d’une longue langue fourchue. L’ange glissa de sa chaise et s’effondra sur le sol.
Gaïus n’eut le temps de faire quoi que ce soit, obligé qu’il était de parer à l’attaque combiné d’un gars aux ailes bleues et d’un autre aux ailes poilues.
Marin, lui, était encerclé par ce qui devait être les trois Pêchés restants : une armoire à glace aux cheveux rouges et à l’air furibond qui avait toutes les chances d’être la Colère, et deux hommes habillés avec élégance qui devaient être l’Orgueil et l’Envie.
Ailes Noires, lui, s’en était pris à Huo qui tentait tant bien que mal de se protéger avec ses flammes.
Seul Blaise n’avait pas été attaqué. Il avait dû être jugé trop petit pour être dangereux. A moins qu’ils ne l’aient même pas vu… Il en profita, et glissa le long du pied de la table.

vendredi 27 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 55

Blaise sombra et n’émergea qu’en début d’après-midi. Il n’avait même pas entendu Huo se lever. D’ailleurs, seuls lui et Marin devaient vaquer à leurs occupations depuis le matin, Céleste comme Gaïus ayant dû dormir tard comme lui.
Même s’il avait faim, comme il avait la flemme de se rendre à la cuisine, sachant qu’avec sa petite taille, ça lui prendrait une éternité, il préféra attendre le retour de Huo.
Il alluma l’ordinateur afin de continuer à lire le journal de Marin, mais se laissa distraire par un post-it laissé par Huo sur le bureau – ce dernier lui avait acheté une version numérique d’un des romans de Gaïus de façon à ce qu’il puisse ajuster la taille des caractères à l’écran, comme il avait vu faire Blaise pour le journal de Marin.
C’était une attention adorable et Blaise se plongea dans le roman. Même si ce n’était qu’une histoire fictive, c’était une façon d’en apprendre plus sur Gaïus, de toucher du doigt sa manière de penser.
Blaise était si bien absorbé par sa lecture, qu’il sursauta quand Huo entra.
— Ah ! Enfin, tu es réveillé ! Je n’en pouvais plus d’attendre ! Alors, raconte qu’est-ce qui s’est passé !
Blaise rapporta une partie de sa conversation avec Céleste.
Huo l’attrapa avec un peu trop d’enthousiasme, manquant de lui briser les os.
— Aïe ! Attention !
Huo le reposa avec une grimace d’excuse. Mais ce n’était pas sa faute si Blaise était à présent tout petit et fragile.
— C’est tellement génial… Je brûle d’aller les voir tous les deux à la seconde !
— Je ne pense pas que Céleste ait encore eu le temps de discuter avec Gaïus…
— Mais peut-être d’ici ce soir !
Quelque chose disait à Blaise qu’ils allaient devoir patienter un peu plus que cela. C’était un sujet délicat à aborder, surtout après la décision que les deux amis avaient pris de renoncer à être un couple quelques années plus tôt.
L’estomac de Blaise choisit de gargouiller à ce moment-là. Il faut dire que c’était déjà pratiquement l’heure du goûter.
Huo eut un petit rire.
— Allez, viens, je t’emmène manger. Il reste des crêpes faîtes par Marin ce matin.
— Il est finalement sorti de sa chambre ?
— Oui, mais juste pour cuisiner.
Marin fit la même chose pour le dîner.
Ils ne le virent pas, mais le repas laissé sur la table était clairement son œuvre.
Pendant qu’ils mangeaient tous les quatre, Céleste se montra presque aussi silencieux que Gaïus. Apparemment, les nuits blanches ne lui réussissaient pas. C’est Huo qui anima la conversation, couvant l’ange et le colosse du regard jusqu’à ce qu’ils aillent se coucher.

jeudi 26 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 54

— Il y a quand même un côté cocasse à ce qu’après avoir empêché Marin de tout me raconter par le menu, c’est toi qui t’y colles, fit remarquer Blaise.
— Je n’en serais pas là si tu n’avais pas cru savoir mieux que tout le monde.
— Désolé.
— Non, c’est bon. Tu apportes une dynamique nouvelle et bienvenue à notre groupe. Nous avons enfin pu nous débarrasser d’une partie de nos étouffants ennemis grâce à toi... Tu me montres aussi une voie nouvelle. Ce que vous désirez Huo et toi m’a conduit à réaliser que Gaïus et moi, nous avons renoncé trop vite. Nous ne sommes pas rendu compte qu’avoir un troisième partenaire, voire plus, pourrait résoudre notre problème.
Blaise avait du mal à en croire ses oreilles : Céleste semblait vouloir leur donner une chance. Tout à coup, il comprenait mieux pourquoi il lui avait raconté les débuts de sa relation avec Gaïus.
— Tu veux dire que…
Il n’osa finir sa phrase.
— Oui, mais avant tout de choses, je parlerai à Gaïus.
Si Blaise n’avait pas été menotté, il l’aurait pris dans ses bras et serré contre lui. Après quoi, il aurait couru voir Huo pour lui annoncer la nouvelle.
— Je suppose que tu ne vas pas vouloir me détacher, même si je contiens la bête, à défaut de l’avoir empêchée complètement de se manifester.
Gaïus grondait toujours dans son crâne.
— Tu devines bien. La position inconfortable dans laquelle tu trouves devrais t’aider à ne pas t’endormir et t’apprendre peut-être à réfléchir avant d’agir.
Blaise émit un grognement, sorte d’écho déformé à ceux émis par Gaïus.
Ils continuèrent à parler, Céleste questionnant Blaise sur sa vie.
L’ange compatit avec la manière dont ses parents l’avait rejeté.
Ceux de Gaïus comme les siens avaient été limite indifférents à la nouvelle de leur homosexualité. C’était des gens occupés par leurs affaires.
Quand la nuit s’acheva, Blaise défusionna avec le colosse qui avait hurlé à la lune toute la nuit durant.
Blaise était épuisé, mais ravi de s’être rapproché de Céleste, et de pouvoir espérer être avec lui et Gaïus comme il était avec Huo.
En baillant à s’en décrocher la mâchoire, Céleste le raccompagna à sa chambre et le borda dans son lit de poupée qui avait été placé sur la table de nuit, à côté du grand où Huo dormait, roulé en boule.
— Dors-bien, murmura l’ange.
Et il s’en fut, refermant sans bruit la porte derrière lui.

