jeudi 31 mai 2012

Rendez-vous manqué - 11

Al se réveilla à 8h45, les yeux encore fatigués d'avoir passé trop de temps la veille devant l'écran de télévision, sans se souvenir de ce dont il avait rêvé durant la nuit. Sa première pensée fut pour Beckett. Il n'avait aucune envie de passer une journée à l'attendre comme hier et suivre son programme habituel - lecture, exercices, visionnage d'un dvd et séance shopping sur internet - ne le tentait pas plus. Il se leva sans enthousiasme et tira les rideaux. Le ciel était clair et entre les nuages, le soleil brillait. Al entrouvrit la fenêtre et déchanta immédiatement. Il ne faisait pas chaud pour autant. Néanmoins, malgré la fraîcheur, sortir dans le plus simple appareil était jouable. De toute façon, tout ce qu'il risquait, c'était d'attrapper un rhume et c'était toujours mieux que de périr d'ennui. En procédant ainsi, il pourrait voir Beckett en toute discrétion et ce, bien avant la fin de ses cours. Débordant d'énergie à cette idée, il prit une douche express, avala un rapide petit déjeuner et alluma son ordinateur pour vérifier la météo et le chemin à prendre pour se rendre au lycée Odyssée. Après quoi, il quitta son appartement, en se frottant les bras pour se réchauffer.
Les premières fois qu'il était sorti nu dans la rue, il avait craint de redevenir visible à un moment inopportun, mais il avait fini par se détendre. Il ne pouvait guère causer plus de scandale et d'émoi que quand il se promenait tout habillé, vêtements en marche apparamment sans corps. Depuis, il lui était arrivé à quelques rares reprises de perdre sa transparence dans un lieu public, mais il avait toujours réussi à se cacher sans grosse difficulté avant de se fondre à nouveau dans le décor.
Afin de ne pas avoir froid, Al se mit à courir, prenant toutefois garde où il mettait les pieds, car les trottoirs pouvaient être traîtres. Une fois, il s'était blessé sur des morceaux de verre. Il arriva à destination en un temps record, car bien qu'il restât généralement enfermé dans son appartement, il effectuait régulièrement des centaines de kilomètres sur le tapis de course qu'il s'était acheté.
Les hautes grilles noires du lycée étaient grandes ouvertes et Al put entrer sans peine. Les portes du bâtiment principal étaient en revanches closes. Après avoir vérifié qu'il n'y avait personne dans les parages, Al les poussa. Le professeur tiré à quatre épingles qui traversait le hall juste à ce moment, fut interpelé par cette porte qui s'était ouverte et refermée sans que nul ne rentre, mais il secoua la tête et continua son chemin. Al constata avec plaisir que la température à l'intérieur était nettement plus sympathique que celle de dehors. Le contact froid du carrelage sous ses pieds nus était désagréable, mais ce n'était pas pire que les aspérités du trottoir.

