La réunion terminée, Waldo ne put retourner immédiatement auprès de Hoshi comme il l'aurait souhaité. Il était supposé attendre d'être introduit auprès de lui par le canal officiel, une absurdité dont il se serait bien passé. Il essaya de négocier qu'il en soit autrement, mais le général l'informa qu'il devait de toute façon d'abord prendre connaissance du fichier qui allait lui être transmis sur Hoshi, le sujet 017. Waldo ne prit pas le risque d'insister de peur qu'on lui retire la mission.
Sur le chemin de sa chambrette, il se mit à réfléchir au calme à comment utiliser au mieux le court délai qui lui était imparti pour conquérir Hoshi ou du moins, de profiter de sa présence jusqu'à la dernière goutte. Déjà, il échafaudait dans sa tête des justifications pour retarder l'échéance du largage des deux espions. Une fois devant son ordinateur, il consulta le fameux fichier qui lui avait été envoyé et ce qu'il lut l'horrifia plus qu'autre chose. Le pauvre Hoshi n'avait jamais rien connu d'autre que le laboratoire de la base militaire.
Encore un peu et on allait autoriser le clonage afin d'avoir de la chair à canon à envoyer face aux extraterrestres. Peut-être même était-ce déjà le cas et Waldo n'avait pas été mis au parfum, comme pour le charcutage d'êtres humains afin de fabriquer des saturniens plus vrais que nature.
Enfin, il fut appelé dans l'aile de l'infirmerie, dans le quartier des malades. Il pénétra dans une pièce semblable à son propre logement : une table avec casier à ordinateur et chaises intégrés, un placard à panneau coulissant pour ranger des combinaisons et un contenant un couchage, tiroirs à ration, une cabine de douche entièrement carrelée et une pour les toilettes.
Les présentations furent rapidement faîtes. Hoshi devait suivre les instructions de l'officier Waldo pendant cette dernière phase de préparation avant l'infiltration.
La porte se referma ensuite sur eux, les laissant seuls, du moins en apparence, car Waldo avait repéré des mini-caméras dans les coins, au plafond.
— Installons-nous, offrit Waldo.
Hoshi s'assit d'une démarche raide on ne peut plus saturnienne.
Waldo opta pour la place juste en face. Il ne pouvait écarter la possibilité qu'il y ait des micros puisque Hoshi était sous étroite surveillance. Il était après tout le fruit précieux de longues années d'opérations et de bourrage de crâne. Waldo n'arrivait pas à savoir lequel de ces deux éléments était le plus triste.
La prudence exigeait qu'il évite de parler de réincarnation, excepté que leurs heures ensemble étaient comptées.
Il transigea. Tout à son choc de retrouver son âme-sœur qu'il n'avait jamais pensé revoir dans cette vie, il avait pris les choses dans le désordre.
— Commence par me dire tout ce que tu sais des saturniens, toi qui es sensé en être un.
Cette demande lui permettrait d'en apprendre plus sur lui, tout en s'occupant de le préparer.
Hoshi qui ne paraissait nullement troublé d'être en face de celui qui lui avait proféré son amour et caressé la joue un peu plus tôt se mit à débiter d'un ton monocorde tout ses ses connaissances sur les saturniens : leur biologie, leur alimentation, leur religion, leurs habitations, leur armement, leur histoire, leur us et coutumes... Il était intarissable.