mercredi 25 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 53

 — Tout a commencé à l’école maternelle. Les autres se moquaient de moi parce que j’avais soit disant une sac de fille...
Cela parut dingue à Blaise, qu’à cet âge-là, les enfants aient déjà ce type de réflexion, mais à la vérité, c’était la faute des adultes qui transmettaient dès le début des stéréotypes et préjugés dans lesquels ils avaient été eux-mêmes élevés, ce qui n’excusait quand même pas tout...
— Gaïus m’a défendu, ce dont je ne lui ai pas été particulièrement reconnaissant, car j’étais capable de le faire moi-même ! Mais j’ai apprécié son soutien et qu’il complimente mon sac m’a convaincu que c’était quelqu’un de bien. Il s’est révélé que nous habitions à quelques mètres l’un de l’autre, et du coup permis d’être nous n’avons pas tardé à être toujours fourré l’un chez l’autre.
Céleste multiplia les anecdotes sur leur enfance, mentionnant les multiples fois où c’est lui qui avait volé au secours de son ami quand le visage inexpressif de ce dernier avait entraîné différents malentendus avec son entourage.
Il tint Blaise en haleine quand il aborda leur adolescence, leur découverte mutuelle de leur homosexualité qui les avait ultimement amenés à prendre conscience qu’il y avait plus que de l’amitié entre eux.
Hélas, leur couple n’avait pas résisté à leur incapacité à donner à l’autre ce dont il avait besoin au lit. Leur amour n’y avait rien changé. Réalisant qu’ils souffraient tous les deux de la situation, ils avaient choisi d’en revenir à leur amitié première.
Cela n’avait cependant pas empêché Céleste d’être jaloux du petit ami que Gaïus avait fini par se dénicher, mais il s’était efforcé de le cacher et s’en était trouvé un, lui aussi, mais cela n’avait pas duré…
Et puis, leurs pouvoirs s’étaient manifestés, mettant fin au couple de Gaïus.
Un an plus tard, Céleste avait rencontré Huo dans un club. Le rouquin l’avait abordé avec audace, affirmant qu’il avait vu quelque chose en lui – une ligne de drague somme toute banale, excepté que Céleste avait entendu sa sincérité.
Blaise qui avait écouté jusque là en silence, captivé, ne put se retenir de l’interrompre sur ce coup.
— Comment ça se fait que tu n’aies pas perçu qu’il était vraiment amoureux de vous tous, que c’était sérieux ?
— Eh bien, ce qui était vraiment clair, c’était surtout son désir de baise… ! Tais-toi que je continue… Dans les mêmes eaux, Gaïus a fait la connaissance de Marin lors d’une séance de dédicace. Son nez l’a alerté qu’il avait un truc spécial, si bien que nous nous sommes débrouillés pour retrouver sa trace.
Cette partie Blaise la connaissait déjà, il l’avait lue dans le journal de Marin. Il savait comment Marin, fan des livres de Gaïus, avait révélé ses pouvoirs aux trois autres et comprit qu’il manquait un sens et donc un membre pour compléter leur équipe : le toucher.

mardi 24 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 52

— Blaise ! s’écria l’ange avec fureur.
— Je voulais juste éviter à Gaïus une transformation douloureuse. Il nous a donné son accord.
— Bande d’idiots ! Si tu t’endors, tu perdras conscience, la fusion se terminera et Gaïus reprendra sa forme monstrueuse et sera libre tandis que toi, tu seras toujours attaché et à son entière merci.
Blaise n’avait pas réfléchi jusque là. De quoi mieux comprendre pourquoi Céleste s’était opposé à la chose avec autant de fermeté un peu plus tôt. Et en plus, au bout du compte, c’était une semi-échec puisque Gaïus n’était même pas dans son état normal.
Blaise fut obligé de reconnaître piteusement ses torts.
Céleste, avec un long soupir, s’assit au bord du lit.
— Je suppose que maintenant, je n’ai plus qu’à rester pour te garder éveillé jusqu’à la fin de la nuit.
— Tu peux sinon aller chercher Huo pour me tenir compagnie.
Blaise ne voulait pas l’ange se sente forcé de demeurer à ses côtés.
Si seulement il avait paru en avoir envie plutôt que de sembler considérer ça comme une corvée…
— Non, je lui ai ordonné de dormir et c’est ce qu’il doit être en train de faire.
— Oblige-moi de la même façon à garder les yeux ouverts, alors.
— Ce n’est pas une méthode infaillible. Non, le mieux est que je te surveille. De toute façon, je voulais discuter avec toi…
Cette précision fit plaisir à Blaise.
— Tu as vraiment envie que nous soyons ensemble tous les cinq ?
— Oui, et Huo aussi. J’éprouve des sentiments pour chacun d’entre vous.
— C’est rapide.
Blaise ne pouvait le nier. C’était difficile à expliquer, mais chaque moment qu’il passait avec eux, la certitude qu’ils formaient une unité, un puzzle dont les pièces de chacun complétaient celles des autres se renforçait.
— C’est comme ça, répondit-il finalement.
— Tu sais, tu ne me laisses pas indifférent...
Blaise était heureux de l’entendre, il attendit néanmoins un « mais » qui ne vint pas.
Céleste changea abruptement de sujet.
— Puisque nous avons toute la nuit devant nous, je vais te raconter comment Gaïus et moi sommes devenus amis…
Blaise ouvrit grand les oreilles.

lundi 23 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 51

Et c’est ainsi que le soir venu, après avoir convaincu Huo que la fusion avec Gaïus pour annuler la malédiction serait également une opportunité de discuter avec lui d’une éventuelle relation avec eux, ils se rendirent à la chambre du colosse.
Huo força la serrure de cette dernière en usant créativement de ses flammes et ils se faufilèrent à l’intérieur.
La pièce était plongée dans l’obscurité, la nuit tombante ne laissant guère passer de lumière à travers les volets fermés de la fenêtre. Huo éclaira les lieux en allumant un petit feu au creux de sa paume.
Gaïus était encore lui-même, mais déjà menotté  aux montants de son lit.
Il secoua la tête à leur intention, signifiant sans doute qu’Huo et Blaise n’auraient pas dû être là.
— Laisse nous t’aider, dit Blaise.
— Allez, accepte. Par précaution, j’attacherai ensuite Blaise à ta place, enchérit Huo.
Gaïus renifla l’air. Il devait avoir perçu leur résolution et comprit qu’il n’aurait pas gain de cause, car il acquiesça de façon abrupte.
Tandis qu’Huo libérait le colosse, Blaise sauta de son épaule sur le matelas et se déshabilla – pas la peine de déchirer encore des vêtements cousus sur mesure avec amour par Huo.
Gaïus, après avoir léché son index, le tendit vers lui. Blaise n’hésita pas et le suça.
Une fois que la fusion eut opérée, Huo, le sourire aux lèvres, menotta Blaise. Ils étaient parés, et cela tombait bien, car la nuit devait être à présent complètement tombée et la lune se découper dans le ciel, ronde et brillante.
Au lieu que retentisse la voix de Gaïus dans la tête de Blaise, c’est une série de grognements déchaînés et déchirants qu’il entendit.
Un phénomène étrange se produisit en plus : les cornes sur son front grandirent et se tordirent, des griffes lui poussèrent aux mains comme aux pieds et ses os craquèrent douloureusement. La fusion semblait insuffisante à contenir la bête.
A trois pas du lit, Huo le regardait, yeux exorbités, une odeur de peur mêlée d’excitation se dégageant de lui, puis le phénomène s’arrêta. Seuls demeurèrent les grondements terribles de Gaïus.
— Je crois que c’est bon, que cela n’ira pas plus loin, dit Blaise.
— Vous avez fière allure comme ça.
C’était bien Huo, toujours à voir le positif.
— Ce n’est pas une petite malédiction que celle de Gaïus. Le pauvre n’est plus lui-même.
— Comment ça ?
— Il ne tient pas de propos cohérents, il est comme une bête en cage dans mon crâne.
— Ce ne sera donc pas possible de discuter avec lui d’une quelconque relation avec nous…
La déception visible de Huo ne dura pas.
— Je vais te chercher un miroir pour que tu vois à quoi vous ressemblez durant cette fusion spéciale !
— Ce n’est pas nécessaire…
Déjà Huo se dirigeait vers la porte à pas bondissants.
A peine avait-il disparu dans le couloir que la voix de Céleste retentit :
— Tu ne devrais pas être ici ! Non, je me moque de tes raisons ! Va, dormir !
Ce ton… Il était plus que autoritaire. Dans son énervement, Céleste avait usé de son pouvoir sur Huo.
Blaise grimaça quand l’ange entra dans la chambre de Gaïus. C’était son tour d’en prendre pour son grade.