mercredi 30 mai 2012

Rendez-vous manqué - 10

Cette fois, Beckett, à défaut de voir son visage aux sourcils froncés, put entendre la sécheresse dans sa voix. L'adolescent voulut poser une main appaisante sur l'avant-bras de Al, mais celui-ci se déroba et lui tourna le dos.
– Rentre chez toi, dit-il, entre ses dents serrées.
Il sentit alors les bras de Beckett ceindre sa taille avec un mélange curieux de force et de douceur.
– Non. Je reste. J'ai prévenu Félicité que j'avais fait connaissance avec quelqu'un d'autre dans le parc en l'attendant et que désormais, je n'étais plus libre. Par conséquent, elle a exigé des détails, d'où mon retard. Elle refusait, selon ses propres termes, d'avaler mon conte d'homme invisible.
Al dénoua les bras de Beckett qui l'enserrait, fit volte-face et s'exclama, incrédule :
– Tu lui as parlé de moi ?
– Oui, bien entendu.
Beckett atteignait des sommets côté naïveté. Cela contribuait à son charme bien sûr, mais c'en était au point où cela était dangereux.
– Tu ne connais pas l'homophobie et plus généralement la peur de tout ce qui est différent ?
– Si, et à dire vrai, je ne souhaitais pas particulièrement faire part de ta maladie et tout, mais elle m'a pressé de questions et je déteste mentir.
– J'espère que tout cela ne te causera pas de tort. Enfin, vu qu'elle ne t'a pas cru, cela devrait aller. Au pire, elle répandera la rumeur que tu n'as pas toute ta tête.
– En fait, elle m'a laissé le bénéfice du doute. "Présente-le moi et je verrai - ou plutôt ne verrai pas." Là-dessus, j'ai enfin pu partir te rejoindre.
Il était évident Beckett regrettait son retard. Il aurait mieux fait d'envoyer promener Félicité et ne pas parler de lui, mais Al devait admettre qu'au fond, cela lui faisait plaisir que son existence ne soit pas reniée. Mieux, Beckett l'avait choisi malgré les explications que lui avaient données Félicité pour lui avoir posé un lapin dans le parc.
– Tu veux partager mon plat ?
L'adolescent jeta un œil distrait sur le mélange de légumes verts parsemés de morceaux de poulets et déclara :
– Désolé. J'aimerai bien, mais je ne peux pas. Ma mère tient à ce que je prévienne à l'avance quand je mange dehors le soir. Elle a dû préparer ma part.
Ne passer que quelques minutes en compagnie de Beckett après avoir passé une longue journée à l'attendre était amer, mais puisque l'adolescent semblait avoir la chance d'avoir une famille attentive et aimante, il n'avait pas le droit de le retenir.
– Je comprends.
– Je passerai sans faute demain après les cours et sans m'arrêter pour personne.
Beckett aurait préféré rester, cela se lisait sur son visage. Al en tira un brin de réconfort.
– A demain, alors, soupira-t-il en s'avançant pour ouvrir la porte de l'appartement.
Il était sur le point de tourner la poignée métallique quand Beckett murmura :
– Tu ne m'embrasses pas avant que je parte ? C'est ce que font les couples, non ?
– C'est vrai...
Al avait encore du mal à réaliser que l'adolescent était son petit ami et qu'il pouvait le prendre dans ses bras et coller ses lèvres contre les siennes quand il le souhaitait. Il posa son assiette sur la pile de bouquins qui occupait le dessus du petit meuble de l'entrée et, alors qu'il hésitait encore en dépit de son désir, Beckett avoua :
– J'aurais bien pris l'initiative, mais j'ai peur de rater ta bouche.
Sa sincérité était touchante sans être blessante. Al l'attira à lui et l'embrassa. Ce simple baiser éveilla tout ses sens. Cependant, après avoir savouré encore un moment le goût sucré de la bouche de Beckett, il s'écarta. Ils s'étaient mis d'accord pour apprendre à se connaître avant d'aller trop loin et l'adolescent devait rentrer chez lui.
Un dernier regard, un dernier au revoir et Al se retrouva à nouveau seul comme un rat mort. C'était étrange comme Beckett mettait paradoxalement en lumière sa solitude, la lui faisant ressentir avec une intensité douloureuse. Il retourna devant la télévision et reprit son repas interrompu. Le contenu de son assiette avait refroidi, mais Al n'en avait cure. Il mangeait machinalement, sans vraiment s'intéresser à ce qui se passait à l'écran. L'échange qu'il venait d'avoir avec Beckett et le sublime baiser qui l'avait couronné tournait en boucle dans son esprit. A 22h45, le film terminé, Al glissa assiette et couverts sales dans l'évier, se brossa hâtivement les dents, tira les rideaux, se déshabilla et se glissa sous sa couette en espérant qu'il croiserait Beckett dans ses rêves.

mardi 29 mai 2012

Rendez-vous manqué - 9

Sans se donner la peine de nettoyer, il déserta la cuisine pour le salon afin d'y trouver un long film : une saga type "La guerre des étoiles" ou "Le Seigneur des Anneaux" qui l'occuperait toute la journée. Évidemment cela ne l'enthousiasmait pas plus que cela, mais cela lui éviterait de tourner comme un lion en cage dans l'appartement, en se remémorant les moindres détails de sa rencontre avec Beckett. Son choix fait, Al glissa le dvd dans l'appareil et s'installa confortablement dans le fauteuil, non sans une pensée pour l'adolescent qui avait posé ses fesses dessus pas plus tard que la veille. Al peina à s'intéresser aux images qui défilaient devant ses yeux, tâches colorées et informes, mais il finit par y parvenir. A 13h, il se réchauffa une pizza surgelée aux épinards et au fromage de chèvre et reprit ensuite son visionnage. Quand il fut 17h, heure où se terminait le dernier cours de Beckett, Al arrêta sans scrupule le film en plein milieu d'une scène d'action et s'empressa de remettre de l'ordre dans l'appartement. Il lava la vaisselle sale et étendit la serviette mouillée qu'il avait laissé en boule sur le bord du lavabo de la salle de bain. Ensuite, il lissa ses vêtements et attendit, incapable de faire autre chose. A 17h35, heure où Beckett aurait dû être arrivé, il commença à faire les cent pas. L'adolescent était en retard. A 18h30, Al se dit qu'il ne viendrait pas. Beckett avait dû se rendre compte de l'aberration qu'il y avait à fréquenter un homme invisible. C'était étrange bien sûr qu'il ne l'ait pas prévenu vu ce qu'il avait souffert la veille avec Félicité, mais peut-être avait-il un souci avec son téléphone portable ou alors, avec le recul, l'existence de Al lui avait semblé tenir du rêve.  Certaines personnes le considéraient en effet comme une créature fantastique sorti tout droit de leur imagination et non comme un être humain à part entière. A 19h, Al mit au four à micro-ondes un plat tout préparé et l'emmena devant la télévision. Il ressentait sa solitude avec trop d'acuité dans la cuisine silencieuse. Il venait d'avaler la première bouchée de son repas quand la sonnette retentit. Al, son assiette à la main, alla regarder dans le couloir par l'intermédiaire de l'œil de bœuf. C'était Beckett, le visage rouge et l'air essoufflé. Al, sans encore vraiment oser se réjouir, l'introduisit dans le vestibule et referma la porte derrière lui.
– Désolé. Je suis très en retard et en plus je te dérange alors que tu es en train de manger, déclara l'adolescent d'une voix entrecoupée, cherchant visiblement à reprendre son souffle.
– Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
– C'est Félicité, elle m'a retenu.
La mention de la jeune fille énerva Al qui se crispa. Mais Beckett qui ne pouvait voir sur son visage les marques de sa colère, continua :
– Elle a tenu à m'expliquer pourquoi elle n'avait pas pu venir hier. Sa grand-mère a été emmenée en urgence à l'hôpital et elle a tout oublié face à cet évènement...

