Al se réveilla à 8h45, les yeux encore fatigués d'avoir passé trop de temps la veille devant l'écran de télévision, sans se souvenir de ce dont il avait rêvé durant la nuit. Sa première pensée fut pour Beckett. Il n'avait aucune envie de passer une journée à l'attendre comme hier et suivre son programme habituel - lecture, exercices, visionnage d'un dvd et séance shopping sur internet - ne le tentait pas plus. Il se leva sans enthousiasme et tira les rideaux. Le ciel était clair et entre les nuages, le soleil brillait. Al entrouvrit la fenêtre et déchanta immédiatement. Il ne faisait pas chaud pour autant. Néanmoins, malgré la fraîcheur, sortir dans le plus simple appareil était jouable. De toute façon, tout ce qu'il risquait, c'était d'attrapper un rhume et c'était toujours mieux que de périr d'ennui. En procédant ainsi, il pourrait voir Beckett en toute discrétion et ce, bien avant la fin de ses cours. Débordant d'énergie à cette idée, il prit une douche express, avala un rapide petit déjeuner et alluma son ordinateur pour vérifier la météo et le chemin à prendre pour se rendre au lycée Odyssée. Après quoi, il quitta son appartement, en se frottant les bras pour se réchauffer.
Les premières fois qu'il était sorti nu dans la rue, il avait craint de redevenir visible à un moment inopportun, mais il avait fini par se détendre. Il ne pouvait guère causer plus de scandale et d'émoi que quand il se promenait tout habillé, vêtements en marche apparamment sans corps. Depuis, il lui était arrivé à quelques rares reprises de perdre sa transparence dans un lieu public, mais il avait toujours réussi à se cacher sans grosse difficulté avant de se fondre à nouveau dans le décor.
Afin de ne pas avoir froid, Al se mit à courir, prenant toutefois garde où il mettait les pieds, car les trottoirs pouvaient être traîtres. Une fois, il s'était blessé sur des morceaux de verre. Il arriva à destination en un temps record, car bien qu'il restât généralement enfermé dans son appartement, il effectuait régulièrement des centaines de kilomètres sur le tapis de course qu'il s'était acheté.
Les hautes grilles noires du lycée étaient grandes ouvertes et Al put entrer sans peine. Les portes du bâtiment principal étaient en revanches closes. Après avoir vérifié qu'il n'y avait personne dans les parages, Al les poussa. Le professeur tiré à quatre épingles qui traversait le hall juste à ce moment, fut interpelé par cette porte qui s'était ouverte et refermée sans que nul ne rentre, mais il secoua la tête et continua son chemin. Al constata avec plaisir que la température à l'intérieur était nettement plus sympathique que celle de dehors. Le contact froid du carrelage sous ses pieds nus était désagréable, mais ce n'était pas pire que les aspérités du trottoir.