vendredi 20 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 50

 Blaise mit fin à la fusion avec Gaïus et Céleste. C’était fatiguant de les entendre discuter dans sa tête.
— J’ai trouvé le point commun aux différentes malédictions. Elles sont toutes liées aux contes, annonça Marin.
Il commença à détailler, mais Céleste le coupa, comme de bien entendu :
— Cela ne nous avance pas à grand-chose de  savoir ça.
— On pourrait en déduire l’ultime malédiction qu’on risque de subir, répliqua Marin.
— Et à part nous rendre malade à l’avance, cela ne nous apportera rien tant que nous ne saurons pas comment contrer les effets des malédictions.
Même si l’idée de Marin se défendait, Céleste avait raison.
Une fois qu’ils furent rentrés, Marin décida de s’enfermer tel Raiponce dans sa tour. Blaise lui proposa bien de fusionner pour qu’il ait un peu de répit, mais Marin lui opposa un refus ferme et froid.
Blaise dut se contenter de vérifier à l’aide de la vue spéciale de Huo qu’il ne pleurait pas seul dans sa chambre, mais non, Marin brossait et tressait ses immenses cheveux qui n’en finissaient pas de s’allonger.
Blaise offrit ensuite à Gaïus et Céleste de s’entraîner afin de mieux exploiter leur triple fusion.
Le colosse barbu déclina, tapant un message sur son mobile pour expliquer : il avait une date de limite de rendu pour les ultimes corrections à apporter à son roman qui devait paraître très prochainement.
Blaise tenta d’insister.
Aussitôt, Céleste intervint :
— Il n’a pas le choix. Ce soir, c’est la pleine lune et il se transformera en bête sauvage.
— Si nous fusionnons, il n’aurait pas à souffrir de cela.
— Certes, mais ce n’est pas pour autant que tu pourras corriger son roman à sa place.
— J’aimerai bien en lire un d’ailleurs.
« Il y a une planche pleine de ses œuvres dans la bibliothèque. Tu auras l’embarras du choix. J’en ai lu certaines... Les scènes érotiques entre ses héros sont superbes ! »
Gaïus écrivait donc des romans gays érotiques. Blaise avait encore beaucoup de choses à apprendre sur ses compagnons.
« Ce sont avant tout des histoires d’amour. Notre Gaïus est un romantique dans l’âme. »
Si seulement ils avaient vraiment pu utiliser ce possessif...
— Eh bien, va faire ça, dit Céleste.
Blaise acquiesça, mais dans coin de sa tête, quoiqu'en dise l'ange, il était décidé à tenter le coup afin d’épargner une pénible transformation à Gaïus.

jeudi 19 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 49

Rouler jusqu’au magasin ne leur prit pas longtemps. Ils ne trouvèrent de trace de l’Avarice ni à l’intérieur ni aux alentours. Ils eurent en revanche à purifier la zone. Comme il y avait du monde, ce fut Céleste qui s’en chargea.
Sur le chemin du retour, Huo repéra un autre endroit contaminé, un qui ne l’était pourtant pas à l’aller. L’ennemi ne devait pas être loin.
Ils descendirent tous les quatre de voiture, Blaise fusionné avec Gaïus et avancèrent dans la rue déserte.
Soudain, de derrière un poteau surgit l’homme maigre aux vêtements rapiécés : l’Avarice. Il était seul.
Céleste attrapa Blaise par le col de sa chemise, captura ses lèvres, lui coupant le souffle. Pendant l’opération, un de leurs ennemis ailés sauta brusquement sur eux du toit d’une maison.
Il avait les cheveux et les ailes arc-en-ciel et des vêtements tout aussi colorés. Il avait un côté oiseau de Paradis pas menaçant pour un sou.
Il était cependant retors et au dernier moment, plutôt que d’entrer en collision avec Blaise dont les ailes se déployaient, il se jeta sur Marin qu’il griffa et dont les cheveux noirs déjà longs se mirent à pousser à tout allure.
— Joli, joli, piailla Ailes Arc-en-ciel. A qui le tour maintenant ? demanda-t-il en sautillant sur place.
Il y avait pire comme malédiction. Mais elle risquait tout de même d’être problématique vu la vitesse à laquelle la noire chevelure de Marin s’allongeait.
L’Avarice ricana, rappelant à Blaise qu’il n’était pas supposé bailler aux corneilles et attendre qu’Ailes Arc-en-ciel choisisse une autre victime ou que leur autre ennemi ne les affecte avec son radinisme. Il s’agissait de tester si à trois, ils étaient plus puissant.
« Non, sans blague ! » pesta Céleste.
— Explose, stupide Pêché ! intima Blaise, utilisant la voix spéciale de l’ange.
— J’aime cette économie de mots, répondit l’Avarice.
En dépit de cette réplique mordante, il se désagrégea.
— Je vais rapporter ça aux autres ! lança l’homme aux couleurs arc-en-ciel en s’en allant à tire d’ailes.
Il pouvait dire ce qu’il voulait, il était en train de prendre la fuite.
— Reste ! lui ordonna Blaise en décollant pour essayer de le rattraper.
Mais Ailes Arc-en-ciel fit la sourde oreille et, comme il était plus à l’aise que lui dans les airs, il eût tôt fait de creuser l’écart.
« Tant pis ! Avec ça, on sait désormais que se débarrasser des Pêchés restants va être un jeu d’enfant. » dit Céleste.
« Les lanceurs de malédiction ne vont pas obéir aussi gentiment. » répliqua Gaïus.
« Oui, ils sont plus forts. Ma voix, même amplifiée par la fusion, ne semble pas avoir d'effet sur eux. » répondit Céleste.
— C’était radical et génial ! s’écria Huo en leur sautant au cou, quand Blaise revint se poser dans la rue.
Ils avaient certes gagné cette manche, et éliminé un Pêché de plus, mais le pauvre Marin était désormais empêtré dans ses cheveux noirs qui formaient comme une flaque d’encre autour de ses pieds.