Soudain, Al n'eut aucune envie d'écouter la suite de l'histoire :
– Puisque c'était un malentendu et que Félicité veut bien de toi finalement, tu es venu m'informer que tu renonces à être mon petit ami, c'est ça ? coupa-t-il.

lundi 28 mai 2012

Rendez-vous Manqué - 8

Al ouvrit un œil, puis deux. Les chiffres digitaux rouges du réveil projetés sur le plafond blanc indiquait 9h03. Au lieu d'attraper comme à son habitude un livre sur l'étagère accolée à son lit pour bouquiner un moment avant de se lever, il s'extirpa de la couette bleue mouchetée. Aujourd'hui n'était pas une journée comme les autres. Ce soir, après ses cours, Beckett viendrait à l'appartement. La veille, après avoir sagement parlé de livres et de films dans le salon, ils avaient échangé leurs numéros de téléphones et s'étaient donné rendez-vous. La perspective de revoir l'adolescent enchantait Al, tout en le rendant nerveux. Non, il n'avait pas besoin d'essayer de lire pour savoir que les mots danseraient, symboles sans sens sous ses yeux, car Beckett accaparait toutes ses pensées. Rien que le souvenir de la douce saveur de ses lèvres contre les siennes l'excitait. Al s'ébroua, alla ouvrir les rideaux outremer de sa chambre, puis s'occupa de ceux du salon. Comme il préférait dormir sans rien, il était nu, mais étant invisible, il n'avait pas à se soucier du vis à vis - un des maigres avantages à son état. Le ciel était gris, comme la veille. Al entrebailla la fenêtre constata qu'il faisait humide et plutôt froid, signant là un printemps peu propice à des sorties en tenue d'Adam. Déçu, il referma d'un geste vif et partit se doucher. Il ne traînait jamais longtemps dans la salle de bain car il n'aimait pas les carreaux noirs, l'absence d'ouverture sur l'extérieur et l'éclairage jaunâtre. Mais alors que l'eau tiède ruisselait sur sa peau, faisant brièvement apparaître les contours de son corps invisible, il repensa à la chaleur de la peau de Beckett et il se masturba, retardant sa sortie de la pièce mal-aimée. Après quoi, il repartit dans sa chambre pour se choisir des habits. Au lieu d'attraper les premiers vêtements venus, il fouilla dans les profondeurs de son placard, désireux de choisir une tenue susceptible de plaire à l'adolescent. Après tout, c'était la seule chose que Beckett verrait de lui ce soir, à moins que, par miracle, ce dernier ne soit présent durant les quelques minutes de la journée où il était visible. Soudain, il lui semblait qu'il n'avait rien de bien à se mettre et que tout ses t-shirts et pantalons étaient usés et mal seyants. Il finit par s'habiller tout en noir, pestant contre sa garde-robe qui ne contenait que des vêtements sombres et passe-partout. Il prit ensuite le chemin de la cuisine et s'offrit un solide petit déjeuner : un grand bol de thé et cinq tranches d'un cake industriel recouvert de confiture de fraises. Quand il eut terminé, un regard à la pendule de la cuisine lui apprit qu'il n'était même pas encore tout à fait 10h du matin. Il soupira. Il aurait aimé avoir le pouvoir d'accélérer la marche du temps afin que l'heure où Beckett devait venir soit déjà arrivée.

mercredi 23 mai 2012

Information

Comme vous le savez peut-être, j'ai rejoint la Collection X Arrow qui regroupait des auteurs indépendants de boy's love en février 2010, aujourd'hui, je la quitte et continue mon chemin, seule, comme je l'avais commencé en août 2008 en ouvrant mon blog avec l'intention de prépublier mes romans sur internet et de les publier ensuite grâce au site Thebookedition.
Par conséquent, à la demande de la responsable de la Collection X Arrow, toute mention de la Collection X Arrow a disparu aussi bien à l'intérieur de mes livres que sur les couvertures. J'en ai profité pour apporter quelques modifications à ces dernières, y compris à mes deux premiers romans qui ont été publiés bien avant mon entrée dans la collection.
Sinon, si j'en crois les chiffres actuels du sondage, on se retrouve lundi pour le chapitre 2 de Rendez-vous manqué à moins bien sûr d'un retournement de situation de dernière minute !

mardi 15 mai 2012

Le Baiser de la gargouille - 8

La porte de l'appartement de M.Lee Chin s'entrebattit et Naoko aperçut derrière la chaîne de sécurité, un homme rondouillard mal rasé.
– Je suis M.Lee Chin. Vous êtes le livreur ?
– Oui. J'ai votre disque, confirma Naoko en lui tendant l'objet.
– Merci, répondit M.Lee Chin qui, après avoir récupéré son bien, claqua sa porte, laissant Naoko nez à nez avec les trois types qui décidément ne voulaient pas le lâcher.
– Et merde ! C'est trop tard ! Il l'a refilé, grommela le premier gars.
– Satané travelo et ses tours de passe-passe, pesta le second.
– Ouais, même s'il a du pognon à la clef, il a vraiment fait du zèle, soupira le troisième.
– Cela se vend vraiment cher ce genre de truc pornographique ? intervint Kaseigan.
Le trio s'accorda à dire que oui. Ils voulurent ensuite se venger de leur déception.  Aussitôt l'homme gargouille se mit devant Naoko pour le protéger. Les trois types le frappèrent avec violence, mais c'est eux qui eurent  mal.
– La vache ! Il est dur comme un rocher, glapit l'un des hommes en frottant ses phalanges meurtries.
Kaseigan profita du désarroi du trio pour quitter les lieux, en entraînant Naoko dans son sillage.
Arrivés à l'extérieur de l'immeuble, il se tourna vers le jeune homme pour lui demander où aller. Naoko, encore sous le choc que son patron se soit servi de lui pour un trafic illégal de films pornographiques, eut du mal à lui répondre. La chaleur de la main de Kaseigan dans la sienne et la nécessité de mettre le plus de distance possible entre eux et le trio qui semblait avoir mal pris leur échec, le rappela à la réalité. Il consulta le plan imprimé un peu plus tôt avant d'annoncer qu'il y avait une station de métrobulle à deux rues d'ici.
Comme ils se mettaient en marche, Kaseigan déclara :
– Nous allons chez toi, j'espère, car tu n'as pas l'air bien.
Naoko libéra sa main que tenait toujours Kaseigan et explosa à mi-voix  :
– Comment veux-tu que cela aille ? Mon patron m'a remis un disque avec des documents prétendument importants que je devais transmettre de toute urgence, en me menaçant de me mettre la porte si je refusais, suite à quoi, je suis pourchassé, je me déguise, je risque ma vie, je tombe sur toi, une sculpture de pierre supposée restée immobile à sa place et non s'animer et se transformer en adonis entre autres bizarreries, tout ça pour apprendre que j'ai protégé un stupide film porno avec lequel, si la police l'avait trouvé en ma possession, j'aurais eu de graves ennuis.
– Mais tout se termine bien. Le disque a été donné. Et si ma présence t'incommode tant que ça, je peux retourner à la tour. Je ne te l'ai pas précisé, mais tu peux me l'ordonner... Cela fait parti du contract que nous avons scellé lors du premier baiser.
Naoko aurait dû être ravi à l'idée qu'il pouvait en fait se débarrasser de son encombrant compagnon. Seulement, même si Kaseigan le dérangeait et l'amenait à transgresser la loi avec ses baisers, il n'avait pas envie de le renvoyer à cette étrange tour. D'abord, il n'avait pas oublié que Kaseigan avait affirmé ne pas vouloir se rendormir et puis, il manquait d'informations pour prendre une décision en toute sérénité - il n'avait que quelques éléments parcellaires sur les mystérieuses garrguyles, et avec Kaseigan comme seule source. Ultimement, il était agréable d'avoir quelqu'un à ses côtés qui partageait le secret de son homosexualité, et qui, loin de le juger, l'embrassait et le protégeait.
– Rentrons à la maison, déclara-t-il, en ramenant sa longue natte sur son épaule.
Il fut récompensé de sa proposition qui incluait très clairement l'homme gargouille par un sourire éblouissant.