mercredi 18 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 48

— Blaise, débrouille-toi pour fusionner avec Gaïus avant de partir. Tes cornes et ta queue sont plus discrètes que des ailes. Et en plus, comme ça, au besoin, on pourra fusionner facilement à trois, continua Céleste.
— Nous ne sommes pas certains que cette ordre de fusion fonctionne, contra Marin.
— Eh bien, testons avant de partir alors, rétorqua Céleste avec impatience.
Le mélange de salive de Blaise avec celle de Gaïus ne donna  rien.
Peut-être parce qu’avec sa petite taille, la quantité était insuffisante.
— Comment vous avez fait, Huo et toi, l’autre fois pour fusionner ? demanda Céleste avant de se raviser, ayant sans doute deviné de lui-même. Allez donc recommencer en privé !
— C’est excitant que tu nous donnes l’autorisation de baiser ! Mais cela serait encore plus chaud si vous nous regardiez ! s’exclama Huo.
Il y eut un silence.
— Mieux vaut entendre cela qu’être sourd, grommela finalement Céleste.
Huo attrapa Blaise et le déposa sur son épaule, prêt à monter à l’étage.
Le colosse prit une profonde inspiration et, comme s’il avait senti – ce qui était possible –  que Blaise, lui, n’était pas d’humeur à faire quoi que ce soit de sexuel, pas de façon imposée comme ça, dans l’urgence, Gaïus se mit en travers du chemin de Huo qui était enthousiaste pour deux.
Le barbu se lécha le doigt, puis le tendit, luisant de salive vers la bouche de Blaise qui n’hésita pas à l’enfourner et à le sucer comme si cela avait été le pénis de Gaïus. Y songer l’excitait d’ailleurs terriblement.
Une minute plus tard, Blaise se mit à grandir, déséquilibrant le pauvre Huo qui tomba, l’entraînant dans sa chute.
« Désolé. Demande lui aussi pardon de ma part, s’il te plaît. » dit Gaïus.
Blaise transmit les excuses à Huo qui était déjà en train de se relever avec grâce.
— Pas de souci, il n’y a rien de cassé ! C’était une bonne idée… Par contre, il me doit une partie de jambes en l’air, répondit Huo en agitant ses sourcils de façon comique.
Blaise se remit debout plus gauchement ; ses petits vêtements ayant craqué, il était nu, son pénis dressé de façon gênante.
— Bon, ce n’est pas le tout, mais il reste à tester si la triple fusion opère dans ce sens-là, déclara Céleste en faisant signe à Blaise de se pencher pour qu’il puisse l’embrasser.
Cela n’arrangea pas le problème d’érection de Blaise que tout le monde semblait décidé à ignorer pour l’heure et les ailes blanches se formèrent sans que Gaïus ne soit éjecté, prouvant que peu importait l’ordre de fusion entre le colosse et l’ange.
Pendant que Huo allait chercher des habits à Blaise, Marin nota l’information et Blaise fit ressortir Céleste à la demande de ce dernier.

mardi 17 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 47

 Au bout du compte, Marin reposa tout et quitta le magasin sans avoir rien acheté.
Dès qu’ils furent dans la voiture, entre quatre yeux, Blaise l’informa de ce qui s’était produit, exprimant ses regrets de n’avoir su prévenir l’incident.
— Oh non, pas encore… soupira Marin. Je ne l’ai même pas remarqué, absorbé que j’étais dans mes futures recettes de cuisine.
En même temps, l’homme n’avait rien de mémorable et il avait pris soin de passer dans le dos de Marin.
— Nous allons te purifier.
— Tu ne sais pas encore comment.
— Pas avec mon élément, non, mais…
— Je ne veux pas de l’autre solution. Être pingre pendant 37 jours n’est pas si terrible que ça.
Blaise eut la sensation de se prendre une claque : Marin préférait être sous l’influence d’un pêché plutôt qu’ils usent de leurs sens comme la fois où ils avaient été tous ensemble dans le lit de Gaïus dont Blaise rêvait encore.
— Je peux retenter avec mon élément mystère, dit-il avec un soupçon d’amertume. D’après ton journal, ce n’est pas comme si vous mêmes aviez su maîtriser tous vos pouvoirs du premier coup, dit-il avec un soupçon d’amertume.
Marin s’humecta les lèvres.
— Tu le lis vraiment ?
— Oui, c’est intéressant.
Marin répéta, paraissant savourant la chose, puis démarra la voiture.
Dès leur retour, ils expliquèrent aux autres la manière dont ils avaient été pris en traître et ils s’installèrent dans le jardin où ils coordonnèrent leurs efforts pour purifier Marin.
Blaise tendit les mains en avant, désespéré que cela fonctionne. Rien ne se produisit en apparence, pas de flammes comme Huo, pas de souffle de vent puissant comme Céleste ou de terre mouvante et vivante comme Gaïus. Pourtant, contre toute attente, Marin affirma être guéri.
Blaise reçut des félicitations de chacun de ses compagnons, mais avoua qu’il ne savait pas ce qu’il avait fait au juste et du coup, qu’il ne pouvait affirmer être capable de reproduire le phénomène. Il rangea ce mystère au côté de celui de la fusion à trois.
— Pour changer, nous devrions prendre l’offensive et retourner au magasin, au cas où l’Avarice traîne encore dans les parages, déclara Céleste.
N’était-ce pas en contradiction avec la prudence que l’ange avait réclamé de sa part quelques jours plus tôt ? Blaise ne préféra pas relever, car il avait envie d’en découdre lui aussi. Il s’en voulait que Marin ait été attaqué sous son nez.

lundi 16 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 46

Au bout de trois jours confiné à la maison, sans avoir rien à faire hormis lire le journal de Marin sur leurs différentes expérimentations avec leurs pouvoirs, Blaise insista pour qu’ils retournent au moins effectuer des purifications. Il obtint une fin de non recevoir : Huo avait des vidéos à tourner, Céleste des séances photos, Gaïus des histoires à écrire et Marin des courses à faire.
Blaise, las d’être enfermé entre quatre murs et fatigué de sa dépendance extrême à Huo, demanda à l’accompagner, promettant d’être discret.
Au fond de lui, il espérait également que ce serait l’occasion de recoller les morceaux entre eux parce que depuis le baiser volé et son « c’est dégoûtant » Marin gardait ses distances. Avec sa taille guère plus avantageuse que celle de Tom Pouce, Blaise avait été contraint d’accepter cet état des choses, mais il n’en pouvait plus.
Être petit était par trop pesant, même si Huo était adorable et se montrait toujours chaud comme la braise au lit.
Marin eut le bon goût d’accepter. Il faut dire qu’il y était presque obligé : par prudence, ils se déplaçaient au minimum à deux.
Blaise se retrouva donc dans la poche de côté du sac à dos de Marin, prévue à la base pour accueillir une bouteille d’eau et dont le filet maillé lui permet à la fois de respirer et de voir le paysage. Au rayon des inconvénients, cela secouait pas mal et il ne pouvait pas vraiment parler à Marin afin ne pas attirer l’attention sur lui.
Malgré tout, il était content d’être de sortie et aussi d’être avec Marin. Cela lui avait manqué de ne plus être à même de l’aider à préparer les repas.
Il avait bien fait une tentative, mais il avait juste réussi à tomber dans le saladier et être repêché avait été humiliant.
Marin déambula dans le magasin alimentaire jusqu’à trouver le rayon des épices où il s’attarda, soupesant des flacons d’herbes qui ressemblaient toutes aux yeux de Blaise, mais qui avaient sans nul doute une influence sur le goût des plats.
Un homme maigre droit comme un I aux vêtements qui avaient connu de meilleurs jours passa derrière Marin dans l’allée et le bouscula. Marin s’excusa sans retourner alors qu’il n’était même pas au milieu du passage tandis que l’homme qui était en tort poursuivait sa route sans même demander pardon !
Marin reposa le flacon qu’il examinait et commença à en replacer deux qu’il avait pourtant posé dans dans son panier d’achat.
— C’est trop cher, déclara-t-il. Tout l’est, ajouta-t-il après un silence.
Blaise tiqua et réalisa, trop tard, que ce n’était sans doute pas un banal client qui venait de rentrer dans Marin, mais l’un des Pêchés. Et il aurait parié toutes ses économies qu’il s’agissait de l’Avarice.