FIN DU PILOTE
LE BAISER DE LA GARGOUILLE

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A la fin du premier sondage, je commencerai la suite de l'histoire ayant récolté le plus de voix...
Le second sondage a été mis en place afin de savoir, si la plupart d'entre vous ont, en fait, envie d'avoir une suite aux 5 nouvelles pilotes.

lundi 14 mai 2012

Le Baiser de la gargouille - 7

– Se déshabiller en public, ce n'est pas interdit par la loi ? demanda l'homme gargouille d'une voix plus rocailleuse que jamais, alors que Naoko sortait les pans du chemisier de sa jupe afin d'atteindre le disque qu'il avait glissé dans une écharpe qu'il avait enroulée autour de sa taille.
– Si, bien sûr. Mais j'ai caché le disque sous mes vêtements pour plus de sûreté, répliqua Naoko, affreusement gêné.
– Tes petits tétons roses sont charmants, commenta Kaseigan, les yeux brillants.
Naoko s'empourpra et se dépêcha d'extirper le disque.
Quand le rond étincelant protégé par une mince pochette plastique apparut, Kaseigan l'arracha promptement des mains du jeune homme, reprit son apparence originelle, se débarrassa de l'emballage et enfourna le disque dans sa gueule de pierre. Naoko n'eut que le temps d'émettre un couinement horrifié. Après quoi, il attrapa le museau écailleux de Kaseigan et voulut écarter ses mâchoires dans un effort désespéré pour reprendre le disque. Mais c'était inutile. Au bout d'une minute, de lui-même la gargouille ouvrit la bouche et présenta le disque sur sa longue langue noire. Naoko s'en empara et fut surpris et soulagé de constater qu'il était propre et sec.
– Mais pourquoi as-tu fais ça ?! s'écria-t-il en serrant le disque contre son coeur.
– J'étais curieux de savoir ce que c'était et ce qu'il y avait dessus. Tu n'avais pas vraiment l'air au parfum...
– Parce que maintenant, après l'avoir "goûté", tu es plus avancé ? coupa Naoko, furieux.
La gargouille opina, puis, sans crier gare, elle enlaça le jeune homme et captura ses lèvres. Naoko émit une plainte étouffée tandis qu'il sentait les doigts rugueux sur sa peau devenir douces et le baiser délicieux à mesure que la créature de pierre reprenait les traits du bel homme blond à la peau miel. Le baiser achevé, Naoko se dégagea de l'étreinte, ébranlé au plus profond de son être par les sensations extraordinaires que lui procuraient  Kaseigan.
– Alors que contient le disque ? demanda-t-il, cherchant à se donner une contenance et préférant éviter de relancer le débat sur les baisers interdits entre personne de même sexe compte tenu du fait que, de toute façon, l'homme gargouille n'en faisait qu'à sa tête.
– Et bien, il est composé de plastique,  d'aluminium et de laque. Des images mouvantes érotiques sont gravées dessus dont certaines mettent en scène des pratiques sexuelles prohibées, si j'ai bien compris ce que tu m'as dit tout à l'heure.
Naoko ne pouvait le croire. Kaseigan venait d'inventer tout cela. Haussant les épaules, il referma son chemisier et appuya sur le bouton de la sonnette de M.Lee Chin juste au moment où les trois types qu'ils avaient planté non loin de l'immeuble, arrivaient au bout du couloir.

vendredi 11 mai 2012

Le baiser de la gargouille - 6

Ils marchèrent à vive allure en silence jusqu'à ce que Naoko repère une borne sur le bord du trottoir. Kaseigan examina sur toutes les coutures l'écran plat rectangulaire enfoncé dans le sol tandis que Naoko pianotait dessus, anxieux de connaître leur position par rapport à celle de l'appartement de M.Lee Chin. Il fut soulagé de constasté qu'ils étaient toujours dans le bon quartier et que selon la machine, il ne leur faudrait que vingt-trois minutes de marche à pieds pour atteindre leur destination. Si plus personne ne s'enmêlait, l'affaire serait bientôt réglée. Excepté bien sûr qu'il avait désormais Kaseigan  collé à ses basques. Naoko tapa son code de carte bancaire, et récupéra le plan biodégradable que lui imprima la machine. Sachant désormais où aller, il partit. Kaseigan, toujours fasciné par la borne, s'aperçut de son départ avec un temps de retard, mais le rattrapa en un éclair. L'homme gargouille n'avait aucune peine à rester au même niveau que Naoko qui ne pouvait s'empêcher de lui jeter de fréquents coups d'œil. Kaseigan était vraiment beau et il était difficile de croire qu'à la base, il n'était qu'une hideuse créature de pierre.
Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres du domicile de M.Lee Chin quand les trois types qui avait pourchassé Naoko réapparurent. Le jeune homme étouffa un juron et fit volte-face, Kaseigan sur ses talons.
– Il est si important que ça ce disque ?
– Ce qu'il y a dessus, oui. Enfin, d'après mon patron, répondit Naoko, en remontant à nouveau sa jupe et en se maudissant de ne pas avoir abandonné son inutile travestissement.
L'un des trois gars, plus rapide que ses deux associés, parvint à capturer le bout de la natte de Naoko et à le tirer en arrière, arrachant un cri de douleur et de surprise au jeune homme.
– Je sais pas comment t'as réussi ton numéro de tout à l'heure, mais tu vas nous filer le disque, et illico, presto !
Kaseigan, en un instant, libéra Naoko, déploya ses ailes, et s'envola avec le jeune homme, laissant loin dessous eux, trois hommes ébahis.
– Non, ne t'éloigne pas de l'appartement de M.Lee Chin ! s'écria Naoko.
– Je vais me poser sur toit de son immeuble, ne t'inquiète pas.
Kaseigan tint parole et Naoko eut vite le plaisir de sentir sous ses pieds le toit bétonné. Un peu perdu au milieu des antennes et des cheminées, il finit par dénicher la porte qui permettait d'entrer à l'intérieur de l'immeuble. A partir de là, trouver le bon étage fut un jeu d'enfant. Avant de sonner à la porte de M.Lee Chin, Naoko préféra sortir le disque de la cachette où il l'avait glissé et il commença à déboutonner son chemisier blanc, terriblement conscient de la présence de Kaseigan.

jeudi 10 mai 2012

Le Baiser de la gargouille - 5

Naoko pencha la tête sur le côté, sa longue natte brune descendant ainsi jusqu'à sa cuisse, et après un long soupir, déclara :
– Vous n'allez pas me laisser tranquille jusqu'à ce que j'accepte votre compagnie, n'est-ce pas ?
L'homme gargouille opina avec un sourire resplendissant qui fit manquer un battement de coeur au jeune homme.
– Vous avez un nom ? demanda-t-il, résigné à passer un moment en compagnie de l'étrange créature de pierre qui avait pris vie quand il lui était tombée dessus.
– Non. C'est à toi de m'en attribuer un.
– A moi ? Vraiment ? Je peux même choisir "idiot" ou "poubelle" ? ironisa Naoko.
L'homme gargouille haussa les épaules, apparemment indifférent à la façon dont il allait être appelé. Naoko savait qu'il aurait dû arrêter de perdre du temps avec les histoires de la créature de pierre et lui attribuer le premier prénom venu, mais il en fut incapable. Continuer à penser à lui comme à la "créature" ou l'"homme gargouille" le gênait. Après un moment de réflexion, il trouva un nom qui signifiait "pierre volcanique" et le dit à haute voix :
– Kaseigan.
– Cela me plaît.
– Maintenant, allons-y ! s'exclama Naoko avec impatience avant de réaliser, après quelques pas, qu'il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où ils se trouvaient.
Il s'arrêta net, imité par Kaseigan.
– Tu as atterri ici parce que tu connaissais ou bien par hasard ?
– J'ai mis une bonne distance entre nous et les trois types qui gesticulaient et ensuite, j'ai choisi un endroit discret pour nous poser.
– Il ne nous reste plus qu'à dégotter une borne NéodoCity pour déterminer notre position.
– Une borne  NéodoCity ? répéta Kaseigan, du ton de quelqu'un qui ne sait pas de quoi il est question.
Naoko comprit alors que si l'homme gargouille représentait un gigantesque point d'interrogation pour lui. Pour Kaseigan, le monde qui l'entourait était tout aussi mystérieux. Seulement ce n'était pas ni le moment d'en apprendre plus sur les garrguyles pour Naoko, ni celui d'expliquer tout à Kaseigan.
– C'est une borne d'information, répondit-t-il sans plus de précision. De là, nous irons tout droit au domicile  de M.Lee Chin, en espérant que ceux qui veulent le disque ne viennent plus nous embêter... ajouta-t-il.
– Je peux très facilement nous mettre hors de portée en deux coups d'aile, intervint Kaseigan avec assurance.
Cette affirmation ne réjouissait en rien Naoko qui ne tenait pas du tout à voler de nouveau dans les bras de l'homme gargouille - c'était bien trop inquiétant d'avoir sa vie entre les mains de quelqu'un d'aussi étrange.