vendredi 13 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 45

Cela échoua. Gaïus et Céleste furent expulsés et Blaise récupéra ses ailes de feu.
Tout le monde se mit à parler en même temps, cherchant à saisir pourquoi la fusion à trois avait été possible.
Il est vrai que terre et air coexistaient, mais dans ce cas, la fusion avec Huo aurait dû fonctionner. Le feu avait besoin d’air pour ne pas étouffer, et même si on pouvait le recouvrir de terre pour l’éteindre, comme Gaïus avait fusionné avant, ça ne faisait pas sens.
— D’après mon calcul, il y a vingt-quatre combinaisons possibles à tester, annonça Marin.
— Je me moque du compte exact, pour l’heure, je voudrais me reposer. La bataille de tout à l’heure n’était pas une partie de plaisir.
Sur ce coup, Céleste avait raison et personne ne protesta.
De retour dans sa chambre, Blaise, bien qu’il n’ait pas vraiment envie, demanda à Huo de sortir de son corps et redevint petit.
— On aurait pu rester fusionnés.
Excepté que cela n’aurait pas été juste pour Huo. C’était essentiellement Blaise qui était aux commandes quand ils étaient mêlés de la sorte.
— Il faut bien que je m’habitue à mon nouvel état.
— On devrait recevoir le mobilier de poupée dès demain. J’ai payé pour une livraison rapide.

En dépit de la compréhension de Huo et de ses efforts pour qu’il soit bien installé, Blaise ne tarda pas à découvrir que n’être pas plus grand qu’une pomme était un enfer.
Il n’y avait pas de toilettes adaptées à sa taille et il était donc contraint d’utiliser un mini pot de chambre comme un bambin. Se rendre où que ce soit dans la maison tout seul lui prenait une éternité. Manger non pas à table, mais dessus était pour le moins le bizarre. Toutes les voix étaient trop fortes et il avait du mal à se faire entendre, c’est sans doute pour cela qu’il n’avait réussi à presser Marin, Céleste et Gaïus à tester les fusions multiples. Il n’allait tout de même pas les forcer à l’embrasser s’ils n’en avaient pas la moindre envie, pas alors que Marin et Céleste connaissaient désormais son désir qu’ils soient tous les cinq ensemble, aussi proches que les doigts d’une main. Gaïus aussi devait être au courant, car il ne voyait pas l’ange tenir sa langue à ce sujet.

jeudi 12 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 44

 « D’accord. Je reconnais que j’avais tort. »
C’est ça qui était bien avec Céleste. Il avait tendance à monter vite au créneau, mais il était aussi capable d’admettre s’être trompé.
« Oui… Mais ce n’est pas une raison pour que tu continues à voler au devant du danger comme ça ! Il reste au moins deux malédictions inconnues et potentiellement très handicapantes. »
— Plus qu’à aller voir Gaïus et assister encore aux premières loges à un baiser passionné ! s’exclama Huo avec un sourire qui contrastait grandement avec le visage triste de Marin.
Blaise hocha la tête, s’efforçant de ne pas repenser au dégoût du brun à l’idée qu’ils aient tous les cinq une relation amoureuse.
« C’est quoi cette histoire ? Je rejoins Marin, tu ne manques pas d’air ! »
Blaise se dépêcha de toquer à la porte de Gaïus.  Il n’était pas prêt à être rejeté par un autre membre de leur groupe.
Le colosse ouvrit avec un stylo à la main. Ils le dérangeaient en pleine écriture.
Blaise expliqua leur découverte. Il n’était pas forcément utile de faire une démonstration et Blaise s’attendait à ce que Gaïus lui fasse remarquer, mais ce dernier se pencha et procéda au pillage en règle de sa bouche.
La senteur qui se dégageait du grand corps de Gaïus était intoxicante.
Quand la fusion opéra, Blaise fut frustré : il aurait voulu que le baiser continue.
Queues et cornes poussèrent, mais les ailes blanches restèrent.
Huo écarquilla grands les yeux, la bouche de Marin s’arrondit dans un O parfait.
Céleste et Gaïus étaient tous les deux en Blaise. La lourdeur de la terre s’opposait pourtant à la légèreté de l’air. Le feu avait bien été éteint par l’eau qui avait elle-même cédé à l’air, alors pourquoi ? La logique de la chose échappait à Blaise.
« C’est à rien y comprendre. »
La voix de Céleste.
« En effet. »
Et ça, c’était celle de Gaïus, grave et profonde.
Bizarre ou pas, cette double fusion leur donnait en tout cas l’espoir de parvenir à réunir tous leurs pouvoirs.
Et la perspective de tenter différentes combinaisons en multipliant les baisers, sauf dans le cas de Huo puisqu’il n’aimait pas ça, était plus qu’agréable.
« Tu parles, t’embrasser à tout d’une corvée. » bougonna Céleste.
Comme Gaïus ne réagissait pas, Blaise tendit une main vers Huo.
— Tu veux bien me donner un peu de ta salive ?
Huo cligna des yeux et se remit enfin de sa surprise.
— Pour tester une fusion à quatre ? Bien sûr !

mercredi 11 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 43

Huo s’était rematérialisé, et Marin avait fusionné avec lui. Il n’y avait à priori pas de double fusion possible, mais, fait intéressant, il n’était pas non plus nécessaire d’en finir une pour qu’une autre se produise : Huo avait été automatiquement expulsé.
« Je te l’ai dit, nos éléments sont incompatibles. »
C’était vrai et en même temps, il fallait parfois beaucoup d’eau pour venir à bout d’un incendie, songea Blaise. Techniquement, les flammes de Huo auraient pu résister aux flots de Marin.
« C’est impossible, de même que le polyamour. »
Qui existait pourtant de fait, même si Blaise ne s’était jamais imaginé autrement que monogame jusqu’à récemment. De toute façon, l’incroyable était devenu réalité depuis que sa route avait croisé celle de Huo, Marin, Céleste et Gaïus.
« Ce n’est pas pareil. Et dois-je comprendre que tu veux un harem ? C’est dégoûtant. »
— Alors, tu arrives à le convaincre que nous formerions une triade et à terme un quintouple ? s’enquit soudain Huo avec son enthousiasme habituel.
Blaise secoua la tête. C’était même tout l’inverse. Il savait ce qu’il ressentait, mais Marin avait bien le droit de ne pas y croire et de le prendre mal, tout blessant que cela soit.
« Désolé, je ne voulais pas... »
Ah, c’est vrai qu’il avait accès à ses pensées quand ils étaient unis de la sorte. Blaise aurait préféré que Marin puisse lire ce qu’il y avait au fond de son cœur et qu’ils ne fassent plus qu’un d’une toute autre façon…
— Nous devrions montrer à Céleste que ses inquiétudes sur ma petite taille n’avaient pas lieu d’être, dit-il à haute voix pour couper court à son échange avec Marin.
Blaise craignait encore ce que cela allait impliquer au quotidien de n’être pas plus grand qu’une pomme, mais au moins, sur le champ de bataille, cela n’occasionnerait aucun problème et ils pourraient passer de façon fluide d’une fusion à l’autre.
Céleste ne fut pas content qu’ils reviennent le déranger.
— Non, mais à quoi vous jouez encore !? Pas besoin de me remontrer comment tu peux toujours fusionner avec chacun d’entre nous !
Blaise se pencha, quémandant de façon qu’il espérait claire un baiser.
— Cela ne marche pas comme ça, mais si vous débarrassez plus vite le plancher après, allons-y, grommela Céleste.
Après quoi, il l’empoigna par les oreilles et plaqua ses lèvres contre celles de Blaise qui cessa un instant de respirer quand leurs langues se mêlèrent.
Céleste se volatilisa, Marin réapparut en même temps que les cheveux bleus se résorbaient et les ailes blanches duveteuses se formaient.

mardi 10 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 42

Marin tourna ses yeux vairons emplis de larmes vers lui ou plutôt eux, Huo et lui étant fusionnés.
Le brun, s’il avait tout du prince glacé en temps habituel, était en fait très sensible.
« Je te le confirme... »
Blaise vint s’agenouiller auprès de lui.
— Tu as retrouvé ta taille, murmura Marin, essuyant ses joues mouillées d’un revers de main.
— Temporairement, oui… Qu’est-ce qui ne va pas ?
— C’est compliqué.
— Explique-moi quand même.
Blaise n’allait pas le laisser dans cet état.
— Pendant le combat, j’ai été moins qu’utile. A part, annuler une des attaques de Huo, je n’ai rien fait et tu as été maudit.
— Il était certain que vous auriez pu mieux vous coordonner…
« Hé ! »
Blaise poursuivit sans s’occuper de l’injonction indignée de Huo :
— Mais comme Céleste l’a fait remarquer, c’est moi qui ait été imprudent et tu m’as évité une chute mortelle ce qui n’est pas rien !
« C’est sûr que tu ferais mieux d’arrêter de nous expulser de ton corps chaque fois que l’ennemi va entrer en contact avec nous. »
Peut-être. Seulement Blaise refusait que ses compagnons souffrent de ses erreurs. Sans compter qu’au final, la première fois, cela avait permis de pulvériser la Paresse.
— Tu es en train de discuter avec Huo, n’est-ce pas ?
— Pas vraiment. Ne sois plus triste à présent.
Blaise caressa le visage strié de larmes de Marin.
— Comment le pourrais-je ? Tu as failli mourir ! Je t’ai perdu au profit de Huo…
Être bouleversé déliait la langue de Marin.
— Je suis bien vivant et moi comme Huo nous souhaitons avoir une relation avec toi.
Marin se redressa à moitié sur son lit, ses longs cils perlés de gouttelettes scintillantes.
— Ne comptez pas sur moi pour pimenter votre vie sexuelle, déclara-t-il d’un ton givrant.
Mince, Blaise avait merdé dans sa formulation.
« C’était pour sûr ambigu ! »
— Mon cœur, tu n’es pas seulement à notre goût...
« Hé ! Je veux aussi que tu me donnes des petits noms comme ça ! »
Marin se lança dans une grande tirade argumentée sur l’impossibilité d’avoir des sentiments amoureux pour plusieurs personnes à la fois.
Il était sérieusement délicieux et Blaise le bâillonna d’un baiser impulsif.
Il sentit Marin fondre au contact de ses lèvres, leurs langues s’entremêlèrent, ses ailes de feu s’éteignirent tandis qu’une cascade de cheveux bleus descendaient sur ses épaules.

lundi 9 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 41

Après s’être rendu présentable, Blaise alla frapper à ce qu’il supposait être la porte de Céleste – c’était lui qui avait pris le moins bien la diminution de taille de Blaise.
« Oups ! C’est vrai que finalement, je ne t’ai jamais fait visiter ! »
L’ange ouvrit et exhala un soupir étonné.
— La fusion fonctionne toujours et me permet même d’être à nouveau normal, au moins le temps qu’elle dure, ce qui veut dire que je ne serais à la hauteur face à nos ennemis.
— Cela complique quand même les choses. Tu ne pourras sauter d’une fusion à l’autre sur le champ de bataille comme tu as cru bon de le faire aujourd’hui, rétorqua Céleste.
Décidément, il était dur à contenter. Blaise essaya d’expliquer pourquoi il avait agi de la sorte, mais Céleste le coupa en marmonnant :
— Tu aurais pu enfiler un t-shirt…
« A priori, la vision de ton torse nu le distrait trop. Regarde, comme il a du mal à en détacher ses yeux.»
Vraiment ? Tout ce que voyait Blaise, c’est que Céleste n’était pas satisfait de savoir que tout n’était pas perdu, que les pouvoirs de Blaise pouvaient toujours leur servir.
« Ne te laisse pas miner le moral par son attitude. Être en colère est son mode par défaut. Et d’abord, avec nos belles ailes de feu, porter un haut est délicat, hormis peut-être un tablier, ce qui serait encore plus sexy, surtout si tu ne mettais que ça ! »
— Je vais aller informer les autres, dit Blaise.
Céleste acquiesça.
— Désolé de ne pas me réjouir plus que ça. Ses malédictions me rendent malades.
Sans plus de détails, l’excuse était un peu légère. Et, comme il n’y avait rien à ajouter pour le moment, Blaise s’en fut toquer chez Gaïus dont la chambre était évidemment tout près de celle l’ange.
Le colosse inspira à fond et utilisa son mobile pour écrire un message : « C’est bon de savoir que nous avons encore une chance de les anéantir. »
Malgré ses mots encourageants, son visage ne manifesta aucune émotion.
« Il n’est pas né silencieux, mais inexpressif, oui. »
Blaise déclara qu’il avait encore à prévenir Marin et le barbu referma sa porte.
Blaise toqua en vain à celle de Marin.
Il allait faire demi-tour, supposant qu’il n’était pas là, jusqu’à ce que Huo suggère de vérifier en usant de son pouvoir.
Blaise céda et vit Marin étendu sur son lit, la tête dans l’oreiller, le corps secoué de tremblements.
Il pleurait. Sans réfléchir, Blaise entra.