jeudi 3 mai 2012

Le Baiser de la gargouille - 4

– Je vais faire mieux que ça, princesse, je vais te donner un coup de main pour ta fameuse mission, répondit l'homme gargouille avec un sourire ravageur, en relâchant Naoko.
Le jeune homme fut tenté de s'enfuir à toutes jambes, mais il y renonça. La créature n'aurait sûrement aucune peine à le rattraper.
– Je suis un homme déguisé en femme, pas une damoiselle en détresse et je ne vois pas pourquoi vous m'apporteriez votre aide dans une affaire qui ne vous regarde pas.
L'homme gargouille émit un grognement dubitatif, et en un éclair, avec une rapidité qui n'avait rien d'humain, il souleva d'une main la jupe de Naoko tandis que de l'autre, il tâtait sa poitrine.
– Un caleçon avec des petites souris, pas de seins... constata-t-il à haute voix avant de toucher son propre torse. Je me suis pourtant bel et bien transformé en homme... Or, vu ton véritable sexe, j'aurais dû prendre une apparence féminine pour correspondre à ta partenaire idéale. Ce qui signifie que tu es homos...
– Ne le dîtes pas ! s'exclama Naoko, en mettant sa main sur la bouche de la créature pour l'empêcher de dire le terme. Sa conclusion était juste, mais c'était un crime de l'être à Neo Edo. Il n'avait aucune envie de se retrouver en prison alors que durant toutes ses années, il avait fait de son mieux pour garder le secret et ne jamais céder à ses pulsions.
– Et pourquoi donc puisque c'est vrai ? Ce n'est pas dramatique d'ailleurs, répondit l'homme gargouille en repoussant  la main de Naoko qui lui obstruait la bouche.
– C'est puni par la loi.
– Voilà qui est problématique puisque tu vas devoir m'embrasser régulièrement.
Naoko se souvint alors du baiser que lui avait donné la créature. Il ne réalisait que maintenant qu'il avait transgressé un interdit en laissant la gargouille lui dérober un baiser. Sur le moment, il n'y avait pas pensé, la statue de pierre n'ayant pas de sexe déterminé dans son esprit.
– Cela ne va pas être possible, déclara le jeune homme, déçu au fond de lui.
L'homme gargouille était vraiment superbe. Heureusement, il suffisait de penser à son apparence originelle pour se consoler.
– Il le faudra pourtant, car je n'ai pas la moindre intention de retourner dormir. Toujours est-il que je t'assure que je peux t'être très utile. Ne t'ai-je pas mis à l'abri des trois types qui voulaient t'attrapper ?
Naoko qui avait momentanément oublié qu'il était poursuivi, regarda anxieusement à droite et à gauche. Mais il n'y avait pas un chat, hormis l'homme gargouille avec ses magnifiques yeux turquoises.

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Je suis à nouveau malade, je ne posterai donc pas l'épisode de vendredi - j'essayerai par contre de poster la suite au plus tard jeudi prochain...
J'avais prévu de toute façon de faire une pause de 15 jours à la fin du pilote Le Baiser de la Gargouille pour laisser le temps aux gens de voter pour leur pilote préféré... Je vais finalement lancer le sondage maintenant, cela laissera plus de temps pour voter.