vendredi 6 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 40

Huo partit en quête de son matériel de couture et de chutes de tissu, mais ne tarda pas à revenir.
Quand il mesura Blaise, il le caressa d’un doigt, l’excitant et l’embarrassant.
Ils n’allaient plus ni pouvoir faire l’amour, ni partager le même lit, et Blaise avait aimé cela les nuits précédentes. Il allait devoir réapprendre à se passer de sa chaleur.
— Je devrais peut-être te garder nu, dit Huo avant de se mettre malgré tout à l’ouvrage.
Il se révéla avoir des doigts de fée.
Une fois Blaise habillé, Huo alla sur le web afin de lui commander tout un mobilier de poupée. Pendant qu’il s’amusait, Blaise, lui, commençait à réaliser à quel point il était fourré dans de sales draps.
Au quotidien, cela allait être l’horreur. Il aurait préféré être muet ou même se transformer en bête une fois par mois plutôt que ça.
Pour le moment, Huo prenait ça bien, mais avoir un petit ami de  poche allait forcément le lasser. Le jeune homme roux aimait le sexe et Blaise n’allait plus pouvoir le satisfaire de ce point de vue-là.
— On devrait rompre, lâcha-t-il.
Huo qui cliquait joyeusement referma le capot de l’ordinateur portable, le posa sur la table de nuit et darda ses yeux jaunes orangés sur Blaise.
— Pourquoi ?
— N’est-ce pas une évidence ? demanda Blaise en pointant son corps de taille réduite. Ses malédictions sont permanentes, si j’ai bien compris.
— Peut-être pas. Les effets des Pêchés ne le sont pas, après tout.
— En attendant, à part jouer à la poupée avec moi, on ne peut plus rien faire…
Une lueur intéressée s’alluma dans le regard de Huo qui se déshabilla avec une grâce toute féline et l’incita à faire de même.
Blaise, bras croisés, refusa.
Huo l’attrapa et ne lui laissa pas le choix. Il était désormais plus fort que lui et pouvait le manipuler à sa guise, ce qui avait un côté humiliant. Mais la situation, elle, était excitante, car impossible d’être indifférent face à des mètres de peau luisante.
Huo passa son index contre le pénis de Blaise, renforçant son érection naissante, puis l’installa contre sa propre verge durcissante.
C’était définitivement différent, mais addictif. Blaise se pressa contre la colonne de chair, la palpant à deux mains.
— Vas-y, continue, l’encouragea Huo.
Blaise frotta tout son corps contre le membre brûlant de Huo avant de concentrer ses efforts sur le point le plus sensible du gland jusqu’à ce que Huo jouisse.
Blaise se prit une douche de sperme. C’était fou. C’était chaud. Il éjacula à son tour dans un râle.
Et soudain, il se mit à grandir, les ailes de feu se déployant dans son dos.
Leurs fluides s’étaient mélangées, la fusion s’était produite avec comme conséquence inattendue, une annulation de la malédiction, ou du moins une suspension temporaire, car Blaise était certain que s’il demandait à Huo de sortir, il reprendrait sa taille de lutin.
« On devrait aller annonça aux autres. »
C’est sûr que c’était une bonne nouvelle.
Blaise se leva, puis contempla son état. Il était nu et maculé de sperme. Un brin de nettoyage s’imposait et puis aussi mettre un pantalon.
« Fais ça si tu veux, mais vite ! Oh, Et ne me parle plus de rupture ! On est ensemble pour le meilleur et pour le pire ! »
Huo était décidément craquant.
« Content que tu le penses ! »

jeudi 5 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 39

Un puissant jet d’eau provenant de Marin empêcha Blaise de s’écraser sur le sol.
Au même moment les Pêchés explosèrent, projetant des morceaux de chair carbonisés dans les airs.
Pour cette raison ou une autre, Ailes Noires choisit d’abandonner le combat.
Blaise n’eut pas le temps d’en éprouver un quelconque soulagement.
Marin avait peu à peu diminué le débit d’eau de sorte à ce que Blaise atterrisse en douceur, mais quelque chose n’allait pas. Son torse le picotait à peine, les plumes s’étant détachées d’elles-mêmes, mais c’était comme si Blaise fondait. Ses vêtements devenaient trop grands pour lui. Il diminuait de taille. Rajeunissait-il ? Non, non, il était en train de devenir tout petit. La sensation était trop bizarre. Sous le ciel de plus en plus immense, il perdit connaissance.

Quand il reprit conscience, il était étendu sur la couette jaune de la chambre qui lui avait été attribuée quelques jours plus tôt et quatre paires d’yeux gigantesques étaient posés sur lui : des jaunes orangés, des bleus, des marrons et des vairons.
Il était bel et bien devenu petit. Et accessoirement, il était tout nu, ses vêtements n’ayant pas diminué avec lui.
— Ça va ? lui demanda Huo.
— Hormis, le changement de taille ? Oui.
Les pointes des plumes qui s’étaient fichées en lui n’avaient même pas laissé de marques sur son torse.
— Quelle idée d’aller se confronter à lui, comme ça, aussi, grommela Céleste.
Évidemment, il était furieux. Malheureusement, sa voix était bien forte pour les désormais petites oreilles de Blaise. D’instinct, il se plaqua les mains dessus.
Céleste le prit mal et monta encore d’un ton :
— Tu te rends compte qu’avec ton imprudence, c’est retour à la case départ ! Plus de fusion possible maintenant, Tom Pouce !
Là-dessus, le blond se leva et s’en fut.
Pour une fois, Gaïus ne le suivit pas. Récupérant son mobile dans sa poche, il tapa un message avant de tourner l’écran vers Blaise.
C’était comme lire une affiche.
TU NOUS AS FAIT PEUR.
Il pouvait parler, lui qui pour les protéger, n’hésitait jamais à se mettre entre le danger et eux...
— La situation est bien triste, murmura Marin.
— En tout cas, tu as été cool ! Tu as réussi à éliminer deux Pêchés de plus ! s’écria Huo.
Encore plus par chance qu’autre chose. Il avait surtout été imprudent avec Ailes Noires et en payait le prix. Céleste n’avait pas tort. Dans son état, fusionner semblait difficile et se battre alors qu’il était minuscule, ridicule. Or, bien que chacun ait des pouvoirs, ils n’étaient pas suffisants pour tenir tête à leurs ennemis. C’était la combinaison de leurs pouvoirs qui leur permettaient d’avoir la puissance nécessaire.
Cela aurait été d’ailleurs pratique, sur le champ de bataille, de posséder en même temps la voix spéciale de Céleste et la vue extraordinaire de Huo.
— Nous ferions mieux de te laisser te reposer, dit Marin, en se mettant debout.
Gaïus acquiesça et l’imita.
Ils quittèrent la pièce, laissant Blaise et Huo en tête-à-tête.
— J’ai toujours adoré jouer à la poupée, déclara le jeune homme roux. Et je vais prendre plaisir à te coudre des habits, ajouta-t-il.
Que son petit ami soit désormais pas plus grand qu’une pomme aurait pu lui porter un coup au moral, mais même pas ! Sa joie était presque déplacée et en même temps qu’Huo ne se laisse pas abattre avait quelque chose de réconfortant.

mercredi 4 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 38

Blaise exigea qu’Ailes Noires se fige, mais l’homme aux cheveux blonds striés de rouges, avança dans leur direction en riant encore plus fort.
C’était insupportable. Blaise éjecta Céleste hors de lui. Il avait de toute façon besoin des pouvoirs de Huo. Il jeta un coup d’œil dans sa direction et tendit la main vers lui, et le jeune homme roux le rejoignit d’un bond.
Un instant plus tard, ils fusionnaient pendant que Gaïus faisait trembler la terre.
Les Pêchés qui, eux, avaient été coincés par l’ordre de Céleste en tombèrent pas et Ailes Noires se contenta de s’envoler.
Il y eut de grandes bourrasques de vents provoquées par Céleste qui ne parurent pas déstabiliser plus que cela Ailes Noires. C’était lui le plus dangereux des trois, mais tant que les Pêchés n’étaient pas complètement hors d’état de nuire, ils présentaient un risque.
« Brûlons-les ! »
Blaise cracha flammes après flammes sur eux jusqu’à ce qu’ils se tordent de douleur en poussant des cris affreux. Voilà qui devrait les occuper.
Blaise tenta ensuite d’utiliser la vue spéciale de Huo sur Ailes Noires, espérant trouver son point faible.
C’était dur, car Ailes Noires était en perpétuel mouvement au cœur de la mini tempête générée par Céleste.
Il n’y avait pas d’autre choix que de se rapprocher. Huo l’approuva.
La terre tremblait toujours et les flammes autour des Pêchés ne s’étaient pas éteintes. Ces derniers criaient toujours et dégageaient une odeur de souffre désagréable.
Blaise décolla au même moment que le vent retombait.
Céleste avait apparemment épuisé son énergie. Il vacilla sur ses pieds, mais Gaïus s’empressa de le soutenir.
Blaise se força à se focaliser sur Ailes Noires.
— Tu es bien différent de ses poules mouillées qui prenaient toujours la fuite devant nous… et cela va te coûter cher, ricana l’homme.
Il se jeta sur Blaise, ses mains aux griffes acérées semblables à des serres.
Blaise esquiva de justesse l’oiseau de malheur.
— Tu rêves, tu ne vas pas m’échapper ! chantonna Ailes Noires.
Des plumes noires se détachèrent de ses ailes et foncèrent sur Blaise qui comprit qu’il y en avait trop pour les éviter.
Il força Huo à quitter son corps. Et privé d’ailes, il tomba comme une pierre vers le sol tandis que des pointes de plumes se plantaient dans son torse.

mardi 3 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 37

 — Autre ennemi en approche par voie aérienne ! s’écria Céleste.
Ce qui impliquait qu’il s’agissait d’un capable de jeter des malédictions.
A cinq contre trois, ils avaient l’avantage numérique, mais cela pouvait vite mal tourner avec ses maudits Pêchés.
La solution de facilité aurait constitué à fusionner avec Huo, mais la voix spéciale de Céleste méritait d’être testée sur leurs ennemis et puis c’était aussi l’occasion de débloquer la situation - depuis qu’Huo avait déclaré que Blaise et lui étaient un couple, les trois autres avaient esquivé la fusion.
Blaise se pencha vers Céleste, s’arrêtant à deux millimètres de ses lèvres, partageant son souffle.
Face à sa demande silencieuse, Céleste pesta, mais l’embrassa.
Blaise ordonna aussitôt à la Luxure et à la Gourmandise de s’immobiliser.
— Tu crois vraiment que nous allons t’obéir gentiment ? se moqua le cannibale en se léchant les babines.
— Si tu me baises, pourquoi pas, haleta l’homme nu, sa main montant et descendant le long de son sexe.
Merde ! Inflexion particulière de la voix ou pas, cela n’avait pas marché.
Et, dans un bruissement d’ailes noires, leur troisième ennemi venait d’atterrir à quelques mètres d’eux. Il était aussi grand que Gaïus avec une longue chevelure blonde strié de mèches rouges.
Et maintenant quoi ?
« Attends… La Gourmandise et la Luxure parlent et bougent encore, mais n’avancent plus d’un pouce. »
Est-ce que cela suffirait compte tenu de la longueur de la langue du premier et des impressionnants jets de sperme du second ? Non, parce que c’étaient comme ça qu’ils avaient été touchés la dernière fois. Ce qu’il aurait fallu, c’est les éliminer complètement…
Gaïus qui avait achevé la purification se plaça entre eux et l’homme blond aux ailes noires.
« Ce n’est pas vrai ! Il ne va pas se prendre sur le dos une troisième malédiction ! »
Cette réflexion de Céleste signifiait que si Ailes Noires mettait la main sur l’un d’entre eux, les conséquences étaient inconnues.
Marin envoya une trombe d’eau sur leur ennemi, hélas en même temps qu’Huo projetait une grosse boule de feu sur lui.
Leurs ennemis éclatèrent d’un rire dément qui résonna douloureusement dans la tête de Blaise.
« Quand je suis avec toi, tu partages mon ouïe est sensible.
»

lundi 2 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 36

Blaise retourna à pas lents dans la cuisine.
Céleste se montra à peu près aussi aimable qu’un bouledogue.
— On peut faire une croix sur l’entraînement aujourd’hui, grogna-t-il.
Huo, indifférent au malaise, crut bon de jeter de l’huile sur le feu en caressant le biceps de Blaise d’un geste propriétaire.
Gaïus acheva de débarrasser la table et déserta les lieux, le visage fermé. Céleste lui emboîta le pas.
— Nous aurions peut-être dû garder notre statut de couple pour nous, dit Blaise.
— Je tenais absolument voir comment ils réagiraient, répliqua Huo.
— C’est tout vu ! Mal !
Enfin, c’était difficile à dire pour Gaïus et Céleste se fâchait toujours pour tout. Impossible d’oublier cependant les larmes de Marin. Blaise aurait aimé pouvoir le prendre dans ses bras pour le consoler, excepté qu’il ne pouvait pas parce qu’il était la cause de son chagrin.
— Ils sont juste jaloux parce qu’ils auraient voulu t’avoir pour eux. Et ils le peuvent encore d’ailleurs.
— Pas vraiment, vu que je suis avec toi…
Les yeux jaunes orangés de Huo pétillèrent.
— Mais si ! Ce n’est pas incompatible ! Notre relation est ouverte.
— A ce sujet…
— Ne me dis pas que tu souhaites être monogame ! Lors de notre fusion, hier, il était clair que tu désirais aussi Gaïus, Céleste, Marin, comme moi !
C’était exact, seulement, à la différence de Huo, Blaise voulait plus que du sexe.
Il hésita, puis désireux de se montrer honnête, il plaqua ses mains sur chacune des épaules de Huo, le regarda droit dans les yeux et déclara :
— J’ai aussi des sentiments pour eux.
— Moi aussi ! J’ai essayé de leur faire comprendre, mais Céleste ne me prends jamais au sérieux, Marin est convaincu qu’il est impossible d’aimer plusieurs personnes à la fois et Gaïus est un romantique, persuadé qu’il a une unique âme sœur et c’est tout. Ceci dit, à nous deux, j’espère bien qu’on arrivera à quelque chose ! conclut Huo avec un sourire.
Dans les faits, ils ne virent aucun des trois autres avant le soir et Marin déclina poliment l’aide de Blaise pour préparer le dîner.
Blaise n’osa pas insister.
Ils mangèrent tous les cinq dans une ambiance tendue qui rendait toute conversation difficile.
Trois jours s’écoulèrent. Il y eut bien des entraînements, mais sans fusion, hormis avec Huo et ils firent des purifications sans que leurs ennemis ne se manifestent si bien que Blaise fut surpris quand l’homme nu et le cannibale apparurent en rase campagne alors que Gaïus nettoyait les lieux.
Et ils n’étaient pas seuls…