mercredi 2 mai 2012

Le Baiser de la gargouille - 3

– Je devrais à présent ressembler à ton homme idéal, ma jolie princesse. Je suis d'ailleurs curieux de voir de quoi j'ai l'air !
La voix n'avait pas vraiment changé, elle était toujours caverneuse, mais elle était plus douce. Une voix profonde et rauque. L'homme gargouille descendit brusquement en piqué et en un temps record, ils regagnèrent la terre ferme. Ils atterrirent dans une sombre ruelle où la créature fit disparaître ses ailes par un mystérieux tour de passe-passe. Naoko tout tremblant après la descente avaient les mains crispés sur les épaules de l'homme gargouille.
– Attention,  tu abîmes ma peau à t'aggriper comme ça.
– Votre peau ? demanda Naoko, en s'écartant d'un pas chancelant.
La créature toucha l'espèce de combinaison noire.
– C'est ma seconde peau. Ma peau de gargouille.
– Bon. Je vais y aller maintenant, déclara Naoko en commença à s'éloigner.
Tout ça, c'était trop pour lui. Des poursuivants, une gargouille qui prend vie et se métamorphose. D'abord, il fallait qu'il se débarrasse de ce disque. Ensuite, il pourrait reprendre le fil de sa vie sans histoire.
– Hé, princesse... Où crois-tu aller ? Tu dois m'embrasser toute les vingt-quatre heures désormais.
Naoko, sans plus s'occuper de l'homme gargouille, allait sortir de la ruelle, quand les bras de la créature le retinrent et le serrèrent contre son torse.
– Lâchez-moi ! Je ne sais pas  qui vous êtes ou ce que vous êtes,  mais je ne  vous donnerai pas le disque ! s'exclama Naoko, luttant pour se libérer.
Hélas, le jeune homme ne réussit qu'à se faire mal en se débattant, sans que l'homme gargouille ne relâche pour autant son étreinte.
– Allons, calme-toi. Je n'ai aucune idée de ce qu'est ce "disque" dont tu me parles. Je suis une garrguyle et je dormais bien tranquillement, quand tu m'as réveillé en me tombant dessus. Alors, maintenant, tu dois prendre tes responsabilités.
Naoko inspira et expira à fond avant de soupirer :
– Je n'y comprends rien.
– Cela ne m'étonne pas. L'existence des garrguyles n'est guère connue que par une poignée de gens, et pour ainsi dire, parmi eux,  beaucoup pense que nous ne sommes que des créatures légendaires. Je vais tâcher de t'expliquer...
– Je n'ai pas le temps. J'ai une mission à remplir, coupa Naoko. Laissez-moi partir, je vous en prie, ajouta-t-il.

mardi 1 mai 2012

Le Baiser de la gargouille - 2

Sans réfléchir, le jeune homme enjamba le bord. Les trois hommes se précipitèrent sur lui. Malgré le risque de chute, Naoko tenta sa chance, sans écouter ses poursuivants qui l'enjoignaient à ne pas sauter. Le jeune homme se laissa glisser, le vent rugissant dans ses oreilles et avec brutalité, il tomba sur le dos d'une des gargouilles. Sa tête se cogna contre la pierre et le choc lui fit perdre connaissance.
Quand il reprit ses esprits, il sentit que quelqu'un le portait. Il ouvrit doucement les yeux et se mordit les lèvres pour ne pas crier. Il était tenu par une gargouille de pierre noire dont le visage à la peau écailleuse ressemblait à celui d'un tigre dont on aurait mangé les moustaches et les poils. Son front rocheux était surmonté d'une corne pareille à celle d'un narval. Et, comme les corbeaux, il possédait de larges ailes noires qui battaient furieusement l'air. Ils volaient et en bas, tout en bas, la ville s'étendait, formant un curieux patchwork. Naoko déglutit, referma les yeux, les rouvrit, mais rien avait changé.
– On se réveille ? demanda une voix rocailleuse qui semblait sortir d'une caverne.
– Euh, oui, marmonna Naoko, renonçant pour le moment à trouver une explication à sa situation délirante.
– Bien. Bien. Tu vas pouvoir m'embrasser pour me récompenser de t'avoir sauvé alors, jolie damoiselle en détresse.
Damoiselle ? Naoko se souvint alors qu'il s'était déguisée en femme pour tenter de semer ceux qui le pourchassaient. Un peu de bleu aux coins des yeux, une touche de rose sur les lèvres, un discret chemisier blanc et une longue jupe noire. Avec ses longs cheveux nattés, l'illusion était presque parfaite et pourtant, ses poursuivants ne s'y étaient pas trompés...
– Je ne suis pas... commença le jeune homme, décidé à rétablir la vérité sur son sexe.
– Juste un baiser, interrompit la gargouille.
Et, en un éclair, sans que Naoko put comprendre, comment elle avait fait, la créature le tint non plus dans ses bras comme une princesse, mais par la taille, juste à hauteur de sa face grotesque.
– Je le mérite, ajouta la gargouille.
Naoko voulut protester, mais déjà la longue langue rouge de la créature de pierre fouillait dans sa bouche, l'emplissant totalement. C'était bizarrement à la fois dégoûtant et délicieux. Il ferma les yeux, éprouvant de plus en plus de plaisir au fur et à mesure que le baiser se prolongeait.
Quand la gargouille libéra ses lèvres, il souleva les paupières. En face de lui, au lieu du visage étrange de la créature se tenait l'homme le plus beau qu'il eût jamais vu : des cheveux blonds courts ébouriffés avec art, une peau couleur miel, des yeux turquoises, un nez droit et fin, une bouche aux lèvres pleines, et un corps digne d'un hercule recouvert d'une sorte de combinaison noire moulante. Seules les ailes noires qui battaient encore dans son dos, prouvaient que lui et la gargouille ne faisait qu'un.